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Partie 1

Calcul économique du consommateur

Chapitre 1 - Les préférences et la fonction d'utilité du consommateur


Chapitre 2 - Les choix du consommateur
Chaptre 3. - Les variations des choix (ou de la demande) du consommateur
Chapitre 4 - Elasticité-revenu, élasticités-prix, et élasticités-croisée de la demande

Introduction
Définition. Le calcul économique du consommateur concerne le choix par le consommateur des
biens qui lui procurent la plus grande satisfaction, étant donné son revenu et les prix des biens.

Préférences (goûts) du consommateur choix des biens


maximisant
Revenu du consommateur ! la satisfaction ou l'utilité
sous la contrainte
Prix unitaires des biens de budget

Pour comprendre et prédire les choix du consommateur, il faut connaitre ses goûts ou ses préférences.
La description des préférences du consommateur sera l'objet du chapitre 1. Quant au choix des
biens (la demande du consommateur), il sera traité dans le chapitre 2. Les chapitres 3 et 4 examine
les raisons aux variations de la demande.

Remarque : dans ce cours, pour simplifier le raisonnement, on fait souvent comme si le consomma-
teur avait le choix entre deux biens seulement. La logique du raisonnement est inchangée quand
on considère plus de deux biens.

Chapitre 1. Les préférences et la fonction d'utilité du consommateur


La microéconomie part des préférences du consommateur pour expliquer ou prédire ses choix de
consommation.

Section 1. Les préférences du consommateur


Soit deux biens : le bien 1, en quantité x1, et le bien 2, en quantité x2. Par exemple : une unité de
bien 1 est une place de cinéma et une unité de bien 2 est une place de théatre.
Le couple (x1; x2) est appelé un panier de biens.
Chaque panier apporte une certaine satisfaction.
Le consommateur est censé être capable de classer les différents paniers de biens, en fonction de
la satisfaction ou de l'utilité apportée.

1
Remarque. Propriété de transitivité des préférences.

Section 2. La fonction d'utilité comme manière de décrire les préférences du con-


sommateur et de classer les paniers de biens
La fonction d'utilité associe à tout panier de biens un nombre appelé utilité, et noté U . La fonction
d'utilité permet de décrire les préférences du consommateur et de connaître le classement des
paniers de biens.
Exemple

(x1; x2) U (x1; x2)


(2; 3) 20
(6; 4) 35
(6; 6) 46
(6; 7) 50
(5; 8) 45

Tableau 1 : Utilité de différents paniers de biens

On observe que U (6; 7) > U (6; 6) > U (5; 8) > U (6; 4)....
On peut en déduire que le panier (6; 7) est préféré au panier (6; 6), qui est à son tour préféré au
panier (5; 8), qui est à son tour préféré au panier (6; 4),....

Section 3. L'utilité marginale


A partir de la fonction d'utilité, U , on peut mesurer l'utilité marginale.
L'utilité marginale d'un bien est la variation d'utilité apportée par la consommation d'une unité
supplémentaire de ce bien, la quantité consommée de l'autre bien restant la même. On a :
Um1(x1; x2) = U (x1 + 1; x2) ¡ U (x1; x2)
Um2(x1; x2) = U (x1; x2 + 1) ¡ U (x1; x2)

Exemple. Calcul de l'utilité marginale du bien 1. Complétez le tableau ci-dessous.

x1 x2 Utilité totale Utilité marginale du bien 1


0 4 10
1 4 25
2 4 36 8
3 4
4 4 5
5 4 55
6 4 3.6
7 4 62,6

Tableau 3. Utilité marginale du bien 1

2
Um 1(2; 4) = 8 signifie : soit la situation où l'agent dispose de 2 unités du bien 1 et de 4 unités du
bien 2. Supposons que la quantité consommée de bien 1 augmente de 1, et la quantité de bien 2
reste à 4. Dans ce cas, l'utilité augmente de 8.
On peut aussi dire : à partir du panier (2; 4), si la quantité de bien 1 augmente de 1 unité, l'utilité
augmente de 8.

