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Initiation à la science économique

Enseignant : Mohammed BENAYAD

Année universitaire : 2021-2022


Table des matières
Abstract ................................................................................................................................ 3
Introduction......................................................................................................................... 4
1. Comportement du consommateur et fonction de demande........................................ 6
1.1. Optimisation du choix du consommateur .................................................. 6
1.1.1. Préférences et fonction d'utilité ............................................................ 6
1.1.2. Ensemble de consommation et contrainte budgétaire ........................ 10
1.1.3. L’optimisation du choix du consommateur ........................................ 12
1.2. Les lois régissant la demande et leurs implications .................................. 16
1.2.1. Les lois fondamentales de la demande ............................................... 16
1.2.2. L’élasticité de la demande .................................................................. 19
1.2.3. Demande et bien-être du consommateur ........................................... 22
1.3. Exercices du chapitre 1............................................................................ 23
1.4. Solutions des exercices du chapitre 1 ............... Erreur ! Signet non défini.

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Abstract
Ce support pédagogique est le fruit de quatre années d’enseignement de la
microéconomie aux étudiants de l’Ecole Supérieure des Industries du Textile
et de l’Habillement (Esith). Il s’intéresse à la spécification du comportement
du consommateur et du producteur et à la présentation des principales lois
régissant le marché dans un contexte de concurrence pure et parfaite. Il
examine le cas du monopole pour illustrer les conséquences des défaillances
de marché de concurrence pure et parfaite. Les deux derniers chapitres
présentent les principaux agrégats utilisés par les macroéconomistes et
discutent des déterminants de la croissance économique.
L’élaboration de ce support pédagogique se réfère aux ouvrages de Hal R.
Varian1 et de Gregory N. Mankiw2. Des explications ou des détails ont été puisés
dans diverses autres sources. Des exercices pratiques sont suggérés à la fin
de chaque section et chaque fois que c’est opportun, des exemples se référant
à la réalité économique marocaine ont été cités à titre d’illustration.

1Hal R. Varian « Introduction à la microéconomie », traduction de la 6ème édition américaine


par Bernard Thiry, édition Nouveaux Horizons, 2005.
2Gregory N. Mankiw « Macroéconomie » Traduction de la 8e édition américaine par Jihad C.
El Naboulsi 6e édition 2013.

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Introduction
L'analyse microéconomique est fondée sur une vision bien particulière de l'activité
économique. Elle fait référence notamment à l’individu méthodique, à la rationalité des
agents économiques et à l’équilibre. Comme toute théorie, on attend de la science
économique une meilleure compréhension de l'activité économique et de ses résultats.
Cette compréhension permet d’assurer deux objectifs :
- aider l'agent économique à tirer un meilleur parti de l'activité économique (c’est la
fonction positive de la théorie) ;
- disposer d’un référentiel à même de permettre la conception des politiques
économiques et d'évaluer leur efficacité et leur impact sur les agents économiques et
sur le bien-être de la collectivité (C’est la fonction normative de la théorie).
Convient-il de préciser, à cet égard, qu’une théorie, quel que soit son champ d’application,
permet, une meilleure compréhension de la réalité quand elle est empiriquement testable
et testée soit dans le monde réel (cas des sciences humaines), soit dans un laboratoire (cas
des sciences exacts).
Comme la majorité des sciences humaines le « laboratoire » des théories économiques n’est
rien d’autre que le comportement quotidien des agents économiques. C’est à travers
l’observation de ces comportements qu’on peut approcher la pertinence des théories et
leur capacité d’expliquer et de prédire les faits économiques.
Comparativement aux sciences exacts (physique, chimie, etc.), le « laboratoire » des
sciences économiques demeure particulier. En effet, on ne peut pas ériger une société en
laboratoire fermé remplissant toutes les conditions et les hypothèses qui fondent les
théories scientifiques et leur permettent de démontrer avec une exactitude chiffrée les
énoncées et relations développées par les théories.
Pourquoi développer donc les théories économiques s’il est quasiment impossible de
les tester selon les normes des sciences exactes ? Parce que la combinaison de ces
théories avec une certaine connaissance du terrain et l'intuition peuvent quand
même conduire à une meilleure compréhension du monde réel. La connaissance du
terrain permet de vérifier si le modèle théorique est pertinent et si ses hypothèses
sont acceptables compte tenu du comportement observé des agents. Si les théories
sont ainsi vérifiées, elles permettent de simplifier les problèmes et d'organiser les
idées dans un cadre logique.
Une tâche importante de l’analyse économique est de prédire le comportement d’un
agent type généralement un consommateur ou un producteur. Mais elle s’intéresse,
également, à ce que pourrait être le résultat du comportement simultané des agents
individuels dans un même contexte institutionnel. L’outil théorique privilégié, à cet
égard, est l’analyse en termes d’équilibre.
De manière générale, un équilibre est une situation dans laquelle chaque agent
individuel atteint son objectif particulier étant données les actions des autres acteurs
et la nature du marché dans lequel il opère. Exprimé autrement, un équilibre est
une situation dans laquelle un agent individuel ayant atteint son optimum, n’aura
aucun intérêt particulier à modifier son comportement.
Ce genre d’équilibre est particulièrement vérifié dans le contexte du marché
concurrentiel. Dans ce type de marché, les producteurs et les consommateurs sont
exposés à un même système de prix des biens sur lesquels ils n’ont aucune prise.
En prenant ce système comme donné, chaque producteur choisit, dans son ensemble

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de production, l’activité productive qui lui est la plus profitable. De même, chaque
consommateur, doté d’une richesse résultant de ses revenus (salaires ou revenus du
capital investi, etc.), choisit le panier des biens qui lui procure le plus de satisfaction.
Cette description abstraite du comportement des consommateurs et des producteurs
dans un environnement concurrentiel est souvent critiquée comme étant “irréaliste”.
L’irréalisme de cette description concerne surtout le comportement des producteurs.
En effet, en première approximation, l’hypothèse que le consommateur individuel
n’ait pas de prise sur le prix des biens qu’il achète apparaît raisonnable. Cependant,
il est à priori peu satisfaisant de supposer qu’une firme comme Peugeot ou Toyota
décide du nombre de voitures qu’elle mettra sur le marché en prenant le prix de vente
de ces voitures comme une donnée indépendante de son contrôle.
Ces nuances ont constitué le fil conducteur de l’élaboration de ce support pédagogique.
Dans un premier temps, on précisera les lois fondamentales régissant la demande,
l’offre et l’équilibre du marché de concurrence pure et parfaite avant de s’intéresser à
l’analyse des défaillances de ce marché à travers l’examen du cas du monopole. Le
cinquième et sixième chapitres permettront de situer l’analyse économique au niveau
d’une nation en examinant les grandeurs macroéconomiques usuelles et en présentant
une synthèse des théories de la croissance économique.
Il serait opportun de rappeler que le principal objectif de ce cours est de contribuer au
développement de la connaissance du fonctionnement des entreprises et des marchés.
Au terme du cours, l'étudiant devrait être capable de comprendre et de pouvoir utiliser
quelques outils de base de l’analyse du comportement des marchés et des agents qui les
animent dont notamment les consommateurs et les producteurs.

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1. Comportement du consommateur et
fonction de demande
1.1. Optimisation du choix du consommateur
Dans la théorie microéconomique, le consommateur est un agent (individu ou ménage)
doté d’un comportement rationnel lui permettant de choisir, dans l’ensemble de
consommation qui lui est accessible, une certaine combinaison des biens et services qui
lui procurent le maximum de satisfaction. Dans cette section, on examinera dans un
premier temps les préférences du consommateur dans l’objectif de délimiter ce que veut
un consommateur. Dans un deuxième temps on caractérisera les contraintes auxquelles
fait face le consommateur pour définir ce qu’il peut consommer. Puisqu’il y a toujours un
décalage entre ce qu’on veut et ce qu’on peut, on analysera, enfin, ce que choisit un
consommateur contenu de ses contraintes et ses objectifs.
1.1.1. Préférences et fonction d'utilité
Dans cette section on s’intéressera à ce que veut consommer un individu ou un
ménage. Dans ce domaine, la microéconomie utilise les concepts de courbes
d’indifférence et de fonction d’utilité. Pour pouvoir choisir, le consommateur doit
distinguer entre les biens. Le consommateur accorde d’une manière implicite des
valeurs différentiées selon ses désirs et ses préférences aux différents biens qu’il peut
consommer. Afin de caractériser ces désirs et préférences on se limitera à un ensemble
X de deux biens (x1 et x2) tels que : X = ( x1, x 2)  R+
2

