Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction
Définition. Le calcul économique du consommateur concerne le choix par le consommateur des
biens qui lui procurent la plus grande satisfaction, étant donné son revenu et les prix des biens.
Pour comprendre et prédire les choix du consommateur, il faut connaitre ses goûts ou ses préférences.
La description des préférences du consommateur sera l'objet du chapitre 1. Quant au choix des
biens (la demande du consommateur), il sera traité dans le chapitre 2. Les chapitres 3 et 4 examine
les raisons aux variations de la demande.
Remarque : dans ce cours, pour simplifier le raisonnement, on fait souvent comme si le consomma-
teur avait le choix entre deux biens seulement. La logique du raisonnement est inchangée quand
on considère plus de deux biens.
1
Remarque. Propriété de transitivité des préférences.
On observe que U (6; 7) > U (6; 6) > U (5; 8) > U (6; 4)....
On peut en déduire que le panier (6; 7) est préféré au panier (6; 6), qui est à son tour préféré au
panier (5; 8), qui est à son tour préféré au panier (6; 4),....
2
Um 1(2; 4) = 8 signifie : soit la situation où l'agent dispose de 2 unités du bien 1 et de 4 unités du
bien 2. Supposons que la quantité consommée de bien 1 augmente de 1, et la quantité de bien 2
reste à 4. Dans ce cas, l'utilité augmente de 8.
On peut aussi dire : à partir du panier (2; 4), si la quantité de bien 1 augmente de 1 unité, l'utilité
augmente de 8.
Remarque. Lorsque l'utilité est croissante avec la quantité consommée d'un bien, on dit que pour
ce bien il y a non satiété ou non saturation des besoins. Dans ce cas, pour tous les paniers (x; y),
on a Um1(x; y) > 0 et Um2(x; y) > 0.
En outre, souvent, plus la quantité consommée d'un bien est grande, plus l'utilité marginale de
ce bien est faible. C'est le cas dans le tableau ci-desssus. Ceci traduit le fait suivant : plus le
consommateur dispose d'une grande quantité d'un bien, plus la valeur qu'il accorde à une unité de
ce bien est faible.
Illustration : la parabole du voyageur perdu dans le désert.
Figure 1.
Sur le graphique, tracez les paniers (x1; x2) = A = (2; 100), B = (3; 70), C = (5; 45), D = (8; 20) = D,
E = (9; 15).
On suppose que tous ces paniers apportent la même utilité, disons U = 500. Tracez une courbe
d'indifférence passant par les points associés à ces paniers.
3
Sur le graphique, tracez le panier F = (6; 60). Est-ce que ce panier apporte une utilité plus grande
ou plus petites que les paniers situés sur la courbe d'indifférence U = 500 ? Justifiez.
Mêmes questions pour le panier G = (2; 60).
Mêmes questions pour le panier H = (4; 80).
Tracez des courbes d'indifférence possibles sur lesquels sont situés les paniers F , G et H.
Figure 2.
4
Chapitre 2. La demande ou le choix du consommateur
Introduction
On peut dire : étant donné son revenu et les prix des biens, le consommateur demande le panier
qui lui donne le maximum de satisfaction ou d'utilité.
1. Définition du budget
Pour simplifier, on supposera que le consommateur dépense tout son revenu. La contrainte de
budget est donnée par l'équation
p1x1 + p2x2 = R ,
2. La droite de budget
La droite de budget représente l'ensemble des paniers (x1; x2) que peut acheter le consommateur
avec son revenu.
Exemple.
Calculer deux paniers que peut s'acheter le consommateur avec son revenu. Tracez ces paniers sur
le graphique. A partir des points associés à ces paniers, tracez la droite de budget.
5
Figure 3.
Remarque : on peut dire : sur le marché, 1 unité de bien 1 vaut __ unités de bien 2.
x2
R
p2 p1
droite de budget de pente
p2
R x1
p1
Figure 4.
6
Section 2. La demande du consommateur
Le consommateur cherche le panier (x1; x2) optimal.
Ce panier est celui qui procure au consommateur la plus grande satisfaction (ou utilité) parmi tous
les paniers qui satisfont la contrainte de budget.