On écrit : Um1(2; 4) = 8. De même : Um1(3; 4) =¡¡ . ...

Remarque. Lorsque l'utilité est croissante avec la quantité consommée d'un bien, on dit que pour
ce bien il y a non satiété ou non saturation des besoins. Dans ce cas, pour tous les paniers (x; y),
on a Um1(x; y) > 0 et Um2(x; y) > 0.
En outre, souvent, plus la quantité consommée d'un bien est grande, plus l'utilité marginale de
ce bien est faible. C'est le cas dans le tableau ci-desssus. Ceci traduit le fait suivant : plus le
consommateur dispose d'une grande quantité d'un bien, plus la valeur qu'il accorde à une unité de
ce bien est faible.
Illustration : la parabole du voyageur perdu dans le désert.

Section 4. Les courbes d'indifférence

1. Définition d'une courbe d'indifférence


Soit deux biens, le bien 1, en quantité x1 et le bien 2, en quantité x2. On appelle courbe d'indif-
férence ou d'iso-utilité l'ensemble des paniers de biens qui apportent au consommateur la même
utilité (la même satisfaction).

2. Représentation graphique de courbes d'indifférence

Figure 1.

Sur le graphique, tracez les paniers (x1; x2) = A = (2; 100), B = (3; 70), C = (5; 45), D = (8; 20) = D,
E = (9; 15).
On suppose que tous ces paniers apportent la même utilité, disons U = 500. Tracez une courbe
d'indifférence passant par les points associés à ces paniers.

3
Sur le graphique, tracez le panier F = (6; 60). Est-ce que ce panier apporte une utilité plus grande
ou plus petites que les paniers situés sur la courbe d'indifférence U = 500 ? Justifiez.
Mêmes questions pour le panier G = (2; 60).
Mêmes questions pour le panier H = (4; 80).
Tracez des courbes d'indifférence possibles sur lesquels sont situés les paniers F , G et H.

Remarques sur les formes des courbes d'indifférence


 Les courbes d'indifférence ont le plus souvent une pente négative : pour rester sur la même
courbe, si la quantité de bien 1, x1 augmente, alors la quantité de bien 2, x2, diminue. C'est
le cas lorsque l'utilité marginale associée à chaque bien est toujours positive.
 Les courbes d'indifférence ont le plus souvent une forme convexe. Ceci est lié à la décrois-
sance de l'utilité marginale de chaque bien.
Ainsi, dans l'exemple ci-dessus, le paniers B = (3; 70) contient peu d'unités du bien 1 et
beaucoup d'unités du bien 2 et c'est l'inverse pour le panier E = (9; 15).
On peut donc comprendre le consommateur accorde une importance (relative) à une unité
du bien 1 plus grande quand il possède le panier B = (3; 70) que quand il possède le panier
E = (9; 15):
Et inversement pour le bien 2.
Ceci peut expliquer le fait suivant (cf figure ci-dessus) :
- si on enlève 1 unités du bien 1 au panier B = (3; 70), il faut donner au consommateur 40
unités de bien 2 en plus pour qu'il garde la même utilité.
- alors que si on enlève 1 unités du bien 1 au panier E = (9; 15), il faut donner au consom-
mateur seulement 5 unités de bien 2 en plus pour qu'il garde la même utilité.
On peut alors dire :
¡ Quand le consommateur dispose du panier (3; 70), 1 unité du bien 1 équivaut pour
lui à 40 unités du bien 2.
¡ Quand le consommateur dispose du panier E = (9; 15), 1 unité du bien 1 équivaut
pour lui à 5 unités du bien 2.
 Mais les courbes d'indifférence peuvent aussi avoir d'autres formes.
¡ Dans le cas où les biens sont complémentaires (ordinateur et clavier, voiture et
assurance auto, ...,), les courbes d'indifférence ont la forme suivante (cf graphique).
¡ Dans le cas où l'un des biens, le biens 1 par exemple, est une nuisance (exemple: la
pollution) et où l'autre bien, le bien 2, est bénéfique, les courbes d'indifférence ont
la forme suivante (cf graphique).

