Vous êtes sur la page 1sur 9

# #

CHRETIENS DESUNIS
PRINCIPES
D'UN

"ŒCUMÉNISME" CATHOLIQUE
Unam Sanctam
------------------- 1 --------------------

M.-J. CONGAR
du Frère1-hlcheur1

CHRÉTIENS DÉSUNIS

PRINCIPES
D'UN
Cet ouvrage est la reproduction sans aucun chan-
gement de l'édition originale de 1937. "ŒCUMÉNISME" CATHOLIQUE

Commrmicare Orbi terrarum ...


Litigas tu pro parte.... Ego tibi contra-
dico ut totum possideas. lntellige litem
concordem, intellige ütem caritatis....
S. AUGUSTIN.

' LES ~DITIONS DU CERF, BD DE LA TOUR MAUBOURG, PARIS


1937
l~ .qçq10 UNIV... -·-· - --
.11~.+.~+ BlBLIOTECA DE hUMANIDADES
A LA GRANDE AME DU CARDINAL MERCIER

A TOUS CEUX DES " CONVERSATIONS DE MALINES"

ln memoriam, in spem !
AVANT-PROPOS

Deux temps sont officiellement et plus spécialement consacrés


à la prière pour la réunion de tous les chrétiens en une seule
Église : l'octave du 1-8 au 2 5 janvier et la neuvaine qui s'étend
entre l'Ascension et la Pentecôte. Dans l'encyclique Provida
matris (5 mai 1895), Léon XIIT demandait que l'on consacrât
les jours préparatoires à la Pentecôte à prier pour hâter
« l'œuvre de réconciliation de nos frères séparés l>, et, à la fin
de son encyclique sur le Saint-Esprit, Divinum illud munus
(9 mai 1897). il établissait à perpétuité cette neuvaine « ad
maturandum christianae unitatis bonum » et la gratifiait
d'indulgences.
Dix ans après, cependant, une autre initiative était prise,
dans le monde anglican cette fois. Simultanément, le P. Paul
James Francis Watson, ministre épiscopalien à New-York
et fondateur d'une « Société de l'expiation '> (1899), et le
Rév. Spencer Jones, en Angleterre, prenaient l'initiative de
consacrer à la prière pour l'unité, les jours qui unissent les deux
fêtes de la Chaire de Saint-Pierre à Rome et de la Conversion
de Saint Paul. Ainsi, chose assez curieuse, mais en somme
tout à fait normale : la neuvaine de prières, qui est d'origine
catholique, est davantage sous le signe du mystère divin de
l'Église et de son âme intérieure qui est le Saint-Esprit; tandis
que l'octave de janvier, qui est d'origine anglicane, est, par
ses dates initiale et terminale, davantage sous le signe apostolique
et orientée vers la réalité ecclésiastique ...
X Avant-Propos Avant-Propos XI

