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USSGB/FSEG COURS DE MICROECONOMIE – 1ERE ANNEE

Cours de microéconomie – 1ère année Economie


Objectifs :
Ce cours est une introduction à l’analyse microéconomique. Il a pour objectif
d’exposer les fondements de la microéconomie traditionnelle. Il traite des
comportements individuels des agents économiques qui, agissant dans un
contexte concurrentiel, cherchent à tirer le maximum de profit de leur situation.
Plan du cours :
 Chapitre 1 : La théorie du comportement du consommateur
 Chapitre 2 : La théorie du comportement du producteur
Bibliographie indicative :
Begg D., Fischer S., Dornbusch R., Microéconomie, Ediscience
international, 1996
Béjean S., Peyron C., Microéconomie, Dalloz, 2003
Cahuc P., La Nouvelle Microéconomie, La Découverte, coll. « Repères »,
1993
De Montbrial T., Fauchart E., Introduction à l’économie, microéconomie •
macroéconomie, manuels et exercices corrigés, Dunod, 2009
Dubois P., Introduction à la microéconomie, cours et exercices, Ellipses,
1997
Lesueur J.-Y., Microéconomie, Vuibert, 2001
Luzi A., Microéconomie – Cours et exercices résolus, Hachette supérieur,
2009
Montoussé M., Waquet I., Microéconomie, Bréal, 2008
Picard P., Eléments de microéconomie : Tome 1 : Théorie et applications,
Montchrestien, 2011
Picard P., Eléments de microéconomie : Tome 2 : Exercices et corrigés,
Montchrestien, 2011
Pucci M. Valentin J., Microéconomie - La concurrence parfaite, PUF, 2009
Schotter A., Microéconomie - Une approche contemporaine, Vuibert, 1996
Varian Hal R., Introduction à la microéconomie, De Boeck Université,
1992

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Introduction
1. Qu’est-ce la microéconomie ?
La microéconomie est la branche de la théorie économique qui étudie les
comportements individuels des agents économiques : soit des entreprises à travers
leur comportement de production, soit des ménages à travers leur choix de
consommation, soit de l’Etat à travers son comportement d’allocation des
ressources. Ainsi, la microéconomie s’intéresse au niveau individuel par
opposition au niveau agrégé (macroéconomie).

Elle cherche à découvrir des lois qui permettent de rendre compte de phénomènes
concrets. L’objet de la microéconomie est :
d’analyser comment les agents économiques prennent leurs décisions
(choix individuels – individualisme méthodologique),
de déterminer les facteurs qui influencent ces décisions et comment ces
choix se coordonnent entre eux.
L’objectif est de proposer un « modèle » qui puisse expliquer le fonctionnement
général des marchés, de représenter les comportements des consommateurs et des
entreprises et d’expliquer les interactions.

Exemples :
1) Comment les ménages effectuent-ils des choix de consommation lorsque :
Le revenu augmente ? Diminue ?
Les prix augmentent ? Diminuent ?
2) Quel est l’impact d’une augmentation du prix des cigarettes sur la
consommation des jeunes de moins de 15 ans ?
3) Quelle est l’augmentation de la fréquentation des salles de cinéma en cas
de baisse du prix des vidéocassettes ?
4) Quel est l’impact d’une augmentation du taux de salaire horaire sur le temps
de travail ?

2. La microéconomie « classique » vs « nouvelle » microéconomie

a) Les hypothèses de la microéconomie traditionnelle (ou classique)


La microéconomie traditionnelle a été développée par les économistes classiques
et formalisés les néo-classiques, appelés encore « marginalistes ». Elle repose sur
un certain nombre d’hypothèses que l’on peut résumer comme suit :
 La rationalité parfaite des agents : les agents agissent en utilisant au
mieux les ressources dont ils disposent, compte tenu des contraintes qu’ils
subissent ;

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 La concurrence parfaite : les agents agissent dans une situation de


concurrence pure et parfaite, ce qui suppose :
o Un marché pour chaque bien ;
o Un grand nombre de vendeurs et d’acheteurs sur ce marché (price-
takers)
o Biens homogènes (les acheteurs sont indifférents à l’identité du
vendeur et vice versa)
o Transparence (parfaite information sur les prix, les quantités, les
qualités des produits offerts)
o Principe d’exclusion (un même bien ne peut être consommé par
plusieurs)
o Pas d’effets externes
Sous ces hypothèses, l’économie aboutit à l’allocation optimale des ressources,
sinon ce n’est pas efficace ! L’intervention de l’Etat est alors nécessaire.

La microéconomie classique a aujourd’hui « mauvaise presse », en raison de :


o Les hypothèses de base donnent une vision trop imparfaite de la
réalité
o Les questions posées (et surtout les situations) sont ignorées
o L’idéologie sous-jacente est le marché.

b) Les hypothèses de la nouvelle microéconomie


La nouvelle microéconomie moderne s’attache à enrichir les hypothèses
relatives à l’environnement des agents.
 Les individus sont rationnels mais engagés dans un environnement
imparfaitement concurrentiel
 Ils intègrent les interactions stratégiques et les imperfections
informationnelles
 Renouvellement des outils : théorie des jeux, l’économie de l’information
De fait, la nouvelle microéconomie rend mieux compte de la réalité des marchés.

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Chapitre 1 : La théorie du choix du consommateur


Un consommateur est un individu qui dispose d'un budget qu'il utilise pour
acquérir différents produits. La quantité de chaque produit qu'il achète dépend de
ses préférences (ou de ses goûts, ou de ses besoins), des prix de ces produits et du
budget dont il dispose. Etudier les choix des consommateurs permet d'obtenir des
informations sur la demande des différents produits et sur l'impact d'une variation
des prix sur cette demande.
L'analyse des choix des consommateurs se fait en deux grandes étapes :
 Dans une première étape, on étudie les préférences du consommateur qui
reflètent ses goûts et correspondent à sa façon de comparer (ou de classer)
différentes combinaisons de produits en fonction de la satisfaction qu'ils lui
procurent.
 Dans une deuxième étape, on introduit les contraintes liées aux prix des
différents produits et au budget du consommateur et on caractérise son choix
optimal.

Objectifs :
A la fin du présent chapitre, l’étudiant (e) doit être capable :
 de faire la distinction entre l’utilité totale et l’utilité marginale ;
 de définir le rôle de l’utilité marginale dans le processus de maximisation
de l’utilité totale ;
 d’expliquer en quoi la loi de l’utilité marginale décroissante peut servir à
élaborer une règle de choix optimal ;
 de montrer en quoi la règle de choix optimal peut servir à établir une courbe
de demande ;
 de déterminer la nature des biens ;
 de distinguer l’effet de revenu de l’effet de substitution d’une variation du
prix.

En sommaire :
I. Préférences du consommateur et utilité
II. La contrainte budgétaire et l’équilibre du consommateur
III. La fonction de demande et ses propriétés

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I. Les préférences du consommateur et le


concept d’utilité

Objectifs :
Cette partie est consacrée à la première étape de l'analyse des choix du
consommateur. Voici les principaux objectifs visés :
 Présenter les propriétés des préférences du consommateur,
 Déduire, à partir de ces préférences, une fonction d’utilité mesurant la
satisfaction du consommateur

A l’issue de cette partie, vous saurez :


 Identifier les hypothèses fondamentales sur les préférences et les utiliser
pour ordonner les paniers de biens,
 Tracer les courbes d’indifférence et les utiliser pour déterminer les paniers
préférés par le consommateur,
 Définir et calculer un taux marginal de substitution,
 Tracer une courbe d’indifférence à partir d’une fonction d’utilité
 Calculer le taux marginal de substitution à partir d’une fonction

Les points traités :


 Les hypothèses sur les préférences
 Les courbes d’indifférence
 Le taux marginal de substitution
 Le concept d’utilité

A. Les hypothèses sur les préférences

1. Définition d'une relation de préférence sur des paniers de


biens

a. Qu'est-ce qu'un panier de biens ?


