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THEORIE DE L’ORGANISATION DES MARCHES ET DE LA FORMATION DES PRIX

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Section 1 : Le marché, définition et généralités

Le marché d’un bien ou d’un service fait référence à l’ensemble des vendeurs
et des acheteurs concernés par l’échange de ce bien, au prix du bien ainsi
qu’aux quantités vendues et achetées du bien. On le définit comme étant
l’expression de la rencontre de l’offre et de la demande du bien.

L’offre d’un bien sur un marché se définit comme l’ensemble des ventes de ce
bien. On admet que le comportement de l’offre d’un bien sur un marché
dépend principalement de celui du prix de ce bien sur le marché. Ainsi, toute
chose égale par ailleurs, l’offre est une fonction croissante du prix.

La demande d’un bien sur un marché se définit comme l’ensemble des achats
de ce bien sur le marché. La demande d’un bien dépend du prix de ce bien sur
le marché, selon une relation négative. Ainsi, toute chose égale par ailleurs, la
demande est une fonction décroissante du prix.

Le prix d’un bien sur un marché dépend de l’évolution comparée de l’offre et


de la demande de ce bien sur le marché.

Le prix d’un bien tendra à augmenter si la demande augmente plus vite que
l’offre ou si la demande baisse moins vite que l’offre. De même, le prix d’un
bien tendra à baisser si la demande augmente moins vite que l’offre ou si la
demande baisse plus vite que l’offre.

L’économiste néoclassique français Léon Walras (1834-1910) illustre la fixation


du prix sur un marché par l’action d’un commissaire-priseur, le crieur
walrasien. Celui-ci fonctionne par tâtonnement. Il annonce un prix au hasard
puis compare le nombre d’offres et de demandes qui s’expriment à ce prix. Si
l’offre est supérieure à la demande, il propose un prix plus faible. Si, au
contraire, la demande est supérieure à l’offre, il propose un prix plus élevé. Le
tâtonnement se poursuit jusqu’à ce qu’un prix permette d’égaliser offre et
demande. A ce prix d’équilibre, les quantités offertes et demandées d’équilibre
sont déterminées et toutes les transactions se réalisent.

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La structure d’un marché peut varier dans le temps et dans l’espace en fonction
des caractéristiques de l’offre et de la demande. En effet, le nombre et la taille
des intervenants, le degré de spécialisation des entreprises, la nature des
barrières à l’entrée et à la sortie, etc, peuvent varier d’une forme de marché à
une autre. En fonction de ces caractéristiques, on distinguera par exemple un
marché de concurrence pure et parfaite d’un marché d’oligopole ou d’un
marché de monopole.

Ainsi, en se référant à la seule caractéristique du nombre des acteurs (vendeurs


et acheteurs), l’économiste allemand Henrich Von Stackelberg (1905-1946)
distinguera 9 types de marchés.

Nombre Unique Quelques Plusieurs


d’offreurs/nombre de acheteur acheteurs acheteurs
demandeurs
Unique vendeur Monopole Monopole monopole
bilatéral contrarié
Quelques vendeurs Monopsone Oligopole oligopole
contrarié bilatéral
Plusieurs vendeurs monopsone Oligopsone Concurrence
pure et parfaite

La structure d’un marché a nécessairement un impact sur les stratégies et les


performances de l’entreprise qui intervient sur ce marché. Ainsi, une firme en
situation d’oligopole ne se comportera pas de la même manière, ni n’obtiendra
les mêmes résultats qu’une entreprise en situation de monopole ou une
entreprise en régime de concurrence.

