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Économie industrielle

Partie 1 : Comportements stratégiques et performance des marchés


Partie 1 : Enjeux de l’économie industrielle et rôle des
modèles d’économie industrielle

Þ Concurrence pure et parfaite

Þ Monopole

Þ Modèle de Bertrand

Þ Modèle de Cournot

Þ Concentration du marché

Þ Fusions

Þ Pouvoir de marché

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La concurrence pure et parfaite
Le modèle de la concurrence pure et parfaite (CPP) se définit
par un certain nombre d'hypothèses essentielles et constitue l'un
des fondements de la théorie néoclassique.

Ce sont ces hypothèses qui permettent de comprendre la


détermination du prix sur le marché, le comportement de la firme
ainsi que le fonctionnement des mécanismes des marchés.

Ce modèle repose sur cinq conditions :

1. L'atomicité du marché signifie qu'il existe un grand nombre


d'agents économiques, tant du côté de l'offre que du côté de la
demande, et qu'aucun d'entre elles+ ne dispose sur le marché d'une
dimension ou d'une puissance suffisante pour exercer une action
quelconque sur la production et sur le prix considéré.

2. L'homogénéité du produit suppose que toutes les entreprises


livrent des produits et services que les acheteurs jugent identiques ou
homogènes ; ils n'ont pas de raisons de préférer le produit d'une firme
au produit d'une autre firme. Le choix de l'acheteur n'est ainsi guidé
que par le prix.

3. La libre entrée sur le marché signifie que quiconque veut s'adonner


à une certaine production peut le faire sans restriction ni délai, pénétrer
sur le marché et ainsi concurrencer ceux qui s'y trouvent déjà. Les
firmes qui composent l'industrie ne peuvent s'opposer à l'arrivée de
concurrents.

4. La parfaite transparence du marché ou information


parfaite suppose que les offreurs et les demandeurs soient parfaitement
informés des caractéristiques des produits et des prix auxquels ils sont
proposés. La parfaite connaissance de tous les facteurs significatifs
du marché empêche ainsi que certains profitent d'une information
particulière pour manipuler le marché.

5. La libre circulation des facteurs de production signifie que le


capital et le travail doivent pouvoir se déplacer librement à la recherche
de la meilleure opportunité de rémunération. Cela suppose donc la libre
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circulation des capitaux dans le monde ainsi que l'ouverture des
frontières aux flux migratoires.

Les trois premières conditions définissent la concurrence pure, c'est-


à-dire pure de tout élément de monopole ; les cinq conditions
définissent la concurrence « parfaite », ou pure et parfaite. Toutes
ces conditions sont assorties de l'hypothèse que l'agent économique est
rationnel.

Il semble nécessaire de rappeler brièvement le fonctionnement


d'un marché en concurrence parfaite.

Soit p le prix du bien et q la quantité vendue par une firme.

Le profit de cette firme s'écrit alors Π = pq − C(q),


où C(.) représente la fonction de coût de la firme en question (cela lui
coûtera C(q) de produire une quantité q du bien)

En compétition parfaite, la firme est "preneuse de prix" (l'idée étant


qu'elle est trop petite pour que son prix ait une quelconque influence
sur le marché), p est fixé et l’entreprise choisit la quantité q qui
maximise son profit.

Aucun producteur ne peut écouler ses produits à un prix différent de


celui déterminé sur le marché.
Aucun acheteur ne peut se procurer le produit à un prix différent de
celui résultant de l’offre / demande.

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Pour maximiser son profit, chaque firme produit jusqu’à égaliser son
coût marginal au prix :
Max [ p.q - CT(q) ] => p = Cm(q*)

La courbe de coût marginal est la fonction d’offre de la firme.

La courbe d’offre est croissante avec le prix

Le profit (Π) = q*.CM(q*) > 0

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Comme les profits sont positifs, il est rentable pour des firmes
identiques d’entrer à leur tour sur le marché.

L’entrée de nouvelles firmes fait baisser le prix de marché jusqu’à ce


que le prix soit égal au minimum du coût moyen (profit nul).

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Pour résumer …

• La Concurrence Pure et Parfaite rend bien compte du mécanisme fondamental de la


concurrence, qui conduit dans ce cas à l’optimum social.

• Mais elle ne fonctionne réellement qu’à certaines conditions :

• Les fonctions de coût sont normales (coût marginal croissant)


Or, monopoles naturels, industries de réseaux (chemin de fer, distribution de l’électricité)

• Les firmes sont « preneuses de prix »


Or, les firmes peuvent souvent exercer un contrôle réel sur les prix (cas extrême du monopole)

• Les produits sont homogènes


Or, les produits sont souvent différenciés (différentiation pas la marque, la qualité, la
localisation géographique)

• Les firmes sont nombreuses et identiques


Or, il existe des oligopoles (la téléphonie mobile (3 opérateurs), pays producteurs de pétrole,
Airbus et Boeing)

• Les firmes peuvent entrer librement


Or, il peut exister des barrières à l’entrée (brevets, « sunk costs », publicité, normes nationales)

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La concurrence imparfaite
Il y a concurrence imparfaite CI dans un secteur lorsque le producteur peut individuellement
influer sur le prix de son output (ce qui est produit).
En concurrence imparfaite les prix sont généralement plus élevés et le nombre de producteurs
moins important qu’en CPP.
Mais, l’existence de CI n’exclut pas l’existence d’une certaine rivalité sur le marché pour
accroître les parts de marché.
Le producteur est un « Price maker », il est faiseur de prix, contrairement qu’en CPP, et
décide de la variation des prix selon les stratégies qu’il entreprends et les performances qu’il
souhaite.
En CI, le prix baisse à mesure que les ventes augmentent.

Les structures de marché


Le marché :

• Un lieu de rencontre entre l’offre et la demande


• L’offre étant la quantité d’un produit offert à la vente pour un prix donné
• La demande étant la quantité de produit demandée par les acheteurs pour un prix
donné
• L’offre émane des vendeurs et la demande émane des acheteurs
• les acheteurs et les vendeurs ont des intérêts opposés
• Les demandeurs souhaitent acheter au prix le plus faible possible pour répondre à un
besoin
• Les offreurs souhaitent vendre au prix plus le plus élevés pour pouvoir engendrer du
profit
• La rencontre entre l’offre et la demande va permettre de déterminer un prix
d’équilibre.

Les structures du marché

Nombre d’acheteurs
1 Nombre fini ∞

Nombre 1 Monopole Enchères Monopole


de bilatéral
vendeurs
Nombre Appel ? Oligopole
fini d’offre

∞ Monopsone Oligopsone CPP

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La notion de Demande
• La demande représente les quantités de biens et services que les consommateurs
veulent et peuvent acheter aux différents prix.