Le consommateur fait son choix de consommation parmi toutes les options qui lui
sont ouvertes. Ces options correspondent à toutes les combinaisons possibles de
quantités de biens de consommation. Chaque combinaison est appelée un panier
de consommation.

 Définition : Un panier de biens est un ensemble composé d'un ou de


plusieurs produits.

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Exemple :
Soit une économie comprenant 4 produits : des pommes, DVD, livres et
places de cinéma.
 A = (4; 1; 5; 3) est un panier de biens composé de 4 pommes, 1 DVD, 5
livres et 3 places de cinéma.
 B = (2 ; 4 ; 8 ; 1) est un autre panier de biens composé de 2 pommes, 4
DVD, 8 livres et 1 place de cinéma.
Un panier de biens peut être préféré à un autre contenant une combinaison
différente de biens. Les individus peuvent classer certains paniers de biens en
fonction de leurs préférences (goûts). Ainsi :
 Assétou préfère le panier A au panier B,
 mais Bouba préfère le panier B au panier A.
 Pour Sitan, ces deux paniers sont équivalents (elle est donc indifférente
entre les paniers A et B).

 Hypothèse : il existe une infinité de paniers à la disposition des


consommateurs.
On considère une économie à n biens, un panier de consommation Pi est donné
par : 𝑃𝑖 = (𝑋1𝑖 , 𝑋2𝑖 , 𝑋3𝑖 , … 𝑋𝑛𝑖 )

où 𝑋𝑗𝑖 est la quantité consommée du bien j (j=1, … n) contenue dans le panier i.

 Définition : L’ensemble des paniers de consommation disponible dans une


économie constitue l’ensemble de consommation.

Pour simplifier notre analyse, nous supposons que :


 Cet ensemble n’est pas limité
 Il contient tous les paniers composés de quantités positives ou nulles des
différents biens disponibles.
 Le consommateur évolue dans un univers de concurrence pure et parfaite,
son poids sur le marché est négligeable.
 Chaque consommateur a une consommation minimale dite de réserve ;
une consommation vitale.
La théorie du consommateur est basée sur l'hypothèse intuitive que tous les
individus sont capables de ranger les paniers en 3 groupes :
 préféré,
 non préféré,
 et indifférent.
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On suppose que « l'incomparabilité » n'existe pas.


On définit pour chaque individu une relation de préférence sur les paniers
de biens.

b. La relation de préférence du consommateur

Selon cette relation, le consommateur classe tous les paniers de consommations


par ordre de préférence.
Soit A et B deux paniers de consommation. On distingue :
(1) La relation de préférence stricte : 𝐴 > 𝐵, le panier A est strictement
préféré au panier B ;
(2) La relation d’indifférence : 𝐴~𝐵, le consommateur est indifférent entre
la consommation du panier A ou B quand ils lui procurent la même
satisfaction ;
(3) La relation ‘‘préféré ou indifférent’’ : 𝐴 ≥ 𝐵, le panier A est ‘‘au moins
aussi désiré’’ que le panier B.

2. Hypothèses fondamentales – Axiomes du comportement du


consommateur
L’analyse microéconomique impose des contraintes particulières à la relation de
préférence. Ce sont les hypothèses fondamentales que les économistes imposent
sur ces relations de préférences, c’est-à-dire les axiomes de la théorie du
consommateur.
(1) Axiome de totalité ou de complétude : Tout consommateur est capable de
comparer tout panier de biens à un autre de l’ensemble de consommation. Il n’y a
pas de panier inclassable par le consommateur.
Le consommateur doit pouvoir comparer les 2 paniers A et B :
𝑨 ≤ 𝑩 ou 𝑩 ≥ 𝑨 ou encore 𝑨~𝑩
(2) Axiome de réflexivité : Tout panier est indifférent à lui-même.
𝑨≥𝑨
(3) Axiome de transitivité : Si le panier A est préféré ou indifférent au panier B et
si le panier B est préféré ou indifférent au panier C, alors le panier A est préféré
ou indifférent au panier C.
A ≿ B et B ≿ C ⇒ A ≿ C.

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Tout consommateur dont le comportement satisfait ces 3 axiomes est supposé


rationnel.
Lorsque la relation de préférence respecte ces trois propriétés, on dit qu’elle
définit un pré-ordre total (ou complet) sur l’ensemble de consommation.
A ces trois axiomes, il est coutume d’adjoindre trois autres qui sont :
(4) Axiome de non-saturation : Cela signifie que tous les biens sont désirables
pour le consommateur et que quelle que soit la quantité d'un bien dont il
dispose, il préfère toujours en avoir plus.
(5) Axiome de substituabilité : Il est toujours possible de remplacer une quantité
d’un bien par une quantité d’un autre bien, quantité suffisante pour que le
consommateur soit indifférent entre les deux paniers.
(6) Axiome de convexité stricte : Soit deux paniers A et B tels que 𝐴 ≈ 𝐵. Si C
est un panier composé de la moyenne des quantités de biens de A et B, cet
axiome énonce que le consommateur préfère le panier C aux paniers A et B.
Un panier constitué d’une moyenne de deux autres est préféré aux deux
autres. Cet axiome assure la forme convexe des courbes d’indifférence.

B. La Courbe d'indifférence du consommateur


Il s’agit maintenant de représenter graphiquement les relations de préférence. Une
façon simple d’y parvenir est de ne considérer que des paniers de deux biens. Cela
permettra de représenter les préférences d'un consommateur selon la notion de
courbe d'indifférence.
Pour tout panier A, on peut déterminer :
- l’ensemble des paniers de consommation qui sont préférés au panier A,
- l’ensemble des paniers pour lesquels le consommateur est exactement
indifférent par rapport à A.
1. Définition et représentation graphique
Une courbe d'indifférence représente toutes les combinaisons de paniers de
biens qui procurent le même niveau de satisfaction à un consommateur.
L'individu est alors indifférent entre les combinaisons de biens représentées par
des points de la courbe d'indifférence.

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La courbe d'indifférence

2. Propriétés des courbes d'indifférence


On associe généralement, 5 propriétés aux courbes d’indifférence.
a) La densité des courbes d’indifférence : Chaque point de l’espace de
consommation passe une courbe d’indifférence (il en existe une infinité).
Ensemble, elles caractérisent la carte d’indifférence.

b) Les courbes d'indifférence sont décroissantes : le long d’une CI, il existe une
relation inverse entre les deux biens : si la quantité du bien X augmente, il
faut diminuer la quantité du bien Y (et inversement) si l’on veut conserver le
même niveau de satisfaction. Cette propriété résulte du postulat de
substituabilité.

Les courbes d'indifférence ont une pente négative

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c) Les courbes d’indifférence ne peuvent se couper : Cela découle des


hypothèses de non-saturation et de transitivité.

Deux CI ne peuvent se couper

d) Les courbes d’indifférence sont convexes par rapport à l’origine, selon


l’axiome de préférence pour la diversité.
Cette propriété relève aussi du bon sens du consommateur. Pour garder son niveau
de satisfaction constant, il semble logique qu’au fur et à mesure qu’un
consommateur se dessaisit d’un bien Y, ses exigences pour l’autre bien croissent :
il demandera alors une quantité de plus en plus élevée de l’autre bien. Comme on
le verra par la suite, cette condition est à l’origine de la décroissance du taux
marginal de substitution.

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Tout panier C qui contient :


- une proportion 𝛼 du nombre de DVD du panier A et (1 − 𝛼) du panier B
(𝛼 ∈ [0, 1])
- une proportion 𝛼 du nombre de places de cinéma du panier A et (1 − 𝛼)
du panier B
Le panier C est préféré ou indifférent aux paniers A et B.
e) Les courbes d’indifférence supérieures : Plus la courbe d’indifférence est
éloignée de l’origine, plus le niveau de satisfaction qu’elle traduit est élevé.
Cette propriété reflète l’hypothèse de non-saturation.