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Section 2- La théorie des prix sur un marché de concurrence pure et parfaite

II1- Les caractéristiques d’un marché de concurrence pure et parfaite

 L’atomicité : Vendeurs et acheteurs sur un marché de concurrence pure


et parfaite sont si nombreux, chacun d’eux est de dimension si petite,
qu’aucun d’eux, par une action isolée, ne peut influencer le prix du
marché. Chaque agent agit comme si les prix sont donnés.
 Un produit homogène : Le produit d’un vendeur sur un marché de
concurrence pure et parfaite est parfaitement identique à celui de tout
autre vendeur sur ce marché. Ainsi, les acheteurs sur un tel marché ne
font pas de différence entre les vendeurs auxquels ils s’adressent.
 Une parfaite mobilité des ressources : Les produits ainsi que les facteurs
de production circulent librement, sans obstacles, sur un marché de
concurrence pure et parfaite. Il n’existe ni barrière à l’entrée, ni barrière
à la sortie d’un marché de concurrence pure et parfaite. Ainsi, tout
travailleur sur un tel marché peut rapidement changer d’employeur dès
qu’il est informé de meilleures conditions de travail ailleurs. De même,
tout entrepreneur peut immédiatement retirer son capital d’une activité
(désinvestir) et investir dans une autre activité pour laquelle les
conditions de profit lui paraissent être les meilleures.
 Une transparence du marché : Consommateurs et vendeurs sont
parfaitement informés des prix, des quantités et des stratégies de
l’ensemble des autres agents économiques sur un marché de
concurrence pure et parfaite.

II2- La formation des prix sur un marché de concurrence pure et parfaite ou


les caractéristiques de l’équilibre sur un marché de concurrence pure et
parfaite

L’équilibre sur un marché survient lorsque les conditions sont réunies pour que
les agents économiques maximisent leurs objectifs : les producteurs
maximisent leur profit et les consommateurs maximisent la satisfaction qu’ils
retirent de la consommation.

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Les caractéristiques de la demande sur un marché de concurrence sont telles
que la courbe de demande qui se présente à une entreprise individuelle est
horizontale. En effet, le prix étant une donnée pour cette entreprise, celle-ci
peut produire et vendre toutes les quantités qu’elle veut à ce prix. C’est la
seule manière pour elle d’accroitre son chiffre d’affaires.

Sur un marché de concurrence pure et parfaite les conditions de maximisation


du profit de l’entreprise sont envisageables à court et à long terme.

A court terme, lorsque le facteur capital n’est pas modifiable, le prix est fixé
par le marché et les offreurs produisent jusqu’à ce que le coût marginal égalise
ce prix. A court terme donc, l’équilibre de l’entreprise en situation de
concurrence pure et parfaite est obtenu selon la relation suivante : Prix = coût
marginal.

Par ailleurs, le niveau de production d’équilibre est obtenu de manière telle


que le processus de production situe l’entreprise sur la partie croissante de sa
courbe de coût marginale.

A long terme, lorsque la quantité de tous les facteurs de production est


modifiable, les offreurs constatent qu’il est possible de réaliser un profit sur le

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marché. Ils vont alors investir dans des équipements plus performants pour
diminuer le coût moyen de production, augmenter la production et accroître
leur profit. L’augmentation des profits attire de nouvelles entreprises sur le
marché. L’offre augmente et le coût moyen baisse. Ce processus continue
jusqu’à un moment où le coût moyen ne peut plus baisser. Les entreprises
produiront alors jusqu’à ce que le prix d’équilibre atteigne le coût moyen
minimum. Au delà, elles réalisent une perte. A long terme donc, l’équilibre est
obtenu selon la relation suivante :

Prix = coût moyen minimum = coût marginal

Le modèle de concurrence pure et parfaite qui vient d’être décrit permet de


montrer l’existence d’un système de prix qui égalise les offres et les demandes
sur tous les marchés à la fois. On dit qu’il y a équilibre général ou équilibre
walrassien, du nom de l’économiste qui l’a mis en évidence.

Dans ce cas, un théorème affirme que tout équilibre concurrentiel est


forcément un optimum de Pareto (de l’économiste italien Vilfredo Pareto,
1848-1923). Il s’agit d’une situation dans laquelle on ne peut pas améliorer la
situation d’un individu sans détériorer celle d’au moins un autre individu.
Pour les néoclassiques, l’équilibre dit « Pareto optimal » en concurrence pure
et parfaite est considéré comme une situation idéale vers laquelle il faut

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tendre. En effet, dans cette situation, les entreprises sont incitées à abaisser
leurs coûts en combinant au mieux leurs facteurs de production pour obtenir le
profit le plus élevé.

