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CHAPITRE 2 : L’ECONOMIE DE L’ECHANGE

Ce chapitre commence l’étude de la Théorie de l’Equilibre Général. Par rapport à l’équilibre


partiel qui s’intéresse à l’étude des agents économiques en ce qui concerne leurs activités de
production, de consommation et de vente d’un bien ou d’un groupe de bien par l’intermédiaire
d’un marché, l’équilibre général s’intéresse à l’équilibre de tous les marchés de tous les biens
et services dans une économie donnée. Ainsi, l’équilibre général nous permet de comprendre le
comportement d’ensemble des agents économiques et des marchés. A ce titre, le modèle
d’équilibre général Walrasien [d’après Léon Walras (1874)] mais aussi connu sous le lexique
de modèle d’équilibre général d’Arrow-Debreu [d’après Arrow(1971, 1981, 1982, 1986) et
Debreu (1959) qui ont tous les deux reçus le prix Nobel d’économie pour leurs travaux sur la
théorie de l’équilibre général)] est devenu un cheval de bataille des économistes dans
l’élaboration des modèles modernes d’économie théorique (modèles d’étude en
macroéconomie moderne) et appliquée (les modèles d’équilibre général calculables).
Cependant, l’objectif de ce cours n’est pas de vous donner des notions avancées mais plutôt des
notions de bases qui vous permettrons de comprendre la théorie. Ce chapitre vous introduira à
l’analyse d’une économie d’échange pur sans production.

2.1. La boite d’Edgeworth

Cette boite est un outil d’analyse de l’échange de deux biens entre deux individus. Les
notions de courbes d’indifférences sont les prérequis pour comprendre le fonctionnement de cet
outil. Supposons que nous sommes en présence de deux individus A et B et de deux biens 1 et
2. Le panier de biens de l’individu A est 𝑋𝐴 = (𝑥𝐴1 , 𝑥𝐴2 ) et celui de l’individu B est 𝑋𝐵 =
(𝑥𝐵1 , 𝑥𝐵2 ). Une paire de panier de bien 𝑋𝐴 et 𝑋𝐵 est appelée allocation. Une allocation est dite
réalisable si la quantité totale de chaque bien consommé est égale à la quantité disponible :

𝑥𝐴1 + 𝑥𝐵1 = 𝑤𝐴1 + 𝑤𝐵1

𝑥𝐴2 + 𝑥𝐵2 = 𝑤𝐴2 + 𝑤𝐵2

On suppose qu’au début chaque individu dispose d’une dotation initiale des biens 1 et 2. Donc
l’allocation initiale pour chaque individu est (𝑤𝐴1 , 𝑤𝐴2 ) et (𝑤𝐵1 , 𝑤𝐵2 ). L’échange de biens entre
ces deux individus conduira à une allocation dite allocation finale.
Figure 2.1: La boite D’Edgeworth

2.2. L’échange pur de bien

Etant données les fonctions d’utilités de chaque individu, Nous voyons que chacun aura un
niveau d’utilité élevé que celui de la dotation initiale si les négociations entre les deux individus
pourront avoir lieu pour aller à une allocation située dans la zone hachurer (Exemple : le point
M). Dans la Figure 2.1, au voit qu’au point M, l’individu A renonce à la consommation
|𝑥𝐴1 − 𝑤𝐴1 | unités de biens 1 et acquière en échange |𝑥𝐴2 − 𝑤𝐴2 | unités de biens 2. De manière
similaire l’individu B acquière |𝑥𝐵1 − 𝑤𝐵1 | unités de biens 1 et renonce à |𝑥𝐵2 − 𝑤𝐵2 | unités de
biens 2.

2.3. Allocation Pareto efficiente


Figure 2.2: Allocation Pareto Efficiente et la courbe de contrat

Au point M, il n’y a pas d’intersection entre l’ensemble des points au-delà de la courbe de la courbe
d’indifférence de l’individu A et au-delà de la courbe d’indifférence de l’individu B. Donc partant de ce
point, toute tentative d’augmentation du niveau d’utilité d’un individu va réduire l’utilité de l’autre. Une
telle allocation est dite efficiente au sens de Pareto. Une allocation est dite Pareto-efficiente si :

1) Il n’a pas moyen d’améliorer le niveau d’utilité de tous les individus à la fois,
2) Il n’a pas moyen d’améliorer le niveau d’utilité de certain sans réduire celui des autres, où bien
3) Tous les gains possibles de l’échange sont épuisés, où bien
4) Il n’a pas de possibilité d’échange qui soit mutuellement avantageux.