C. Le taux marginal de substitution


1. Définition et représentation graphique
Qu'est-ce que le Taux Marginal de Substitution (TMS) ? Le TMS est le taux
auquel le consommateur est disposé à échanger une quantité d’un bien contre une
quantité d’un autre bien tout en conservant le même niveau de satisfaction.
En raisonnant sur 2 biens, le TMS mesure le nombre d’unités supplémentaires du
bien 2 qu’il faut donner au consommateur pour qu’il accepte de renoncer à la
consommation d’une unité du bien 1.
Il est mesuré par le rapport de la variation de la quantité du bien Y sur la variation
de la quantité du bien X, en valeur absolue.
∆𝒚
𝑻𝑴𝑺𝑿 à 𝒀 = (−) , si l’on raisonne sur des quantités discrètes
∆𝒙
𝒅𝒚
𝑻𝑴𝑺𝑿 à 𝒀 = (−) , si l’on raisonne sur des variables continues.
𝒅𝒙

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Remarque : Par définition le TMS est négatif. Toutefois, étant donné qu’il exprime
un taux d’échange, il est coutume de placer un signe (-) devant le rapport de façon
à obtenir un nombre positif. De ce fait, le TMS se lit en valeur absolue.
3
Exemple : 𝑇𝑀𝑆 = signifie que, en ce point de la CI, le consommateur est prêt à
4
céder 3 unités de bien Y contre 4 unités de bien X pour conserver la même
satisfaction totale avec son panier de biens.
Graphiquement, le TMS correspond à la pente de la tangente en un point de la
courbe d'indifférence.
2. Propriétés
Propriété fondamentale : Le long d'une courbe d'indifférence, le TMS
diminue à mesure que le consommateur accroît sa consommation de bien X
(axe des abscisses) et décroît sa consommation de bien Y (axe des ordonnées).
En partant d'une quantité importante de X et de très peu de Y, l'individu est prêt à
sacrifier un nombre important de X pour obtenir plus de Y. Au fur et à mesure
que l'individu obtient plus de Y, il est de moins en moins prêt à sacrifier de X pour
davantage de places de Y.
 Lorsque le TMS est décroissant le long de la courbe d'indifférence, les
courbes d'indifférence sont convexes.

3. Deux cas extrêmes : substitution parfaite et


complémentarité parfaite
Deux cas particuliers extrêmes peuvent apparaître :
- Le cas de deux biens parfaitement substituables.
- Le cas de deux biens parfaitement complémentaires.

a. Substituts parfaits
Deux biens sont substituables s’ils ont des propriétés équivalentes pour le
consommateur.
Deux biens sont des substituts parfaits quand le consommateur est disposé à
substituer un bien à l’autre à un taux constant. Dans ce cas, le taux marginal de
substitution est constant. Les CI sont des droites parallèles.

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Courbes d'indifférence de substituts parfaits

Conclusion :
Quel que soit le nombre de verres de jus de raisin considéré, la diminution d'un
verre de jus de raisin est compensée par un verre de jus de pomme : TMS = 1

b. Compléments parfaits ou stricts


Deux biens sont complémentaires si la consommation d’un bien exige celle d’un
autre.
Des compléments parfaits sont des produits qui sont toujours consommés
ensemble dans des proportions fixes.
Exemples : un camion et son moteur, un logiciel de traitement de texte et son
environnement d'exploitation, le sucre et le café, la voiture et les 4 pneus, etc.

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Figure 1 Courbes d'indifférence de compléments parfaits

Conclusion :
La perte d'un gant droit ne peut pas être compensée par plus de gants gauches...
En effet, si on passe de 2 à 1 gant droit, on ne peut jamais revenir sur la même
courbe d'indifférence, quel que soit le nombre de gants gauches qu'on ajoute :
TMS = 0 ou TMS infini

En résumé...
- Nous avons présenté la façon dont les économistes représentent les
préférences ou goûts des consommateurs.
- La consommation de biens procure une satisfaction aux consommateurs
(sinon ils n'en souhaiteraient pas).
- Intuitivement, si un consommateur préfère un panier à un autre, c'est que
ce premier lui procure une satisfaction plus grande.
La question est maintenant de savoir comment nous pouvons représenter (et
mesurer) cette satisfaction. C'est l'objet de la prochaine section sur le concept
d'utilité.

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D. Le concept d'utilité

1. Définition
La relation de préférence donne le classement, par l'individu, des différents
paniers, du point de vue de la satisfaction qu'ils lui procurent.
Une manière commode de représenter ces préférences est donnée par la fonction
d'utilité.
Cette fonction attribue une valeur numérique à chaque panier de biens de manière
à refléter l'ordre - le classement - qu'établit le consommateur entre ces paniers.
Cette fonction reflète les préférences du consommateur.
Elle dépend des quantités de biens consommés dans le panier :
U = U(x1, x2, x3, …, xn)
Cette fonction a deux interprétations/versions :
1) Une version cardinale
2) Une version ordinale (la plus contemporaine, retenue dans ce cours)

a. L’approche cardinale de l’utilité


Parmi, les partisans de cette approche, on peut citer Jevons, Menger et Walras.
Selon cette approche, l’utilité correspond à une mesure quantitative de la
satisfaction retirée de la consommation de biens.
Le consommateur associe à chaque panier un degré d’utilité absolu. Il peut donc
déterminer pour chaque panier de biens le degré d’utilité correspondant.
Il peut ainsi comparer la satisfaction associée à la consommation de deux paniers
distincts et de déduire le panier qu’il préfère.
Si l’utilité du premier panier est le double de celle du second, il préfère deux fois
plus le premier panier au second.
Les limites de cette approche
Le consommateur ne peut pas mesurer avec précision l’utilité de chaque panier
dans l’ensemble de consommation.
L’objectif du consommateur est de déterminer le panier préféré à tous les autres
et non de mesurer les écarts d’utilité entre les paniers de biens.

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b. L’approche ordinale de l’utilité


L’approche ordinale traduit algébriquement les préférences du consommateur.
Comme la fonction d’utilité cardinale, la fonction d’utilité ordinale affecte à
chaque panier de bien un indice d’utilité.
Elle s’écrit comme suit :
U = U(x1, x2, x3, …, xn)
L’indice donné par cette fonction est relatif et non absolu.
Exemple :
Soient 2 paniers : A et B
 A ~ B ⇔ U(A) = U(B) : Si l'individu est indifférent entre le panier A et le
panier B, la satisfaction procurée par le panier A est la même que la
satisfaction procurée par le panier B.
 A ≿ B ⇔ U(A) ≥ U(B) : Si l'individu préfère le panier A au panier B, la
satisfaction procurée par le panier A est supérieure à la satisfaction procurée
par le panier B.
Les fonctions d'utilité sont uniques à une transformation croissante près.
Si 𝑈 représente les préférences d'un individu donné, toute fonction 𝑉 = 𝑓(𝑈) avec
𝑓 ′ > 0 va représenter les préférences de ce même individu.
Par exemple : 𝑈(𝑥, 𝑦) = 𝑥𝑦, 𝑓(𝑈) = 𝑙𝑛𝑈, 𝑉(𝑥, 𝑦) = ln(𝑥𝑦)

2. Quelques fonctions d'utilité standard


Fonctions :
 U(x, y) = Axayb
 U(x, y) = lnx + alny
 U(x, y) = (αxa + βyb)c
Substituts parfaits :
 U(x, y) = x + y
Compléments parfaits :
 U(x, y) = min {x, y}

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3. Courbes d'indifférence et utilité