Lorsqu’on passe d’un marché de concurrence pure et parfaite à une autre


forme de marché, c’est la preuve que l’une ou l’autre des caractéristiques de la
concurrence pure et parfaite s’est détériorée ou a disparu. On parle alors de
marchés de concurrence imparfaite. Les principales formes de concurrence
imparfaite sont le monopole, l’oligopole et la concurrence monopolistique.

Section 3- La théorie des prix sur un marché de monopole

III1- Le comportement de l’entreprise en situation de monopole pur

A. Définition du monopole pur

Une entreprise est un monopole si elle est la seule à vendre un produit sur le
marché et si ce produit n’a pas de substitut proche.

Les pratiques du monopole peuvent cependant être contrariées par la


concurrence indirecte de tous les autres biens dans le budget du
consommateur, par l’existence de biens substituables et par la menace d’une
concurrence potentielle, si l’entrée sur le marché est possible.

La cause fondamentale de constitution des monopoles réside dans l’existence


de barrières à l’entrée du marché. Les principales causes des barrières à
l’entrée d’un marché sont :

 Une ressource spécifique est détenue par une seule firme ;


 Le gouvernement donne à une firme le droit exclusif de produire un bien
ou un service ;
 Le niveau des coûts de production à supporter pour être compétitif sur le
marché est tel que la présence d’une seule entreprise sur le marché est
plus efficace que celle de plusieurs producteurs ;
 Une firme est capable de prendre le contrôle d’autres entreprises sur le
marché et de croître ainsi en taille.
B. Les caractéristiques de l’équilibre du monopole

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Etant la seule entreprise à offrir le bien sur le marché, la demande qui se
présente au monopole est celle du marché. Les caractéristiques de la demande
du monopole sont telles qu’à chaque prix fixé par lui, correspond un niveau de
demande approprié. Ce niveau de demande augmentera d’autant plus que le
prix diminue ; il diminuera d’autant plus que le prix augmente. Ainsi,
l’entreprise en situation de monopole est un « faiseur » de prix tandis que
l’entreprise en situation de concurrence pure et parfaite est un « preneur » de
prix (le prix étant pour cette dernière une donnée).

Les conditions de maximisation du profit du monopole sont de deux ordres.

 Le niveau optimal de production de cette entreprise survient lorsque sa


recette marginale est égale à son coût marginal (Rm = Cm).
 Pour ce niveau optimal de production, la pente de la courbe de coût
marginal doit être supérieure à celle de la courbe de recette marginale.

On sait par ailleurs que pour un niveau de production donné, le prix fixé par
le monopole est supérieur à sa recette marginale. La différence entre le prix
et la recette marginale du monopole constitue son pouvoir de marché.

En comparaison à l’équilibre d’une entreprise en situation de concurrence


pure et parfaite, on retient que le niveau de production du monopole est

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toujours plus faible tandis que le prix fixé par le monopole est toujours plus
élevé. L’optimum du monopole n’est donc pas un optimum de Pareto.

III2- Le monopole discriminant

Le monopole n’est pas obligé de toujours vendre toute sa production sur un


marché aux caractéristiques homogènes, à un prix unique. Dans certaines
conditions, il peut estimer qu’en réalité, différents sous-groupes ayant chacun
des caractéristiques socio-économiques homogènes composent son marché. Il
distinguera méthodiquement chacun de ces sous-groupes ou segments du
marché, vendra à des prix différents sur chacun d’eux, et augmentera ainsi son
profit. La démarche qui consiste pour le monopole à subdiviser son marché en
plusieurs segments s’appelle la segmentation. La pratique de prix différents sur
chaque segment du marché s’appelle la discrimination par les prix.

