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DE L'ENTREPRISE MINIERE
Michel DUCHENE
Damien GOETZ
JUIN 2003
AVERTISSEMENT
écoulées.
d’amélioration….
Michel Duchêne
Juin 2003
TABLE DES MATIERES
- Coûts opératoires
. Nature et contenu
. Evaluation
. Estimation par un modèle
. Commentaires
. Données diverses
CH 5. ASPECTS FINANCIERS
- Fiscalité et inflation;
- Monnaies et taux de change
- Emprunt et service de la dette
CH6 FAISABILITE
- Inventaire des besoins et méthodes
- Organisation des données
- Exemple d’un projet
- Différentes approches
Chapitre O
SPECIFICITES
LES SPECIFICITES DE L'INDUSTRIE MINIERE.
Considérons une activité industrielle quelconque, par exemple une entreprise qui
fabrique des cannettes métalliques pour des boissons. Cette entreprise achète une matière
première, en l'occurrence de l'aluminium ou de l'acier, transforme mécaniquement cette
matière première, et revend des cannettes De la même manière, une fonderie achète des
concentrés, réalise la fusion, et vend du métal pur ou assez pur pour être considéré comme tel.
Revenons à notre industrie qui fabrique des cannettes. S'il s'avère que les cannettes de
forme hexagonale ont une valeur ajoutée supérieure à celles de forme cylindrique, rien
n'empêche de fabriquer des cannettes hexagonales, et de les vendre à un autre prix à d'autres
clients. Une entreprise minière, au contraire, ne peut , le plus souvent, fabriquer qu'un
seul produit (son concentré), et le vendre à un seul prix, celui fixé par le marché mondial
des matières premières.
Finalement, nous verrons que l'industrie minière est une industrie à haute intensité
capitalistique, et qu'elle intéresse souvent plus particulièrement l'Etat.
0-1
1. Le gisement, une spécificité lourde de conséquences
Dans le cas d'une exploitation minière, nous sommes à l'opposé de cette situation.
Pour exploiter un gisement, il faut être sur place. On ne peut créer la mine proprement dite
qu'à l'endroit où se trouve le gisement. On pourrait encore envisager d'implanter l'usine de
traitement ailleurs, mais les coûts de transport du minerai seraient alors exorbitants.
L'ensemble mine + usine de traitement et donc forcément situé à l'endroit où se trouve le
gisement.
Malheureusement, la plupart des gisements se trouvent dans des zones isolées, loin des
infrastructures existantes (par exemple Bou Azzar, Bleïda). Il faut alors créer ces
infrastructures, c'est-à-dire:
- l'accès au site minier (pour les personnes, les matériels, les consommables,
pour l'expédition des concentrés, ...), ce qui suppose la construction de routes,
de voies de chemin de fer, de pistes d'atterrissage, ...;
- l'approvisionnement en énergie, qui suppose soit la réalisation de postes de
transformations et la construction de lignes pour se connecter au réseau
existant, soit la construction d'une centrale sur place;
L'exemple des mines de fer de Mauritanie est assez caricatural en ce qui concerne les
infrastructures. Le gisement est situé en plein désert, à l'Est du Sahara occidental. Sur place, il
a fallu:
Pour lier la mine au reste du Monde, une voie de chemin de fer de 600 kms a dû être
construite. Cette voie longe le Sahara Occidçntal pour aboutir sur la côte atlantique
mauritanienne. Là, il a fallu construire un port, et bien sûr, une seconde cité. Dans ce cas, les
infrastructures ont représenté plus de 50 % de 1'investissement initial.
0-2
En effet de leur effet sur l’investissement initial, les infrastructures vont également
peser sur les coûts opératoires: il faut bien maintenir l’ensemble de ces équipements.Nous
pouvons encore revenir à l’exemple des mines de fer de Mauritanie.Les 600kms de chemin de
fer posent en effet des problèmes.D’abord les dunes de sable se déplacent, et à moins que l’on
ne les empêchent, elles viennent recouvrir la voie de chemin de fer. Il faut donc plusieurs
équipes d'ouvriers chargées de maintenir la voie libre. Ensuite, le sable étant très abrasif, les
vents de sable abiment la surface de roulement des rails. La tolérance sur les rails étant faible,
il faut régulièrement faire passer un engin qui "rabote les rails, pour leur redonner leur
régularité.
Ces choix ont une importance cruciale sur les résultats de l'évaluation économique
(nous verrons plus tard que la recette générée par l'exploitation d'une tonne de minerai est
proportionnelle, en première approximation, à la teneur de cette tonne). Mais quoi qu'on fasse,
ces choix comprennent une certaine incertitude.
L'histoire minière donne de nombreux exemples très parlants en ce qui concerne cette
incertitude.
Prenons la mine de St Salvy, par exemple Cette mine, aujourd'hui fermée pour des
raisons économiques, était situce dans le sud de la France. Elle exploitait du zinc. Elle avait
été mise en exploitation par Penarroya après une campagne de sondages réalisés depuis la
surface, et après la réalisation d'un puit et d'une galerie de niveau située en gros à 250 m de
profondeur. Cette galerie, d'une longueur de 1500 m, était minéralisée sur 80 % de sa
longueur, soit sur 1200 m. Les données de sondage ne contredisant pas cette hypothèse, on a
admis que l'on avait 1200 m minéralisés, sur 450 m de hauteur et une puissance moyenne de
3m. Ceci conduisait à environ 5Mt de réserves, à une teneur moyenne de 9 %. L'exploitation a
commencé en tranches montantes à partir de la galerie de prospection. Dès la première
tranche, il s'est avéré que la longueur minéralisée était beaucoup plus faible que prévue, en fait
un peu moins de la moitié de ce qui avait été prévu. Ce point a été confrmé par la suite,
puisque sur le gisement de St Salvy proprement dit, seuls 2 Mt ont été exploités ! Par bonheur,
une partie des réserves était beaucoup plus riche que prévu, et la teneur moyenne finalement
exploitée est de 13 %.
L'usine de traitement a donc été construite sur cette base, et du fait de la topographie
locale (I'exploitation se situait dans les Pyrénces), il a fallu la construire en souterrain, dans les
montagnes, dans un espace confiné. Très rapidement après le démarrage de l'exploitation, il
est apparu que le minerai était beaucoup plus fin que prévu, et qu'en fait il faudrait en traiter
80 % par flottation, et seul 20 % pourraient être traités par gravimétrie. En conséquence, il a
fallu modifier, et surtout agrandir, une usine souterraine !
Arrêtons-là le panorama des ratés miniers (on pourrait continuer longtemps !). Il est
important de retenir que l'industrie minière présente des risques importants. Nous avons vu ici
le risque réserves et le risque technique. Nous verrons plus tard un troisième risque,
indépendant du gisement : le risque recettes.
Ces risques ont toutefois des conséquences non négligeables sur l'industrie minière. En
effet, on comprend bien que s'il y a un risque élevé sur le projet, un industriel ne s'engagera
que si le projet présente vraiment une bonne rentabilité. Par ailleurs, pour diminuer le risque,
I'industriel sera amené à multiplier les études (recherches géologiques complémentaires, essais
d'exploitation dans des tailles pilotes, essais de traitement, ...), ce qui aura pour conséquence
d'augmenter encore plus un investissement initial déjà lourd (comme nous le verrons dans la
partie 3 de ce chapitre).
Mais tous les gisements ne se présentent pas de la même manière, et certains sont en
fait beaucoup plus facile à exploiter que d'autres. La comparaison entre une exploitation d'or à
3000 m de profondeur en Afrique du Sud et une exploitation d'or à ciel ouvert en France
illustre très clairement ce point. Dans un cas, il faut réaliser des infrastructures minières pour
descendre à 3000 m remonter le minerai sur 3000 m, aérer et surtout climatiser la mine, ...
Dans l'autre, il suffit de ramasser le minerai ! Il est évident que ces deux cas engendrent des
coûts opératoires très différents. Nous avons pris ici un exemple, particulièrement parlant, en
jouant sur la profondeur de la minéralisation. Toutefois, le pendage de la minéralisation, sa
puissance, les caractéristiques mécaniques du minerai ou des roches encaissantes, ... sont
autant de facteurs qui vont jouer sur le coût opératoire d'exploitation. De la même manière, la
maille de libération, la présence d'éléments polluants (I'arsenic, par exemple) et d'une façon
plus générale, la chimie du minerai vont influencer lecoût du traitement .Finalement la
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localisation, comme nous l’avons déjà vu, va jouer sur les autres coûts(transport, eau,
énergie,…).
En conclusion, on pourrait dire que le coût opératoire est presque “inscrit” dans le
gisement, tout comme l’investissement initial d’ailleurs (pour les mêmes raisons).Or ces deux
élements sont capitaux dans la valeur économique du projet.
La théorie voudrait bien sûr que l’on envisage plusieurs possibilités pour l’exploitation
d’un gisement, que l’on évalue chacune d’entre elles, et que l’on retienne finalement la
meilleure.C’est bien ce que l’on fait en pratique, mais la marge de manœuvre du mineur est
très faible .Dans certains cas de Guemassa, par exemple, on a testé une combinaison de
tranches montantes remblayées dans les chambres primaires et de sous-niveaux abattus dans
les chambres secondaires d’une part, et une exploitation faisant uniquement appel aux sous-
niveaux abattus d’autres part.
Il est clair qu’il n’y a qu’une faible différence technique entre les deux scénarios, et il
en découle bien sûr une différence tout aussi faible sur les résultats économiques.Toujours
dans le cas de Guemassa, la marge de manœuvre sur le traitement est encore plus faible .On a
un minerai sulfuré, avec une minéralisation assez fine.La seule et unique méthode de
traitement qui s’impose est la flottation.
Nous pouvons terminer le tour d’horizon des principaux paramètres d’un projet minier
en examinant la teneur de coupure d’une part,et le rythme de production d’autre part.Le
premier paramètre sera très largement développé par la suite.Laissons-le de côté pour
l’instant.Il nous reste donc a prori un degré de liberté : le rythme de production.
Après quelques hypothèses tout à fait réalistes sur l’influence du rythme de production
sur l’investissement initial et les coûts opératoires, on démontre que le rythme de production
optimal correspond toujours à une durée de vie très courte (au maximum 7 ans, même pour de
très gros gisements).Mais là encore, la marge de manœuvre du mineur est faible.Très peu
d’entreprises minières choisissent effectivement d’exploiter sur des durées aussi courtes.Il y à
cela plusieurs raisons :
- les cours des matières premières ( qui définissent les recettes de la mine) fluctent
dans le temps.Dans le passé, on a pu mettre en évidence des cycles de fluctation
(une certaine période de cours bas, suivie d’une certaine période de courts
hauts,…).Exploiter sur une courte durée reviendrait donc à prendre le risque
d’éxploiter tout le gisement dans une période de faibles valeurs de cours. Les
entreprises minières préfèrent généralement minimiser le risque , en exploitant
sur une durée supérieure ou égale à celle du cycle, pour pouvoir au moins une
fois bénéficier de cours élevés;
- le gisement étant toujours au moins partiellement inconnu, les entreprises
minières aiment bien prendre du temps, ne serait-ce que pour laisser aux
géologues le temps de comprendre la géologie locale et l’origine du gisement.
En effet , une fois cette origine comprise, les chances de trouver les éventuelles
extensions du gisement sont beaucoup plus grandes.On peut raisonnablement penser qu’il sera
finalement plus rentable d’exploiter à un rythme inférieur à celui qui correspondrait à
l’optimum économique sur les réserves connues au départ.Depuis 1989 par exemple, la mine
de Ble ïda annonce à peu près la même durée de vie chaque année, parce que les découvertes
nouvelles permettent en gros de combler les réserves exploitées dans l’année.Ce point est
d’autant plus important que les investissements miniers ne sont récupérables qu’à un très
faible pourcentage.On ne peut pas revendre un puits, ou des galeries de mine .
0-5
On ne peut pas revendre des bâtiments, ou une cité, perdus à plusieurs dizaines de
kilomètres de la ville la plus proche ! Finalement l’entreprise minière peut aussi s’intéresser
à son développement à long terme.Elle préfère alors prendre son temps ,dans l’espoir que
lorsque la mine qu’elle envisage de mettre en exploitation va fermer, elle aura trouvé un autre
gisement, ou un autre projet industriel pour assurer la continuité de l’entreprise.
En d’autres termes, l’idéal, d’un point de vue économique, est d’exploiter rapidement ;
mais la raison veut que l’on ne descende pas en dessous d’un certain seuil.Comme les seuils
pour les critères économiques, celui-ci est subjectif, et ne dépend finalement que de l’équipe
de direction. C’est exactement ce type de raisonnement qui a été appliqué à Guemassa, et qui
a conduit à choisir une durée de vie de 12 ans, soit une exploitation à 2000t/j.Toutefois, pour
tirer profit d’un rythme de production supérieur,l’ONA s’est donnée, dès le départ, les moyens
de passer à 3000t/j. Ce passage à 3000t/j est uniquement conditionné à la découverte de
réserves complémentaires, qui permettraient de durer au moins 12 ans.
Pour conclure sur ce sujet, il nous reste simplement à remarquer que la marge de
manœuvre de l’entreprise minière est aussi faible pendant l’exploitation, qu’au stade de
l’investissement initial.Si par malheur le cours du métal devait baisser, et la mine devenait
déficitaire, rien ne permet de baisser simplement le coût opératoire; et en ce qui concerne
l’investissement, il est trop tard, puisqu’il aura déjà été engagé.
Pour clore cette partie consacrée aux spécificités dues au gisement, il nous reste
simplement à remarquer qu’une exploitation minière a toujours une durée de vie limitée, du
fait que le gisement est toujours fini.
La plupart des gisements sont déjà limités par la géologie. Les gisements de Bou
Azzer, El Hamunam, Bleida et Guemassa ont des limites géologiques. Tôt ou tard,
l'exploitation aura atteint ces limites, et les mines s'arrêteront.
Il existe bien quelques gisements dans le monde, de fer par exemple, qui semblent
infinis d'un point de vue géologique. Mais on a alors une limitation économique, le plus
souvent due à l'approfondissement de la minéralisation. Cette caractéristique de finitude
distingue elle aussi l'exploitation minière des autres industries. On peut raisonnablement
penser que les hommes consommeront encore du coca-cola (ou d'autres boissons) dans des
cannettes métalliques dans cent ans, mais il serait déraisonnable d'imaginer que Guemassa
existera encore dans cent ans (du moins pour l'exploitation du zinc).
Nous verrons par la suite que la finitude du gisement joue un rôle très important dans
la sélectivité. On peut d'ores et déjà le sentir, en considérant que si les réserves étaient infnies,
il n'y aurait pas à s'interroger sur la teneur minimale à laquelle on exploite. Il n'y aurait qu'à
exploiter le plus riche !
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2. Le marché des matières premières : cas des métaux de base
Nous nous sommes intéressés jusqu'à présent à la mine proprement dite. Intéressons
nous maintenant à son contexte, en examinant avant tout le marché des matières premières
minérales, celui sur lequel la mine vend son produit marchand, donc, le plus souvent, son
concentré.
De manière plus explicite, il existe pour chaque métal entre mineurs et fondeurs, des
formules de vente type, qui s'appliquent à tout le monde.
Donnons simplement trois exemples de formules de vente, pour les principaux métaux
de base:Ie zinc, lc plomb, et le cuivre. Mais avant, examinons comment se construit une
formule de vente.
Prenons une entreprise minière qui produit un concentré de zinc à 54 % (ce qui
correspond à un bon concentré de sphalérite). Lorsque cette entreprise vend une tonne de
concentré, elle vend en fait 540 kg de zinc. Ce qu'elle vend présente donc une valeur
intrinsèque qui est le produit de la masse de métal qu'elle vend par le prix de vente de ce métal
par unité de masse. Si le zinc cote à 1000 $/t sur le marché mondial des matières premières (en
fait le London Metal Exchange), notre tonne de concentré à 54 % de zinc contient une valeur
de 540 $.
Pour revenir à un cas plus général, une tonne de concentré d'une teneur tconc d'un métal
qui cote P $/t, a une valeur intrinsèque de tconc.p $. Mais, le fondeur ne peut pas se permettre
de payer ce prix. La raison en est simple: son rôle est d'acheter un concentré, et le traiter pour
produire un métal pur. Sa recette est donc donnée par la vente de métal pur, au prix de ce
métal sur le marché mondial. En conséquence, le produit tconc.p est un majorant de sa recette.
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Mais nous ne sommes pas encore au bout de la construction de la formule de vente. En
effet, la fusion comprend des coûts opératoires, et la construction de la fonderie a nécessité un
investissement. Si le fondeur achetait le concentré à la valeur α.t.conc..P, il ne pourrait ni payer
ses dépenses opératoires, ni rembourser un investissement. En conclusion, le fondeur payera
une tonne de concentré acheminée à l’entrée de la fonderie sur la base suivante :
PVconc = α.tconc.P – F
où F désigne les frais de fusion (coût opératoire + coût du capital) et PVconc le prix de vente du
concentré pour le mineur.
Pour clore ce paragraphe, indiquons encore deux éléments intéressants. Les mineurs
définissent la part du mineur, qui leur permet de voir comment se répartissent les profits
entre les mineurs et le fondeur. Cette part du mineur est simplement donnée par le ratio du
prix de vente du concentré sur la valeur intrinsèque du concentré
PVconc F
soit ; ou encore α-
tconc. p tconc. P
Pour des métaux de base, cette part du mineur se situe généralement entre 50 % et 70 %. On
constate qu'elle augmente avec la teneur du concentré, et, a priori, avec le prix de vente de
métal P (nous reviendrons sur ce point par la suite).
Par ailleurs, pour simplifier ses calculs économiques, le mineur préfère travailler avec
la Valeur Carreau Mine (VCM) du concentré, plutôt que le prix de vente. Cette Valeur
Carreau Mine correspond à la valeur d'une tonne de concentré à la sortie de l'usine de
traitement. Elle s'obtient simplement en soustrayant du prix de vente les frais de transport
entre la mine et la fonderie (que nous noterons T), et les taxes éventuellement appliquées à la
vente du concentré (taxe à l'exportation, par exemple). On a donc:
Cette valeur carreau mine nous sera d'une grande utilité par la suite.
La formule de vente d'un concentré de zinc a tout à fait la forrne décrite ci-dessus,
mais quelques finesses supplémentaires sont introduites:
PVconc = 0,85.tconc.P- F
0-8
- si la teneur du concentré est inférieure à 53 %, on a
Les éléments que nous venons de présenter ci-dessus ne sont pratiquement jamais
négociables. Tous les fondeurs retiennent ces chiffres.
Il nous reste à expliciter les frais de fusion F. Ceux-ci se négocient entre les mineurs et
les fondeurs. Une même entreprise minière peut ainsi avoir, pour la même année, plusieurs
contrats de vente, avec plusieurs fondeurs, et des conditions différentes en terme de frais de
fusion. Pour illustrer le propos, les frais de fusion de base ont varié durant les dernières années
entre 180 et 210 $/tconc .
Notre dernière phrase introduit implicitement une nouvelle notion: les frais de fusion
de base. Cette expression sous-entend que les frais de fusion sont divisés en deux parties: les
frais de base, et d'autres frais, que l'on appelle les frais d'escalator. Ces frais d'escalator
prennent la forme suivante:
Fesc = e.(P-Pref)
où e est le coeffcient d'escalator (négocié) et Pref un prix de référence pour la substance (lui
aussi négocié). Le coeffcient e étant toujours positif, ceci signifie que lorsque le prix du métal
est supérieur au prix que l'on avait anticipé (le prix de référence), les frais de fusion
augmentent (et réciproquement).
En plus clair, le mineur accepte de laisser au fondeur une partie des bénéfices supplémentaires
dus à une hausse du prix du métal, et le fondeur accepte de partager les pertes de bénéfices
dans le cas où le prix du métal baisse.
Pour les concentrés de zinc, e varie généralement entre 0,10 et 0,15 (il est parfois
même indexé sur le prix du métal), et ces dernières années, les prix de référence utilisés dans
les contrats se situaient entre 1000 et 1200 $/t.
Nous avons fait le tour de la formule de vente en ce qui concerne le zinc proprement
dit. Aux données que nous venons de détailler s'ajoutent des bonifications pour certains sous-
produits (or, argent, ...) et des pénalités pour d'autres (arsenic bien sûr, mais aussi plomb,
cuivre, fer, silice, ...). Les éléments bonifiants et pénalisants, ainsi que les valeurs des
bonifications ou pénalités, se négocient entre le mineur et le fondeur.
La formule de vente est tout à fait similaire à celle qui s'applique au zinc.
0-9
Les frais de fusion se présentent également comme pour le zinc. En 1993, les frais de
base étaient de l'ordre de 200 $/tonne, le coefficient d'escalator autour de 0,15 et le prix de
référence à 500 $/t.
La décomposition des frais de fusion est toutefois un peu différente de celle vue pour
le zinc et le plomb. On a des frais de base (qui étaient de l'ordre de 100 $/tconc en 1993), et des
frais d'affinage, qui s'appliquent uniquement au cuivre payable (0,1075 $/livre en 1993).
Nous avons donc vu que la mine ne peut pas jouer sur le produit qu'elle vend (il lui est
pour ainsi dire imposé par le gisement), et qu'elle n'a qu'une marge de manoeuvre très faible
sur le prix auquel elle vend (la négociation sur les formules de vente est tout de même très
limitée).
Pour tout maitriser sur les recettes de l'entreprise minière, il ne nous reste plus qu'à
nous intéresser au prix des métaux sur le marché mondial.
0 - 10
2.2 Un prix de vente instable et incontrôlable
Les prix des matières premières minérales se fixent sur la base des échanges de ces
matières au niveau mondial dans le cadre de bourses spécialisées, la plus connue et la plus
importante étant le London Metal Exchange (LME). Dans le cadre de ces bourses, on retrouve
des vendeurs, et des acheteurs. Pour simplifier, on peut dire que les prix se fixent de telle sorte
que l'on équilibre l'offre et la demande. Si l'offre parait, au moins à court terme, relativement
stable (la production des exploitations minières étant a priori constante), il n'en est pas de
même de la demande, qui peut présenter de fortes fluctuations dues à l'évolution de l'économie
au niveau mondial. Prenons par exemple un métal tel que le plomb. La principale
consommation de ce métal se situe au niveau des batteries électriques. La consommation est
donc entre autres sensible à la santé (ou à la croissance) du marché de l'automobile. Une
fluctuation de la demande, par rapport à une offre à peu près constante, va donc engendrer une
fluctuation du cours. Ces fluctuations sont malheureusement fréquentes, et présentent parfois
de fortes amplitudes. Voir illustration
$2 500,00
$2 000,00
$1 500,00
$/t
$1 000,00
$500,00
$0,00
05/01/1998
05/03/1998
05/05/1998
05/07/1998
05/09/1998
05/11/1998
05/01/1999
05/03/1999
05/05/1999
05/07/1999
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05/11/1999
05/01/2000
05/03/2000
05/05/2000
05/07/2000
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05/01/2001
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05/05/2001
05/07/2001
05/09/2001
05/11/2001
05/01/2002
05/03/2002
05/05/2002
temps
0 - 11
US/tonne Aluminium Cash US/tonne Copper Cash US/tonne Lead Cash US/tonne Zinc Cash
Evolution des prix
$12 000.00
$10 000.00
$8 000.00
$/t
$6 000.00
$4 000.00
$2 000.00
$0.00
05/01/98
05/03/98
05/05/98
05/07/98
05/09/98
05/11/98
05/01/99
05/03/99
05/05/99
05/07/99
05/09/99
05/11/99
05/01/00
05/03/00
05/05/00
05/07/00
05/09/00
05/11/00
05/01/01
05/03/01
05/05/01
05/07/01
05/09/01
05/11/01
05/01/02
05/03/02
05/05/02
temps
Nous venons de voir que le niveau de la demande de métal dicte en gros l'évolution
des prix. Dans certains cas toutefois, I'offre peut également jouer un rôle important. On a ainsi
vu flamber les cours du cobalt, au moment des événements du Zaire. En effet, le Zaire était le
principal producteur de cobalt (en tant que sous-produit du cuivre), et les événements ont
donné à penser que la production minière du Zaire allait très fortement chuter, donc l'offre du
cobalt allait fortement chuter (ce qui s'est d'ailleurs rapidement conflrmé). De la même
manière, on a vu les cours du plomb baisser très fortement en 1992 et 1993, la valeur
carreau mine du concentré de plomb devenant carrément négative pour un certain nombre de
mines. Immanquablement, des mines ont fermé (la mine de Djebel Aouam, par exemple).
L'offre a donc fortement baissé, et les cours ont repris en 1994.
0 - 12
Mais la variation du prix du métal n'est pas la seule cause de la forte variation des
recettes de l'entreprise minière, Les fluctuations de taux de change y interviennent
malheureusement aussi, En effet, les métaux sont cotés en $, et les formules de vente sont
totalement exprimées en $, Donc toute variation du $ implique une variation des recettes de
l'entreprise minière, dès lors que celle-ci ne se situe pas aux Etats-Unis, Malheureusement
pour les exploitations minières, le $ connaît lui aussi des périodes de forte instabilité, Il est par
exemple resté à environ 5 F entre 1960 et 1970, a baissé à en gros 4 F en 1980, puis est monté
à un record de 9,5 F en 1985 !
Si nous faisons un bilan à ce stade, nous avons mis en évidence les éléments suivants :
0 - 13
3. Une industrie à haute intensité capitalistique
i=N
Mi
VAN = -Io + ∑ i
i =1 (1 + a )
Si nous supposons maintenant la marge constante dans le temps, et si nous l'exprimons
sous la forme d'un pourcentage β du chiffre d'affaire, ou des recettes R, on aura :
B. R 1
VAN = -ic . R + .(1- N
)
a (1 + a)
Si pour une durée de vie donnée, on cherche à obtenir un taux de rentabilité minimum,
la valeur minimale de β est donnée par:
i
β= c . TR I
.
1
1− N
(1 + TR I )
Quelques valeurs numériques vont permettre de préciser les idées.
Pour un projet présentant une durée de vie de 10 ans, et une intensité capitalistique de
3, I'obtention d'un taux de rentabilité interne de 10 % nécessite que la marge représente 49 %
du chiffre d'affaire; pour obtenir un TRI de 15 %, il faut que la marge représente 60 % du
chiffre d'affaire.
0 - 14
Imaginons en effet une entreprise minière qui a terminé ses investissements, et
commencé à produire. Supposons alors que le cours baisse fortement, et que la rentabilité de
l'entreprise soit perdue. Que faire alors ?
Fermer la mine ? Cette décision est d'autant plus difficile à prendre que le capital
investi était important, et par conséquent, du moins pendant les premières années, le capital
restant investi (ou restant à récupérer) est grand.
Modifer les techniques d'exploitation ? Nous avons vu que dans leurs grandes lignes,
elles sont dictées par le gisement, et même si elles étaient modifiables, cela nécessiterait à
nouveau des investissements !
Nous avons fait un tour d'horizon d'un certain nombre de possibilités, que nous avons
éliminées très vite. Trop vite, sûrement. Dans certains cas, I'une des solutions proposées sera
fmalement la meilleure. Mais ce qu'il est important de retenir, c'est que cette liste ne comprend
aucune solution réellement satisfaisante, et que l'importance des investissements liés à
l'exploitation minière n'est pas étrangère à cet état de fait.
0 - 15
4. Une industrie qui intéresse l'Etat
L'industrie minière a une image d'industrie polluante. En fait, elle l'est probablement
beaucoup moins qu'un certain nombre d'autres entreprises, mais sa forme principale de
pollution se manifeste de façon très claire, visuelle en fait. Les carrières ou mines à ciel
ouvert, les digues à stériles abîment le paysage. Les affaissements de surface dus aux
exploitations souterraines sont directement ressenties par tout un chacun ... A l'opposé, une
industrie chimique sera nettement plus polluante, mais cela ne se voit que si l'on fait des
analyses d'air, d'eau, ...
Dans certains pays, I'Etat intervient toujours fortement sur les industries minières,
toujours à cause de cette notion de richesse nationale. On voit aussi certains pays d'Afrique
refuser des changements de méthode d'exploitation, parce que la nouvelle méthode conduit à
un taux de récupération du minerai plus faible que l'ancienne. On voit également un pays
comme la République Tchèque imposer une loi qui spécifie qu'on n'a le droit d'exploiter une
veine de charbon que si on l'exploite dans la totalité de sa puissance (cette loi a obligé
l'entreprise OKD à se faire fabriquer un équipement de longue taille "sur mesure", pour
exploiter une couche particulièrement puissante).
0 - 16
RESUME
SPECIFICITES
DE L’ENTREPRISE MINIERE
*****
GISEMENT . LOCALISE
. LIMITE
. MAL CONNU malgré un processus long
PROCESS . COMPLEXE
. A ADAPTER
. BEAUCOUP D'HOMMES
INVESTISSEMENT . LOURD
. LONG
. NECESSITE DES MARGES IMPORTANTES
0 - 17
Chapitre 1
1-0
1 – PRINCIPES DE CALCUL DES RECETTES DE LA MINE
2. Les recettes de la mine sont faites du produit des ventes des concentrés :
On déduit de cette dernière formule le tonnage de concentré, à partir des tonnages et teneurs du
minerai, de la teneur du concentré, et du rendement métal.
Mconc
On peut aussi calculer un taux de concentration Tconc ou un rendement poids Rp = pour
tTV MTv
caractériser le fonctionnement de l'usine (en pratique ρ pour des minerais à basse teneur, Rp pour les
minerais pondéreux à haute teneur). Dans ce dernier cas :
Mconc = MTV * Rp
1-1
1-2
Substance Minerai Usine Concentré Formules de vente : exemples
1. Fer Hematite Concentration magnétique Commercial 67 % Fe - qualité 67 % : 30$/t FOB Brésil
Fe2O3 - au point de fer : 0.45 $/point
2. Charbon Houille Lavoir, milieu dense + flottation - vapeur ; % cendres - qualité 25 MJ/kg : 40 $/t
Lignite - à coke ou métallurgique (% MV) - qualité coke 60 $/t
(gonflement)
3. Phosphates Tricalcique (PO4)2 Ca3 ; BPL Dépoussiérage, débourbage, Marchand 64 % BPL - 30 $/t FOB Maroc
épierrage
8. Tungstène Scheelite WO3 Ca Laverie : gravimétrie + flottation concentré 45-50 % WO3 - au point de WO3 : 50 $/point
Wolframite WO3
9. Uranium Oxydes d’U (UO2, UO3) Concentration (# enrichissement uranate à 75 % U 10 $/lb U3O8 NUEXCO
isotopique) 150 F/kg ou 250 F/kg /contrat
11. Or, argent, Pt Sulfures, natifs Cyanuration Métal ou matte ou lingot doré 95 % Q (t - 3 Oz) : Ag
(t - 1 g ) : Au
1-1
Substance Minerai Usine Concentré Formules de vente : exemples
1. Fer Hematite Concentration magnétique Commercial 67 % Fe - qualité 67 % : 30$/t FOB Brésil
Fe2O3 - au point de fer : 0.45 $/point
2. Charbon Houille Lavoir, milieu dense + flottation - vapeur ; % cendres - qualité 25 MJ/kg : 40 $/t
Lignite - à coke ou métallurgique (% MV) - qualité coke 60 $/t
(gonflement)
3. Phosphates Tricalcique (PO4)2 Ca3 ; BPL Dépoussiérage, débourbage, Marchand 64 % BPL - 30 $/t FOB Maroc
épierrage
8. Tungstène Scheelite WO3 Ca Laverie : gravimétrie + flottation concentré 45-50 % WO3 - au point de WO3 : 50 $/point
Wolframite WO3
9. Uranium Oxydes d’U (UO2, UO3) Concentration (# enrichissement uranate à 75 % U 10 $/lb U3O8 NUEXCO
isotopique) 150 F/kg ou 250 F/kg /contrat
11. Or, argent, Pt Sulfures, natifs Cyanuration Métal ou matte ou lingot doré 95 % Q (t - 3 Oz) : Ag
(t - 1 g ) : Au
1-2
1-3
4. Ainsi les recettes de la mine peuvent s’exprimer :
Mtv * ttv * ρ * PV
Recette =
T
ρ x PV
avec v= = valeur du point
T
La valeur du point est la recette attachée à une unité de métal contenu (= teneur) dans le
minerai.
