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Initiation à l’Histoire moderne

CM du 18/01

Une époque est une période historique délimitée par 2 évènements. Les premiers à parler d’époques
sont les humanistes, qui parlaient de l’époque médiévale et antique comme rétrogrades. Très
souvent ça ne correspond pas à la réalité, il n’y a pas de grosse rupture. Il faut chercher au lieu des
ruptures les changements et les évolutions. On pense en époques parce que c’est commode, on ne
pense pas les époques de la même façon selon les pays.
L’époque moderne est délimitée par 1492 et 1815, mais il y a un débat, par exemple sur
l’appartenance de la Révolution française à l’époque moderne ou contemporaine. D’autres dates
sont utilisées, comme la mise au point de l’imprimerie en 1450, la chute de Constantinople en 1453,
ou pour finir l’époque moderne la Révolution Française. C’est pour ça que c’est important de
définir les bornes chronologiques en dissertation. Il faut choisir une certaine date dans la pertinence
du sujet. Les bornes chronologiques sont des outils qu’il faut manipuler.

On a tendance à penser l’Europe comme un continent, avec l’Islande, le détroit de Gibraltar, les
montagnes du Caucase, et là on aurait une certaine Europe. Cet espace pose question, est-ce qu’on
le définit par sa géographie ou sa religion… L’Europe vient de la période antique, ça a été laissé en
désuétude, et on le réutilise au moment des invasions barbares. Contre un autre modèle, les
historiens mobilisent cette réflexion sur l’Europe pour parler de l’époque. Cette utilisation de
l’Europe comme une entité unie pose souvent question. La question de l’empire ottoman et de la
Russie se posent, qui sont musulmans et orthodoxes. Pour les médiévistes, l’Europe se définit par la
chrétienté, mais cette chrétienté s’effrite au début de l’époque moderne par le schisme entre
catholiques et protestants. Il faut penser le cadre géographique, ça ne tombera pas dans le bec.

I – Une unité religieuse ?


L’Europe c’est un espace qui est dominé par l’Église catholique romaine. La religion chrétienne est
une religion de la réformation, c’est à l’origine la religion juive qui a été réformée par JC. Il y a des
volontés de réformes tout au long de l’époque médiévale, et elles sont particulièrement fortes au
début de l’époque moderne, parce qu’ils sont terrifiés de la fin du monde. Ils ont peur de
l’apocalypse, car il y a tous les signes de la fin du monde, des famines, des problèmes climatiques,
des guerres… Cette peur fait qu’ils se posent la question de l’homme. Ils regardent l’Église et se
disent qu’il n’y a rien du tout, ils ne peuvent pas nous conduire au paradis. Il y a alors des volontés
de réformer l’Église en son sein, et ça commence dès le MA avec différentes personnes, comme
John Wyclif qui est un prêtre universitaires qui va créer un mouvement en Bohême. Il y a aussi Jan
Hus, qui a fini exécuté comme hérétique. Cette chrétienté va exploser complètement en créant deux
église différentes, protestante et catholique. Même si aucune minorité n’existait, on ne pourrait
même pas parler d’une unité dans la chrétienté.

Il existe une minorité juive en Europe, là où elle n’a pas été chassée. Il y a des grosses
communautés en Espagne, et des grosses communautés en Pologne. En Pologne, il y en a 100 000
au début de l’époque moderne. Il va y avoir une augmentation de l’antisémitisme qui s’étendra à
l’ensemble du continent européen, et des Juifs séfarades sont expulsés d’Espagne après la fin de la
Reconquista, avec la création de l’inquisition royale castillane en 1478. Et finalement l’expulsion
totale en 1492. Il y a une volonté de mise en place de politiques antisémites importantes avec des
conversions forcées et des réquisitions de biens. D’anciennes populations juives importantes vont
devenir par la force chrétiennes.

L’Europe est aussi un espace où on peut rencontrer des musulmans. Il y a l’empire ottoman qui est
extrêmement puissant à l’époque moderne, qui noue des relations diplomatiques avec les différents
États européens. On voit des ambassadeurs, et il y a des minorités musulmanes à l’intérieur de
l’Europe, plus particulièrement en Espagne qui a été sous domination musulmane jusqu’à la fin de
la Reconquista. La différence avec les Juifs, c’est que s’il y a de grosses vagues de répression, on
risque de s’attirer les foudres des Ottomans. En revanche, les Juifs ne sont sous aucune protection
étatique.

