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Les différents types de marché

Objectifs
 Comprendre les problèmes liés à la concurrence pure et parfaite.
 Connaitre les différents types de marché.

Points clés

 Les marchés ne sont pas totalement concurrentiels dans la réalité.


  La théorie économique en tient compte dans le cadre de
modèles où sont remises en cause soit les hypothèses
d'atomicité et de fluidité (concurrence imparfaite), soit
l'indifférenciation des produits (concurrence monopolistique)
apportant ainsi un éclairage singulier à la détermination des
prix sur les différents types de marché.

1. Le marché totalement concurrentiel est une


hypothèse irréaliste
a. Le modèle de concurrence pure et parfaite
Ce que l'on appelle le modèle de concurrence pure et parfaite dépeint
un monde fictif dans lequel les agents économiques prennent des
décisions d'offre et de demande relativement à des hypothèses assez
irréalistes et en fonction de prix qui leurs sont instantanément
communiqués.
Le fonctionnement réel des marchés est tout autre et entaché de
nombreuses imperfections.

b. Les imperfections du modèle de CPP

 L'atomicité du marché est un leurre. Quelques entreprises


seulement se concurrencent. On constate aussi l'existence
de cartels, c'est-à-dire d'accords entre concurrents pour
s'entendre sur les prix et se partager le marché, ainsi que celle
de monopoles : une seule entreprise fait le marché (price maker).
Le monopole ne peut déterminer librement la quantité et le prix,
mais sa situation lui donne un avantage certain et lui permet de
générer un profit de longue période.
 L'information n'est ni parfaite ni gratuite. On est même souvent
disposé à payer pour acquérir une meilleure information (on
compare les prix, on passe du temps à s'informer et les
instruments qui permettent de faciliter cette information font l'objet
d'un marché et ont un coût).
 Les produits ne sont pas homogènes. La concurrence consiste
donc la plupart du temps à tenter de convaincre le consommateur
que le produit (importance de la marque) est original, exceptionnel
et qu'il surclasse les autres.
 Il existe des barrières à l'entrée sur l'ensemble des marchés. De
nombreuses professions sont protégées (pharmaciens, notaires,
chauffeurs de taxi…) et de fait, l'entrée sur un marché suppose
des conditions de positionnement et de capacité
financière telles qu'il est inapproprié de parler encore de libre
installation.
 Il existe aussi des barrières à l'entrée du fait des brevets, des
dépenses de recherche qui induisent des coûts fixes souvent très
importants, ce qui est une cause supplémentaire de la
concentration et de la création de monopole.

2. La concurrence imparfaite


a. La réalité du marché
Dans le modèle de concurrence imparfaite, ce sont les hypothèses
d'atomicité et de fluidité du marché qui sont remises en cause.
Une typologie des marchés de concurrence imparfaite peut être
établie en tenant compte de différents critères, notamment le nombre
des agents en présence sur les marchés.

Le marché de concurrence parfaite résulte de la confrontation d'un


grand nombre d'offreurs à un grand nombre de demandeurs. Or,
toute l'évolution du régime capitaliste conduit, depuis les débuts de l'âge
industriel, à la constitution de groupements qui tendent à substituer la
notion de petit nombre d'offreurs ou de demandeurs à celle de grand
nombre. La structure des marchés s'en trouve profondément modifiée.

b. Les différents types de marchés


On peut construire le tableau suivant qui différencie les différentes
structures de marché selon le nombre d’offreurs et de demandeurs :

Offreur
Demandeur
Un seul Un petit nombre Un très grand nombre
Monopole Monopsone
Un seul Monopsone
bilatéral contrarié
Monopole Oligopole
Un petit nombre Oligopsone
contrarié bilatéral
Un très grand Concurrence pure et
Monopole Oligopole
nombre parfaite
 

3. La concurrence monopolistique


La concurrence monopolistique revient sur l'hypothèse d'homogénéité.
La structure du marché est alors caractérisée par la différenciation des
produits : les produits ne sont plus parfaitement substituables.
Chaque producteur dispose de marges de manœuvre et peut influer sur
les prix, ce qui permet d'établir un lien entre sa situation et celle du
monopole.

Toutefois, l'entrepreneur doit tenir compte du report éventuel de la


demande sur les biens comparables proposée par des entreprises
concurrentes.

La concurrence monopolistique, théorisée dans les années 1930 par


l'économiste britannique Chamberlin, rassemble donc des éléments a
priori contradictoires du monopole et de la concurrence. La signification
économique de ce compromis est déterminante en ce qui concerne
la fixation des prix. En effet, ceux-ci peuvent résulter des mécanismes
automatiques et équilibrants du marché ou bien de la stratégie des
firmes qui tiennent compte des entreprises rivales pour déterminer prix
et quantités offertes.

Les deux modèles, concurrence imparfaite et concurrence


monopolistique, peuvent se combiner. Les prix relèvent des
automatismes sur les marchés où apparaissent les agents nombreux
(concurrence parfaite, concurrence monopolistique et même monopole
ou monopsone) mais les prix révèlent aussi des stratégies sur les
marchés dits de petit nombre : monopole bilatéral et oligopole.

Les entreprises et le marché


1. Quels objectifs économiques pour
l'entreprise en concurrence ?
a. Les contraintes du marché et de la concurrence
Les entreprises sont confrontées à une concurrence imparfaite, mais
bien réelle (la concurrence pure et parfaite est plus un modèle théorique
qu'une réalité) : les cas de monopoles privés restent très rares, et quel
que soit le secteur d'activité, il est probable que de nombreux
concurrents proposeront des produits similaires à défaut d'être
identiques.

Doc.1. Concurrence de produits
similaires
Pour résister à la compétition entre les différents offreurs, chacune devra
donc proposer des produits à un prix satisfaisant la demande et lui
permettant de couvrir l'intégralité de ses coûts de production. Cette
contrainte forte se double désormais d'une difficulté nouvelle : les
consommateurs sont de plus en plus exigeants et prompts à
délaisser un produit, à la recherche de nouveauté ou de meilleure
qualité.
b. Les objectifs de la croissance des entreprises
Les entreprises doivent au minimum atteindre ou dépasser le seuil de
rentabilité, c'est-à-dire le point où les coûts de production égalent les
prix de vente, pour commencer à faire des bénéfices. Cela passe
souvent par un impératif de croissance. En effet, la croissance de la
production permet de profiter des économies d'échelle : on observe
souvent une baisse du coût unitaire lorsque le volume de production
progresse.