Figure 2.

4
Chapitre 2. La demande ou le choix du consommateur

Introduction

Rappelons le schéma ci-dessous présenté au chapitre précédent.

Préférences (goûts) du consommateur


choix des biens
Revenu du consommateur ! maximisant
la satisfaction ou l'utilité
Prix unitaires des biens

On peut dire : étant donné son revenu et les prix des biens, le consommateur demande le panier
qui lui donne le maximum de satisfaction ou d'utilité.

Section 1. La contrainte de budget

1. Définition du budget

On appelle budget le montant des ressources ou le revenu dont le consommateur dispose. On le


note R.

Pour simplifier, on supposera que le consommateur dépense tout son revenu. La contrainte de
budget est donnée par l'équation

p1x1 + p2x2 = R ,

avec p1 et p2 les prix des biens 1 et 2.

2. La droite de budget

La droite de budget représente l'ensemble des paniers (x1; x2) que peut acheter le consommateur
avec son revenu.

On calcule l'équation de cette droite à partir d'un exemple.

Exemple.

Soient R = 400, p1 = 40, p2 = 20.

Calculer deux paniers que peut s'acheter le consommateur avec son revenu. Tracez ces paniers sur
le graphique. A partir des points associés à ces paniers, tracez la droite de budget.

5
Figure 3.

On calcule l'équation de la droite de budget. On peut écrire :


400 40
p1x1 + p2x2 = R , 40x1 + 20x2 = 400 , 20x2 = 400 ¡ 40x1 , x2 = 20
¡ 20 x1 , x2 = 20 ¡ 2x1
L'équation de la droite de budget s'écrit : x2 = 20 ¡ 2x1.
On vérifie que c'est bien la droite du graphique.
p
La pente de la droite de budget est ¡2 (=¡ p1 ).
2

Justification à partir du panier (5; 10) sur la droite de budget.


On a :
Mx1 = +1 ) variation dépense en bien 1 =¡¡¡¡ )variation dépense en bien 2 =¡¡¡¡ )Mx2 = ¡¡¡
En résumé : Mx1 = +1 ) Mx2 = ¡2, d'où une pente de ¡2.

Remarque : on peut dire : sur le marché, 1 unité de bien 1 vaut __ unités de bien 2.

D'une façon générale, on peut écrire :


R p
p1x1 + p2x2 = R , p2x2 = R ¡ p1x1 , x2 = p ¡ p1 x1:
2 2
R p1
Donc l'équation de la droite de budget s'écrit : x2 = p2
¡ x .
p2 1

x2
R
p2 p1
droite de budget de pente
p2

R x1
p1
Figure 4.

6
Section 2. La demande du consommateur
Le consommateur cherche le panier (x1; x2) optimal.
Ce panier est celui qui procure au consommateur la plus grande satisfaction (ou utilité) parmi tous
les paniers qui satisfont la contrainte de budget.
Ce panier optimal constitue les demandes du consommateur en bien 1 et en bien 2.
Nous allons déterminer graphiquement où se situe le panier optimal (donc les demandes du con-
sommateur en bien 1 et en bien 2).

Détermination graphique de la demande


On suppose que les besoins ne sont pas saturés : Um1(x1; x2) > 0, et Um2(x1; x2) > 0.
On a tracé sur le graphique ci-dessous le panier E = (xE
1 ; x2 ) optimal.
E

Figure 5.