II – Une unité politique ?


On est dans un espace qui vit de très fortes mutations, avec un système politique complexe et des
frontières mouvantes. Il y a de nombreux États, par exemple le Saint-Empire Romain Germanique
en comprend 200.
On parle de péninsule ibérique parce que les royaumes sont mouvants, et le terme de péninsule
ibérique reste le même. Le début de l’époque moderne pour l’Espagne est marqué par la fin de la
Reconquista.
La Reconquista est le moment où les royaumes catholiques, avec l’aide du Pape, dans une volonté
de croisade, décident que la péninsule ibérique doit redevenir chrétienne. Ils vont se lancer contre
les puissants états musulmans à Andalous. Il y aura une union entre l’Aragon et la Castille, avec un
mariage, le Mariage des Rois catholiques, le 1er mars 1469. À ce moment là, ils vont se réunir pour
partir en croisade, et ça marche. Ça permet, à la fin de la Reconquista une unification de ce qu’on
peut appeler le royaume d’Espagne. À côté un royaume du Portugal qui fait plus ou moins partie du
Royaume d’Espagne selon les moments.

Le Saint-Empire Romain Germanique est un empire qui devient de plus en plus grand, important, il
faut retenir le mariage de Maximilien et Marie de Bourgogne, où les Pays-Bas sont intégrés au
SERG, et le moment où la dynastie des Habsbourg se forme. Il y a ce moment en 1499 où les
cantons suisses quittent le SERG.

L’Angleterre connaît la guerre des Deux Roses (1455-1485), où les Tudors gagnent contre une autre
maison, ce qui renforce les Tudors et la volonté d’envahir les autres îles, comme l’Irlande en 1494,
et le pays de Galles au XVIe siècle.

La péninsule italienne est un morcellement de différents États, il y a les États du Pape, les villes-
Etats, comme Florence, gérée par les Médicis, le duché de Milan, et surtout les deux grandes
républiques, Venise qui domine la mer Adriatique et Gênes qui domine la mer Ionienne.

Il y a de grandes mutations géopolitiques vers 1500 qui expliquent le déclin des deux grandes
républiques, il y a la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, moment très important, car ça
veut dire que la chrétienté n’est plus toute seule, ça change les relations diplomatiques, et beaucoup
de manuscrits retournent en Italie, il y a beaucoup d’auteurs antiques grecs, et de très vieille Bibles.
Bibles
Ces deux choses vont donner naissance à l’humanisme et on se rend compte qu’il y a des
différences entre les vieilles Bibles et les nouvelles. Ça va créer une vague d’immigration qui va
bouleverser les savoirs en Europe. Deuxième évènement important, la Reconquista,
Reconquista qui explique la
volonté d’envoyer des missionnaires dans le Nouveau Monde, et ce qui explique pourquoi Isabelle
de Castille va financer Christophe Colomb.

Pour repenser cette unité, on prend souvent l’époque moderne comme l’époque des monarchies. Les
monarchies sont plus nombreuses,
nombreuses mais elles sont de formes différentes. Il y a énormément de
monarchies dites électives, par exemple en Pologne ou au SERG. À côté de ces monarchies
électives, il y a évidemment les monarchies héréditaires, comme la France, qui connaît une réforme
des lois saliques qui excluent les femmes du trône, mais en Europe il y a de nombreuses reines
puissantes, comme Isabelle de Castille, Catherine Ier, Elisabeth Iere, ou Marie Iere Tudor,
surnommée Bloody Mary. Il existe des républiques, nombreuses mais relativement petites. Il y en a
beaucoup en Suisse, souvent sous la forme de villes, et plus particulièrement en Italie avec les
puissantes républiques.

III – Une unité sociale et économique ?