La croissance du réseau de distribution permet ensuite d'accroître


ses parts de marché. Dans le meilleur des cas, les entreprises pourront
alors contrôler un marché et atteindre une position d'oligopole ou
de quasi-monopole. Les entreprises vont donc œuvrer pour atteindre
ces objectifs.
2. Quelles stratégies d'entreprise possibles ?
a. La concentration
Les entreprises peuvent alors choisir de se concentrer. La concentration
consiste à rapprocher juridiquement deux ou plusieurs entreprises
qui étaient auparavant indépendantes.
Ces regroupements s'effectuent selon des modalités précises : par
fusion, absorption, achat en bourse par OPA (Offre publique d'achat),
par échange d'actions (OPE - Offre publique d'échange -), etc.

La concentration obéit à plusieurs objectifs. Il s'agit tout d'abord


de rationaliser une production ou un secteur, en profitant des
synergies inter firmes. Les rapprochements d'entreprises servent aussi
à accroître ses positions sur les marchés, voire à s'assurer une
position de leader dans un secteur.

Enfin, les entreprises peuvent simplement souhaiter augmenter leur


capitalisation pour satisfaire les actionnaires ou pouvoir investir.

La concentration d'entreprises s'est particulièrement développée


depuis 1985 dans le cadre d'une ouverture internationale de plus en plus
importante.
b. La diversification et l'innovation
L'autre stratégie consiste à se distinguer en innovant ou se
diversifiant. Les entreprises innovent lorsqu'elles appliquent une
invention ou une découverte dans le domaine économique ou
commercial. Les innovations portent indifféremment sur les méthodes
de production ou sur les produits eux-mêmes.

Doc.2. Exemple d'innovation de produit

L'innovation apporte alors un monopole de courte période, avant que


d'autres entreprises n'imitent la nouveauté. Pour Schumpeter, ces
innovations sont l'apanage des entrepreneurs qui en retirent des profits ;
elles expliquent alors pour une large part la dynamique du capitalisme.

La différenciation fait apparaître les produits des différentes entreprises


comme légèrement distincts, par la qualité ou le service par exemple.
Cela fournit un avantage concurrentiel, qui permet notamment de
justifier un prix légèrement plus élevé que celui des concurrents, dans le
cadre d'une concurrence monopolistique.
L'essentiel
Les entreprises sont perpétuellement en lutte pour maintenir ou
accroître leurs parts de marché dans un environnement concurrentiel.
Elles peuvent choisir différentes stratégies pour atteindre cet objectif.

Pour profiter des économies d'échelle, les entreprises optent pour une


stratégie de croissance interne ou externe par concentration. En
développant des innovations et en se différenciant, elles ont pour but
de satisfaire leur clientèle.

 L'influence des structures de


marché sur les prix
La concurrence devrait tirer les prix vers le bas mais
l’organisation des marchés ne le permet pas toujours. 
1. Le marché de concurrence parfaite
La théorie économique préconise la concurrence entre les producteurs
et les consommateurs. Ces marchés en situation de concurrence
permettent une allocation optimale des ressources et un prix qui satisfait
l’offre et la demande. Pour cela il faut respecter certaines conditions :

• Il faut un très grand nombre de producteurs et de


consommateurs : ainsi aucun n’a d’influence sur les prix. Si les
entreprises sont très nombreuses sur le marché, aucune ne pourra
imposer un prix, elles devront toutes tenir compte des prix pratiqués par
les autres. Les consommateurs n’auront pas plus de pouvoir car seuls ils
ne peuvent pas négocier et imposer un prix.
• Il faut que les agents économiques soient bien
informés notamment sur les prix pratiqués ainsi les consommateurs
choisiront les produits les moins chers ce qui poussera les producteurs à
s’aligner sur les tarifs les plus bas.

• Il faut que les produits similaires soient de qualité équivalente : les
consommateurs feront donc un choix ne dépendant que d’un seul
critère : le prix.

Le respect de ces conditions fait que les prix seront fixés par le


marché, c'est-à-dire par la rencontre entre les consommateurs et les
producteurs. C’est la loi de l’offre et de la demande qui s’appliquera.
Cette loi stipule que si l’offre est supérieure à la demande les prix
vont baisser et inversement. On peut prendre l’exemple du pétrole,
l’offre baisse du fait des difficultés à en extraire et la demande augmente
fortement donc les prix augmentent. Pour un exemple contraire on peut
citer le marché automobile en 2009 ; lors du début de la crise
économique la demande de voitures s’est effondrée et les constructeurs
avaient des stocks de voitures déjà produites importants, ils ont donc
baissé leurs prix (remise, offres spéciales…).
Mais dans la réalité les marchés sont loin d’être parfaits…
 
2. La différenciation des produits
Pour échapper aux contraintes de la concurrence et imposer leur prix,
les producteurs différencient leurs produits. Cela peut se faire de
plusieurs manières :

• Sur la qualité : certains produits sont fabriqués avec plus de soin, avec
de meilleures matières premières… que d’autres pour se démarquer
(une Audi a de meilleures finitions qu’une Dacia).
• Sur les services associés : les enseignes d’électroménager
proposent souvent des garanties étendues mais payantes. La livraison
d’un produit à domicile peut aussi intégrer la mise en service (chez Darty
par exemple c’est un service gratuit).
• Sur l’image de marque : c’est le cas dans le textile, l’électronique…
• Sur l’innovation : Dyson propose des aspirateurs sans sac.