Ce panier optimal constitue les demandes du consommateur en bien 1 et en bien 2.
Nous allons déterminer graphiquement où se situe le panier optimal (donc les demandes du con-
sommateur en bien 1 et en bien 2).
Figure 5.
7
Pourquoi le panier choisi ne peut pas être optimal si cette égalité n'est pas vérifiée ?
Intuition.
Supposons que pour un revenu R = 230 et des prix p1 = 10, p2 = 2, le consommateur ait choisi le
panier avec x1 = 8, x2 = 75.
Supposons de plus que l'on ait : Um1(8; 75) = 32 et Um2(8; 75) = 4.
Um1(8; 75) 32 p1 10
On a Um2(8; 75)
= 4
= 8 et p2
= 2
= 5.
Um1(8; 75) p
Donc, on a Um2(8; 75)
> p1 .
2
Figure 6.
Exercice. Supposons que pour un revenu R = 1080 et des prix p1 = 6, p2 = 2, le consommateur ait
choisi x1 = 150, x2 = 90. Supposons de plus que l'on ait pour ce consommateur : Um1(150; 90) = 12
et Um2(150; 90) = 6.
Montrez que ce panier n'est pas optimal, en utilisant un raisonnement à la marge.
1. Ce taux est appelé en économie le taux marginal de substitution du bien 2 au bien 1. Ce taux nous dit : si on
enlève 1 unité de bien 1 au consommateur, il faut lui donner combien unités de bien 2 en échange pour que sa
satisfaction reste inchangée.
8
Um p
Le résultat Um1 = p1 du panier optimal, établi lorsque le consommateur a le choix entre deux biens,
2 2
reste valide lorsque le consommateur peut consommer plus de deux biens différents.
Exemple avec 3 biens pouvant être consommés.
Supposons p1 = 40, p2 = 8, p3 = 20, et
Um1(500; 100; 80) = 20, Um2(500; 100; 80) = 5 et Um3(500; 100; 80) = 10.
Montrez avec un raisonnement à la marge que le panier (500; 100; 80) n'est pas optimal.
9
Chapitre 3. Les variations des choix (ou de la demande) du consommateur
On examine l'impact de la variation du revenu ou des prix des biens sur les demandes du consom-
mateur (le panier optimal).
R p1
x2 = ¡ x1
p1 p2
Example : p1 = 10, p2 = 2. Tracez les droites de budget pour R = 100; 200; 300.
Figure 7.
On donne les paniers optimaux possibles E ; E 0; E 00 associés à ces trois niveaux de revenu.
a) La courbe d'Engel
Définition : La courbe d'Engel est la courbe qui relie la consommation optimale d'un bien au
revenu :
R 7! xi
Engel : nom d'un statisticien allemand du 19ème siècle qui a construit cette courbe.
Engel distingue trois grands types de biens : les biens prioritaires, les biens de luxe et les biens
inférieurs.
10
Les biens prioritaires ou de premières nécessité
Définition : un bien est dit prioritaire, ou de premières nécessité, lorsqu'il satisfait la condition
suivante : lorsque le revenu augmente, la consommation de ce bien augmente, mais moins que
proportionnellement au revenu.
La courbe d'Engel associé à ce type de bien a la forme suivante :
Figure 8.
x
Remarque. On observe R % ) Ri & .
Les biens prioritaires sont souvent des biens qui répondent à des besoins dits physiologiques.
Exemples :
Figure 9.
11
x
Remarque. On observe R % ) Ri % .
Les biens de luxe répondent à des besoins dits psychologiques. Exemples :
Figure 10.
Les biens inférieurs sont souvent des produits de mauvaise qualité, ou considérés comme tels,
auxquels on peut substituer des biens de meilleure qualité (vêtements synthétiques versus fourrures,
viande de mauvaise qualité versus viande de bonne qualité, voyage en 2nde classe versus voyage
en 1ère classe, hôtel formule 1 versus hôtel Novotel, ...).