Il n’y a rien à voir avec certaines parties de l’Europe, on ne vit pas de la même manière en
Andalousie ou en Sibérie, et on n’a pas les mêmes religions. Il faut donc prendre de grosses
pincettes avec les généralités qui vont suivre.
La société d’ordres,
d’ordres c’est une société particulière qu’on connaît. Il y a le clergé, ou les oratores,
ceux qui prient. Leur rôle dans la société, c’est de donner leurs vies, de ne plus exister dans le
monde séculier,
séculier dans certains ordres, on rayait leurs noms des registres civils. Leur but est de
permettre à l’ensemble de la population d’aller au paradis. La vie en Europe moderne est dure, elle
est douloureuse, pauvre, pleine de maladies, et l’objectif est de bien réussir sa mort plus que de
réussir sa vie. Cette question du salut est donc extrêmement importante. Ici, si on ne leur demande
aucun impôt, leur devoir est de guider la population, et leur impôt, c’est de prier. Le problème, c’est
qu’ils le font très mal. Le bas-clergé ne sait pas lire le latin, ils disent des trucs absurdes qui ont l’air
latin et parfois un évêque vient par là, il se rend compte que le curé dit n’importe quoi.

Les bellatores sont ceux qui combattent, ou la noblesse. Leur rôle est de combattre pour la
protection, c’est l’impôt du sang, c’est permettre à la population de vivre en paix. Il y a un
monopole de la violence dans les mains de la noblesse, dans un objectif clair de permettre la paix et
d’éviter que les ravages de la guerre n’entrent à l’intérieur du pays. Dans beaucoup de pays, on
considère que ces nobles ont un privilège pour gouverner. Mais au début de l’époque moderne, il y
a des armées professionnelles qui se créent, donc les nobles se battent de moins en moins.

Et puis, il y a 97 % de la population, les laboratores, ceux qui travaillent, ou le Tiers-Etat. C’est très
clairement l’intégralité de la population, qui doit payer l’impôt, travailler, et qui pour la grande
majorité vit dans des conditions relativement misérables. C’est la société d’ordre, mais la société
moderne est bien plus complexe que ça. Chaque province va réussir à grappiller des privilèges. Par
exemple, la ville de Toulouse, composée à grande majorité du Tiers-Etat a des bourgeois
extrêmement riches à l’époque. Elle a des privilèges, puisque c’est une ville importante, parmi eux
ils ont le droit de ne pas payer certains impôts, même le Tiers-Etat. La société moderne est une
société de droits, de devoirs, et de privilèges. C’est une société où il y a énormément d’échelles
d’appartenance, et chacune va donner des droits, des devoirs, et des privilèges. C’est donc
extrêmement compliqué, mais ça marche dans toutes les monarchies d’Europe, un peu moins dans
les républiques.

Structurellement, on est dans un moment de ce qu’on a appelé l’élan démographique entre 1420 et
1470. C’est un moment de croissance économique, cette croissance économique qui explique la
reprise démographique est due à différentes causes. Il y a des soucis à la fin de l’époque médiévale,
des problèmes climatiques, des problèmes de guerres, des famines, ce qui fait qu’il y a un repli de
l’humain sur les zones dites agricoles. Le début de l’époque moderne, c’est un moment où il y a
moins de problèmes, on peut donc reprendre le contrôle de l’espace agricole, et c’est un moment de
réflexion sur la façon dont on peut le mieux utiliser l’espace. Il y a des colonisations et des
recolonisations de terres abandonnées pendant le MA. Ça veut dire qu’on déforeste, assèche les
marais, on crée des espaces sur l’eau pour gagner des terrains, et c’est comme ça que se créent des
pays comme les Pays-Bas, avec cette volonté de gratter toujours plus loin sur l’espace. C’est un
moment où on va essayer de repenser les systèmes agricoles, et essayer de gratter de plus en plus
d’espace. Il y a en plus une réflexion menée sur les techniques agricoles et une amélioration des
outils. Il y a ça, puis une amélioration des routes qui permet une meilleure circulation vers les
espaces urbains et les petits villages. Cette conjoncture va permettre de mieux nourrir les
populations, qu’il y ait moins de disette, de malnutrition, ce qui signifie moins de mortalité, et donc
une augmentation démographique.