Ce panier de biens est optimal au sens où il apporte au consommateur le maximum de satisfaction


étant donné son budget.
Les paniers A, B, C ne conviennent pas comme panier optimal. Expliquez pourquoi.
Par construction des courbes d'indifférence (de forme convexe) et de la droite de budget, le panier
optimal est forcément unique.
Observation. Le panier est situé au point de tangence entre une courbe d'indifférence et la droite
de budget.
Remarque. D'une façon générale, le panier optimal satifait la condition suivante :
Um1(x1; x2) p
Um2(x1; x2)
= p1
2

7
Pourquoi le panier choisi ne peut pas être optimal si cette égalité n'est pas vérifiée ?
Intuition.
Supposons que pour un revenu R = 230 et des prix p1 = 10, p2 = 2, le consommateur ait choisi le
panier avec x1 = 8, x2 = 75.
Supposons de plus que l'on ait : Um1(8; 75) = 32 et Um2(8; 75) = 4.
Um1(8; 75) 32 p1 10
On a Um2(8; 75)
= 4
= 8 et p2
= 2
= 5.
Um1(8; 75) p
Donc, on a Um2(8; 75)
> p1 .
2

Montrez que ce panier n'est pas optimal, en utilisant un raisonnement à la marge.


Réponse :
On montre que dans ce cas, le consommateur a intérêt à substituer du bien 2 au bien 1 en utilisant
un raisonnement à la marge.

Figure 6.

Exercice. Supposons que pour un revenu R = 1080 et des prix p1 = 6, p2 = 2, le consommateur ait
choisi x1 = 150, x2 = 90. Supposons de plus que l'on ait pour ce consommateur : Um1(150; 90) = 12
et Um2(150; 90) = 6.
Montrez que ce panier n'est pas optimal, en utilisant un raisonnement à la marge.

Remarque. Egalité du taux d'échange objectif et du taux d'échange subjectif à


l'équilibre
p1
p2
est appelé le taux d'échange objectif entre les biens 1 et 2 (le taux d'échange tel qu'il apparaît
Um
sur le marché) et Um1 est appelé le taux d'échange subjectif (propre au consommateur)1.
2

En utilisant un raisonnement à la marge, nous avons montré :


Si le taux d'échange objectif est différent du taux d'échange subjectif, alors le consommateur a
intérêt à changer la composition de son panier de biens.
Um p Um Um
On observe : Um1 = p1 , p 1 = p 2 . Ceci signifie que le panier choisi est tel que pour chaque bien
2 2 1 2
l'utilitée marginale rapportée au prix de ce bien est la même.

1. Ce taux est appelé en économie le taux marginal de substitution du bien 2 au bien 1. Ce taux nous dit : si on
enlève 1 unité de bien 1 au consommateur, il faut lui donner combien unités de bien 2 en échange pour que sa
satisfaction reste inchangée.

8
Um p
Le résultat Um1 = p1 du panier optimal, établi lorsque le consommateur a le choix entre deux biens,
2 2
reste valide lorsque le consommateur peut consommer plus de deux biens différents.
Exemple avec 3 biens pouvant être consommés.
Supposons p1 = 40, p2 = 8, p3 = 20, et
Um1(500; 100; 80) = 20, Um2(500; 100; 80) = 5 et Um3(500; 100; 80) = 10.
Montrez avec un raisonnement à la marge que le panier (500; 100; 80) n'est pas optimal.

9
Chapitre 3. Les variations des choix (ou de la demande) du consommateur

On examine l'impact de la variation du revenu ou des prix des biens sur les demandes du consom-
mateur (le panier optimal).

1. Variation de la demande en fonction du revenu


Rappel : l'équation de la droite de budget est donné par :

R p1
x2 = ¡ x1
p1 p2

A prix p1 et p2 donnés, un changement de revenu fait se déplacer la droite de budget. Ceci se


traduit par un changement du panier optimal.

Example : p1 = 10, p2 = 2. Tracez les droites de budget pour R = 100; 200; 300.

Figure 7.

On donne les paniers optimaux possibles E ; E 0; E 00 associés à ces trois niveaux de revenu.

a) La courbe d'Engel
Définition : La courbe d'Engel est la courbe qui relie la consommation optimale d'un bien au
revenu :
R 7! xi
Engel : nom d'un statisticien allemand du 19ème siècle qui a construit cette courbe.