Les formules internationales les plus courantes, pour les métaux de base, s'écrivent :
PV = Q (T −β) − F − transport
ou PV = α QT − F − transport
Q: cours du métal
1-4
A cette formule de base, valable pour un concentré simple, peuvent s'ajouter des
bonifications (pour substances annexes valorisables, par exemple métaux précieux) ou se
soustraire des pénalités (pour impuretés (par exemple mercure) ou pour présence gênante d'autres
métaux que le métal principal).
Dans certains cas, le prix de vente peut prendre en compte prioritairement certaines
propriétés physiques du minerai : minerai de fer en morceaux, chromite en morceaux friables ou
durs ...
La part du mineur est le rapport PV du prix qui lui est payé à la valeur contenue dans le
QT
concentré. Selon les substances et la qualité du produit vendu, cette part peut être comprise entre
90 % et 40 %.
7. Lorsque l'usine de traitement fabrique plusieurs concentrés chaque concentré est vendu
séparément (selon sa propre formule de vente et son tonnage) et contribue à la recette globale.
Le système-usine est alors caractérisé par 26 paramètres principaux reliés par 10 équations
(16 variables indépendantes).
3 Bilan métal
MTV tTVi = Mconc1 Ti1 + Mconc2 Ti2 + Mconc3 Ti3 + Mster Tister pour i = 1,2,3
3 Rendements métal ρii = Mconi Tii ou récupération principale du métal i pour i = 1,2,3 dans le
MTV tTVi
concentré i
On peut aussi calculer la récupération globale d'un métal i dans les différents concentrés j :
1-5
8. Les recettes de la mine s'écrivent alors :
Recettes = ∑M ∑TijαijQI −[Fj +TRANSPORTj ]
concj
j i
Il appartient à l'exploitant de chercher la plus grande valeur de cette recette en jouant sur les
paramètres qu'il peut contrôler, à savoir :
Chacun de ces paramètres devrait être le plus grand possible, mais tout accroissement de l'un de
ces paramètres entraîne des conséquences sur les autres ( parfois antagonistes) et des
modifications des coûts opératoires, voire de l'investissement.
Pour le mineur, le paramètre v = valeur du point rassemble tout ce qu’il ne contrôle pas. Il doit en
conséquence conduire son exploitation (MTV,tTV) en fonction de la valeur de v qui s'impose à lui.
Les très difficiles problèmes de prévision des prix des substances minérales seront discutés plus
loin.
1-6
POUR LES CONCENTRES DE METAUX DE BASE
BONIFICATIONS
ARGENT :
- PAYE AU DELA DE 90 g/t DANS UN CONCENTRE DE ZINC ( - 3 oz)
60 g/t DANS UN CONCENTRE DE PLOMB ( - 2 oz)
30 g/t DANS UN CONCENTRE DE CUIVRE ( -1 oz )
OR:
- PAYE DE 95 A 99 %
PENALITES
FER :
1 A 2 $ PAR POINT DE FER AU DELA DE 9 % (CONCENTRES DE ZINC OU
DE PLOMB)
ARSENIC :
TRES FORTES PENALITES (2,5 $ PAR 0,01 % AU DELA DE 0,2 %)
BISMUTH :
1 $ PAR KG DANS LE CONCENTRE DE PLOMB
SiO2
Pb > 0,5 %
Zn > 2 % DANS LES CONCENTRES DE CUIVRE,
1-7
2 - LES PRIX DES SUBSTANCES MINERALES
Ils ne concernent que certains métaux non ferreux et les métaux précieux. Ils donnent lieu à des
cotations dans les bourses de métaux, du type: London Metal Exchange (LME), Commodity
Exchange de New-York (COMEX) ou Penang pour l'étain. Les cotations de LME qui portent sur
les métaux suivants: Cu. Sn, Pb, Zn, Al, Ni et Ag, ont une importance internationale, car elles
servent de cours de référence ,bien que les quantités traitées y soient faibles. Les cotations du
COMEX, qui portent sur le Cu, Ag et Au, ne servent guère qu’aux transactions internes aux USA.
Chicago, New-York, Vancouver, Tokyo, Hong- Kong, Paris, etc.
1.2 Le prix
Il est la somme réellement payée pour l'acquisition d’un métal .Le prix d'une matière première est
la résultante d'un certain nombre de facteurs qui l'influencent soit au court terme, soit au moyen-
long terme et: le très terme, au delà de 20 ans
En fait, le “vrai” prix d’une matière première est celui que l’acheteur est prêt à payer et non pas
tellement le coût de production. Ce prix peut être déterminé par diverses influences, certaines
logiques, d’autres non. Cependant, le prix ne peut pas rester longtemps au-dessous du coût de
production sans affecter l’offre et son expansion.
1-8
2.2. Le prix producteur
Pour l’acheteur , le système “prix producteur” offre une certaine sécurité d’approvisionnement à
un prix prévisible et le marché pour tous.
- en cas de pénurie, le prix du marché libre pourra être supérieur au prix du producteur ,
- en cas de surplus, on pourra avoir la situation inverse.
Depuis un certain nombre d'années, le marché libre a pris une influence grandissante pour
nombre de métaux. Dans un environnement économique difficile, à remous politiques, à
l'internationalisation des marchés, il est de plus en plus difficile pour un producteur de maintenir
un système de prix producteur. Au contraire, le prix du marché libre reflète toutes les influences,
les incertitudes, les attitudes et les anticipations sur l'avenir en décidant du acheter, mais ce prix
"baromètre" ponctuel du climat du marché, variera aussi considérablement. C'est pour offrir une
couverture contre les risques lies à ces fluctuations des prix qu'ont été développés les marchés à
terme. Ces marchés, ou bourses de matières premières, se sont aussi développés comme moyen de
fixation d'un prix de référence : le cours.
Les prix dits ''marché libre'', fixés par certaines revues, ne sont pas exempts de manipulations.
- Marché de gré à gré. Dans ces marchés il y a peu d’acteurs , les contrats sont souvent fermes
sur un an avec des révisions de prix éventuelles si un des paramètres fondamentaux du
marché évolue de façon notable.
- Producteurs de minerai de fer brésiliens (CVRD) et sidérurgistes allemands, australiens et
japonais.
- Producteurs de minerai de manganèse sud-africains, australiens (BHP) ou
gabonais(COMILOG) et producteurs de ferro-manganèse japonais, ou européens.
1-9
- Producteurs de chromite sud-africains et producteurs de ferro-chrome japonais. Dans ce
dernier cas, ce système se substitue à un système unilatéral en raison du poids prépondérant
des producteurs de chromite et de ferro-chrome sud- africain.
- Marché captif. Dans ce cas , il s’agit de transactions entre sociétés et filiales, ou fournisseurs
captifs à prix d’ordre. Le meilleur est celui de la bauxite et de l’alumine, dominés par les
producteurs d’aluminium. Il existe un système analogue avec le minerai d’antimoine et le
béryl(marché acheteurs).
- Marché mono ou oligopolistique. Dans ce cas il y a une place prépondérante sur le marché
d'un ou plusieurs producteurs qui fixent les prix :
- cas du Ni, Co, Mo, Al (dans le passé)
- cas du Nb, Be,V (actuellement)
Ce système résiste mal lorsque les déséquilibres du marché sont importants comme cela s’est
produit pour le Ni et le Mo.
Sur ces marchés le prix de référence est fixé par les négociants (exemple du Ta) soit par un
transformateur (exemple de l’In).
3. Unités de poids
Nous donnerons ci-dessous les différentes unités de poids utilisées dans l’industrie minière
mondiale avec les indications suivantes dans l’ordre: symbole ,éventuellement non anglo-saxon,
non français, valeur dans le système métrique ,et domaine minéral où elles sont utilisées :
St = short ton = tonne courte = 0,907 t, principaux minerais et métaux aux USA et au Canada.
It = long ton = tonne longue = 1,016t, minerai de fer, quelques pondéreux en Amériques du Nord.
Ib = pound = livre = 0,4536 kg, métaux non ferreux aux USA et au Canada, uranium dans les
pays anglophones.
Equivalences :
Tr oz = troy ounce = once troy = 31,1g, métaux précieux dans les pays anglophones.
1 - 10
Dwt = penny weight = (pas de traduction) = 1,555 g, quelquefois pour des métaux précieux.
Picul = 60,5 kg, uniquement pour l’étain en Malaisie:1 picul =100 catis
Ct = carat = carat = 0,20 g diamant (NB : pour l’or le carat est un titre d’alliage).
14carats d'or---------20g d'alliages
4. Abréviations commerciales
Pour terminer cette première note d’information, voici un certain nombre d’abréviations
commerciales, accompagnant les cours ou prix des substances:
Cif = cost, insurance and freight : marchandise rendue au port de destination; fret et assurance
payés. Equivalent français CAF.
C&f = cost and freight :marchandise rendue au port de destination fret payé, mais assurance non
comprise.
Ex quay, ex ship, ex work, ex w’house (warehouse) (suivi du nom d’un port ou d’un lieu) :
marchandise à disposition de l’acheteur sur le quai (quay) ou sur un navire(ship) dans le port de
désigné ou dans une usine (work) ou un magasin (warehouse).
Fas = free along side: franco le long du navire dans un port désigné après l’expression.
Fob = free on board: marchandise livrée à bord d’un navire dans un port désigné après
l’expression.
For = free on truck: marchandise livrée sur wagon ou sur camion fourni par l’acheteur.
1 - 11
5. Quelques commentaires sur les prix
5.1. Les prix des substances minérales sont faibles : ordres de grandeur
1 - 12
5.2. Les cours sont fluctuants
Les cotations au jour le jour peuvent doubler en 3 mois (ou diviser par 2 !). Le principal facteur
d'instabilité est la conjoncture (économique, politique, sociale), et surtout la manière dont les
agents économiques tentent de s'y adapter (+ spéculation + monnaies).
Les évolutions, quoique plus lentes, peuvent être encore plus accentuées (facteur 5). Les stocks
disponibles jouent un rôle prépondérant.
On peut déceler des cycles (KONDRATIEV, 25 ans) et il existe des théories relatives au
découpage de la "vie" d'une substance minérale en phases.
1 - 13
$/t
$/t
$ 1 0 0 0 0 ,0 0
$ 1 2 0 0 0 ,0 0
$ 2 0 0 0 ,0 0
$ 4 0 0 0 ,0 0
$ 6 0 0 0 ,0 0
$ 8 0 0 0 ,0 0
$1 000,00
$1 500,00
$2 000,00
$2 500,00
$500,00
$0,00
$ 0 ,0 0
05/01/1998 05/01/1998
05/03/1998 05/03/1998
05/05/1998 05/05/1998
05/07/1998 05/07/1998
05/09/1998 05/09/1998
05/11/1998 05/11/1998
05/03/1999
05/05/1999 05/05/1999
E T A IN e t N IC K E L : E v o lu t io n d e s p r ix
05/07/1999 05/07/1999
05/09/1999
U S /to n n e N ic k e l C a s h
05/09/1999
05/01/2000 05/01/2000
05/03/2000 05/03/2000
te m p s
temps
05/05/2000 05/05/2000
U S /to n n e T in C a s h
05/07/2000 05/07/2000
05/11/2000 05/11/2000
05/01/2001 05/01/2001
05/05/2001 05/05/2001
05/07/2001 05/07/2001
05/09/2001 05/09/2001
05/11/2001 05/11/2001
05/01/2002
05/01/2002
05/03/2002
05/03/2002
05/05/2002
05/05/2002
1 - 15
OR, ARGENT et PLATINE : Evolution des prix depuis 1975
1 - 16
EN 2001…..
1 - 17
En 2002…..
1 - 18
1 - 19
1 - 20
3 - APPLICATION : CALCUL DES RECETTES D'UNE MINE
a Taux d'actualisation
B=R-D Cash flow brut annuel
CAP Coût du capital par an
cap Coût du capital par tonne
cop Coût opératoire par tonne
COP Dépense opératoire par an
D Dépenses annuelles
Fond Frais de fonderie, par tonne de concentré
I Investissement initial (ramené à la date zéro qui est le début de l'année l)
J Nombre de jours de production
N Durée de vie prévue pour l'exploitation
P Production journalière, extraite et traitée
PV Prix de vente d'une tonne de concentré
Q Prix de la tonne de métal
R Recettes annuelles de la vente des concentrés
Res Tonnage des réserves
Ress Tonnage des ressources
Rp Rendement poids des usines de concentration
T Teneur du concentré
t Teneur du minerai extrait
tc Teneur de coupure
tm Teneur moyenne correspondant à une teneur de coupure
Transp Frais de transport, par tonne de concentré
v Valeur du point de métal dans le minerai
VAN(0) Valeur Actuelle Nette sans actualisation (a=0)
VAN(a) Valeur Actuelle Nette avec actualisation
α Coefficient d'abattement de la fonderie pour déterminer le métal payé
ρ Taux de récupération en laverie ou rendement métal
1 - 21
3-1. Cas des matériaux pondéreux
Exemple :
. PV = 20 $/t
AN1 Zinc sous forme de sphalérite ZnS (contenu Zinc dans ZnS = 64 %)
T= 54 % teneur du concentré en Zn
(1)
Fond = charges de fonderie = 215 $ par tonne de concentré
Remarques
. Valeur contenue dans une tonne de concentré QT=648$
. Part du mineur PV /QT = 315.8 = 49 %
648
ß = 1% abattement de teneur
27 − 1
PV = 2200 - 160 – 20 = 572 - 160 - 20 = 392 $
100
Remarques
. Valeur contenue dans une tonne de concentré QT = 594 $
. Part du mineur PV /QT = 392 = 66 %
594
(1)
En réalité la formule est plus compliquée puisqu'en 1993 les charges de fonderie s'expriment, par tonne
de concentré, par :
(2)
En réalité les frais de fonderie se calculent comme suit :
1 - 23
EXERCICES D'APPLICATION
375 x 34
1- Recette or par tonne de concentré = 0,95 = 389 $
31,1
1 - 24
2. Tonnage de concentré produit annuellement
P. J. t x ρ
=
T
Remarques :
Tonnage concentré t
- Rendement poids= = ρ = 8 0,9 = 0,133 = Rp
Tonnage minerai T 54
- Mise au mille = nombre de tonnes de minerai pour obtenir une tonne de concentré = taux de
concentration :
= T = 1 = 7,5
tρ Rp
1 - 25
AN2 Cuivre P = 15 000 t/j ρ = 85%
J = 360 j/an T = 27%
t = 0.7 %
Remarques :
taux de concentration T = 27 = 45 = 1
tρ 0,7 x 0,85 Rp
1 - 26
3. Recettes annuelles de la mine
P. J. t. ρ
= PV
T
= P. J. t. ρ PV
T
AN1 Zinc
Remarques :
R = 42,10 = 5,26 $
PJ 8
dans la mine, toute élévation de teneur de 1 point (=1 %) fait gagner 5,26 $ par tonne concernée
La valeur du point à un moment donné pour une mine donnée est un résumé de tous les
éléments techniques et économiques extérieurs à l'exploitation : v résume à la fois les
conditions extérieures et le fonctionnement de la laverie.
AN2 Cuivre
1 - 27
Valeur d'une tonne à 0,7 % = 8,64 $
Valeur d'une tonne à 1 % = 12,34 $
PV = 348 $
v = 46,40 = 5,80 $
8
5,80
ou teq zn =8 = 8,82
5,26
AN4 Cuivre et Or
1 - 28
Teneur en équivalent Cuivre
17,7
ou = 0,7 x = 1,42 %
8,64
1 - 29
4. Autres calcul des recettes annuelles (exemple zinc)
P. J. t. ρ
R= [αQT - (Fonderie + Transport)]
T
Fonderie+Transport
= P. J. t.ρ αQ − P. J. t. ρ
T
Fonderie+Transport
= P. J. t. ρ αQ −
T
Tous les paramètres ont une contribution positive sauf les frais de fonderie et de transport .
1 - 30
5. Cas de plusieurs concentres : Exemple LOUVICOURT
P = 5000 t/j
J = 360 jours
** Zinc seul = 316 $. Pour l'argent il y a 30,69 x 0,78/0,795 x 54/1,99 ≈ 833 g par tonne de concentré, payé à 80
% (- 3 oz) avec un prix de 0,15 $/g, soit une recette de 0,15 x (833-93)0,8≈ 89$/tonne de concentré.
1 - 31
Chapitre 2
Généraux
accès au site
préparation du site
approvisionnement en énergie, en eau
études de faisabilité
supervision du projet et constructions provisoires, encadrement de la phase de démarrage fonds
de roulement
Usine de traitement
fondations des bâtiments
installations de concassage, de stockage de minerai et de transtert (convoyeurs)
bâtiments de l’usine de concentration
équipements de broyage et de stockage des fines
unité de concentration
unité d’épaissement et de filtrage
unité de stockage et chargement du concentré
bassins de décantation
installations de surface
services auxilliaires
pistes sur le site
cité minière
infrastructure de transport des concentrés
On ajoute généralement à ces dépenses pour la réalisation de la mine les dépenses antérieures de
reconnaissance du gisement (actualisées).
2-1
Cet ensemble peut être regroupé un peu différemment en :
A partir de ces paramètres, la plupart des postes d’investissement peuvent être évalués au
moins en ordre de grandeur. I1 existe pour les conditions occidentales (Amérique du Nord) des
modèles chiffrés permettant d’estimer directement tous les postes bien rattachés à un paramètre
(bâtiments, équipements, effectifs productifs ...) et indirectement les autres postes (frais d’étude,
supervision, encadrement de préproduction, en pourcentage des investissements productifs ;
effectifs des services en fonction des effectifs productifs : services auxilliaires et cité minière en
fonction de l’effectif total ; fonds de roulement en fonction des investissements en matériel et des
coûts opératoires). Dans des conditions différentes de celles d’Amérique du Nord, chaque poste
doit être corrigé pour tenir compte notamment des coûts de main d’oeuvre et des coûts d’achat
des matériels.
Pour faire la description qui suit nous nous sommes basé surl’article de T.A. O’HARA de
février 1980 paru dans le CIM Bulletin, sur une publication postérieure du modèle parue dans le
CIM-Mining and Mineral Processing Equipements Costs and Preliminary Capital Costs
Estimations (A.L.Mular - 1982) et sur un travail présenté par O’HARA lui-méme au CIM 89th
Annual Meeting en mai 1987. Les changements que nous avons effectués sur les équations
2-2
concernent la transformation des estimations en C$ en US$, l’actualisation de $78 en $86 et la
modification des unités du système anglais au système international.
L’estimation du coût d’investissement des mines à ciel ouvert sera faite par la somme des
estimations partielles suivantes :
1. Préparation du site
2. Découverture préalable du corps minéralisé
3. Equipements miniers
4. Installations d’entretien d’équipements miniers
5. Energie, lignes de transmission, eau (estimées dans le coût d’investissement de l’usine de
traitement)
6. Etudes de faisabilité
7. Supervision du projet, constructions provisoires
8. Encadrement de pré-production
9. Fonds de roulement (estimé dans le coût d’investissement de l’usine de traitement)
Dans le tableau 1 nous présentons les expressions utilisées pour l’estimation de chacun de ces
coûts.
Egalement dans la partie 3 le paramètre C, taille des camions en tonnes et Nc, nombre de
camions utilisés, sont estimés par :
2-3
Tableau 1: Estimation du coût d’investissement - Mines à ciel
ouvert (d’après O’HARA)
2-4
2. Coût d’investissement - Mines en souterrain
L’estimation du coût d’investissement des mines en souterrain est faite par la somme des
estimations partielles suivantes :
1. Fonçage du puits
2. Travaux préparatoires
3. Tour d’extraction
4. Installations d’air comprimé
5. Equipements miniers fond
6. Installations d’entretien fond
7. Energie, lignes de transmissions, eau (estimées dans le coût d’investissement de l’usine
de traitement)
8. Etudes de faisabilité
9. Supervision du projet et constructions provisoires
10. Encadrement de pré-production
11. Fonds de roulement (estimés dans le coût d’investissement de l’usine de traitement)
Dans le tableau 2 nous présentons les expressions utilisées dans l’estimation de chacun de ces
coûts.
D(mm) = 25,4*(44*Te+192*h0.5*Te0,6+1,61*h0.3*Te1,2)0,357
h = profondeur de remontée en mètres
L(m) = 3,00*(D/l000)+0,l0*(D/1000)3+1,98*Te0,33
2-5
Q(m3/min) = 5,92 * Tt 0.46
Tt = tonnage exploité par jour (minerai + stérile)
Tableau 2: Estimation du coût d’investissement – Mines souterraines (d’après O’HARA)
7.Energie électrique
Estimée dans le coût d’ investissement de l’usine de traitement
8.Frais d’études
4 à 6 % de (C11+C12+C2) plus 6 à 8 % de (C31+C32+C33+C41+C42+C5+C6)
9.Supervision du projet et const. Provisoires
8 à 10 % de (C11+C12+C2+C31+C32+C33+C34+C41+C42+C5+C6)
10.Encadrement de pré-production
4 à 7% de (C11+C12+C2+C31+C32+C33+C34+C41+C42+C5+C6)
11.Fonds de roulement Estimé dans le coût d’investissement de l’usine
L’estimation du coût d’investissement de l’usine de traitement est fait par la somme des
estimations partielles suivantes :
1. Préparation du terrain
2. Fondations
3. Installations de concassage, stockage de minerai tout venant, convoyeurs à bande
4. Bâtiments de l’usine
5. Broyage, stockage des fines
6. Unité de concentration
7. Unité d’épaississement et de filtrage
8. Unité de stockage et chargement du concentré
9. Production et distribution d’électricité (mine/usine)
10. Bassins de décantation
11. Approvisionnement d’eau (mine/usine)
12. Services auxiliaires
13. Route d’accès
14. Cité minière
15. Etudes de faisabilité
16. Supervision du projet et constructions provisoires
17. Encadrement de pré-production
18. Fonds de roulement
Dans le tableau 3, nous présentons les expressions utilisoes dans l’estimation de chacun de ces
coûts. L’utilisation de ces expressions requiert l’ajustement par certains facteurs. Les valeurs de
ces facteurs, en fonction des spécificités du projet à estimer, sont données par la suite :
2-7
1.8 minerai dur (WI>17) et 80 % -200 #
Eau propre :
Q(m3/min) = 0,916 * (T/100)0,6 sources abondantes et facilement accessibles
Q(m3/min) = 0,191 * (T/100)0,6 sources rares
Eau recyclée :
Qr(m3/min) = 0,034 * (T/l00)1,1 recyclage, quand les sources d’eau sont rares.
Dans les parties 12 et 14, pour l’estimation de l’effectif total du projet, consulter la partie
Estimation des effectifs, ci-après.
* à revoir
2-8
Tableau 3: Estimation du coût d’investissement - Usine de
traitement ( d ‘ aprés 0 ‘ HARA )
Les effectifs sont divisés en mine, usine de concentration, entretien et services. Dans le tableau
4 nous présentons les expressions d’estimation de ces effectifs. L’expression d’estimation à
utiliser est en fonction des caractéristiques du projet à estimer
2 - 11
2.1. 4. Commentaires
Il est possible de comparer ce résultat global à un certain nombre de « standards » tels que
l’investissement unitaire (investissement total divisé par la capacité journalière en tonnes de
minerai) ou l’intensité capitalistique (investissement total divisé par le Chiffre d’Affaires annuel).
Diverses publications et études montrent que l’investissement unitaire pour la mine est
toujours compris entre 15 000 et 100 000 US $ 86. Les valeurs élevées correspondent toujours à
des cas où les infrastructures d’accès, de transport des concentrés et de logement du personnel
prennent une part prépondérante (jusqu’à 60 % du total). Dans le cas plus général
d’investissement réalisé en contexte non isolé, l’investissement unitaire se situe entre 15 000 et
40 000 US $ 86.
Encore dans cette fourchette peut-on déceler quelques facteurs susceptibles d’oriener les
valeurs :
Cette intensité capitalistique élevée a des conséquences importantes pour la rentabilité des
investissements miniers. Par rapport à d’autres placements financiers, les mines doivent ou bien
durer plus longtemps (récupération du capital investi par une faible fraction du chiffre d’affaire
annuel, mais sur un grand nombre d’années ; ceci ne conduit en tout état de cause qu’à une
2 - 13
rentabilité médiocre) ou bien dégager chaque année une marge brute d’exploitation considérable
(au moins 50 % du chiffre d’affaire , et même 60 % du chiffre d’affaire pour une rentabilité de 15
% en 10 ans, ou 75 % du chiffre d’affaire pour une rentabilité de 15 % en 5 ans …), voir chapître
7, annexe 1.
Les équipements miniers n’atteignent jamais 20 % dans les gros projets. Ils peuvent
cependant représenter 30 à 40 % de l’investissement pour une petite mine à ciel ouvert.
L’usine représente une part très variable selon la complexité du processus et le type de
matériels utilisés : 30 % est un chiffre raisonnable pour un traitement de métaux de base, ou pour
de très grosses exploitations ; 60 % peut être atteint pour des métaux précieux, de l’uranium
exploités par des mines de dimension moyenne ou petite.
Le caractère unique de l’investissement minier, réalisé sur mesure pour un gisement donné ;
Le caractère incertain qui en résulte pour les estimations préalables, jusqu’à l’ingéniérie de
détail qui seule permet de chiffrer correctement les dépenses ;
Le caractère lourd de l’investissement minier qui une fois réalisé va peser sur toute la vie de
l’exploitation, quelle que soit l’évolution du contexte économique et quelles que soient les
particularités du gisement découvert au cours de l’exploitation.
2 - 14
2.1.5. Quelques données supplémentaires sur les investissements
Figure 2-1
2 - 15
Figure 2-2
Côte d’Ivoire Mt Klahoyo 12.5 Pellets 2000 15 % mine, 15 % enrichissement, 10% pipeline, 24
% agglo., 10 % Port, 24 % Cités
Sénégal Falémé 12 34286 1000 29167 70 % infrastructure - évacuation
Brésil Capanema 9 25714 208 8089 Intégré dans l’ensemble CVRD : peu
d’infrastructure
Brésil Carajas 35 100000 4000 40000 80 % chemin de fer + Port
2 - 16
Figure 2-3
Investissements par tonne métrique de capacité annuelle – US $86
2 - 17
Figure 2-4
Raffinerie cuivre 60 30
Raffinerie de zinc 30 48
2 - 19
Figure 2- 5
INVESTISSEMENT ET DIMENSION
Mines
Mines àà ciel
ciel ouvert
ouvert
1E4
Fe Fe
Fe Cu,Au
1E3 Fe
Cu Fe
TiO2
Millions de dollars 1984
Cu,Mo
Cu,Mo
CuFe
Fe FeCu,Mo
Cu
PbZn CuZnAg Cu
Fe Cu,Mo
Fe CuMo Cu,Mo
Cu
U MoS2 Cu,Au
Fe Cu Cu
1E2 Zn,Cu
MoS2 MoS2
Diamant
ZnPb
Cu Cu
Cu
Au Cu
Au Cu
Cu,Ag
1E1
1000 10000 100000
t/jour
2 - 20
Figure 2-6
INVESTISSEMENT ET DIMENSION
mines
mines souterraines
souterraines
1E4
MoS2
1E3
Au
Au Cu
Cu
Pb-Zn-Cu-Ag Cu Cu
Au Cu
Millions de dollars 1984
Zn-Pb C
Cu-Ni
AuAu Au Ti-Cu-Zn
U
Cu
Zn-Pb-Ag
Zn-Pb-Ag Ni Ni Zn-Pb-Cu-Ag
Pb-Zn
1E2 Zn-Cu-Pb
Zn-Pb Cu MoS2
Ag-Au Cu-Zn Mn
Zn-Pb BID Zn
Zn-Pb Pb-Zn-Cu
Cu-Ag Zn Cu-Zn Pb
Ni-Cu
Sn-Zn-Cu
Au
Zn-Pb-Ag Zn
Cu-Zn-Ag MoS2
MoS2 Zn-Pb
Pb-Zn-Cu-Ag
1E1 Pb-Au-Ag Ag
Ag-Au
Pb
1E0
100 1000 10000 100000
t/jour
2 - 21
Figure 2-7
INVESTISSEMENT ET DIMENSION
1E4
1E3
MILLIONS DE DOLLARS
1E2
1E1
100 1000 10000 100000
TONNES PAR JOUR
2 - 22
2/3
I = Io (P/Po)
Iu = I = Iu0 (P/Po)
- 1/3
2 - 23
Figure 2-8
à 60 % 19 (fob) 4.7
* Il s’agit de 1’investissement sur toute la filière nécessaire pour obtenir 1 tonne du produit cité
en première colonne.
2 - 24
Figure 2-9
Opérations Investissement/emploi en
1 000 $/emploi ($ 80)
Source :
Pour les mines : compilation /CERNA
Pour les usines de transformation: « Mineral Processing in Developing Countries » ONUDI, 1980.
Les chiffres issus de ces deux sources ne sont pas strictement homogènes donc comparables.
2 - 25
Figure 2-10
Usine d’alumine 66 %
Electrolyse d’aluminiurn 46 %
Fonderie de cuivre 60 %
Raffinerie de cuivre 38 %
Aciérie 55 %
Haut+foumeau +
Four à oxygène
Fonderie + Raffinerie de 46 %
Plomb
Raffinerie de Nickel
Minerai sulfuré 61 %
Minerai latéritique 60 %
Fonderie d’étain 76 %
Fonderie de zinc 63 %
(1) Le taux de découverture dans une mine a ciel ouvert est le rapport :
Stérile déplacé
Minerai extrait
(2) Le ratio est donc supérieur pour une mine nouvelle durant ses premières anneés d’exploitation.
(3) Coût de production prévu < coût réel
Source :
Pour les mines: compilation/CERNA.