Avec les échanges économiques de plus en plus dynamiques, avec l’amélioration des routes,
terrestres et maritimes. Il y a ce moment de réflexion sur les axes dans la haute-mer, c’est là qu’on
décide de partir hors de l’Europe. Il y a un axe entre le Rhône et la Flandre, et un autre qui part de la
péninsule italienne et qui va jusqu’au Danemark. Il y a des axes plutôt méditerranéens qui va
évoluer vers la fin de la période vers l’Atlantique.
C’est un moment d’ouverture totale du monde. C’est comme si aujourd’hui on découvrait un
nouveau moyen d’aller dans l’espace, et on tombe sur une planète habitée. L’explosion mentale
pour les Européens est immense. Ce terme de découverte du Nouveau Monde est pertinent pour les
Européens, puisqu’il y a à ce moment-là le vieux cadre qui explose complètement. On pense le
monde avec l’Asie, l’Europe, l’Afrique, et c’est tout. On connaît bien ce monde, avec Marco Polo
par exemple, dont le livre des Merveilles est lu par tout le monde en Europe. Marco Polo ment
beaucoup, il a croisé des monstres, des chiens à trois têtes, des hommes avec des sabots de bouc…
Christophe Colomb cherche ces monstres, et il est très déçu de ne pas les trouver. Il y a un amour de
l’exotisme, une volonté de comprendre ce qui se passe dans le monde, et il y a une connaissance,
qui est une autre façon de penser la géographie. Sauf qu’au début de l’époque moderne, on
redécouvre les textes antiques, et on redécouvre la géographie. On va repenser le monde, et essayer
de se demander comment le cartographier. On a une conception du monde qui est séculaire, et qui
va exploser avec un nouveau continent, avec de nouvelles populations, de nouveaux animaux, des
nouvelles ressources, et puis la possibilité d’évangéliser. Christophe Colomb va demander à
différentes puissances européennes de financer son voyage. Au début, il demande aux Portugais. Ils
sont précurseurs dans l’exploration, c’est eux qui vont passer le cap de Bonne Espérance pour la
première fois. Pour autant, ils ne vont pas financer Colomb, car ils trouvent le voyage dangereux, ils
ne voient pas l’intérêt. Ce qui va convaincre Isabelle de Castille, c’est pendant le siège de Grenade.
Colomb arrive et lui explique son projet, et là il a une réflexion mystique et religieuse, il recherche
le paradis perdu, et si on peut le trouver quelque part, c’est en Asie, vu tout ce qu’a pu dire Marco
Polo. On est dans un moment de recherche très spirituelle, et le voyage de Colomb en est imprégné.
Quand il arrive en Amérique, il est sûr d’avoir trouvé le paradis. Pour les Européens, c’est donc la
découverte d’un Nouveau Monde. On ne va pas parler de découverte, car il faut décoloniser les
termes utilisés et abandonner les termes euro-centrés en histoire. On utilise à la place le terme
d’arrivée de Christophe Colomb, ou rencontre de deux mondes. Il y a donc une explosion complète
des cadres avec ce nouveau monde.

Il y a une curiosité et une envie d’exotisme, mais à partir de 1420, d’une volonté portugaise, il y a
l’appui des autorités politiques, ça veut dire des financements. Pourquoi tout à coup, les autorités
politiques décident de financer ça ? Parce que la chute de Constantinople. Avec elle, il y avait une
route, la route de la soie, qui passait par Constantinople, mais désormais il y a l’empire ottoman, si
on est on allié, on paye très cher pour passer, et si on est son ennemi, on passe pas. On cherche donc
de nouvelles routes. Les Portugais vont essayer de contourner l’Afrique pour arriver en Asie. Ils y
arrivent bien, parce qu’il y a des nouveaux moyens techniques. Il y a la volonté d’éliminer les
intermédiaires et contourner l’empire ottoman. Et puis, l’or est relativement rare en Europe, et on en
a besoin, notamment pour la monnaie. Les Européens dépendent clairement des
approvisionnements extérieurs, et plus particulièrement des caravanes du Sahara. Ça veut dire qu’il
existe un commerce à l’Afrique préalable au commerce triangulaire, qui en sera la base après. Les
Espagnols ont une vraie volonté de créer un empire à la hauteur de la puissance de leur pays, d’aller
toujours plus loin et coloniser toujours plus.