Approche simple: la quantité demandée dépend du prix


Q=D(p)
Ou, ce qui est équivalent: p=d(Q)
P= Prix du Bien
Q= Quantité vendue du bien par une firme
D= Fonction de la demande

La loi de la demande
Il existe une relation Inverse entre le prix et la quantité de la demande

• La notion de l’offre - le montant (quantité) d’un bien ou d’un service que le vendeur
est disposé et capable de vendre à différents prix à un moment donné.
• Il existe une relation directe (positive) entre le prix et la quantité offerte
• Coût de production standard (pour une firme):
• Coût total: CT(Q)=CF+CV(Q)
• Coût marginal (croissant): Cm(Q)=CT’=CV’
• Coût moyen : CM(Q)= CT(Q)/Q
• CV étant le coût variable
• CF le coût fixe

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La loi de l’offre
Il existe une relation directe (positive) entre le prix et la quantité offerte

L’équilibre

• Quel est le prix qui s’établit sur le marché?


• Quelles quantités sont échangées sur le marché?

Hypothèses de la théorie de l’offre et de la demande


Marché concurrentiel
• Biens standards
• Nombreux acheteurs et vendeurs
• Acheteurs et vendeurs bien informés
• Aucun acheteur ou offreur ne peut influencer la formation du prix
Marché libre
• Acheteurs et vendeurs (non l’Etat), déterminent ce qui est acheté et vendu
L’offre et la demande déterminent…

Le prix d’équilibre
• Le prix auquel les courbes d’offre et de demande se croisent.
A l’équilibre, la quantité offerte et la quantité demandée sont égales.

Quantité d’équilibre
• Quantité pour laquelle la courbe d’offre et la courbe de demande se croisent.

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Le monopole
Le monopole définit une situation de marché où l’entreprise domine tout le marché (ou
presque tout le marché).

Le monopole est une situation de marché où une entreprise est seule à produire un bien ou un
service.
En passant de la CPP au Monopole, on abandonne en 1er lieu l’hypothèse « d’atomicité » et
celle de « libre accès au marché ». Les 3 autres hypothèses restent compatibles avec la
structure du monopole.

Des exemples de monopoles ?

• Les entreprises dans certaines industries de réseau

• Pendant longtemps, ONEE (électricité) Maroc Télécoms (télécommunications), les


sociétés de transport (TAM) ...

Une entreprise "dominante" :

• Entre 50% et 100% de son marché,


• Sans rival important.

Pourquoi existe-t-il des monopoles ?

Les sources du monopole :

Le monopole naturel : du fait de coûts d’entrée très élevés dans l’industrie, d’économies
d’échelle ou de gamme, la production par une seule firme est moins coûteuse que la production
par plusieurs firmes.

Les barrières à l’entrée : du fait de certaines caractéristiques du marché (des coûts élevés ou
l’existence d’une facilité essentielle) ou de menaces faites par les entreprises en place (barrières
stratégiques).

Les restrictions légales à l’entrée : licence exclusive, brevet, concession de service public...

Situation symétrique au monopole : un unique acheteur, on parle de monopsone.

Le monopole est confronté seul à l’ensemble des demandes individuelles,

• La demande qui s’adresse à lui se confond avec la demande totale sur le marché.
• Le monopole en choisissant son volume de production détermine via la fonction de
demande, le prix
• S’il produit plus, il vend plus, mais le prix baisse

Pour maximiser son profit, le monopole arbitre donc entre produire plus à un prix moins élevé
ou produire moins pour bénéficier d’un prix plus élevé.
• Au final il va « rationner » la demande…

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Maximisation du profit

Max p.q-CT(q) => p’.q+p-Cm(q)=0


Soit : p+ p’.q = Cm(q)
Le monopole produit une quantité qui égalise sa recette marginale au coût marginal

En situation de monopole

- Le prix est supérieur au prix de concurrence parfaite.


- La quantité produite est inférieure à celle de concurrence parfaite
- Exemple: le prix du vol Casablanca-Dakhla a baissé depuis que Royal Air Maroc n’est
plus la seule compagnie sur ce segment. Et il est probable que plus de gens prennent
l’avion!

Interprétation de l’équation : p’.q + p = Cm(q)

• L’élasticité-prix de la demande :
"# #
ε=
"$ $

• On en déduit :

%&%
Cm(q) = p ( )
'

Conclusion : moins la demande est élastique (c’est-à-dire moins les consommateurs sont
sensibles au prix), plus le prix de monopole s’éloigne du prix de concurrence parfaite.

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L'équilibre de Nash
L'équilibre de Nash est un type de solution – proposé par John Forbes Nash en 1950 –
couramment utilisé en théorie des jeux, dont la définition même souligne le caractère auto-
réalisateur.

Un équilibre de Nash est, en effet, une combinaison de décisions individuelles, appelées


« stratégies », où chacun anticipe correctement les choix des autres ; il y a autoréalisation,
puisque l'issue réalisée est le fruit de décisions prises en pensant qu'elle va se réaliser.

En fait, la grande – et seule – question que se pose un joueur au moment de faire son choix est,
en théorie des jeux : que va faire l'autre ? Ses croyances concernant le comportement des autres
ont donc un rôle essentiel au moment de la décision. À la diversité des croyances peut ainsi
correspondre une multiplicité d'équilibres.

B1 B2 B3

A1 (6,4) (4,3) (3,1)

A2 (5,4) (7,4) (5,4)

Le joueur A doit choisir entre les deux stratégies A1 et A2, le joueur B entre les trois
stratégies B1, B2, B3.

Le tableau donne le gain de A et de B pour chaque combinaison de stratégies.

Il y a ici deux équilibres de Nash :

{A1, B1 } où A maximise son gain en choisissant A1 en pensant que B va choisir B1 et B


maximise son gain en choisissant B1 en pensant que A va choisir A1, ces prévisions s'avérant
être correctes;

L'équilibre {A1, B1 } est cependant sous-optimal puisqu'il existe une autre combinaison
{A2, B2} qui donne aux deux joueurs un gain supérieur à celui qui est procuré par cet équilibre.

Que prédit la théorie concernant les choix des joueurs ? Rien de bien précis, puisque tout
dépend de ce que chacun croit que l'autre va faire. En fait, de nombreuses issues d'un jeu
peuvent résulter du choix d'individus « raisonnables » : il n'y a donc pas de raison particulière
pour privilégier les équilibres. On peut même s'interroger sur l'utilisation du mot « équilibre »
pour désigner les solutions de Nash, les règles des jeux excluant tout processus (elles supposent
un choix unique et simultané de la part des joueurs).