En se différenciant les entreprises espèrent donc se rendre


incontournables pour les consommateurs qui seront prêts à payer plus
cher pour leurs produits (c’est la politique chez Apple). Ce type de
concurrence est appelée monopolistique car chaque entreprise
cherche à être la seule à vendre tel type de produit précis (les
consommateurs n’achètent pas un Smartphone mais un iPhone).
 
3. Les marchés de faible concurrence
Les entreprises cherchent à échapper aux règles du marché en ayant le
moins de concurrents possible ainsi elles auront un pouvoir sur la fixation
du prix. On peut distinguer deux cas :

• Le monopole : l’entreprise est seule à produire, elle n’a aucun


concurrent. En général ces monopoles n’existent que dans le secteur
public (transport, énergie…). Aux mains d’une entreprise privée cela
pourrait être dangereux car elle contrôlerait le marché (et donc les
quantités disponibles) ainsi que le prix de vente.
Dans l’absolu, l’entreprise en situation de monopole a le droit de fixer un
prix élevé mais cela dépend surtout des consommateurs. Si le produit
n’est pas indispensable, ils se tourneront vers des biens ou des
services de substitution. Si un producteur de poires, en situation de
monopole, fixe un prix trop élevé, les consommateurs mangeront des
pommes et la demande de poires s’effondrera. Ainsi le pouvoir du
monopole est limité.

• L’oligopole : dans ce cas là il y a peu d’entreprises sur le marché


(automobile, raffineries de pétrole, industrie pharmaceutique…) et la
concurrence peut être faussée si ceux-ci s’entendent sur les prix (ce qui
est impossible s’ils sont nombreux). Dans ce cas là on parle de
« cartel ». Certaines entreprises ont été condamnées pour entente
illégale comme les opérateurs de téléphonie mobile français (SFR,
Bouygues et Orange) qui s’étaient entendus pour ne pas se prendre des
clients et fixer un prix du SMS très élevé.
 
L'essentiel
Pour que les prix dépendent du marché et de la loi de l’offre et de la
demande, il faudrait que la concurrence soit parfaite. Mais dans la
réalité les marchés sont loin d’être parfaits, les produits sont souvent
différenciés et il existe des secteurs où les entreprises concurrentes sont
peu nombreuses. Ainsi ces entreprises cherchent à échapper aux lois du
marché et fixer leur propre prix. 
Synthèse visuelle
La concurrence pure et parfaite
Points clés

 Le modèle de concurrence pure et parfaite est fondé sur cinq


hypothèses fondamentales : l'atomicité du marché,
l'homogénéité du produit, une entrée libre sur le marché, la parfaite
transparence du marché et des informations, et la libre circulation
des facteurs de production.
 Ces hypothèses, par leur rigueur, limitent la pertinence du modèle
à la représentation de la réalité mais en font un redoutable outil
analytique et pédagogique de représentation théorique de
l'échange et du fonctionnement des marchés.

1. Présentation des hypothèses


Le modèle de la concurrence pure et parfaite (CPP) se définit par un
certain nombre d'hypothèses essentielles et constitue l'un
des fondements de la théorie néoclassique. Ce sont ces hypothèses
qui permettent de comprendre la détermination du prix sur le marché, le
comportement de la firme ainsi que le fonctionnement des mécanismes
des marchés.

Ce modèle repose sur cinq conditions :

1.  L'atomicité du marché signifie qu'il existe un grand nombre


d'agents économiques, tant du côté de l'offre que du côté de la
demande, et qu'aucun d'entre eux ne dispose sur le marché d'une
dimension ou d'une puissance suffisante pour exercer une action
quelconque sur la production et sur le prix considéré.
2.  L'homogénéité du produit suppose que toutes les entreprises
livrent des produits et services que les acheteurs
jugent identiques ou homogènes ; ils n'ont pas de raisons de
préférer le produit d'une firme au produit d'une autre firme.
Le choix de l'acheteur n'est ainsi guidé que par le
prix (document 1).
3.  La libre entrée sur le marché signifie que quiconque veut
s'adonner à une certaine production peut le faire sans restriction ni
délai, pénétrer sur le marché et ainsi concurrencer ceux qui s'y
trouvent déjà. Les firmes qui composent l'industrie ne peuvent
s'opposer à l'arrivée de concurrents.
4.  La parfaite transparence du marché ou information
parfaite suppose que les offreurs et les demandeurs soient
parfaitement informés des caractéristiques des produits et des prix
auxquels ils sont proposés. La parfaite connaissance de tous les
facteurs significatifs du marché empêche ainsi que certains
profitent d'une information particulière pour manipuler le marché.
5.  La libre circulation des facteurs de production signifie que le
capital et le travail doivent pouvoir se déplacer librement à la
recherche de la meilleure opportunité de rémunération. Cela
suppose donc la libre circulation des capitaux dans le monde
ainsi que l'ouverture des frontières aux flux migratoires.

Les trois premières conditions définissent la concurrence pure, c'est-à-


dire pure de tout élément de monopole ; les cinq conditions définissent
la concurrence « parfaite », ou pure et parfaite. Toutes ces conditions
sont assorties de l'hypothèse que l'agent économique est rationnel.

Doc. Choix guidé par le prix dans le cas d'une homogénéité relative


d'un produit
2. Limites et intérêt du modèle de CPP
Toute économie est un ensemble dont les éléments sont tous
interdépendants. De fil en aiguille, on va donc passer de l'équilibre sur
un marché à l'équilibre de l'ensemble de l'économie, l'équilibre
général.

Le modèle de cet équilibre général, formalisé par Arrow et Debreu dans


le prolongement de Walras, ne prétend cependant pas décrire la réalité.
Il énonce les hypothèses nécessaires pour que le marché fonctionne
parfaitement, c'est-à-dire comme si une force conduisait des agents,
régis par leur intérêt particulier, à réaliser, sans le rechercher, l'intérêt
collectif (une sorte de « main invisible » selon la métaphore d'Adam
Smith).