Pour les usines de transformation: « Mineral Processing in Developing Countries », ONUDI, 1980. Le coût annuel en
capital est pris égal à 16 % de 1investissement initial. Les chiffres issus de ces deux sources ne sont pas strictement
homogènes donc comparables.
2 - 26
2.2. LES COUTS OPERATOIRES DE LA MINE
Les coûts indirects, indépendants de la production réalisée main d’oeuvre : services administratifs,
sécurité, magasins, bureaux assurances, intéréts, taxes ... frais de bureaux travaux préparatoires
généraux et recherche
Les coûts qénéraux, pouvant concerner plusieurs exploitations frais de commercialisation services
administratifs centraux services financiers bureau d’études
- recherche et développement
Divers regroupements différents sont couramment utilisés, tels que :
ou encore :
• Main d’oeuvre
• Fournitures
• Energie
• Prestations extérieures
• Frais généraux
- Par analyse détaillée du projet, ce qui n’est complètement possible qu’au stade de
l’ingéniérie de détail, donc après la décision de réaliser la mine.
Ces paramètres, peu nombreux, ne donnent facilement accès qu’aux coûts directs, mais la plupart
des coûts indirects et généraux sont estimés en pourcentage des coûts directs ou d’éléments de
l’investissement.
Par exemple :
entretien et réparations 2 à 5 % de la valeurs des matériels
coûts indirects 10 à 30 % des coûts directs
coûts généraux 2 % des ventes d’après GENTRY et O’NEIL
Le modèle d’O’HARA est un modèle très simple dans lequel le coût de la main d’oeuvre est
calculé à partir des effectifs de chaque sous ensemble (Mine, usine, entretien, services généraux) tels
qu’ils ont été estimés dans la partie « investissements ») et d’un coût unitaire de main d’oeuvre
(salaire + charges par poste travaillé).
Les fournitures sont évaluéss soit en fonction des effectifs (services), soit en fonction de la
production journalière (mine et usine), en différenciant les usines par substance traitée et les mines
souterraines par méthode d’exploitation et par dimension des chantiers.
Une utilisation correcte suppose donc que les rendements (ou les effectifs pour une production
donnée) aient été acceptés dans l’étape précédente, ou corrigés en fonction du cas à étudier. On peut
noter en outre que la différenciation par méthodes d’exploitation dans la mine souterraine correspond
assez bien à un découpage par degré de mécanisation ou par rendement :
2 - 28
personnel de l’activité en question (charges comprises). Ce sera à l’utilisateur de définir cette valeur;
et pour que la main d’oeuvre et les fournitures soient exprimées dans la méme unité, il faudra utiliser
US$/homme*jour.
Nous présentons par la suite des exemples de décomposition-type d’effectifs pour les mines à ciel
ouvert et souterraines. Ces exerples pourront éventuellement servir pour le calcul des salaires
pondérés.
Opérateurs Etam
% 82 18
T.M.R. 16 40 26 18
Chambres
magasins 11 35 35 16
Chambres et
piliers 16 14 14 18
Le coût des fournitures est estimé en fonction de la production journalière. Pour les mines
souterraines, l’estimation du coût des fournitures tient également compte de la largeur du chantier
d’exploitation.
Le tableau 2-13 présente les équations d’estimation des coûts opératoires pour:
L’utilisateur devra choisir les équations qui lui conviennent dans chacune de ces parties (voir
colonne de remarques). De cette façon l’estimation des coûts opératoires du projet en cours d’analyse
sera donnée par :
Coût opératoire (US$86/t)= Σ(MOi + Fi) + coût énergie électrique
Tableau 2-13
Estimation des coûts opératoires – Mine usine et services généraux (d’après O’HARA – 1987)
2 - 29
Partie Paramètre Intervalle de Estimation du coût Estimation du coût des Remarques
validité de m .o (US $/t) fournitures (US$ 86/t)
1 – Mine à ciel E1 effectif mine c.o MO1 = E1*Rco Tt-1 F1 = 13.9 * Tt –0.3
ouvert Rco = (US $/h.j.) =
salaire journalier
Tt (t/j) = 103 à 105t/j
production minerai
+ stérile
E2 effectif mine MO2 = E2*Rs *T-1 F21 = 45.9 * (Tt) –0.3 Sous niveaux et abattage
souterraine par longs trous Vert.
2 – Mine Rs = (US $/h.j.) =
souterraine salaire journalier F22 = 51.3 * (Tt) –0.3 Crater retreat
Tt (t/j) = 500 à 7000 t/j
production minerai F23 = 31.1 * Tt –0.3 Tranches montantes
+ stérile remblayées.
W(m) = largeur
des chantiers F24 = 19,6 * T–0,2 * W–0,3 Chambres magasins
5 – Services E5 = effectif MO5 = E5*Rg* T-1 F51 = 17.6* E5 Projet dével. dans
généraux services généraux régions minière.
Rs = (US $/h.j.) =
salaire journalier F52 = 29.5* E5 Projet dével. dans
région sans
infrastructure.
6 – Services E6 = effectif MO6 = E6*R2* T-1 F6 = 31.5* E6
administratifs services
administratifs
Ra = (US $/h.j.) =
salaire journalier
I1 est important de remarquer que le coût de l’énergie électrique n’est pas inclus dans le
tableau 2-13. Les equations d’estimation de ce coût, pour l’ensemble mine + usine de concentration,
sont données dans le tableau 2-14. Cette estimation dépendra de la capacité de l’usine (normalement
le principal consommateur d’énergie électrique).
Tableau 2-14
Souterrain 26,2*T-0,3 -
655*T-0,3*kWH
*Dans le cas de la transmission publique, les équations du modèle ont été modifiées pour fournir
uniquement la consommation d’énergie électrique en KWH/t traitée. Cette valeur, multipliée par le
coût du KWH (fourni par l’utilisateur) donne le coût de l’énergie par tonne traitée.
2 - 31
2.2.4.Commentaires
Les résultats obtenus à partir de modéles comme celui de O’HARA doivent être comparés à toutes
les sources possibles.
Si les coûts généraux font rarement l’objet de publication, par contre les coûts techniques, ou coûts
directs des mines, et, moins souvent ceux des usines, sont couramment publiés et parfois avec
beaucoup de détails.
Une enquete effectuée en France et dans quelques pays étrangers a montré qu’en 1986 les prix de
revient techniques d’extraction en mine à ciel ouvert petites ou moyennes s’étagaient entre 8 et 17 F/t
avec la décomposition moyenne suivante :
Dans les exploitations mécanisées, pièces de rechange et énergie peuvent représenter plus de la
moitié du prix de revient technique.
Une enquête semblable effectuée sur les mines souterraines a montré qu’en 1983 les prix de
revient techniques des mines souterraines étaient compris entre 10 F/t et 800 F/t avec des différences
notables selon la méthode d’exploitation :
2 - 32
A titre d’exemple dans une mine filonienne de 1 000 t/j on peut avoir la décomposition suivante en
F/t (exploitation par tranches descendantes sous remblai) :
foration et tir 20
déblayage 14
soutènement 28 (de 10 à 70 F/t les chantiers)
remblayage 55
services généraux chantier 13
___
Total chantier 130
En mine souterraine, c’est le soutènement (et plus généralement la méthode qui permet de tenir les
terrains) qui conditionne le coût opératoire.
Prix de revient technique d’une usine de traitement par lixivation acide en étuve de minerai d’uranium (en
F/t)
main d’oeuvre 40
pièces de rechange et usure 19
énergie 20
consommables, réactifs 49
courants et FG 16
___
Total 144
Dans l’usine de concentration, ce sont les produits consommables (additifs et réactifs divers) qui
avec l’énergie peuvent représenter 50 % du total.
En definitive il apparaît une très grande diversité dans les coûts opératoires des mines et
usines. Plus encore que l’investissement, le coût d’extraction est « unique » sur un gisement donné,
avec une organisation donnée.
• en mine souterraine, dans les conditions occidentales, la proportion de la main d’oeuvre dans
le coût total est très stable : elle représente entre 50 % pour une exploitation par chambres et
piliers très mécanisée et 60 % pour une exploitation de type chambre magasin ou tranches
montantes remblayées, peu mécanisée.
• en mine à ciel ouvert, dans les conditions occidentales, la proportion de la main d’oeuvre se
situe toujours entre 45 % (exploitations petites ou moyennes) et 35 % (grandes exploitations
très macanisces).
2 - 33
• les usines de traitement ont des coûts qui dépendent en premier lieu de la substance (150 F/t
minerai d’uranium, 40 F/t minerai de potasse, charbon, minerai sulfuré ..., 30 F/t pour un
traitement gravimétrique, 120 F/t pour une flottation de fluorine ...) et en second lieu de la
dimension, l’effet d’échelle jouant un rôle important par exemple en flottation (de 60 F/t pour
800 t/j à 35 F/t pour 4 000 t/j.
2 - 34
2.2.5 – Quelques données supplémentaires sur les coûts opératoires
2 - 35
Figure 2-15
Total chantier 75 60 % 15 %
Remblayage 55 1/5
Préparations
Sondages } 150 65 %
Services généraux mine
Total 390 56 % 78 % 82 %
2 - 36
Figure 2-16 Utilisation des coûts opératoires : les courbes de coût
2 - 37
Figure 2-17 Consommation d’énergie en souterrain
2 - 38
Figure 2-18 Consommation d’énergie à ciel ouvert
2 - 39
Figure 2-19
Minerai Concassage Broyage Flottation Egouttage Eau Autres Total Elec. Séchage Total Equival.
kWh/tonne (%) L/t th/t
Source : Energy consumption in Canadian mills - E.G. Joe, CIM Bulletin, June 1979
2 - 40
Figure 2-20
Rapport (1)
parcours
vol d' oiseau
- camion routier 25 t 1.3 Gas oil 551/100 km 0.38 0.494
- transporteur à bande 1.0 Elec. 95 kWh/1000 0.23 0.23
- téléphérique 1.0 “ TK 0.13 0.13
- chemin de fer (type minier) 1.41 Fuel/élec. 55kWwh/1000 0.038
- chemin de fer SNCF moyen Nat.) 1.0 Elec. TK 0.08 0.113
- stéréoduc (2) Ø 12 « 0.067 0.067
Ø 36 « 1.0 “ 0.02 0.02
“
Transport fluvial
- LCT 600 t (3) (8 nœuds) Gas oil
- LCT 2000 t (4) (6 nœuds) “ 0.18 0.35
- Bateaux 38,5 m (5) 1.8 “ kg/h 0.109 0.19
- Convois poussés 5300 t (5) 2.6 “ 144 0.10 0.175 0.315
242 0.04 0.07 0.182
Transport maritime (6)
2 - 42
Figure 2-22 Coût de l’homme-poste en France 2001
• WORKING DAYS
45 27
= 200 Euros = 125 Euros
39 hours per week : 220 220
45 27
= 225 Euros = 135 Euros
35 hours per week : 200 200
2 - 43
Chapitre 3
Les divers flux monétaires qui accompagneront la réalisation du projet puis l'exploitation
de la mine sont les suivants :
. paiement des coûts opératoires : main d’œuvre, fournitures, énergie, taxes ... pendant la
phase d'exploitation, en rythme mensuel, trimestriel ou annuel.
. paiement des intérêts sur les emprunts éventuels au rythme fixé par les conditions
d'emprunt.
. fonds propres mis par l'entreprise dans la réalisation du projet (normalement tout au
début).
. sommes empruntées, selon l'échéancier des emprunts. produit des ventes, selon les
contrats commerciaux .
Il apparaîtra ainsi divers mouvements de trésorerie à des époques et à des cadences très
variées. Pour maîtriser correctement ces flux, il sera nécessaire d'établir une comptabilité
détaillée par nature de flux et par période calendaire, aussi bien pendant la réalisation du projet
que pendant toute la durée de la mine :
Cette comptabilité sera établie de manière prévisionnelle (au cours de chaque période
pour la période suivante) et à la fin de chaque période la réalité pourra être comparée aux
prévisions.
3-1
Lors de l'étude de faisabilité du projet, c'est une prévision de cette comptabilité qu'il faut
réaliser.
Ces cashs-flows annuels peuvent être estimés à partir des dépenses et recettes en y
ajoutant quelques considérations d'analyse financière de manière à établir un tableau qui est
l'échéancier des cash-flows prévisionnels.
- les dépenses de réalisation de la mine, qui vont s'étaler sur 2 à 5 ans, selon l'importance
du projet.
- la valeur résiduelle des investissements qui est l'ensemble des récupérations possibles à
la fin de la vie de la mine.
- les dépenses de réhabilitation du site qui seront autant que possible réparties sur
plusieurs années avant la fin de l'exploitation (attention : ne pas confondre dépenses et
provisions).
3-2
Date Dépenses
Zéro -I0 dépenses antérieures capitalisées
1 -I1 investissements réalisés la deuxième année
2 -I2 investissements réalisés la deuxième année
Fin d’investissement 3 -I3 investissements réalisés la troisième année
Année de démarrage 4 .
. .
. .
Année courante n -In investissements de renouvellement de l’année n
. .
. .
P -Ip investissements de réhabilitation du site
. .
. .
Dernière année N +VR valeur résiduelle des installations
- Coût de remise en état !
Echéancier des investissements : chaque dépense est précisée avec sa date de réalisation et son
montant total dans la monnaie de référence.
A partir des études de faisabilité du projet on peut facilement établir l'échéancier des coûts
opératoires annuels qui comprennent (voir au chapitre des coûts opératoires) :
Les dépenses annuelles Dn seront obtenues à partir des coûts unitaires et de la cadence de
production.
Pour l'année de démarrage (par exemple l'année 4) il est en général conseillé de prendre en
compte la dépense d'une année normale, malgré une production qui n'atteint pas la vitesse de
croisière (les recettes ne seront donc pas les recettes d'une année normale).
DATE DEPENSES
3-3
Zéro
1
2
3
Année de démarrage 4 - D4 coûts opératoires de l’année de démarrage
de la production
5 - D5 coûts opératoires de la deuxième année
. .
. .
Année courante n - Dn coûts opératoires de l’année n
. .
Dernière année N - DN coûts opératoires de la dernière année
Par la suite les recettes évolueront en fonction des prévisions des contrats commerciaux et
de la cadence réelle d'exploitation.
DATE RECETTES
Zéro
1
2
3
Année de démarrage 4 + R4 recettes (faibles) de la première année de
production
5 + R5 recettes de la deuxième année
. .
. .
. .
Année courante n + Rn recettes l’année n
. .
Dernière année N + Rn recettes de la dernière année
Les emprunts, les paiements d'intérêts et les remboursements seront déterminés par les
contrats de prêts.
3-4
On suppose logiquement que les capitaux propres de l'entreprise sont mobilisés en premier,
puis les emprunts sont reçus au fur et à mesure des besoins découlant de la réalisation de
l'investissement.
Les remboursements commenceront après un délai de grâce (par exemple 4 ans : l'emprunt
de l'année 1 sera remboursé à partir de l'année 5).
Les paiements d'intérêts porteront sur la partie non encore remboursée des emprunts. On
supposera en général que les intérêts de la période d'investissement (intérêts intercalaires) sont
capitalisés à la date de démarrage (-I4) et que les intérêts et remboursements ultérieurs tiennent
compte de cet emprunt supplémentaire (E4) On peut aussi convenir que les intérêts intercalaires
sont payés en bloc (Int 4) avant que commence le service de la dette proprement dite (année 5).
Le "Coût réel" du capital emprunté est exprimé par l'échéancier ci-dessus dans lequel la
somme des Remboursements et des Intérêts dépasse très certainement la somme des Emprunts.
3-5
Il est possible de calculer un "coût moyen annuel équivalent" en supposant que toutes les
annuités sont égales (ce qui est d'ailleurs l'une des modalités possibles d'un contrat de prêt).
L'annuité constante est alors une bonne mesure du "coût moyen annuel du capital".
Pour un emprunt E, au taux d'intérêt i, amortissable par N annuités constantes A, il existe la
relation suivante entre les différents paramètres (voir chapitre Finances) :
(1 + i ) N
A= *E*i
(1 + i ) N − 1
Remarque pour un taux d'intérêt nul on aurait A = E , mais pour un taux d'intérêt élevé
et/ou une durée d'emprunt assez longue on a: A = Ei
En ce qui concerne le projet minier dans son ensemble, le coût global du capital, qui
s'ajoute au coût opératoire pour obtenir le coût de production, doit tenir compte des capitaux
propres (partie de l'investissement financée par l'entreprise elle-même) et de leur rémunération à
un taux voisin de celui des capitaux empruntés. Par ailleurs le coût du capital peut être réparti
sur toute la durée de vie du projet. Ainsi avec I = somme des investissements, N = durée de vie
du projet, et P = cadence annuelle de production de minerai, on peut estimer que le coût moyen
du capital par tonne de minerai s'écrit :
I * i (1 + i ) N
P (1 + i ) N − 1
- les taxes qui constituent une dépense supplémentaire ou une diminution de recettes :
taxes sur les ventes, taxes sur les achats, taxes forfaitaires,
- l'impôt sur le bénéfice qui représente un pourcentage -variable selon les législations - du
bénéfice imposable - également variable - on retiendra en général:
3-6
- frais financiers = intérêts des emprunts,
- provisions diverses autorisées (dont PRG).
Cet impôt constitue une dépense supplémentaire qui doit être calculée pour chaque année et
intégrée à l'échéancier des cashflows.
3. On mesure l'impact d'un financement par l'emprunt, en revenant au cas sans impôt sur le
bénéfice, et en se plaçant dans la position du promoteur du projet : les cash flows négatifs
sont alors limités aux apports de Capitaux Propres pour le financement de l'investissement
initial et les cash-flows positifs sont réduits par le service de la dette (intérêts et
remboursements) : Echéancier 3.
4. On réintroduit l'impôt sur le bénéfice pour observer une situation proche de la réalité : les
capitaux propres investis génèrent des cash-flows qui, après service de la dette et impôt
payé à l'Etat, constituent leur rémunération potentielle : Echéancier 4.
5. Tous les échéanciers précédents ont pour objectif de faciliter le calcul d'une rentabilité des
capitaux propres investis qui apparaissent en cash-flows négatifs dans les premières années
de l'investissement, et qui seront rémunérés par les cash-flows positifs des années suivantes,
Pour avoir un véritable échéancier de trésorerie, il reste à introduire ces apports de capitaux
propres (par les actionnaires de la Société) et leur rémunération ultérieure (sous formes de
dividendes par exemple). S'il reste encore des cash-flows négatifs, c'est à dire des besoins
de financement temporaires, ceux-ci devront être satisfaits par des emprunts à court terme
Echéancier 5. Les cash-flows positifs résiduels assurent alors l'enrichissement de
l'entreprise.
D'autres échéanciers peuvent de même être construits, en tenant compte de l'inflation
et/ou en faisant intervenir des monnaies différentes.
3-7
1 Echéancier des cash-flows annuels prévisionnels hors emprunts et hors impôt sur bénéfices
2 Echéancier des cash-flows annuels provisionnels hors emprunts avec impôt sur bénéfices
3 Echéancier des cash-flows annuels provisionnels avec emprunts, hors impôt sur bénéfices
3-8
1 -I1 +E1 =CF1
2 -I2 +E2 =CF2
Fin d’investissement 3 -I3 +E3 =CF3
Intérêts intercalaires 4 . –D4+R4+E4-Int4 =CF4
Début remboursements 5 . –D5+R5-Remb5-Int5=CF5
Fin remboursements 6 . –D6+R6-Remb6-Int6=CF6
. .
. .
n -In -Dn+Rn-Rembn-Intn=CFn
. .
. .
P . –Dp+Rp-Rembp-Intp=CFp
. .
. .
N +VR -DN+RN
4 Echéancier des cash-flows annuels provisionnels avec emprunts, et avec impôt sur bénéfices
5 Echéancier de trésorerie
3-9
1 -I1 +E1+CP1 =CF1
2 -I2 +E2+CP2 =CF2
Fin d’investissement 3 -I3 +E3+CP3 =CF3
Année de démarrage 4 -I4 –D4+R4+E4-Int4(+ECT4-RCT4)=CF4
Début de remboursement 5 . –D5+R5-SD5-RCP5(+ECT5-RCT5)=CF5
Début d’imposition 6 . –D6+R6-SD6-RC6-Imp6 =CF6
7 . –D7+R7-SD7-RCP7-Imp7 =CF7
. .
. .
Année courante n -In -Dn +Rn–SDn –RCn-Impn =CFn
. .
. .
Fin remboursement des emprunts p . –Dp+Rp-SDn –RCPn-Impn =CFp
. .
. .
Dernière année N +VR -DN+RN -RCPN-ImpN=CFN
SD = Service de la dette
RCP = Rémunération des Capitaux Propres
ECT-RCT = Emprunts à court terme
- service dette correspondant
Sur chacun des graphiques représentant la série des cash-flows annuels, on peut ajouter la
courbe d'évolution du cumul des cash-flows. Cette courbe a une forme générale qui est toujours
la même : de plus en plus négative pendant la période d'investissement, elle remonte ensuite
pour devenir positive après un certain nombre d'années de cash-flows positifs (Graphiques 6
et 7).
3-10
Graphique n° 6
3-11
Graphique n° 7 : Evolution du cumul des Cash-flows
Délai de retour de l’investissement
Le point où la courbe des cash-flows cumulés coupe l'axe du temps donne un premier
critère de rentabilité de l'investissement : le Délai de Retour ou "Pay Back". C'est le temps au
bout duquel il y a eu suffisamment de cash-flows positifs pour compenser les cash-flows
négatifs du début. A partir de l'échéancier 1 on obtient le Délai de Retour de l'investissement
global. A partir de l'échéancier 4, on obtient le Délai de Retour des capitaux propres.
L'échéancier 5, par définition, ne peut donner que des cash-flows nuls ou légèrement positifs : il
ne permet donc pas le calcul d'un temps de retour, ni d’un taux de rentabilité.
Le cumul des cash-flows sur toute la durée de vie du projet (ou de l'entreprise) indique en
outre la richesse qui sera produite par l'investissement : en effet, en partant d'un capital initial
(les capitaux propres), non seulement le projet permettra de récupérer ce capital initial (après le
Délai de Retour), mais en plus un capital supplémentaire sera produit progressivement comme
3-12
l'indique la courbe d'évolution des cash-flows cumulés. La somme des cash-flows à la fin du
projet est l'accroissement de situation nette de l'entreprise, ou son enrichissement en capital.
Pour comparer l'intérêt économique du projet à celui d'un placement bancaire, il suffit de
trouver quel serait le taux d'intérêt du placement qui conduirait à la même fortune finale (somme
des cash flows + somme investie) en déposant au départ la somme disponible, plutôt que de
l'investir dans le projet.
Ce taux d'intérêt bancaire est le taux de rentabilité interne du projet (TRI, ou Internal Rate
of Return : IRR).
Tous les cash-flows ayant été calculés et disposés sous la forme d'un échéancier annuel, il
reste à prendre en compte le temps.
Inversement on peut dire que la Valeur Actuelle d'une unité disponible dans un an est un
peu moins qu'une unité disponible maintenant :
a est le taux d'actualisation. C'est une quantité petite généralement exprimée en pourcent,
comme les taux d’intérêt ( avec lesquels elle est liée, comme on le verra par la suite).
CFn
Valeur actuelle du cash-flow CFn ==
(1 + a)n
3-13
Dans les échéanciers précédents on peut dès lors, pour chaque cash-flow calculer la valeur
actuelle correspondante (Discounted Cash-Flow = DCF), et effectuer la somme des cash-flows
ainsi actualisés.
La somme des cash-flows futurs actualisés est la Valeur actuelle nette du projet (ou de
l'entreprise) à la date zéro
La capitalisation des dépenses passées, depuis le temps r, consiste à les actualiser à la date zéro
CFn
∑
N
VAN = Valeur Actuelle Nette = = Net Present Value = NPV
−r
(1 + a)n
Le cumul année par année des cash-flows actualisés permet de reconstruire la courbe du
graphique 7 et d'obtenir un nouveau Délai de Retour de l'investissement plus long que le
précédent, parce qu'il tient compte de l’échelonnement des cash-flows (graphique 8).
La VAN du projet représente l'enrichissement réel en capital qui peut être attendu de la
réalisation de l'investissement, dès lors qu'on a adopté un taux d'actualisation "a".
3-14
b) - Signification de l'actualisation.
L'actualisation ne fait que traduire la préférence pour le présent par rapport au futur.
Concrètement le taux d'actualisation peut être choisi comme la borne supérieure des taux
d'intérêts réels pendant la période d'actualisation : le futur actualisé à ce taux peut être considéré
comme équivalent au présent dans la mesure où toute somme disponible pourra être placée et où
toute somme nécessaire pourra être empruntée à ce même taux.
3-15
c) - Utilisation directe de la VAN.
Avec la Valeur Actuelle Nette d'un projet on dispose d'un moyen de comparaison très facile
entre différents projets:
+ Celui qui a la VAN la plus élevée est celui qui doit être retenu si les projets sont
substituables.
+ Allant un peu plus loin on doit considérer que tout projet ayant une VAN positive mérite
d'être réalisé, puisqu'il est susceptible de créer de la richesse.
Cependant, comme les moyens de financement sont généralement limités, tous les projets
ne peuvent être réalisés. En classant les projets par VAN décroissante il est toujours possible de
trouver un taux d'actualisation tel que tous les projets réalisables (i.e finançables), et ceux-là
seulement, ont une VAN positive. Ceci donne une façon « apparemment rationnelle » de choisir
le taux d'actualisation.
Pour un projet sans emprunt, sans inflation, sans impôt, la VAN est une donnée intrinsèque
au projet, qui ne dépend que de son intérêt propre et de a (échéancier 1).
La VAN étant décroissante lorsque a croît (graphique 9), il est normalement possible de
trouver une valeur particulière a0 de a qui annule la VAN
VAN(a = a0) = 0
Dans ce cas il n'y a pas de surplus par rapport à un placement bancaire au même taux et ce
taux est par conséquent le taux de rentabilité interne du projet : TRI
VAN(TRI) = 0
N
Σ CFn =0
(1 + TRI) n
n=1
3-16
Le TRI comme le taux d'actualisation, est homogène à un taux d'intérêt. Sa signification est
la suivante : c'est le taux maximal auquel on peut emprunter sans que le projet devienne
déficitaire. Si les emprunts sont à un taux inférieur au TRI, la VAN restera nécessairement
positive.
Si les modalités de l'impôt sur le bénéfice sont parfaitement établies et considérées comme
non négociables, on peut aussi calculer un taux de rentabilité après impôt (à partir de
l'échéancier 2) qui sera considéré comme taux limite pour les emprunts.
Lorsque le projet comporte des emprunts, la Valeur Actuelle Nette est calculée en tenant
compte du service de la dette. Les cash-flows négatifs sont plus faibles puisqu'ils ne concernent
que les seuls capitaux propres, et les cash-flows positifs après service de la dette sont
généralement plus faibles. Au total la Valeur Actuelle Nette des Capitaux Propres, VANCP,
peut être supérieure à la VAN (si les emprunts sont effectués à un taux inférieur au taux
d'actualisation) ou inférieure à la VAN dans le cas contraire.
De même, le taux de rentabilité est modifié par l'existence d'emprunts. Tant que le taux
d'intérêt des emprunts est inférieur au TRI, le Taux de Rentabilité des Capitaux Propres, TRCP,
est augmenté par rapport au TRI, par effet de levier :
3-17
Inversement si les emprunts sont à un taux d'intérêt supérieur au TRI, le taux de Rentabilité
des Capitaux Propres est diminué, par effet de levier.
Les VANCP et TRCP indiquent le résultat global pour les capitaux propres investis, compte
tenu des emprunts.
Du projet à la trésorerie
Incidences de l'impôt et de l'emprunt
1000
800
projet
Sommes des Cash-Flows
600
projet actualisé
400
impôt
200
0 emprunt
-200 trésorerie
-400
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Temps
3-18
3.2. CRITERES DE RENTABILITE POUR UN INVESTISSEMENT:
UNE AUTRE FAÇON DE VOIR LES CHOSES.
3.2.1. Principe.
. Il est convenu que toute transaction, effectuée au temps t sera affectée d'un facteur de
réduction croissant avec t.
Un placement I au taux i pendant le temps N produit une fortune finale I1 +i) la valeur actuelle
de cette FF est par définition :
FF
I=
(1 + i ) N
3.2.2. Pratique.
Il est convenu de rassembler les transactions annuelles et de n'en considérer que le solde, appelé
Cash Flow ou Profit ou Bénéfice Bn
Bn
(1 + a)n
Ceci s'applique à toutes les transactions réelles: ventes, dépenses opératoires et d'investissement
(qui ne diffèrent que par la date à laquelle elles se produisent), coût financiers, impôts ... à
l'exclusion des opérations de répartition (dépréciation, amortissement, provisions ...) qui ne
servent en général qu'à calculer les impôts.
Ainsi tout projet peut être caractérisé par un échéancier de Cash Flows annuels, et donc par
l'échéancier des valeurs actuelles de ces Cash Flows.
3-19
3.2.3. Valeur Actuelle Nette, Délai de Retour et Taux de Rentabilité Interne.
La somme des valeurs actuelles de tous les Cash Flows du projet est sa :
Cette VAN se construit progressivement au cours de la vie du projet, par addition des
Cash flows actualisés successifs. Le cumul de ces CFA est d'abord négatif (période
d'investissements i.e. grosses dépenses) puis finit par devenir positif après certain nombre
d'années de Cash Flows positifs. La date à laquelle VAN (a,N) devient positive s'appelle le délai
de retour de l'investissement [DR(a)].
- Un projet dont la VAN est nulle est équivalent à un placement bancaire au taux a.
- Un projet dont la VAN est positive est équivalent à un placement bancaire au taux TRI > a.
- TRI est le taux de rentabilité interne de l'investissement .Par définition le profit actualisé =
VAN) d'un placement bancaire est nul, donc le TRI est tel que VAN(TRI,N) = 0, et TRI est une
fonction de N.
pour un prêt
N
∑ En(1 + i )
n =1
N −n
− I (1 + i ) N = 0
pour un investissement
N
∑ Bn(1 + a )
n =1
N −n
− I (1 + a ) N = VAN (a , N ) x (1 + a ) N
Il serait encore équivalent de placer à la banque VAN + I au taux a si VAN est > 0, il vaut donc
mieux réaliser le projet industriel. De même si TRI est supérieur à ce que peut proposer la
banque (a), il vaut mieux investir dans le projet (TRI).
3-20
Toutes ces considérations reposent sur les données de base dans le placement bancaire comme
dans l'investissement industriel : toute somme disponible∗ chez le banquier (En) est
immédiatement replacée au taux habituel. (i pour la banque) (TRI pour l'industriel).
Cela n’est pas réaliste (surtout lorsque TRI est élevé !) mais constitue un cadre commode.
Un projet d'investissement est donc caractérisé par un résumé de sa séquence de Cash Flows
sous la forme VAN(a,N)) ou sous la forme TRI(N), tel que VAN (TRI,N) = 0 ou encore sous la
forme DR(a) telle que VAN(a,DR) = 0. On peut aussi calculer la valeur de Cash Flow annuel
qui annulerait la VAN(a,N,Bn), soit VAN(a,N,BEB) = 0.