Engel distingue trois grands types de biens : les biens prioritaires, les biens de luxe et les biens
inférieurs.

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Les biens prioritaires ou de premières nécessité
Définition : un bien est dit prioritaire, ou de premières nécessité, lorsqu'il satisfait la condition
suivante : lorsque le revenu augmente, la consommation de ce bien augmente, mais moins que
proportionnellement au revenu.
La courbe d'Engel associé à ce type de bien a la forme suivante :

Figure 8.

x
Remarque. On observe R % ) Ri & .
Les biens prioritaires sont souvent des biens qui répondent à des besoins dits physiologiques.
Exemples :

Les biens de luxe


Définition : un bien est un bien de luxe lorsqu'il satisfait la condition suivante : lorsque le revenu
augmente, la consommation de ce bien augmente, et plus que proportionnellement au revenu.
La courbe d'Engel associé à ce type de bien a la forme suivante :

Figure 9.

11
x
Remarque. On observe R % ) Ri % .
Les biens de luxe répondent à des besoins dits psychologiques. Exemples :

Les biens inférieurs


Définition : un bien est un bien inférieur lorsqu'il satisfait la condition suivante : à partir d'un
certain niveau de revenu, lorsque ce dernier augmente, la consommation de ce bien diminue.
La courbe d'Engel associé à ce type de bien a la forme suivante :

Figure 10.

Les biens inférieurs sont souvent des produits de mauvaise qualité, ou considérés comme tels,
auxquels on peut substituer des biens de meilleure qualité (vêtements synthétiques versus fourrures,
viande de mauvaise qualité versus viande de bonne qualité, voyage en 2nde classe versus voyage
en 1ère classe, hôtel formule 1 versus hôtel Novotel, ...).
Illustration. Aux USA, il existe des fast-food haut de gamme (tels Mac Donald, Burger King) et
bas de gamme (tels Taco Bell). Durant la récession du début des années 90, et suite à la baisse de
revenu des consommateurs qui en a résulté, les ventes de Taco Bell ont augmenté alors que celles
de Mac Donald et Burger King ont baissé. Ceci pourrait refléter le fait que les biens vendus par
Taco Bell sont des biens inférieurs.

b) Types de biens et coefficients budgétaires


Définition : Le coefficient budgétaire d'un bien est la part du revenu consacrée à l'achat de ce bien.
Notons CBi le coefficient budgétaire du bien i. On a :

pi  xi
CBi = R
, avec 0  CBi  1

On montre qu'un bien de luxe satisfait la condition suivante : quand le revenu augmente, le
coefficient budgétaire de ce bien augmente.
Démonstration.
Supposons que le revenu passe de Ra à Rb, avec Rb > Ra, et que les prix restent constants.

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Notons :
xa1 la demande de bien 1 optimale pour le revenu Ra, et CB1a le coefficient budgétaire associé.
xb1 la demande de bien 1 optimale pour le revenu Rb, et CB1b le coefficient budgétaire associé.
x
On sait que pour un bien de luxe, on a R % ) R1 % .
xb1 xa
Comme le bien 1 est un bien de luxe et que Rb > Ra, on a Rb
> R1a . On peut alors écrire :
xb1 xa xb xa p1  xb1 p1  xa
Rb
> R1a , p1  R1b > p1  R1a , Rb
> Ra
1
, CB1b > CB1a.
Résultat. Quand le revenu augmente, le coefficient budgétaire du bien 1 (bien de luxe) augmente
également.
D'une façon générale, on a :
- Biens prioritaires ou de premières nécessité : R % )CB & ,
- Biens de luxe : R % )CB % ,
- Biens inférieur : R % )CB & .

2. Variation de la demande en fonction de la variation des prix


Pour un revenu donné, on peut associer à chaque couple de prix, (p1, p2), une droite de budget. Il
en résulte un panier d'équilibre.
Example : soient R = 300, p1 = 10, p2 = 2. Tracez la droite de budget, notée B. Et notez E le panier
d'équilibre.