Illustration. Aux USA, il existe des fast-food haut de gamme (tels Mac Donald, Burger King) et
bas de gamme (tels Taco Bell). Durant la récession du début des années 90, et suite à la baisse de
revenu des consommateurs qui en a résulté, les ventes de Taco Bell ont augmenté alors que celles
de Mac Donald et Burger King ont baissé. Ceci pourrait refléter le fait que les biens vendus par
Taco Bell sont des biens inférieurs.
pi xi
CBi = R
, avec 0 CBi 1
On montre qu'un bien de luxe satisfait la condition suivante : quand le revenu augmente, le
coefficient budgétaire de ce bien augmente.
Démonstration.
Supposons que le revenu passe de Ra à Rb, avec Rb > Ra, et que les prix restent constants.
12
Notons :
xa1 la demande de bien 1 optimale pour le revenu Ra, et CB1a le coefficient budgétaire associé.
xb1 la demande de bien 1 optimale pour le revenu Rb, et CB1b le coefficient budgétaire associé.
x
On sait que pour un bien de luxe, on a R % ) R1 % .
xb1 xa
Comme le bien 1 est un bien de luxe et que Rb > Ra, on a Rb
> R1a . On peut alors écrire :
xb1 xa xb xa p1 xb1 p1 xa
Rb
> R1a , p1 R1b > p1 R1a , Rb
> Ra
1
, CB1b > CB1a.
Résultat. Quand le revenu augmente, le coefficient budgétaire du bien 1 (bien de luxe) augmente
également.
D'une façon générale, on a :
- Biens prioritaires ou de premières nécessité : R % )CB & ,
- Biens de luxe : R % )CB % ,
- Biens inférieur : R % )CB & .
Figure 11.
13
Une augmentation du prix d'un bien, les prix des autres biens et le revenu restant constants, se
traduit en règle générale par une diminution de la consommation de ce bien. On appelle cette
régularité la loi de la demande.
Mais il existe des exceptions : les biens Giffen.
b) Biens Giffen
Vers le milieu du XIXème siècle, au cours d'une famine en Irlande, Sir Robert Giffen observe un
accroissement simultané du prix des pommes de terre et de la demande de ce bien. D'où l'expression
de paradoxe de Giffen.
L'explication trouvée à ce paradoxe est la suivante : malgré l'augmentation du prix des pommes
de terre, ce bien restait malgré tout le moins cher. Par conséquent, pour survivre, les gens très
pauvres ne pouvaient faire autrement que de diminuer leur consommation des autres biens pour
pouvoir consommer plus de pommes de terre.
Définition : Un bien Giffen est un bien dont la consommation augmente quand le prix augmente.
Inversement, dans le cas d'une baisse du prix.
Remarque : Les biens Giffen peuvent aussi être des biens de luxe. Ainsi, aux Etats-Unis, on a
observé que pour certains biens, des vêtements de marque par exemple, une augmentation du prix
de ces biens pouvait se traduire pas une augmentation de leur demande.
L'explication peut être la suivante : les personnes qui achètent des produits de luxe le font parfois
pour le prestige. C'est ce que l'on appelle la consommation ostentatoire (T. Veblen, Théorie de la
classe des loisirs, 1899). Il peut ainsi s'agir de se faire admirer en portant des vêtements de marque
qui ont la réputation d'être onéreux. L'augmentation du prix du bien peut accroître le prestige
qu'apporte ce bien. D'où une possible augmentation de la demande de la consommation lorsque
le prix augmente.
14
Chapitre 4. Elasticité-revenu, élasticités-prix directe, et élasticités-prix croisée de la
demande
La notion d'élasticité est une façon de mesurer la sensibilité de la demande d'un produit à des
variations de revenu ou de prix.
On distingue l'élasticité-revenu, l'élasticité-prix directe et l'élasticité-prix croisée.
1. L'élasticité-revenu de la demande
11. Définition de l'élasticité-revenu de la demande
L'élasticité-revenu de la demande d'un bien (notée eR) est le rapport de la variation relative de la
demande de ce bien à la variation relative du revenu.
Dit autrement, eR est le ratio de la variation de la demande (en %) à la variation du revenu (en %).
Mx1 Mx1
100
eR = x1
MR = x1
MR
R
100 R
1.2. Exemple
Situation initiales : x1 = 50 pour R = 200. Situation finale : x1 = 60 pour R = 220. Calculez eR.
