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Antoine PAULET ( L2 Histoire et serbo-croate )

Antoine GUILLIER de SOUANCE ( L2 Histoire de l'art et archéo )


Civilisation catalane

Jacques Ier d'Aragon

Portrait de Jacques Ier d'Aragon réalisé par Manuel Aguirre u Monsalbe


(XIXe siècle)

En quoi Jacques Ier d'Aragon a-t-il marqué son siècle et surtout l'Histoire
de la Catalogne ?
Jacques Ier d'Aragon est né le 2 Février 1208 à Montpellier, il est le fils de Pierre II le
Catholique et de Marie de Montpellier. C'est grâce à son père qu'il appartient à la grande lignée des
Aragon. Ce n'est qu'à partir de 1213, après la mort de son père lors d'une bataille, qu'il devient roi
d'Aragon à seulement 5 ans. Tout au long de son règne il va entreprendre de grandes conquêtes pour
agrandir son royaume, mener une politique ferme pour garantir une stabilité sociale et économique
et enfin il va terminer sa vie en rédigeant ses mémoires qu'on appelle La chronique de Jacques Ier
qui fait partie des 4 grandes chroniques de la Couronne d'Aragon. Il se mariera par deux fois
durant sa vie: une première fois avec Aliénor de Castille en 1221 et une deuxième fois en 1235 avec
Yolande de Hongrie. Enfin il meurt a 68 ans le 27 Juillet 1276 et est actuellement enterré à l'abbaye
de Poblet. Ainsi nous allons voir dans ce dossier en quoi ce roi a marqué son siècle et
particulièrement l'Histoire de la Catalogne.

Plan :

I) Jacques Ier le jeune roi d'Aragon.


a) Une enfance compliquée.
b) Un roi engagé pour la chrétienté

II) Une fin de règne plus calme


a) Consolidation des acquis
b) Postérité
I) Jacques Ier le jeune roi d'Aragon
a) Une enfance compliquée

Jacques Ier a dès son plus jeune âge été confronté aux affaires de règne de son père. En effet, après
la conférence de Narbonne et de Montpellier en 1211, Simon IV de Montfort rend enfin hommage
au roi Pierre II qui pour reconnaître ce geste va arranger le mariage entre son fils et la fille de Simon
IV, Amicie de Montfort. Alors qu'il n'est âgé que de deux ans il va quitter ses parents pour rejoindre
sa « femme ». En 1213 sa mère décède, il devient donc Seigneur de Montpellier. Durant la même
année, son père, avec l'aide de Raymond VIII de Toulouse, décide d'attaquer Simon IV de Montfort
contre qui il mène une croisade car il était considéré comme un hérétique par l’Église puisqu'il
prônait le catharisme. Lors de la bataille, à Muret, malgré un avantage numérique des troupes de
Pierre II, le roi trouve la mort et Simon IV remporte cette bataille. Jacques Ier devient donc roi
d'Aragon et compte de Barcelone en plus d'être déjà seigneur de Montpellier. Mais, il reste le captif
de Simon de Montfort qui le relâchera sous la pression de l’Église. Étant beaucoup trop jeune pour
diriger tout ce royaume c'est son grand oncle Sanche d'Aragon qui va le faire à sa place pendant que
lui est confié aux mains des templiers jusqu'à temps d'être en âge de diriger seul. S'en suit une vaste
période ou certains nobles vont essayer de s'accaparer la couronne mais ils en sont à chaque fois
empêché. Il va peu à peu remettre de l'ordre dans son royaume en renforçant le pouvoir royal, en
instaurant des lois et droits pour chacun de ses territoires. On a par exemple la mise en place d'un
système de « cortes » qui est composé de nobles et de citadins qui veillent au bon fonctionnement
du territoire qui leur est confié. Ils se réunissent régulièrement auprès du roi pour faire des compte-
rendus des situations de la région qui leur a été confiée par le roi. On voit sous le début du règne de
Jacques Ier que la ville de Barcelone occupe déjà une place de leader dans le royaume d'Aragon.
Peu à peu Jacques Ier va se lancer dans une série de conquêtes qui vont faire de lui sa renommée.