Figure 11.

Si le prix du bien 2 passe de p2 = 2 à p2 = 4 (avec le revenu et le prix du bien 1 qui ne changent


pas), la droite de budget se déplace de la façon suivante sur le graphique. On note B 0 la nouvelle
droite de budget.
Il en résulte un nouveau panier d'équilibre, noté E 0, sur le graphique.
Concernant l'évolution de la demande d'un bien suite à la variation du prix de ce bien, on distingue
les biens Giffen et les biens non Giffen.

a) Biens non Giffen et loi de la demande

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Une augmentation du prix d'un bien, les prix des autres biens et le revenu restant constants, se
traduit en règle générale par une diminution de la consommation de ce bien. On appelle cette
régularité la loi de la demande.
Mais il existe des exceptions : les biens Giffen.

b) Biens Giffen
Vers le milieu du XIXème siècle, au cours d'une famine en Irlande, Sir Robert Giffen observe un
accroissement simultané du prix des pommes de terre et de la demande de ce bien. D'où l'expression
de paradoxe de Giffen.
L'explication trouvée à ce paradoxe est la suivante : malgré l'augmentation du prix des pommes
de terre, ce bien restait malgré tout le moins cher. Par conséquent, pour survivre, les gens très
pauvres ne pouvaient faire autrement que de diminuer leur consommation des autres biens pour
pouvoir consommer plus de pommes de terre.
Définition : Un bien Giffen est un bien dont la consommation augmente quand le prix augmente.
Inversement, dans le cas d'une baisse du prix.
Remarque : Les biens Giffen peuvent aussi être des biens de luxe. Ainsi, aux Etats-Unis, on a
observé que pour certains biens, des vêtements de marque par exemple, une augmentation du prix
de ces biens pouvait se traduire pas une augmentation de leur demande.
L'explication peut être la suivante : les personnes qui achètent des produits de luxe le font parfois
pour le prestige. C'est ce que l'on appelle la consommation ostentatoire (T. Veblen, Théorie de la
classe des loisirs, 1899). Il peut ainsi s'agir de se faire admirer en portant des vêtements de marque
qui ont la réputation d'être onéreux. L'augmentation du prix du bien peut accroître le prestige
qu'apporte ce bien. D'où une possible augmentation de la demande de la consommation lorsque
le prix augmente.

14
Chapitre 4. Elasticité-revenu, élasticités-prix directe, et élasticités-prix croisée de la
demande

La notion d'élasticité est une façon de mesurer la sensibilité de la demande d'un produit à des
variations de revenu ou de prix.
On distingue l'élasticité-revenu, l'élasticité-prix directe et l'élasticité-prix croisée.

1. L'élasticité-revenu de la demande
11. Définition de l'élasticité-revenu de la demande
L'élasticité-revenu de la demande d'un bien (notée eR) est le rapport de la variation relative de la
demande de ce bien à la variation relative du revenu.
Dit autrement, eR est le ratio de la variation de la demande (en %) à la variation du revenu (en %).

Mx1 Mx1
 100
eR = x1
MR = x1
MR
R
 100 R

1.2. Exemple
Situation initiales : x1 = 50 pour R = 200. Situation finale : x1 = 60 pour R = 220. Calculez eR.

On trouve : eR =

Interprétons le résultat de eR en complétant le schéma ci-dessous.

Figure 12.

On observe quand R a augmenté de__%, x1 a augmenté de __ %.


Donc si R avait augmenté de 1 %, x1 aurait augmenté de __%.
L'élasticité-revenu du bien 1 est de 2 : en proportion, lorsque le revenu varie, la demande en bien
1 varie __ fois plus que le revenu.

15
1.3. Elasticité-revenu des différents types de biens
On relie la typologie d'Engel à la valeur de l'élasticité-revenu.

i. Les biens de luxe : eR > 1. Signification :

ii. Les biens de première nécessité : 0 < eR < 1. Signification :

iii. Les biens inférieurs : eR < 0. Signification :

On dessine deux figures de la demande de biens : demande très élastique et demande peu élastique
au revenu.

