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Chapitre 1 : LA FONCTION DE DEMANDE INDIVIDUELLE ET LA FONCTION DE

DEMANDE GLOBALE

Introduction
1.1 : Objet du cours
Bonjour à tous !
Ce cours étudie les deux côtés d’un marché : la demande et l’offre.  Cette première partie
est indispensable pour pouvoir ensuite étudier l'équilibre sur le marché, et les propriétés de
cet équilibre.
 Côté demande, il s'agit de comprendre comment le consommateur prend ses décisions.
Pour cela on doit décrire précisément comment le consommateur classe les
possibilités (ses "préférences"). Et décrire précisément les contraintes qu'il faut
respecter (en particulier le budget...)
 Côté offre, l'objectif du producteur est de maximiser ses profits... (il faut donc aussi
minimiser les coûts). Pour cela il faut tenir compte de la technologie de production et
du prix des inputs (notamment capital et travail).
La modélisation mathématique de la demande et de l'offre permet de bien comprendre et
mesurer l’impact de chocs sur les prix (par exemple suite à un choc climatique pour un
produit agricole, ou à un choc technologique sur un produit industriel) et de variations de
revenu (perte d’emploi, aide de l’Etat).
C'est un pré-requis pour comprendre, ultérieurement, l'impact de politiques publiques.
1.2 : Qu'est-ce qu'un bien ?
1. Qu'est-ce qu'un bien ?
Cette section précise ce qu'est un "bien" en économie. Il s'agit d'une notion très précise mais
aussi très flexible car elle permet de représenter des objets d'étude aussi divers que
 des biens et services classiques (allant du téléphone aux aliments, des places de
cinéma au conseil fiscal, etc),
 l'épargne et l'emprunt,
 les actifs financiers,
 la pollution,
 le travail et le loisir...
 Nous allons étudier la demande puis la production de "biens". En microéconomie, le
terme "bien" inclut les services et divers produits plus ou moins abstraits que l'on peut
obtenir en supportant un coût.
 Un « bien » est une notion large, qui inclut par exemple l’épargne, le temps de loisir,
la pollution, même éventuellement le bien-être d'autres personnes.

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 C'est aussi une notion étroite, précise, car elle dépend du lieu et du moment où le bien
est disponible, et de ses caractéristiques précises.
 biens; panier de biens
2. Les paniers de bien
 Un panier de biens est un ensemble de biens en quantités données. Par exemple, un
individu pourra avoir à choisir entre les deux paniers de biens suivants :
(1 heure de cours d'anglais, 3kg de bananes, 1kg d'orange, 1 repas au restaurant voisin)
et (0 heure de cours d'anglais, 4kg de bananes, 2kg d'orange, 1 repas au restaurant voisin).
 Les paniers sont représentés par des vecteurs de quantités de biens. Ici, un vecteur x =
(x1, x2, x3, x4) où x1 mesure le nombre d'heures de cours, x2 et x3 des kilos de bananes et
d'oranges, et x4 le nombre de repas au restaurant.
 Dans notre exemple, un individu doit choisir entre le panier x = (1, 3, 1, 1) et le
panier y = (0, 4, 2, 1). Attention, quand le panier ne comprend pas l'un des biens, il
faut bien noter la quantité 0 pour ce bien, comme dans l'exemple (sinon toutes les
valeurs du vecteur seront décalées).
3. Un exemple
Pouvez-vous donner le prix d'un kilo de poisson ?
 Ce n'est pas si évident. Ce prix dépend de nombreux facteurs :
 Caractéristiques propres au bien :
- Le type de poisson (thon, saumon, truite, etc.),
- Sa qualité (état de fraîcheur),
 Caractéristiques propres au vendeur :
- Le type de lieu de vente (sur le quai, sur un marché, dans un restaurant...),
- La forme sous laquelle le poisson est vendu, son emballage, sa préparation,
 Caractéristiques propres à l'utilisation par l'acheteur
- Le lieu où le poisson est disponible (par rapport au lieu où l'acheteur se situe),
- Le moment où le poisson est disponible (si j'ai besoin de cuisiner le poisson tout de suite, je
ne suis pas intéressé par une livraison de poisson, même pas cher, dans une semaine).
 On peut facilement faire le même exercice pour beaucoup d'autres biens.
Prenons l'emprunt : son "prix" (le taux d'intérêt) va dépendre du type de contrat de prêt, de la
date d'échéance et de nombreuses dispositions légales,  de l'emprunteur (ami, employeur,
banque, institution de microcrédit...), de la date à laquelle on peut obtenir l'argent du prêt, du
pays où ce prêt est disponible....
4. Les caracteristiques d'un bien

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Définition d'un bien :
Nous devons donc définir un bien comme un objet ou un service,
 disponible en un lieu donné,
 à une date donnée,
 sous une forme donnée.