Cela implique d'une part l'existence d'un commissaire priseur qui


formule les offres et les demandes des agents, qui les centralise et les
confronte globalement. D'autre part, cela suppose que les agents
économiques soient rationnels, qu'ils ne peuvent pas manipuler les
prix ni procéder entre eux à aucun échange direct.
Ces hypothèses indispensables à la mise en équation du problème de
l'équilibre général confirment que le modèle de concurrence parfaite ne
se rapporte, ni de près, ni de loin, à la concurrence telle qu'on se la
représente couramment. Il décrit ainsi plutôt une économie centralisée.

Ce modèle offre cependant des atouts certains à la recherche


scientifique : la nature même des modèles scientifiques est de chercher
à simplifier une réalité complexe. Le modèle de CPP ne conviendrait
au fonctionnement réel d'aucun marché mais il en constitue une
simplification permettant de tenir un discours globalement vrai sur le
fonctionnement des marchés.
Ce modèle n'a pas besoin d'être totalement réaliste pour être confronté à
la réalité et ainsi révéler son utilité, notamment s'il parvient à expliquer le
fonctionnement réel de certains marchés.

Enfin, on peut estimer que le modèle de CPP est un modèle « idéal et


normatif » qui permet de montrer les mesures à prendre pour faire en
sorte que la réalité s'en rapproche.

La concurrence imparfaite
Le marché de concurrence parfaite est un marché théorique. Il est très
rare que les quatre conditions de concurrence parfaite soient réunies.
Dès qu’une condition n’est pas respectée, le marché est considéré en
concurrence imparfaite. La concurrence imparfaite génère des
situations de marché différentes. Le monopole et l’oligopole sont les
deux exemples de situations de marchés imparfaits.
1. Le monopole
a. Définition
Le monopole est une situation de marché dans lequel il y a de nombreux
demandeurs (acheteurs) et un seul offreur (vendeur).

En situation de monopole, deux conditions de la concurrence parfaite ne


sont pas respectées :
•l’atomicité de l’offre et de la demande puisqu’il n’existe qu’un seul offreur
pour une multitude de demandeurs.
• la libre entrée car le monopoleur bénéficie de barrières à l’entrée d’un
concurrent. Ces barrières peuvent être légales (monopole d’État) ou
économiques avec l’importance des coûts fixes.
b. Les différents types de monopole
• Le monopole naturel

Le monopole naturel est la situation dans laquelle un offreur unique est plus
efficace qu’une multitude d’entreprises. C’est le cas des secteurs d’activité où
les investissements de départ sont tellement importants qu’il n’est pas rentable
pour une entreprise d’entrer dans ce marché. Une entreprise seule est à même
d’atteindre un volume de production couvrant ces importants coûts fixes
(investissements).

• Le monopole légal

Le monopole est dit légal quand l’État empêche par des lois et règlements
l’entrée de nouveaux concurrents sur un marché.

2. Les cas de concurrence limitée


a. La concurrence monopolistique
Pour se différencier de ses concurrents, une entreprise peut agir sur les prix mais
également sur la perception qu’ont les consommateurs de la qualité du produit.

Dans le cas d’une concurrence monopolistique, la condition d’homogénéité du


produit n’est pas respectée. Les produits offerts ne sont plus perçus comme
standardisés et donc le prix n’est plus la seule variable d’ajustement.
b. L’oligopole
Un marché oligopolistique est un marché où il existe une multitude de
demandeurs et quelques offreurs.

Les situations d’oligopole sont assez fréquentes. En situation d’oligopole, c’est


la condition d’atomicité de la concurrence parfaite qui n’est pas respectée. Dans
cette situation, chaque entreprise connaît ses concurrents et adapte sa stratégie
en fonction de ces concurrents. La situation de marché oligopolistique fait
souvent suite à des mouvements de concentration.
c. Le cartel
Un cartel correspond à une entente durable entre entreprises d’un même secteur
d’activité.

Pour éviter une guerre des prix, les entreprises d’un même secteur d’activité
peuvent s’entendre sur les prix à pratiquer ou les quantités à offrir. Le prix est
supérieur au prix d’équilibre du marché de la concurrence parfaite. Pour
s’entendre, il faut que le nombre d’offreurs soit limité donc un marché
oligopolistique.
3. Les conséquences de la concurrence imparfaite
Sans concurrence, le monopoleur possède un pouvoir de marché. Le
consommateur a comme seule alternative de consommer ou pas le produit offert
par le monopoleur, il n’a pas d’incidence sur la formation des prix. Le
monopoleur peut alors augmenter les prix pour augmenter son profit.

Le monopole est donc généralement défavorable au consommateur car le


monopoleur peut augmenter le prix pour augmenter son profit. Avec des prix
élevés, les consommateurs à faible pouvoir d’achat se trouvent exclus du marché
du monopoleur. Toutefois, il existe des situations où le monopole est favorable
aux consommateurs, c’est le monopole naturel. C’est le cas, par exemple, de la
SNCF dans les transports ferroviaires.

Sous la pression européenne, les monopoles légaux tendent à diminuer en


France. Par exemple, le marché de l’électricité est ouvert à la concurrence
depuis le 1er juillet 2007. Depuis cette date, EDF n’est plus en situation de
monopole. Des entreprises concurrencent désormais EDF (exemple : poweo).

L'essentiel
Dès qu’une des conditions de concurrence parfaite n’est pas présente, un marché
est dans une situation de concurrence imparfaite.

Le monopole est une situation de marché dans lequel il y a de nombreux


demandeurs (acheteurs) et un seul offreur (vendeur). Il existe des monopoles
naturels et des monopoles légaux.

Un oligopole est une situation de marché où il existe une multitude de


demandeurs et quelques offreurs.

La concurrence imparfaite est généralement défavorable aux consommateurs car


en situation de monopole ou d’oligopole, les entreprises ont un pouvoir de
marché

Monopoles et oligopoles
Objectif
 Comprendre les différences entre monopoles et les oligopoles.

Points clés

 Les monopoles et oligopoles se forment sur les marchés quand


les conditions de la concurrence pure et parfaite ne sont pas
bien respectées (pas d’homogénéité, de transparence ou libre
entrée).
 Cette situation génère des dysfonctionnements qui peuvent
conduire à des abus de position dominante au détriment des
consommateurs ou des usagers du service public. C’est pour cela
que la Commission européenne, notamment, lutte contre ces
situations.
Mais dans le cas des monopoles publics, la concurrence peut ne
pas amener que des effets positifs.