Actuellement, l'octave de janvier est observée, avec une et concertée de ceux qui, actuellement di.visés, demandent à
attention croissante, dans diverses communautés chrétiennes : leur commun Seigneur de les réunir, par sa puissance?
en Angleterre, au sein ae l'Anglicanisme, sous l'impulsion du Actuellement, en France, l'octave n'est pas seulement un
Church Unity Octave Council; dans /'Anglicanisme américain, moment pri·vilégié de prière, de la part des fidèles, des prêtres,
sous celle d'une organisation de même genre et de même nom; reHgieux et religieuses, des petits enfants; mais elle est marquée
dans plusieurs communautés russes de l'émigration, grâce à en plusi·eurs églises et chapelles, par des solennités publiques :
l'intervention de la Confrérie orthodoxe de saint Benoît; enfin en particulier, à Paris, à la basi1ique du Sacré-Cœur. Là,
dans un petit nombre de paroisses protestantes1 • Quant à l'Église chaque jour, apres les Vêpres célébrées tres solennellement dans
catholique, elle a, dès le début, accueilli avec sympathie l'insti- les différents rites de l'Église catholique, et généralement sous
tution ae /'Octave. Pie X l'approuvait en 1909, Benoît XV la présidence d'un évêque, un sermon est donné, qui est suivi·
en encourageait l'observance et y attachait de précieuses indul- de la bénédiction du Saint-Sacrement.Les conférences prononcées
gences; Pi·e XI l'a bénie lui aussi, et sans doute une réponse par nous à cette occasi'on en janvier 1936, ayant fait l'objet
favorable sera-t-elle un jour donnée aux demandes adressées d'une élaboration nouvelle et d'un approfondissement technique,
à Rome en vue d'en prescrire la célébrah·on dans forment la substance du présent volume.
l'Église cathoHque.
Nous avons dit ailleurs2 les motifs de s'attacher particulière-
ment à cette octave de janvier qui, observée par beaucoup de
• ••
nos frères séparés, doit devenir, pour tous les chrétiens, un temps Nous avions choisi d'exposer, dans ces conférencts, ce que
de ralliement dans la prière. Si l'on récuse, en effet, le mirage l'on peut appeler les principes d'un<( œcuménisme »catholique.
d'une intercommunion que n'aurait pas précédée l'unanimité Ceci demande un mot d'expHcati·on.
dans la foi, peut-il y avoir meilleure pédagogie « œcuménique 11 si· l'Églù.e a très tôt connu les schismes et les scissi·ons, elle
et appel plus pressant à se réunfr, que cette prière convergente n'a pas cessé de désfrer et de chercher le retour à l'unité. Plus
d'une tentah·ve d'union ja/,onne l'histoire de l'Église catholique,
1
Pour ne parler que de la France, c'est ainsi que l'octave a été célébrée, qu'elle provienne d'une initiative de Rome ou d'une initiative
en 1937, dans plusieurs églises luthériennes de Paris. Le Synode national
des Églises réformées de France, réuni à Agen du 23 au 25 juin 1936 particulière avouée et encouragée par Rome. Quant aux
a adopté à l'unanimité le • vœu • suivant : Chréti"entés séparées de Rome, i·l y a longtemps qu'elles sont
• Le Synode national, apprenant qu'un effort d'intercession pour l'unité de entrées en rapport les unes avec les autres dans l'intention
l'tglise serait fait le quatrième dimanche après Noël dans de nombreu:unilieux
orthodoxes, anglicans et catholiques romains : d'aboutir à une commum·on ecclésiastique : Luthériens et
a) Accueille avec émotion et avec joie cette initiative;
b) Et propose aux pasteurs de l'Union d"orienter ce jour-là le culte domi-
On·entaux, Protestants et Anglicans, Anglicans et Orthodoxes ...
nical vers 1' • unité • chrétienne et en particulier de joindre les prières de Cependant, un Jait nouveau s'est produit depuis moins d'un
l'tglise Réformée de France à celles des autres fractions de J'tglise universelle•.
si~cle : un mouvemement qui, ayant commencé vers 1850,
C'est encore modeste comme début. Nos frères protestants français
ne peuvent se résoudre à conformer leur prière au calendrier catholique vigoureux dans les dernières années du XIXe siècle a pris dans
(le 4• dimanche après Noël tombait, cette année, le 17 janvier); mais l •après-guerre une ampleur toute nouvelle et apparaît '
comme
c'est déjà beaucoup et, après tout, les dates importent assez peu. On a ici caractéristique du christianisme contemporai·n : ce mouvement
un exemple, en soi fort ténu mais cependant significatif, de la valeur
universelle de tout acte • œcwnénique 1. qui°porte les Eglises1 chrétiennes à désirer refaire l'unité perdue et,
• Les chrétiens dissidents dans nctre prière catholique, dans La Vie
spin'tuelle, janv. 1937, pp. 74-85. Nous avons, dans ce même article, 1
Nous employons ici, et en quelques autres endroits dont le contexte
essayé de préciser quelques-uns des motifs, des objets, des sentiments est. t:ès clair, l«: mot Église en son sens empirique, pour désigner un groupe
et des points de vue qui peuvent animer notre prière catholique en vue rehgie~ chrétien dans sa réalité sociologique : par ex. l'~glise anglicane.
de la réunion. Comp. mfra, ch. VII.
XII Avant-Propos Avant-Propos XIII