BEB(a,N) est le Break Even Cash Flow, ie le Cash Flow juste nécessaire pour obtenir une VAN
nulle en fin de projet.
Mais dès lors qu'on veut comparer deux projets, il apparaît des incompatibilités entre les
différents critères: on peut avoir simultanément:
Pour lever le doute, il faut étudier le projet différentiel 1-2, qui aura bien pour
VAN1-2 = VAN1 – VAN2 > 0, donc donnera la même classement d'intérêt que
VAN, mais qui donnera aussi pour TRI 1-2 quelque chose de compatible avec
VAN1-2, à savoir TRI1-2 > a
Ceci provient du fait que la rentabilité é1evée du projet 2 résulte d'un investissement initial I2
plus faible que I1. Mais alors que devient I1-I2 si on suppose que la somme I1 , est disponible en
∗
et inversement, toute somme nécessaire peut être empruntée à ce taux.
3-21
tout état de cause ? Il suffit de supposer que cette somme non retenue par le projet 2 est
automatiquement placée au taux a pour retrouver une rentabilité globale :
I 2 x TR I 2 + ( I 1 − I 2 ) xa
< TR I 1
I1
I 2 TR I 1 − a
<
I 1 TR I 2 − a
Dans le cas d'un projet 1 plus court, conduisant à une VAN1 plus faible VAN1 < VAN2, mais si
les TRI sont classés différemment (TRI1 > TRI2), il pourrait y avoir doute. Il suffit de considérer
que le projet 1 secrête TRI1 pendant N années puis a pendant (N2-N1 ) années, tandis que le
projet 2 fournit TRI2 pendant N2 années. Au total,
3-22
dès lors que
N 1 TR I 2 − a
<
N 2 TR I 1 − a
La VAN est toujours un critère de jugement et de classement, ce qui n’est pas le cas pour TRI
. en monnaie constante les Cash Flows sont déflatés et le taux a doit représenter le taux
d'intérêt réel (= taux nominal - inflation), qui ne saurait (ou ne devrait pas) dépasser 5 à 6 %
. en monnaie courante les Cash Flows sont inflatés et le taux a doit contenir l'inflation
a = 5 - 6 % + inflation
- Mais attention de ne pas mélanger: il n'est pas correct d'utiliser a = 18 % pour des calculs en
monnaie constante ! Pas plus que d'utiliser a = 5 % avec une inflation de 15 %!
- Observer sur les courbes VAN(a,N) en fonction de N pour diverses valeurs de a (détermination
de DR) ou en fonction de a pour différentes valeurs de N (détermination de TRI), l'influence
d'un choix erroné de a: les décisions sont modifiées.
- Dans les Cash Flows "projet", on cherche à mesurer la rentabilité globale du projet
. en positif tous les produits des ventes quand ils sont disponibles
- Dans les Cash Flows "Fonds Propres", on cherche à mesurer la rentabilité des seuls fonds
propres, après financement et service de la dette
3-23
. en positif produits des ventes
apports empruntés pour le financement
. au total l'investissement n'est plus compté qu'au niveau des fonds propres et les Cash-
Flows ultérieurs sont réduits par le service de la dette. La VANCP calculée est la
Valeur Actuelle Nette des Fonds Propres. De même le TRCP se rapporte aux seuls
Fonds Propres. Si l'emprunt est effectué à un taux inférieur au TRI projet, le TRCP est
augmenté par rapport au TRI par l'effet de levier. La VANCP prend de même des
valeurs différentes de la VAN projet, plus élevées si l'emprunt est effectué à des
conditions intéressantes.
3-24
3.3. INCERTITUDE, RISQUE ET SENSIBILITE (D'APRES A. NAGLE,
1988).
L'incertitude dans l'estimation et la prévision d'un projet minier est liée à deux causes
principales: la connaissance toujours imparfaite du gisement et la longue durée de réalisation
des investissements.
De ce fait, l'estimation des variables telles que les réserves, la teneur, le rendement de la
laverie, les coûts d'exploitation, 1es investissements, le prix de vente de la substance exploitée,
etc, doit se traduire par une fourchette de valeurs, ou mieux encore par une distribution de
probabilité des valeurs possibles, plutôt que par une valeur unique.
L'estimation de ces distributions de probabilité peut, dans certains cas, être faîte de
manière objective, par exemple pour les réserves et teneur, par une étude géostatistique. Dans
d'autres cas cette distribution sera estimée subjectivement, à l'aide de l'expertise des gens du
métier.
Evidemment, il ne suffit pas d'avoir pris conscience des incertitudes dans l'estimation ni
de les avoir mesurées et calculées; il faut également trouver le moyen de les introduire
convenablement dans les calculs de la rentabilité prévisionnelle d'un projet minier.
Les méthodes statistiques, qui seront décrites ensuite, introduisent directement les
incertitudes dans les calculs de la rentabilité. Cela permet d'aboutir aux indicateurs de rentabilité
prévisionnelle du projet exprimés sous forme de distribution de probabilité et, en conséquence,
d'envisager la probabilité d'avoir ces indicateurs de rentabilité inférieurs à un certain seuil
(risque de perte).
Comme il a déjà été dit, ces méthodes ne tiennent pas compte des incertitudes. Elles font
intervenir les incertitudes au niveau des calculs a travers l'adoption de certains facteurs
correcteurs qui ont pour effet de sous-estimer la rentabilité du projet.
Selon J.P.COUVREUR (cité par J.CIRUELOS FUNEZ, 1984), les principales variantes
de ces méthodes sont :
3-25
- utilisation d'un taux d'actualisation ajusté aux incertitudes :
La valeur du taux d'actualisation sera d'autant plus forte que les incertitudes
seront élevées. C'est une méthode d'utilisation facile, mais fortement subjective
dans la définition de la prime à ajouter au taux d'actualisation, et très pénalisante
pour les projets de longue durée.
On exige des délais plus courts pour les projets considérés comme les plus
incertains. Cette méthode, en plus d'être aussi subjective que la précédente, ne
donne aucun traitement des incertitudes pendant la période de remboursement,
lesquelles ne sont pas réduites du fait de la réduction du délai de remboursement.
- analyse de sensibilité:
Par ailleurs, les variations en plus et en moins sur la valeur la plus probable d'une
variable ne sont pas tenues d'avoir la même probabilité d'occurrence. Ainsi, ce
n'est pas parce que les résultats ont varié davantage (par rapport aux résultats les
plus probables) avec les variations sur X et non sur Y, qu'il sera possible
d'affirmer que les variations futures de X auront plus d'influence sur les résultats,
ceci dépendant des probabilités de variation (par rapport à la valeur la plus
probable) de X et de Y.
3-26
Cette bonne estimation des intervalles de variation permettra d'évaluer
convenablement l'influence de la variable X (ou Y) sur les résultats, mais elle ne
permettra pas de préciser tous les résultats possibles, et encore moins le risque de
perte du projet.
Parmi les quatre variantes de la méthode déterministe qui viennent d'être décrites,
l'analyse de sensibilité est la seule capable de faire intervenir les incertitudes de
l'estimation des variables dans les calculs de la rentabilité prévisionnelle du
projet. Cette prise en compte reste cependant partielle, car elle n'est faite que
pour une variable à la fois, ce qui empêche d'aboutir à une distribution de
l'ensemble des résultats possibles.
Cette méthode se fonde sur l'hypothèse que l'évolution des prix à long terme est
liée à l'évolution des coûts marginaux de production. Un bon projet serait celui
avant un coût de production situé dans la partie inférieure de la fourchette des
coûts de production de l'ensemble des producteurs.
Les problèmes liés à l'estimation des coûts de production des projets en opération
proviennent de la difficulté d'accès à certains coûts tels que les coûts financiers
ou les coûts généraux(pouvant concerner plusieurs exploitations de substances
différentes), de l'influence des crédits pour les substances secondaires sur
l'estimation du coût de production de la substance principale et aussi de la
nécessité de tenir compte de la production de la substance en étude sous la forme
de sous-produit. Le résultat recherché est une courbe cumulée de la production
par ordre croissant des coûts de production (voir figure 3).
3-27
Figure 3 : Courbe coûts de production x capacité cumulée Cuivre métal
Dans cette courbe, le cuivre produit en tant que sous-produit est entré à un coût
très bas (30c/lb), et pour arriver aux coûts de production nets des mines en
opération il a été déduit du coût brut les recettes données par les sous-produits.
Cette réduction peut, dans certains cas, et pour des prix de sous-produits donnés
atteindre jusqu'à 40% du coût brut. Naturellement, cette influence des sous-
produits sur le coût net va dépendre du niveau de leurs prix, ce qui rendra
l'application de la méthode moins indépendante de l'estimation des prix.
Une autre variable importante dans la construction de cette courbe est le taux de
change, car les coûts de production exprimés dans des monnaies autres que le
dollar ont été convertis en US$ par l'utilisation du taux de change à une date
donnée. Les évolutions du taux de change indépendantes de l'évolution du
différentiel d'inflation entre les monnaies concernées (la monnaie dans laquelle le
les coûts de production sont originellement exprimés et le US$) peuvent faire
changer la position relative de certains producteurs sur la courbe.
3-28
L'importance de cette méthode à l'heure actuelle est prouvée par le fait qu'elle
constitue un passage presque obligatoire pendant le déroulement de l'évaluation
d'un projet minier, quel qu’il soit. Comme toutes les méthodes d'évaluation,
celle-ci présente des avantages et des inconvénients. L'exigence, par exemple,
d'avoir un coût de production placé au tiers inférieur de la courbe montrée
précédemment est certainement un bon critère de sélection de projets
exceptionnels, mais en revanche il peut conduire à l'abandon de projets très
valables. De même, cette méthode, qui s'avère très utile en période de crise
continue, peut devenir un mauvais choix stratégique en période de croissance
économique
Selon GALESNE (cité par J.CIRUELOS FUNEZ, 1984), les deux principales méthodes
incluses dans cette catégorie sont: la méthode de HILLIER et la méthode de HERTZ.
a) - Méthode de HILLIER.
L'idée de base de cette méthode est que l'existence d'incertitudes sur les variables du
projet provoque l'incertitude sur la distribution des cash-flows qui en résultent. I1 existera donc
plusieurs distributions possibles des cash-flows du projet.
n
VAN = Σ CFi / (1 + ta)i
i=o
n
E (VAN) = Σ µi / (1 + ta)i
i=0
n
V (VAN) = ∑ σi2 / (1 + ta)2i
i=0
S'il existe une corrélation dans le temps entre les différents cash-flows d'une distribution,
on aura:
3-29
N
σi * σj
V(VAN) = Σ σi2 / (1 + ta)2i + 2 ∑ ρij
(1 + ta)i (1 + ta)j
i=0 i<j
Cette méthode peut être utile dans le cas des distributions de probabilités discrètes et
lorsque les cash-flows sont corrélés dans le temps (avec un coefficient de corrélation connu).
b) - Méthode de HERTZ.
Dans cette méthode les variables incertaines sont traitées comme des variables
probabilistes; ainsi, il sera associé à chacune de ces variables une loi de probabilité qui décrit le
mieux ses possibilités de variation. Ensuite la boucle:
sera répétée un nombre suffisant de fois (n) et donnera comme résultat les distributions de
probabilité des indicateurs de rentabilité.
Avec ces résultats on pourra estimer le risque du projet, défini comme la probabilité d'avoir
l'indicateur de rentabilité inférieur à un certain seuil. Ces résultats sont montrés graphiquement
sur la figure 4, sous forme d'histogramme et de courbe de probabilité cumulée.
(1)
Tirage au hasard dans sa distribution de probabilité d'une valeur pour chaque variable incertaine.
3-30
La boucle de calcul devrait être répétée jusqu'à ce que la distribution des probabilités des
résultats soit stationnaire, c'est-à-dire, jusqu'à ce que les caractéristiques de la distribution ne
soient plus modifiées en fonction de l'augmentation du nombre de simulations. En pratique
cependant, environ 400 répétitions de la boucle seront suffisantes.
Dans la procédure décrite ci-dessus, il a été admis que toutes les variables incertaines du
projet sont indépendantes. Si tel n'est pas le cas, deux solutions sont envisageables: tenir compte
des corrélations entre les variables au moment des simulations, ou considérer les variables
fortement corrélées comme des variables certaines. Pour que la première solution soit adoptée il
faut connaître le coefficient de corrélation entre les variables. La deuxième solution serait
choisie dans le cas où la non prise en compte de la corrélation dans la simulation conduirait à
des résultats plus biaisés que ceux obtenus par l'adoption de valeurs certaines.
Une autre hypothèse normalement formulée lors de l'application de cette méthode est
l'indépendance des simulations (d'une même variable) dans le temps. Il faut toutefois souligner
que l'influence de cette hypothèse simplificatrice sur les résultats est minimisée si la boucle citée
plus haut est répétée un nombre suffisant de fois.
Une dernière remarque concernant cette méthode est liée au fait que dans la procédure
décrite on ne tient pas compte des probables réactions du mineur aux variations (par les
simulations) des caractéristiques des variables de son projet.
Or, on sait que ces réactions auront certainement lieu, car le mineur essayera, pendant le
déroulement de l'exploitation, de s'adapter au mieux à l'évolution de ces caractéristiques. Cette
simplification fait que l'analyse réalisée aboutit normalement à une surestimation du risque du
projet et à une sous-estimation de sa rentabilité.
3-31
Suite à ces remarques, on pourrait se demander si la validité de la méthode passe
nécessairement par le développement d'un modèle d'analyse du risque capable de tenir compte à
la fois des éventuelles corrélations entre les variables, des corrélations des simulations d'une
même variable dans le temps et des réactions d'un opérateur minier à l'évolution de ces
variables.
Nous ne le pensons pas, car surtout en phase d'études de pré-faisabilité, il faut que le niveau
de sophistication et de complexité du modèle soit compatible avec les contraintes et les données
disponibles dans cette phase. Il est peu probable que l'on puisse connaître, à ce stade, et même
après, les corrélations que nous venons d'évoquer.
En ce qui concerne les réactions de l'opérateur minier, il ne serait pas facile de les
déterminer, et encore moins de définir les réactions-types, valables pour tout opérateur. Cette
difficulté exigerait le développement d'un modèle adapté à chaque cas, mesure difficilement
applicable pendant la phase à laquelle nous nous intéressons.
De cette manière, comme pour d'autres méthodes d'évaluation, l'utilisation des résultats
fournis par celle-ci doit tenir compte des hypothèses simplificatrices implicites dans les calculs.
Cette méthode reste cependant très valable, car elle permet de tenir convenablement compte
des incertitudes dans les calculs des indicateurs de la rentabilité prévisionnelle et de rassembler
sur un indicateur (probabilité de perte) toutes ces incertitudes. Il s'agit là de deux avantages non
négligeables, surtout si l'on considère la difficulté d'analyse des résultats obtenus par exemple
par un étude de sensibilité. La synthèse, par le raisonnement, des études de sensibilité partielles,
en vue d'obtenir la sensibilité des résultats à l'ensemble des variables peut conduire à des erreurs
d'interprétation dont les conséquences seraient assez graves.
Par le biais d'une simulation, cette incertitude se retrouve dans les résultats : VAN et
TRI.
On dispose ainsi pour chaque projet, non d'une seule Valeur Actuelle Nette et d'un seul
Taux de Rentabilité, mais d'une distribution de probabilité pour chacun de ces indicateurs.
3-32
Les tableaux ci-après précisent les données nécessaires pour l'utilisation de
MAFMO/ARIES est ce que produit MAFMO.
3-33
(MAFMO-ARIES)
3-34
CE QUE FAIT MAFMO
MAFMO / ARIES
Calcule les Cash Flows annuels pour toute la vie du projet (≤ 25 ans) avec un taux
d'actualisation choisi (page 1)
Pour évaluer les critères de rentabilité des seuls capitaux propres VANCP, TRCP, TPCP, DRCP
Restitue l'imprécision dans les résultats par simulation de l’imprécision des données
Ce qui donne une évaluation du risque associé au projet d’investissement, sous la forme :
probabilité d’obtenir une rentabilité inférieure à un seuil
3-35
3.4. AUTRES PROBLEMES DE L'EVALUATION.
Dimension, réserves et durée de vie sont liées. Par ailleurs les réserves dépendent des
teneurs de coupure adoptées. Mais les teneurs de coupure sont définies économiquement en
fonction des coûts de production, lesquels dépendent bien évidemment de la cadence
d'exploitation, c'est à dire de la dimension du projet, et de la valeur de la substance produite. Il
n'est donc pas possible de définir a priori une dimension optimale.
N
VAN = - I + ∑ vtm − C P
(1 + a)n
n=0
avec
fl (a,N) → 0 quand a → 0
f2(a,N) → N quand a → 0
f3(a,N) → 0 quand a → 0
Ainsi la teneur de coupure optimale doit couvrir les coûts opératoires unitaires et une
partie des coûts de capital qui dépend de la répartition des teneurs, de la durée de vie et du taux
d’actualisation.
Ces résultats ont été établis et discutés par G MATHERON (1963 ; ANNALES DES
MINES : Mai et Juin) Il apparaît que les valeurs théoriques obtenues ne sont pas toujours
conformes à la pratique courante.
3-36
3.4.2. La dimension du projet.
- débouché de la production
- encombrement de la mine
- durée de vie trop faible
La dimension retenue est donc le plus souvent un compromis, qui se traduit par des
règles pratiques du type TAYLOR :
Les principaux éléments à prendre en considération pour fixer la durée de vie pratique
doivent être :
Au stade du projet une certaine estimation est possible. Dans l'exploitation réelle,
l'estimation sera améliorée et plusieurs teneurs de coupure seront définies, en fonction des
possibilités de sélection.
La mine donnera toujours une valeur résiduelle très faible, en pratique limitée à la
récupération de quelques machines. Par contre l’usine de traitement et les installations de
surface peuvent permettre une récupération significative.
3-37
Les investissements courants de la mine et de l'usine portent principalement sur les
équipements mais éventuellement aussi sur des travaux de recherche visant a accroître
l'extension des réserves.
-valeur contenue,
-abaques de rentabilité,
-valeur plancher et teneur limite.
- détermination des valeurs des paramètres (teneurs, prix) qui conduisent juste à l'équilibre
de l'entreprise
Le concept de Valeur Retenue a été défini par le CERNA (Ecole des Mines de Paris)
comme la somme des paiements des exploitations minières à l'économie nationale. Cette valeur
retenue peut être calculée à partir du compte de trésorerie d'une entreprise minière, ou à défaut
reconstituée à partir des comptes d'exploitation et de résultats et des tableaux de financement,
comme la somme des postes suivants :
Où:
VR : valeur retenue
SN : Salaires versés aux employés nationaux
Se : Salaires versés aux employés expatriés
SE : Salaires versés aux expatriés transférés à l’étranger
BL : Biens et services achetés sur place
M1 : Contenu en importations des biens et services achetés localement
I : Impôts
T : Taxes
DEt : Dividendes versés à l'Etat-hôte
DL : Dividendes versés aux actionnaires privés nationaux
SDm : Service de la dette contractée auprès des institutions financières nationales
Em :Emprunts obtenus auprès des institutions financières nationales
3-38
Et d'une façon analogue, la valeur transférée :
VT = SE + M + M1 + DEx + SDd - Ed
où
VT :Valeur transférée
M : Montant des importations directes
DEx : Dividendes versés aux actionnaires étrangers
SDd : Service de la dette contractée en devises
Ed : Emprunts obtenus en devises
3-39
Chapitre 4
GESTION DE LA MINE
4.1. Gestion de la prospection
4-1
L’ASPECT ECONOMIQUE DE LA PROSPECTION
Pour les substances métalliques, la prospection minière n'est que la première étape d'un
processus long et risqué qui a pour unique objet de mettre des métaux à disposition des
industries de transformation (tabl. 2)
Il n'est donc pas étonnant que les conditions économiques soient fixées au stade du
produit réellement commercialisable: le lingot de métal pur. Ainsi le prix de vente du lingot -
approximativement le cours du métal fixé par les bourses de matières premières - constitue-t-
il la recette globale pour toute la filière prospection-exploitation-traitement-fusion-affinage.
Et c'est la redistribution de cette recette vers l'amont de la filière qui va constituer le cadre
économique des différentes opérations.
Par ailleurs, les dépenses à consentir pour extraire et traiter le minerai, puis fondre les
concentrés (fig 1), vont dépendre essentiellement des caractéristiques du gisement et de sa
localisation géographique Ces dépenses doivent rester inférieures à la valeur de marché du
métal concerné (dans le cas d'un gisement monométallique), ce qui oblige l'exploitant de mine
à imposer des contraintes sur le gisement demandé au prospecteur. Celui-ci devra dès lors
identifier non seulement des concentrations minérales, mais des concentrations minérales
répondant aux exigences économiques des opérations en aval à un moment donné.
Ces exigences économiques sont d'ailleurs variables au cours du temps: les prix des
métaux sont changeants, les coûts de production augmentent avec les coûts salariaux et
énergétiques, mais diminuent grâce aux améliorations de productivité; il en résulte que les
travaux de prospection ne peuvent se référer qu'à un contexte approximatif, qui se précisera
au moment des études de faisabilité (c'est-à-dire vers la fin de la prospection).
4-2
4-3
4-4
TV tout venant (run-of-mine)
Recettes produit des ventes d'une période (en millions de dollars, M$)
TTV tonnage de minerai tout venant (en tonnes ou en millions de tonnes, Mt)
1 oz ≈31 g
1 lb ≈450 g
10 % 0,24 Mt 24 000 t
5% 3,9 Mt 195 000 t
2% 152 Mt 3 040000 t
Cette "règle du pouce" peut aussi se formuler, toujours pour un pays « coûteux »:
puisque tonnage métal = tonnage minerai x teneur (décimale) Cela souligne que le gisement
doit être d’autant plus gros en métal (et non seulement en minerai) que la teneur et/ou la
valeur unitaire est plus faible.
Cette règle reste valable tant qu'on n'a pas de connaissances suffisantes pour dessiner la
future mine. Elle sera justifiée plus loin.
La valeur du point, v, dépend ainsi des formules de vente des concentrés et des tonnages
de concentrés produits. Un calcul détaillé en sera donné plus loin.
Dès lors que la valeur du point a été ainsi calculée, il est facile de calculer la recette
associée à n'importe quel tonnage de minerai de n'importe quelle teneur.
où l'on prendra pour le dénominateur: 160 pour le cuivre, 175 pour le plomb, 200 pour le zinc.
- avec des limites géométriques très tranchées, mais sans qu'il soit possible d'exploiter
sélectivement à l'intérieur. C'est ce que l'on appelle un gîte “ tout ou rien”;
4-7
4.1.1.4.3. Gîte régionalisé
Dans un gîte régionalisé, un seul tonnage a une seule teneur ne sont pas suffisants : en
effet, à chaque teneur de coupure tc correspond un couple tonnage-teneur moyenne (tonnage et
teneur moyenne de l'ensemble des volumes ayant chacun une teneur moyenne supérieure à tc).
Il est donc nécessaire de calculer plusieurs tonnages pour différentes valeurs de tc réputées
encadrer largement la valeur correcte, laquelle ne sera calculable qu'après chiffrage
économique de l’ensemble d'un projet d'exploitation, car elle dépend principalement du coût
opératoire total et secondairement de la répartition spatiale des teneurs.
Tant que les coûts opératoires de la future exploitation (mine + usine) restent inconnus,
on peut les supposer être dans la gamme des coûts existants dans d'autres opérations
comparables et prendre pour teneur de coupure "centrale":
(3) tc = 10 à 50
v
Pour cette teneur de coupure, on estime le tonnage (des volumes à teneur individuelle
supérieure à tc) et la teneur moyenne correspondante (tm > tc).
Ou bien les valeurs obtenues sont franchement en dessous de la barre (par exemple,
avec les données du § 4.1.1.2: 3 Mt à 3 % )et il vaut mieux abandonner le secteur…
Ou bien les valeurs obtenues sont encourageantes (par exemple, avec les mêmes
données du § ci-dessus: 10 Mt à 4 %, ou 2 Mt à 8 %), et il faut alors passer obligatoirement à
des critères plus élaborés avant de poursuivre la recherche et d'engager de nouvelles dépenses
4-8
4.1.2. Pour aller plus loin
L'affinage des outils doit porter à la fois sur l'estimation de la ressource (tonnages et
teneurs) et sur les critères susceptibles de la transformer en gisement (évaluation économique
de la mine qui pourrait être envisagée)
Seul le gîte régionalisé pose véritablement des problèmes, car le gîte "tout où rien"
s'évalue de manière globale: le tonnage correspond à la totalité du volume où la minéralisation
existe, et la teneur moyenne est la moyenne des teneurs de tous les échantillons.
Il convient tout de même de prendre certaines précautions pour éviter une surestimation,
qui est systématique lorsque le support utilisé est le sondage.
A partir des informations fournies par les carottes de sondage. il est possible de
construire un histogramme de répartition (fréquence, teneur) de l'ensemble des carottes (fig.
2).
Remarque 1. Vers les basses teneurs, la courbe de distribution peut être décroissante si
on prend en considération tous les sondages, y compris les sondages négatifs extérieurs au
gisement proprement dit. Dans la pratique, on délimite rapidement la zone intéressante en
éliminant les surfaces à sondages toujours négatifs. Dans ces conditions, la courbe de
répartition est plutôt croissante du côté des basses teneurs, puis toujours décroissante vers les
hautes teneurs.
Si on remplace chaque fréquence par le tonnage (c'est bien ce qu'on fait quand on
estime le gisement par la méthodes des polygones, Fig. 3), on obtient un histogramme de
répartition des tonnages en fonction de la teneur qui a la même allure que celui de la fig. 2.
Remarque 2. Il ne faut pas perdre de vue que les sondages ne constituent qu'un
échantillon; la représentativité de cet échantillon (par rapport à la population globale des
sondages qui pourraient être effectués sur la même zone) est inconnue a priori, et
certainement imparfaite. En conséquence, l'histogramme ne fournit pas la véritable répartition
tonnage-teneurs dans le gisement.
4-9
Supposons toutefois qu'on en soit proche (répartition régulière des sondages sur la
surface à prospecter, sans sur-représentation des zones espérées riches). L'utilisation normale
de l'histogramme consiste à appliquer une teneur de coupure t c et à en déduire que le tonnage
intéressant (toutes teneurs supérieures à la teneur de coupure) est représenté par l'aire
hachurée située à droite de tc (fig. 4).
Ce tonnage est en effet celui qui serait obtenu si le gisement dans son ensemble était
exploité par des carottes jointives et qu'on ne retenait que les carottes de teneur > t c: ce n'est
pas le tonnage qui pourra être exploité réellement par des abattages successifs de blocs ou
volées sélectionnables (100 t en galerie, 5000 t en sous-niveaux, 50 000 t à ciel ouvert...), car
ce tonnage sur support d'exploitation a un histogramme de fréquence différent de celui des
carottes.
Si on imagine un géant qui d'un coup de cuillère exploiterait le gîte tout entier, la courbe
se réduirait à une droite parallèle à l'axe des ordonnées et correspondant à la teneur moyenne
du gîte. On revient dans ce cas ultime au type de gîte “ tout ou rien”.
Dans les autres cas, le tonnage du minerai ayant une teneur supérieure à la teneur de
coupure est donné par l'aire délimitée par chacune des courbes à droite de la ligne tiretée qui
représente la teneur de coupure.
La dimension des supports d'exploitation varie avec la méthode utilisée: de 100 à 5000 t
en souterrain, de 5000 à 100 000 t à ciel ouvert. Elle peut même atteindre plusieurs centaines
de milliers dc tonnes pour des exploitations en masse par blocs foudroyés.
4 - 10
4 - 11
4 - 12
La fig. 5 indique que les courbes de distribution de fréquence des blocs de grande
dimension sont plus resserrées que celles des carottes, faisant ainsi disparaître les plus hautes
teneurs. Le tonnage de minerai résultant de l'application d'une teneur de coupure dépendra
ainsi de la dimension du support sur lequel est effectuée cette coupure.
Quant à la teneur moyenne de ce minerai. qui est la moyenne des teneurs supérieures à tc
pondérée par les tonnages des blocs (respectivement des carottes), elle sera bien évidemment
inférieure sur les blocs d'exploitation à ce qu'elle est sur les carottes.
Quelle que soit la teneur de coupure appliquée (t c > 0), il y a surestimation de la teneur
moyenne dès lors que le support d'exploitation-sélection est plus grand que le support
d'estimation. Et lorsque la teneur de coupure est supérieure à la teneur moyenne du gîte (cas
fréquent dans les exploitations sélectives), il y a aussi surestimation du tonnage par toutes les
méthodes d'estimation qui ignorent l'effet de support (méthode des polygones).
Les courbes tonnages-teneurs, qui sont nécessaires pour le choix d'une teneur de
coupure économique. doivent être construites sur des supports correspondant aux blocs réels
d'exploitation sélection.
4 - 13
Pour estimer les blocs, on peut faire appel à différentes méthodes, qui toutes lissent les
données de sondage : méthodes des triangles ou des sections; pondération des informations par
l'inverse de la distance (ou dans certains cas par l'inverse de d α, avec α > 1). Ces méthodes
considèrent des zones d'influence arbitraires et des effets de distances également arbitraires. Elles
sont incapables de distinguer deux supports autrement que de manière arbitraire.
Dans tous les cas, on observe que la plus grande teneur moyenne est identique à la plus
grande teneur de coupure. Les trois variables T, t m et t c sont toujours liées par la relation
différentielle :
(4) t c - t m = T dt m / dT
Ces courbes seront utilisées pour déterminer la teneur de coupure optimale à appliquer dans
l'exploitation en fonction des critères économiques adoptés :
- recherche du profit maximal : il existe une teneur de coupure optimale, légèrement supérieure
à COP/v. Voir 4.2.2.3.1.
Au stade de l'exploration, il n'est pas question de construire une courbe tonnage-teneur réelle
sur support d'exploitation. On se contentera en général de 2 ou 3 points d'une courbe sur support de
sondages pour avoir une idée de la manière dont la teneur de coupure fait varier le tonnage.
- le lissage des informations (ne jamais estimer un volume avec un seul sondage)
4 - 14
4 - 15
4 - 16
4.1.2.2 Economie de l’entreprise minière
Sous l'angle économique, une exploitation minière se caractérise par des coûts opératoires,
par des investissements et par des recettes.
Les recettes doivent être supérieures aux coûts opératoires. La différence entre recettes et
coûts opératoires s'appelle la marge.
Une exploitation minière comprend une mine au sens strict, soit souterraine, soit à ciel ouvert,
dans laquelle le minerai dit tout-venant est extrait, et une usine de concentration, la laverie, qui utilise
des procédés de séparation en général physiques (gravimétrie, flottation) et parfois chimiques
4 - 17
(cyanuration) pour séparer les minéraux porteurs d'éléments utiles des minéraux de gangue. L'unité
industrielle comprend également des installations diverses : ateliers d'entretien, bureaux, etc (tabl. 4).