L’évolution des marchés conduit à la concentration de


certaines entreprises jusqu’à détenir une position dominante
sur les marchés.

1. La formation des oligopoles et des


monopoles
a. Définitions
Dans un marché de concurrence pure et parfaite, il devrait y
avoir atomicité (de nombreux offreurs et demandeurs pour favoriser la
concurrence). Or, dans la réalité, ce n’est pas le cas ; on constate que
sur beaucoup de marchés, il y a :

  peu de producteurs → oligopole (téléphonie mobile, automobile,


pétrole, grande distribution…)
  un seul producteur→ monopole (la Poste pour le courrier,
SNCF…).
La situation de monopole est rare ; elle existe surtout dans le domaine
public, ce sont des entreprises publiques qui les gèrent. En revanche,
du fait de la concentration croissante des entreprises, on trouve de
plus en plus d’oligopoles (concentration horizontale). Ici, les entreprises
achètent ou fusionnent avec une entreprise de la même branche, par
exemple Neuf Télécom qui rachète Club-Internet.

b. Pour quelles raisons se forment des monopoles ou des


oligopoles ?
Un monopole peut apparaître pour plusieurs raisons différentes :

 une branche d’activité nécessite des investissements si


importants qu’une seule entreprise peut y faire des bénéfices. Il
faut produire en très grande quantité pour amortir les
investissements réalisés (économies d’échelle) et donc deux
entreprises ne pourraient survivre ;

C’est le cas dans le transport ferroviaire (construction et gestion des


lignes de chemin de fer, document 1), de la production d’énergie
(centrales nucléaires, thermiques…) par exemple. Il se forme alors
un monopole naturel.

Ces monopoles sont en général gérés par des entreprises


publiques car, du fait du caractère vital de ces activités, tous les
citoyens doivent pouvoir y avoir accès à un coût raisonnable. Une
entreprise privée pourrait avoir la tentation de profiter de la situation pour
faire des surprofits (comme c’est le cas dans le pétrole ou la distribution
de l’eau en France). 
Doc 1 : Le transport ferroviaire, exemple de monopole naturel géré par l'état

 dans certaines branches, il y a des barrières à l’entrée, par


exemple du fait des coûts de recherche et
développement exorbitants (puces informatiques,
aéronautique…). Ainsi peu d’entreprises se partagent le marché ;
 la recherche permet de déposer des brevets pour protéger les
innovations pendant un certain temps. L’entreprise bénéficie alors
d’un monopole temporaire qui va lui permettre de vendre un peu
plus cher pour rembourser ses frais de recherche ;
 la différenciation des produits (marque, qualité, services
associés…) permet aussi de se retrouver dans une situation
dominante sur un marché. Les marques permettent de convaincre
les consommateurs d’acheter même si c’est plus cher que chez les
concurrents.

2. Les dangers de ces situations


a. Une position dominante qui peut conduire à des
dysfonctionnements

 Certaines entreprises en situation d’oligopole peuvent avoir envie


de s’entendre (former un cartel) sur les prix, le partage des
marchés…, plutôt que de se faire une farouche concurrence.
Certaines entreprises ont été accusées, voire condamnées, pour
ces pratiques (téléphonie mobile, grande distribution…) car sinon
c’est le consommateur qui paie.
 Certaines entreprises peuvent être tentées d’abuser de leur
position dominante. Cela peut l’être par des tarifs prohibitifs au
détriment des consommateurs captifs.

C’est le cas de la distribution de l’eau en France (document 2). Chaque


commune a un seul distributeur (public mais plus généralement privé)
qui possède des concessions de longue durée.
Ainsi, dans certaines villes de France, les tarifs apparaissent assez
élevés quand on les compare aux coûts de distribution d’autres villes.

Microsoft a été condamné aussi en Europe pour abus de position


dominante, son système d’exploitation Windows étant très
majoritairement répandu et sans réel concurrent. Microsoft le vend
en y joignant des logiciels de mail (Outlook) ou de navigation Internet
(Explorer) ce qui crée une distorsion de la concurrence car les autres
entreprises se retrouvent privées de pouvoir vendre leurs versions
aux utilisateurs.

Commune A

 = 0,6 €/m3

Commune B

 = 2,5 €/m3
Doc.2. Variabilité des tarifs de distribution de l'eau
 

 Les monopoles publics sont aussi souvent accusés de pratiquer


des tarifs élevés ; la concurrence ne pourrait, selon les libéraux,
qu’être bénéfique (avec l’exemple de la baisse des tarifs du
téléphone fixe depuis l’ouverture de ce marché à la concurrence).
La situation de domination d’un marché n’est jamais bonne car
les entreprises ne font plus d’effort pour être plus efficaces,
proposer des produits ou services de meilleure qualité, innover…

b. La lutte contre ces situations


Plusieurs institutions surveillent le marché pour empêcher ces situations
ou rendre le marché plus concurrentiel.
En France, la Direction générale de la Concurrence, de la
Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) est
chargée de veiller au droit de la concurrence (lutte contre les ententes,
dumping…) mais c’est surtout la Commission européenne qui surveille
les entreprises et les marchés de l’Union européenne.

Elle peut interdire une fusion ou une acquisition au prétexte que cela
pourrait conduire à une situation dominante. C’est elle qui a mené le
combat et fait condamner Microsoft pour abus de position dominante
alors que les États-Unis ne sont jamais allés jusque là (ils ont pourtant
des lois contre les monopoles : les lois anti-trust).

La Commission préconise aussi le démantèlement de certains


monopoles publics pour favoriser la concurrence. C’est elle, avec
l’accord des gouvernements, qui a ouvert le marché du transport aérien,
des télécommunications et bientôt de l’énergie et du courrier. Ces
politiques libérales oublient pourtant que certains marchés ne peuvent
pas être réellement en concurrence (transport ferroviaire, énergie) ;
d’ailleurs le tarif de l’électricité est plus faible en France (géré pourtant
par une entreprise publique) qu’ailleurs en Europe.