Figure 13.

Remarque. Voir l'utilisation de la notion d'élasticité-revenu faite par E. Combes dans l'ouvrage
Le low cost (pages 188-199) pour l'analyse des politiques de low cost.

2. L'élasticité-prix directe de la demande

21. Définition de l'élasticité-prix (directe) de la demande


L'élasticité-prix (directe) de la demande du bien 1, notée ep1, est le rapport de la variation relative
de la demande de ce bien à la variation relative du prix de ce bien.
Dit autrement, ep1 est le ratio de la variation de la demande (en %) à la variation du prix du bien
1 (en %).
Mx1 Mx1
 100
ep1 = x1
Mp1 = x1
Mp1
p1
 100 p1

22. Exemple
Supposons qu'initialement on ait p1 = 20 et x1 = 120. Supposons que suite à l'augmentation du
prix du bien 1 à p1 = 22, la demande en bien 1 passe à x1 = 96. Calculez l'élasticité-prix du bien 1
à partir de ces données.

On trouve ep1 =

Interprétation du résultat.

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Figure 14.

On observe quand p1 a augmenté de __% (passe de 20 à 22), x1 a baissé de __% (est passeé de
120 à 96).
Donc si p1 avait augmenté de 1 %, x1 aurait baissé de __%.
L'élasticité-prix du bien 1 est de ¡¡¡¡ : en proportion, lorsque le prix du bien 1 varie, la demande
en bien 1 varie __ fois plus que le prix du bien 1, et en sens _________.

L'élasticité-prix d'un bien permet de mesurer la sensibilité de la demande du bien à la variation


de son prix. On dit que la demande d'un bien est très peu élastique au prix (qu'elle est inélastique
au prix), lorsque ¡1 < ep < 0. Inversement si ep < ¡1.
Cependant, l'exercice suivant montre qu'il faut être prudent dans le commentaire.
Exercice
Des études statistiques ont montré que la demande d'un consommateur pour le bien X vérifiait :
x(p) = 40 ¡ 2p, pour p 6 20 ; x = 0, pour p > 20.

i. Tracez le graphe de la fonction de demande.

ii. Comment varie la demande quand le prix augmente de 1 ?

iii. Calculez l'élasticité-prix directe de la demande du bien X, epX :

¡ quand le prix passe de 2 à 3,

¡ quand le prix passe de 18 à 19.

iv. Commentez.

Remarque Pour une entreprise, la connaissance de l'élasticité-prix des produits est très impor-
tante. En effet, si ep est faible ceci signifie que l'entreprise peut se permettre d'augmenter le prix
de ses produits car la perte de client ou de demande sera faible.
Ainsi, on peut expliquer le prix élevé des produits Apple par le fait que l'élasticité-prix pour ces
produits est relativement faible (idem pour les produits bio). Voir aussi l'utilisation de la notion
d'élasticité-prix faite par E. Combes dans l'ouvrage Le low cost (pages 64-66 en particulier) pour
expliquer où s'appliquent les politiques de low cost dans le transport aérien.
Par ailleurs, l'élasticité-prix de la demande de cigarettes permet de prédire l'effet d'une augmenta-
tion des taxes sur le tabac sur la demande de cigarettes et les recettes fiscales. Ainsi, si l'élasticité-
prix de la demande de cigarettes est faible (proche de 0), on peut prédire que l'augmentation des
taxes par paquet aura peu d'impact sur la santé publique (la consommation de tabac) et se traduira
seulement par une hausse des recettes fiscales (inversement si ep est élevée).