La discrimination par les prix est effective lorsque la différence de prix sur les
différents segments n’est pas justifiée par une différence de coûts de
production. Ainsi, il y a discrimination par les prix lorsque la Compagnie
Ivoirienne d’Electricité vend le KWH d’énergie électrique à des prix différents
aux ménages et aux industries. De même, lorsque la clientèle des touristes et la
clientèle des hommes d’affaires sont considérées comme deux marchés
différents, il y a discrimination par les prix.

La discrimination par les prix n’est possible que si les consommateurs n’ont pas
la possibilité d’acheter le produit sur un des segments du marché et de le
revendre sur l’autre segment. Autrement dit, les spéculateurs achèteraient sur
le segment à bas prix pour revendre sur le segment à prix élevé, réaliseraient
un bénéfice, et impulseraient ainsi une tendance à l’égalisation des prix sur les
deux segments.

On admet que la possibilité pour le monopole de pratiquer la discrimination


par les prix dépend de la différence entre les niveaux de l’élasticité-prix sur les
différents segments du marché. Ainsi, si le marché est composé de deux
segments et si l’élasticité-prix du segment 1 est égale à l’élasticité-prix du
segment 2, alors les prix seront égaux sur les deux segments. Par contre, si la
demande sur le segment 1 est plus élastique que celle sur le segment 2,
signifiant que les consommateurs sur le segment 1 sont plus sensibles aux

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variations du prix que ceux du segment 2, alors le prix sur le segment 2 sera
plus élevé que celui sur le segment 1. Et inversement.

III3- Le monopole naturel

A. Notion de monopole naturel

Il existe des branches ou secteurs dont l’activité est caractérisée par des
rendements d’échelle croissants. Dans un tel contexte, toute augmentation des
facteurs de production entraîne une augmentation plus que proportionnelle de
la production. Les rendements d’échelle croissants conduisent les entreprises
du secteur ou de la branche à réaliser des économies d’échelle tant que la taille
du marché est inférieure à la production correspondant au minimum du coût
moyen. Dans un tel contexte, l’entreprise la plus performante du secteur est
celle qui réussit à réaliser le niveau de production pour lequel le coût unitaire
est minimum. Une telle entreprise peut pratiquer le prix le plus bas du
marché et éliminer ses concurrents dudit marché. Elle s’imposera
naturellement en tant que monopole. C’est un monopole naturel.

L’analyse économique admet que dans un tel contexte, la poursuite de la


concurrence est source de gaspillage puisque les concurrents qui n’ont pas
atteint la taille critique optimale produisent chaque unité à un coût trop élevé.
En conséquence, il revient moins cher à la collectivité de laisser réaliser toute
l’activité du secteur par l’entreprise la plus performante.

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Un monopole naturel s’établit dans les secteurs où l’activité de production se
caractérise par des rendements d’échelle croissants. Il en résulte des
économies d’échelle (baisse du coût unitaire au fur et à mesure de
l’augmentation de la dimension de l’entreprise ou du secteur) ou des
économies d’envergure (réduction de coût résultant de la mise en œuvre
conjointe d’activités distinctes qui possèdent certains points communs).

L’apparition des économies d’échelle est telle qu’il est préférable pour la
collectivité qu’une entreprise unique fournisse tout le marché. Elle le fera en
étant plus compétitive, en comparaison au scénario dans lequel elle serait en
concurrence avec d’autres entreprises.

L’apparition d’économies d’envergure est telle qu’il est préférable pour la


collectivité que deux ou plusieurs biens produits chacun par des entreprises
différentes soient tous produits par une seule entreprise. L’entreprise seule
produira à un coût inférieur à celui généré par la production de toutes les
entreprises. Les économies d’envergure s’expliquent notamment par le fait
que les produits utilisent les mêmes équipements ou les mêmes matières
premières ou peuvent bénéficier du même investissement en R§D.

Les monopoles naturels se rencontrent habituellement dans des secteurs


appelés « services publics ». Ceux-ci utilisent de larges réseaux de distribution
qui représentent un investissement lourd et plus particulièrement des coûts
fixes très élevés relativement aux coûts variables. Il s’agit des secteurs de l’eau,
du gaz, de l’énergie électrique, des télécommunications, des chemins de fer.