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L’oligopole
Définition de l’oligopole

Une industrie dans laquelle un petit nombre de firmes sont en concurrence.

• La plupart des marchés correspondent à cette description : les télécommunications,


l’industrie des logiciels, de la distribution de carburants…
• Dans un marché oligopolistique, une firme ne doit pas ignorer le comportement de ses
concurrents…
• …. Mais aussi, leurs réactions à ces propres décisions
• L’étude de ces interactions stratégiques est l’objet de la théorie de l’oligopole

Le modèle de Bertrand

Le duopole, forme d’oligopole sur un marché où seulement deux entreprises vendent un bien
ou service en particulier tout en maximisant leurs profits. À elles deux, ces entreprises
possèdent la totalité ou la quasi-totalité des parts de marché.

Modèle de Bertrand (1883), ou modèle de compétition de Bertrand

Joseph Louis François Bertrand, né le 11 mars 1822 à Paris et mort le 3 avril 1900 à Paris, est
un mathématicien, économiste et historien des sciences français.

Deux firmes qui produisent des biens identiques « substituts parfaits » et se font
concurrence en prix
La demande est donnée par q = D(p)

Le cout marginal de production est constant et identique pour les deux firmes : C
Cm(Etse1) = Cm(Etse2)

On suppose que la demande est partagée de façon égale entre les deux firmes si leurs prix sont
égaux.

On a donc :

Le profit de la firme i s’écrit :

Πi(pi , pj) = (pi − ci)Di(pi , pj)

Dans le modèle le plus simple de firmes identiques produisant un bien homogène sans
contrainte de capacité, on se retrouve dans un cas paradoxal.

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Bien que n'étant que deux, les firmes se retrouvent avec un profit de concurrence parfaite, c'est-
à-dire un profit nul.

Considérons le cas le plus simple d'un duopole symétrique avec un coût de production unitaire
constant égal à c.

On suppose par ailleurs que les deux firmes produisent des biens homogènes et choisissent
uniquement leurs prix (duopole de Bertrand).

On note D(p) la fonction de demande globale avec D’ (p) < 0.

Ainsi, les consommateurs choisissent la firme proposant le prix le plus faible :

si p1 < p2, D1(p1, p2) = D(p1) et D2(p1, p2) = 0

si p1 > p2, D1(p1, p2) = 0 et D2(p1, p2) = D(p2)

si p1 = p2 = p, D1(p1, p2) = D(p) − D2(p1, p2) et D2(p1, p2) ∈ [0, D(p)]

On retrouve alors un des résultats centraux de l'économie industrielle : (p1, p2) = (c, c) est
l'unique équilibre de Nash.

Ainsi à l'équilibre le profit des deux firmes est nul.

Montrons d'abord que (c, c) est un équilibre de Nash en prix.

Pour cela il suffit de montrer que π1(p1, c) ≤ π1(c, c) avec p1 ≠ c.

On a π1(c, c) = 0.

Or, si p1 > c, D1(p1, c) = 0 et π1(p1, c) = 0 ≤ p1(c, c).

Par ailleurs, si p1 < c, D1(p1, c) = D(p1) mais π1(p1, c) < 0.

On a donc bien π1(p1, c) ≤ π1(c, c)∀p1≠ c.

Par ailleurs (c, c) est l'unique équilibre de Nash puisque dès que (p1, p2) ≠ (c, c) on a une
escalade de prix à la baisse jusqu'à (c, c).

p1 > p2 > c
p1 > p2 = c
p1 = p2 > c ⇒ escalade des prix à la baisse jusqu'à(p1, p2) = (c, c)
p1 = p2 = c

Ce résultat est très fort puisque les profits sont alors nuls, c'est-à-dire qu'on retrouve une des
caractéristiques de la concurrence parfaite alors que les firmes ne sont que deux (et que le profit
est maximal quand il n'y a qu'une firme).

Par ailleurs, ce résultat ne semble pas très réaliste. Les industries organisées en oligopole
(comme la téléphonie mobile par exemple) étant en réalité sujets à des profits importants.

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Il existe en fait au moins trois moyens de contourner théoriquement le paradoxe de Bertrand :

• la différenciation des produits,

• l'introduction de contraintes de capacités de production (solution d'Edgeworth) et

• l'introduction d'une dynamique.

Équilibre de Bertrand

Paradoxe de Bertrand

Enfin pour résumer ,

Il existe un équilibre de Nash unique tel que les firmes fixent 𝑝%∗ = 𝑝.∗ > = c.

A l’équilibre, on a Π∗1 = Π∗ 2 = 0

Résultat :

• Quand on passe d’une firme (monopole) a deux firmes (duopole), le prix d’équilibre
passe du prix de monopole au prix concurrentiel.

• Deux firmes suffisent pour atteindre un équilibre parfaitement concurrentiel. Cela


paraît peu réaliste, d’où la référence au « paradoxe de Bertrand ».

Applications :

• Si 𝑝%∗ > 𝑝.∗ > c :

Alors la firme 1 augmente son profit en fixant 𝑝%∗ = 𝑝.∗ − 𝜖.

• Si 𝑝%∗ = 𝑝.∗ > c :

Alors la firme 1 augmente son profit en fixant 𝑝%∗ = 𝑝.∗ − 𝜖, car pour 𝜖 petit,

D(𝑝%∗ )( 𝑝%∗ − c)/2 < D(𝑝%∗ − 𝜖)( 𝑝%∗ − c − 𝜖)

• Si 𝑝%∗ > 𝑝.∗ = c :

Alors la firme 2 augmente son profit en fixant 𝑝. = 𝑝.∗ + 𝜖

Concurrence à la Bertrand avec coûts marginaux différents

Supposons que 𝑐% < 𝑐. .

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• Coûts assez proches : 𝑐% < 𝑐. < 𝑝2 (𝑐% )

L’équilibre de Nash unique est tel que 𝑝%∗ = 𝑐. − 𝜖 et 𝑝.∗ = 𝑐. .

Seule la firme 1 réalise un profit : 𝜋%∗ = (𝑐. − 𝑐% )D(𝑐. ) et 𝜋.∗ = 0.

• La firme 1 est beaucoup plus efficace que la firme 2 : 𝑐% < 𝑝2 (𝑐% ) < 𝑐.

L’équilibre de Nash unique est tel que 𝑝%∗ = pm(𝑐% ) et 𝑝.∗ = 𝑐.