Appelée aussi laverie (ou fabrique, ou lavoir, selon les substances traitées et les procédés
utilisés), l'usine de concentration reçoit le minerai tout venant de la mine et le sépare en deux : d'un
côté le concentré, dont la teneur est plus élevée que celle du minerai et dont le tonnage dépend du
taux de concentration du procédé (t conc/t tv) et de la récupération du métal (r) ; de l'autre côté le "stérile"
qui contient toujours un peu de substance utile (tabl. 5).
Le suivi de l'usine porte principalement sur le rendement poids (R) dans le cas des minerais
pondéreux à teneur naturellement élevée (fer, phosphates, manganèse, ...), sur le rendement métal (r)
et la teneur du concentré dans le cas des minerais à faible teneur.
Remarque : Compte tenu des difficultés d'estimation des teneurs dans l'exploitation de la mine, ce
n'est le plus souvent qu'au niveau de l'usine qu'il est possible d'estimer précisément la teneur du
minerai tout venant à partir du bilan métal : on parle alors de teneur reconstituée.
Les recettes de l'entreprise minière pour une période déterminée résultent de la vente d'un
certain tonnage de concentré, selon la formule :
Pour les matériaux pondéreux, où le paramètre de suivi est le rendement poids, le tonnage de
concentré (ou minerai marchand ou minerai commercial) se calcule ainsi :
Pour les minerais métalliques à basse teneur où les paramètres de suivi sont le rendement
métal et la teneur du concentré, le tonnage de concentré s'exprime :
Tonnage conc = r . Tonnage TV . teneur TV / teneur conc
4 - 18
4 - 19
BILAN MATIERE T=C+S
TENEUR DU CONCENTRE c = t. ρ/ Rp
TAUX DE CONCENTRATION ρ / Rp
c/t =ρ
4 - 20
4.1.2.2.6 Dimension de la mine
Le tonnage annuel de minerai tout venant est celui qui peut être traité par l'usine de
concentration. On admet généralement que cette capacité annuelle est fixée en fonction du tonnage
des réserves, de façon à ménager à la mine une durée de vie raisonnable, par exemple 15 ans. On a
alors :
Exemple : pour un chiffre de réserves de 10 Mt, la dimension P est selon cette règle d'environ
900 kt/an.
Pour les matériaux pondéreux, le prix est généralement fixé directement pour une tonne de
produit marchand (c'est à dire ayant les caractéristiques requises),
Pour les concentrés de métaux de base, le prix de vente de la tonne de concentré suit des
usages internationaux qui s'expriment en résumé dans la formule :
où PV = prix de vente d'une tonne de concentré (= valeur carreau mine (en $) de la tonne de
concentré,
α, ß = abattements pratiqués par l'acheteur sur le métal contenu (ß, en points) ou sur le
cours de référence (α, décimal),
Part du mineur = PV
Q.tconc
4 - 21
4.1.2.2.8 Exemple détaillé pour le cuivre
Le produit échangé est un concentré qui sort de la laverie. Sa teneur est plus élevée que celle
du minerai tout-venant. Par exemple, les mines de cuivre chiliennes ont un tout-venant compris entre
1 et 2 % Cu, et les concentrés titrent entre 25 et 35 % Cu selon les minéraux.
Les concentrés sont vendus à une fonderie qui est souvent située à quelques milliers de
kilomètres de la mine. La fonderie prend à sa charge le transport à partir du port le plus proche de sa
propre localisation et le déchargement dans ce port. Les concentrés sont livrés CIF (Cost, Insurance
and Freight), [suivi du nom du port (Anvers en Europe, par exemple)].
Coût du transport
Le reste du transport des concentrés depuis la mine est à la charge du Mineur. Il comprend :
- le stockage sur le port et le chargement, c'est-à-dire la mise FOB (Free On Board), ainsi que
les assurances :
4 $/t
Il ne faut pas oublier dans le calcul des frais de transport que le concentré est humide, ce qui
augmente le coût ramené à la tonne sèche (environ 10 %).
Le calcul de la valeur CIF d'une tonne de concentré suit des usages internationaux et dépend
de la qualité du concentré. Il est basé sur les principes suivants :
- Quantité de métal payé (par rapport à la teneur du concentré, une certaine déduction est
effectuée) ; ici ß = 1%,
- Frais de fusion et (ou) de raffinage (ils sont fixés par un consensus international entre
mineurs et fondeurs, pour un cours de référence du métal considéré), ici 100 $ par tonne de concentré
pour la fonderie et 11 cts/lb payée pour le raffinage,
- Escalator, lorsque le cours du métal varie à la hausse ou à la baisse par rapport au cours de
référence qui été retenu, les frais de fusion varient, à la hausse ou à la baisse, d'un certain pourcentage
(quelques %),
- Bonus et malus qui dépendent des éléments accessoires contenus dans le concentré et de
leurs teneurs. Certains, comme Au ou Ag, sont des bonus parce que récupérés et vendus par le
4 - 22
métallurgiste ; d'autres, As par exemple, des poisons qui compliquent le traitement métallurgique et
sont donc pénalisés.
Application numérique
Pour un cours du métal de 2200 $/t, (soit 1 $/lb), et un concentré à 26 % de cuivre, sans
pénalisation, ni bonification, ni escalator :
métal payé = 26 - 1 = 25 %
= 250 kg par tonne de concentré
= 550 lb, soit 550 x 1 = 550 $
4 - 23
frais de fusion = 100 $
Si la fonderie est sur place, c'est le prix qui sera payé au Mineur. S'il y a un transport du
concentré de la mine à la fonderie (coûtant par exemple 50 $/t de concentré), le prix payé à la Mine
sera :
Si le concentré contient de l'argent ou de l'or en quantité suffisante, une partie de cet argent
ou de cet or sera payé selon une formule analogue à celle du prix de vente du concentré.
- payé à 90 % (α = 0,90)
- déduction d'une once sur la teneur (ß = 31 g/t)
Aucune déduction supplémentaire n'est effectuée pour les frais de fonderie ou de transport.
0,9 (11 - 1) 5 = 45 $
La Valeur Carreau Mine du concentré de cuivre (26 %) contenant de l'argent (11 oz) s'établit
ainsi à 340 + 45 = 385 $, ou 435 $ s'il n'y a pas de transport du concentré.
Remarque 1 :
Si r Ag/Cu est le rendement métal argent, la teneur Ag dans le concentré de cuivre sera :
t Ag conc = t Ag . r Ag/Cu / R
Remarque 2
Si le concentré contient des métaux autres que les métaux précieux, ceux-ci sont rarement
payés, et souvent pénalisés. Toutefois certains métaux comme le cobalt peuvent être valorisés. Il faut
alors retraiter le concentré de cuivre pour en séparer un concentré de cobalt. On considérera pour
simplifier que la moitié de la valeur du métal cobalt contenu est payée.
4 - 24
4.1.2.2.9. Les recettes annuelles. Valeur du point
Dans le cas des minerais métalliques, compte tenu des formules de calcul du tonnage de
concentré et du prix de vente de la tonne, les recettes annuelles s'écrivent :
Tonnage TV . teneur TV
Recettes = [α Q (t conc - ß)/100 - Fonderie - Transport] ρ -------------------------------
teneur conc
ou encore :
Fonderie + Transport
Recettes = Tonnage TV . teneur TV . ρ [α Q (t conc - ß)/100 . t conc - -----------------------------]
teneur conc
On voit que le rendement métal intervient aussi fortement que la teneur du minerai. Quant à
la teneur du concentré, elle intervient surtout pour minimiser le poids des frais de fonderie et de
transport.
(8) v = ρ . PV / t conc
v = R . PV / t TV
- Selon la règle de Taylor : P = 5 x (10 7) 3/4 ≈ 900 000 t/an, ce qui donne une durée de vie de 11 années.
- La valeur Carreau Mine calculée comme précédemment s'établit à 429 $/t de concentré; la recette
annuelle devient donc :
4 - 25
- La valeur v 1 du point de cuivre se calcule soit par :
Remarque 1 :
Au § 4.1.1.3, on avait suggéré une estimation rapide à partir du cours du métal (2). Pour
2200 $/t, on aurait trouvé 13,7 $ pour v... Cependant le calcul plus détaillé effectué ici est nécessaire
pour intégrer les conditions locales (coût de transport, qualité des concentrés, bonifications). Ainsi la
présence d'argent ou de cobalt valorisable (voir § 4.1.2.2.7) peut modifier sensiblement la valeur de v.
Exemple :
PV = 429 + 60 = 489 $
C'est la valeur du point de cuivre compte tenu du cobalt récupéré. Tant que les proportions
cuivre-cobalt varient peu, cette valeur globale du point de cuivre est l'indicateur utile.
Remarque 2 :
On peut aussi conserver la valeur du point de cuivre initiale et calculer une teneur équivalente
en cuivre pour intégrer la valeur du cobalt.
ou
t éqCu = t Cu v 2 / v 1 = 5,7 %
Remarque 3 :
Il est aussi intéressant de connaître la recette associée à la tonne de minerai tout venant.
C'est :
4 - 26
4.1.2.3. Les dépenses de l’entreprise minière
La plus importante des dépenses de l'entreprise est le coût opératoire à la tonne de minerai
tout venant (COP, en $/t), ou le coût opératoire annuel (direct + indirect + frais généraux). Ce coût
devra être obligatoirement couvert par les recettes de la même période :
Cette relation donne une indication sur les méthodes d'exploitation possibles dès lors que la
valeur d'une tonne est connue.
Inversement, lorsque COP est fixé par le choix d'une méthode et v fixé par les conditions de
marché, on calcule la teneur limite (la plus basse qui puisse être extraite) par :
Exemple : pour un coût opératoire (mine + usine) de 42 $, la teneur limite en cuivre sera :
t lim = 42 / 13,8 ≈ 3 %
Le coût opératoire dépend principalement du coût de la main d'oeuvre dans le pays concerné,
en second lieu des méthodes d'exploitation adoptées et de leur degré de mécanisation, en troisième
lieu du procédé de traitement.
Dans les pays à bas coût salarial, la part de la main d'oeuvre dans le coût opératoire varie
avec le degré de mécanisation : de 25 % (Maroc : intensif) à 50 % (Chine : moyen) et même 75 %
(Inde : non mécanisé).
Dans les pays à haut coût salarial, la mécanisation est nécessairement intensive pour que la
part de main d'oeuvre ne dépasse pas 50 % environ.
Dans un cas standard (Amérique du Nord, Europe occidentale, Australie), on peut envisager
les coûts opératoires suivants :
4 - 27
Exemple : exploitation souterraine et usine moyennes à 5000 t/j :
L'autre dépense importante de l'entreprise est l'investissement initial qu'il faut consentir pour
construire la mine (accès, infrastructures, usine, ...) avant de pouvoir exploiter le gisement.
Cet investissement sera lourd (équivalent à plusieurs années du chiffre d'affaires de la future
mine) et devra ensuite être rentabilisé par les recettes de l'exploitation.
Il faudra donc que la teneur moyenne du gisement soit très supérieure à la teneur limite (qui
ne concerne que les coûts opératoires).
En pratique, pour obtenir une rentabilité moyenne (par exemple 10 % sur 15 ans) sur un
investissement égal à 3 années du chiffre d'affaires, on considère que la marge apportée par la teneur
moyenne, soit v (t m - t lim), doit être équivalente au coût opératoire. En d'autres termes, la teneur
moyenne nécessaire est égale à deux fois la teneur limite :
(10) t m ≥ 2 COP / v
Ce qui signifie qu'on peut déterminer le montant de l'investissement initial I pour une
opération de dimension P lorsqu'on connaît un investissement de référence (I 0, P 0).
Exemple
Dans un cas standard (ex.: Canada), on peut estimer à 233 M$ l'investissement nécessaire
pour une opération de 1,5 Mt/an.
4 - 28
La formule (11) indique que pour P = 900 000 t/an, il faudra dépenser :
A cet investissement initial, on peut associer un coût annuel équivalent (coût de capital) par
une formule financière classique qui prend en compte le taux de rentabilité recherché et la durée de
l'opération.
Ce qui signifie que la mine de 900 000 t/an a un coût annuel de capital de 0,16 x 166 = 26,6
M$, ou encore un coût de l'investissement à la tonne de 29,5 $ (= CAP).
Le coût de production est la somme COP + CAP. Ici, 72 $/t de minerai, à comparer à la
valeur de la tonne : 69 $ sans cobalt ou 79 $ avec cobalt...
La cible recherchée fournira un tonnage de minerai (Rés) ayant une teneur moyenne (t m) en
une substance (de valeur v) dans un gisement entraînant des coûts opératoires (COP).
I = I 0 (P/P 0) 2/3
I 0 et P 0 constituant une référence locale. Cet investissement donnera lieu à un coût annuel de
capital estimé à 0,16 I.
P v t m ≥ 0,16 I + P . COP
En remplaçant I et P par leurs valeurs en fonction des réserves selon les formules (5) et (11),
on obtient une relation entre v, t m, Rés et COP qui exprime les conditions auxquelles doit répondre la
cible recherchée (I en $, P en t/an) :
0 0
dans le cas particulier où l'investissement de référence est de 233,4 M$ pour 1,5 Mt/an (conditions
Amérique du Nord - Europe), ou encore :
lorsque l'investissement de référence est de 100 M$ pour 0,6 Mt/an (conditions de pays
« économique »).
4 - 30
4.2. En exploitation : sélectivité
4 - 31
4.2. LES TENEURS DE COUPURE : RAPPELS THEORIQUES ET PRINCIPAUX
RESULTATS
*****************
Le choix d'une teneur de coupure pour exploiter un dépôt minéralisé a fait l'objet de multiples
débats au cours des trente dernières années, particulièrement au cours des années 1960 (réflexions
théoriques) et plus récemment dans les années 1980 lorsque la sélectivité a dû compenser les baisses
de prix des métaux.
Le sujet a été traité surtout en langue anglaise (TAYLOR, LANE [4,5]1) même si en langue
française les bases théoriques ont été posées dès 1963 par MATHERON et FORMERY [1] et la
diversité des applications pratiques était établie par JOLY en 1983 [2].
Les débats ont principalement porté sur : le rôle de l'actualisation et plus largement de
l'écoulement du temps - la teneur de coupure devrait-elle rester stable ou diminuer au cours du temps,
indépendamment des variations de coûts et de prix ? - ; l'importance des dépenses fixes - doivent-
elles ou non intervenir dans le calcul d'une teneur de coupure marginale ? - ; les conséquences des
limitations de capacité à divers stades du processus [développement - extraction - traitement - vente] -
Est-il indifférent d'être limité par l'usine ou par les travaux préparatoires ? - .
Avant de présenter en 2ème partie un exemple détaillé d'application d'une teneur de coupure
optimale, sur un gisement estimé et exploité par blocs de 10 x 4.5 x 3.2 m3, il n'est pas inutile de
rappeler les bases économiques et techniques sur lesquelles repose la notion de teneur de coupure :
définition de la teneur sur un support géométrique et de la coupure sur un raisonnement économique.
1
[ ] Références bibliographiques
4 - 32
4.2.1. Pourquoi des teneurs de coupure ?
Les dépôts minéralisés sont le plus souvent délimités et évalués sur la base d'une teneur de
coupure arbitraire fixée par la Direction de l'Entreprise, à un niveau assez bas (exemple pour un gîte
d'argent : tca = 50 g/t). Cette donnée permet aux géologues de tracer un contour probable de la
minéralisation à l'intérieur duquel devra s'inscrire l'exploitation. Toutefois lorsque le projet
d'exploitation est évalué, il apparaît que le coût opératoire (extraction + traitement) atteindra une
valeur COP et que le prix de vente de l'unité de métal contenu dans les concentrés sera v. Si on veut
par exemple que les tonnages les plus pauvres exploités couvrent leurs dépenses il faudra que la
teneur de ces tonnages soit au moins :
COP
tc min =
v
Et il n'y a aucune raison que la teneur de coupure arbitraire tca utilisée par les géologues
satisfasse cette condition spontanément !.
Il faut rappeler qu'une teneur est un rapport : tonnage de métal/tonnage de roche et qu'en
conséquence on doit toujours préciser sur quel tonnage (ou volume, ou support) de roche la teneur est
définie, sans oublier que plus le volume de référence est petit, plus il y a de chances que les teneurs
soient dispersées.
4 - 33
Estimation et sélection
Dans l'exploitation des gisements on cherche généralement à estimer la teneur d'un volume de
roche déterminé pour lui appliquer une sélection (= le déclarer stérile ou minerai selon la valeur de la
teneur estimée).
Il est important de ne pas oublier que pour sélectionner correctement un volume élémentaire,
l'estimation doit en avoir faite aussi correctement que possible, c'est à dire sur le même support, et en
utilisant au mieux les informations disponibles. Or les informations sont le plus souvent ponctuelles
(sondage, rainure, ou même volée) et ne sont pas directement transposables au volume à estimer, qui
est de dimension beaucoup plus grande : un apport irremplaçable de la géostatistique est la technique
de changement de support.
Mais même avec les meilleurs outils l'estimation n'est jamais la valeur réelle, seulement une
valeur proche, d'autant plus proche en moyenne que la répartition des teneurs dans la roche est plus
régulière.
C'est pourtant à partir d'estimations que doivent être prises les décisions essentielles :
délimitation du gisement, discrimination des zones riches et pauvres, orientation d'une volée abattue
vers l'usine de traitement ou vers la verse à stérile.
Ceci justifie que ces estimations soient effectuées très soigneusement, et refaites à chaque
fois que l'un des éléments essentiels change : dimension du support, nouvelles informations. Dans
l'exemple traité en 2ème partie, on montrera comment l'estimation et la sélection sont effectuées sur
un même support, correspondant aux possibilités techniques de sélection.
Une bonne représentation du potentiel d'un dépôt minéralisé est donnée par les courbes du
tonnage de minerai et de la teneur moyenne en fonction de la teneur de coupure choisie (voir figure).
4 - 34
Il est essentiel de ne pas perdre de vue que ces courbes ne sont valables que pour un support
d'estimation déterminé : tout changement de support modifie le tonnage et la teneur moyenne
correspondant à une teneur de coupure donnée.
Et bien plus, si on commet l'erreur de travailler sur des courbes directement déduites des
données de sondage (en trait discontinu sur la figure), on surestime systématiquement les teneurs et
les tonnages dans la zone des hautes teneurs (et c'est bien celle-là qui est intéressante !).
Le choix d'une teneur de coupure pour différencier minerai et stérile est le principal outil de
gestion des ressources naturelles. A priori chaque système économique est libre du choix de ses
critères d'efficacité. On peut citer parmi les critères les moins exigeants :
- la valorisation totale de la ressource géologique, définie par la teneur de coupure tca, ce qui
conduit à des exploitations d'autant plus déficitaires que les gisements sont plus pauvres ;
- la couverture des seuls coûts opératoires totaux (tcb et tmmin) ;
- la couverture des coûts de production (= coût opératoire + coût de l'investissement) sur la
durée de vie du gisement....
Mais tous ces critères envisageables dans une économie strictement planifiée ne sont pas
optimaux au sens de la théorie économique de l'allocation des ressources. Le seul critère qui réponde
à cette théorie est celui de la Valeur Actuelle Nette maximale (VAN) qui introduit explicitement la
recherche d'une valeur optimale des paramètres (dont la teneur de coupure à mettre en oeuvre).
Remarque : D'autres critères peuvent rechercher à maximiser ou minimiser une fonction économique,
tels que la minimisation de la dépense totale (investissement + coût opératoire) par unité de métal
produit, la maximisation du cash flow moyen annuel, ...
mais ces critères, qui conduisent à des choix différents, ne doivent pas être retenus pour définir une
teneur de coupure optimale.
* La Valeur Actuelle Nette (VAN) d'un gisement est la somme de tous les cash flows annuels
successifs générés par l'exploitation, chacun d'entre eux étant affecté par un facteur d'actualisation
d'autant plus sévère que la date de réalisation est plus éloignée.
4 - 35
* En supposant que Recettes et Dépenses Annuelles sont constantes, la VAN s'écrit :
N (vtm - c)xP +
VAN = -I + Σ n
Df
n=1 (1+a)
et l'objectif de l'entreprise en concurrence est de maximiser cette VAN sur l'exploitation du
gisement, c'est à dire de trouver les valeurs optimales des paramètres qui sont susceptibles
d'être choisis (teneur, dimension et durée).
Ainsi les valeurs optimales de la cadence d'exploitation (Popt) et de la teneur moyenne à adopter
(tmopt) sont obtenues en dérivant VAN (t,P), N étant défini en fonction de t et P par la relation (5). On
a également intérêt à utiliser une relation intéressante entre Res(t), tc et tm qui résulte de la définition
de tc [1] :
d(Res)
= - Res
d(tm) tm - tc
et à formaliser le facteur d'actualisation par e-a plutôt que 1/(1+a).
4.2.4.1.Le cas le plus simple est celui où les coûts opératoires sont entièrement proportionnels, où
on n'actualise pas, et où la dimension P est fixée :
VAN = (vtm - COP) Res(tc) - I
Res( tcopt )
alors tcopt = COP et N opt =
v P
La teneur de coupure optimale ainsi définie (voir figure) est aussi appelée teneur de coupure
marginale ou teneur limite : c'est la plus facile à établir, la plus facile à comprendre et la plus
fréquemment utilisée.
dI + NP dCOP = 0
dP dP
qui exprime que la dépense totale (investissement + coûts opératoires totaux) est minimale.
4 - 36
4.2.4.2. Lorsqu'on fait intervenir l'actualisation, la valeur de tcopt augmente rapidement en fonction
de aN (construction géométrique indiquée sur la figure) et tend vers une valeur qui ne dépend
guère que du taux d'actualisation a.
:
aN
tcopt =COP + ( tmopt - tcopt ) e -1-aN
v aN
ainsi que la valeur de Popt, définie par :
aN
dI + N P dCOP = (vtm - COP) e -1-aN
a opt
dPopt dPopt a eaN
1 - e-aN
avec N a = = durée actualisée
a
Ces résultats, établis par MATHERON [1], définissent la cadence optimale d'exploitation Popt et la
teneur de coupure optimale tcopt, à adopter une fois pour toutes, tant que les conditions de marché (v)
et de coûts (COP) ne varient pas.
Les résultats, aussi bien généraux sous cette forme que particularisés sur des exemples avec
COP(P), I(P) et Res(t) ont été abondamment discutés. On en retiendra que la valeur optimale
de P est souvent plus grande que ce qui est réellement pratiqué et qu'en conséquence les
sociétés minières ne cherchent pas toujours la plus grande valeur théoriquement possible de
la VAN (risques spécifiques des très gros projets).
Quant à la teneur de coupure optimale elle est sans aucune ambiguïté supérieure à la teneur
de coupure marginale (COP/v), et ce d'autant plus que le taux d'actualisation a est plus élevé.
G. MATHERON en concluait que les paramètres techniques tcopt et Popt doivent être
déterminés sans actualisation. On retiendra plutôt que le choix du taux d'actualisation revêt
une importance considérable et que des valeurs arbitrairement élevées de ce taux (plus de 5%
en monnaie constante) conduisent directement à l'écrémage des gisements.
Remarque
La formule (11) indique aussi que tcopt est une fonction décroissante du temps et que toute
nouvelle tentative de détermination d'une teneur de coupure optimale effectuée pendant la durée de
l'exploitation fournira une valeur inférieure, tendant à se rapprocher de la valeur limite donnée par
(8). Il est possible de montrer que la séquence des teneurs optimales est une suite de valeurs
linéairement décroissantes entre l'année 1 et l'année N. Ainsi la recherche d'une teneur de coupure
4 - 37
optimale est un processus permanent, qui doit se poursuivre pendant toute la durée de vie du
gisement, même si le prix de vente v et les coûts COP ne varient pas.
4.2.4.3. La réalité oblige à considérer que les dépenses annuelles ne sont pas entièrement
proportionnelles à la production de minerai, mais comportent des parts variables en fonction
de la roche, du métal, du concentré, et une part fixe Df :
Et il est établi que les dépenses fixes doivent toujours s'ajouter au coût variable
de l'opération qui limite la production effective de la mine.
A = v - C met
D fixe
B = C min +
P min
ainsi les coûts à prendre en compte pour définir tcopt sont les coûts variables relatifs au seul minerai
auxquels s'ajoute la totalité des dépenses fixes.
4.2.4.4. La réintroduction de l'actualisation complique la formulation, mais il a été démontré par le calcul
des variations que l'effet de l'actualisation est analogue à celui des dépenses fixes, et peut se ramener
à l'addition d'un terme a VANmax au terme Df.
4.2.4.5.Lorsque le fonctionnement de la mine est limité par deux goulets simultanément, la teneur de
coupure optimale est donnée par l'intersection de deux courbes et ne correspond plus au maximum
de l'une de ces courbes : dans ce cas les paramètres de coût et de prix peuvent varier dans une large
fourchette sans modifier la teneur de coupure optimale [3].
4.2.5. Conclusion
Il n'existe pas une, mais une multiplicité de teneurs de coupure optimales, selon les contextes de
dépenses annuelles et de limitation par une étape du processus. C'est donc pour chaque cas particulier qu'il
faut reprendre le calcul d'une Valeur Actuelle Nette et chercher les conditions de maximisation.
Les résultats obtenus ne sont ni plus ni moins significatifs que les cash flows futurs sur lesquels
l'incertitude n'est jamais nulle : il serait donc déraisonnable de les tenir pour acquis une fois pour toutes !
La Valeur retenue à un moment donné doit être recalculée à chaque fois que les paramètres
changent : connaissance du gisement, prix de vente, coûts opératoires, étapes limitantes.
4 - 39
4.2.6. LA PRATIQUE DE LA SELECTIVITE : EXEMPLE DE LA MINE POLYMETALLIQUE DE
GUEMASSA AU MAROC
Le gisement de Guemassa situé à 35km au Sud-Est de Marrakech au Maroc est un amas volcano-
sédimentaire massif de l'ordre de 10Mt, avec des teneurs voisines de 10% Zn, 3% Pb, 0.6% Cu et 60g/t Ag.
Une campagne de sondages réalisée entre 1984 et 1988 a permis de démontrer l'existence d'un gisement
économiquement exploitable dont les caractéristiques principales sont : une puissance horizontale moyenne
de 80m, une extension horizontale de 200 à 300m, une extension verticale connue de 300m (le gisement est
totalement aveugle sous 100m de conglomérats du tertiaire), et un pendage général de 50 à 60° vers le Nord-
Est.
Dès lors, l'étude de faisabilité a été développée par la Compagnie Minière des Guemassa (filiale à
70% de l'ONA) et REMINEX (filiale d'ingénierie minière de l'ONA). La mine a finalement été inaugurée en
Décembre 1992, avec une capacité de production de minerai de 2400t/j, et une usine qui produit des
concentrés de zinc (54%), de plomb (60%) et de cuivre (31%), avec une récupération de 90% pour le zinc.
L'aspect extrêmement massif du gisement a conduit à envisager son exploitation en trois étages
verticaux totalement indépendants séparés par des dalles de béton. Chacun de ces étages est divisé
horizontalement (perpendiculairement à l'extension principale) en chantiers de 10m de largeur et dont la
longueur est égale à la puissance horizontale. Dans un premier temps, un chantier sur deux est exploité en
tranches montantes remblayées (avec un remblai pompé cimenté) ; les piliers résiduels seront par la suite
repris avec une méthode de sous-niveaux abattus. Au sein des tranches montantes remblayées, qui assureront
pendant les premières années la totalité de la production, chaque tranche, d'une hauteur de 4.5m, est
décomposée en un ensemble de volées de 10m de largeur et 3.2m de longueur (une volée représente donc
600t).
Sachant que la répartition des teneurs au sein de l'amas est loin d'être homogène, il est apparu
intéressant de développer une exploitation sélective, c'est à dire qui permette un classement de chaque volée
abattue soit au stérile, soit au minerai. Ceci s'est fait par étapes, avec dans un premier temps la mise au point
d'une méthode d'estimation de la teneur des volées et le contrôle de sa qualité, puis le calcul de la teneur de
coupure optimale en tenant compte des conditions économiques et des contraintes techniques de la mine, et
finalement le développement d'un outil informatique de planification à court terme permettant l'application
pratique d'une teneur de coupure au niveau de l'exploitation journalière.
4.2.6.3. Mise au point et contrôle d'une méthode d'estimation de la teneur des volées
La méthode des tranches montantes remblayées permet de reconnaître la tranche (n+1) simplement
et avec une bonne densité d'échantillonnage lors de l'exploitation de la tranche (n) : lors de l'exploitation de
cette tranche (n), on réalise des sondages percutants courts dans la couronne à une maille de 2m x 2m et on
récupère les débris de foration. Ces sondages sont réalisés à l'aide d'un jumbo de foration en diamètre 45mm
et sur une longueur de 3m, le bras du jumbo ayant été équipé d'un capteur pour recueillir les débris de
foration. Des essais récents ont permis d'atteindre des récupérations moyennes des débris de foration de
l'ordre de 80% en matière sèche.
4 - 40
Chaque échantillon est alors ramené en surface, où il suit un plan d'échantillonnage conçu pour
minimiser l'erreur fondamentale d'échantillonnage suivant la règle de GY. Cette erreur peut être facilement
ramenée à environ 2%. On dispose donc à ce stade de teneurs ponctuelles en Zn, Pb, Cu, et Ag. Reste alors à
passer de ces teneurs ponctuelles, à maille 2 x 2 m2, aux teneurs des volées, de section horizontale 10 x 3.20
m2.
La première technique mise en oeuvre consistait à affecter à une volée la moyenne des teneurs des
échantillons qui y sont géométriquement compris. Cette technique a rapidement été abandonnée, étant donné
que la position exacte d'un échantillon par rapport à la volée à estimer, et surtout la structure de la
minéralisation n'étaient pas prises en compte. En conséquence, une technique d'estimation fondée sur le
krigeage géostatistique a été mise en oeuvre. A partir de l'échantillonnage d'un chantier pilote, une analyse
variographique a permis de mettre en évidence une portée (pour le Zn) de l'ordre de 17m dans l'allongement
du chantier et de l'ordre de 5m perpendiculairement à l'allongement du chantier (cette analyse a également
donné une première idée de l'applicabilité de la géostatistique, les variogrammes expérimentaux présentant
des allures tout à fait satisfaisantes). Un modèle de variogramme elliptique a été retenu, et la teneur d'une
volée définie par un krigeage prenant en compte l'ensemble des échantillons situés dans la zone d'influence.
La précision théorique est de l'ordre de 1% Zn sur 95% des volées krigées.