On peut voir dans la Figure 2.2 que chaque fois que les courbes d’indifférences sont tangentes, il y a
une allocation qui est Pareto-efficiente. L’ensemble des points qui sont efficients au sens de Pareto dans
la boite d’Edgeworth est appelé la courbe de contrat.

2.4. Echange par le marché

Le processus qui conduit à l’équilibre et que nous venons de décrire (la notion d’efficacité au sens de
Pareto) est très important mais nous laisse avec des ambiguïtés en ce qui concerne la fin du processus.
C’est-à-dire le point d’équilibre qui met fin au processus. Pour imiter l’économie réelle, supposons que
des prix concurrentiels (𝑝1 , 𝑝2 ) existent pour chaque bien. Ce qui veut dire que chaque individu pourra
connaitre la valeur de sa dotation initiale et savoir quelles quantités vendre ou bien quelles quantités
achetées. La demande de chaque agent est exprimée dans la Figure 2.3. La demande de l’individu A
pour le bien 1 est la quantité totale du bien 1 qu’il désire acquérir au prix du marché. L’excès de
demande (ou la demande nette) de l’individu A sera égal à la différence entre sa demande pour le bien
1 et sa dotation initiale du bien 1.

𝑒𝐴1 = 𝑥𝐴1 − 𝑤𝐴1

Figure 3.3 La demande totale et la demande nette de l’individu A et de l’individu B

Pour un couple de prix arbitrairement choisi (𝑝1 , 𝑝2 ) la quantité de bien que l’individu A aimerait
acquérir ou vendre peut ne pas être nécessairement égale à la quantité de bien que l’individu B aimerait
acquérir ou vendre. Ceci est exactement le cas décrit dans la Figure 2.3. Les individus A et B ne pourront
donc pas accomplir leurs transactions. Nous dirons donc que le marché est en déséquilibre. Dans ce
cas de figure un processus d’ajustement doit avoir lieu pour augmenter le prix du bien en excès de
demande et baisser le prix du bien en excès d’offre jusqu’ à ce que l’équilibre de se réalise. Cette
situation d’équilibre est représentée dans la Figure 2.4. Nous parlerons donc d’équilibre du marché,
d’équilibre concurrentiel ou d’équilibre de Walras. A l’équilibre il est évident que le taux marginal
de substitution entre les deux biens soit égal au rapport des prix, et ceci pour les deux individus comme
nous l’avons vu dans la théorie du consommateur.
Figure 3.4: Equilibre dans la boite d’Edgeworth

2.5. L’Algèbre de l’équilibre

Si 𝑥𝐴1 (𝑝1 , 𝑝2 ) est la fonction de demande de l’agent A pour le bien 1 et 𝑥𝐵1 (𝑝1 , 𝑝2 ) est la demande de
l’agent B et si nous définissons les mêmes expressions pour le bien 2, nous dirons que l’équilibre du
marché est l’ensemble des prix (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) tel que :

𝑥𝐴1 (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) + 𝑥𝐵1 (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) = 𝑤𝐴1 + 𝑤𝐵1

𝑥𝐴2 (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) + 𝑥𝐵2 (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) = 𝑤𝐴2 + 𝑤𝐵2

Ces équations nous informent qu’à l’équilibre du marché, la demande totale de chaque est égale à l’offre
totale. Nous pouvons réécrire ces équations sous la forme de :

[𝑥𝐴1 (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) − 𝑤𝐴1 ] + [𝑥𝐵1 (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) − 𝑤𝐵1 ] = 0

[𝑥𝐴2 (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) − 𝑤𝐴2 ] + [𝑥𝐵2 (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) − 𝑤𝐵2 ] = 0

Ce qui signifie que la demande nette de chaque bien doit être nulle. Nous pouvons aussi utiliser la notion
d’excès de demande agrégée. C’est-à-dire si 𝑒𝐴1 (𝑝1 , 𝑝2 ) = 𝑥𝐴1 (𝑝1 , 𝑝2 ) − 𝑤𝐴1 mesure la demande nette
ou l’excès de demande de l’individu A pour le bien 1, alors

𝑧1 (𝑝1 , 𝑝2 ) = 𝑒𝐴1 (𝑝1 , 𝑝2 ) + 𝑒𝐵1 (𝑝1 , 𝑝2 )

Ainsi, l’excès de demande agrégée de tous les biens au prix du marché (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) doit être égal à zéro :
𝑧1 (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) = 0

𝑧2 (𝑝1∗ , 𝑝2∗ ) = 0

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