Dans les pays qui ont libéralisé certains de ces services


publics, on a vu augmenter les tarifs et baisser la qualité des
services fournis.
Synthèse visuelle

Exemples d'atteintes à la
concurrence
Objectifs
 Connaitre la théorie néoclassique selon laquelle la concurrence est
censée permettre l’équilibre sur les marchés.
 Comprendre l’écart entre un modèle théorique et la réalité
économique qu’il est censé décrire.

Points clés

 La théorie néoclassique défend le marché comme principe de


régulation économique qui permet un optimum économique.
 La concurrence est idéalement favorable aux consommateurs.
 Néanmoins, certains acteurs possèdent un monopole ou forment
un oligopole qui faussent la libre concurrence.

Pour bien comprendre


 Marché
 Concurrence pure et parfaite
 Monopole et oligopole
 Entente
 Barrières à l’entrée

1. Rappels : la concurrence : un modèle


théorique
a. Le modèle néoclassique
D’après les économistes néoclassiques, le marché est un principe de
régulation de l’économie qui permet de réaliser un optimum
économique, c’est-à-dire une situation de croissance, avec plein emploi,
peu d’inflation et un équilibre extérieur.
Cette situation idéale se réalise, d’après les économistes, si on laisse
jouer librement la concurrence sur tous les marchés :

 du côté de l’offre (entre les entreprises ou entre les individus sur le


marché du travail par exemple) ;
 du côté de la demande (pas de consommateur « dominant » le
marché).

Il ne doit pas y avoir d’entraves réglementaires qui viendraient fausser la


libre concurrence.

b. Les effets bénéfiques de la concurrence


On admet que sur les marchés des biens et des services, la concurrence
entre une multitude de producteurs est favorable aux
consommateurs car chaque entreprise souhaite accroitre sa part de
marché en baissant ses prix et en améliorant la qualité de ses produits.

Parts de marché : c’est le pourcentage du chiffres d’affaires réalisé par une


entreprise sur un marché. Un monopole détient ainsi 100 % de part de
marché.
La concurrence est faussée lorsque le marché est contrôlé par un seul
producteur, on parle alors de monopole, ou par quelques-uns
seulement, on parle d’oligopole.

Monopoles : on parle d’un monopole - ou d’une situation monopolistique -


lorsqu’il n’y a qu’un seul offreur (une seule entreprise par exemple) sur un
marché.

Oligopole : il y a une situation d’oligopole lorsqu’un marché est dominé par


quelques offreurs seulement.

Cette situation est certes favorable aux offreurs qui occupent une
position dominante mais elle pénalise les demandeurs. Ce cas est
d’ailleurs assez fréquent et il favorise des ententes entre les producteurs,
illégales et punies par la loi.

2. Exemples
a. L'origine de la concentration
Une concentration peut se produire par différentes situations :

 Une situation dominante liée à une avance technologique ;

Exemple
Microsoft détient une position dominante sur le marché des systèmes
d’exploitation qui équipent les ordinateurs. La fenêtre « Windows » est le
système majoritaire sur ce marché.

 une situation d’ententes liées aux barrières à l’entrée ;

Exemple
La construction aéronautique ou automobile fournissent de bons exemples de
concurrence imparfaite dans la mesure où peu de constructeurs sont présents
sur ces marchés. Ce type de production demande de tels investissements qu’il
est improbable d’y voir arriver de nouveaux concurrents.
Entente : lorsqu’il y a peu d’entreprises sur un marché, elles sont tentées
de s’entendre pour ne pas se faire concurrence et maintenir ainsi des prix
élevés.

 une situation d’absorption ou de fusion, des producteurs se


regroupent pour dominer un marché.

Exemple
En 1999, Carrefour a ainsi absorbé la marque Continent dans le secteur des
hypermarchés.

b. Les ententes illégales


Les ententes sont illégales et sont condamnées.

Exemple
Le marché des forfaits téléphoniques en France est très largement dominé par
trois opérateurs : Orange, SFR et Bouygues. En 2005, l’Autorité de la
Concurrence leur a infligé une amende de plus 530 millions d’euros pour s’être
entendus sur le maintien de prix élevés, susceptibles de geler leurs parts de
marché respectives.
L’arrivée de nouveaux concurrents n’a pas vraiment modifié la structure très
oligopolistique de ce marché comme le montre le tableau ci-dessous.
Parts de marché des principaux opérateurs mobile (en %, fin 2018) :

Orange SFR Bouygues Free


40,3 24,5 19,3 15,9
Dans la construction des camions en Europe, cinq constructeurs
réalisent 90 % des ventes sur ce marché : MAN, Daimler, DAF, Iveco et
Volvo-renault. Il a été découvert qu’ils s’étaient entendus pour ne pas se
faire concurrence sur les prix. En 2016, la commission européenne leur a
infligé une amende record de 2,9 milliards d’euros.
Des ententes illégales ont aussi été condamnées dans les secteurs des
produits laitiers ou dans l’électroménager.

Il y a ainsi un écart important entre le modèle théorique vanté par les


économistes néoclassiques et la réalité des marchés. Le modèle de
concurrence pure et parfaite devient une simple référence, dont il est
possible d’essayer de se rapprocher.

Pouvoir de marché et
monopole discriminant
Objectifs
 Connaitre les termes suivants : oligopole, monopole, pouvoir de
marché, preneur de prix, coût moyen/coût marginal, recette
moyenne/recette marginale.
 Comprendre : monopole discriminant, barrière à l'entrée, faiseur de
prix.