Exemples :
 Un ananas disponible à la Guadeloupe n'est pas le même bien qu'un ananas disponible
à Paris. Un ananas disponible demain n'est pas le même bien qu'un ananas disponible
aujourd'hui. Un ananas coupé en dé n'est pas le même bien qu'un ananas entier.
 Un vêtement disponible 2 mois plus tard, pendant les soldes, n'est pas le même bien
qu'un vêtement disponible tout de suite. Un vêtement de bonne qualité n'est pas le
même bien qu'un vêtement de même forme et couleur, mais de mauvaise qualité.
Remarque :
 Pour les biens très similaires, qui ne varient que sur une dimension (par exemple,
qualité élevée et qualité basse), on parle de "biens différenciés".

5. Des biens particuliers: Epargne et emprunt


L'épargne
 L'épargne est un bien qu'on achète aujourd'hui pour avoir un bénéfice demain.
 Le "prix" de l'épargne est le montant que l'on épargne (au lieu de le consommer
aujourd'hui). Le bien obtenu grâce à l'épargne est un certain montant d'argent (qui
dépend du taux d'intérêt que l'on obtient sur le montant d'argent épargné) disponible
dans le futur.
L'emprunt
 Un emprunt ou un prêt est un bien que l'on obtient immédiatement (un montant
d'argent qui nous permet de consommer plus aujourd'hui) et que l'on paie dans le
futur (lorsque l'on rembourse).
 Son prix est le taux d'intérêt (le supplément d'argent que l'on devra payer par rapport
au montant qui nous a été prêté).
Emprunt et épargne permettent de transférer de la consommation d'une période à une autre :
ils permettent de consommer moins que son revenu aujourd'hui pour consommer plus dans le
futur (l'épargne) ou au contraire de consommer plus que son revenu aujourd'hui et consommer
moins demain (l'emprunt).
6. Des biens particuliers : Le travail et le loisir
Le travail

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 Le travail est un bien qui est "vendu" par le travailleur, qui offre son (temps de)
travail.
 Attention !  Le vocabulaire peut conduite à des erreurs : Un "demandeur d'emploi" est
un "offreur de travail" !
 Le prix du travail (payé par l'acheteur, par exemple une entreprise) est le salaire.
Le loisir
 Le loisir est un bien qui est obtenu en renonçant à travailler pendant un certain temps.
 Il a donc un prix, qui est le salaire que l'on aurait pu obtenir si on avait travaillé plutôt
que profité du loisir.
 Le prix du loisir est un "coût d'opportunité", c'est-à dire la perte d'un revenu possible
lorsque l'on renonce à une opportunité (ici l'opportunité de travailler pendant un
certain temps, et donc gagner un salaire sur cette période).
1.3 : Qu'est-ce qu'un mal ?
1. Les biens et les maux
Nous avons vu des exemples de biens, c'est-à dire des objets ou des services qui apportent un
bénéfice aux individus. Les individus sont prêts à payer (à se passer d'autres choses) pour les
consommer (les posséder, les utiliser, etc.)
Il existe des objets et des services qui sont des "maux"... En anglais, on parle de "goods" pour
les biens et services, et de "bads" pour ces maux, ces produits qui causent un détriment aux
individus. Les individus seraient prêts à payer pour ne PAS les "consommer" (ne pas avoir à
les supporter).
Exemples de maux :
La pollution
La contagion pour une épidémie
Les nuisances sonores
Le réchauffement climatique
Les effets secondaires négatifs de médicaments
Le stress au travail
La laideur de certains lieux
La sensation de froid excessif, ou de chaleur excessive (selon le climat) dans un logement mal
isolé
...
Comment les représenter ?
2. Comment représenter les maux ?