Il est possible de construire une courbe d'indifférence à partir d'une fonction
d'utilité.
Les courbes d'indifférence correspondent aux courbes de niveau de la fonction
d'utilité.
La courbe d'indifférence de niveau k correspond à l'ensemble des couples (x1; x2)
tels que :
U(x1; x2) = k
Considérons un consommateur dont les préférences sont représentées par : U(x,
y) = x y
La CI passant par le point (1,1) a pour équation :
 U(x, y) = U(1, 1) ⇔ x y = 1, soit y = 1/x
De même, la CI passant par le point (1,2) a pour équation :
 U(x, y) = U(1, 2) ⇔ x y = 2, soit y = 2/x

Courbes d'indifférence et utilité

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4. Le concept d'utilité marginale


Définition :
 L’utilité est la satisfaction qu’un individu retire de la consommation de
biens et de services.
 L’utilité marginale mesure la variation d’utilité qui résulte d’une
modification d’une unité de la quantité consommée d’un bien.
∆𝑈 𝑑𝑈
𝑈𝑚𝑥 = 𝑜𝑢 𝑈𝑚𝑥 = , selon que la fonction continue ou pas.
∆𝑥 𝑑𝑥
Dans le cas de plusieurs variables, on appliquera les dérivées partielles.
𝜕𝑈 𝜕𝑈
𝑈𝑚𝑥 = et 𝑈𝑚𝑦 =
𝜕𝑥 𝜕𝑦

Exemple :
Le tableau suivant donne les niveaux d’utilité que retire Adama des différents
nombres de films qu’il peut regarder par mois, ces utilités sont fonctions de ses
préférences et sont calculées à partir de sa fonction d’utilité. On constate que le
premier film procure à Adama 50 unités de satisfaction de plus, le deuxième, 88
– 50 = 33 unités de satisfaction de plus, etc.
FILMS
Quantité Utilité Utilité marginale
0 0 0
1 50 50
2 88 38
3 121 33
4 150 29
5 175 25

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Utilité et utilité marginale

5. Propriétés des fonctions d'utilité


Propriété fondamentale :
La fonction d'utilité U est généralement supposée croissante et concave en chacun
de ses arguments.
 Croissante : plus la quantité d’un bien est importante, plus la satisfaction
de l’individu sera grande.
 Concave : plus la quantité d’un bien est grande, plus le supplément de
satisfaction de l’individu sera faible (utilité marginale décroissante).
Exemple
U : R+²→ R
(x, y) → U(x, y) = u(x) + v(y)
 Umx(x) mesurée par U'(x) > 0 et
 Umy(y) mesurée par V'(y) > 0
 Hypothèse de décroissance de l'utilité marginale ⇒ U''(x)< 0 et V''(y)<0

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6. Utilité marginale et taux marginal de substitution


Le TMS est défini pour une courbe d’indifférence, donc pour un niveau
d’utilité constant, U0.
TMSU0 = - dy/dx
Partons de la fonction U(x, y) et décomposons les effets d’une variation de x
et de y sur U :
dU(x, y) = U'x(x, y)dx + U'y(x, y)dy
Pour un niveau d’utilité donné :
0 = U’x(x, y)dx + U’y(x, y)dy
Pour un niveau d’utilité donné :
U’x(x, y)dx = - U’y(x, y)dy
U’x(x, y)/U’y(x, y) = - dy/dx
Donc :
TMSU0 = - dy/dx = U’x(x, y)/U’y(x, y)

Conclusion :
– En résumé :
• Une fonction d'utilité attribue une valeur à chaque panier de consommation en
adéquation avec les préférences du consommateur.
• Pour un même ordre de préférence, il est possible de construire plusieurs
fonctions d'utilité par transformation monotones croissantes de la fonction
(intérêt dans la simplification des calculs).
• Le taux marginal de substitution des biens (TMS) mesure la pente d'une courbe
d'indifférence. Il indique la quantité d'un bien qu'un consommateur doit recevoir
pour compenser, du point de vue de sa satisfaction, la quantité perdue d'un autre
bien.
• Le taux marginal de substitution du bien 1 au bien 2 est égal au rapport des
utilités marginales.

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II. La contrainte budgétaire et l’équilibre du


consommateur
Face à l'ensemble des produits qui lui sont proposés, le consommateur effectue
un choix de consommation. Il est limité dans ses choix par des contraintes
financières (son revenu disponible). C’est le domaine du possible !
Il fait un choix optimal, c’est à dire un choix qui maximise sa satisfaction, compte
tenu des ressources dont il dispose.

A.Contrainte budgétaire et droite de budget


Considérons un consommateur disposant d'un budget R qu’il affecte entièrement
à la consommation des biens 1 et 2 (pas d’épargne pour le moment) dans des
quantités x et y respectivement. Les prix de marché pour les biens 1 et 2 sont P1
et P2.

L'ensemble budgétaire : Il désigne l'ensemble des paniers de


consommation accessibles au consommateur.
La droite de budget : Elle représente l'ensemble des paniers de
consommation qui épuisent entièrement le revenu du consommateur.

Cette contrainte s’écrit : 𝑃1 𝑥 + 𝑃2 𝑦 = 𝑅


𝑷 𝑹
D’où l’on obtient la relation suivante : 𝒚 = − 𝟏 𝒙 + , appelée équation de la
𝑷𝟐 𝑷𝟐
𝑃
droite de budget. C’est une droite décroissante de pente (− 1) et d’ordonnée à
𝑃2
𝑅
l’origine ( ). Cette droite délimite l’ensemble de budget (ensemble budgétaire)
𝑃2
et la zone de consommation inaccessible du consommateur.

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Dans ce graphique, m représente le revenu du consommateur. La surface coloriée


symbolise l’ensemble de budget.

B. Le choix optimal (ou équilibre) du consommateur

Nous disposons des deux outils d’analyse du calcul économique du


consommateur, à savoir la courbe d’indifférence, expression de ses préférences,
et la droite de budget, reflet de sa contrainte financière. Il s’agit maintenant de les
confronter pour aboutir au choix optimal du consommateur.

La stratégie du consommateur est de rechercher, parmi les paniers accessibles par


son revenu, celui qui lui procure la plus grande satisfaction. Le problème du
consommateur s’écrit algébriquement par un programme de maximisation sous
contrainte. Comme le revenu et les prix des biens sont des valeurs connues, le
consommateur va chercher les quantités (x, y) qui maximisent la fonction d’utilité
sous contrainte de budget. Le problème du consommateur peut être résolu de
façon graphique ou algébrique

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1. Résolution graphique du problème du consommateur

Le consommateur rationnel doit choisir, parmi l’ensemble des paniers de biens


qui se présentent à lui, celui qui lui procure un maximum de satisfaction compte
tenu de son budget.
Pour déterminer graphiquement l’optimum du consommateur, on représente sur
un même graphique les préférences du consommateur (carte d’indifférence) et sa
contrainte budgétaire (droite de budget). Le panier de consommation optimal
sera celui qui permet au consommateur d’être sur la CI la plus éloignée de
l’origine et d’être sur la droite de budget

•A

B•.

𝑹 𝑷𝟏
𝑦∗ 𝑬 𝒚= − 𝒙
𝑷𝟐 𝑷𝟐

𝑂 𝑥∗ x
Détermination graphique de l'optimum du consommateur

Le panier A est situé sur la CI la éloignée de l’origine, il est donc préféré à tous
les autres paniers. Mais A n’est pas accessible par le revenu du consommateur. Le
panier B est accessible mais il n’épuise pas tout le revenu du consommateur. C et
D sont accessibles et épuisent tout le revenu du consommateur. Mais ils sont situés
sur une CI plus basse que le panier E. E est préféré aux paniers C et D et permet
de dépenser tout le revenu du consommateur. E représente le panier optimal du
consommateur : il est situé sur la droite de budget et sur la CI la plus éloignée de
l’origine.