A ce stade, il ne restait plus qu'à vérifier la validité du modèle d'estimation. Ce contrôle représente
un travail assez lourd, puisqu'il s'agit d'exploiter (c'est à dire abattre, déblayer, extraire, concasser et broyer)
chaque volée à part, pour en définir la teneur usine (obtenue en pulpe à la sortie du broyeur), que l'on
suppose être la teneur vraie. Par contre, il revêt une importance toute particulière, puisque la teneur estimée
servira par la suite à conserver ou rejeter une volée, et que dans le cas d'une mauvaise estimation, on risque à
la fois de rejeter au stérile des volées économiquement intéressantes et de conserver au minerai des volées
sans intérêt. Ce contrôle de validité a été réalisé sur une taille pilote, soit environ 20 volées. Si la précision
réelle de l'estimation n'a pas été aussi bonne que celle annoncée par la géostatistique (erreurs préexistantes
sur les teneurs des échantillons ; géométrie de la volée exploitée ne correspondant pas parfaitement à celle
du bloc krigé), on a tout de même pu vérifier l'intérêt du krigeage géostatistique en comparant la variance
d'estimation avec celle qui découlait de la première technique d'estimation, laquelle était 4 fois plus forte.
Par ailleurs, une seule des volées exploitées aurait fait l'objet d'une erreur de classement (stérile au lieu de
minerai), et cette erreur aurait été faible, la teneur réelle n'étant que très légèrement supérieure à la teneur de
coupure.
La teneur de coupure optimale est celle qui permet de maximiser la VAN. Sa valeur résulte d'un
calcul économique qui nécessite la connaissance a priori du tonnage et de la teneur de tout le gisement pour
différentes teneurs de coupure.
Bien évidemment on ne peut pas échantillonner et estimer toutes les volées constitutives du
gisement avant de l'exploiter. Les courbes de tonnage et de teneur moyenne en fonction de la teneur de
coupure sont donc déterminées par un changement de support géostatistique, lequel consiste à transformer
les courbes obtenues à partir de données de l'échantillonnage par une anamorphose gaussienne prenant en
compte la géométrie des échantillons et celle des volées sur la base desquelles on veut construire les
courbes.
Une fois ces données disponibles, les hypothèses exactes du calcul économique ont été définies :
- la teneur de coupure optimale a été définie comme étant celle qui conduit au maximum de la VAN,
le taux d'actualisation retenu étant de 5%;
4 - 41
- les capacités de réalisation des travaux préparatoires et d'exploitation des volées (minerai et stériles)
sont largement suffisantes pour approvisionner l'usine;
- la capacité de traitement est de 720000t/an (soit 300j/an à raison de 2400t/j);
- la capacité de vente est de 130000t/an de concentré Zn;
- les dépenses liées aux travaux préparatoires sont supposées indépendantes de la teneur de coupure.
En effet, la seule information dont on dispose sur la répartition des teneurs est d'ordre statistique et
non géométrique. On peut donc penser que les volées stériles et minerai seront intimement mêlées,
et que l'on sera obligé de réaliser les travaux de développement pour l'ensemble de l'enveloppe
minéralisée;
- les contraintes d'exploitation font que les volées stériles doivent tout de même être abattues,
déblayées et extraites. Par contre, elles peuvent être réutilisées pour la fabrication du remblai
cimenté, ce qui permet d'économiser sur les exploitations de schistes en carrière. Les dépenses (et
économies) liées aux manipulations des tonnages stériles ont donc été prises en compte;
- les dépenses liées à l'exploitation du minerai ont été supposées proportionnelles au tonnage de
minerai exploité. Cette hypothèse est tout à fait validée par le fait que les dépenses liées aux travaux
préparatoires sont constantes et que celles liées à l'enlèvement des stériles sont prises en compte par
ailleurs. En conséquence, seuls les travaux directs de l'exploitation du minerai interviennent, et
ceux-ci n'ont aucune raison d'être liés à la teneur;
- les résultats du traitement, qu'il s'agisse du coût opératoire à la tonne de minerai, des récupérations
pour les différents métaux, et des teneurs des différents concentrés ont été supposés indépendants de
la teneur de coupure. Cette hypothèse n'est pas trop forte dans notre cas, mais serait totalement
inadmissible dans d'autres circonstances, comme des exploitations d'or par exemple, dans lesquelles
la partie du coût de traitement due aux réactifs peut être très forte, et directement proportionnelle à
la teneur d'alimentation de l'usine;
- les charges fixes ont été prises en compte pour l'ensemble de la durée de vie associée à une teneur de
coupure donnée (les limites en capacité de traitement et de vente fixant la durée de vie);
- les sous-produits du Zn ont été pris en compte de la façon suivante :
* la teneur Pb dans le gisement s'avère bien liée à la teneur Zn (avec un rapport Zn/Pb
de l'ordre de 3/1). En conséquence la teneur moyenne en Pb associée à une teneur de
coupure donnée sur le Zn a été prise à un tiers de la teneur moyenne en Zn;
* les teneurs Cu et Ag étant a priori totalement indépendantes de la teneur Zn, elles ont été
supposées constantes dans le gisement, égales à 0.6% Cu et 60g/t Ag;
- finalement, les recettes ont été évaluées sur la base des cours mondiaux des métaux.
2
Les teneurs de coupure indiquées, pour des raisons de confidentialité, ne sont pas les valeurs exactes,
mais les proportions entre les différentes teneurs de coupure ont été respectées.
4 - 42
L'examen de ces résultats montre que les teneurs de coupure définies, que l'on tienne compte ou non
de l'actualisation, ne sont pas applicables à l'exploitation, étant donné qu'elles conduisent à une exploitation
annuelle de minerai supérieure à la capacité installée de l'usine de traitement. Un second calcul a donc été
réalisé, prenant en compte la limite annuelle de traitement. Les résultats qui en découlent sont les suivants :
- avec prise en compte de l'actualisation :
* teneur de coupure sur le zinc : 8.8%
* production annuelle de concentré zinc de l'ordre de 145000t
- sans prise en compte de l'actualisation :
* teneur de coupure sur le zinc : 5.2%
* production annuelle de concentré en zinc de l'ordre de 126000t
- le gain sur la VAN lié à la prise en compte de l'actualisation dans le calcul de la teneur de coupure
s'élève à 4%.
Il apparaît finalement que si l'on ne tenait pas compte de l'actualisation dans le calcul de la teneur de
coupure, la teneur de coupure optimale serait définie par la saturation de l'usine de traitement, et s'élèverait à
5.2%. Par contre dès lors que l'on tient compte de l'actualisation, la teneur de coupure définie dans le second
calcul (8.8%) n'est pas applicable si l'on conserve la limite sur la vente. La teneur de coupure optimale est
donc finalement celle qui conduit à la fois à saturer le traitement et la vente, soit 6.4% (étant donné la
répartition des teneurs dans le gisement), mais il apparaît clairement qu'un effort sur la commercialisation
(pour vendre 145000t de concentré Zn par an) permettrait, avec l'application d'une teneur de coupure de
8.8%, de gagner encore 3% sur la VAN.
Il découle des calculs précédents que l'exploitation devrait se faire à une teneur de coupure de 6.4%.
Toutefois, ceci pose des problèmes sur le plan pratique, dus aux autres contraintes de l'exploitation :
- le nombre de chantiers disponibles à un même instant est limité (on n'aura pratiquement jamais plus
de 15 chantiers en même temps);
- dans un chantier exploité en tranches montantes remblayées, l'exploitation d'une tranche est
constituée de l'exploitation successive de toutes les volées de la tranche (l'exploitation de la volée
(n+1) n'est possible que si la volée (n) a déjà été exploitée). Il faudra donc éliminer les volées
stériles au fur et à mesure qu'elles se présentent (à la teneur de coupure de 6.4 % on a en gros 15 %
de volées stériles);
- au sein d'un chantier, on ne peut exploiter qu'une seule volée par jour;
- l'installation de remblayage présente une capacité qui n'est que légèrement supérieure aux besoins
engendrés par l'exploitation et ne permet pas de remblayer plusieurs chantiers en même temps. Par
ailleurs, l'équipement a installer pour remblayer un chantier donné est assez lourd pour qu'on ne se
permette pas d'arrêter provisoirement le remblayage d'un chantier : un remblayage commencé doit
être achevé;
- enfin, le minerai ne peut être stocké, du fait de sa très forte aptitude à l'oxydation, qui diminue très
sensiblement les résultats du traitement.
Une mauvaise gestion de l'exploitation conduirait donc forcément à des situations de blocage, dont
les deux plus évidentes seraient :
- plusieurs chantiers arrivent en même temps à la fin d'une tranche, mais ne peuvent être remblayés
que l'un après l'autre. Dans ce cas, on peut rapidement se trouver confronté à une situation où l'on
n'a plus assez de chantiers disponibles pour assurer la production;
- la volée disponible dans plusieurs chantiers est une volée stérile, et le nombre de volées minerai
disponibles n'est plus suffisant pour assurer la production du jour.
4 - 43
* Pour éliminer les risques de ce type, un outil informatique de planification à court terme (15 à 30
jours) a été développé. Les données utilisées en entrée par cet outil sont les suivantes :
- la situation d'avancement exacte de chaque chantier, et les teneurs des volées de la tranche en
cours d'exploitation et de celles de la tranche supérieure qui sont déjà connues;
- les objectifs exacts de production pour chacune des journées de la période de planification;
- les disponibilités des différentes familles d'engins (purgeuses, jumbos de foration, plate-forme de
chargement de l'explosif, chargeuses-transporteuses), qui sont transformées en une capacité de
production suivant des chronométrages effectués dans la mine;
- la capacité de remblayage et le temps de séchage du remblai nécessaire avant de démarrer
l'exploitation de la tranche supérieure d'un chantier remblayé;
- la teneur de coupure appliquée.
L'outil informatique effectue alors une recherche arborescente pour déterminer la séquence des
volées à abattre pour chacune des journées de la période de planification et des volées stériles qui seront
dégagées chaque fois que nécessaire et que les disponibilités d'engins le permettront.
Toutefois, la multiplicité des choix possibles et le fait que cet outil informatique ait été développé
sur micro-ordinateur font que la recherche dans l'arbre complet des solutions est impossible, le temps de
calcul devenant tout à fait prohibitif. En conséquence, il a fallu classer l'ensemble des solutions possibles
à chaque jour et ne retenir que les trois meilleures solutions. Le classement des solutions est basé sur
l'affectation de "priorités" à chacun des chantiers et la détermination d'une "priorité résultante" pour
chaque ensemble de 4 chantiers susceptible d'assurer la production d'une journée. Cette "priorité" a été
choisie dans un premier temps de manière à conserver un décalage aussi régulier que possible entre les
différents chantiers. On devrait ainsi pouvoir utiliser au mieux l'installation de remblayage et minimiser le
nombre de chantiers en attente de remblayage.
Pour une journée donnée, on recherche donc les 3 meilleurs ensembles de 4 chantiers qui
permettent de réaliser la production, et on passe au jour suivant en conservant la meilleure des 3
solutions. Lorsque tout se passe bien, on progresse de la sorte jusqu'à la fin de la période de simulation de
la planification. Si au contraire à un jour j on ne trouve plus de solution, on revient au jour (j-1), on
retient la deuxième solution, et la progression reprend. Cette technique a permis de vérifier, sur des
exemples théoriques favorables (décalage d'avancement parfait préexistant) et défavorables (décalage
initial nul entre les avancements des différents chantiers), mais aussi sur des exemples réels de
l'exploitation, que l'on pouvait toujours assurer la production en respectant les contraintes de
l'exploitation.
La réalisation de cet outil a par ailleurs permis d'aller plus loin en termes de gestion de la
production. En effet, les variations de teneurs à l'entrée de l'usine de traitement, surtout sur un minerai
polymétallique complexe, sont extrêmement nuisibles aux rendements du traitement et à la qualité des
concentrés. Des contraintes supplémentaires ont donc été introduites pour éviter des variations de teneurs
trop fortes (1 à 1.5%) à l'entrée de l'usine de traitement d'un jour à l'autre, et pour empêcher la teneur
entrée usine de sortir d'un certain intervalle (en pratique 8 à 12% Zn). Moyennant la prise en compte de
ces nouveaux objectifs dans la définition de la "priorité" d'un chantier (donc d'un ensemble de 4
chantiers), il est toujours possible de trouver des solutions.
Ainsi, on a la possibilité, dans un délai qui dépasse rarement 5 minutes, de vérifier la faisabilité
de la production sur les 15 jours à venir, et de définir les volées qui devront être exploitées dans la
journée. Il faut bien comprendre que seul le résultat obtenu pour la première journée est retenu, l'outil de
planification étant utilisé chaque matin avec des données remises à jour (situation initiale des chantiers,
disponibilité des engins, etc...), ce qui permet de s'affranchir des dérapages inévitables de la réalité par
rapport à la planification prévue sur 15 jours.
4.2.6.6. Conclusion
L'exemple de la mine de Guemassa que nous venons de décrire montre bien que l'application
d'une méthode d'exploitation sélective n'est pas un mythe, mais est bel et bien faisable. Toutefois, son
développement et sa mise en oeuvre demandent des précautions importantes :
- le développement du mode d'évaluation de la teneur des volées et le contrôle de sa validité. Ce
point est crucial, dans la mesure où la sélection se fait sur les teneurs estimées et non sur les
teneurs réelles. Une méthode d'estimation faussée peut faire bien plus de dégâts que si l'on
adoptait une exploitation sans sélection;
- les calculs économiques doivent à tout prix tenir compte des capacités des différents stades de la
production et de la vente du concentré, et bien distinguer la partie liée aux coûts fixes des coûts
directs. Si ces conditions ne sont pas respectées, le calcul économique n'a plus aucun sens;
- la détermination de la teneur de coupure optimale doit être refaite à chaque modification des
conditions de sa définition, donc au moins chaque année;
- il faut finalement se donner les moyens de mettre en oeuvre, au niveau de la production,
l'application d'une teneur de coupure.
Le travail à réaliser pour réussir la mise en place d'une exploitation sélective est important, mais
son apport en termes économiques et en capacité d'adaptation à des modifications de conditions
économiques justifie largement les efforts réalisés.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
4 -45
4.3 Teneur de coupure optimale
4 -46
4.3. LA DETERMINATION DE LA TENEUR DE COUPURE OPTlMALE
4.3.1. Le raisonnement habituel: l'équilibre des recettes et des dépenses sur une tonne
Nous avons vos au chapitre 2 comment déterminer la valeur carreau mine d'une tonne de
concentré. Cette valeur va maintenant nous permettre de déterminer la valeur d'une tonne de
minerai, que nous notons Vmin. En effet, pour déterminer cette valeur, il suffit de déterminer le
nombre de tonnes de minerai qu'il faut pour produire une tonne de concentré. Considérons une
tonne de minerai à une teneur de x%. Cette tonne comprend 10.x kg de métal. Sachant que le
rendement du traitement est ρ, nous pouvons dire que 10.p.x kg de métal vont aller dans le
concentré. Hors, pour faire une tonne de concentré, il faut l0.tconc kg de métal. Autrement dit,
t
partant d'un minerai à x%, il faudra conc tonnes de minerai pour faire une tonne de concentré.
p. x
Donc, la valeur d'une tonne de minerai sera donnée par l'équation suivante:
VCM conc .ρ
V=
t conc
L'intérêt de la valeur du point réside dans le fait qu'elle permet immédiatement de connaître
la recette qui découlera de l'exploitation d'une tonne de minerai à la teneur x, cette recette étant
simplement donnée par le produit de la valeur du point par la teneur: R=v.x.
Nous voyons donc maintenant que la recette est directement proportionnelle à la teneur,
alors que les coûts opératoires semblent tout à fait invariables en fonction de la teneur. Il existe
donc une teneur telle qu'elle réalise l'équilibre entre les recettes et les dépenses. Si nous notons
CO
CO le coût opératoire par tonne, et tc cette valeur particulière de la teneur nous aurons tc =
V
Cette teneur, que l'on appelle la teneur de coupure, correspond a priori à une limite
d'exploitation: en effet, de par sa définition, elle sous-entend que l'exploitation d'une tonne à une
teneur inférieure conduit à une perte d'argent, et que toute tonne qui peut faire gagner
de l'argent est forcément à une teneur supérieure. En d'autres termes, si l’on applique cette teneur
de coupure dans l'exploitation, on devrait maximiser la somme des cash flows (ou le profit).
Nous avons raisonné ici sur un exemple comprenant un seul métal, mais le fait d'avoir un
gisement polymétallique n'est en rien gênant. On peut en effet calculer la valeur du point pour
chaque métal, et par la suite définir des équivalences entre les métaux, sur la base de leurs valeurs
du point. Ainsi, on pourra se ramener à un problème monométallique.
Malheureusement, le calcul tel que nous venons de le détailler comprend encore plusieurs
incertitudes:
4 -47
- que faut-il exactement mettre dans les coûts opératoires? Faut-il y mettre les charges fixes
annuelles? Faut-il y mettre les travaux préparatoires des chantiers? Autant de questions
auxquelles nous ne pouvons répondre à ce stade ;
- I'hypothèse d'un coût de production qui ne dépend pas de la teneur est bonne tant que l'on
ne modifie pas fondamentalement les choses. Aussi longtemps que tous les éléments
suivent le même processus de valorisation, elle ne pose pas de problème. Par contre, dès
lors que l'on envisage d'introduire une sélection, cela signifie que certaines volées ne
participent plus à la production. Pourtant, ces volées devront le plus souvent être au moins
abattues pour que l'on puisse accéder au minerai qui se trouve derrière. On aura donc à faire
des travaux sur les volées stériles, qui engendreront des dépenses, qui elles-mêmes
viendront se reporter sur le coût d'exploitation du minerai. Il ne semble donc pas que l'on
puisse continuer à admettre que le coût de production est indépendant de la teneur de
coupure. En fait, le coût d'exploitation d'une tonne est indépendant de sa teneur, mais n'est
pas indépendant de la teneur de coupure ;
- es calculs que nous avons faits comprennent forcément une hypothèse de production (ne
serait-ce que pour pouvoir répartir les coûts fixes sur le tonnage de minerai, et ainsi les
introduire dans le coût opératoire). Mais à partir du moment où on introduit une sélection,
cette hypothèse est-elle encore bonne? Le fait d'être obligé de manipuler des tonnes classes
stériles (donc à une teneur inférieure à la teneur de coupure) ne va-t-il pas faire perdre du
temps, et empêcher de réaliser la production prévue ?
- finalement, la teneur de coupure ne dépend-elle vraiment pas du tout de la répartition des
teneurs dans le gisement?
Nous ne pouvons répondre à toutes ces questions sans pousser plus loin la réflexion. Ceci
nous conduira à examiner les différentes étapes de l'activité minière, et à mettre en place un
modèle des étapes limitantes.
4.3.2. Le problème des étapes limitantes, et ses effets sur la teneur de coupure
4 -48
Ainsi, on y trouvera généralement un puits ou une descenderie d'extraction, très souvent
une descenderie d'accès aux différents niveaux de l'exploitation pour les engins miniers (que l'on
appelle aussi parfois rampe d'exploitation), des puits d'aérage, une salle de concassage au niveau
de base (si le concassage avant extraction est nécessaire), une salle des pompes pour l'exhaure, ou
encore un petit atelier pour l'entretien courant des engins au fond. Pour une exploitation à ciel
ouvert, les travaux d'infrastructure correspondent principalement à la réalisation de la piste
d'accès au gisement (à partir du carreau des installations) et à la découverture du gisement. Ces
travaux d'infrastructure sont pour la plupart réalisés avant le démarrage de l'exploitation, et
n'entrent donc pas directement dans le fonctionnement d'une entreprise minière. D'un point de vue
comptable, les travaux d'infrastructure sont considérés comme des investissements, et
n'apparaissent donc pas dans les coûts opératoires.
Les travaux préparatoires représentent les ouvrages nécessaires à une zone limitée de
l'exploitation. En souterrain, il s'agira de galeries reliant les ouvrages d'infrastructures aux
chantiers d'exploitation, de cheminées des chantiers, .... En exploitation à ciel ouvert, on trouvera
le dégagement des stériles de la tranche n pour pouvoir accéder à la tranche (n+1) la réalisation de
la piste qui permettra de descendre dans la fosse, .... Ces travaux sont donc généralement
effectués au fur et à mesure de l'exploitation, et sont comptabilisés dans les coûts opératoires.
La limite entre travaux d'infrastructure et travaux préparatoires tels que nous venons de les
définir reste évidemment relativement floue, et différents opérateurs ne la fixeraient probablement
pas au même niveau, même sur une base (gisement et schéma d'exploitation) tout à fait identique.
Pour la suite de nos réflexions, nous pourrons retenir une distinction un peu différente mais dont
la définition sera sans équivoque et plus appropriée à nos développements: les travaux
préparatoires représentent tous les travaux d'accès au gisement qui n'auront pas été réalisés avant
le démarrage de l'exploitation.
Une fois que l'accès au gisement est assuré, il s'agira de l'exploiter, donc d'en extraire La
portion jugée intéressante: le minerai. Malheureusement, la morphologie des gisements est le plus
souvent assez complexe pour que l'on soit également amené à éliminer (et éventuellement
extraire) des portions jugées inintéressantes (du stérile), ne serait-ce que pour pouvoir accéder au
minerai.
Dans la plupart des cas, le minerai est traité en surface. C'est l'étape du traitement, qui ne
concerne réellement plus que le minerai, à l'opposé de l'étape d'exploitation.
Finalement, le concentré est vendu soit pour une utilisation directe (le sel en tant que
produit de déneigement ou de nourriture animale, certains concentrés de phosphates utilisables
directement comme engrais, ...), soit encore, et c'est le cas le plus fréquent pour les métaux, pour
une fusion qui conduira au métal au seuil de pureté exigé par les utilisations industrielles
courantes.
En conclusion, nous dégageons ici quatre étapes bien distinctes dans le fonctionnement
d'une entreprise minière:
4 -49
Chacune de ces étapes correspond en gros à un travail différent, et présente une certaine
capacité. Nous noterons Cd max la capacité maximale de développement (ou de travaux
préparatoire), en l'exprimant en tonnes de roche minéralisée que l'on peut préparer en une unité de
temps, en fait, une année. Nous noterons Ce la capacité d'exploitation, exprimée en tonnes de
minerai que l'on peut exploiter par an et en tonnes de stériles que l'on peut manipuler par an.
Nous sommes amené ici à introduire la manipulation du stérile, dans la mesure où il est
évident que si l'on veut faire une sélection, celle-ci conduira immanquablement à manipuler du
stérile. Par la suite, nous pourrons considérer que l'on ne manipule pas systématiquement tout le
stérile, mais seulement une partie de ce stérile. Nous noterons finalement Ctmax la capacité
maximale de traitement, exprimée en tonnes de minerai que l'on peut traiter par an, et Cvmax la
capacité maximale de vente, exprimée en tonnes de concentré que l'on peut vendre par an.
- les dépenses de travaux préparatoires. Ces dépenses pourront être ramenées simplement au
tonnage de roche (la distinction minerai-stérile n'étant pas encore faite) rendu disponible par
ces travaux préparatoires; nous utiliserons par la suite la notation CD pour désigner le coût
des travaux préparatoires par tonne de roche;
- les dépenses de traitement, qui seront ramenées au tonnage de minerai traité; la notation CT
désignera dorénavant le coût de traitement par tonne de minerai;
- les dépenses fixes par unité de temps, que nous noterons par la suite CF. La décomposition
donnée ici présente un intérêt important pour les études de sélectivité. En effet, la
Modélisation mathématique nous conduira à utiliser la notion de coût à la tonne, dangereuse à
manipuler dans le sens où il faut bien s'assurer que ce coût est constant lorsque l'on fait varier
le paramètre de coupure. La décomposition proposée permet effectivement d'éviter tout
problème à ce niveau.
4 -50
Considérons maintenant un certain tonnage de roche minéralisée Q, et examinons ce que
donne les différentes dépenses pour la mise en valeur de l'ensemble du tonnage, et en fonction de,
la teneur de coupure x appliquée. Si nous appelons Θ la durée de vie du projet, le profit (somme
des cash flows) sera donné par l'équation suivante:
PROFIT=VCMConcQv-Dd-De Dc Dv CF. Θ
où Dd, D~, D" Dv représentent les dépenses qui correspondent aux différentes étapes, à savoir:
Dd=CD. Q
ou ~ représente la partie du coût d'exploitation qui s'applique au stérile, et 13 la partie des stériles
qui doivent être manipulés.
% min( x ). p.t m ( x )
Dv= CV.Q.
t conc
La teneur de coupure sera bien sûr la valeur de x qui conduit au maximum de ce profit.
Mais sachant que pour une coupure donnée x, les différentes quantités Qd, Q~, Q" et QV
sont liées par les formules suivantes:
Il est fort possible que l'on n'ait pas la capacité suffisante au niveau de l'exploitation pour
saturer l'usine. C'est alors l'exploitation qui limitera la production.
4 -51
Suivant l'étape qui limite la production, nous avons donc quatre durées de vie différentes, et
donc quatre expressions du profit différentes. Ces expressions vont nous permettre de définir dans
un premier temps quatre valeur différentes de teneurs de coupure.
Les éléments que nous venons de voir, plus ceux vus dans les chapitres précédents,
permettent d'expliciter le profit suivant l'étape qui limite la production, et de calculer la teneur de
coupure suivant l'étape qui limite la production, en dérivant tout simplement l'expression du
profit.
tcd=
[CE.(1 − α .β ) + CT ].t conc
(VCM conc − CV ). p
Nous pouvons rapprocher l'expression de la teneur de coupure que nous obtenons ici de celle
obtenue dans la partie 1 de ce chapitre. Si l'allure générale de l'équation est bien la même, il n'en
reste pas moins qu'on observe un certain nombre de différences non négligeables:
- les coûts de développement et les frais fixes ne doivent pas être pris en compte dans le calcul
de la teneur de coupure ;
- les frais de vente n'apparaissent pas comme une fraction du coût opératoire, mais sont pris en
compte par soustraction au prix de vente, au dénominateur;
- le coût d'exploitation n'intervient pas en totalité, mais est multiplié par un coefficient (1 –
α.β), qui traduit la possibilité de faire de la sélectivité sur la méthode d'exploitation. On voit
ici que si l'on a α =,β = 1, ce qui correspond à une situation où la sélection minerai-stérile ne
peut se faire qu'après l'étape d'exploitation, les coûts d'exploitation ne sont absolument pas
pris en compte dans le calcul de la teneur de coupure: dans ce cas, les coûts d'exploitation
deviennent semblables à des coûts de travaux préparatoires.
La teneur de coupure obtenue dans ce cas dépend très clairement des conditions
économiques et techniques, par l'intermédiaire de VCMconc, des coûts unitaires de traitement et de
commercialisation, d'une partie du coût unitaire d'exploitation, et des caractéristiques techniques
du traitement (rendement du traitement et teneur du concentré). Par contre, il est remarquable que
cette coupure ne dépende pas directement de la répartition des teneurs dans le gisement. Ce point
n'intervient que par l'intermédiaire des coefficients α et β. Par contre, il est clair que la répartition
des teneurs interviendra dans la valeur du profit maximal.
CF
CE.(1 − α . β ) + CT + C max e .(1 − β ).t conc
tct=
p.(VCM conc − CV )
4 -52
L'expression de la teneur de coupure est bien évidemment relativement proche de celle de
tcd. Toutefois, dans ce cas, les coûts fixés par unité de temps interviennent plus ou moins
lourdement dans la définition de la teneur de coupure marginale en fonction du coefficient β,
pourcentage des blocs stériles qui feront l'objet d'un "travail". Dans le cas où tous les blocs
stériles devraient être au moins abattus (β = 1), on aurait tcd = tce. Par ailleurs, il est clair que tcd
est supérieure à tcd.
La teneur de coupure avec une limitation due à l'étape de traitement tct, prend la forme
CF
CE.(1 − α .β ) + CT + max .t conc
Ct
tct=
p.(VCM conc − CV )
Dans ce cas, la totalité des coûts fixes doit être prise en compte dans le calcul de la teneur
de coupure marginale. Il est clair que nous avons tct > tce > tcd. La répartition des teneurs dans le
gisement n'intervient toujours pas directement dans le calcul de la teneur de coupure.
Remarquons le cas particulier β = 0, dans lequel les teneurs de coupure tce, et tct sont
strictement identiques. En fait β = 0 signifie que la sélection se fait totalement avant abattage, et
par conséquent, les opérations d'exploitation et de traitement sont strictement de même nature.
tcv=
[CE.(1 − α .β ) + CT ].t conc
CF
p.(VCM conc − CV − max
)
Cv
En faisant l'hypothèse que l'une des étapes limite la production, nous avons pu voir que la
teneur de coupure peut prendre quatre formes différentes suivant l'étape qui limite la production.
En fait, on démontre que dans chaque cas, le profit, si on le représente en fonction de la coupure
x, présente une allure croissante, un sommet, puis une phase décroissante. Ces quatre expressions
nous ont permis d'éliminer les problèmes que nous nous posions avant (coûts opératoires non
constants, variabilité des coûts opératoires,...). Mais il est bien évident qu'il n'existe qu'une seule
vraie teneur de coupure pour une exploitation. En fait, pour le comprendre, il nous reste
simplement à nous rappeler que chaque étape va limiter la production dans une certaine gamme
de teneur de coupure. Si l'on représente les quatre courbes de profit sur une seule figure, c'est
finalement l'enveloppe inférieure des quatre courbe qui donne ce qui est réellement faisable par
4 -53
l'exploitation. C'est donc le sommet de l'enveloppe inférieure qui donne la vraie teneur de coupure
(l’exemple théorique développé en annexe 3 permettra de mieux comprendre les raisonnements
développés ici).
Le sommet de l'enveloppe inférieure peut être l'un des sommets des quatre courbes, mais
il peut aussi être un point de croisement entre deux courbes. Dans ce cas, on parle de teneur de
coupure d'équilibre.
Entre quatre courbes, on peut définir 6 points de croisement. Nous n'allons pas les
détailler tous ici. Un point de croisement entre deux courbes provient du fait que deux étapes
conduisent à la même durée de vie. Pour déterminer la valeur de la teneur de coupure qui
correspond à un point de croisement, il suffit donc de résoudre l'égalité des durées de vie entre les
deux étapes qui sont saturées en même temps. A titre d'exemple, la teneur de coupure qui conduit
à saturer en même temps le traitement et les travaux de développement est donnée par l'équation
C max t
%min( tdtc) = max
Cd
- les capacités maximales par années des différentes étapes Cdmax, Cemax, Ctmax et Cvmax
- le coefficient β, qui traduit partiellement le taux de sélectivité de la méthode d'exploitation;
- les caractéristiques techniques du traitement tconc et p;
- la répartition des teneurs dans le gisement par l'intermédiaire des fonctions %min(x) et tm(x).
Ce point est extrêmement important, puisqu'il montre que les différentes teneurs d'équilibre
dépendent clairement du bloc de sélection retenu.
En conséquence, suivant la mine dont on dispose, et les valeurs des différents paramètres,
on peut soit avoir une teneur de coupure qui dépend des paramètres économiques, soit une teneur
de coupure qui n'en dépend pas (teneur d'équilibre). Toutefois, lorsque les paramètres
économiques vont varier, les courbes se déforment, et après un certaine variation, le sommet de
l'enveloppe inférieure ne sera plus un point de croisement entre deux courbes, mais le sommet de
l'une des courbes. Dans ce cas, la teneur de coupure redeviendra sensible aux variations
économiques.