On trouve : eR =
Figure 12.
15
1.3. Elasticité-revenu des différents types de biens
On relie la typologie d'Engel à la valeur de l'élasticité-revenu.
On dessine deux figures de la demande de biens : demande très élastique et demande peu élastique
au revenu.
Figure 13.
Remarque. Voir l'utilisation de la notion d'élasticité-revenu faite par E. Combes dans l'ouvrage
Le low cost (pages 188-199) pour l'analyse des politiques de low cost.
22. Exemple
Supposons qu'initialement on ait p1 = 20 et x1 = 120. Supposons que suite à l'augmentation du
prix du bien 1 à p1 = 22, la demande en bien 1 passe à x1 = 96. Calculez l'élasticité-prix du bien 1
à partir de ces données.
On trouve ep1 =
Interprétation du résultat.
16
Figure 14.
On observe quand p1 a augmenté de __% (passe de 20 à 22), x1 a baissé de __% (est passeé de
120 à 96).
Donc si p1 avait augmenté de 1 %, x1 aurait baissé de __%.
L'élasticité-prix du bien 1 est de ¡¡¡¡ : en proportion, lorsque le prix du bien 1 varie, la demande
en bien 1 varie __ fois plus que le prix du bien 1, et en sens _________.
iv. Commentez.
Remarque Pour une entreprise, la connaissance de l'élasticité-prix des produits est très impor-
tante. En effet, si ep est faible ceci signifie que l'entreprise peut se permettre d'augmenter le prix
de ses produits car la perte de client ou de demande sera faible.
Ainsi, on peut expliquer le prix élevé des produits Apple par le fait que l'élasticité-prix pour ces
produits est relativement faible (idem pour les produits bio). Voir aussi l'utilisation de la notion
d'élasticité-prix faite par E. Combes dans l'ouvrage Le low cost (pages 64-66 en particulier) pour
expliquer où s'appliquent les politiques de low cost dans le transport aérien.
Par ailleurs, l'élasticité-prix de la demande de cigarettes permet de prédire l'effet d'une augmenta-
tion des taxes sur le tabac sur la demande de cigarettes et les recettes fiscales. Ainsi, si l'élasticité-
prix de la demande de cigarettes est faible (proche de 0), on peut prédire que l'augmentation des
taxes par paquet aura peu d'impact sur la santé publique (la consommation de tabac) et se traduira
seulement par une hausse des recettes fiscales (inversement si ep est élevée).
17
Application 1 L'évolution de la structure de la consommation des ménages en France (source
Insee)
Figure 15.
18
31. Définition de l'élasticité-prix croisée de la demande
L'élasticité-prix croisée de la demande du bien 1 par rapport au prix du bien 2 (notée ep ) est le
12
rapport de la variation relative de la demande du bien 1 à la variation relative du prix du bien 2.
Dit autrement, ep est le rapport de la variation de la demande du bien 1 (en %) à la variation
12
du prix du bien 2 (en %) :
Mx1 Mx1
100
ep = x1
Mp2 = x1
Mp2
12 p2
100 p2
32. Exemple
Supposons qu'initialement on ait p2 = 30 et x1 = 200. Supposons que suite à l'augmentation du
prix du bien 2 à p2 = 33, la demande en bien 1 passe à x1 = 250. Calculez l'élasticité-prix du bien
1 à partir de ces données.
On trouve ep = .
12
Interprétation du résultat.
Figure 16.
On observe quand p2 a augmenté de __% (passe de 30 à 33), x1 a augmenté de __% (est passeé
de 200 à 250).
Donc si p2 avait augmenté de 1 %, x1 aurait augmenté de __%.
19
On trouve le même phénomène pour les deux biens suivants : consoles vidéo et jeux vidéo.
Les biens substituables. Les biens 1 et 2 sont substituables si ep12 > 0. Exemple de biens
substituables (sur le moyen ou long terme) : les différentes sources d'énergie, électricité,
pétrole (gaz oil, essence), solaire, ...
eR 0,58 1,38
ep -1,47 -1,55
ecope 0,52
epeco 0,64
20