Points clés

 Les entreprises sont rarement en situation de concurrence parfaite


sur les marchés. En effet, elles construisent des stratégies
concurrentielles afin d'obtenir un pouvoir de marché qui leur soit
favorable.
 La situation idéale pour une entreprise correspond à une situation
de monopole qui lui garantisse un profit maximum en l'absence
de concurrence et comme faiseur de prix. Le monopole peut
reposer sur différents paramètres, situation
géographique, brevets industriels, investissements de départ,
etc.
 L'absence de concurrence correspond le plus souvent à une
situation de barrières à l'entrée résultant de ces éléments
stratégiques.
 Cependant, en situation de monopole, l'entreprise n'est pas pour
autant en situation optimale car elle perd une partie de sa clientèle
possible soit parce que le prix est trop élevé, soit parce qu'il est
trop faible, et souvent les deux à la fois.
 Par conséquent, l'entreprise a tout intérêt à développer
une stratégie de monopole discriminant visant à pratiquer
des prix différenciés selon le type de clientèle afin d'optimiser
son profit et de balayer ainsi l'ensemble du spectre possible de
consommateurs.

1. Diversité des structures de marché et


pouvoir de marché des entreprises
a. Quand les entreprises font les prix
En situation de concurrence, les producteurs doivent adapter leur offre
en fonction du prix résultant de la rencontre de l’ensemble des offres et
demandes sur le marché. En effet, cette rencontre détermine le prix
d’équilibre du marché. En revanche, en situation de monopole le
producteur a la possibilité de fixer lui-même le niveau de prix qui
maximise son profit.

À quoi correspond une situation de monopole ?

Dans cette situation, un seul agent contrôle l’ensemble de l’offre sur un


marché au détriment des demandeurs (consommateurs). Le monopole
procure au producteur le pouvoir de déterminer lui-même le niveau de prix
(price maker) auquel il vend les biens ou services qu’il produit, à la
différence de la situation de concurrence dans laquelle il subit le prix (price
taker).

Le monopole conduit à réduire le bien-être général car le gain réalisé


par le monopoleur ne compense pas les pertes des consommateurs qui
subissent un prix plus élevé qu’en situation de concurrence. Les
situations de monopole peuvent résulter d’une multitude de particularités
propres à l’organisation du marché et de la production. Le monopole
peut être géographique : un seul producteur sur un territoire spécifique
qui profite de la situation en raison des coûts de transport. Le
monopole peut résulter de l’importance des investissements de
départ qui limite l’accès au marché (voir ci-dessous « Les barrières à
l’entrée »). Les entreprises sont le plus souvent des acteurs
stratégiques qui construisent des positions dominantes afin de fixer le
prix qui maximise leur profit, et les stratégies de monopole
discriminant jouent aujourd’hui un rôle déterminant.

b. La diversité des barrières à l'entrée sur les marchés


Les barrières à l'entrée sur les marchés peuvent prendre des formes
très diverses et s'opposent au principe fondamental de la concurrence
pure et parfaite. Selon celui-ci, la libre entrée sur un marché garantit
l'augmentation du nombre d'offreurs tant que les profits possibles restent
suffisamment attractifs pour attirer de nouveaux producteurs. Mais la
concurrence parfaite est un cas d'école qui dans le fonctionnement
quotidien de l'économie, est particulièrement éloignée de la réalité, et
correspond davantage à ce que les économistes appellent
la concurrence imparfaite.

Une barrière à l'entrée renvoie à tous les éléments susceptibles de


rendre plus difficile l'entrée d'un producteur-concurrent
supplémentaire sur un marché. Les éléments en question peuvent être
de nature très diverse. Dans le cas où pour rentrer sur un marché, un
producteur devra réaliser par exemple des investissements de
départ importants, les économistes estiment que le ticket d'entrée
élevé constitue une barrière à l'entrée.
Supposons par exemple, que vous souhaitiez vous lancer dans la
construction d'avions de ligne. Les dépenses d'investissement de départ
sont d'un montant particulièrement élevé. Il y a peu de probabilités alors
que des concurrents en grand nombre viennent produire sur ce marché.
Il est en de même avec les brevets industriels. Ceux-ci en effet limitent
technologiquement les capacités de production d'un concurrent potentiel
qui souhaiterait se lancer dans la production d'un bien dont il ne possède
pas l'ensemble du procès technologique de production.

2. Les situations de monopole discriminant


a. Du monopole au monopole discriminant
En pratiquant un prix unique, le monopoleur perd une partie de la
clientèle possible soit parce qu’il pratique un prix élevé et les
consommateurs disposant d’un faible budget ne peuvent le payer, soit
parce qu’il pratique un prix faible, et il ne profite pas ainsi des
consommateurs disposés à payer un prix plus élevé. Dans ce cas, le
monopoleur peut augmenter son profit en pratiquant un prix différencié
selon les catégories de consommateurs. La discrimination par les prix
permet d’optimiser le profit du monopoleur.

En pratique, il s’agit d’accorder à certaines catégories de


consommateurs une réduction dérogatoire sur le prix (carte de fidélité,
réduction selon l’âge, les classes dans les transports, etc.) afin d’obtenir
sur ces catégories un volume de vente plus important, tout en
conservant un prix plus élevé pour les consommateurs qui peuvent le
payer. Il est remarquable qu’une parfaite discrimination par les prix se
rapprochent sensiblement d’une situation de concurrence parfaite.
Cette forme de discrimination consisterait à faire payer le prix plus élevé
possible pour chaque consommateur.

b. Des exemples de stratégies de prix de monopole


discriminant
La tarification différenciée permet de balayer l’ensemble du spectre
des consommateurs, ceux qui ne consommeraient pas un produit en
raison d’un prix élevé, comme ceux qui échapperaient à la vente d’un
produit en raison de la faiblesse de son prix. Les entreprises en situation
de monopole discriminant organisent une segmentation de leur
clientèle en pratiquant des prix différents qui s’adressent à
ces différentes catégories de consommateurs. L’objectif est d’occuper
l’ensemble du spectre possible de consommateurs.

Dans le cas des télécommunications, les opérateurs de téléphonie


mobile segmentent leur offre de service en fonction du type de clientèle
et de son budget. Ils vendent le service à prix relativement attractif à la
clientèle disposant d’un budget réduit (ménages à faible pouvoir d’achat,
jeunes). La marge bénéficiaire pour ce type de client est faible, mais
compensée par un nombre de clients importants. Par ailleurs, ils
proposent des tarifs plus élevés pour la clientèle plus aisée contre un
service plus étoffé et qui permet de se distinguer socialement. Ce type
de stratégie est aussi utilisé dans la tarification dans les
transports avec les différentes classes des voyages en avion par
exemple.