Nous avons raisonné jusqu'à présent en terme de maximisation de la somme des cash-flows.
La raison en est simple: l'objectif était de ne pas trop compliquer les développements
mathématiques.
Dès lors que l'on tient compte de l'actualisation, la formulation mathématique se complique
énormément. La solution la plus simple pour déterminer la teneur de coupure réside dans
l'utilisation d'un tableur, et la détermination des quatre courbes de VAN à partir d'un tableur.
4 -54
D'un point de vue purement pratique, la teneur de coupure obtenue en maximisant la VAN
sera supérieure à celle obtenue en maximisant le profit. La raison est directement liée à la notion
d'actualisation. En maximisant le profit, on cherche à exploiter toute tonne qui conduit à un
bénéfice, aussi faible soit-il. Dès lors que l'on introduit l'actualisation, on aura tout intérêt à
appliquer une coupure plus forte, pour réduire un peu la durée d'exploitation en abandonnant les
tonnes qui conduisent à un gain faible. La réduction de durée de vie permettra de gagner sur l'effet
de l'actualisation.
Les réserves de Bleida Est ont été estimées à 927000 t environ pour une coupure de 1%, ce
qui donne avec la courbe du tonnage en fonction de la teneur de coupure, un tonnage d'environ
980 000 t pour la roche minéralisée.
Etant donné les fortes fluctuations récentes du cours du cuivre (1800 $/t de cuivre en
moyenne mensuelle pour le mois de mars 1994, 2400 $/t au mois de juin 1994), nous avons fait
varier, dans le calcul de la VAN, le cours du cuivre de 1500 $/t à 2600 $/t.
La capacité de production fond est prise égale à 207362 t/an. C'est la valeur prévue par le
budget de l'année 1994 pour le gisement de Bleida Est. Elle n'exprime toutefois pas vraiment la
quantité maximale de roche minéralisée qu'on peut manipuler au fond pendant l'année. Les
capacités de traitement et de ventes concernent actuellement tout le gisement de Bleida dans son
ensemble, c'est à dire Bleida Est, la zone nord et la zone sud.
Les capacités pour ces niveaux de saturation sont donc calculées au prorata de la production
à Bleida Est: elles sont respectivement de 222407 t/an et de 14440 tonnes de concentré par an.
Les dépenses ont pu être regroupées suivant leur provenance grâce à la comptabilité
analytique. Elles ont les valeurs suivantes :
- les coûts imputés au stérile on été fixés à partir de l'hypothèse de réutilisation des stériles
comme remblais. Ils s'élèvent à 8,96 Dh/t le taux d'actualisation est pris égal à 7 %. Cette
valeur peut paraître arbitraire et élevée mais on va voir que l'actualisation dans le cas de
Bleida n'a pas une grande importance car la durée de vie de la mine est faible (de l'ordre de 4
ans).
4 -55
Pour un cours du cuivre de 1800 $/t, le goulot d'étranglement provient des ventes et la VAN
est maximale pour une teneur de coupure de 1,6 %, En coupant donc à 1,6 %, on gagne environ
77 MDh sur une période supérieure à 5 ans.
Mais Bleida a la possibilité de renégocier ses contrats à n'importe quel moment ce qui
signifie qu'on peut vendre davantage que les 14440 tonnes de concentré qui étaient prévues pour
un an. Ainsi pour le calcul de la teneur de coupure optimale il n'est pas utile de prendre en compte
la saturation due à la vente du concentré. Dès lors, I'unique saturation provient du fond et l'usine
de traitement est surcapacitaire, ce pour toutes les teneurs de coupure.
La limitation due au fond prévoit une VAN maximale de l'ordre de 87 MDh, avec une
teneur de coupure optimale de 0,9 % pour une durée de vie de la mine de 4 ans et demi (plus
courte que précédemment, puisque 1'on se laisse la possibilité de vendre plus de concentré).
Cependant on remarque que pour des teneurs de coupure comprises entre 0 et 1%, la VAN varie
très peu. Elle varie en fait d'environ 300000 Dh soit de 0.34 %. On ne gagne quasiment rien en
coupant à 0,9 %.Il faut rappeler ici que cette différence très faible entre les Valeurs Actuelles
Nettes pour des coupures de 0 % et 0,9 % peut être due à la modélisation du gisement sous la
forme d'une distribution lognormale (hypothèse retenue pour simplifier le changement de support
géostatistique). En effet cette modélisation considère qu'on a très peu de minerai compris entre 0
et 1% d'où des VAN sensiblement égales. Ce phénomène s'accentue dans le cas d'une saturation
provenant du fond car les quantités de stérile manipulées au fond sont faibles.
On peut envisager deux autres scénarios pour l'utilisation du stérile: un cas où l'on ne le
touche pas et un cas où on le remonte entièrement au jour (comme du minerai). Dans les deux
cas, c'est toujours la production au fond qui limite la production. Si on ne touche pas au stérile, la
VAN augmente bien sûr (87,4 MDh), mais la teneur de coupure aussi (1%): seuls les coûts venant
après la sélection interviennent, et comme dans ce cas la sélection se fait dès le départ, tous les
coûts interviennent. En revanche, si l'on extrait tout le stérile, alors la VAN est de 86,5 MDh et la
teneur de coupure de 0 %, c'est à dire qu'on prend tout le gisement.
La teneur de coupure optimale qu'il faudrait donc appliquer est 0,9 % mais dans la réalité, on
risque de ne pas utiliser tout le stérile comme remblai pour des problèmes de planification. En
effet, certains blocs estimés inférieurs à la coupure mais de façon très proche peuvent être mis de
côté et remontés pour être ultérieurement passés en laverie si un nouveau calcul de teneur de
coupure optimale pour une période future permet de le sélectionner et de le considérer comme du
minerai.
Pour un cours du cuivre de l'ordre de 2400 $/t, la teneur de coupure maximisant la VAN
serait de 0,5 %.
4 -56
- l'hypothèse envisagée de lognormalité des distributions des teneurs d'échantillons et des
teneurs de blocs. Cette hypothèse n'est pas satisfaisante pour les faibles teneurs.
- le modèle de calcul suppose de plus implicitement que la teneur moyenne est constante dans
le temps pour une coupure donnée, ce qui n'est pas forcément vérifié. La teneur moyenne
aura tendance à décroître dans le temps, dans la mesure où Bleida est représentera une part
de plus en plus forte de la production.
- enfin, et c'est peut-être le point le plus important, le calcul ne fait pas intervenir les
dépenses supplémentaires dues à l'échantillonnage dès qu'on veut obtenir une bonne
estimation. On a vu que le coût de l'échantillonnage est très important, de l'ordre de 13 Dh à
la tonne de roche minéralisée pour une maille d'échantillonnage de 1xl m2, soit environ 13
MDh pour la totalité de Bleida Est si l'on fait une étude rigoureuse d'estimation dans chaque
taille. Et le calcul ne fait pas non plus intervenir la perte d'argent par rapport au cas
théorique due au fait qu'on prend ou qu'on laisse du tonnage à tort dès lors qu'on fait une
sélection sur une teneur de coupure. Si l'on tient compte de ces deux points, on démontre
qu'il vaudrait mieux couper à 0 %, c'est à dire prendre tout le gisement.
Faut-il en conclure que la sélectivité n'a aucun intérêt à Bleida ? Si on était sûr que le prix
du cuivre reste à une valeur élevée telle que sa valeur actuelle, la réponse serait sûrement oui.
Mais l'intérêt de la sélectivité réside aussi et surtout dans le fait que l'on peut s'adapter à un prix
de vente variable. Il semble donc préférable de poursuivre les échantillonnages et le suivi des
teneurs. Si l'intérêt de ce travail est faible aujourd'hui à Bleida, il pourrait rapidement redevenir
tout à fait crucial.
4 -57
4.4. Mise en œuvre de la sélectivité
4 -58
4.4. MISE EN OEUVRE DE LA SELECTIVITE DANS L'EXPLOITATION
Les chapitres précédents nous ont permis de déterminer la teneur de coupure optimale à
appliquer à une exploitation donnée d'une part, et nous ont également montré comment on
pouvait estimer les teneurs, tant au niveau de l'ensemble du gisement (avec des estimations
statistiques), qu'au niveau du bloc de sélection de l'exploitation (avec cette fois ci des estimations
parfaitement déterministes). En d'autres termes, nous pouvons maintenant considérer que nous
connaissons les teneurs des blocs à exploiter, et que nous savons à partir de quelle teneur nous
voulons vraiment exploiter. On pourrait penser que le travail est complet, mais malheureusement,
nous n'avons pas encore fini.
En effet, l'exploitation dans la mine nous amène un certain nombre de contraintes, dont il va
falloir tenir compte. Une exploitation minière n'est jamais faite de telle manière qu'on puisse se
contenter d'exploiter les blocs qui sont à une teneur supérieure à la teneur de coupure. Ceci, nous
en avons bien tenu compte dans le calcul de la teneur de coupure optimale, mais cette prise en
compte était uniquement d'ordre statistique. C'est à dire que cette prise en compte nous permet de
dire qu'en moyenne, pour un bloc classé minerai, on aurait x blocs classés stérile (en espérant que
x< 1!). Dans la pratique de l'exploitation, cette moyenne de blocs stérile pour un bloc minerai n'a
aucune raison d'être respectée chaque jour, et en fait elle ne le sera quasiment jamais. Il faut donc
se donner les moyens de gérer l'exploitation jour par jour. En effet, la méthodologie utilisée pour
définir les teneurs des blocs de sélection fait que ces dernières ne sont disponibles que très
tardivement (dans le cas de Guemassa par exemple, on ne connaît les teneurs d'une tranche qu'une
fois qu'on a exploité la tranche précédente. En d'autres termes, on ne sait qu'au dernier moment
quel est le vrai pourcentage de blocs stériles pour les prochaines semaines, et quelle est la vrai
imbrication géographique des blocs stériles dans les blocs minerai. Il en découle clairement que
l'on va s'affronter à un problème de planification à court terme. Si cette planification n'est pas
faite, ou mal faite, il y a en effet de fortes chances pour que l'on se retrouve rapidement dans une
situation où le nombre de blocs minerai disponibles à un jour donné ne sera plus suffisant pour
assurer la production prévue.
Nous avons pris, pour introduire le problème, l'exemple de la mine de Guemassa. Mais le
problème est beaucoup plus général, et se poserait en pratique pour toute exploitation.
Malheureusement, ce problème n'a pas de solution dans le cas général. En effet, nous revenons ici
à un point que nous avons déjà signalé: chaque mine est un cas particulier.
Chaque gisement a ses spécificités, chaque méthode d'exploitation apporte ses contraintes,
... En conséquence, nous allons discuter le problème de la mise en oeuvre de la sélectivité sur un
exemple: celui de Guemassa. Outre le fait que cet exemple est particulièrement intéressant dans le
cadre du pôle mine de l'ONA, il présente aussi un intérêt par le fait qu'il donne une méthodologie
qui peut être employée pour résoudre ces problèmes de planification à court terme. En effet, s'il
n'existe pas de solution générale au problème de la planification à court terme, et si le logiciel
développé pour Guemassa n'est utilisable qu'à Guemassa et nulle part ailleurs, il n'en reste pas
moins que la méthodologie employée pour résoudre le problème est, elle, plus générale, et devrait
a priori pouvoir être utilisée dans n'importe quel cas. En plus clair, il n'existe pas de logiciel de
planifcation à court terme utilisable sur n'importe quelle mine, mais il existe une méthodologie de
developpement d'un logiciel de ce type, qui semble elle universelle.
4 -59
Notre présentation de l'exemple de Guemassa comprendra:
4.4.1.1. Historique
En février 1988, 1'ONA a racheté le gisement et créé la CMG, dont l'objectif était de
poursuivre les investigations géologiques et de réaliser l'étude de faisabilité de l'exploitation.
Rapidement menés, les travaux ont permis d'arrêter la décision d'investissement en novembre
1989.
Dès lors, la CMG, assistée de la société REMINEX (filiale d'études et d'ingénierie minière
de l'ONA), s'est attachée à la réalisation du projet, tout en conduisant une exploitation pilote qui a
permis d'une part de confirmer les choix techniques de l'étude de faisabilité et d'autre part
d'autofinancer partiellement le projet Le démarrage à pleine capacité (2400 tonnes de minerai par
jour) a eu lieu en décembre 1992, soit huit ans après le premier sondage positif et trois ans après
la décision d'investissement, ce qui représente une performance tout à fait remarquable pour un
gisement de cette importance. La production annuelle de l'ordre de 75000 tonnes de zinc métal
fait de la CMG le second producteur de zinc d'Europe et du bassin méditerranéen.
L'investissement initial s'est élevé à 850 MDh8, dont 80% ont été dépensés sur le marché
local. Les emprunts ont été limités à 330 MDh, le complément de l'investissement provenant de
fonds propres.
4.4.1.2. Géologie
Le gisement de Guemmasa se présente sous la forme d'un amas polymétallique, dont les
réserves, sur la base d'une coupure à 4% zinc, sont estimées à 12 Mt titrant 10.5% Zn, 3% Pb,
0.7% Cu et 70g/t Ag. De type volcanosédimentaire, la minéralisation se développe dans l'horizon
viscen, sous une couverture de 120m de terrains d'âge mio-pliocène. L'amas présente un pendage
de l'ordre de 55 à 60° vers le nord-est, et son extension est connue jusqu'à 400m de profondeur.
La puissance moyenne horizontale est de 80m, l'extension horizontale perpendiculairement à la
puissance pouvant aller jusqu'à 300m.
4 -60
4.4.1.3. Infrastructures
L'accès au gisement est assuré par un puits de 3.2m de diamètre et d'une profondeur de
480m, ainsi que par une descenderie prolongée par une rampe d'exploitation en forme de spirale,
d'une pente de 15% et d'une section de 20m2. Le puits assure l'accès du personnel en début et fin
de poste, ainsi que l'extraction du minerai et du stérile. La descenderie permet l'accès des engins
d'exploitation, et les déplacements de personnels non postés.
Tous les 20m verticalement, une galerie (dite galerie d'attaque) est tracée parallèlement au
contact côté mur de la minéralisation, à environ 70m de ce dernier. Deux cheminées de jet,
accessibles à partir de chaque galerie d'attaque, permettent d'acheminer le minerai et le stérile au
niveau de base (à 420m de profondeur), où est situé le concasseur primaire ainsi que la station de
pompage des eaux d'exhaure (voir figure 18).
Figure 18
L'amas est divisé verticalement en trois étages de 40, 60 et 120m de hauteur desservis à leur
base par les niveaux 400, 520 et 580 (la surface est à la cote 815). Chacun de ces étages est lui-
même divisé horizontalement en une vingtaine de tailles (ou chambres d'exploitation) d'une
largeur de 10m. Une taille sur deux sera exploitée, dans un premier temps, par la méthode des
tranches montantes remblayées (TMR).
Le minerai laissé entre les piliers de remblai cimenté sera par la suite repris avec une
méthode de sous niveaux abattus (SNA) d'une hauteur de 10m. Cette deuxième étape n'a pas été
prise en compte dans la présente étude (voir figure 19).
Dans la méthode des TMR, chaque taille est divisée verticalement en gradins de 4.5m de
haut. Chaque gradin est finalement divisé en un ensemble de volées ou blocs de 10m de largeur,
3.2m de profondeur et 4.5m de hauteur. La volée est l'entité élémentaire de production et de
sélection. On accède aux différents gradins par une galerie d'accès (partant de la galerie
d'attaque), qui est découronnée au fur et à mesure de la montée de l'exploitation de la taille. Cet
ouvrage est initialement réalisé avec une pente descendante de 15%. Sa position finale correspond
à une pente montante de 15%. L'ouvrage permet ainsi l'exploitation d'une taille sur une hauteur de
20m environ (4 tranches).
La production peut être décrite par la répétition du cycle "Prise d'un gradin". Ce cycle
comporte la prise des volées constituant le gradin (une trentaine en moyenne), le remblayage de la
taille, le séchage du remblai, et le découronnement de la galerie d'accès adn de permettre
l'exploitation du gradin supérieur. La prise d'une volée est elle-même constituée de la foration, du
chargement en explosif, du tir, du déblayage vers la cheminée de jet et de la purge du front.
4 -61
Lors de la foration d'une volée, l'engin de foration (le Jumbo) réalise également des
sondages dans le gradin supérieur, à la maille de 2m x 2m, sur une profondeur de 3m. Les débris
de foration sont récupérés et analysés. Ils fournissent les données pour une estimation par
krigeage géostatistique des teneurs des volées du gradin supérieur. Grâce à ces estimations, il est
possible de déterminer, a priori, si une volée est de type minerai ou de type stérile (teneur estimée
supérieure ou inférieure à la teneur de coupure). Ces informations permettront également
d'estimer la teneur moyenne prévisible pour chaque jour de l'exploitation planifiée.
Figure 19
L'exploitation d'une taille donnée est donc une succession continue de prise de volées
(minerai ou stérile: 15 % de volées stériles en moyenne) qui est interrompue, lorsque le gradin est
terminé, par le remblayage et le séchage du remblai (le découronnement de la galerie d'accès et
l'éventuel creusement de la galerie d'attaque ou de la galerie d'accès supérieure peuvent se faire en
parallèle avec les autres opérations).
Enfin, la méthode de remblayage retenue ne permet de remblayer qu'une seule taille à la fois
et le temps nécessité par la pose des conduites conduit à chercher à ne jamais abandonner un
remblayage en cours pour démarrer celui d'une autre taille. De plus, la capacité journalière n'est
que légèrement supérieure au volume de vide produit par l'exploitation du minerai et du stérile, ce
qui oblige l'ingénieur du fond à rechercher une planification telle que lorsqu'un remblayage se
termine, une autre taille est vide (ou pratiquement vide) pour "prendre le relais". Un retard pris du
fait de la non-disponibilité de tailles à remblayer pendant plusieurs journées sera très difficile à
rattraper.
4 -62
Les deux premières difficultés seront traduites dans la suite en termes de contraintes, tandis
que la troisième servira à orienter la recherche de la meilleure planification possible.
En formulant ces différentes difficultés en termes de choix de production pour une taille
dans un état donné, on aboutit aux choix possibles suivants:
- tâche production ou non: si on dispose d'une volée de type minerai, elle pourra participer ou
non à la production du jour ;
- tâche stérile ou non : si on dispose d'une volée de type stérile, on pourra décider ou non de
s'en débarrasser,
Sachant que l'ingénieur fond dispose de 10 à 15 chantiers qui peuvent être ouverts de
façon indépendante, et étant donnée la multiplicité des choix possibles sur chaque chantier, il est
clair que la recherche d'une solution fiable débouche rapidement sur un problème combinatoire
complexe.
Cet outil devra s'assurer, en planifiant suffisamment "loin" dans le temps, c'est-à-dire sur
une période P la plus grande possible, qu'aucun des choix que l'on fait au jour j n'a de
conséquence irrémédiable sur la poursuite de l'exploitation. La durée de la période de recherche P
est directement liée à la connaissance du gisement et notamment à la collection de fichiers de
teneurs des volées à exploiter dont on dispose; les échantillonnages à un instant donné ne
concernent que le gradin suivant et on doit donc limiter la durce maximale de recherche à deux ou
trois semaines. Pour des périodes plus longues, il se poserait également des problèmes de temps
de calcul informatique.
4 -63
Il s'agit de trouver un moyen de formaliser la contrainte "engins" afin de pouvoir estimer
l'ensemble des travaux réalisables sur la période de planification, compte tenu de la disponibilité
des engins pendant cette période.
Dans le cas de la foration, par exemple, on est capable de déterminer le nombre de volées
(minerai ou stérile) que l'on pourra forer dans la journée dès lors qu'on connaît le rendement et le
nombre de Jumbos disponibles pour le jour considéré, . De la même façon, on peut calculer le
nombre de volées que l'on peut charger, tirer, déblayer et purger. L'exploitation d'une volée étant
une séquence de chacune de ces opérations, réalisées par différents types d'engins, c'est le sous
ensemble des engins qui a la capacité de production la plus faible qui va déterminer la capacité de
production du parc total des engins.
L'idéal serait d'aboutir à une évolution de la teneur de production lisse et centrée sur la
teneur moyenne du gisement. Dans un premier temps, un intervalle fixe de variation de la teneur
de production a été imposé. Cet intervalle est centré sur la teneur moyenne de l'ensemble des
blocs à venir et l'exploitant est libre de fixer la largeur de la bande de variation. Mais cette
description n'est pas suffisante pour éviter les variations en dents de scies Il a donc fallu
introduire une autre contrainte qui limite la variation de la teneur de production entre deux
instants successifs.
En résumé, I'ensemble des volées minerai qui vont participer à la production du jour devra
satisfaire cinq contraintes :
- les teneurs de jour et les teneurs de poste doivent appartenir à un intervalle imposé;
- les variations des teneurs de jour et des teneurs de poste entre deux jours ou deux postes
donnés ne doivent pas dépasser un seuil fixé;
- la teneur en place (teneur estimée de la volée) doit être supérieure à la teneur de coupure.
A partir des contraintes qui viennent d'être déduites et de l'état des différentes tailles de la
mine à un moment donné, il s'agit maintenant de rechercher une planification sur une période
commençant au jour en cours. Cette recherche devra prendre en compte la troisième difficulté (le
4 -64
remblayage), qu'elle ne va plus gérer en terme de contrainte exprimée par l'exploitant mais
comme un moyen de préférer une planification à une autre suivant qu'elle risque ou non de
conduire plus facilement à une situation de blocage (impossibilité de réaliser la production
pendant une ou plusieurs journées).
4.4.4.1. La méthode
Ce problème est typiquement celui d'une recherche arborescente munie d'un critère de
jugement d'une solution: sa capacité à éviter de futurs problèmes de remblayage.
Une recherche exhaustive des solutions est impossible car le nombre potentiel de branches
de l'arbre est énorme (une recherche sur 15 jours avec 10 tailles disponibles à la production et 4
volées/jour implique environ 1035 branches). La recherche opérationnelle ne s'applique pas ici
étant donné qu'il n'y a pas de critère universel à optimiser. La méthode à employer se situera donc
à mi-chemin entre ces deux possibilités: une recherche exhaustive, dans un ensemble restreint de
solutions (recherche arborescente orientée), solutions choisies et triées par un critère préalable qui
reste à définir. En conséquence, la solution finalement retenue n'est pas la solution optimale, mais
la première solution au problème, trouvée dans l'ensemble étudié.
- n coïncide avec le nombre de volées minerai à exploiter pour réaliser la production du jour;
- les teneurs jour et poste qu'elles déterminent vérifient les contraintes définies précédemment
(contraintes de teneur).
Le principe de la recherche arborescente orientée est de classer par priorité les branches
possibles, de n'en retenir qu'un nombre fixe (le nombre retenu est de trois afin d'éviter un nombre
de branches dans l'arbre trop important, de progresser en suivant le chemin qui semble le meilleur
tant que faire se peut et de choisir le chemin de priorité juste inférieure parmi ceux que l'on avait
écartés à la dernière intersection dès que l'on "bloque" (cette dernière opération sera appelée par
la suite un "Retour en arrière").
Ainsi, pour le premier jour, on recherchera toutes les solutions possibles et on les classera
par priorité décroissante au regard du remblayage; on mémorisera les trois meilleures solutions et
on considérera que la meilleure des trois convient pour le premier jour de la planification. Compte
tenu de ce choix, on déterminera l'état des tailles au début du jour 2 et on reprendra le même
raisonnement, etc... Si le jour j on ne trouve pas de solution, on considérera que le choix de
solution du jour (j-1) est mauvais et on retiendra la deuxième solution mémorisée pour le jour (j-
1). On recalculera le nouvel état des tailles au début du jour j et on espérera trouver alors une
solution. Le principe de la recherche d'une solution est présenté en figure 20.
4 -65
Ne pas trouver de solution signifie ne pas trouver n tailles disponibles pour la production
(trop de tailles en attente ou trop de tailles présentant des volées stériles dont on ne s'est pas
débarrassé suffisamment tôt, ces volées stériles empêchant d'accéder aux volées minerai), ou ne
pas trouver de volées dont les mélanges des teneurs vérifient les contraintes sur les teneurs jour et
poste.
Il faut donc trouver un moyen de quantifier l'aspect prioritaire d'une solution par rapport à
une autre. Avant de définir ce critère pour une solution, qui est un ensemble de tailles, nous le
définirons à l'échelle de la taille. Quelle évolution de la production amènerait invariablement à
une difficulté au niveau du remblayage?
Elles vont donc être vides en même temps. On ne disposera alors plus que de 3 tailles pour
faire la production, ce qui est inadmissible. De plus, cette situation va être longue à se rétablir car
le remblayage ne peut se faire que dans une taille à la fois, donc 3 tailles vont être en attente, puis
2, puis l, sachant que le remblayage d'une taille dure entre 4 et 6 jours suivant sa longueur.
On voit bien dans cet exemple la nécessité d'avoir le minimum de tailles en attente de
remblayage. Cette constatation est relativement paradoxale car on aurait pu croire qu'il est
judicieux de disposer du maximum de tailles en attente afin d'être certain de toujours disposer
d'une taille à remblayer et donc d'utiliser continûment la station de remblayage.
Il est donc apparu utile de chercher à entretenir un décalage d'avancement entre les tailles.
Si l'on considère les tailles classées dans l'ordre de leur avancement, la situation présentée sur la
figure 21 (constatée à tout moment en numérotant les tailles) est celle qui a paru la plus propice à
un bon déroulement de l'exploitation. Grâce à cette situation, une seule taille est en attente de
remblayage quand la taille en remblayage est presque totalement remblayée et chacune des tailles
progresse de manière à entretenir ce décalage constant.
Partant de ces constatations, on va construire une situation idéale d'état d'avancement que
l'on comparera à la situation réelle, comparaison qui permettra de quantifier l'aspect prioritaire
d'une taille. L'outil devant effectuer cette mesure sera appelé la fonction d'urgence.
Les longueurs des tailles n'étant pas homogènes, nous parlerons plutôt du réalisé d'une taille
(avancement/longueur de la taille, ces deux grandeurs étant exprimées en nombre de volées) et il
conviendra d'ordonner les tailles par réalisés décroissants. Par ailleurs, il a fallu trouver un moyen
conventionnel de différencier les tailles vides. On a posé pour cela: réalisé = - délai prévu avant
fin remblayage/longueur (toujours sans dimension).
Afin de calculer le réalisé idéal compte tenu des réflexions du paragraphe précédent, il faut
d'abord calculer les réalisés idéaux extrêmes. Ceux-ci sont pris, par convention, égaux aux
réalisés réels extrêmes sauf dans le cas où l'on prévoit que la taille la plus avancée ne sera pas
4 -66
disponible au moment où le remblayage en cours se terminera. Dans ce dernier cas, appelé
situation de ''Retard Remblayage'', le réalisé idéal sera pris égal à 1 (ou 100%) car on voudrait que
cette taille soit vide.
A partir de ces réalisés extrêmes idéaux on peut calculer des réalisés idéaux pour chacune
des tailles en créant un décalage constant entre deux tailles successives. Tout naturellement, la
fonction d'urgence qui doit quantifier l'aspect prioritaire ou non d'une taille, donc le retard ou
l'avance d'une taille par rapport à sa position idéale, sera calculée comme étant la différence entre
le réalisé idéal et le réalisé réel. Une urgence positive signifle donc un retard, et à l'opposé une
urgence négative signifie une avance. A la situation de Retard Remblayage d'une taille, on affecte
une valeur infinie de l'urgence.
Lors de la programmation et des premiers essais, il est apparu que cette définition de la
fonction d'urgence n'était pas suffisante. Plusieurs exemples de recherches bloquaient du fait du
non respect des contraintes sur les teneurs. Un terme relatif aux teneurs a donc dû être ajouté dans
la fonction d'urgence.
Les contraintes sur les teneurs (intervalle et variabilité de teneurs de poste et jour) sont
difficiles à respecter s'il y a lieu de mélanger des volées ayant des teneurs fortes ou faibles par
rapport aux teneurs habituellement rencontrées dans le gisement, donc éloignées de l'intervalle de
teneur de poste. Il a par conséquent fallu trouver un moyen d'intégrer, dans un second terme de la
fonction d'urgence, la volonté de se dépêcher d'exploiter les volées ayant des teneurs extrêmes qui
vont être difficiles à mélanger.
La définition de l'urgence d'une taille sur le plan des teneurs passe par une première étape
au niveau de la volée. L'urgence d'une volée doit être d'autant plus grande que sa teneur t est
éloignée de la fourchette de teneur de poste, qui est un intervalle [tm' tM]. Il est donc naturel de
poser comme terme d'urgence la distance entre t et [tm, tM]. L'urgence de la taille considérée est
alors définie par la moyenne des urgences des volées à venir dans la taille.
Finalement la fonction d'urgence d'une taille donnée, dans un état donné, compte tenu de
l'état d'avancement des autres tailles et de l'ensemble des teneurs que l'on rencontrera dans cette
taille, est la somme des deux termes décrits précédemment. En fait, cette somme est modulée par
un coefficient multiplicatif correctif de l'un des termes choisi par l'utilisateur de l'outil
informatique afin de lui permettre d'indiquer si son inquiétude porte plutôt sur l'évolution des
teneurs ou sur le remblayage.
Disposant de l'urgence d'une taille, il convient alors de calculer l'urgence d'une solution (i.e
généralement un ensemble de 4 tailles).
4 -67
Le but est de classer les solutions suivant leur priorité décroissante; il faut donc définir un
ordre dans l'ensemble des solutions. Il a fallu ici faire un choix sur la méthode de tri. Deux
possibilités ont été testées: trier suivant les sommes des urgences ou suivant la hiérarchie des
urgences. Dans le premier cas, I'urgence d'une solution est la somme des urgences des tailles qui
constituent cette solution. Dans le second, l'urgence d'une solution est égale à la plus forte des
urgences des tailles qui la composent et en cas d'égalité entre les deux urgences, le tri se fait sur la
deuxième valeur la plus forte de chaque solution, et ainsi de suite.
On a finalement retenu la deuxième possibilité testée, étant donnée que celle-ci conduit
beaucoup plus rapidement à la solution, ce qui permet de limiter le temps de calcul informatique
(I'outil informatique devait tourner sur un micro-ordinateur).
Il est désormais possible d'ordonner les solutions par priorités décroissantes, et la recherche
arborescente fondée sur cet ordre est donc réalisable.
L'outil informatique a été réalisé en deux volets: un outil de saisie des paramètres (réalisé
avec Lotus 123 v 3.1) et un outil de planification (réalisé avec Turbo Pascal v 6.0 aidé de
l'environnement Turbo Vision pour la présentation). Aucun logiciel de GPAO existant n'a donc
été utilisé, ceci pour permettre de répondre exactement au problème posé. L'ensemble des feuilles
développées sous Lotus 123 a été conçu afin de minimiser le temps de saisie journalière des
données (environ 10 minutes pour une personne expérimentée). Le logiciel de planification est
utilisable de façon très simple par l'intermédiaire de menus déroulants et de fenêtres de saisie
simplifiées. Un fichier d'aide de 1000 lignes a été adjoint et est directement appelable depuis la
fonction sur laquelle on désire obtenir des informations par une simple pression de touche. Une
formation des ingénieurs d'exploitation de la CMG à l'utilisation du produit a été faite, une
implication du service informatique de CMG permettra la maintenance et l'évolution du produit.
