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La théorie des marchés

contestables
Introduction
Dans leur ouvrage intitulé «Contestable markets and the
theory of industry structure», W. Baumol, J.C Panzar, R.D
Willig (1982) invoquaient trois raisons qui avaient motivé le
développement de la théorie des marchés contestables :
1. Fournir les bases d’une interprétation plus riche et plus
scientifique de la relation entre concurrence et marché
(l’intensité de la rivalité concurrentielle existant sur un
marché ne serait plus liée à l’importance du nombre de ses
participants ) ;
2.Elaborer une nouvelle théorie de l’oligopole qui n’intègre par
les variations conjecturales des firmes établies ;
3.Généraliser le domaine d’applicabilité de la notion
d’efficacité.
I. Les hypothèses fondamentales de la
théorie des marchés contestables
Un marché est considéré comme parfaitement contestable c-à-d
soumis au jeu normal de la concurrence, dès lors que :
• L’entrée sur celui-ci s’avère totalement libre, au sens de J.
Stigler, c-à-d lorsque les entreprises tentant d’y opérer ne
souffrent, par rapport aux firmes en place, d’aucun
désavantage sur le plan des techniques de production ou de la
qualité des produits (les entrants potentiels peuvent évaluer la
profitabilité de l’entrée à partir des prix de pré-entrée de la
firme déjà installée).
• La sortie en est totalement libre, au sens de peu coûteuse
Au concept de concurrence parfaite, lié à la théorie néo-
classique, Baumol, Panzar et Willig la substituent à celle de
contestabilité parfaite. De ce fait, un marché de concurrence
parfaite constitue nécessairement un marché contestable.
Toutefois, la réciproque n’est pas vraie : un marché contestable
ne se limite pas au cas du marché de concurrence parfaite.

En d’autres termes, cela signifie qu’une situation de concurrence


ne serait pas nécessairement liée à l’existence d’un nombre
important d’offreurs sur le marché concerné (l’hypothèse
d’atomicité n’est donc plus une condition nécessaire d’obtention
des prix concurrentiels)
l’hypothèse fondamentale du marché contestable