Seule la firme 1 réalise un profit : 𝜋%∗ = Πm 1 et 𝜋.∗ = 0.

Les solutions au Paradoxe de Bertrand

Quatre grandes solutions au ”paradoxe de Bertrand”, correspondant à quatre grandes


hypothèses du modèles:

1. Les produits sont homogènes


2. La concurrence a lieu sur une seule période
3. Les firmes n’ont pas de contraintes de capacité
4. Les consommateurs sont parfaitement informés

Retirer une de ces hypothèses permet de résoudre le paradoxe, en supposant au contraire :

1. La différenciation des produits


2. La concurrence en dynamique (interactions répétées)
3. L’existence de contraintes de capacité
4. Une information imparfaite

La différenciation des produits

Supposons, par exemple, une différenciation géographique.

• Deux vendeurs de glace, 1 et 2, situés aux deux extrémités d’une plage


• Si 𝑝% = c, est-ce que 𝑝. = c + 𝜖 > c est possible ?
• Des consommateurs proches du vendeur 2 peuvent préférer acheter un peu plus cher
auprès de 2 plutôt que de se déplacer jusqu’au vendeur 1 !
• Théorie de la différenciation horizontale ou verticale : modèle d’Hotelling... à voir en
deuxième partie du cours.

à En présence de différenciation des produits...


Une situation telle que pi > c peut être un équilibre.

La concurrence en dynamique

• Le modèle de Bertrand suppose que les firmes ne se font concurrence que pendant une
période.

• Par conséquent : en partant d’une situation où p1 = p2 > c, une firme a de fortes


incitations à baisser son prix (”undercutter”).

• Dans un cadre plus dynamique, que peut-il se passer ?


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• En dynamique, une firme devrait prendre en compte les conséquences de sa baisse
tarifaire sur le comportement de sa rivale dans les périodes futures.

• Si « punition » (guerre des prix...), comparer gains de court terme et gains de long
terme.

à Dans un cadre d’interactions répétées...


Une situation telle que pi > c peut être un équilibre.

L’existence de contraintes de capacité

• Le modèle de Bertrand suppose que les firmes n’ont pas de contraintes de capacité

• Si p1 = p2 = c, les deux firmes se partagent la demande, D(c)/2

• Si la firme 2 augmente légèrement son prix, p2 = c + 𝜖, on suppose que la firme 1 sert


toute la demande, soit D(c)

• Mais la firme 1 peut être incapable de servir toute la demande : contraintes de capacité

• Si c’est le cas, même si elle élève légèrement son prix, la firme 2 garde une partie du
marché

àLorsque les firmes font face à des contraintes...


Une situation telle que pi > c peut être un équilibre.

Une information imparfaite

àEn information imparfaite ...


Une situation telle que pi > c peut être un équilibre.

àParadoxe de Diamond
Les consommateurs ne sont pas informés des prix
Coût 𝜖 à passer d’un magasin à l’autre (coût de recherche)

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Le Duopole à la Cournot

La concurrence à la Cournot est une concurrence par les quantités.

Les firmes présentes sur le marché produisent toutes le même bien homogène et connaissent
parfaitement la demande et les capacités de production de leurs concurrentes.

Leur nombre est suffisamment faible pour que chacune puisse influencer le prix du marché.

Un comportement stratégique devient donc possible.

Sur un marché à la Cournot, toutes les firmes ont le même comportement adaptatif, qui consiste
à fixer sa production en fonction des productions concurrentes.

Ce processus de tâtonnement leur permet d'obtenir une production optimale, c'est-à-dire celle
qui maximise leur profit.

Hypothèses :

• Les deux entreprises produisent un bien homogène : quantités 𝑦% et 𝑦. .


Production totale : Q =Y = 𝑦% + 𝑦.

• Prix de marché (fonction de demande inverse) : p(Y) = a – b.Y

a étant le prix de réserve des ménages


b le pourcentage des ménages présents sur le marché national
Y l’ensemble de la production nationale

• Coût de production de l’entreprise i : 𝐶𝑇% (𝑦% )=𝑐% 𝑦% .

• Équilibre non-coopératif : situation où chacun des concurrents n’a pas intérêt à modifier
unilatéralement ses décisions, compte tenu de la réaction anticipée de l’autre
concurrent.

Fonctions de réaction

• Chaque firme considère la production de son concurrent comme une donnée

• L’entreprise 1 considère y2 comme une donnée et détermine y1 de façon à


maximiser son profit

𝑀𝑎𝑥:% 𝑃𝑅𝑂𝐹𝐼𝑇 = 𝑀𝑎𝑥:% (a – b. Y X 𝑦% + 𝑦.


𝑐% 𝑦% .
• = [p. 𝑦% -CT1 (𝑦% ) ] = [a – b.( 𝑦% + 𝑦. )]. 𝑦% - 𝑐% 𝑦% .

• Condition du premier ordre : a-2(b+𝑐% ). 𝑦% -b 𝑦. =0

§ Fonction de réaction de l’entreprise 1 : 𝑦% = (a-b.𝑦. ) / 2(b+𝑐% )

§ Fonction de réaction de l’entreprise 2 : 𝑦. = (a-b. 𝑦% ) / 2(b+𝑐. )


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Pour conclure …

L’équilibre de Cournot est défini au point C à l’intersection des deux droites représentatives
des fonctions de réaction

• En C, aucune des firmes n’a intérêt à modifier sa production

Généralisation : duopole => oligopole à n firmes

• Quand n augmente, on se rapproche de l’équilibre de concurrence parfaite

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21
Concentration du Marché
Ententes et pratiques concertées

Une entente est un accord entre entreprises destiné à limiter ou à éliminer la concurrence
s'exerçant entre elles, dans le but d'augmenter les prix et les bénéfices des entreprises
participantes, sans produire d'avantages compensatoires objectifs.

La pratique concertée se situe à un niveau inférieur à l'entente.

Il s'agit d'une coordination entre entreprises qui n'a pas été poussée jusqu'à la réalisation d'un
accord proprement dit.

Une pratique concertée peut consister dans une prise de contact directe ou indirecte entre
entreprises dont l'intention ou l'effet est soit d'influer sur le comportement du marché, soit de
faire connaître aux concurrents le comportement qu'elles entendent adopter à l'avenir.