b) Un roi engagé pour la chrétienté

Jacques Ier va entreprendre une croisade pour reconquérir les terres occupées par les musulmans.
Toutes ces conquêtes vont lui valoir le nom de Jacques Ier le Conquérant. Fermement attaché aux
racines catholiques et en tant que grand roi chrétiens il va lancer une grande croisade pour tout
d'abord chasser les musulmans de son royaume mais aussi pour agrandir son territoire et donner des
terres a ses fidèles vassaux. En effet, un très grand nombres de seigneurs vont se joindre au projet
de Jacques Ier en apportant des guerriers, des bateaux, des vivres, des moyens financiers qui
permettront de mener a bien ce projet d'une grande ampleur. Mais il n'y a pas que les nobles
seigneurs qui vont se joindre à cette croisade. Le clergé va aussi y participer, notamment le pape qui
va donner son accord pour justifier cette croisade. Le pape Honorius II voit dans cette croisade un
bon moyen de repousser l'envahisseur musulman qui chasse les catholiques de l'Europe. Après que
tout les préparatifs de la mission ont été terminés et mis en place, Jacques Ier décide de laisser sa
flotte en Septembre 1229 sur les îles Baléares et Majorque. Le choix de la destination n'était pas
certains, ils hésitaient entre soit conquérir Valence et ses îles ou juste les îles. Finalement, le projet
étant trop risqué ils optèrent que pour les îles. Comme bataille célèbre de cette croisade nous
pouvons citer la bataille de Portopi qui est la plus importante puisque c'est celle qui a suivi le
débarquement. Au total, c'est 155 navires rempli d'hommes qui débarquent pour faire reculer les
troupes du gouverneur musulman de la région. En l'espace de quelques mois, Jacques Ier conquis
toutes les îles ( Formentera, Ibiza, Majorque ). Il devient en 1229 le roi de Majorque et des îles
Baléares en plus de son royaume déjà existant. Ce n'est le début que de nombreuses conquêtes et
campagnes qui lui attribueront à merveille le nom de Jacques Ier le Conquérant.

Fort de ses succès, Jacques 1er décide de pousser la Reconquista plus loin vers le sud. Il va
conquérir le royaume de Valence entre 1229 et 1245 avec l'aide de Zayd Abu Zayd. Ce dernier avait
pris son autonomie du royaume de Valence et s'était déclaré « Roi de Valence » avant de se
vassaliser à Jacques Ier. Il avait le droit de conquérir n'importe quels châteaux et villes du territoire
valencien musulman. En 1232, il ratifie un accord à Teruel avec Jacques Ier où il renonce à tout son
territoire et ses rentes. Il aidera plus tard le roi d'Aragon a prendre Valence. Il finit par se convertir
au catholicisme.
La conquête est d'abord entreprise par des nobles aragonais individuels puis une campagne
est lancée en 1232 par Jacques Ier. Morella est prise en 1232, puis Burriana et Peñiscola (1233), et
enfin Valence (1238). La répartition des conquêtes est répertoriée dans le Llibre del Repartiment de
València. On y apprend que 200 000 personnes habitaient le Royaume de Valence avant l'invasion et
que seulement quelques milliers sont arrivés lors de la conquête, autant d'Aragonais que de
Catalans, mais aussi quelques Anglais, Navarrais, Hongrois, Français, Occitans et Italiens. Les
autochtones n'ont pas fui mais ont, pour certains, été déplacés dans les montagnes. On trouve parmi
eux des musulmans, des juifs et des chrétiens mozarabes.
Jacques Ier doit ensuite faire face à des révoltes musulmanes qu'il arrive à réprimer avec
force. Afin d'éviter plus de troubles, il promulgue les fors de Valence devant les cortes valenciennes.
Les fors de Valence sont la législation qui régit le Royaume de Valence et qui est donc différente du
reste du Royaume d'Aragon. Cela a mécontenté la noblesse car ils y avaient moins de pouvoir. A
l'inverse, les minorités religieuses (dont les Juifs) et les bourgeois étaient protégés par ces lois et
cela a favorisé le développement économique de Valence.
Jacques Ier poursuit sa conquête jusqu'à Biar, dans le Royaume de Murcie, en 1245 mais
n'ira pas plus au sud car la Castille a déjà conquis le reste de la Murcie.