B. Les problèmes que posent les monopoles naturels

Si le monopole naturel est réputé pour sa capacité à garantir l’efficacité


productive maximale (il produit au coût unitaire le plus bas), il est admis qu’il
pose deux types de problèmes : son inefficacité allocative et son inefficacité
organisationnelle.

1. L’inefficacité allocative du monopole naturel

Comme tout monopole, l’optimum du monopole naturel n’est pas un optimum


de Pareto. Il vend à un prix excessif, supérieur à son coût marginal. Il vend donc

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plus cher que ne le ferait l’entreprise en situation de concurrence parfaite. En
contrepartie, la production du monopole naturel est insuffisante, comparée à
celle de l’entreprise en concurrence pure et parfaite.

2. L’inefficacité organisationnelle du monopole naturel

Elle se manifeste dans la mesure où, profitant du superprofit qu’il réalise, le


monopole naturel n’est ni incité à réduire ses coûts de production, ni motivé à
innover.

C. Les politiques publiques pour réguler un monopole naturel

Les politiques publiques utilisées pour réguler le comportement du monopole


naturel ont pour finalité de limiter ou d’éliminer ses faiblesses que sont
l’inefficacité allocative et/ou l’inefficacité organisationnelle. Elles sont orientées
selon deux principes : la règlementation ou la gestion publique du monopole
naturel.

1. L’approche de la règlementation

Elle est d’origine américaine. Selon cette approche, le monopole naturel reste
une entreprise privée, mais elle subit certaines contraintes qui lui sont
imposées par les pouvoirs publics. On distingue trois techniques de
règlementation : les prix, les profits et les quantités.

 La règlementation des prix.

La règlementation par les prix a pour objet de pousser le monopole naturel à se


comporter comme une entreprise en situation de concurrence pure et parfaite.
A cette fin, les pouvoirs publics lui imposent de vendre à un prix qui est égal à
son coût marginal.

La conséquence d’une telle règlementation est que le monopole enregistre une


perte égale à la différence entre ce prix de vente officiel et son coût total
moyen. Cette solution n’est donc concevable que si, pour une unité produite,
l’Etat verse au monopole naturel, une subvention égale à la différence entre
son coût total moyen et son coût marginal. Dans ces conditions, les
consommateurs sont placés dans une situation optimale mais les contribuables
sont pénalisés.

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 La règlementation des profits

Faute de pouvoir subventionner le monopole naturel, l’Etat le laisse choisir son


prix mais lui impose de réaliser un niveau de profit normal. Ce niveau de profit
est tel que l’entreprise ne fait ni perte, ni bénéfice. Il suffit alors que le prix
choisi par le monopole soit égal à son coût total moyen.

Cette solution pose deux problèmes. Le premier, c’est que le niveau de


production reste sous-optimal puisqu’il reste inférieur à celui pour lequel le prix
est égal au coût marginal. Le deuxième, c’est que le monopole n’est pas incité à
réduire ses coûts.

 La règlementation des quantités

Il s’agit pour les pouvoirs publics d’imposer au monopole naturel de réaliser un


niveau de production qui se rapproche de la production optimale.

Une telle mesure peut induire des effets pervers dans la mesure où elle peut
imposer au monopole d’écouler une quantité plus importante que celle qu’il a
prévue. Pour éviter les manque-à-gagner qui en découlent, le monopole peut
réduire la qualité de ses prestations fournies, réduire ainsi ses coûts et
regagner les marges de profit dont on l’a privé.

2. La nationalisation ou la gestion publique du monopole naturel

La nationalisation est l’opération de transfert à la collectivité nationale des


moyens de production privés. La nationalisation du monopole naturel consiste
pour l’Etat à entrer dans le capital social de celui-ci afin d’en prendre le
contrôle direct. Elle peut s’opérer soit par une indemnisation des propriétaires
privés, soit par une confiscation sans contrepartie financière.