Derrière ces motivations religieuses, il y a des progrès techniques qui les permettent. Parmi les
grandes évolutions techniques de l’époque moderne, il y a tout ce qui permet de s’orienter et de se
repérer en mer. Ça va permettre de passer d’une navigation de petit cabotage à une navigation de
grand cabotage, c’est-à-dire passer du petit large au grand large. Il y a la création des portulans,
c’est un moment où on repense la géographie et la conception du monde. À l’intérieur des bateaux,
il y a des géographes, qui vont prendre les mesures des côtes. Ils cherchent les ports, les rochers, les
possibilités de s’arrêter ou pas. Il y a une amélioration des calculs grâce à l’astrolabe qui permet de
calculer la latitude, et l’horloge, qui permet de calculer la longitude. Les bateaux sont perfectionnés,
il y a l’invention du gouvernail d’étambot, des caraques, et des caravelles. Les caraques sont des
grands navires, et les caravelles de petits voiliers. Ces bateaux peuvent aller loin, et grâce à leurs
coques très profondes et leurs grandes voiles, ils peuvent se permettre de traverser les océans. Le
problème de ces bateaux, c’est que si ils peuvent aller dans les hauts-fonds, il y a des accidents. Au
début des grands voyages, il y a des soucis, et c’est pour ça qu’ils vont créer les galions qui sont un
peu plus petits et qui sont équipés de canons, car la piraterie apparaît.

En termes de représentation du monde, il y a une nouvelle vision qui se matérialise. La majorité des
personnes lettrées de l’époque moderne savaient que déjà que la Terre était ronde, parce qu’il y a eu
la redécouverte du savoir antique, et on pense la rotondité de la Terre depuis l’Antiquité, avec
Anaximandre au VIe siècle avant notre ère. Il y a une influence de Ptolémée, père fondateur de la
géographie au XVe siècle. Ils vont être extrêmement importants par sa réflexion complète sur
comment cartographier le monde. On commence un petit mieux à comprendre à quoi ressemble le
monde. On sait un petit peu à quoi ressemble ce monde. Pour ça, il y a une utilisation des récits
bibliques, des récits antiques, des récits de voyageurs comme Marco Polo. Et puis, il y a Nicolaus
Germanus, cartographe allemand, probablement un moine, et qui a travaillé au service des Italiens
et des papes. Ils vont le payer, et il est précurseur dans la réalisation de globes terrestres. Il va
reprendre la diffusion des savoirs ptoléméens, et il va ajouter des parallèles de latitude, des
méridiens, et des nouveaux modes de représentation des contours des terres, des fleuves, des
montagnes… À partir de là, on voit le monde différemment. Il y a une évolution extrêmement
rapide de cette représentation du monde. Le Planisphère de Cantino (1502) est la première carte à
représenter le monde dans son intégralité avec l’Amérique. La sur-dimension de l’Europe dans les
cartes de notre époque vient de l’époque moderne.

L’Europe ne peut pas être définie par une entité politique, religieuse, ou culturelle. Mais finalement,
la grande majorité des Européens sont unis par 2 traits,
traits d’abord des héritages. Des héritages qui sont
remobilisés à cette époque, des héritages grecs, notamment avec la philosophie, la valorisation de la
raison sur l’émotion, et puis l’humanisme. Des héritages romains avec l’utilisation du latin un peu
partout, qui est la langue universelle jusqu’au XVe siècle. Le droit romain est applicable presque
partout en Europe, l’administration aussi, et les velléités impérialistes et la façon dont on crée des
empires. On trouve un Nouveau Monde à coloniser, et ce nouveau monde permet de réfléchir sur
cet impérialisme. Un deuxième trait est son instabilité durant son époque moderne. Il y a une
instabilité politique, la carte de l’Europe change tout le temps, les frontières sont mouvantes, les
guerres, constantes, les alliances, évolutives. En gros, on a surtout l’Espagne, l’Angleterre et la
France qui dominent, mais ça varie. L’Europe centrale est extrêmement fragmentée, et qui change
constamment. L’Italie n’a aucune unité, et la Russie et l’Empire ottoman se développent à grande
vitesse. Il y a une instabilité religieuse, avec l’apparition du protestantisme, et une instabilité sociale
et économique. Il y a de nombreuses crises, des épidémies, et une redéfinition progressive de la
société d’ordres, notamment avec une perte de sens de ce qu’est la noblesse. Donc, le monde
évolue. L’Europe a des intérêts communs, pour l’élargissement du monde, la découverte, le
renouvellement de la façon dont on pense le monde et l’Homme. C’est à ce moment-là que se
développe la cartographie. On est dans les premières mondialisations des échanges, et les premières
mondialisations des conflits.

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