pour cela, à se connaître elles-mêmes profondément ~t. à se profession de ce qui leur est commun de christianisme, dans le
comprendre les unes les autres, est le mouvement<<œcumentque ». respect de leurs différences; dans la mesure ot't l' • œcuménisme 11
Il est constitué par un ensemble de sentiments, d'idées, d'œuvres serait cela, il ne saurait y avoir a' « œcuménisme » catholique.
ou d'institutions, de réunions ou de conférences, de cérémonies, Mais si, ce qui définit l' « œcuménisme » comme mouvement
de manifestations et de publications qui visent à préparer la spécifique de pensée et d'action, c'est seulement la conscience
réunion non seulement des chrétiens, mais des différentes Églises qu'il existe réellement un problème de la réunion des Églises;
actuellement existantes en une unité nouvelle. En fait, le mot que ce problème n'est pas épuisé, pas même pleinement abordé,
« œcuménisme », qui est d'origine protestante\ désigne actutl- par la recherche exclusive des « conversions » individuelles;
lement une réalité bien concrète : l'ensemble de choses que mais qu'il y a lieu de déterminer théologiquement le statut des
nous venons de dire, sur la base d'une attitude et d'un certain chrétientés dissidentes comme chrétientés, les rapports des
nombre de convictions très spécifiées (sinon toujours très explicites Églises dissidentes comme Églises à LA véritable Église et à
et très précises). Il n'est pas le désir ou la tentative de réunir à son unité : alors il peut y avoir, et nous pens011s même qu'il
une seule Église considérée comme seule vraie, des groupes doit y avoir et qu'il y a un « œcuménisme » catholique. Ce livre
chrétiens considérés comme dissidents. Il commence là où l'on tient veut tenter de définir les bases, la nature et les conaitions d'un
qu'aucune confession chrétienne ne possède, en son état actuel, la tel« œcuménisme ».
plénitude du christianisme; que, même si l'une d'entre elles est Et certes, en un sens, il n'y a plus rien à définir, car la doctrine
vraie2, elle n'a cependant pas, comme confession, la totalité de l'Église sur l'unité et la dissidence, très nette quant au fond
de la vérité, mais que d'autres valeurs chrétiennes existent en depuis toujours, a été, de notre temps, formulée de manière
dehors d'elle, non seulement chez des chrétiens confessionnel- fart précise dans plusieurs documents officiels dont les principaux
lement séparés d'elle, mais dans les autres confessions ou les sont : la lettre du Saint Office aux Puséistes, l'encyclique Satis
autres Églises comme confessions ou comme Églises. cognitum de Uon XIII et l'enq•clique Mortalium animos
Dans la mesure où cet « œcuménisme » supposerait que les de Pie XP. Tout n'est pas dit, cependant, et il est impossible