Le point E est appelé « panier optimal » ou « panier d’équilibre » du


consommateur

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Géométriquement, le panier E est le point où la droite de budget est tangente à


la courbe d’indifférence. Au point de tangence, la CI et la droite de budget ont la
même pente.
 La pente de la CI au point E est égale à la pente de la droite tangente à
𝒅𝒚
la CI en ce point, c’est-à-dire au TMS : −
𝒅𝒙
𝑷𝟏
 La pente de la droite de budget est (en valeur absolue) :
𝑷𝟐
Au panier optimal du consommateur (x*, y*), la CI et la droite budgétaire ont la
même pente, donc :
𝑷𝟏 𝒅𝒚 𝑼𝒎𝟏
=− = = 𝑻𝑴𝑺
𝑷𝟐 𝒅𝒙 𝑼𝒎𝟐
Cette égalité donne les deux conditions du choix optimal du consommateur.

a. 1ère condition d’optimalité : égalité du TMS et du rapport des prix.


𝑷
 À l’optimum du consommateur, 𝑇𝑀𝑆 = 𝟏
𝑷𝟐
 Quelle est l’interprétation économique de cette 1ère condition d’optimalité
?
Le TMS est un taux d’échange subjectif selon lequel le consommateur échange le
bien 2 contre le bien 1 pour que sa satisfaction reste inchangée.
Le rapport des prix est un taux d’échange objectif entre les deux biens pour une
dépense constante
 A l’optimum du consommateur, les quantités consommées des biens 1
et 2 (x*, y*) doivent donc être telles que le taux d’échange subjectif
𝑷
(TMS) soit égal au taux objectif du marché ( 𝟏 ).
𝑷𝟐
b. 2 condition d’optimalité : égalité des Um de chacun des biens divisées par
ème

leurs prix respectifs.

À l’optimum du consommateur, nous savons que :


𝒅𝒚 𝑷𝟏 𝑼𝒎𝟏
𝑻𝑴𝑺 = − = =
𝒅𝒙 𝑷𝟐 𝑼𝒎𝟐
𝑷𝟏 𝑼𝒎𝟏
Nous pouvons donc dire qu’à l’optimum : =
𝑷𝟐 𝑼𝒎𝟐

𝑼𝒎𝟏 𝑼𝒎𝟐
Ou encore, à l’optimum : =
𝑷𝟏 𝑷𝟐
C’est la deuxième condition d’optimum du consommateur : à l’optimum du
consommateur (aux quantités optimales de consommation), il y a égalité des Um
de chacun des biens pondérées (divisées) par leur prix respectifs.
C’est aussi la deuxième loi de GOSSEN : le consommateur atteint son équilibre
avec le panier de biens qui égalise les utilités marginales pondérées par les prix
des différents biens.

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2. Résolution algébrique du problème du consommateur

Le problème du choix du consommateur est un problème de maximisation sous


contrainte dont les variables sont x et y. Ce problème peut être résolu par la
méthode de « substitution » ou par la méthode de « Lagrange ».

a. La méthode de Lagrange

La méthode de Lagrange permet de résoudre les programmes d’optimisation à


contrainte « égalités » comme c’est le cas pour le problème du consommateur.
Cette méthode est également appelée méthode du lagrangien ou encore méthode
du multiplicateur de Lagrange noté 𝜆.
Le programme du consommateur s’écrit :

𝑀𝑎𝑥 𝑈(𝑥, 𝑦)
𝑃1 𝑥 + 𝑃2 𝑦 = 𝑅
𝑠𝑜𝑢𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑎𝑖𝑛𝑡𝑒 ∶ 𝑥>0
{ 𝑦>0

La méthode de Lagrange consiste à former, à partir de la fonction objectif U(x, y)


et de la contrainte budgétaire R = P1.x1+ P2.x2, la fonction de Lagrange telle que :

𝐿(𝑥, 𝑦, 𝜆) = 𝑈(𝑥, 𝑦) + 𝜆(𝑅 − 𝑃1 𝑥 − 𝑃2 𝑦)


Le théorème de Lagrange dit qu’un choix est optimal s’il respecte les trois
conditions de premier ordre suivantes :

𝜕𝐿 𝜕𝑈 𝑈𝑚1
(1) = − 𝜆𝑃1 = 𝑈𝑚1 − 𝜆𝑃1 = 0 ⟹ 𝜆 =
𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝑃1
𝜕𝐿 𝜕𝑈 𝑈𝑚2
(2) = − 𝜆𝑃2 = 𝑈𝑚2 − 𝜆𝑃2 = 0 ⟹ 𝜆 =
𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃2
𝜕𝐿
(3) = 𝑅 − 𝑃1 𝑥 − 𝑃2 𝑦 = 0 ⟹ 𝑅 = 𝑃1 𝑥 + 𝑃2 𝑦
𝜕𝜆

En considérant (1) et (2), nous obtenons :


𝑈𝑚1 𝑈𝑚2 𝑈𝑚1 𝑃1
𝜆= = ⟹ =
𝑃1 𝑃2 𝑈𝑚2 𝑃2

On peut donc dire qu’à l’équilibre du consommateur, le TMS entre les deux
biens est égal au rapport des utilités marginales et au rapport des prix.

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Remarque : Les conditions du premier ordre définissent un extremum. Pour


qu’il soit un maximum il faut que les conditions du deuxième ordre soient
respectées, c’est-à-dire : d ²L < 0

b. La méthode de substitution
Nous savons que le problème du consommateur peut s’écrire :
𝑀𝑎𝑥 𝑈(𝑥, 𝑦) 𝑀𝑎𝑥 𝑈(𝑥, 𝑦)
{𝑠𝑜𝑢𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑎𝑖𝑛𝑡𝑒 ∶ 𝑃1 𝑥 + 𝑃2 𝑦 = 𝑅 ⟹ { 𝑹 𝑷
𝒚 = − 𝟏𝒙
𝑷𝟐 𝑷𝟐

En remplaçant y dans la fonction d’utilité, nous obtenons :


𝑹 𝑷𝟏
𝑀𝑎𝑥 𝑈 (𝑥, − 𝒙)
𝑷𝟐 𝑷𝟐

Pour maximiser la fonction d’utilité, deux conditions sont nécessaires :


1è𝑟𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑑𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛 ∶ 𝑈 ′ (𝑥) = 0
{ ⟹ ce qui permet de déterminer x et y.
2è𝑚𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑑𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛 ∶ 𝑈 ′′ (𝑥) < 0

C. Modification du choix optimal du consommateur


Le choix optimal du consommateur peut évoluer suite à une variation du revenu
ou des prix des biens.
1ère situation : Choix optimal et variation du revenu
2ème situation : Choix optimal et variation des prix

1. Choix optimal du consommateur et variation du revenu

Supposons que le revenu du consommateur augmente de R à R’ puis à


R’’ (les prix restent constants). Quelles en sont les conséquences sur l’équilibre
du consommateur ?
Lorsque l’on passe de R à R’ à R’’, La droite de budget va se déplacer
parallèlement à elle-même vers le haut. Le panier optimal du consommateur va
donc changer.

a. La courbe de consommation-revenu
Avec un revenu initial R=P1.x+P2.y, le panier optimal est E = (x*, y*).
- Lorsque le revenu passe de R à R’, tel que R’ = P1.x+P2.y, la droite de
budget se déplace vers le haut, un nouvel optimum est défini E’ = (x’*, y’*.
La satisfaction du consommateur a augmenté.

- Idem lorsque l’on passe de R’ à R’’.


Les paniers E, E’ et E’’ correspondent à 3 niveaux de revenu R, R’ et R’’. Si on
étend le raisonnement à tous les niveaux de revenu possibles, on obtient une
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infinité de paniers optimaux. Si on joint ces paniers optimaux par une courbe, on
obtient la courbe consommation-revenu ou sentier d’expansion du revenu.
 La courbe consommation-revenu ou sentier d’expansion du revenu est le
lieu géométrique des combinaisons optimales des biens obtenues en faisant
varier le revenu, les prix des biens restant inchangés.