Très grande variété de comportements d’entente

• Ententes de prix entre entreprises concurrentes


• Mise au point et diffusion de barèmes, recommandations ou directives en matière de
prix ou de remises par des organismes professionnels
• Échanges d'informations ou ententes entre soumissionnaires à un appel d'offres
• Ententes de répartition sur des marchés
• Pratiques concertées de boycottage

Deux situations de collusion sont à distinguer

Collusion explicite : cartel, entente plus ou moins organisée

Þ Cartel ou entente organisé avec instructions explicites sur les prix à pratiquer, la
politique commerciale, les quantités à produire, etc.
Þ Rencontres à l’occasion de conférences, déjeuners etc. permettant un échange
d’informations ou l’adoption d’un ligne d’action commune

Collusion tacite : résulte d’un équilibre non coopératif, les firmes se comportant
indépendamment les unes des autres, sans s’entendre sur un comportement à adopter

Définition économique de la collusion

Intérêt de s’entendre : organiser la rareté pour faire monter les prix

Þ Justification économique : la maximisation d’un profit joint permet d’atteindre un


niveau de profit supérieur à celui résultant d’un comportement non coordonné des
firmes (le profit de monopole est toujours supérieur à la somme des profits d’un
oligopole)

Þ Mais il s’agit d’un équilibre instable (dilemme du prisonnier) : chaque firme


participant à l’entente à intérêt à ne pas respecter l’accord => nécessité d’un
dispositif de détection de la défaillance et de sanction

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Définition économique de la collusion : situation dans laquelle les firmes fixent un prix plus
élevé que celui qui prévaudrait en l’absence de collusion
Þ Par exemple dans le cadre d’une concurrence à la Bertrand (en prix) pour un bien
homogène, une situation de collusion se caractérise par un prix supérieur au coût
marginal

Þ Dans le cadre d’une concurrence à la Cournot (en quantités), une situation de


collusion se traduira par une quantité produite inférieure à celle résultant de
l’équilibre de Cournot

Þ On ne peut donc évaluer une situation de collusion que par rapport à une situation
de référence traduisant le fonctionnement concurrentiel du marché considéré
(concurrence parfaite, oligopolistique à la Bertrand ou à la Cournot, avec bien
homogène ou différenciation, concurrence monopolistique, etc.)

Facteurs favorables à la collusion

Quelques facteurs structurels facilitant la collusion

Þ La concentration du marché considéré : il est plus facile de s’entendre à 2 qu’à 10. ⁄


Les barrières à l’entrée : si l’entrée sur un marché est très facile, les firmes en places
auront du mal à maintenir un équilibre collusif

Þ L’élasticité de la demande : effet indéterminé sur l’incitation à la collusion (moins


d’incitation à augmenter le prix, mais plus grande efficacité de la sanction d’un
désistement), mais limite la capacité de la collusion à augmenter le prix

Þ Symétrie des firmes : par exemple gamme de produits similaire, parts de marchés
identiques, utilisation de la même technologie, etc.

Influence de la transparence du marché et des échanges d’informations

Deux effets opposés

Þ Effet pro-concurrentiel : stimulation des employés (permet de séparer une mauvaise


performance liée à un conjoncture économique défavorable d’une mauvaise
performance liée à une meilleure efficacité des concurrents), réduction des
incertitudes sur les coûts et la demande (permet d’opérer de meilleurs choix en
matière de rationalisation de sa production et de programmation de ses
investissements)

Þ Effet anticoncurrentiel : une information précise sur les prix et les quantités produites
par chaque firme facilite l’identification des déviations et donc accroit l’efficacité
d’une entente

23
Fusion d'entreprises

Pour croître, une firme peut adopter deux stratégies :

- une croissance interne (création de nouvelles capacités de production)

- une croissance externe (processus de croissance par acquisition de tout ou


partie d’entreprises existantes).

Lorsque la croissance externe passe par la prise de contrôle de l’entreprise, on parle de fusion
et acquisition.

1. La diversité des fusions acquisitions

• Les différentes formes de prise de contrôle


Il peut y avoir soit transfert d’actifs soit acquisition d’actions sur les marchés.

Par transferts d’actifs

La fusion
Lors d’une fusion, deux ou plusieurs sociétés se dissolvent pour former une nouvelle société
qui reprend la totalité de leur patrimoine.

Exemple : Aventis (agence de communication) est issue de la fusion des sociétés Hoescht et
Rhône Poulenc (groupe pharmaceutique et chimique) qui se sont dissoutes lors de
l’opération. ·

La fusion absorption
Une société absorbante B reçoit les actifs et les dettes d’une société absorbée A qui disparaît.

Exemple : La fusion absorption de Mammouth par Carrefour a entraîné la disparition de la


firme absorbée. ·

La scission
Elle entraîne la disparition d’une société par la transmission de son patrimoine à des sociétés
nouvelles ou préexistantes. Les scissions précèdent ou accompagnent souvent les opérations
de fusions et acquisitions car les restructurations et regroupements des firmes entraînent une
modification de leurs activités.

Exemple : La scission des opérations chimiques de Rhône Poulenc (création de Rhodia) a


précédé la fusion avec Hoescht pour créer Aventis. ·

La cession partielle d’actifs


Une société A apporte une partie de ses actifs à une société B (fausse scission). La société A
poursuit son existence. L’entreprise B n’acquiert qu’une partie du capital de A.

Cette procédure est souvent utilisée lorsqu’à la suite d’une fusion la nouvelle entité est
contrainte par les autorités de la concurrence, de se délester de certaines activités pour les
quelles elle dispose d’une position dominante.

24
Exemple : Ainsi, Total Fina Elf a dû céder à Carrefour et aux centres Leclerc une partie de
ses stations d’autoroute.

Par acquisition d’actions sur les marchés (par prise de participation financière)

Très souvent, l’acquisition d’une firme B par une firme A prend la forme d’une prise de
participation financière de la firme A dans la firme B.

Cette méthode permet aux firmes contrôlées de ne pas perdre leur autonomie juridique. Le
rachat peut être total ou partiel.

Une prise de participation proche de 30% du capital permet à la firme qui la réalise de
disposer d’une minorité de blocage. Un contrôle de plus de 50% est cependant souvent
nécessaire (contrôle de filiales).

Exemple : la prise de participation de 37% de Renault dans le capital de Nissan lui a donné le
contrôle de cette entreprise.

• Les logiques économiques


Fusion horizontale : elle réunit des activités situées au même stade de la filière de production.

Exemple : fusions de Peugeot Citroën

Fusion verticale : elle réunit des activité situées le long de la filière de production. C’est une
procédure typique de la filière pétrolière où les raffineurs contrôlent leur propre réseau de
distribution d’essence.