Si le consommateur fait face à deux paniers X et Y, il peut les classer du point de vue
de la satisfaction qu'ils lui procurent. Ainsi, on dira :
- qu’il préfère strictement X à Y, s’il choisit nécessairement X par ce qu’il est
satisfait entièrement de la consommation de ce panier ;
- qu’il est indifférent relativement aux deux paniers si les deux lui procurent le
même niveau de satisfaction.
Le comportement du consommateur est, également, supposé cohérent. Cette
hypothèse est fondée sur les trois axiomes suivants qui supposent que la relation de
préférence est une relation :
- complète dans le sens où quelsque soient les paniers de consommation X et Y on a
soit une préférence strict pour un panier ou une indifférence entre les deux paniers ;
- réflexive dans le sens ou si l’on est satisfait strictement par un panier on ne
peut choisir que ce panier ;
- transitive dans le sens où quels que soit les paniers de consommations X, Y et Z
si l’on a une préférence pour X relativement Y et une préférence pour Y relativement
à Z alors X est préférable à Z.
Les axiomes ci-dessus permettent de caractériser la courbe d’indifférence qui se
définie comme l’ensemble des paniers de biens qui procurent le même niveau de
satisfaction ou en d’autres termes pour lesquels un consommateur serait indifférent.
Les courbes d'indifférence servent à analyser le choix du consommateur. Par
exemple, si un consommateur est satisfait de la même façon par 1 pomme et 4
bananes, 2 pommes et 2 bananes, ou 5 pommes et 1 banane, alors ces combinaisons
seront reliées par la même courbe d'indifférence.
On peut facilement relever que les préférences dépendent de la nature des relations entre
les biens. Si l’on aime le lait au chocolat relativement à toute autre boisson, on doit choisir
le panier constitué du lait et du chocolat. Dans ce cadre on dira que le lait et le chocolat
sont des biens complémentaires car on ne peut pas consommer l’un sans l’autre.

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On peut supposer que pour consommer x2
un verre de lait au chocolat on aura Graphique 5.3. Courbes d’indifférence

besoin d’une cuillère de chocolat (x1) et


d’un décilitre de lait (x2) et que cette
consommation nous procure un niveau
de satisfaction I0. Dans ce contexte et A

comme l’illustre le graphique 5.3, la


courbe d’indifférence (en rouge) serait C

formée de deux droites perpendiculaires


avec un rapport (1/1) qui exprime le ratio
I2
x2.3
I1

de complémentarité entre le lait et le


x2.2
I0
x2.1

chocolat. Ce rapport, mesuré par l’angle


de la droite OC, qui exprime de degré de I1
I2

complémentarité entre le chocolat et le


I2

I1 I0

lait. Si un consommateur aime la 0 x1.1 x1.2 x1.3


I0 B
X1

combinaison 1 décilitre de lait et deux


cuillères de chocolat, la droite OC doit s’incliner à droite pour exprimer cette nouvelle
courbe d’indifférence.
Si l’on consomme deux verres de chocolats notre niveau de satisfaction augmente et
on sera sur une nouvelle courbe d’indifférence I1 qui exprime un niveau de
satisfaction plus élevé. Ainsi, plus on se déplace à droite, plus on est sur des courbes
d’indifférence plus élevées plus notre niveau de satisfaction augmente.
Si l’on suppose maintenant qu’on a du pain gratuit et qu’on est complètement indifférent
pour le tartiner soit par une cuillère de la margarine (x1), soit par une cuillère du beurre
fermier (x2) ou par toute autres combinaisons de margarine et du beurre fermier, notre
courbe d’indifférence prendra l’allure d’une droite (en vert dans le graphique 5.3) par ce
qu’elle exprime une relation entre deux biens parfaitement substituables.
Dans ce contexte, la pente de la droite d’indifférence exprime le rapport de
substitution entre le beurre et la margarine. Dans le graphique 5.3 ce rapport est
supposé égale à 1 or il peut être égale à ½ si le consommateur est indifférent entre
une cuillère du beurre fermier et deux cuillères de margarine.
Comme pour le lait au chocolat, une deuxième tranche de pain tartiné uniquement avec deux
cuillères du beurre fermier (point A) ou uniquement avec deux cuillères de margarine (point
B) ou tout autre combinaison de beurre et de la margarine procure un niveau de satisfaction
plus élevé et on se déplacera de la courbe d’indifférence I0 à la courbe d’indifférence I1.
Les biens parfaitement substituables ou x2

parfaitement complémentaires sont des Graphique 5.4. Non intersection et décroissance


des courbes d’indifférence

cas extrêmes, la relation entre les biens se


caractérise généralement par des niveaux
intermédiaires de substitution et de C

complémentarité. Dans ce contexte les A

biens sont qualifiés de biens


imparfaitement substituables. La D

courbe d’indifférence de ce genre de biens


est une hyperbole. Les courbes
d’indifférence, quelque doit leur nature,
B E

ont quatre propriétés :


1. Celles les plus hautes sont préférées X1

à celles les plus basses car les


consommateurs préfèrent toujours consommer plus sauf s’ils sont contraints ;

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2. Mis à part les biens complémentaires dont les courbes n’ont pas de pente, les
courbes d’indifférences sont décroissantes car si l’on veut rester sur le même niveau
de satisfaction et consommer plus de x1 il faut absolument diminuer x2. Pour passer
du point C au point D, il faut augmenter x1 et diminuer x2.
3. Les courbes d'indifférence ne se coupent jamais. Cette propriété découle de
l’axiome de transitivité des préférences. En effet, puisque les combinaisons A et
B sont sur la même courbe d’indifférence donc elles apportent au consommateur
le même niveau de satisfaction. De même, B et C sont sur la même courbe
d’indifférence donc ils apportent au consommateur le même niveau de
satisfaction. Si l’on retient le principe de la transitivité A et C doivent procurer le
même niveau de satisfaction au consommateur. Or le point C est situé sur une
courbe supérieure à celle de A donc elle est préférée à A en vertu de la première
propriété des courbes d’indifférence, ce qui est impossible ;
4. les courbes sont convexes par rapport à l'origine. Cette propriété reflète la volonté plus
grande du consommateur de renoncer à un bien dont il dispose déjà d’une quantité
importante. A tire d’exemple, supposant que x1 est coca-cola et x2 un sandwich. Au
point C du graphique 5.4, le consommateur dispose de beaucoup de sandwichs mais
et peu de Coca-cola : il ne risque pas d’avoir faim mais il risque d’avoir soif. Il peut
renoncer à plus de sandwichs contre peu de Coca-cola. Par contre, au point E, il sera
disposé à renoncer à plus de Coca-cola contre peu de sandwichs. L'utilité de la
dernière unité de consommation est inférieure à la précédente d’où la notion de la
décroissance de l'utilité marginale qu’on examinera incessamment.
On peut vérifier la quatrième propriété des courbes d’indifférence en ayant recours au
concept du taux marginal de substitution (TMS) qui correspond à la pente de la
tangente à la courbe d’indifférence (en rouge dans le graphique 5.4). Il est aisé de constater
que ce taux décroit quand on consomme plus de x1. Il précise la quantité de x2 que le
consommateur exigerait en vue de renoncer à la consommation d’une unité du bien x1.
Le taux auquel le consommateur désire échanger un bien contre un autre dépend de la
quantité des biens qu’il consomme déjà. S’il est au point C du graphique 5.4, il consomme
déjà beaucoup de sandwichs et peu de Coca-cola. Il est prêt à céder plus de sandwichs
contre Coca-cola au point C qu’au point E. D’où la notion de décroissance du TMS.
Il convient de remarquer que la notion du TMS est similaire à celle de la valeur relative
qui sera évoquée dans l’analyse de la contrainte budgétaire. En effet, les deux notions
expriment un rapport d’échange entre les biens sauf que la valeur relative mesure
le rapport d’échange par rapport aux prix du marché (relativement à ce que peut le
consommateur) alors que le TMS mesure le rapport d’échange par rapport à ce que
désire le consommateur (relativement à ce que veut le consommateur).
Il est à remarquer que le TMS est décroissant uniquement le long de la courbe
d'indifférence pour des substituts imparfaits (préférences convexes) alors que pour
des substituts parfaits il est constant et pour des biens complémentaires il est nul
du fait que par nature ces biens ne peuvent pas être substituables.
La relation de préférence donne le classement par l'individu des différents paniers
selon le degré de satisfaction qu'ils lui procurent. Une manière commode de
représenter ces préférences est assurée par la fonction d'utilité. Il convient de
préciser, à cet égard, qu’il est illusoire de vouloir trouver une mesure exacte de la
satisfaction des individus. Mais les micro-économistes se sont intéressés pendant
longtemps à répondre à la question suivante : Peut-on trouver une fonction qui
pourrait caractériser les préférences d’un consommateur rationnel ?
La réponse à cette question est positive sous certaines conditions dont notamment
celle relative à la transitivité des préférences. Si cette condition est vérifiée on peut
établir une carte d'indifférence et lui associer une fonction d'utilité qui accorde des