Synthèse visuelle
Les différentes formes de
concentration
Objectif
 Savoir calculer un degré de concentration des marchés.
 Savoir caractériser la structure des différentes formes de
concentration : cartel, oligopole et monopole.

Points clés

 L’intensité concurrentielle peut être réduite à cause de certaines


formes de concentration du marché : oligopole, monopole et cartel.
 Monopole : situation d’un marché sur lequel on trouve un seul
offreur face à une multitude de demandeurs.
 Oligopole : situation d’un marché sur lequel évolue un petit nombre
d’offreurs face à une multitude de demandeurs.
 Cartel : forme illégale d’entente entre plusieurs entreprises sur un
même marché dans le but de le contrôler.

Pour bien comprendre

 Oligopole
 Monopole
 Cartel
 Indice de concentration sur un marché

1. L’indice de concentration sur un marché


a. Définition
L’indice de concentration sur un marché mesure la répartition des parts
de marché entre les entreprises présentes sur celui-ci. La commission
européenne emploie l’indice Herfindahl-Hirschmann (IHH) pour mesurer
la concentration sur les marchés.

Part de marché : pourcentage de la valeur du marché détenu par une


entreprise.

Un indice de concentration élevé indique qu’une entreprise ou un


nombre restreint d’entreprises se partagent la majorité du profit de
ce domaine d'activité.
Plus l’indice est faible et plus le libre jeu de la concurrence est effectif.

b. Pourquoi mesurer la concentration sur marché ?


L’indice de concentration d’un marché permet d’évaluer s’il y a une
concurrence imparfaite. Il permet notamment au législateur d’agir pour
améliorer cette situation de marché en favorisant une plus grande
atomicité.

Il permet d’évaluer le pouvoir de marché d’une entreprise et mesurer si


les mécanismes de fixation du prix sont bien favorables au
consommateur. Les situations de concurrence imparfaite sont en effet
défavorables au consommateur car elle induisent le plus souvent un
diminution de la qualité des biens ou des services proposés, un moindre
effort d’innovation et des prix plus élevés que ceux permis par le libre jeu
de la concurrence.

2. Les différentes formes de concentration


a. Le monopole
Un offreur est en situation de monopole lorsqu’il est seul sur son marché,
c’est-à-dire que le bien ou le service qu’il propose est unique et qu’il fait
face à une multitude de demandeurs. La situation entre l’offre et la
demande est déséquilibrée. Il n’existe aucun produit similaire ou de
substitution à son offre. Dans ce cas de figure, le prix n’est pas fixé
librement par le marché, mais déterminé par le monopoleur.

On distingue trois grands types de monopoles :

  le monopole public : le marché est détenu par un seul offreur par
décision de l’État. Il s’agit notamment de la production de biens ou
de services essentiels à la nation : réseau d’électricité, réseau
ferroviaire… Ils étaient assez nombreux au XIXe et début XXe
siècles. L’État a ensuite choisi d’opérer une vague de privatisation
à partir des années 80, ce qui a considérablement réduit le nombre
de monopoles publics. En outre, L’Union européenne cherche à
favoriser le libre jeu de la concurrence et impose la réduction de
ces monopoles publics s’ils ne sont pas absolument essentiels ;
  le monopole naturel : il s’agit de marchés où les barrières à
l’entrée (notamment au niveau financier) sont tellement
importantes que l’offreur se retrouve naturellement en situation de
monopole. Ces monopoles existent grâce à d’importantes
économies d’échelle. En conséquence, pour être rentable, un
nouvel offreur devrait atteindre un tel volume de production qu’il ne
se risque finalement pas à pénétrer le marché. L’offreur en
situation de monopole peut donc s’accaparer une rente de situation
nuisant au bon fonctionnement du marché.
  le monopole privé : situation de marché où l’on trouve un seul
offreur privé face à une multitude de demandeurs.

Exemple
Microsoft s’est longtemps trouvé en situation de monopole avec ses logiciels.
Il est parvenue à créer des barrières à l’entrée sur son marché en équipant
tous les ordinateurs avec ses logiciels. Cette barrière technologique est
rapidement devenue insurmontable pour d'autres offreurs, tant du point de vue
d’une distribution à l’échelle mondiale que du point de vue du niveau de
compétence. Le monopole de Microsoft s’est ensuite été affaibli : on parle
alors de monopole privé temporaire.
Économies d’échelle : diminution des coûts moyens de production grâce à
un volume élevé de production.

Rente de situation : surplus de rentabilité obtenu par une entreprise ayant


un avantage compétitif.

b. L’oligopole
Certains marchés sont en situation d’oligopole. On va y trouver un très
faible nombre d’offreurs face à un grand nombre de demandeurs.
Cette situation peut être créée par des offreurs qui se sont rachetés
entre eux. Les mécanismes de rachat et de fusion engendrent une
concentration de l’offre par baisse du nombre d’offreurs. Ils acquièrent de
plus en plus de pouvoir. C’est le cas des marchés sur lesquels on trouve
de grandes multinationales.

Exemple
Avant l’arrivée de Free en 2008, le marché de la téléphonie mobile était un
marché en oligopole, détenu par trois grands acteurs en France.

c. Le cartel
Le cartel se distingue des autres situations de concurrence imparfaite car
il est illégal. Il s’agit d’une forme d’accord tacite entre plusieurs
entreprises appartenant au même secteur, mais indépendantes les unes
des autres. Cette entente se fait le plus souvent sur les prix, qui seront
plus élevés que si les entreprises se faisaient réellement concurrence.
Dans cette situation, le libre jeu de la concurrence se trouve faussé et le
consommateur désavantagé.

Exemple
Le conseil de la concurrence a sanctionné Orange par une amende de
534 millions d’euros pour s’être partagé le marché de la téléphonie entre 2000
et 2002 avec Bouygues Telecom.

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