Exemple : Le groupe Hachette est à la fois éditeur, distributeur et diffuseur notamment à


travers son réseau « Relais H ». ·

Fusion conglomérale : elle regroupe des activités appartenant à des secteurs d’activité
différents

Exemple : Avant son rachat par Vivendi, le groupe Seagram était à la fois présent sur le
marché des vins et spiritueux et sur le marché des industries culturelles. ·

Fusion oblique ou concentrique : les activités réunies par la fusion n’appartiennent pas au
même marché mais mobilisent des compétences voisines.

Exemple : la gestion de la distribution d’eaux nécessite des compétences qui peuvent être
utilisées pour la gestion d’un réseau câblé, ce qui explique la diversification de la Lyonnaise
des eaux vers cette activité à travers le réseau Noos. ·

Fusion géographique : fusion d’entreprises n’étant pas concurrentes sur le même marché
géographique.

2. Les déterminants des stratégies de fusions acquisitions

Très momentanément interrompues à la fin des années quatre-vingt, les F&A reprennent à un
rythme de plus en plus soutenu pendant toute la décennie 1990-2000. Désormais, elles
25
touchent la majorité des pays développés et présentent des caractéristiques analogues d’un
pays à l’autre.

La mondialisation accélérée des économies, la déréglementation financière et la révolution


technologique impulsée par les T.I.C. déclenchent d’importants besoins de restructurations
des industries qui se traduisent par une concentration des marchés et un recentrage sur les
activités principales.

Les F&A réunissent très souvent des firmes de nationalités différents pour former de grandes
firmes multinationales.

Les F&A se font par vagues et privilégient certains secteurs d’activité. Plusieurs facteurs
expliquent ces deux caractéristiques. Les innovations, qu’elles soient technologiques,
organisationnelles ou financières, impliquent des restructurations qui touchent simultanément
plusieurs secteurs. Ensuite, les fusions s’opèrent généralement dans une conjoncture de
croissance des économies.

L’ampleur des F&A est fonction du modèle de gouvernance dominant. Enfin, l’évolution de
la réglementation et de la législation encourage ou au contraire freine le rythme de diffusion.

26
Structure de marché et pouvoir de marché

Définition du « pouvoir de marché »


La capacité d’une firme à élever son prix au-dessus de son coût marginal.
Importance de la mesure du « pouvoir de marche »
En politique de la concurrence, certaines pratiques (par exemple, les ventes liées) sont
illégales si la firme a un pouvoir de marché.
Pour pouvoir estimer le pouvoir de marche, il faut commencer par définir le marché pertinent
(relevant market).

La définition du marché permet d'identifier et de définir le périmètre à l'intérieur duquel la


concurrence s'exerce entre les entreprises.

La détermination de la position économique d'une entreprise est opérée en fonction des


caractéristiques du produit en cause et par référence à une zone géographique dans laquelle
ce produit est commercialisé.

è Le marché des produits comprend tous les produits et/ou services que le
consommateur considère comme interchangeables ou substituables en raison de leurs
caractéristiques, de leur prix et de l'usage auquel ils sont destinés. Pour ce faire sont
analysés les conditions de concurrence, les prix, l'élasticité croisée de la demande, les
préférences des consommateurs, les barrières et coûts associés à un transfert de la
demande vers des produits similaires.

Il existe tout un faisceau d'éléments permettant d'apprécier jusqu'à quels niveaux la


substitution pourrait s'opérer.

• degré de similitude physique entre les produits et/ou services en question,

• différences dans l'usage final des produits,

• écarts de prix entre plusieurs produits,

• coût occasionné par le passage d'un produit à un autre s'il s'agit de deux
produits potentiellement concurrents.

La concurrence soumet les entreprises à deux sources de contraintes principales qui servent à
délimiter le marché :

• la substituabilité au niveau de la demande

• la substituabilité au niveau de l'offre.

La substituabilité au niveau de la demande consiste à identifier l'éventail des produits


considérés comme substituables par les clients des entreprises en cause.

Ce moyen prime. Il constitue le facteur de délimitation le plus immédiat et le plus efficace.

La substituabilité au niveau de l'offre consiste, quant à elle, à définir les capacités des
fournisseurs à réorienter leur production vers certains types de produits et les commercialiser
à court terme.
27
Exemple : L'industrie papetière est révélatrice en la matière. Elle fabrique des qualités très
différentes de papier.

Concernant la demande, la substituabilité est très faible dans la mesure où, pour les éditions
artistiques, seuls les papiers de qualité supérieure peuvent être utilisés, alors que, pour être
rentable, le grand tirage demande une qualité de papier inférieure.

Or, les coûts d'adaptation pour passer d'une fabrication de telle qualité de papier à telle autre
sont très faibles. Les entreprises papetières peuvent donc se faire concurrence pour les
diverses qualités de papier qui font partie du même marché alors même qu'elles sont
destinées à des usages différents.

è Le marché géographique en cause correspond au territoire qui présente des


conditions de concurrence suffisamment homogènes pour être considéré
globalement, afin que soit appréciée la position économique des entreprises en
présence.

Doit ainsi être déterminée la possibilité qu'auraient les clients, en cas de variation de
prix, de transférer leurs commandes vers des entreprises implantées ailleurs à court
terme et à un coût raisonnable.

Il s'agit en fait de l'interpénétration des marchés au niveau mondial, africain,


européen, …., national, voire régional du fait de l'existence de barrières à leur entrée ou
des préférences marquées des consommateurs.

Les coûts de transport sont également importants : que l'on pense à des produits tels le
carton ou le ciment. Ils peuvent toutefois être compensés par un coût de main-d'oeuvre ou
de matières premières moindre ou un accès facilité aux réseaux de distribution. La
répartition des lieux de production peut également être telle qu'il existe d'importants
chevauchements entre les périmètres autour de ces usines. Un effet de substitutions en
chaîne peut alors influer sur les prix pratiqués pour les produits concernés, étendant
d'autant plus le marché géographique pertinent.

Focus et explications :

Le marché pertinent
Deux questions :

Marché du produit à Quels produits doit-on inclure dans le « marché »?

Marche géographique à Quel zone géographique doit-on considérer ?

Une définition économique du marché

Un marché peut être défini comme un ensemble de produits présentant entre eux une forte
substituabilité du point de vue de la demande et de l’offre.
28
Définition du marché pertinent

Le marché pertinent en termes de produit comprend tous les produits et/ou services
considérés comme relativement interchangeables ou substituables par le consommateur, en
raison des caractéristiques des produits, de leur prix, et de leur usage habituel.

Deux types de substitution :

- Au niveau de la demande : produits perçus comme substituts par les consommateurs.

- Au niveau de l’offre : des offreurs qui produisent d’autres types de biens pourraient
se mettre à produire le produit en cas de hausse de prix.