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valeurs plus élevées à des courbes plus éloignées de l'origine. Ainsi, à partir d'une
fonction d'utilité U(x1, x2), il est aisé de construire les courbes d'indifférences qui
correspondent à tous les paniers procurant le même niveau de satisfaction au
consommateur et par conséquent la même valeur d'utilité.
En effet, selon le degré de substitution et de complémentarité des biens on peut spécifier
des fonctions d’utilité qui caractérisent les courbes d’indifférence examinées ci-dessus.
Si l’on se réfère à l’exemple du lait au chocolat qui sont deux biens complémentaires,
on peut caractériser la courbe d’indifférence par la fonction d’utilité suivante :
𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = min {𝑎1 𝑥1 , 𝑎2 𝑥2 } 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑎1 = 1 𝑒𝑡 𝑎2 = 1
Si l’on prend l’exemple de la margarine et du beurre fermier, les deux biens sont
parfaitement substituables, la fonction d’utilité e serait spécifiée par :
𝑈 = 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 𝑎1 𝑥1 + 𝑎2 𝑥2
Entre la complémentarité et la substitution parfaite, on peut spécifier des fonctions
d’utilité de deux biens imparfaitement substituables. C’est le cas d’une fonction
de Cobb-Douglass ou une fonction à élasticité de substitution constante soit :

 
1
s
U = U (x 1, x 2) = Ax1a x 2b ou U = A ax1r + (1 − a )x 2r r avec r =
s −1
Il convient, également, de préciser le concept de l'utilité marginale qui mesure la
variation de l'utilité suite à une modification infinitésimale de la quantité consommée
𝛥𝑈 𝑈(𝑥1 +𝛥𝑥1 ,𝑥2 )−𝑈(𝑥1 ,𝑥2 )
d'un bien : 𝑥1 → 𝑥1 + 𝛥𝑥1 ⇒ 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) → (𝑥1 + 𝛥𝑥1 , 𝑥2 ) ; = = 𝑈𝑚1 . Si
𝛥𝑥1 𝛥𝑥1
𝛥𝑈 𝜕𝑈
U est une fonction continue : 𝑈𝑚1 = lim =
𝛥𝑥1 →0 𝛥𝑥1 𝜕𝑥1
Ainsi, dans le cas de fonctions continues, l’utilité marginale correspond à la dérivée
partielle de la fonction d’utilité. Il est évident que la valeur de l'utilité marginale dépend
de la forme particulière de la fonction d'utilité. Ainsi, si l’on prend, à titre d’exemple, une
fonction d’utilité de biens parfaitement substituables ; soit U(x1 , x2 ) = 2x1 + 6x2 , les
utilités marginales correspondraient à :
𝜕𝑈 𝜕𝑈
𝑈𝑚1 = = 2 et 𝑈𝑚2 = =6
𝜕𝑥1 𝜕𝑥1
On dira alors que la consommation d’une unité supplémentaire du bien x1 améliore
la satisfaction ou l’utilité de deux points alors que la consommation d’une unité
supplémentaire du bien x2 procurerait une amélioration de l’utilité de 6 points.
Par ailleurs, on sait que l’utilité le long d’une courbe d’indifférence est constante car
le niveau de satisfaction est constant. Dans ce contexte, la dérivée totale de la
fonction d’utilité serait nulle soit :
𝜕𝑈 𝜕𝑈 𝑑𝑥2 𝑈𝑚1
𝑑𝑈 = 𝑑𝑥1 + 𝑑𝑥2 = 𝑑𝑥1 𝑈𝑚1 + 𝑑𝑥2 𝑈𝑚2 = 0 ⇔ − = = 𝑇𝑀𝑆
𝜕𝑥1 𝜕𝑥2 𝑑𝑥1 𝑈𝑚2
On retrouve ainsi une façon quantitative de définir le taux marginal de
substitution. Il correspondrait au rapport des utilités marginales. En effet,
puisque l’utilité marginale mesure la variation de l’utilité induite par l’augmentation
de la consommation d’une unité d’un bien, toute chose étant égale par ailleurs, le
TMS exprimerait le niveau d’utilité auquel le consommateur doit renoncer s’il veut
augmenter sa consommation d’une unité du bien x1.
Il est évident que le TMS de deux biens de consommation complémentaire est nul car
par définition ces deux biens ne sont pas substituables. Quid alors des biens
parfaitement et imparfaitement substituables. Soit les fonctions d’utilité U et V
caractérisant respectivement ces deux types de biens, on peut alors écrire :

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𝜕𝑈
𝑈𝑚1 𝜕𝑥1 𝑎 𝑉𝑚1 𝑥2
𝑈 = 𝑎𝑥1 + 𝑏𝑥2 ⇒ 𝑇𝑀𝑆 = = = 𝑒𝑡 V = 𝑥1 𝑥2 ⇒ 𝑇𝑀𝑆 = =
𝑈𝑚2 𝜕𝑈 𝑏 𝑉𝑚2 𝑥1
𝜕𝑥2
Il est à remarquer que le TMS de deux biens parfaitement substituables est constant car
il ne dépend que des paramètres a et b en revanche celui des biens imparfaitement
substituables est variables. En effet, comme mentionné ci-dessus, le taux de
substitution auquel le consommateur désire échanger un bien contre un autre
dépend de la quantité des biens qu’il consomme déjà. A cet égard, il est à relever que
l’utilité marginale de x1 est une fonction de x2 et inversement.
1.1.2. Ensemble de consommation et contrainte budgétaire
L’ensemble de consommation délimite ce que peut consommer un consommateur.
Dans la vie quotidienne on a la possibilité de consommer plusieurs biens si on a les
moyens de les acheter. Mais parfois on préfère ne pas les acheter parce qu’ils ne
correspondent pas à ce qu’on veut.
A cet égard, on définit l’ensemble de consommation comme l’ensemble de tous les
paniers de biens et services (x1, x2, x3,...xn) que le consommateur peut biologiquement
et physiquement se procurer. On retient, que les quantités formant le panier de
consommation sont toujours positives. D’où, la définition mathématique de
l’ensemble de consommation C = R soit l’ensemble des vecteurs (paniers) de dimension
n+

n et d’éléments supérieurs ou égaux à zéro. Dans la cadre de ce cours on se limitera à


l’examen du panier composé de deux biens soit C = R2+.
Si l’hypothèse de C = Rn+ paraît plausible pour certains choix de consommation, elle ne l’est
pas pour beaucoup d’autres car il y a des contraintes physiques et biologiques à la
consommation qui font que le consommateur ne peut pas consommer au-delà ou moins
d’une certaine quantité. A titre d’exemple, supposons deux biens : le premier désigne la
quantité d’eau potable consommée par mois et le second, l’argent disponible à d’autre usage.
Un consommateur ne peut rester en vie si sa consommation mensuelle en eau potable
n’atteint pas un certain seuil minimal (disons de 12 litres). Aucun panier de biens
impliquant une consommation d’eau inférieure à 12 litres par mois n’est donc
biologiquement possible pour le consommateur.
On peut, également, imaginer un panier composé de la coupe de cheveux (mesurées en
nombre de coupes par mois) et l’argent disponible à d’autres usages. Les lois de biologie
gouvernant le temps de renouvellement de la chevelure ne permettent pas au consommateur
de consommer n’importe quel nombre de coupe de cheveux par mois. Sans doute, il lui est
impossible de se faire couper plus de 100 fois les cheveux sur un espace de 30 jours !
Dans la théorie microéconomique, l’ensemble de consommation est assimilé à Rn+ pour des
raisons de commodité et de simplification de l’élaboration des concepts et d’outils d’analyse. Dans
la réalité, l’ensemble de consommation est généralement tronqué par des contraintes multiples :
- économiques liées notamment au revenu du consommateur qui limite son accès
à certains produits ;
- de préférences individuelles qui orientent les choix des consommateurs plutôt
vers des produits que d’autres ;
- de choix sociaux comme la protection de l’environnement, de la santé, etc ;
- d’habitudes sociales qui conditionnent le choix des ensembles culinaires et
vestimentaires des populations (riz pour l’Asie vs blé pour l’Afrique du Nord et
costume pour l’Occident vs gandoura, djellaba, etc.) ;
- religieuses stipulant la prohibition de la consommation d’un ensemble de biens
(alcool et porc pour les musulmans et produits non cacher pour les juifs, viandes
pour les bouddhistes etc.) ou de services (prêts avec intérêts pour certaines
interprétations de l’islam, etc.).