différentes chrétientés existantes, ayant toutes failli en quelque que tout soit dit dans de tels documents. Ils définissent la doctrine
chose, ne possèdent chacune qu'une part de la vérité et devrai~t de l'Église une, telle que Notre-Seigneur a voulu et a fait
donc, se repentant et s'humiliant toutes devant Dieu, traiter cette Eglise; ils fixent le terme idéal où il faut en venir : ils ne
sur pied d'égalité, consentir quelques sacrifices et s'unir dans la donnent guère d'indications ni sur le point de départ concret,
ni sur les possibilités du mouvement vers le terme 2 •
1 Dans les documents catholiques, on ne trouve employé que l'adjectif :
1
u œcumenicam... intercommunionem • (Lettre aux Puséistes, Acta Ap. Lettre du Saint-Office • ad quosdam Puseistas anglicos • : Acta Apost.
Sed., 1919, 316). • haec populorum omnium in œcumenica unitate con- Sedis, 1919, pp. 312 s. (trad. frse dans Doc. cathol., t. X.IV (10 oct. 1925),
sensio 1 (Pie XI, enc. Ecclesiam Dei dans Acta, 1923, p. 573)· col. 566 s.). - Satis cognitum (29 juin 1896) : Leonis XIII Acta, vol. XVI
• Nous énoncons ce que nous croyons être l'attitude spécifique de (Rome, 1897). pp. 157 s. (trad. frse Actes de S. S. Léon XIII, éd. B.
l'Œcuménisme d'une manière qui s'applique aussi bien aux groupes Presse, t. V. pp. 2 s.). - Mortalium animos (6 janv. 1928) : Acta ap.
chrétiens qui, dans ce mouvement, considèrent. leur ~g~ise comme étant Sedis, XX (1928) pp. 5 s. (trad. frse Actes de S.S. Pie XI, éd. B. Presse,
l'll:glise de Jésus-Christ, la vraie, l'unique vraie : ~ms1 les orth?doxes, t. IV, pp. 83 s.). Ces documents et un certain nombre d'autres sont
les luthériens et les calvinistes revenus à une attitude dogmatique et rassemblés . et traduits en anglais dans le recueil de E. C. Mi!ssENGBR,
confessionnelle (Barth, etc.). Pour un assez g~d noi:nbre d'autr~s, Rome and Reunion. A Collection of Papal Pronouncements. Londres,
aucune confession chrétienne, même la leur, n est pleinement vraie. Burns Oates & Washboume, 1934.
Toutes ont quelque chose de vrai; il s'agit seule~ent, en laissant à c~a~un t Comp. Dom. Th. BELPAIRB, o. s. B., à propos d'une Semaine sociale
ses particularités, de réunir les différentes confessions sur une base. mm1ma tenue à Milan et consacrée à commenter l'encyclique Mortalium animo1 :
commune et de donner corps ainsi, malgré la diversité confessionnelle, •On remarque dans ces discours un grand souci d'exprimer les conditions
à une unité spiritudle profonde qui existe déjà dans le christianisme immuables et éternelles, fixées par l'orthodoxie romaine à l'unité chré-
sous la différence de ses formes ecclésiastiques. tienne. Seulement, cette base théorique une fois posée, le. problmie de
XIV Avant-Propos Avant-Propos XV