II) Une fin de règne plus calme


1) Consolidation des acquis
Ses frontières étant fixées, Jacques va passer le reste de son royaume à le stabiliser. Il assure
la paix au nord avec le Traité de Corbeil, en 1258, où il renonce à ses revendications
ultrapyrénéennes sur l'Occitanie, en échange de quoi le roi Louis IX de France renonce à sa
revendication sur la marche hispanique. En 1269, Jacques Ier tente de rejoindre la huitième
croisade, lancée par Louis IX, en Terre sainte mais une tempête le force à faire demi-tour. En 1274,
il participe au second concile de Lyon où on tente d'organiser une nouvelle croisade mais le projet
ne voit pas le jour.

2) Postérité
Vers la fin de sa vie, il fait dicter ses mémoires en catalan dans El Llibre dels fets. Cette
œuvre est la première des « quatre grandes chroniques » catalanes. Elle raconte sa vie de sa
naissance à sa mort (qu'il n'a probablement pas dictée lui même comme vous vous en doutez).
L'original a été perdu mais la chronique a été beaucoup copiée. Le règne de Jacques Ier a beaucoup
inspiré ses successeurs, descendants et les Catalans de manière générale. Avec le mouvement
catalaniste, au XIXème siècle, en revisite le Moyen-Âge glorieux d'un Royaume catalan
indépendant à son apogée dont Jacques Ier est une des figures centrales. Il est l'objet de peintures
dont celle en couverture de ce dossier.
Il meurt en 1276 et repose à Sainte-Marie de Valence. Puis en 1278, sa dépouille est
déplacée au monastère de Poblet. En 1836, le monastère de Poblet est réquisitionné par l’État qui le
revend. Le corps de Jacques Ier est donc transféré en 1843 à Tarragone où un mausolée est construit
derrière la cathédrale pour l’accueillir. Les responsables de l'époque ont déduit d'après des textes
que le corps déplacé de Poblet à Tarragone était bien celui de Jacques Ier (en effet, il était réputé
être de grande taille, donc relativement facilement identifiable). Un premier sarcophage est construit
pour le roi puis, en 1912, les autres rois d'Aragon sont placés dans ce sarcophage tandis que Jacques
Ier doit être transféré dans un nouveau sarcophage dont on charge la création à Lluis Domènech
Muntaner. Il meurt en 1923 et c'est son fils, Pere Domènech i Rouar qui le poursuit. Avec la Guerre
civile (1936-1939), la construction du sarcophage devient secondaire puis abandonnée. En 1952,
Jacques Ier rentre à Poblet en même temps que l'ordre cistercien. Le sarcophage des Domènech est
repris et restauré entre 1976 et 1988. Il est maintenant exposé à la mairie de Tarragone, vide.
Conclusion :

Jacques Ier le conquérant a presque doublé le territoire du Royaume d'Aragon au cours de


son règne et a réussi à en faire des territoires stables pour les générations futures à travers la
normalisation juridique et le repeuplement des régions conquises. Son éducation religieuse croisée
et le contexte de la Reconquista l'ont motivé à dédier sa vie à l'extension de la chrétienté en
péninsule ibérique comme en Terre sainte. Son règne marque le début d'une période d'expansion
pour le Royaume d'Aragon en Méditerranée. El Llibre dels fets jouera un rôle important pour faire
de lui l'un des héros de l'histoire catalane, notamment au XIXème siècle où l'on revisite le passé
glorieux médiéval catalan.
Annexe :

Sarcophage de Jacques Ier à Tarragone

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