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Parmi tous ces ensembles de contraintes, la microéconomie s’intéresse principalement
aux deux premières liées au revenu et aux préférences des consommateurs. Ainsi,
considérons deux biens dont les quantités à consommer sont x1 et x2 et les prix P1 et P2.
Supposons que le revenu du consommateur est égal à m. La contrainte budgétaire peut
être formulée ainsi : P1x1 + P2x2 ≤ m.
Tous les paniers vérifiant cette contrainte X2

forment l'ensemble de consommation ou du


budget du consommateur illustré dans le Graphique 5.1. Ensemble de consommation et
contrainte budgétaire
graphique 5.1. L’ensemble du budget est m1
P2
délimité par la contrainte budgétaire
correspondant à toutes les combinaisons de m B P1x1 + P2x2 = m

consommation des biens x1 et x2 qui P2

épuiseraient complètement le revenu m du


m2 < m
m2

consommateur. La contrainte budgétaire P2


m1 > m

peut être formulée par :


𝑚 𝑃1
𝑃1 𝑥1 + 𝑃2 𝑥2 = 𝑚 ⇔ 𝑥2 = − 𝑥1
𝑃2 𝑃2
Le point A du graphique 5.1 correspond à Ensemble de

une consommation nulle de bien x1 alors que


consommation

A
le point B correspond à une consommation m2 m m1 X1

nulle du bien x2. En d’autres termes, au P1 P1 P1

point A, le consommateur consacre tout son


budget à la consommation du bien 1 alors X2

qu’au point B, il le consacre entièrement à Graphique 5.2. Effet de variation des prix sur

la consommation du bien 2. La pente de la l’ensemble de consommation

droite traduisant la contrainte budgétaire m A


P2
exprime, par ailleurs, le nombre d'unités de
bien x2 que le consommateur peut acheter
en renonçant à une unité de bien x1. C'est P < P’
la valeur relative d'une unité de bien x1 en
termes d'unités de bien x2. Ainsi, à titre
d’exemple, si p1 = 5 et p2 = 1, une unité du
bien 1 vaut 5 unités du bien 2. C'est donc
C

le prix relatif du bien 1 par rapport au bien


2, mais du point de vue du marché. Ce prix
implique que si le consommateur veut B
B’
consommer une unité de bien 1 en plus m m X1

sans dépenser plus, il doit diminuer sa P1' P1

consommation du bien 2 de 5 unités.


Il convient de remarquer, également, que la contrainte budgétaire est fonction du
revenu (m) du consommateur et des prix des biens. En effet, le revenu peut varier
par suite de son comportement propre (augmentation ou diminution de salaire) ou
suite à une variation des prix des biens (hausse ou baisse des prix).
Le graphiques 5.1 illustre l’impact d’une variation propre du revenu du
consommateur sur la droite budgétaire. Ainsi, une augmentation du revenu (m1>m)
se traduit par une translation à droite de la contrainte budgétaire. Elle implique un
élargissement de l’ensemble de budget sans modification du rapport des prix des
biens. Inversement, une baisse du revenu (m2<m) provoque une translation à gauche
de la droite budgétaire exprimant une contraction de l’ensemble budgétaire.
Le graphique 5.2 illustre l’effet d’une variation du prix P1 sur l’ensemble de consommation.
Ainsi, si l’on suppose une augmentation du prix P1, il en résulterait une rotation de la
contrainte budgétaire exprimant un changement dans le rapport des prix des biens

11
constituant l’ensemble de consommation. Ce dernier se rétrécit traduisant ainsi la
diminution du pouvoir d’achat du consommateur suite à l’augmentation du prix. Cette
restriction fera, à titre d’exemple que les points B et C ne sont plus accessibles pour le
consommateur (il ne peut plus les consommer).
Que se passerait-il si l’on a une augmentation proportionnelle des prix des deux biens et
du revenu du consommateur par un facteur t ≠ 0. On peut établir l’implication suivante :
P1 → tP1  tP1 x1 + tP 2 x 2 = tm
 
P 2 → tP 2    t ( P1 x1 + P 2 x 2 ) = tm
m → tm  
 P1 x1 + P 2 x 2 = m

On constate que la contrainte budgétaire reste la même. On dira alors qu’il y a
absence d'illusion monétaire : une augmentation proportionnelle des prix et de
revenu ne change rien dans l’ensemble de consommation. En effet, supposons qu’on
a un salaire de 100 dhs et qu’on achète avec un demi-kg de viande à 50 dhs et 10 kg
de légumes à 50 dhs. Après un certain temps les prix de la viande et des légumes ont
doublé et le gouvernement a décidé d’augmenter les salaires de 100% on aura 200
dhs de salaire. On continuera d’acheter avec 200 dhs un demi-kg de viande et 10 kg
de légumes. Notre panier de consommation ne connaîtra aucun changement malgré
le doublement du salaire nominal. Le salaire réel ne connaitra aucun changement
car les prix ont également doublé.
De même, on peut constater que la contrainte budgétaire exprime une relation entre
deux variables (x1 et x2) en fonction de trois paramètres (p1, p2 et m). C’est une équation
surdéterminée (deux variables et trois paramètres) où l’un des paramètres est redondant.
On pourrait donc normaliser la contrainte budgétaire de manière à avoir une valeur
unitaire pour l’un de ces paramètres comme l’illustre la formulation suivante :
 P1 P2
m x1 + x2 = 1
m

 P1 m
P1 x1 + P 2 x 2 = m  ou x1 + x 2 =
 P2 P2
 p2 m
ou x1 + p1 x 2 =
 P1

On appelle alors la variable normalisée le numéraire. Le bien dont le prix est utilisé
comme numéraire est appelé le bien numéraire. Dans la première formulation ci-dessus,
le revenu joue le rôle du numéraire (m = 1). Elle indique comment sera répartie une unité
du revenu (un dhs à titre d’exemple) entre les consommations de x1 et x2.
1.1.3. L’optimisation du choix du consommateur
Lors des deux premières sections on x2

a caractérisé ce que peut et ce que Graphique 5.5. Equilibre du consommateur

veut consommer le consommateur.


Entre ce qu’on peut et ce qu’on veut
il y a toujours un décalage qui
s’explique par l’adage : on ne peut
m A D
x 2* =
b

pas avoir tout ce qu’on veut. Donc,


cette section caractérisera comment F

le consommateur opère son choix. E


x 2*
On dira d’emblée que le
consommateur atteint l’optimum G

quand le maximum de ce qu’il veut


C

I0

consommer correspond à ce qu’il B

peut acheter. En effet, parmi


0
x1* x1* =
m X1
a

l'ensemble des paniers que peut acheter

12
le consommateur, il doit choisir celui qu'il préfère. Il doit plus spécifiquement maximiser son
utilité (avoir le maximum de satisfaction) tout en respectant sa contrainte budgétaire. Soit le
programme d’optimisation suivant :
𝑚𝑎𝑥 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ); sujet à 𝑃1 𝑥1 + 𝑃2 𝑥2 = 𝑚
𝑥1 ,𝑥2
Si l’on se réfère au graphique 5.5 on peut supposer que le consommateur voudrait bien
consommer la combinaison F mais ce point et à l’extérieur de son ensemble budgétaire
délimité par la contrainte budgétaire (droite rouge). Donc il doit revenir sur une courbe
d’indifférence qui appartient à cet ensemble. On peut mentionner, également, que si le
consommateur est au point G, il peut toujours maximiser son utilité en se plaçant sur des
courbes d’indifférence supérieures mais sans jamais dépasser la contrainte budgétaire.
On peut tirer une première conclusion précisant que les paniers maximums que peut
consommer le consommateur sont situés sur la droite budgétaire. Sur cette droite la
pente est équivalente au rapport des prix des deux biens. Rappelons que cette pente
exprime la valeur relative des deux biens du point de vue du marché.
Si l’on suppose que le consommateur veut avoir un niveau de satisfaction I0 mais il
préfère consommer le panier D. La pente de la tangente à la courbe d’indifférence au
point D est supérieure à celle de la droite budgétaire. Cela implique que la valeur
utilitaire relative qu’accorde le consommateur au bien x 2 (TMS) est supérieure à la
valeur relative du marché de ce bien (pente de la droite budgétaire). De ce fait le point
D est à l’extérieur de l’ensemble budgétaire donc il est inaccessible au consommateur.
Pour garder le même niveau de satisfaction, le consommateur est obligé de réduire le
niveau de consommation du bien x2 jusqu’au point E. On peut faire un raisonnement
quasi identique pour le panier C où le consommateur sera obligé (s’il veut rester sur I0) de
réduire sa consommation du bien x1 en faveur de x2 et convergera ainsi vers le point E.
Le point E correspond à l'optimum du consommateur car il lui permet d’atteindre l'utilité
la plus élevée possible étant donné son revenu. Cet optimum est atteint par ce que E est
d’une part, sur la droite du budget (donc le consommateur ne dépasse pas son revenu et
le dépense complètement pour la satisfaction de ses besoins) et d’autre part, à ce point la
pente de la droite budgétaire (valeur relative marchande) est égale à la pente de la tangente
à la courbe d'indifférence (valeur utilitaire accordée par le consommateur) soit le TMS. Ces
deux conditions peuvent être exprimées ainsi :
𝑃1 𝑥1∗ + 𝑃2 𝑥2∗ = 𝑚
𝐸 = (𝑥1∗ , 𝑥2∗ ): {𝑃1 𝑈𝑚1
= = 𝑇𝑀𝑆
𝑃2 𝑈𝑚2
On a alors un système de deux équations et deux inconnues. Sa résolution nous permet
d’identifier les quantités optimales à consommer en fonction des prix et du revenu.
Remarquons que pour des biens complémentaires (courbe d’indifférence bleue) le TMS
est nul et la solution correspondrait au point d’intersection des droites de la courbe avec
la droite budgétaire. En effet, le programme de maximisation de la fonction d’utilité de
deux biens complémentaires correspond à la formulation suivante :
1 1
𝑚𝑎𝑥 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 𝑚𝑖𝑛 { 𝑥1 , 𝑥2 } sujet à 𝑃1 𝑥1 + 𝑃2 𝑥2 = 𝑚
𝑥1 ,𝑥2 𝑎 𝑏
Les deux biens étant complémentaires, ils doivent être consommés selon la proportion suivante :
1 1 𝑎
𝑥1 = 𝑥2 ⇒ 𝑥1 = 𝑥2
𝑎 𝑏 𝑏
En remplaçant x2 dans la contrainte budgétaire on peut dériver les fonctions de
demande conditionnelles des biens x1 et x2 qui seraient égales à :
𝑏𝑚 𝑎𝑚
𝑥1∗ (𝑃1 , 𝑃2 , 𝑚) = et 𝑥2∗ (𝑃1 , 𝑃2 , 𝑚) =
𝑎𝑃1 + 𝑏𝑃2 𝑎𝑃1 + 𝑏𝑃2