Le graphique ci-dessous donne un exemple de tracé de sentier d’expansion du


revenu pour un consommateur affectant son revenu à l’achat de repas et de
séances de cinémas.

Sur ce graphe, du point C1 au point C4, l’accroissement du revenu entraîne un


accroissement des quantités des deux biens consommés, ce sont des biens
normaux.

b. Courbe de consommation-revenu, courbe d’Engel et nature des


biens

À partir de la courbe de consommation-revenu, on peut déduire une relation entre


la consommation optimale de l’un des deux biens et le revenu du
consommateur.
Pour le bien 1 :

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- lorsque le revenu est R, la consommation optimale du bien 1 est égale à


x* ;
- lorsque le revenu passe à R’, la consommation optimale du bien 1 est de
x’* :
- lorsque le revenu passe à R’’, la consommation optimale du bien 1 est de
x’’*.
La relation entre consommation optimale d’un bien et revenu du consommateur
est représentée par la courbe d’Engel. Celle-ci met donc en relation la quantité
demandée d’un bien et le revenu du consommateur, comme le montre le
graphique suivant.

 Notons que la forme de la courbe d’Engel dépend de la nature des biens.

2. Les effets de la variation du prix d’un bien

La variation du prix d’un bien va modifier l’équilibre du consommateur. La


réaction du consommateur aux variations du prix du bien permet à nouveau de
proposer une typologie des biens.

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a. La courbe de consommation-prix

Supposons que seul le prix du bien 1 augmente de P1 à P’1, le prix du bien 2 et le


revenu du consommateur restent constants.
La contrainte budgétaire est : R = P’1.x + P2.y
𝑹 𝑷′
L’équation de la droite de budget est : 𝒚 = − 𝟏 𝒙
𝑷𝟐 𝑷𝟐
La pente de la droite de budget est passée de P1/P2 à P’1/P2.
Graphiquement, la droite de budget va pivoter vers le bas par rapport à
l’ordonnée à l’origine R/P2. Un nouvel optimum va donc être défini.

- Avec un prix initial P1, le panier optimal est E = (x*, y*). L’augmentation
du prix du bien 1 a réduit l’ensemble des paniers accessibles car la droite
de budget pivote vers le bas. Le panier E ne peut plus être atteint, un
nouveau panier optimal est défini : E’ = (x’*, y’*). Le consommateur
demande moins de bien 1 et de bien 2 avec l’augmentation du prix du
bien 1.
- Idem si le prix augmente de P1’ à P1’’ : un nouvel équilibre sera défini au
panier E’’=(x*’’, y*’’).
Les paniers d’équilibre E, E’, E’’ correspondent à trois niveaux de prix P1, P1’,
P1’’. Si on étend le raisonnement à tous les niveaux de prix possibles, on obtient
une infinité de paniers optimaux.

 La courbe qui lie ces paniers optimaux est appelée courbe consommation-
prix.
 La courbe consommation-prix est le lieu géométrique des différents
équilibres du consommateur lorsque le prix d’un bien varie, le prix de
l’autre bien et le revenu du consommateur étant maintenus constants.

A partir de la courbe consommation-prix, on peut obtenir une relation entre le prix


d’un bien et la quantité optimale de ce bien. La représentation graphique de cette
relation entre les différents niveaux de prix possibles d’un bien et les quantités
optimales correspondantes est la courbe de demande du consommateur pour ce
bien.

Le graphique suivant donne un exemple de représentation de la courbe de


consommation-prix et établit son lien avec la courbe de demande d’un bien.

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b. L’analyse de J. Hicks et de Slutsky

L’analyse de J. Hicks
Lorsque le prix d’un bien X se modifie, baisse par exemple, deux effets vont se
produire :

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- un gain de pouvoir d’achat : le revenu réel augmente, entraînant un


accroissement du niveau de satisfaction. C’est l’effet revenu.
- le caractère attractif du bien X augmente, et le prix relatif de l’autre
bien Y devient plus élevé. C’est l’effet de substitution.
On étudie ci-dessous le cas d’un bien normal.

 Effet de substitution : on passe du point E1 au point E’1.


Selon Hicks (Angleterre - 1934), le revenu réel est constant lorsque, pour le
nouveau rapport des prix, le consommateur atteint le même niveau de satisfaction
que celui atteint avant la variation de prix. On suppose que le consommateur
maintient sa satisfaction, donc que l’on reste sur la même courbe d’indifférence.
Mais, en même temps, s’établit un nouveau rapport de prix résultant de
l’accroissement de P1.
Le point E’1 est ainsi le point de tangence entre la même courbe d’indifférence et
une droite de budget parallèle à la nouvelle droite de budget.
Du point E1 au point E’1 les consommations des biens 1 et 2 varient en raison de
la baisse du prix du bien 1 sans changement de niveau de satisfaction.

- Pour le bien 1, l’effet de substitution est négatif : ES = E’1 – E1 > 0


- Pour le bien Y, l’effet de substitution est positif : ES = y2 - y1 < 0
L’effet de substitution est toujours positif pour le bien dont le prix baisse, et
inversement pour l’autre bien dont le prix augmente relativement.
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 Effet revenu : On passe du point E’1 au point E2.


Le passage au point E’1 correspond à une situation fictive, le point E’1 ne
représente pas une situation d’équilibre.
Le passage du point E’1 au point E2 permet de mesurer l’influence sur les
quantités consommées de la hausse du pouvoir d’achat pour un nouveau rapport
des prix donnés (en effet les deux droites de budget sont parallèles).

 Effet total (du point E1 au point E2) :


L’effet total est égal à la somme des deux effets substitution et revenu.
- Pour le bien 1 l’effet total est positif : ET = ES + ER = q2 – q1 >0, q1 et q2
étant les quantités d’équilibre.
- Pour le bien 2 l’effet total peut être positif ou négatif (sur la courbe ci-
dessus l’effet est positif).

Retenons ceci :
- Dans la plupart des biens de consommation, l’ES et l’ER agissent dans le
même sens. Dans le cas de biens normaux, on trouve une courbe de
demande décroissante (la demande est une fonction décroissante du prix).
- Par contre, pour les biens inférieurs, les deux effets s’opposent. C’est
uniquement lorsque l’ER l’emporte sur l’ES que la courbe de demande d’un
bien inférieur est croissante. Dans ce cas, il s’agit d’un « bien Giffen ».

L’analyse de Slutsky
Un autre type de substitution a été proposé par Slutsky et Samuelson. Selon le
critère budgétaire de Slutsky-Samuelson, le pouvoir d’achat est constant si le
consommateur peut encore s’offrir le panier de consommation qu’il avait choisi
avant le changement dans le vecteur de prix. Par conséquent, le point
intermédiaire (Y sur le graphique ci-dessous) s’obtient en faisant pivoter autour
du panier initial X la droite de budget pour la rendre parallèle à la nouvelle droite.
On a ainsi une nouvelle droite de budget qui permet notamment d’acheter X. Cette
droite sera tangente avec une nouvelle courbe d’indifférence plus haute et donnera
le point d’équilibre Y. Ensuite, le même effet revenu, décrit ci-dessus, s’applique
pour passer de Y au point final Z.
On peut alors facilement mesurer l’ES, l’ER et l’ET correspondant à la variation
de prix. On retrouve les mêmes conclusions que dans l’analyse de Hicks.

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Décomposition de l’ET en ES et ER, selon la méthode de Slutsky.

III. La fonction de demande et ses propriétés


Le concept d’équilibre du consommateur permet d’identifier son comportement
de consommation compte tenu des prix des biens et du revenu dont il dispose. La
demande du consommateur traduit son comportement de consommation.

 La demande individuelle d’un bien est la quantité d’équilibre de ce bien


qu’un consommateur est prêt à acquérir aux prix en vigueur et dans les
limites de son revenu.