La délimitation des marchés pertinents reste la première étape systématique de l’étude des
concentrations ou de potentiels abus de position dominante.

Elle consiste à déterminer le périmètre des produits et les territoires concernés par l’affaire de
concurrence examinée.
La définition juridique d’un marché pertinent met l’accent sur la substituabilité entre les biens
du point de vue du consommateur : "un marché de produits en cause comprend tous les
produits et/ou services que le consommateur considère comme interchangeables ou
substituables en raison de leurs caractéristiques, de leur prix et de l’usage auquel ils sont
destinés"
Ce qui revient à regrouper dans un marché tous les produits substituables du point de vue de
la demande.
Comment délimiter les marchés pertinents ?

Un test pratique est parfois utilisé :

le test du monopoleur hypothétique (appelé aussi «Small but Significant Non-transitory


Increase in Prices” (SSNIP) test).

En droit de la concurrence , afin de déterminer si les entreprises ont de trop importantes parts
de marché , ce qui justifierait l'intervention du gouvernement, le test du monopoleur
hypothétique, ou SSNIP « small but significant and non-transitory increase in price » (c'est-à-
dire "augmentation faible mais significative et non transitoire des prix"), est utilisé pour
définir le marché pertinent d'une manière cohérente. Il est une alternative à la
détermination ad hoc du marché pertinent par la recherche d'argument démontrant la
similarité des produits.
Le test du monopoleur hypothétique est capital dans les cas d'abus de position
dominante en droit de la concurrence et dans l'autorisation ou le refus d'une fusion par les
autorités compétentes. Il est en particulier utilisé par les pays anglosaxons et par les autorités
communautaires. Les autorités de la concurrence peuvent ainsi empêcher des défaillances du
marché causée par une entente, un oligopole, un monopole ou encore d'autres formes de
domination du marché par un leader.

Le test du SSNIP cherche à définir le plus petit marché pertinent à l'intérieur duquel un
monopoleur hypothétique ou un cartel pourrait imposer une augmentation significative et
profitable dans les prix. Le marché pertinent est représenté par un panier de biens ou services
29
qui sont considérés comme substituables pour le consommateur. Un tel panier est considéré
comme monopolisable, si un seul offreur peut le fournir et pourra en même temps maximiser
son profit, sans pour autant que les clients choisissent d'autres biens et services d'autres
offreurs.

L'application du SSNIP nécessite de connaître les intentions d'achats des consommateurs et


de déterminer si un monopoleur hypothétique pourrait ou non bénéficier d'une augmentation
des prix de 5 % sur une durée minimale d'un an. Si un nombre suffisant d'acheteurs sont prêts
à changer de produit et que la perte de vente engendrée rendrait une telle opération non-
profitable, alors le marché hypothétique choisi ne doit pas être considéré comme un marché
pertinent. En ce sens, un nouveau panier de produits, plus large, sera proposé et le test SSNIP
sera réeffectué sur cette base.

Le test :

Considérons qu’il y a un monopole hypothétique sur le marché X, est-ce que ce monopole


peut augmenter son profit en augmentant le prix au-dessus du niveau courant de 5 a 10% ?

Si oui : X est un marché séparé


Si non : X n’est pas un marché séparé ; introduire un autre produit substitut (Y) et
recommencer le test.

Le test du monopoleur hypothétique est sensible au problème de la Cellophane Fallacy (Cas


du Pont):
Élasticité-prix croisées fortes entre cellophane et autres matériaux d’emballage.

Problème : prix ”courants” vs prix ”concurrentiels”.

→ Si on part du prix de monopole, une augmentation du prix va baisser la demande


mécaniquement.

Marché pertinent obtenu trop large.

Faisceau indices

Parallèlement à l’usage de l’élasticité croisée, les autorités de la concurrence utilisent un


faisceau d’indices :

La corrélation des prix au cours du temps (ex : corrélation de 0,85 à 1 pour les eaux
minérales, faible voire négative entre eaux minérales et boissons gazeuses)

Différences de prix (ex : les différences de prix importantes entre boissons gazeuses et eaux
minérales prises comme indice de marchés séparés).

La nature du besoin satisfait (ex cosmétiques vendus en pharmacie par ´ rapport aux
cosmétiques vendus en grande surface)

Le marché géographique
Des mesures des ratios de concentrations
30
Définition du marché géographique

Éléments :

▪ Rôle des importations


▪ Couts de transport
▪ Autres caractéristiques

Un marché géographique en cause comprend le territoire sur lequel les entreprises


concernées sont engagées dans l’offre des biens et des services en cause, sur lequel les
conditions de concurrence sont suffisamment homogènes et qui peut être distingué de zones
géographiques voisines parce que, en particulier, les conditions de concurrence y diffèrent de
manière appréciable.

Exemple : Eaux minérales d’Oulmes

Marché géographique = Maroc, car :

peu de commerce entre États africains


couts de transport pour l’eau minérale élevé relativement à la valeur du bien entrée
sur le marché difficile : marché mature, marques biens établies.

Concentration et pouvoir de marché


Une fois que le marché est défini, on peut déterminer s’il y a du pouvoir de marché.

Il faut définir une mesure du pouvoir de marché

On cherche aussi s’il existe des caractéristiques de marché propices au pouvoir de marché. La
concentration ?
Oligopole de Cournot avec N firmes

Si on approxime la concentration par le nombre de firmes...

On considère le modèle suivant :

Un oligopole avec N firmes symétriques


La fonction de demande inverse s’écrit p = P(Q) = 1 − Q

La fonction de cout (identique pour toutes les firmes) est C(qi) = c𝑞J

Le prix d’équilibre s’écrit


%KL
𝑝∗ = c + M&%

Oligopole de Cournot avec N firmes

Dans ce modèle, combien de firmes faut-il pour que le marché puisse être considéré comme
”concurrentiel” ?

31
Le tableau suivant calcule l’inefficacité allocative (perte sèche) en Cournot en % de
l’inefficacité du monopole.
N %
1 100%
2 44%
3 25%
4 16%
7 6%
15 1,5%

→Dans cet exemple, il suffit de peu de firmes pour que le marché soit « efficace »

Jusqu’à maintenant, nous avons mesuré :


La concentration par : le nombre de firmes dans l’industrie
Le pouvoir de marché par : la marge ou le taux de marge

Problèmes avec cette approche ?

Différences de coût ? Différences de taille ?