Il y a donc place pour un effort qui s'appliquerait, sur la et de son unité qui existent en dehors de l'Église catholique :
base des principes qui lui sont donnés et dans le respect des l'ûiéologie libérale (mouvement de Stockholm) et l'idéologie
compétences, à préciser les voies possibles d'un mouvement de œcuméniste {ch. IV); la conception anglo-catholique (ch. V);
réintégration des chrétientés dissidentes dans l'unité. Là où enfin, l'ûlée de l'Église qui nous paraît actuellement la plus
la hiérarchie ne peut s'engager, dans les problèmes broussailleux volontiers professée dans les Églises orthodoxes et qui est inspirée
de la psychologie des divers groupes chrétiens, dans la discussion de la théologie slavophile {ch. VI). Tout en ayant le sentiment
des formes actuelles et passagères de l'erreur, dans l'explication des difficultés et des dangers d'une telle démarche, nous avons
directe et fraternelle de ce qui heurte ou se trouve incompris, cru nécessaires de semblables confrontations; nous y trouvions
dans la suggestion des cheminements possibles les uns vers les l'occasion non seulement de critiquer des théories que nous
autres, bref dans tout ce qu'impliquent le contact direct avec estimons insuffisantes, mais de préciser un certain nombre de
nos frères séparés et le travail concret de rapprochement, il points de notre propre doctrine, et de donner par surcroît,
semble indispensable que des théologiens, c'est-à-dire des cher- sur l'état concret et actuel d'Églises ou de mouvements aussi
cheurs investis d'une fonction par l'Église, mais sans mandat importants, des éléments de documentation et une appréciation
proprement hiérarchique, tâchent de planter des jalons, de catholique. - 4° Une dernière partie, où se trouve abordé
marquer les grandes directions et les grands points de repère. d'une façon immédiate et par manière de conclusion le problème
Le rôle de la hiérarchie - et elle n'y a point failli - , est de concret d'un « œcuménisme » catholique : que p~t-on faire,
garder intact le dépôt et de témoigner .de l'immuable uérité; que faut-il faire, que peut-on espértr? Mais d'abord, que
il est du rôle des théologiens - et ils y ont souvent manqué - sont exactement pour nous, les dissidents, que sont exactement,
d'élaborer la notion de la réalité chrétienne prise dans les pour notre Église - L'Église - les Églises dissidentes? Car
conditions mêmes de son incarnation en humanité. La théologie ce qu'il est possible de faire et ce qui doit être fait dépend de
doit son existence même à l'incarnation du révélé dans la 1iie la nature des choses et de ce qui, précisément, existe déjà. D'où
de l'humanité croyante et pensante; elle doit donner son attention ces deux derniers chapitres : Ce que sont, au regard de l'unique
non pas seulement à l'énoncé de la Révélation sur le mystère Église, les chrétiens dissidents et les chrétientés dissidentes
de l'Église, mais à la réalité incarnée de cette Église et aux (ch. VII} ; Grandes lignes d'un programme concret
conditions concrètes de son incarnation. d' 1< Œcuménisme » catholique (ch. VIII).
Dans l'intention que nous venons de préciser, nous avons Nous avons ajouté en appendice un certain nombre d'éléments
distribué notre travail de la manière suivante : i 0 Un regard documentaires; sans prétendre donner un bibliographie tant
jeté sur nos divisions actuelles, en nous efforcant, au-delà du soit peu complète, encore moins une bibliographie exhaustive,
procès verbal documentaire, de comprendre le sens théologique nous avons donné quelques inaications qui pou"ont servir à
de ces divisions (ch. I). - 2° Un exposé positif et irénique orienter utilement la recherche. Car ce livre aurait l'ambition
d'une théologie de l'Église une, la considérant dans ses deux d'être aussi un instrument de travail, voire un instrument de
grandes propriétés d'unité (ch. II) et de catholicité (ch. III). - réflexion et de pensée.
3° L'exposé et la critique des principales théories de l'Église
•••
la réunion effective de la chrétienté reste entier, et l'on ne voit pas qu'on
On nous accordera qu'une teile tâche était, à bien des tit,ts,
ait abordé dans cette Semaine l'étude des méthodes pratiques pour difficile et délicate. Le sentt"rnent de la dijftculté ne nous a pas
amener les chrétiens dissidents à comprendre et à admettre les conditions manqué. Mais nous avons reçu - pas des hommes - le courage
romaines. On a très bien mis en lumière le point d'arrivée - ce n'était
guère difficile, - on n'a pas cherché le point de départ.. . • (lrénikon, mars et les forces pour n'en pas être accablé. Ce sentiment, cependant,
1930, p. 231). nous porte à formuler ici quelques avertissements que nous
XVI Avant-Propos