Pour le bien 1 : x* = x(P1, P2, R)


Pour le bien 2 : y* = y(P1, P2, R)

 Comment construire une fonction de demande individuelle?


 Comment réagit la demande aux variations des prix et du revenu?
 Comment construire une fonction de demande totale ou du marché?

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1. La fonction de demande individuelle

La fonction de demande d’un consommateur pour un bien quelconque correspond


à la relation algébrique qui lie le niveau optimal de consommation de ce bien, et
les valeurs quelconques de P1, P2 et R.

 Pour le bien 1 : x* = x(P1, P2, R)


 Pour le bien 2 : y* = y(P1, P2, R)

𝑅−𝑃1 −𝑃2
Exemple : 𝑥 ∗ = 3𝑃1
La fonction de demande permet donc de connaître immédiatement la
consommation optimale d’un bien en cas de modification des prix et/ou du revenu.

Exemple : Dans l’exemple précédent, si R=100, P1=10 et P2=30, la consommation


optimale du bien 1 est de 20 unités.

Mais, comment construire la fonction de demande individuelle ?

a. Construction de la fonction de demande

La fonction de demande est obtenue en résolvant le problème d’optimisation du


consommateur pour des niveaux quelconques de P1, P2 et R.
𝑀𝑎𝑥 𝑈(𝑥, 𝑦)
{𝑠. 𝑐. 𝑅 = 𝑃1 𝑥 + 𝑃2 𝑦

La résolution de ce système permet la définition de deux fonctions de demande :


une pour le bien 1 et une pour le bien 2. Chacune de ces fonctions ne dépendra
que de P1, P2 et R.

Exemple : Soit 𝑈(𝑥, 𝑦) = 2𝑥𝑦. Déterminer la fonction de demande de chaque


bien, avec P1, P2 et R les prix des biens et le revenu du consommateur,
respectiement.

Remarques :
 Dans le cas de préférences convexes, la demande de chacun des deux biens
dépend ainsi du prix du bien considéré et du revenu du consommateur.
 Plus précisément, chacune de ces fonctions vérifie la double loi
microéconomique de la demande :

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- La demande d'un bien est normalement une fonction décroissante du


prix de ce bien,
- La demande d'un bien est normalement une fonction croissante du
revenu du consommateur.

La double loi microéconomique de la demande souffre de quelques exceptions


comme on va le voir dans la section suivante.

b. La courbe de demande
La courbe de demande d’un bien peut être directement construite à partir de la
courbe consommation-prix. Elle relie les quantités demandées de ce bien et les
prix correspondants, toutes choses égales par ailleurs (le prix de l’autre bien et le
revenu du consommateur étant constants).

L’équation de la courbe de demande est obtenue à partir de la fonction de


demande : il suffit d’introduire dans la fonction de demande des valeurs pour P2
et R.
𝑅
Exemple : A partir de la fonction de demande du bien 1 : 𝑥 = , déduire
2𝑃1
l’équation de la courbe de demande lorsque R=20 et la représenter graphiquement.
20
Si R = 20, alors, l’équation de la courbe de demande est : 𝑥 =
2𝑃1

Tableau des valeurs :


Prix possibles du Quantités
bien 1 demandées
10 1
8 1,25
6 1,67
5 2
4 2,5
2 5

Il est facile de représenter graphiquement ces valeurs dans le plan (OX, OY).

Constat : La courbe de demande est décroissante.

Remarques :
La courbe de demande est décroissante pour la majorité des biens.
Cependant, la demande peut être fonction croissante du prix du bien sous
trois effets possibles :

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- L’effet Giffen : la demande croît avec le prix quand le bien est de première
nécessité ;
- L’effet Veblen : la demande des biens de luxe peut croître avec le prix à
cause du comportement ostentatoire de certains consommateurs ;
- L’effet d'anticipation : en situation d'incertitude, la demande peut croître
lorsque les consommateurs nourrissent des anticipations inflationnistes ;
- L’effet d’anticipation peut être renforcé par un effet de spéculation :
acheter d'autant plus maintenant que l'on espère pouvoir vendre plus cher
plus tard.

La fonction de demande du consommateur dépend de son revenu et des prix des


biens considérés. Toute variation de l’une de ces variables aura des incidences sur
la demande du consommateur. Il devient alors intéressant de mesurer la sensibilité
de la demande aux changements qui affectent le revenu du consommateur ou les
prix des biens considérés : c’est l’étude des élasticités.

2. Les élasticités

L’élasticité désigne la variation relative d’une grandeur (effet) par rapport à la


variation relative d’une autre grandeur (cause) : on ne peut calculer les élasticités
que s’il y a causalité entre les deux grandeurs.
 L’élasticité-prix de la demande
 L’élasticité-revenu de la demande
 L’élasticité-prix croisée

a. L’élasticité-prix de la demande : 𝑬𝒑
L’𝐸𝑝 permet de mesurer la « sensibilité » de la demande du consommateur pour
un bien aux variations des prix de ce bien. Elle mesure la variation relative (en
%) de la quantité demandée d’un bien, suite à une variation relative du prix de
ce bien, toutes choses égales par ailleurs.

- Entre deux niveaux de la demande, l’élasticité-prix de la demande du bien


1 est égale à :

∆𝑥⁄𝑥 ∆𝑥 𝑃1
𝐸𝑝 = = .
∆𝑃1 ⁄𝑃1 ∆𝑃1 𝑥
- En un point, l’élasticité-prix de la demande du bien 1 est égale à :
𝜕𝑥 ⁄𝑥 𝜕𝑥 𝑃1
𝐸𝑝 = = .
𝜕𝑃1 ⁄𝑃1 𝜕𝑃1 𝑥

i. Interprétation de l’Ep :

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Pour la très grande majorité des biens, l’élasticité-prix de la demande est négative
(𝑬𝒑 < 𝟎) car la demande et le prix varient en sens inverse. Il s’agit de biens
normaux
- Si 𝑬𝒑 > 𝟎, cela signifie que la demande du bien varie dans le même sens
que le prix. Si le prix augmente, la demande augmente ; si le prix baisse, la
demande baisse. Il s’agit d’un bien atypique : bien de Giffen.
- Si 𝑬𝒑 = 𝟎, le prix n’a pas d’influence sur la quantité demandée. La
demande ne réagit pas aux variations du prix, elle est parfaitement
inélastique au prix. Il s’agit d’un bien de première nécessité
- Si 𝟎 < |𝑬𝒑 | < 𝟏, cela signifie que lorsque le prix varie de 1%, la quantité
demandée varie en sens inverse de moins de 1%. La quantité demandée
varie moins que proportionnellement par rapport au prix du bien en
question. La demande est peu élastique (inélastique). C’est le cas des Biens
pas facilement substituables
- Si |𝑬𝒑 | > 𝟏, cela signifie que lorsque le prix varie de 1%, la quantité
demandée varie en sens inverse de plus de 1%. La quantité demandée
varie plus que proportionnellement par rapport au prix du bien en
question. La demande est très élastique. C’est le cas des biens de luxe ou
de biens facilement substituables.
- Si 𝑬𝒑 = −𝟏, cela signifie que lorsque le prix varie de 1%, la demande varie
dans le sens inverse de 1%. La demande varie dans les mêmes proportions
que les prix. Il s’agit d’un bien à élasticité unitaire.
- Si |𝑬𝒑 | 𝒕𝒆𝒏𝒅 𝒗𝒆𝒓𝒔 ∞ , cela signifie que la quantité demandée répond
infiniment aux variations du prix. La demande est parfaitement élastique.

ii. Les déterminants de l’élasticité-prix de la demande


L’élasticité-prix de la demande dépend de :
- La nature des biens
- L’existence de substituts proches
- La définition du marché
- La période considérée

La nature des biens : biens de « 1ère nécessité » et de « luxe »


La demande des biens essentiels est inélastique voire rigide (Ex: réaction de la
demande aux prix des consultations médicales). La demande des biens de luxe est
élastique voire très élastique (Ex: la réaction de la demande aux prix des bateaux
de plaisance).