La nationalisation a pour objet de permettre aux pouvoirs publics d’administrer


le monopole naturel afin de réduire ou d’éliminer les problèmes d’inefficacité
allocative et d’inefficacité organisationnelle qui lui sont inhérents.

Section 4- La théorie des prix sur un marché d’oligopole

IV1- Définition et caractéristiques de l’oligopole

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L’oligopole est un marché constitué d’un faible nombre d’offreurs et d’un grand
nombre de demandeurs. Deux principaux éléments caractérisent les
oligopoles :

 il existe un minimum de barrières à l’entrée de l’oligopole.


Généralement, ces barrières sont constituées conjointement par les
entreprises de la branche ou du secteur d’activité.
 Les entreprises sur un oligopole sont interdépendantes. En effet, une
entreprise sur ce marché doit tenir compte du fait que ses actions vont
affecter ses concurrents. Elle doit en conséquence anticiper comment
ces derniers vont réagir et intégrer ces réactions dans ses stratégies. La
concurrence n’est donc pas impersonnelle comme c’est le cas de la
concurrence pure et parfaite

IV2- La formation des prix sur un marché d’oligopole

Deux grands axes stratégiques sont envisageables pour les entreprises en


situation d’oligopole :

 la collusion : les oligopoleurs peuvent trouver un intérêt commun à


s’allier et à coopérer. Ils peuvent donc s’entendre, se comporter comme
s’ils étaient en situation de monopole et maximiser conjointement le
profit de la branche ou du secteur d’activité.
 La concurrence : les oligopoleurs peuvent être tentés d’engager une
concurrence entre rivaux en vue d’augmenter chacun sa part de marché.
A. L’oligopole avec collusion : le cas des cartels

Lorsque des producteurs entrent en coopération pour convenir de la fixation


du prix et/ou du niveau de production, ils constituent un cartel. Un cartel n’est
pas forcément constitué de toutes les entreprises de la branche ou du secteur.
Le plus célèbre des cartels est l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
(OPEP). Lorsque le cartel se comporte comme en situation de monopole, il
maximise les profits de ses membres de sorte que tous agissent comme s’ils ne
formaient qu’une seule et même entité. Les prix et les quantités sont alors
déterminés à la manière d’un monopoleur.

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Soit les membres du cartel s’entendent sur le prix de vente P c de leur produit. A
ce prix convenu, correspond une offre donnée Qc. Dans ce cas, ils conviennent
de l’offre attribuée à chaque membre.
Soit les membres du cartel s’accordent sur les quantités par membre. Le cumul
des quantités constitue alors l’offre du marché et il en découle le prix de vente
du cartel. A ce prix, chaque membre écoule son offre.
Le succès des cartels dépend de deux conditions :
 Les membres du cartel doivent être d’une discipline exemplaire
relativement à leurs quotas de production respectifs et/ou au prix du
marché conventionnellement décidés.
 Le cartel doit disposer d’un pouvoir de monopole important. En effet, il
doit contrôler la quasi-totalité de l’offre.
B. L’oligopole sans collusion : la concurrence
Par souci de simplification, les modèles d’analyse de la concurrence sur un
marché d’oligopole se sont limités aux cas du duopole où la rivalité entre deux
entreprises est simulée. La concurrence peut se faire en quantités (c’est le
duopole de Cournot) ou en prix (c’est le duopole de Bertrand).
Si les entreprises se font concurrence en quantité, chacune d’elles décide du
niveau de production qui maximise son profit en anticipant le niveau de
production que ses concurrents décideront en réaction. Si par exemple, le
concurrent augmente sa production, la moins mauvaise solution consiste pour
l’autre firme à diminuer la sienne. Ceci limite la baisse du prix due à la hausse
de la production du concurrent sans nécessairement éviter la diminution de la
recette totale.
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Si les entreprises se font concurrence en prix, le résultat est une guerre des
prix. Chaque entreprise diminue son prix jusqu’à ce que toute possibilité de
profit soit éliminée. Les baisses de prix se succèdent ainsi jusqu’à ce que le prix
égalise le coût marginal.