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Application 1 L'évolution de la structure de la consommation des ménages en France (source
Insee)

en % 1959 1990 2016

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 25,8 14,7 13,4

Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants 7,2 3,3 3,5

Articles d'habillement et chaussures 11,7 6,7 3,8

Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles 11,0 20,5 26,2

Meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer 8,5 6,2 4,9

Santé 2,4 3,2 4,2

Transports 10,3 14,9 13,1

Communications 0,6 2,1 2,6

Loisirs et culture 7,1 8,8 8,5

Enseignement 0,6 0,6 1,0

Restaurants et hôtels 6,8 6,1 7,0

Biens et services divers 8,0 12,9 12,0

Total 100,0 100,0 100,0

Figure 15.

Application 2 La consommation de biens alimentaires dans le monde (source Banque Mondiale)


Une enquête portant sur la consommation de biens alimentaires dans différents pays à la fin des
années 80 a donné les résultats suivants.
Pays Coefficients budgétaires (en % )* Elasticités-prix**
France 17 ¡0.25
Tanzanie 62 ¡0.83
Etats-Unis 12 ¡0.17
Brésil 35 ¡0.55
Inde 56 ¡0.8
Allemagne 15 ¡0.22
*coefficients budgétaires des biens alimentaires
**élasticités-prix de la demande de biens alimentaires

1. Donnez la signification des chiffres 56 et ¡0; 17 du tableau.

2. Quelle relation ce tableau met-il en évidence ?

3. Comment peut-on expliquer cette relation ?

3. L'élasticité-prix croisée de la demande

18
31. Définition de l'élasticité-prix croisée de la demande
L'élasticité-prix croisée de la demande du bien 1 par rapport au prix du bien 2 (notée ep ) est le
12
rapport de la variation relative de la demande du bien 1 à la variation relative du prix du bien 2.
Dit autrement, ep est le rapport de la variation de la demande du bien 1 (en %) à la variation
12
du prix du bien 2 (en %) :
Mx1 Mx1
 100
ep = x1
Mp2 = x1
Mp2
12 p2
 100 p2

32. Exemple
Supposons qu'initialement on ait p2 = 30 et x1 = 200. Supposons que suite à l'augmentation du
prix du bien 2 à p2 = 33, la demande en bien 1 passe à x1 = 250. Calculez l'élasticité-prix du bien
1 à partir de ces données.

On trouve ep = .
12

Interprétation du résultat.

Figure 16.

On observe quand p2 a augmenté de __% (passe de 30 à 33), x1 a augmenté de __% (est passeé
de 200 à 250).
Donc si p2 avait augmenté de 1 %, x1 aurait augmenté de __%.

L'élasticité-prix croisée de la demande de la demande de bien 1 relativement au prix du bien 2 est


de ¡¡¡ : en proportion, lorsque le prix du bien 2 varie, la demande en bien 1 varie __ fois plus
que le prix du bien 2, et dans le même sens.

3.3 Une typologie. Biens complémentaires et biens substituables.

 Les Biens complémentaires. Les biens 1 et 2 sont complémentaires si ep12 < 0.


Exemple de biens parfaitement complémentaires : l'assurance auto et la voiture. Notons x1
la demande d'assurance autos et x2 la demande de voitures.
Supposons que le prix des voitures (noté p2) augmente et que le prix des assurances autos
(noté p1) reste constant. L'augmentation du prix des voitures entraîne une baisse de la
demande de voitures (de x2). Cette baisse va à son tour se traduire par une baisse de la
demande d'assurance voitures (de x1).

19
On trouve le même phénomène pour les deux biens suivants : consoles vidéo et jeux vidéo.

 Les biens substituables. Les biens 1 et 2 sont substituables si ep12 > 0. Exemple de biens
substituables (sur le moyen ou long terme) : les différentes sources d'énergie, électricité,
pétrole (gaz oil, essence), solaire, ...

3.4 Application. Interprétez le tableau ci-dessous, où ecope représente l'élasticité-prix croisée de


la demande de Coca au prix de Pepsi, et e peco représente l'élasticité-prix croisée de la demande de
Pepsi au prix de Coca.
Coca Cola Pepsi cola

eR 0,58 1,38

ep -1,47 -1,55

ecope 0,52
epeco 0,64

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