Une implication des géologues de la mine assurera la transition avec le service fond pour une
liaison facile entre l'outil et le logiciel GDM (utilisé pour le krigeage).
Chacune de ces feuilles donne lieu à des fichiers de paramètres qui sont exportés
automatiquement vers le logiciel de planification.
4 -68
4.4.5.2. L'outil de planification
La présentation est celle d'un logiciel classique agrémenté d'un environnement de fenêtres
géré par un ensemble de menus déroulants présentant les différentes procédures possibles:
Un certain nombre d'essais ont été réalisés afin de s'assurer que la recherche donnait des
situations satisfaisantes en toutes circonstances. Pour cela, des situations types ont été envisagées
(ensemble de tailles remblayées de réalisés nuls, ensemble de tailles décalées de façon parfaite
dès le départ, ensemble de tailles de réalisés identiques et proches de 1, situations réelles
constatées durant le mois de juin 1993).
Les résultats ont montré que partant d'une situation saine, celle-ci était entretenue par la
planification (voir figures 22 et 23 en annexe 4), et que les teneurs pouvaient être maintenues
dans des intervalles remarquablement étroits (largeur inférieure à 2 %). Partant d'un état initial
délicat, la situation pouvait être rétablie en 30 jours sans sacrifier de façon notable la contrainte
sur les teneurs. Un exemple a été traité sur la base d'une situation initiale comprenant 9 tailles de
réalisés identiques égaux à 70% et I taille en cours de remblayage. Cette situation est relativement
délicate dans la mesure où tous les chantiers sont déjà exploités en grande partie et risquent d'être
terminés à des intervalles de temps très proches. La figure 24 en annexe 4 donne une image de
1'état initial. La figure 25 (toujours en annexe 4) correspond à la situation prévue après 30 jours.
La figure 26 (annexe 4) correspond à une planification sur 60 jours, obtenue en refaisant une
simulation sur trente jours à partir de la situation finale de la simulation précédente. L'exemple
montre bien comment, en soixante jours, le décalage entre les tailles a pu être rétabli.
4 -69
Dans tous les cas, I'objectif de stabilité de l'état des tailles qu'est le décalage constant a
permis de "resserrer" de plus en plus les contraintes sur les teneurs, d'assurer la continuité du
fonctionnement de la station de remblayage, et de disposer d'un minimum de tailles vides, ce qui
rend la production plus flexible et améliore la stabilité de l'ensemble de l'exploitation.
A l'heure actuelle, I'une des principales difficultés liée à l'utilisation du produit réside dans
le respect de la grille de krigeage pendant l'exploitation d'un gradin. En effet, si la volée
réellement exploitée est décalée par rapport à la volée estimée, la teneur estimée n'aura plus aucun
sens. Ce problème pourra être résolu par l'ajout d'un module de krigeage, l'import de teneur se
limitant aux teneurs des sondages, et la mise à jour se contentant de donner l'avancement réalisé
dans la taille. Sur cette base, un nouveau krigeage pourra être effectué, calé sur le front de la
taille, de telle sorte que la volée exploitée coïncide toujours avec la volée estimée.
Par ailleurs, les capacités de production qui sont utilisées dans la recherche sont théoriques.
Elles ne tiennent pas compte de l'affectation réelle des engins. Par contre, dès qu'elles ne sont plus
adéquates, elles peuvent être modifiées pour tenir compte des pannes éventuellement survenues
ou du nouvel état des tailles (en cas d'indisponibilité d'une taille pour des problèmes de stabilité
par exemple, ou parce qu'un engin en panne en bloque l'accès, ...) et une nouvelle recherche
donnera les instructions de production à suivre dans ces nouvelles conditions.
Le temps de calcul, finalement, peut s'avérer un peu long, surtout si le nombre total de
solutions est faible et si de nombreux retours en arrière se produisent. Pour éviter ce problème,
l'opérateur garde la possibilité de limiter le nombre de retours en arrière. En cas d'échec de la
recherche, l'outil fourni un diagnostic qui permet d'estimer le rôle joué par les différentes
contraintes dans les retours en arrière, et donc de prévoir les concessions à faire (en matière de
fluctuations des teneurs jour et poste par exemple) pour trouver une solution à la planification.
Finalement, l'outil informatique a été développé dans le cadre bien précis de l'exploitation
de Hajar, et ceci sur trois mois de travail. Il n'est pas portable en l'état sur d'autres exploitations,
chaque exploitation étant un cas particulier tant au niveau de la géométrie qu'à celui des objectifs
(donc des contraintes et de la fonction d'urgence). Toutefois, la méthodologie suivie dans cette
étude, développée par le CGES dans le cadre d'un projet européen (BONANZA), présente, elle,
un caractère plus universel. Elle a été utilisée par le CGES dans le cadre de deux autres projets
(BONANZA II et B2) et a permis le développement de deux outils informatiques pour des cas
particuliers. Les travaux de recherche actuels portent sur la réalisation d'un logiciel capable, à
partir des spécifications de fonctionnement d'une exploitation minière, de générer rapidement et
simplement un outil de conduite d'exploitation à court terme adapté à la mine en question.
4 -70
Chapitre 5
ASPECT FINANCIER
Quelques commentaires
5.1.FISCALITE ET INFLATION
En matière fiscale, les principales pratiques concernent :
Les modes de calcul de ces différentes taxes sont variables et leurs incidences sur la
stratégie des entreprises minières a été étudiées par P.N. GIRAUD (1991- publications du
CERNA).
Pour le calcul de l’impôt sur le bénéfice, différentes déductions sont opérées sur le résultat
d’exploitation : amortissement fiscal, provisions pour reconstitution de gisement, frais
financiers …Il faut en retenir la signification essentielle : permettre à l’entreprise de disposer
de revenus pour reconstituer le capital initial constitué par le gisement (il faut en chercher
d’autres) et l’investissement de départ (il faudra être capable de financer un nouvel
investissement quand le projet considéré sera terminé).
L’inflation peut être définie comme la perte du pouvoir d’achat de l’argent. Bien évidemment,
pour estimer le montant de cette perte il faut d’abord définir un ensemble de produits,
marchandises ou services auxquels on s’intéressera. Pour des ensembles différents la valeur
obtenue ne sera certainement pas la même.
L’effet de l’inflation sur chaque variable du projet varie donc en fonction de la composition
de ces variables. Les investissements, le prix de vente, les coûts opératoires, etc,…, seront
affectés différemment, et normalement la distribution des cash- fllows résultante, avant impôt,
sera différente de celle obtenue sans la prise en compte de l’inflation. A cela il faut ajouter
l’augmentation de la valeur réelle des impôts sur le bénéfice, à cause de la réduction de la
valeur réelle des amortissements annuels de l’investissement ( le montant pas encore amorti
n’est pas corrigé de l’inflation) et d’éventuelles variations de la valeur réelle des intérêts
payés sur emprunt.
Il s’ensuit que l’inflation devra obligatoirement être prise en compte, surtout lors d’une
analyse après impôt, et ce dès la fin des études de pré-faisabilité, avec, normalement,
certaines hypothèses simplificatrices concernant les différents taux d’inflation à appliquer sur
chaque variable du projet.
Sont appelées évaluations en monnaie constante les évaluations faites sans prise en compte de
l’inflation, et évaluations en monnaie courante les évaluations obtenues en intégrant toutes les
inflations susceptibles de modifier l’équilibre du projet : inflation de la monnaie locale,
inflation des monnaies d’emprunt et de cotations des substances vendues.
5-1
Mais l’évaluation dite financière, qui intègre impôt sur le bénéfice et emprunts, n’a de
signification réelle que si les inflations sont prises en compte, et sera par conséquent effectuée
en monnaie courante.
Le taux d’actualisation à utiliser peut alors inclure l’inflation et prendre des valeurs plus
élevées.
Bien entendu l’inflation affecte les résultats calculés pour VANCP et TRCP : en particulier si
les prix de vente n’évoluent pas comme l’inflation des coûts, les résultats peuvent être
fortement réduits voire annulés, comme le montre le tableau ci- après.
5-2
Du projet à la trésorerie
Incidences de l'impôt et de l'emprunt
1000
800
projet
Sommes des Cash-Flows
600
projet actualisé
400
impôt
200
0 emprunt
-200 trésorerie
-400
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Temps
5-3
5.2. MONNAIES ETRANGERES ET TAUX DE CHANGE
Lors de l’évaluation d’un projet minier on est normalement confronté à l’utilisation de
monnaies différentes, les investissements, les emprunts ou le prix de vente pouvant être
exprimés chacun dans une monnaie différente.
C’est pourquoi il faudra choisir une monnaie de référence, dans laquelle sera calculée
la distribution des cash- flows. Pour calculer la distribution des cash- flows dans la monnaie
de référence, il sera nécessaire de prévoir l’évolution des taux de change des différentes
monnaies par rapport à la monnaie de référence.
Si, à court terme, cette évolution s’avère très erratique, à long terme il devrait y avoir
correction des taux de change en fonction de l’évolution du différentiel d’inflation entre les
monnaies concernées deux à deux*, selon la formule ci- dessous :
( 1 + inflation Xi )
TCy /x i = TCy /x i-1 * -----------------------
( 1 + inflation Yi )
Il faut bien noter que les résultats d’un projet ( VAN, TRI ) sont affectés par les taux
de change : une monnaie de référence sous- évaluée augmente artificiellement les recettes à
l’exportation ; une monnaie de référence sur- évaluée diminue artificiellement les dépenses en
matériel ou en capital importé, ainsi que les recettes.
Le logiciel MAFMO supposera en général que pour l’évaluation du risque les taux de
change sont corrigés automatiquement. Et ce n’est que dans la comptabilité prévisionnelle
qu’on pourra introduire des taux de change non automatiquement corrigés.
*selon la théorie dite de Parité des pouvoirs d’Achat (P.P.P). En réalité cette théorie s’avère
de moins en moins pertinente dès lors que des pays peuvent avoir, de manière durable, des
déficits extérieurs.
5-4
Différentes formes de remboursement d’un emprunt de la somme S
2 ANNUITES CONSTANTES
2 A A . (1+i)N-2
3 A A . (1+i)N-3
p A A . (1+i)N-p
N A A
5-5
3 PAIEMENT ANNUEL DES INTERETS
REMBOURSEMENT DU CAPITAL A LA FIN
N
FORTUNE FINALE = S.(1+i)
5-6
Chapitre 6
FAISABILITE
6. INVENTAIRE DES BESOINS, DES METHODES, ET
DES DONNEES NECESSAIRES AUX DIFFERENTES
ETAPES DE L’EVALUATION D’UN PROJET
MINIER
Les étapes successives de la reconnaissance d’un gisement mettent en évidence des
séquences de décisions qui nécessitent à chaque fois une évaluation spécifique, de plus en
plus précise. Les différentes méthodes utilisées s’adaptent à ce besoin de précision croissante,
depuis l’indice de minéralisation jusqu’au gisement exploitable. Les données nécessaires
deviennent de plus en plus nombreuses et doivent être de plus en plus fiables au fur et à
mesure qu’on s’approche de la décision finale : gisement exploitable ou non.
a) On part d’un indice, c’est à dire d’une anomalie locale dans la composition chimique
ou minéralogique de la roche. Pour transformer cet indice en cible à prospérer, il faut
essentiellement s’assurer que l’anomalie possède une certaine dimension et une
certaine permanence dans le massif rocheux. A ce stade la méthode d’évaluation
repose essentiellement sur des connaissances de type expert relatives à la substance
recherchée ; on procède par analogie avec ce qui est exploité ailleurs : la teneur du
minerai envisageable est de même niveau que ce qui est couramment exploité ; la
valeur contenue dans une tonne de matériau est très supérieure à tout ce qu’on connaît
en matière de coûts de Production.
Exemple 1
b) Etant sur une cible, il faut essayer d’en faire un gisement potentiel, ce qui nécessite la
définition d’une enveloppe du corps minéralisé ( forme, volume, profondeur )avec une
première fourchette de tonnages et teneurs et des essais de traitement en laboratoire.
Exemple 2
Exemple 3
6-1
préciser la répartition spatiale des teneurs et tonnages de minerais, envisager une méthode
d’exploitation adaptée à la morphologie fine du gisement, développer un flow sheet du
traitement, et étudier la vente de la production.
Toutes ces études de pré-faisabilité peuvent être synthétisées dans une pré-évaluation de la
rentabilité prévisionnelle du projet, qui prend en compte le maximum de données avec leurs
incertitudes et qui fournit non pas un résultat unique, mais une fourchette de résultats
possibles, ou mieux une distribution de probabilité des résultats : le logiciel MAFMO qui sera
présenté ultérieurement permet d’atteindre cet objectif dans son module (ARIES).
Exemple 4
Des variantes seront généralement possibles, à partir du schéma de base. L’étude de ces
variantes et de la sensibilité du résultat économique aux paramètres les plus importants seront
des éléments fondamentaux de la décision, puisqu'il faut le rappeler, il s’agit toujours de
prévisions et non de la réalité qui sera forcément différente.
Le rapport de faisabilité synthétise toutes les données, tous les résultats (cas de base et
variantes, sensibilité), bref toutes les informations qui peuvent être tirées de l’étude du projet
en lui-même et de ses interactions avec le secteur minier par le biais de la commercialisation
et avec le secteur financier par le biais du financement.
c) Le reste est affaire de stratégie de l’entreprise, pour décider si, oui ou non, le projet
doit être réalisé, à quel moment, et avec quels choix des paramètres essentiels :
dimension de la mine, degré de mécanisation, chronologie de la réalisation du
projet et de l’exploitation des différentes parties du gisement.
Exemple 7
La réalisation du projet, puis la mise en route devront alors être effectuées le plus rapidement
possible (ce seront des phases de dépenses sans recettes), pour arriver au rythme de croisière
envisagé et dégager des recettes très supérieures aux dépenses courantes.
Les besoins d’évaluation ne cessent pas pour autant mais ils changent de nature : dans toute
l’étude du projet l’objectif est une planification à long terme ; dans le fonctionnement de la
6-2
mine, la planification nécessaire sera à court terme et mettra en œuvre des données beaucoup
plus nombreuses et plus précises qui seront fournies quotidiennement par l’exploitation.
. L’évaluation finale –celle qui apparaît dans le rapport de faisabilité- est, bien entendu, celle
qui nécessite la plus grande masse d’informations, de natures diverses et avec la meilleure
précision possible.
Le schéma ci-après regroupe très sommairement ces données, avec leurs principales
interactions. Ce schéma est orienté par le calcul de la rentabilité prévisionnelle du projet grâce
à deux indicateurs : la valeur actualisée et le taux de rentabilité des capitaux investis.
- La valeur actualisée du projet est la somme des cash-flows annuels actualisés au taux
choisi a sur toute la durée du projet.
-Le taux de rentabilité interne des capitaux investis est le taux d’intérêt du placement
bancaire qui conduirait à la même fortune finale.
6-3
Gisement
Investissement
Localisation Rentabilité
R
géologie Réserves et ----- _
teneurs C Financement bénéfice actualité B
taux de rentabilité
interne r
Dépenses
d’exploitation C
Méthode
Marché du d’exploitation
métal Cash
Taxes et
Impôts C’ Flows B
Cadences P
Marché des d’exploitation
équipement
Recettes
Politique N
R
Durée de
économique du
vie
pays
Paramètres de la rentabilité d’un projet minier
( DUCHENE 1978 )
6-4
- Le cash-flows annuel est la différence entre les entrées de fonds et les sorties de fonds au cours
d’une année.
- Les entrées de fond sont essentiellement le produit des ventes de concentrés, accessoirement les
produits financiers. Il s’y ajoute les emprunts effectivement reçus et tous les apports de capitaux
d’actionnaires éventuels, dans la phase initiale principalement.
- Les sorties de fond sont de nature plus variée : dans la phase initiale il s’agit surtout du paiement
des entreprises qui réalisent la mine et des intérêts intercalaires portant sur les premiers emprunts ; plus
tard lorsque le rythme de croisière sera atteint, les sorties de fonds seront principalement : les
remboursements des emprunts et les intérêts correspondant aux sommes non encore remboursées ; les
dépenses d’exploitation ou coûts opératoires (Main d’œuvre, fournitures consommables et pièces de
rechange des machines, énergie) ; les taxes et impôts prélevés par la puissance publique ; les
investissements de renouvellement.
- Les mouvements purement financiers ( emprunts et remboursements, intérêts sur les sommes non
remboursées) sont directement liés au moment de l’investissement initial, lequel dépend surtout de la
dimension du projet et de son contexte géologique et géographique.
- Les taxes et les impôts dépendent de la politique économique du pays et pour une part au moins, des
résultats de l’exploitation.
- Les coûts opératoires sont très dépendants des techniques utilisées pour extraire (sélectivité) et
traiter le minerai, ainsi que du degré de mécanisation des opérations, qui fixe les besoins en main
d’œuvre et en matériel.
- Cadence d’exploitation et durée de vie sont liées par le niveau des réserves exploitables, lesquelles
dépendent du gisement, mais aussi du contexte économique.
. Tout remonte en définitive soit au gisement soit au marché du produit extrait, soit encore à la politique
économique du pays et à travers celle-ci au marché des équipements de production.
.
Les deux tableaux ci-après présentent une liste assez complète des principaux facteurs méritant
considérations dans les études de faisabilité, respectivement pour un projet de mine métallique et pour un
projet de mine de charbon. Ces tableaux sont extraits de l’ouvrage de GENTRY et O’NEIL, intitulé
MINE INVESTMENT ANALYSIS∗, qui constitue un excellent ouvrage de référence pour l’évaluation
des projets miniers. Les auteurs insistent en particulier sur le fait que chaque gisement est unique et que
les facteurs les plus importants ne seront pas toujours les mêmes, selon les substances, la localisation des
gisements et le contexte économique. Mais certains domaines seront toujours de la plus grande
importance : le gisement avec ses réserves dont la quantité et la qualité doivent être estimées sans
pouvoir jamais être connues de manière certaine ; le marché mondial des substances minérales, toujours
insaisissable ; les techniques de production qui font le partage entre coûts opératoires et coûts
d’investissement ; les charges annexes (environnement à protéger, taxes et royalties diverses) qui
peuvent faire éliminer un projet.
∗
MINE INVESTMENT ANALYSIS par D.GENTRY et T.O’NEIL Society of Mining Engineers –New York 1984
6-5
TABLE 2. SALIENT FACTORS REQUIRING CONSIDERATION IN A
FEASIBILITY STUDY
Gentry and Hrebar, 1978
I. Information on Deposit
A. Geology
1. Mineralization: type, grade, uniformity
2. Geologic structure
3. Rock types: physical properties
B. Geometry
1. Size. shape. and altitude
2. Continuity
3. Depth
C. Geography
1. Location: proximity to towns. supply depots
2. Topography
3. Climatic conditions
4. Surface conditions: vegetation. stream diversion
5. Political boundaries
D. Exploration
1. Historical: district, property
2. Current Program
3. Reserves: tonnage, distribution, classification
4. Sampling: types, procedures
5. Proposed program
6-6
IlI. Mining Method Selection
A. Physical Controls
1. Strength: ore, waste. relative
2. Uniformity: mjneralization, blending requirements
3. Continuity: mjneralization
4. Geology: structure
5. Surface disturbance: subsjdence
6. Geometry
B. Selectivity
C. Production Requirements
1. Relative production
2. Development: methods. quanlity, tjme requiremenls
3. Capital requirements vs. availability
6-7
TABLE 3. SALIENT FACTORS REQUIRING CONSIDERATION IN COAL PROPERTY FEASIBILITY STUDIES
.
Gentry and Hrebar, 1980
I. Information on Deposit
A. Geology
Overburden
stratigraphy
geologic structure
physical properties (highwall and spoil characteristics. degree of consolidation)
thickness and variability
overall depth
topsoil parameters
Coal
quality (rank and analysis)
thickness and variability
variability of chemical characteristics
structure (particularly at contacts)
physical characteristics
B. Hydrology (Overburden and Goal)
permeability
porosity
transmissivity
extent of aquifer(s)
C. Geometry
Coal
size
shape
altitude
continuity
D. Geography
location (proximity to distribution centers)
topography
altitude
climate
surface conditions (vegetation, stream diversion)
drainage patterns
political boundaries
E. Exploration
historical (area, property)
current program
sampling (types, procedures)
suite…
6-8
E. Water
potable and preparation
sources
quantity
quality
costs
F. Labor
availability and type (ski\led and unskilled)
rates and trends
degree of organization
labor history
G. Governmental Considerations
taxation (local, state, federal)
royalties
reclamation & operating requirements
zoning
proposed and pending mining legislation
IV Economic Analysis
Sections III and IV repeated for various alternatives
6-9
6.3 Exemple d’un rapport de faisabilité
Les documents ci-après reproduisent le sommaire d’un rapport de faisabilité qui pourrait
accompagner une demande de financement auprès d’un organisme bancaire.
La première partie « Les données du Projet » est un rapport de 200 pages qui situe le projet
dans son cadre géographique et technique, et auquel sont annexés près de 200 plans et schémas
et divers développements sur la minéralogie du minerai et le projet d’urbanisme.
La deuxième partie « le projet » est un rapport de 250 pages qui évoque tous les problèmes
posés par la réalisation du projet, y compris les problèmes économiques.
On notera que l’écoulement de la production n’est pas évoqué, ce qui signifie simplement
que dans le cas particulier dont sont extraites ces quelques pages le marché était parfaitement
défini.
Ces documents ont été présentés par M.MARINO, ingénieur à COGEMA, lors d’un
séminaire d’Economie et Stratégie Minière se déroulant à l’Ecole des Mines de Paris.
6 - 10
PREMIERE PARTIE
1. LE PAYS PRODUCTEUR
1.1. SITUATION
1.2. GEOGRAPHIE PHYSIQUE
1.3. GEOLOGIE
1.4. CLIMAT
1.5. LA POPULATION
1.6. ORGANISATION ADMINISTRATIVE
1.7. LA VIE ECONOMIQUE
1.8. LES COMMUNICATIONS
1.9. L’ENSEIGNEMENT ET LA FORMATION
1.10. CONTEXTE JURIDIQUE
1.11. LEGISLATION DU TRAVAIL
2. LE CADRE REGIONAL
2.1 SITUATION
2.2 LE CADRE PHYSIQUE
2.3 GEOLOGIE
2.4 CLIMAT
2.5 RESSOURCES EN EAU
2.6 POPULATION
2.7 COMMUNICATION AT ACCES
3. HISTORIQUE
4. JOINT VENTURE
1.1 GENERALITES
1.2 LE CADRE JURIDIQUE
1.3 TRAVAUX REALISES PAR LA JOINT VENTURE
1.4 DEPENSES
6 - 11
II- LES DONNEES TECHNIQUES DU PROJET
1. GENERALITES
3. LE GISEMENT
3.1 METHODES
3.2 GEOLOGIE DU GISEMENT
3.3 MINERALISATION
3.4 HYPOTESES METALLOGENIQUES
3.5 CONCLUSION GENERALE
4. RESERVES
4.1 GENERALITES
4.2 METAL GEOLOGIQUE
4.3 METAL EN PLACE TECHNIQUEMENT EXPLOITABLE-
RESERVES ET PERSPECTIVES MINIERES
4.4 L’AVENIR DANS LE PERIMETRE DE LA ZONE INDICIELLE
4.5 POTENTIEL DANS LE PERIMETRE EN DEHORSDE LA ZONE INDICIELLE
CONNUE
4.6 CONCLUSIONS
5. HYDROGEOLOGIE
5.1 GENERALITES
5.2 LES NAPPES EXISTANTES
5.3 PROGRAMME DE TRAVAUX ET D’ETUDES COMPLEMENTAIRES
5.4 PREVISIONS D’EXHAURE EN CARRIERE
5.5 PREVISIONS DE DEVELOPPEMENT ULTERIEUR DU PROGRAMME DE
FORAGES
5.6 CONTROLE DES POLLUTIONS
6. ETUDES GEOTECHNIQUES
7. TOPOGRAPHIE
6 - 12
8. LES ETUDES DE TRAITEMENT
8.1 INTRODUCTION
8.2 REPERAGE DES ECHANTILLONS ET CONSTITUTION DES LOTS
8.3 ETUDE ANALYTIQUE DU TRAITEMENT CHIMIQUE A PARTIR DES
ECHANTILLONS ELEMENTAIRES
8.4 ETUDE SPECIFIQUE DE LOTS MOYENS
8.5 ESSAIS DE LIXIVATION STATIQUE
9. TRANSPORTS
9.1 GENERALITES
9.2 LES CONDITIONS DE TRANSPORT PAR LA VOIE CLASSIQUE
9.3 CAS DES CARBURANTS
9.4 TRANSPORT PAR VOIE AERIENNE
9.5 L’ORGANISATION DES TRANSPORTS DANS LES MINES ACTUELLES
6 - 13
RAPPORT DE FAISABILITE
Plans et annexes
6 - 14
Schémas des méthodes d’exploitation…………………………………………..4
6 - 15
DEUXIEME PARTIE
LE PROJET
I - GENERALITES
1. OBJECTIF VISE
2. OPTONS POSSIBLES
3. LE PROJET DE BASE
3.1 STRUCTURES DU PROJET DE BASE
3.2 LA PRODUCTION ANNUELLE DE CONCENTRE
3.3 LA CAPACITE DE PRODUCTION DE L’EXPLOITATION ET L’ENTREE
DE L’USINE DE TRAITEMENT
3.4 LA DUREE D’EPUISEMENT DES RESERVES
3.5 L’ORDRE D’EXPLOITATION DES DIVERSES PARTIES DU GISEMENT
3.6 LE MODE D’EXTRACTION DES MINERAIS
3.7 LE DEGRE DE SELECTIVITE DES METHODES D’EXPLOITATION
3.8 LES LIMITES DES PANNEAUX MINIERS
3.9 LES PROCEDES DE TRAITEMENT
3.10 LES COUPURES
5. PRESENTATION
II- MINE
3. OPERATIONS AUXILIAIRES
3.1 PRESERVATION DES PAREMENTS – PREDECOUPAGE
3.2 ENTRETIEN DES ROUTES ET DES PISTES
3.3 FABRICATION, STOCKAGE ET MISE EN PLACE DES EXPLOSIFS
3.4 EXHAURE
3.5 ECLAIRAGE
3.6 MANUTENTION DES MINERAIS
4. PARCS ENGINS
9. LE SERVICE MINE
9.1 ORGANISATION DU SERVICE MINE
9.2 FRAIS FIXES DU SERVICE MINE
9.3 EFFECTIFS GLOBAUX DU SERVICE MINE
12. CONCLUSION
12.1 POUR LES INVESTISSEMENTS
12.2 POUR LES FONCTIONNEMENTS
3. PERSONNEL
4. CONSOMMATION D’UTILITES
6 - 18
4.1 VAPEUR
4.2 FUEL
4.3 EAU
4.4 ELECTRICITE
6. COUT DE FONCTIONNEMENT
6.1 COUT DE LA TONNE D’ACIDE
6.2 COUT DE TRAITEMENT
6.3 ECHEANCIER DES DEPENSES DE FONCTIONNEMENT
7. VARIANTE DU PROCEDE
1. GENERALITES
2. LE SERVICE APPROVISIONNEMENT
2.1 ROLE
2.2 MAGASIN CENTRAL
2.3 STOCKAGE DES CARBURANTS
2.4 PERSONNEL ET DEPENSES PROPRES
4. SERVICES GENERAUX
4.1 ROLE
4.2 ACTIVITES FONCTIONNELLES ET GENERALES
4.3 ATELIERS GENERAUX
4.4 ATELIER D’ENTRETIENDES VEHICULES LEGERS ET POIDS LOURDS
( VL-PL )
4.5 PRODUCTION ET DISTRIBUTION DES EAUX
6. FORMATION PROFESSIONNELLE
7. INFORMATIQUE
7.1 GENERALITES
7.2 INVESTISSEMENT ET DEPENSES ANNUELLES
8. SECURITE
8.1 PRINCIPE
8.2 ORGANISATION DU SERVICE
8.3 LES EFFECTIFS DU SERVICE DE SECURITE
9. BUREAUX
V - STRUCTURE ET ORGANISATION
1. PRINCIPES GENERAUX
1.1 INTRODUCTION
1.2 LA DIRECTION GENERALE
1.3 IMPLANTATION DES ORGANES DE DIRECTION
2. LA DIRECTION GENERALE
2.1 LE DIRECTEUR GENERAL
2.2 LE CONTROLE DE GESTION
2.3 LE SECRETARIAT GENERAL
2.4 LE DEPARTEMENT DU PERSONNEL
2.5 LE DEPARTEMENT FINANCIER COMPTABLE
2.6 LE BUREAU DES ACHATS
6 - 20
2.7 LE BUREAU D’INTENDANCE
2.8 DEPENSES
5. LES EFFECTIFS
VI - PROGRAMME D’URBANISATION
1. GENERALITES
3. REALISATION DE LA PREDECOUVERTURE
4. INSTALLATIONS INDUSTRIELLES
4.1 TRAITEMENT
4.2 UTILITES
5. ZONE INDUSTRIELLE
6 - 21
7. ORGANISATION TRANSITOIRE
8. ETUDES
8.1 USINE DE TRAITEMENT
8.2 CENTRALE
8.3 CONSTRUCTIONS
8.4 DIVERS
1. GENERALITES
6 - 22
CONCLUSION
Les différentes approches présentées ont permis de dégager les différentes catégories de
données nécessaires aux évaluations d’un projet. Aux stades préliminaires de la reconnaissance
les éléments financiers et fiscaux seront généralement négligés et on ne s’intéressera qu’à une
évaluation économique intrinsèque du projet : l’investissement sera alors pris en compte
globalement par son montant total et les autres données fondamentales seront les coûts
opératoires et le produit des ventes.
6 - 23
Chapitre 7
Méthodologie générale
2 questions préalables
- à quel stade
- pour quel usage
Un cas particulier est le projet , qui doit être évalué à tous les stades
pour conduire à une décision de faisabilité et à une réalisation.
7-1
EVALUATION D’UNE PROPRIETE MINIERE
Capitalisation boursière
n=
Profit après impôt
N
CFn
VAN = ∑ quelle valeur pour a ?
0 (1 + a)n
7-2
UTILISATION
1- Evaluation de la propriété
N
CFn avec CFn sans
= ∑0
(
(1 + a)n
-
(1 + a)n
)
→ Le passé est effacé dans le calcul relatif à l’opération, ainsi que ses effets sur le futur
(remboursement des dettes éventuelles).
N
CFn avec
VANopération pour l’acheteur = - Prix d’achat + ∑ 0 (1 + a)n
N
CFn sans
VANopération pour le vendeur = - ∑
0 (1 + a)n
+ Prix de vente
7-3