13
En présence de substituts parfaits (courbes d’indifférences vertes du graphique
5.5), le programme de maximisation de la fonction d’utilité serait formulé ainsi :
𝑚𝑎𝑥 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 𝑎𝑥1 + 𝑏𝑥2 sujet à 𝑃1 𝑥1 + 𝑃2 𝑥2 = 𝑚
𝑥1 ,𝑥2
𝑎
𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 𝑎𝑥1 + 𝑏𝑥2 ⇒ 𝑈𝑚1 = 𝑎 et 𝑈𝑚2 = 𝑏 ⇒ 𝑇𝑀𝑆 =
𝑏
Le TMS est constant car le consommateur peut toujours substituer un bien à l'autre
dans les mêmes proportions. En ce qui concerne l'optimum du consommateur on
peut avoir trois cas possibles. Les deux premiers cas se présentent quand la valeur
absolue du rapport des prix (pente de la droite budgétaire) est différente du TMS
(pente de la courbe d’indifférence), soit :
𝑃1 𝑎 𝑃 𝑃 𝑃 𝑎 𝑃 𝑃
𝑃
≻ 𝑏 ⇒ 𝑎1 ≻ 𝑏2 ou 𝑃1 ≺ 𝑏 ⇒ 𝑎1 ≺ 𝑏2
2 2
Si la pente de la droite de budget en valeur absolue est supérieure au TMS, le bien 2 est
alors relativement bon marché. Le consommateur ne voudra consommer que ce bien.
L'optimum est donné par le point A. Si la pente de la droite de budget en valeur absolue
est inférieure au TMS, le bien 1 est alors relativement bon marché. Le consommateur
ne voudra consommer que ce bien. L'optimum est donné par le point B.
Si la pente de la droite de budget en valeur absolue est égale au TMS, le consommateur sera
indifférent relativement à tous les paniers qui sont sur sa droite de budget (qui se confond
dans ce cas avec la courbe d'indifférence) l'optimum est donné par tout point tel que :
𝑃1 𝑎
= ⇒ 𝑃1 𝑥1 + 𝑃2 𝑥2 = 𝑎𝑥1 + 𝑏𝑥2 𝑚 = 𝑚
𝑃2 𝑏
Compte tenu de ce qui précède, on peut déterminer les fonctions de demande des
biens x1 et x2 de pour tout couple de prix et niveau de revenu comme suit :
𝑃1 𝑎 𝑃1 𝑎
0, quand ≻ (Point A) 0, quand ≺ (Point B)
𝑃2 𝑏 𝑃2 𝑏
𝑚 𝑝1 𝑎 𝑚 𝑝1 𝑎
𝑥1∗ (𝑃1 , 𝑃2 , 𝑚) = , quand ≺ (Point B) et 𝑥2∗ (𝑃1 , 𝑃2 , 𝑚) = , quand ≻ (Point A)
𝑝1 𝑝2 𝑏 𝑝2 𝑝2 𝑏
𝑚 𝑝1 𝑎 𝑚 𝑝1 𝑎
∈ [0, ] , quand = ∈ [0, ] , quand =
{ 𝑝1 𝑝2 𝑏 { 𝑝2 𝑝2 𝑏
Dans le cas de substituts imparfaits, les courbes d'indifférence sont strictement
convexes. En utilisant une fonction d’utilité de type Cobb Douglas, on peut formuler
le programme d’optimisation ainsi :
𝑚𝑎𝑥 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 𝑥1 𝑥2 sujet à 𝑃1 𝑥1 + 𝑃2 𝑥2 = 𝑚 x2
Graphique 5.6. Effet d’une augmentation du
𝑥1 ,𝑥2 revenu sur la consommation de biens

A l’équilibre le TMS doit être égal au normaux

rapport des prix, soit :


𝜕𝑈⁄
𝜕𝑥1 𝑈𝑚1 𝑥2 𝑃1 𝑃1
𝑇𝑀𝑆 = = = = ⇒ 𝑥2 = 𝑥1
𝜕𝑈⁄ 𝑈𝑚2 𝑥1 𝑃2 𝑃2
𝜕𝑥2
Si l’on remplace x2 par sa valeur dans la
contrainte budgétaire on peut déduire les x *
21
E1

fonctions de demandes conditionnelles


suivantes :
𝑚 𝑚 x * E0
𝑥1∗ (𝑃1 , 𝑃2 , 𝑚) = et 𝑥2∗ (𝑃1 , 𝑃2 , 𝑚) = 20

2𝑃1 2𝑃2
Ainsi, si l’on connaît la fonction d’utilité du
consommateur (qui est déduite généralement 0
des études marketing) et son revenu, on peut
*
x x *
10 11
X1

déduire les fonctions de demande des biens


qu’on veut lui vendre. Généralement, c’est de cette manière qu’on estime les fonctions des
demandes adressées aux entreprises.

14
Quel est l’effet d’une variation du revenu du consommateur sur son équilibre et
sur les demandes conditionnelles des biens ? Supposons qu’on a une augmentation
du revenu et que les biens x1 et x2 sont des biens normaux. Une augmentation du
revenu devrait conduire à une augmentation de la demande de x1 et x2. On peut
vérifier ce résultat analytiquement en dérivant les fonctions de demandes
conditionnelles par rapport au revenu :
𝑚 𝜕𝑥1∗ 1 𝑚 𝜕𝑥2∗ 1
𝑥1∗ (𝑃1 , 𝑃2 , 𝑚) = ⇒ = ≻ 0 et 𝑥2∗ (𝑃1 , 𝑃2 , 𝑚) = ⇒ = ≻0
2𝑃1 𝜕𝑚 2𝑃1 2𝑃2 𝜕𝑚 2𝑃2
Le graphique 5.6 illustre ce résultat. En effet, l’augmentation du revenu provoquerait
un déplacement à droite de la droite budgétaire. L’ensemble de consommation se
trouve élargi et le consommateur se déplacera vers une courbe d’indifférence plus
haute en vertu du principe qu’il préfère le plus au moins. Le nouvel équilibre
s’établira à E1 avec des niveaux de consommation supérieurs à E0.
Que se passerait-il si l’un des deux biens x2

est un bien inférieur soit x2. Comme Graphique 5.7. Effet d’une augmentation du

l’illustre le graphique 5.7, une


revenu sur la consommation d’un bien
inférieur

augmentation du revenu provoquerait un


déplacement à droite de la contrainte
budgétaire le déplacement de la courbe
d’indifférence se fera en faveur du bien x1
et au détriment du bien x2. Une
réaffectation totale du revenu fera que la *
x2 0
E0

demande du premier augmentera alors


x 2* 1 E1

que celle du second diminuera


conformément à la relation qui caractérise 0
x1*0 x1*1

la demande d’un bien inférieur au revenu.


X1

Quel est l’effet d’une variation du prix d’un bien sur l’équilibre du consommateur
et sur les demandes conditionnelles des biens ? On sait que la demande est une
fonction décroissante du prix. On peut vérifier ce résultat analytiquement en dérivant
les fonctions de demandes conditionnelles par rapport au prix :
𝑚 𝜕𝑥1∗ 𝑚 𝑚 𝜕𝑥2∗ 𝑚
𝑥1∗ (𝑃1 , 𝑃2 , 𝑚) = ⇒ = − 2 ≺ 0 et 𝑥2∗ (𝑃1 , 𝑃2 , 𝑚) = ⇒ =− 2≺0
2𝑃1 𝜕𝑃1 2𝑃1 2𝑃2 𝜕𝑃2 2𝑃2
Supposons qu’on a une diminution du prix x2 Graphique 5.8. Effet d’une baisse du prix du

du bien x2. Le tableau ci-dessous récapitule bien x2 sur l’équilibre du consommateur

les effets d’une telle variation.