Différences de coût → différences de taux de marge


Différences de taille → le nombre de firmes n’est pas un bon indice de la concentration du
marché

Mesure du pouvoir de marché


Indice de Lerner du marché
#KPQR
L = ∑MJS% 𝑠J #

où si représente la part de marché de la firme i

Problèmes :

estimation des coûts marginaux

une firme peut avoir un indice de Lerner bas, alors qu’elle a un fort pouvoir de marché
(pourquoi ?)

1/ coûts élevées du fait du pouvoir de marché (inefficacités),


2/ prix bas du fait d’un comportement prédateur.

Difficile d’estimer directement l’indice de Lerner (problème d’informations sur les coûts)

32
→ Estimation de l’indice de Lerner par l’élasticité de la demande pour la firme.

Mesures indirectes (traditionnelles) du pouvoir de marché :

- les parts de marché


• Au RU, une part de marché en dessous de 40% : position probablement
non dominante
• Au-dessus de 50% : probablement dominante

- la concurrence potentielle
- le contre-pouvoir des acheteurs

Différentes mesures possibles :

le nombre de firmes, mais c’est une mauvaise mesure : 33-33-33 vs 98-1-1

le coefficient Cm : somme des parts de marché des m plus grosses firmes

𝐶2 = ∑2
JS% 𝑠J

Mais pas insensible aux différences en parts de marché :

𝑆% 𝑆. 𝑆U 𝑆V
𝐶V =80 60 10 5 5
𝐶V =80 20 20 20 20

𝑆% 𝑆. 𝑆U 𝑆V
𝐶V =100 100/3 100/3 100/3 -
𝐶V =98,5 49 49 0,25 0,25

L’indice de Herfindahl (ou Herfindahl-Hirschman, HHI) :

H = ∑2
JS%(𝑠J )
.

Le HHI est parfois multiplié par 10,000

L’Antitrust Division du Département of Justice américain considère :

• H < 1000 : industrie non concentrée


• entre 1000 et 1800 : industrie peu concentrée
• 1800 : industrie concentrée

Cas particulier : s’il y a N firmes identiques, que vaut l’indice de Herfindahl ?

1/N

Rappel : dans un oligopole à la Cournot

33
Li = si ε

Que vaut l’indice de Herfindahl ?

On a

(𝒔𝒊 )𝟐 𝑯
L =∑𝑵 𝑵
𝒊S𝟏 𝒔𝒊 𝑳𝒊 =∑𝒊S𝟏 𝜺
= 𝜺

→ Cette relation suggère une relation entre structure de marché (H) et pouvoir de marché
(L).

Le paradigme SCP Le paradigme SCP (école de Harvard) pose qu’il existe un lien entre
Structure, Comportement et Performance.

Structure : le degré de concentration, la structure de coût, etc.


Les comportements concurrentiels : les prix, les investissements, etc.
La performance : le pouvoir de marche, l’efficacité allocative.

Hypothèse : S → C, S → P et C → P

S → C : par ex, la collusion plus probable avec un petit nombre de firmes

C → P : plus la concurrence entre les firmes est forte, plus le marché est efficace

C → P : si on prend le comportement a la Cournot comme donnée, plus H est faible, plus L


est faible et donc plus le marché est efficace.

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Pour tester l’hypothèse du paradigme SCP, il s’agit de vérifier s’il y a une relation entre la
structure et la performance, c’est-à-dire entre la concentration et le pouvoir de marché.

Cela a été testé, mais la relation est faible.

Problèmes de « données » :

▪ Pas de mesure des marges → utilisation des taux de profit comptables


▪ Beaucoup de firmes multi-marchés : comment répartir les données entre les
différentes industries dans lesquelles elles sont actives ?

Problème de simultanéité
▪ Problème de simultanéité : on a des relations directes et indirectes entre ´
concentration et pouvoir de marché

▪ Problème d’interprétation

▪ Lien entre concentration et bien-être incertain

Par exemple, on sait qu’il y a une relation directe entre concentration et pouvoir de marché

En particulier, dans le modèle de Cournot, on a :


`
L= a

Mais on peut envisager aussi une relation indirecte entre concentration et pouvoir de marché

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Relation indirecte entre concentration et pouvoir de marché

Ø Soit Π(p) le profit de l’industrie, ou le prix p est le résultat d’une forme de collusion.
On suppose que Π(p) augmente avec p.

Ø F le cout fixe d’entrée

Ø A l’équilibre avec libre entrée, combien de firmes entrent ? → N = Π(p)/F firmes


entrent

Ø Un choc exogène permet d’augmenter p

Ø Comment évolue le pouvoir de marché ? → il augmente (les prix augmentent)

Ø Comment évolue la concentration de l’industrie ? → elle baisse (le nombre d’entrants


augmente).

Dans cet exemple, on a une relation négative entre concentration et pouvoir de marché
(quand les prix augmentent).

Interprétation du lien entre concentration et pouvoir de marché


Si on trouvait un lien entre concentration et pouvoir de marché, on aurait un problème
d’interprétation :

• Hypothèse de collusion (celle du paradigme SCP) : un degré de concentration plus


élevé implique plus de collusion entre les firmes.

• Hypothèse d’efficacité (école de Chicago) : en partant d’une situation symétrique, si


une firme réduit son coût marginal, la concentration et le pouvoir de marché
augmente (exemple : réduction de coût en concurrence à la Bertrand).

Lien entre concentration et bien-être incertain

Dans un oligopole symétriques, le bien-être est :

• indépendant du nombre de firmes en concurrence à la Bertrand

• croissant avec le nombre de firmes en concurrence a la Cournot

Dans un oligopole asymétrique, aucune relation systématique en Bertrand ou Cournot.

En résumé ….

è Le pouvoir de marche représente la capacité d’une firme à élever son prix au-dessus
de son coût marginal.

è Du point de vue économique, un marché se définit comme un ensembl de produits


substituts du point de vue de l’offre et de la demande.

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è Les autorités de la concurrence utilisent un faisceau d’indices pour définir le marché
pertinent : le SNIP test, les coûts de transport, la corrélation des prix, la nature du
besoin satisfait.

è Il existe différentes mesures de la concentration (indice de Herfindhal, indice Cm) et


du pouvoir de marché des entreprises (taux de marge relatif, indice de Lerner), une
fois le marché pertinent défini.

è L’approche structuraliste des performances des firmes considère que celles-ci sont
déterminées par les caractéristiques de leur environnement. Le modèle structure-
comportement-performance constituera pendant une vingtaine d’année le cadre de
raisonnement des praticiens (paradigme SCP).

è L’interprétation du lien entre concentration et pouvoir de marché est complexe. Une


forte concentration peut résulter de l’efficacité ( école de Chicago) ou de la collusion
entre les entreprises.

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