paraissent appeler le caractère extrêmement délicat de l'entre-


J>1ire et les difficultés propres du sujet.
'/Nous désavouons d'avance ce qui, dans ce livre, viendrait
à ltre désavoué par notre Église : non par une voix isolée,JPais par
une voix qui, vraiment, parlerait au nom de l'Églis,,Car, ce
qu'attendent de nous nos frères séparés, ce n'est pas notre opinion
personnelle, mais la pensée de notre Église, ou du moins une
pensée conforme à la sienne. Si nous avions conscience d'exprimer NOTE DE BIBLIOGRAPHIE
une pensée isolée, où la Catholica ne se reconnaîtrait pas,
nous n'aurions plus aucun goût de réclamer leur audience.
/Peut-être ceci ou cela paraîtra dur à tel ou tel. Bien des
choses, dans ce livre, ont semblé d'abord dures à nous-même.
Mais les ayant, apres un effort qui fut parfois un combat,
reconnu vraies, nous ne pouvions plus les taire. L'obéissance
à la vérité ad'abord été une loi pour nous/A l'égard de nos frères
séparés, dont la pensée ne nous a pas qifttté et ne nous quitte pas,
nous voudrions n'avoir apporté en tout ceci qu'une âme frater- Les éléments de bibliographie qu'on a tenu à donner dans
nelle et un esprit irénique. Mais, ici comme ailleurs, faire vaut ce livre. so~t répartis, à leur place, dans les différents chapitres.
Nous md1querons cependant ici quelques instruments de
mieux que déclarer : on prouve le mouvement en marchant. tra~ail ~u livres d'un intérêt général par rapport à la matière
Ce volume est à prendre comme un tout et dans son entier. env1sagee :
Aucun chapitre, aucune phrase n'en sont à prendre en dehors RECUEILS DOCUMENTAIRES : Deux grandes collections sont
de l'ensemble. Dans une telle étude, où sont abordés les problemes a~tuellement en cours de publication en Allemagne, qui seront
les plus délicats, i1 suffirait de faire tourner des affirmations d un~ très grande valeur pour renseigner sur la doctrine et l'état
réellement exactes de quelques degrés sur leur axe pour les rendre des ~~verses communions chrétiennes : 1. Le Corpus Confessionum,
inacceptables. Il serait plus facile encore qu'ailleurs d'isoler pu?he par Walter De Gruyter (Berlin), sous la direction du prof.
quelques citati·ons et de déclarer irrecevable l'ensemble reconstruit Cam~ F~RICIUS, doit présenter, èn vingt-quatre tomes, les actes
con~titut1fs d~ toutes .les Églises chrétiennes : symboles et pro-
avec ces morceaux. Nous récusons d'avance toute tentative
fessions de fo1, catéchismes, ordonnances juridiques et cultuelles
de ce genre. Avec de tels procédés, on peut démontrer n'i·mporte ~e valeur. générale, règles religieuses, formules liturgiques essen-
quoi : que saint Thomas est scotiste, que l'Évangile est protes- tielles, voire textes des cantiques ... ; trente-trois fasc. de 8o pages
tant, ou que Luther est thomiste ... L'hérésie - on le dira ici ontyaru,. d.e ce recueil mon~mental. Nous n'aurons guère à nous
plus d'une fois - natt précisément le jour où l'on traite le 1
Y ref~r;r 1c1 que pour l anglicanisme, dont le dossier doctrinal est
christianisme comme un texte - alors qu'il est un tout organi·que term~?e (t. XVII). - 2. La collection de monographies Ekklesia,
et vivant - et où l'on pratique sur ce texte le procédé des ~u~hee par L: K!otz (Gotha, désormais Leipzig), sous l'ini-
coupures et des guillemets. tlat1ve. et la direction du prof. Friedrich SIEGMUND-SCHULTZE
Mais nous avons confiance que Dieu bénira notre travail le fondateur et directeur de Die Eiche, qui a déjà tant fait pou;
et qu'il achevera ce que, nous en avons la conviction, Lui-même le << Mouve.ment œcu.ménique >~. Cette collection, qui doit compter
douze sect10ns representant cinquante gros fascicules in-8 veut
a commencé. Dominus qui incepit Ipse perficiat.
do~ner non à proprement parler des textes, mais une doc~men­
Le Saulchoir, M.-J. CoNGAR, tation. authentiq~e ~ur l'état actuel, le passé, les doctrines, l'activité
Samedi-Saint 1937 des Frères-Pricheurr concrete, des d1fferentes Églises chrétiennes : une espèce de