Libre entrée dans ce marché

Libre sortie de ce marché


La libre entrée signifie que, sur un marché contestable, il
n’existe pas de barrière à l’entrée : L’entrée sur celui-ci
s’avère totalement libre, au sens de J. Stigler, c'est-à-dire
lorsque les entreprises tentant d’y opérer ne souffrent pas, par
rapport aux firmes en place, d’aucun désavantage sur le plan
des techniques de production ou de la qualité des produits, et
il existe une symétrie dans les dotations techniques (la firme
installé et l’entrant ont les mêmes fonctions de coût, et
l’entrant peut produire les bien et services de la firme
installée.
La libre sortie: sur un marché contestable, une entreprise
peut cesser sa production et quitter le secteur sans
supporter des coûts irrécupérables
La sortie en est totalement libre, elle est peu coûteuse au
concept de concurrence parfaite chère à la vieille théorie néo-
classique W. Baumol substituait donc celle de contestabilité
parfaite dans la mesure où elle en constitue une généralisation
plus riche sur le plan théorique et plus opérationnelle car elle
peut être appliquée a un éventuelle plus large de situations de
marché : concurrence de grande nombre, oligopole et même
monopole.
Un marché de concurrence parfaite, au sens néo-
classique du terme, constitue un marché
nécessairement contestable mais la réciproque n’est
pas vraie, un marché contestable ne se limite pas au
cas du marché de concurrence parfaite. Ceci signifier,
en terme clair, qu’une situation de concurrence n’est
pas nécessairement liée la l’existence d’un nombre
important d’offreurs sur le marché concerné
L’apport majeur de la théorie des
marchés contestables, c’est sa
compatibilité avec toutes les
structures possibles de marché. C’est
pourquoi l’approche de Baumol,
Panzar et Willig (1982)
a souvent été perçue comme un
nouveau paradigme de l’analyse de la
concurrence.
II. Les fondements de base de la théorie
des marchés contestables
1. Cas d’une production unique : W. Baumol, J. Panzar et R.
Willig sont partis de l’idée que la configuration d’un secteur
était définie par trois variables : le nombre n de firmes, les
quantités produites (Q1,…, Qn) et le prix p. A partir de là, il
suffit, en considérant les mécanismes d’entrées et de sorties
des secteurs, qu’il existe un marché parfaitement contestable…
pour ce faire, il faut que la configuration réalisable soit
soutenable.
a- Une configuration est dite réalisable si les conditions
suivantes sont vérifiées :
✓ Le marché doit assurer l’équilibre entre les offres et
les demandes, de sorte que les n firmes produisent les
quantités Q1,…, Qn à un prix p non négatif ; c’est-à-
dire que :
 Qi = Q*(p)
✓ Toutes les firmes sont profitables ; c’est-à-dire que :
p*Qi – C*(Qi) ≥ 0
b- Cette configuration est dite soutenable (ou « à
l’équilibre) si elle n’offre pas de possibilités
d’entrées profitables, Cela suppose que :
✓ Tous les producteurs ont accès à la même
technologie ;
✓ Les firmes en place ne peuvent pas changer
leur prix instantanément ;
✓ Les consommateurs doivent régir aux
variations de prix dans un espace de temps
plus court.
Cela signifie, pour tout prix pe et toute quantité Qe
auxquels sont confrontés les entrants :
pe*Qe – C*(Qe) ≤ 0
• c- l’équilibre de la configuration : Dans un marché
parfaitement contestable, une configuration n’est en
équilibre que si elle est soutenable.
• d- les propriétés d’un équilibre dans un marché contestable :
✓ la minimisation du coût total du secteur : aucun autre
nombre de firmes, aucune autre distinction de taille ou
de production, ne fournit l’output industriel requis, à un
coût moindre que celui supporté par la configuration
réalisable et soutenable existante.
✓ Par ailleurs, une configuration soutenable n’est pas
nécessairement un équilibre concurrentiel de long
terme : dans la figure ci-dessous, la configuration
réalisable est composée d’une seule firme ; il s’agit
d’une configuration soutenable, puisque la vente à un
prix inférieur rapporterait un revenu inférieur au coût
moyen ; et pourtant, il ne s’agit pas d’un équilibre
concurrentiel, puisque p* > Cm.
L’existence d’une configuration soutenable
nécessite la vérification de l’hypothèse de coûts
irrécupérables. Selon Baumol, Panzar et Willig, il
existe en effet des catégories de coûts engendrés
par l’entée sur un marché selon qu’ils soit
irréversibles ou irrécupérables (sunk costs), ou
non : dans le deuxième cas, cela signifie que la
sortie de la firme d’un secteur ne peut s’effectuer
sans perte de capital supérieur au coût d’usage. Si
les conditions de sortie apparaissent difficiles,
toute entrée peut être alors découragée : il s’agit
là d’une sorte de " barrière à la sortie" qui réduit
la" disputabilité" du secteur.
2. Cas d’une production multiple :
Il n'est pas rare que la production d'un bien x
aboutisse non seulement à la création d'unités
fabriquant le bien x, mais aussi à la création d'autres
unités fabriquant le bien y, comme dans le cas
traditionnel du mouton (bien principal) et de la laine
(bien annexe). Dans cette hypothèse, toute variation
des quantités produites de x influence celle de y, et il
devient difficile de répartir les coûts entre x et y, et
d'établir des fonctions distinctes de production de x et
de y. Il en découle de nouvelles analyses de coûts qui
vont avoir des implications sur la définition des
équilibres des marchés.
III. Limites de la théorie

Les principales limites et défaillances de la théorie des


marchés contestables sont les suivantes:

- Critiques de l’identité technique des firmes.


- Critiques des coûts irrécouvrables (Weisman, 1982)
- Critiques de l’opérationnalité immédiate de l’entrant
- Critiques de l’asymétrie comportementale entre la firme
installée et les entrants potentiels : à la différence de la
firme installée, les entrants potentiels ne sont pas obligés
de satisfaire toute la demande qui leur est adressée
(Encaoua, Moreaux, 1986).
- Critiques de la visibilité parfaite des entrants
potentiels qui seraient à même de pouvoir intervenir
dès qu’apparaissent les profits

- Critiques des propriétés de la soutenabilité : la


menace des entrants potentiels doit être à la fois
crédible (pour que l’entrant puisse effectivement
capter une partie de la rente en pratiquant des prix
inférieurs, le bien doit avoir une grande élasticité
prix) et dissuasive (le monopole doit pouvoir
modifier librement ses prix suite à une entrée).
- Critiques du processus d’entrée qui ne prend pas en compte
les comportements stratégiques des acteurs

- Critiques de la contestabilité parfaite (Shepherd, 1988),


le programme de recherche de Baumol devant déboucher
sur des recherches concernant les effets d’une
contestabilité imparfaite sur le comportement des
entreprises.
- Critiques concernant la contradiction entre l’absence
de réaction et la définition d’un marché contestable
(Shepherd, 1984) : toute entrée pouvant se substituer à
la firme installée, la firme installée ne peut rester inerte.
Conclusion
la théorie des marchés contestables considère que les
mécanismes du marché conduisent à une régulation
automatique de la concurrence. Ce qui limite donc
l'intervention des pouvoirs publics. Mais, cette
théorie reste incomplète et demeure controversée du
fait qu'elle réduit le rôle des comportements
stratégiques des firmes

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