Effet de Effet de Effet
Biens
Revenu substitution total
x1 ↑(+) ↓(-) ?
→ Effet du revenu

x 2* 1 C

x2 ↑(+) ↑(+) ↑(+) → Effet de


substitution

Ainsi, la baisse du prix doit provoquer une x 2s


B

rotation à droite de la courbe budgétaire (de


la droite rouge vers celle bleue du graphique
5.8). En effet, avec le même revenu, le * A
x 20

consommateur est à même d’acheter plus de


biens puisque son ensemble de
consommation se trouve élargi. Cet effet de x * *
x x 1s 11 10 X1

variation du prix s’appelle effet du


revenu. Comme le précise le tableau ci-dessus, cet effet est positif sur la demande
des deux biens. Sur un autre registre, les deux biens sont substituables. La diminution du
prix du bien x2 le rend moins cher relativement à x1. Le consommateur a intérêt à augmenter
sa consommation du premier au détriment du second. Cet effet de variation des prix s’appelle
effet de substitution. Il affecte d’une manière opposé la demande des deux biens.

15
Comme l’illustre le graphique 5.8, si le consommateur veut rester sur la courbe
d’indifférence initiale, la nouvelle contrainte budgétaire (en move pointillé) devient
tangente à cette au point B. Le consommateur doit se déplacer, en vertu de l’effet de
substitution, du point A vers B avant de se déplacer vers le point C en vertu de l’effet
revenu. La somme totale de ces effets engendre un effet positif sur x2 (bien objet de
la baisse des prix) mais l’effet sur le bien x 1 dépend de l’ampleur de l’effet revenu et
de l’effet de substitution. Dans le graphique 5.8 on a supposé que le second l’emporte
sur le premier d’où la baisse de la demande de x1.
1.2. Les lois régissant la demande et leurs implications
Comme mentionnée ci-dessus, cette section sera consacrée à la présentation des lois
fondamentales régissant la demande et leurs implications. On procèdera, dans un
premier temps, à la présentation des facteurs déterminant la quantité demandée et
à la spécification de la courbe de demande avant de présenter les autres facteurs qui
l’influencent. Le dernier paragraphe sera consacré à la présentation du concept du
surplus du consommateur comme outil permettant de mesurer l’impact des
variations de la demande sur le bien-être du consommateur.
1.2.1. Les lois fondamentales de la demande
La quantité demandée d’un bien ou d’un service x (𝑸𝒅𝒙 ) est la quantité de ce bien ou
service que le consommateur souhaite acheter et, est capable de la payer. Plusieurs
facteurs peuvent contribuer à la détermination de la quantité demandée d’un bien ou
d’un service. Il s’agit, entre autres, du prix du bien ou service, du revenu de l’acheteur,
de l’existence de biens ou services substituables ou complémentaires sur le marché, de
la nature du bien ou service concerné (normal, inférieur ou de luxe) des préférences, des
anticipations, du nombre d’acheteurs, etc.
Parmi ces facteurs, le prix figure comme l’une des P

variables les plus déterminantes de la quantité Graphique 1.1. Courbe de demande

demandée. En effet, si l’on considère toutes les


autres variables influençant la quantité demandée 40

comme fixes, on peut conclure que cette quantité


est une fonction décroissante du prix (𝑷𝒙 ) du fait
30

qu’elle tend, en général, à baisser quand le prix 20

augmente et à augmenter quand le prix diminue. 10

Cette relation générale présente, cependant, des


exceptions. En effet, pour certains biens et
services de luxe (les œuvres d'art, le recrutement 0
0 2 4 6 8 Quantité
demandée

des grands chefs d'entreprises, les biens de


snobisme, etc.), ou de première nécessité, lorsque les prix augmentent, la demande
augmente. Dans le cas des biens de luxe on parle de l’effet Veblen, de snobisme ou
d'ostentation. Dans le cas des biens de première nécessité on parle d’effet Gigffen.
La hausse des prix de ces biens provoque un effet revenu important qui oblige les
couches défavorisées à consacrer plus de revenu à la satisfaction de leurs besoins en
biens inférieurs au détriment de biens normaux ou supérieurs. Il va de soi que les
courbes de demande de ces deux types de bien sont croissantes.
Le graphique 1.1 illustre la loi générale de la demande stipulant que, toutes choses
étant égales par ailleurs, la quantité demandée est une fonctionne décroissante du
prix. C.à.d. le prix et la quantité demandée varient dans le sens inverse : quand le
prix augmente la quantité demandée diminue et inversement quand le prix diminue
la quantité demandée augmente.

16
Ainsi, sur la courbe de demande du graphique 1.1, en supposant que les autres
facteurs influençant la demande sont constants, on peut lire que quand le prix est
égal à 40, la quantité demandée est de 2 unités. Si le prix baisse à 20, la quantité
demandée augmente à 6. Le sens inverse de variation permet de conclure que si le
prix augmente de 20 à 40 la demande baissera à 2. La variation du prix conduit,
ainsi, à un mouvement le long de la courbe de demande. Ceci nous amène à se
poser la question suivante : les autres facteurs influençant la quantité demandée
permettent-ils d’opérer le même déplacement ?
Examinons dans un premier temps l’effet d’un changement du revenu (𝑹) de
l’acheteur sur la quantité demandée. Supposons que l’acheteur a subi une baisse de
son revenu. Il aura moins de revenu à dépenser pour certains biens et fort
probablement pour la plupart des biens. Quand la demande d’un bien diminue suite
à une baisse de revenu, ce bien est qualifié de bien normal.
Le graphique 2.2 illustre l’effet de la variation du Prix

revenu sur la demande d’un bien normal. Si le Graphique 1.2. Effet du revenu sur la

revenu baisse, la quantité demandée, pour le


demande

même prix, baisse de Q1 à Q2. On assiste à une


translation à gauche de la courbe de demande.
Inversement, si le revenu s’améliore, la courbe de
P

demande se déplace à droite et la quantité


demandée passe de Q1 à Q3. Ainsi, on peut conclure D3

que la quantité demandée d’un bien normal D1

est fonction positive du revenu. Cette relation D2

générale présente, cependant, certaines exceptions.


0 Q2 Q1 Q3 Quantité
demandée

En effet, tous les biens ne sont pas normaux. Quand la demande d’un bien augmente suite
à une baisse du revenu, ce bien est qualifié de bien inférieur (bien Giffen). Le service de
transport en commun est un exemple de ce type de biens. En effet, lorsque le revenu d’un
consommateur moyen diminue, il préfère délaisser sa voiture au profit du transport en
commun. Inversement, si son revenu augmente, il utilise moins le service de transport en
commun. Ainsi, la quantité demandée d’un bien inférieur est fonction négative du
revenu : quand le revenu augmente elle baisse et s’il diminue elle augmente. Les deux
variables varient dans des sens inverses.
La quantité demandée subit, également l’effet des prix des autres biens (𝑷𝒊 ) sur le marché.
Quand la baisse (la hausse) du prix d’un bien conduit à la baisse (la hausse) de la quantité
demandée d’un autre bien, ces deux biens sont qualifiés de biens substituables.
C’est le cas de la viande du bœuf et du poulet, du cinéma et des DVD, des vestes et
blousons, des slips et des calçons, etc. Dans ce contexte, la quantité demandée
est fonction positive des prix des biens substituables. Ceci implique que les deux
variables varient dans le même sens.
D’un autre côté, quand la baisse (la hausse) du prix d’un bien conduit à
l’augmentation (la baisse) de la quantité demandée d’un autre, les deux biens sont
qualifiés de biens complémentaires. C’est le cas de l’essence et la voiture, le pain
et la levure, les chaussettes et les chaussures, etc. On peut conclure que la quantité
demandée est fonction négative des prix des biens complémentaires. Les deux
variables varient dans des sens opposés.
Les goûts et les préférences (F) figurent parmi les déterminants les plus importants
de la demande. Si l’on aime un bien ou un service on est plus disposé à en
consommer plus que les autres et à y consacrer une partie plus importante du
revenu. Ainsi, la quantité demandée est fonction positive des préférences. Plus on
préfère un bien plus on en consomme.