« Œcum. » rath.
2
XVIII Note de bibliographie Note de bibliographi'e XIX
- ----- - --- - - -- - ------
« Kirchenkunde der Gegenwart n. Depuis 1933, huit fasc. sont fondée et dirigée par le prof. Alfred VON MARTIN, a cessé
déjà parus, ceux qui concernent l'anglicanisme, l'Église de Su~de, de paraître (1925-1927), puis, après elle, Religiiise Besinnung
celle de Norvège et celle de Danemark et Islande, les confessions (1928-1933), la revue « œcuménique » la plus accessible et la
protestantes en Suisse, en Autriche et aux Pays-Bas, enfin le plus instructive est certainement Die Hochkirche, dirigée par
groupe Vieux-Catholique. Les études, généralement f?rt, bonnes, Fr. HEILER (cf. infra, ch. V). En dehors d'elle, il existe des revues
sont évidemment rédigées par des représentants qualifies de ces anglicanes, parmi lesquelles Œcumenica mérite une mention
diverses communions. spéciale, tant parce qu'elle est rédigée en francais, que pour
Du point de vue catholique, en _dehors des ai:icles des J?ran~s l'intérêt de ses articles sur l'anglicanisme et de ses Chroniques
dictionnaires (le Dict. d' Apologétique et le D1ct. de T?e?log_ie, sur le Mouvement œcuménique dans les différents pays (Londres,
lequel donne des monographies de gran_de_ valeur _sur1 1 htsto~re S. P. C. K. et Paris, Miss H. Sharpin, 25, rue Vineuse, 16),
et les doctrines des principaux groupes d1ss1dents), 11 n y a guere Pour les revues consacrées spécialement à l'Orient, cf. infra,
que la Konfessionskunde du Dr K. AL~ERMIS.SEN (Hannover, ch. VI.
Giesel, 1930). - Enfin, les textes des declarattons et ententes Indiquons enfin une espèce de guide de lecture ou, mieux
de confession à confession sont colligés dans les Documents on encore, une première ébauche de bibliographie raisonnée sur
Christian Unity, édités par G. K. A. BELL, Bishop de Chichester les questions intéressant la réunion, dans la brochure publiée
(2 vol., Oxford Univ. Press). par Dom A. DE LILIENFELD, o. s. B., sous le titre Pour l'Union
(Documents et Bibliographie), dans lrénikon-Collection, 1927,
REVUES : a) catholiques : Il convient <le nommer en premier n. 10, 72 pp.
lieu deux revues maintenant disparues, mais dont la lecture est
encore extraordinairement profitable : l'une et l'autre étaient
J'œuvre du P. PORTAL : la Revue Anglo-romaine, 3 vol. 1895-97
et la Revue catholique des Églises, S vol., 1~04-1908. 1?ep~is,
d'autres organes sont nés, surtout pour ce qui concerne 1 Onent
chrétien : tandis que les Échos d'Orient (Paris, B. Presse, 1898 s.),
dirigés par les Pères Assompt:onnistes, ~'int~ressent surtou~ au
côté érudit et documentaire, l aspect theologique, psychologique
et œcuménique est davantage envisagé dans de~ revu.es ~o~ns
techniques, Jrénikon (1926 s.), rédigé par les Momes benédictms
d'Amay-sur-Meuse (Belgique), où yon ~ro~ve_ certainemen~ la
documentation la plus riche en mat1ere d unionisme, et Russie et
Chrétienté (1934 s. Paris, 39, rue Francois-Gérard, 16), publiée
sous la directoin des Pères dominicains du Centre d'Études
Jstina. - Pour les questions anglicanes et protestantes, peu de
choses : en dehors de Catholica, rédigée en alle1Iland sous la
direction du Dr Robert GROSCHE (Verlag des Winfriedbundes,
Paderborn), et qui se consacre, dans un esprit irénique et ~oyal,
à une œuvre de confrontation théologique avec le protestantisme,
il n'y a guère que les revues ca~holiques _d'intérêt général, qui
ont toujours consacré aux questions anglicanes et protesta~tes
une part de leur attention : en France, l~s. Etudes, des P~res
Jésuites, et surtout la Vie intellectuelle, dmgée P.ar les Peres
Dominicains (29, Boui. de la Tour Maubourg, Pans, 7).
b) Revues « œcuméniques » : Depuis que la belle revue Una Sancta

Vous aimerez peut-être aussi