Section 5- La théorie des marchés contestables

V1- Les caractéristiques d’un marché contestable

Un marché contestable est un marché sur lequel la concurrence potentielle (la


menace d’entrée d’une entreprise concurrente) suffit à garantir des prix
concurrentiels, même si le marché est dominé par une seule ou par quelques
entreprises. Sur un tel marché, l’intensité de la concurrence n’est pas dû au
nombre des acteurs mais à la menace d’entrée de concurrents nouveaux.
Ce modèle a été énoncé par les économistes William Baumol, Panzar et Willig
en 1982.
Les conditions pour que le marché soit contestable sont :
 Pas de barrières juridiques, technologiques ni financières à l’entrée de
nouveaux concurrents sur le marché. L’entrée d’un nouveau concurrent
sur le marché est donc libre, gratuite et immédiate. Les entreprises
présentes sur le marché n’ont pas le temps de réagir à l’entrée du
nouveau concurrent.
 La sortie du marché est libre et sans coût
 Symétrie dans les dotations technologiques : les entreprises présentes
sur le marché et le concurrent potentiel produisent les mêmes biens
dans les mêmes conditions (fonction de production identique)
 Existence d’une entreprise désirant entrer sur le marché

V2- La formation des prix sur un marché contestable

Le fonctionnement d’un marché parfaitement contestable est tel que la simple


pression exercée par la concurrence potentielle maintient les prix et les profits
à un niveau proche de ceux de la concurrence pure et parfaite.
En effet, si le monopole ou les concurrents actuels font un profit important sur
un marché contestable, un concurrent potentiel fait son entrée sur le marché
et propose un prix plus bas. En conséquence, les concurrents anciens subissent
une réduction de leurs marges et sont obligées de baisser leurs prix. Le
concurrent nouveau réalise un profit et se retire.
Dans ces conditions, le monopoleur ou les concurrents sur un marché
parfaitement contestable maintiennent leur prix au niveau du coût marginal et

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leur profit s’identifie au profit de l’entreprise en situation de concurrence pure
et parfaite.
La théorie des marchés contestables connaît des limites. En effet :
 Les barrières à l’entrée et à la sortie d’un marché sont rarement nulles.
C’est l’exemple de coûts irrécupérables tels que ceux liés à la publicité.
C’est aussi le cas de présence de coûts fixes plus ou moins importants sur
les différents marchés qui explique que l’offre sur ces marchés est
souvent le fait d’un nombre restreint d’entreprises.
 Par ailleurs, la contestabilité suppose que le concurrent nouveau peut
s’approprier tout ou partie de la demande existante sans réaction des
entreprises en place. Or ces dernières peuvent réagir, notamment par la
guerre des prix.
En conséquence de ces limites, il existe très peu de marchés contestables.

Section 6- La concurrence monopolistique

La concurrence monopolistique est une forme de marché où un grand nombre


d’offreurs en concurrence proposent des produits différenciés qui leur donnent
un certain pouvoir de monopole. Elle a été conceptualisée en 1933 par
l’économiste américain Edward H. Chamberlin (1899-1967).
L’hypothèse de la concurrence pure et parfaite qui n’est pas ici vérifiée est celle
de l’homogénéité des produits. La différenciation peut être obtenue en
concevant des produits de meilleure qualité, en développant une forte image
de marque ou des services liés au produit.
Les prix sur un tel marché sont supérieurs à ceux observés sur un marché de
concurrence pure et parfaite du fait que chacun des offreurs est en position de
monopole temporaire sur son créneau et qu’il doit supporter des coûts plus
importants que ceux qu’il aurait supportés en situation de concurrence pure et
parfaite. Cependant, ces prix restent inférieurs à ceux d’un monopole car la
différenciation et les profits qu’elle procure attirent de nouveaux entrants ; ce
qui stimule la concurrence.

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