17
Il convient de mentionner, à cet égard, que les économistes s’intéressent plutôt à
l’explication de l’effet des préférences sur le demande qu’à l’explication des
préférences elles-mêmes. En effet, cette explication relève plutôt de domaine du
marketing et s’explique par des considérations historiques et psychologiques qui vont
au-delà du champ de l’économie.
Les anticipations du futur (A) exercent, également, un effet sur la quantité demandée
aujourd’hui. Ainsi, si l’on s’attend à une augmentation du revenu dans le futur on
peut être enclin à dépenser une partie de l’épargne actuelle ou s’offrir un crédit
aujourd’hui en vue d’augmenter la consommation présente. De même, si l’on s’attend
à une augmentation de l’inflation (hausse des prix) dans le futur, on préférerait
consommer plus aujourd’hui.
Cependant, l’effet des anticipations sur la quantité demandée dépend de la nature des
anticipations et des variables anticipées et il serait difficile de déduire une règle générale
liant les anticipations à la quantité demandée. Mais on peut conclure que les
anticipations conduisent à une translation de la courbe de demande. Le sens de
cette translation dépend de la nature des anticipations et des variables anticipées.
Enfin, le nombre d’acheteurs ((𝑵𝒂 )) exerce un effet positif sur la quantité demandée.
Plus le nombre d’acheteurs augmente plus la quantité demandée augmente. Cet
effet, découle du fait que la demande du marché est une agrégation des demandes
individuelles. Elle dépend de tous les facteurs, examinés ci-dessus, qui déterminent
la demande individuelle comme résumé dans la fonction suivante :

𝑸𝒅𝒙 = 𝒇(𝑷𝒙 , 𝑹, 𝑷𝒊 , 𝑭, 𝑨, 𝑵𝒂 )
Le tableau ci-dessous récapitule la nature des effets de ces facteurs sur la quantité
demandée et sur le déplacement de la courbe de demande. Il ressort de ce tableau
que mis à part le prix dont les variations induisent un déplacement le long de la
courbe de demande, les variations des autres variables déterminant la demande
provoquent une translation de la courbe de demande. Le sens de cette translation
dépend de la nature positive ou négative de l’effet de la variable concernée.
Il convient de relever, enfin, que le tableau ne fait ressortir que la nature (positive ou négative)
de la relation de la quantité demandée aux variables qui la déterminent sans en mesurer
l’ampleur. Comment peut-on donc quantifier ces effets ? C’est l’objet de la prochaine section.
Tableau 1.1. Tableau synthétique des effets des variables
déterminant la quantité demandée
Nature de l’effet sur la Mouvement de la courbe
Variables
quantité demandée de demande
− Prix :
o Prix d’un bien Négatif Le long de la courbe
o Prix d’un bien de luxe Positif Le long de la courbe
− Revenu :
o Bien normal Positif Translation
o Bien inférieur Négatif Translation
− Prix des autres biens :
o Biens substituables Positif Translation
o Biens complémentaires Négatif Translation
− Préférences Positif Translation
− Anticipations Positif/Négatif Translation
− Nombre d’acheteurs Positif Translation

18
1.2.2. L’élasticité de la demande
L’élasticité mesure le rapport des variations de deux variables liées par une relation de cause
à effet. Plus précisément, elle meure la réaction d’une variable endogène expliquée (la quantité
demandée) par suite d’une variation de l’une des variables exogènes explicatives (prix, revenu,
prix des autres biens, etc.) toutes choses étant supposées égales par ailleurs. Elle est souvent
exprimée par la variation induite d’une augmentation de 1% de la variable explicative.
En termes formels, supposons que ε exprime l'élasticité de la variable endogène y aux
variations de la variable exogène x. L’élasticité est mesurée par le rapport des
variations proportionnelles (en pourcentage) de x et de y soit :
𝛥𝑦 𝜕𝑦
𝑦 𝑥 𝛥𝑦 𝑦 𝑥 𝜕𝑦
𝜀(𝑦, 𝑥) = = et 𝜀(𝑦, 𝑥) = =
𝛥𝑥 𝑦 𝛥𝑥 𝜕𝑥 𝑦 𝜕𝑥
⏟ 𝑥 ⏟ 𝑥
Variables discrètes Variables continues

A titre d’exemple, supposons que la variable


explicative "x" varie de 5% et qu’à la suite de P

cette variation, la variable expliquée "y" a connu Graphique 1.3. Calcul de l’élasticité par la
une évolution de 15%, l’élasticité "ε" de y par méthode du point milieu
rapport à x serait : ε =15%/5% = 3. Le chiffre 3
indique que le changement de y induit par la
variation de x est trois fois plus important. 40 B

Le calcul de l’élasticité soulève, cependant,


certains problèmes. En effet, si l’on se réfère 30

au graphique 1.3, l’élasticité en allant du point


A au point B (εA/B) est différente de l’élasticité 20 A

du point B au point A (εB/A). Ainsi :


80 − 120 120 − 80
𝜀𝐴/𝐵 = 120 = −0,33 et 𝜀𝐵/𝐴 = 80 = −1 Q
40 − 20 20 − 40 80 100 120 400 440 Q

20 40
Afin d’éviter ce problème, les économistes utilisent la méthode du point milieu pour
calculer l’élasticité. Ainsi, le point milieu des prix serait égal à 30 = 40+20/2 et le
point milieu des quantités serait 100 = 120+80/2. La méthode du point milieu
consiste à calculer la variation en pourcentage en divisant l’écart entre la valeur finale
et la valeur initiale par le point milieu au lieu de la valeur initiale comme il se fait
dans le calcul habituel des pourcentages. L’application de cette méthode à l’exemple
ci-dessus donne les résultats suivants :
80 − 120 120 − 80
𝜀𝐴/𝐵 = 100 = −0,66 et 𝜀𝐵/𝐴 = 100 = −0,66
40 − 20 20 − 40
30 30
Il est à remarquer que la méthode du point milieu permet d’aboutir au même résultat quel
que soit le sens du calcul de l’élasticité entre deux points. Cette méthode peut être
formulée d’une façon générique entre deux points A(QA,PA) et B(QB,PB) de la façon suivante :
(𝑄𝐵 − 𝑄𝐴 ) (𝑄𝐴 − 𝑄𝐵 )
[(𝑄𝐵 + 𝑄𝐴 )/2] [(𝑄𝐴 + 𝑄𝐵 )/2] 𝛥𝑄 𝑃𝐴 + 𝑃𝐵
𝜀= = = ×
(𝑃𝐵 − 𝑃𝐴 ) (𝑃𝐴 − 𝑃𝐵 ) 𝛥𝑃 𝑄𝐴 + 𝑄𝐵
[(𝑃𝐵 + 𝑃𝐴 )/2] [(𝑃𝐴 + 𝑃𝐵 )/2]
Ces précisions de calcul étant faites, l’élasticité-prix de la demande mesure comment
la quantité demandée d’un bien ou d’un service réagit au changement de prix de ce bien.
Elle est définie comme le rapport entre la variation relative de la quantité demandée d'un bien
et la variation relative du prix de ce bien. Sauf les exceptions des biens Veblen et Giffen, elle est
négative du fait que la quantité demandée est fonction décroissante du prix. Ainsi, si Q est la
quantité demandée et P est le prix, l’élasticité-prix de la demande est définie par :

19
𝛥𝑄 𝜕𝑄
𝑄 𝑃 𝛥𝑄 𝑄 𝑃 𝜕𝑄
𝜀(𝑄, 𝑝) = = ≤0 et 𝜀(𝑄, 𝑝) = = ≤0
𝛥𝑃 𝑄 𝛥𝑃 𝜕𝑃 𝑄 𝜕𝑃
⏟ 𝑃 ⏟ 𝑃
Variables discrètes Variables continues

Les courbes de demande sont classées généralement en fonction de leur élasticité-


prix. Les économistes considèrent qu’une demande est élastique si l’élasticité-prix
est inférieure à -1 c.à.d. la quantité demandée varie plus proportionnellement que
la variation du prix : si le prix varie de 1%, la quantité demandée varie de plus de 1%.
La demande est jugée peu élastique au prix si l’élasticité est comprise entre 0 et -1
c.à.d. la quantité demandée varie moins proportionnellement que la variation du
prix : si le prix varie de 1%, la quantité demandée varie de moins de 1%.
Le graphique 1.4 synthétise les différents cas
d’élasticité. Ainsi, la courbe de demande D1 P
Graphique 1.4. Courbes de demande et élasticité-prix

présente une courbe de demande parfaitement


inélastique (pente infinie) : la quantité D1 (ε = 0)
Inélastique

demandée n’est pas sensible au prix. Quelle A

que soit la variation du prix, la quantité D2 (ε = ∞)

demandée demeure fixe. Cependant, la courbe Parfaitement


élastique

D2 présente une courbe parfaitement élastique


(pente nulle) impliquant qu’une petite variation
des prix engendre une très grande variation de D3 (0 < ε < ∞)

la quantité demandée. Entre ces deux cas Imparfaitement


élastique
B

extrêmes, la courbe D3 présente une courbe de


demande à élasticité variable. L’élasticité au
point A est plus faible que celle au point B.
Q