L’existence de substituts proches


La demande des biens qui ont des substituts proches tend à être élastique (Ex:
Pepsi / Coca cola ; Beurre / margarine).

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La définition du marché
Les marchés définis de manière précise ont des demandes plus élastiques que
ceux définis en termes vagues. Il est plus facile de trouver des substituts proches
pour des produits clairement identifiés. Ex: Marché des boissons ; Marché des
boissons sans alcool ; Marché des boissons gazeuses ; Marché du Coca cola.

L’horizon temportel
La demande est d’autant plus élastique que l’horizon temporel est éloigné, peu
élastique à court terme car les substituts sont difficilement repérables, beaucoup
plus élastique à long terme qu’à court terme. Ex : Pétrole et énergies de
substitution à LT.

En somme, la demande est d’autant plus élastique au prix que :


- Il existe un grand nombre de biens substituts
- Que le bien est un bien de luxe
- Que le marché est défini de manière étroite
- Que l’horizon temporel est long

b. L’élasticité-prix croisée de la demande


Elle permet de mesurer la « sensibilité » de la demande du consommateur pour un
bien aux variations des prix d’un autre bien. En présence de deux biens 1 et 2, on
peut mesurer l’impact de la variation du prix du bien 2 sur la demande du bien 1

Ex : Comment réagira la demande de voitures à une augmentation des prix du


carburant ?

Elle mesure la variation relative de la quantité demandée d’un bien, suite à une
variation relative du prix d’un autre bien, toutes choses étant égales par ailleurs.

- Entre deux niveaux de la demande, l’élasticité-prix croisée de bien 1 est :


∆𝑥⁄𝑥 ∆𝑥 𝑃2
𝐸𝑥⁄𝑝2 = = .
∆𝑃2 ⁄𝑃2 ∆𝑃2 𝑥

- En un point, on a :
𝜕𝑥⁄𝑥 𝜕𝑥 𝑃2
𝐸𝑥⁄𝑝2 = 𝜕𝑃 ⁄𝑃 = 𝜕𝑃 .
2 2 2 𝑥
Le signe et la valeur de l’élasticité-prix croisée dépendent des relations qui
existent entre les biens.

i. Elasticité-prix croisée et biens indépendants

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Lorsque la variation du prix d’un bien (bien 2) n’a aucune incidence sur la
demande d’un autre bien (bien 1), ces deux biens sont dit indépendants.
L’élasticité-prix croisée est donc nulle. Ex : Théâtre et pain

ii. Elasticité-prix croisée et biens substituables


Si en présence de deux biens normaux 1 et 2, l’augmentation du prix du bien 2
incite le consommateur à se reporter sur le bien 1 pour satisfaire le même besoin,
ces deux biens sont dits substituables. L’élasticité-prix croisée sera donc
positive. Ex : Pepsi et Coca cola

La valeur de cette élasticité est d’autant plus forte que les biens sont des substituts
proches.

iii. Elasticité-prix croisée et biens complémentaires


Si en présence de deux biens normaux 1 et 2, l’augmentation du prix du bien 2
entraîne la baisse de la consommation du bien 1, ces deux biens sont dits
complémentaires. L’élasticité-prix croisée sera donc négative. Ex : voiture et
carburant
c. L’élasticité-revenu : ER
L’ER permet de mesurer la « sensibilité » de la demande du consommateur aux
variations du revenu. Elle mesure la variation relative de la quantité demandée
d’un bien, suite à une variation relative du revenu du consommateur, toutes
choses étant égales par ailleurs.

- Entre deux niveaux de la demande de bien 1, l’élasticité-revenu est égale :


∆𝑥⁄𝑥 ∆𝑥 𝑅
𝐸𝑅 = = .
∆𝑅⁄𝑅 ∆𝑅 𝑥

- En un point, l’élasticité-revenu est égale :

𝜕𝑥 ⁄𝑥 𝜕𝑥 𝑅
𝐸𝑅 = = .
𝜕𝑅⁄𝑅 𝜕𝑅 𝑥

Le signe et la valeur de l’élasticité-revenu dépendent de la nature des biens.

i. Elasticité-revenu et biens inférieurs


Les biens inférieurs ont une élasticité-revenu négative : lorsque le revenu
augmente de 1%, la quantité demandée diminue d’un pourcentage égal à la
valeur absolue de l’élasticité. La quantité demandée varie dans le sens inverse du
revenu.
La courbe d’Engel dans le cas de biens inférieurs est donc décroissante.

ii. Elasticité-revenu et biens normaux prioritaires


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USSGB/FSEG COURS DE MICROECONOMIE – 1ERE ANNEE

Les biens normaux prioritaires ont une élasticité-revenu comprise entre 0 et 1 :


lorsque le revenu augmente de 1%, la quantité demandée augmente mais dans
une moindre proportion (moins de 1%). La demande est donc peu élastique ou
relativement inélastique au revenu.
La courbe d’Engel d’un bien prioritaire (nécessaire) est croissante.

iii. Elasticité-revenu et biens de luxe


Les biens de luxe ont une élasticité-revenu supérieure à 1 : lorsque le revenu
augmente de 1%, la quantité demandée augmente plus que proportionnellement
au revenu (plus de 1%). La demande est donc très élastique par rapport au
revenu.
La courbe d’Engel d’un bien de luxe (supérieur) est croissante.

iv. Remarques
La demande d’un bien peut être indépendante du revenu : lorsque le revenu
augmente, la quantité demandée reste constante. La demande est donc
parfaitement inélastique par rapport au revenu.
La courbe d’Engel d’un bien à élasticité revenu nulle est une droite horizontale.

L’élasticité-revenu peut être égale à l’unité : lorsque le revenu augmente de 1%,


la demande augmente aussi de 1%. La demande varie dans la même proportion
que le revenu.

3. La demande totale ou demande agrégée


La demande totale ou agrégée est la demande exprimée par l’ensemble des n
consommateurs pour un même bien.
Supposons l’existence de n consommateurs qui demandent un même bien 1.
Soit 𝑥1𝑖 la fonction de demande individuelle du bien 1 pour le consommateur i et
Ri son revenu, alors, la fonction de demande totale X du bien 1 est la somme des
n demandes individuelles d’un même bien :
𝒏

𝑿𝟏 (𝑷𝟏 , 𝑷𝟐 , 𝑹𝟏 , 𝑹𝟐 , … 𝑹𝒏 ) = ∑ 𝒙𝒊𝟏 ( 𝑷𝟏 , 𝑷𝟐 , 𝑹𝒊 )
𝒊=𝟏

La fonction de demande totale dépend des prix des biens et des niveaux de
revenu de chaque consommateur.
La fonction de demande totale peut être représentée graphiquement par une
courbe de demande agrégée. La courbe de demande agrégée du bien 1 retrace
l’évolution de la demande totale de ce bien en fonction de son prix, ceteris
baribus.

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𝑿𝟏 (𝑷𝟏 ) = ∑ 𝒙𝒊𝟏 ( 𝑷𝟏 )
𝒊=𝟏
La courbe de demande agrégée est obtenue en sommant horizontalement les
courbes de demande individuelles.

Conclusion
Le raisonnement microéconomique de l’étude du comportement du
consommateur nous a permis de comprendre :
- La rationalité qui sous-tend la détermination du choix optimal individuel
de consommation ;
- La construction des fonctions de demande individuelles ;
- La construction des fonctions de demande totales

La théorie microéconomique s’intéresse également au comportement d’un autre


agent économique : le producteur
 Quelles techniques de production choisir ?
 Quelles quantités produire ?
 Etc.

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