L’élasticité-prix de la demande est, généralement, négative car, comme on l’a vu dans la


section précédente la quantité demandée est fonction négative du prix : lorsque le prix
augmente, la quantité demandée diminue et inversement. Les biens Veblen et Giffen
constituent, cependant, une exception à cette règle en présentant une élasticité positive. La
valeur de l’élasticité dépend, ainsi, de la nature des biens et de plusieurs autres facteurs.
Ainsi, l’élasticité-prix d’un bien normal est plutôt variable. Sa courbe de demande ressemble
à D3 du graphique 1.4. Cependant, l’élasticité d’un bien ou un service de première
nécessité (pain, énergie, soin de santé, etc.) est assez faible. La forme de la courbe de
demande de ce genre de bien se rapproche plutôt de la courbe D1 du graphique 1.4. A
l’autre extrême, l’élasticité d’un bien de luxe est quasiment infinie. La courbe de demande
ressemble, dans ce cas à D2 du graphique 1.4.
Le niveau de l’élasticité-prix de la demande est influencé par plusieurs facteurs dont
notamment l’existence de substituts proches, de biens complémentaires et la
variation du comportement dans le temps. En effet, les biens qui ont des substituts
proches tendent à avoir une demande plus élastique du fait que les consommateurs
peuvent se tourner facilement vers les biens substituables. C’est le cas à titre
d’exemple du beurre et de la margarine. Une petite hausse du prix du beurre, toutes
choses étant égales par ailleurs dont notamment le prix de la margarine, peut
conduire à une forte baisse de sa quantité demandée.
Le niveau de substituabilité ou de complémentarité entre deux biens est mesuré par
l'élasticité-prix croisée. Elle se définit comme le rapport entre le pourcentage de
variation de la quantité demandée du bien A et le pourcentage de variation du prix
d'un bien B, soit en termes formels :
𝛥𝑄𝐴 𝜕𝑄𝐴
𝑄 𝑃𝐵 𝛥𝑄𝐴 𝑄 𝑃𝐵 𝜕𝑄𝐴
𝜀(𝑄𝐴 , 𝑃𝐵 ) = 𝐴 = et 𝜀(𝑄𝐴 , 𝑃𝐵 ) = 𝐴 =
𝛥𝑃𝐵 𝑄𝐴 𝛥𝑃𝐵 𝜕𝑃𝐵 𝑄𝐴 𝜕𝑃𝐵
⏟ 𝑃𝐵 ⏟ 𝑃𝐵
Variables discrètes Variables continues

20
Les biens A et B peuvent être des biens substituables, complémentaires ou
indépendants. Une élasticité-prix croisée positive signifie que l'augmentation du
prix d'un bien entraîne l'augmentation de la demande d'un autre bien. Les deux
biens sont donc substituables. Par exemple, l'augmentation du prix du ticket de
cinéma engendre une hausse la demande des lecteurs DVD.
Une élasticité-prix croisée négative signifie que l'augmentation du prix d'un bien
entraîne la diminution de la demande d'un autre bien. Les deux biens sont alors dits
complémentaires. Par exemple, l'augmentation des prix des lecteurs DVD entraîne une
diminution de la demande des DVD. Enfin, quand l’augmentation du prix d’un bien
n’a aucun effet sur la demande d’un autre, l’élasticité-prix croisée est nulle. Cela
signifie que les deux biens sont indépendants.
Il est à mentionner que la notion d'élasticité-prix croisée est particulièrement utile en
matière d’analyse de la concurrence. Pour déterminer l'étendue d'un marché et
déterminer si une entreprise est en situation d'abus de position dominante, il est, en
effet, nécessaire de voir jusqu'à quel point les différents produits sont substituables (ex.
Coca et Pepsi). La notion d'élasticité prix croisée est alors utile pour déterminer si deux
biens appartiennent au même marché et si les autorités de la concurrence doivent
déclencher une action.
Par ailleurs, les biens tendent à avoir une demande plus élastique à long terme. En
effet, une élasticité nulle à court terme peut, toutefois, s'avérer non nulle à long terme,
car l'augmentation des prix peut pousser à la recherche de nouveaux produits de
substitution. Le pétrole, par exemple, est un bien non substituable à court terme
mais, sur le long terme, l'augmentation de son prix peut favoriser l'exploitation de
nouvelles sources d'énergie.
De même, la spéculation se généralise en situation de déflation ou d'inflation : la
hausse de l’inflation (ou une hausse générale des prix) peut être interprétée comme un
signe d'une rareté future et conduit le consommateur à acheter maintenant et le plus
possible, car plus tard le bien ne sera plus disponible ou il sera plus cher. Ainsi, la hausse
de l’inflation conduit à une augmentation de la demande. Inversement, une baisse de
l’inflation peut s'interpréter comme un signal qu'il est avantageux d'attendre pour acheter,
car le bien sera disponible moins cher plus tard. La baisse de l’inflation conduit, ainsi, à
une baisse de la demande.
Par ailleurs, l'élasticité-revenu de la demande est définie comme le rapport entre le
pourcentage de variation de la demande d'un bien et le pourcentage de variation du
revenu. Elle mesure l'impact d'une variation du revenu d'un consommateur sur sa
demande pour un bien particulier soit en termes formels :
𝛥𝑄 𝜕𝑄
𝑄 𝑅 𝛥𝑄 𝑄 𝑅 𝜕𝑄
𝜀(𝑄, 𝑅) = = et 𝜀(𝑄, 𝑅) = =
𝛥𝑅 𝑄 𝛥𝑅 𝜕𝑅 𝑄 𝜕𝑅
⏟ 𝑅 ⏟ 𝑅
Variables discrètes Variables continues

L'élasticité de la demande par rapport au revenu n'est pas forcément positive.


L'augmentation du revenu change la structure de la consommation. On peut distinguer
trois catégories de biens :
- les biens inférieurs ou de première nécessité (Giffen): la demande de ces biens diminue
quand le revenu augmente (élasticité-revenu négative), et augmente quand le revenu
baisse. Il s'agit de biens nécessaires auxquels les consommateurs préfèrent substituer
de nouveaux biens lorsque leur revenu le permet ;
- les biens normaux : la demande augmente quand le revenu augmente dans une
proportion inférieure ou égale à 1 (élasticité-revenu comprise entre 0 et 1) ;
- les biens supérieurs ou biens de luxe : la demande de ces biens augmente de façon
plus rapide que le revenu (élasticité-revenu strictement supérieure à 1).

21
1.2.3. Demande et bien-être du consommateur
Comme mentionné dans la section 1.1.1, les préférences constituent l’un des facteurs
déterminant la quantité demandée. Un consommateur qui a une préférence pour un
bien ou un service peut payer un prix supérieur pour consommer ce bien relativement
à un autre consommateur qui le désire moins. Ces différences des préférences se
révèlent généralement par la volonté de payer qui est définie comme le montant
maximum qu’un acheteur est prêt à payer pour un bien.
On se référant à cette notion de volonté de payer on définit le surplus du consommateur
comme la différence entre le montant qu’un acheteur a la volonté de payer pour acquérir
un bien et le montant qu’il paie effectivement pour l’ acheter.
Le surplus du consommateur est étroitement lié à la courbe de demande du fait qu’elle
représente la volonté de payer des acheteurs. C’est pour cette raison qu’elle est utilisée
pour mesurer le surplus du consommateur.
Ainsi, le graphique 1.5 décrit une courbe
de demande décroissante suggérant que si P

le prix dépasse le point A aucun Graphique 1.5. Courbe de demande et surplus du


A
consommateur n’aura la volonté de payer consommateur

pour acheter le bien concerné. Si le prix


s’établit entre le prix du marché P1 et le
point A, il y aurait des consommateurs qui
auront la volonté de payer un prix
supérieur au prix du marché mais ils ne
payeront que ce dernier. Ces P1 C
B

consommateurs réaliseront un surplus P2 F


équivalent au triangle ABC. D E

L’idée sous-jacente au calcul du surplus


du consommateur et que les acheteurs
désirent toujours payer moins cher les Q Q 1 400 Q
2 440 Q

biens qu’ils achètent. De ce fait un prix


plus bas améliore leur situation. Le concept de surplus du consommateur permet
donc de calculer la variation du bien-être des consommateurs suite à une variation
des prix. Ainsi, dans le graphique 1.5, si le prix baisse de P 1 à P2, le surplus du
consommateur correspondra au triangle ADF. Le bien-être des consommateurs se
trouve ainsi amélioré d’une quantité équivalente à la surface BCDF.
Cette surface peut être décomposée en deux parties. En effet, les acheteurs qui
achetaient la quantité Q1 au prix P1 voient leur situation s’améliorer car ils paient
moins cher chaque quantité achetée. L’amélioration de leur bien-être engendrée par
la baisse des prix correspondrait au rectangle BCED. Les nouveaux acheteurs, quant
à eux bénéficieront d’un surplus correspondant au triangle CEF.
En définitif, le concept du surplus du consommateur reflète le bien-être économique
du fait qu’il suppose que les individus sont rationnels lorsqu’ils prennent leurs
décisions et que les consommateurs sont les meilleurs jugent des avantages qu’ils
retirent des biens qu’ils achètent. Il respecte, ainsi, les préférences des
consommateurs en les utilisant comme moyen d’évaluation de leur bien-être suite à
des variations de la demande.

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