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Beaucoup de "maux" ne sont pas échangés sur un marché, et n'ont pas un prix auquel on peut
s'en débarrasser.
On peut souvent, mais pas toujours, représenter les maux comme l'inverse d'un bien, un bien
qui prend une valeur négative, et de plus en plus négative quand il est en plus grande quantité.
Si on reprend les exemples précédents, on peut parfois trouver un bien qui peut être acheté
pour se prémunir d'un mal :
 La pollution ≠ ? Les innovations environnementales, les progrès technologiques qui la
limitent... Souvent, on utilisera la pollution comme un bien négatif associé à la
production (mais parfois aussi associé à la consommation). Pensez aux emballages
individuels, aux processus de production toxiques,...
 La contagion pour une épidémie ≠ ? Les vaccins ? Il n'en existe pas toujours.
 Les nuisances sonores ≠ ?
 Le réchauffement climatique  ≠ ???
 Les effets secondaires négatifs de médicaments ≠ ???
 Le stress au travail ≠ ???
 La laideur de certains lieux ≠ ? Les travaux de rénovation par les puissances
publiques
 La sensation de froid excessif, ou de chaleur excessive (selon le climat) dans un
logement mal isolé ≠ Les produits isolants et les travaux d'isolation
Vous pouvez trouver bien d'autres exemples... Retenez que
 lorsque c'est possible, on étudie le marché du bien qui permet de se prémunir du mal,
 et sinon, on modélise un mal comme un bien qui prend des valeurs négatives.
1.4 : Démarche et liens externes
1. Et maintenant ?
Nous allons étudier les marchés de biens. Pour cela, nous procédons par étapes :
 Comment se forme la demande pour un bien ?
 Comment se forme l'offre de bien ?
Dans un premier temps nous allons regarder le côté de la demande, du consommateur. Là
aussi nous allons passer par plusieurs étapes :
 Pour comprendre comment se forme la demande "globale" sur un marché, il faut
d'abord comprendre comment se forme la demande d'un consommateur particulier.
 Sa demande pour un bien est simplement la quantité de ce bien qu'il souhaite
consommer.
 Il faut donc comprendre comment il choisit ce qu'il préfère, en fonction des contraintes
auxquelles il fait face,

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 et donc comprendre comment on représente les préférences,
 et les contraintes.
Le chapitre suivant porte donc sur la demande individuelle et la représentation des
préférences.
SECTION I: LA DEMANDE INDIVIDUELLE ET SES DÉTERMINANTS
1. Les propriétés de la demande
La demande peut être exprimée comme la fonction d(p,R) = x* : Cela signifie que la fonction
de demande associe au vecteur des prix p (par exemple p=(p 1,p2) quand il n'y a que deux
biens) et au revenu R, les quantités x*=(x1*,x2*) qui forment l'équilibre du consommateur.
La fonction de demande a les propriétés suivantes :
 Elle est homogène de degré 0 : d(t p, t R) = d(p, R), pour tout t > 0 [Si on multiplie à la
fois les prix et les revenus par un même multiplicateur t, alors la demande ne change
pas. Pensez au passage du Franc à l'Euro. Si le revenu est multiplié par le même
facteur que les prix, on a exactement le même pouvoir d'achat qu'avant et on
consomme toujours la même chose];
 Elle vérifie la loi de Walras : Σk pk xk*(p, R) = R   [Tout le revenu est dépensé. On dit
que la contrainte budgétaire est "liante" ou "saturée", c'est-à dire qu'elle est satisfaite
avec une égalité].
 Elle est continue.
2. L'effet du revenu sur la demande
Quand le revenu augmente, la demande pour un bien peut augmenter ou diminuer, selon la
manière dont la consommation globale de rééquilibre.
Ainsi, on peut avoir la situation suivante (juste un exemple, pas une vérité générale !) : un
individu peut avoir un revenu faible, avec lequel il habite dans une banlieue éloignée et mal
desservie par les bus ce qui oblige à avoir une voiture. Quand il s'enrichit, il peut habiter plus
près, et prendre les transports en commun : la demande pour la voiture se réduit. Puis s'il
s'enrichit encore, il habite une banlieue chic et on utilise sa voiture pour les loisirs : la
demande pour la voiture augmente encore.

Les biens dont la demande augmente tout le temps avec le revenu sont appelés biens
normaux.
Les biens dont la demande diminue toujours avec le revenu sont appelés biens inférieurs.
[On donnait traditionnellement l'exemple de la margarine, jugée moins bonne que le beurre,
comme bien inférieur : on s'en passait quand on s'enrichissait. Avec la multiplication de
margarines sophistiquées présentées comme bonnes pour la santé, il est possible que pour
certains, ce soit le beurre qui soit maintenant un bien inférieur.]
3. Le sentier d'expansion du revenu

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L’élasticité de la demande par rapport au revenu est le rapport entre le pourcentage de
variation de la demande d’un bien et le pourcentage de variation du revenu.
 Les biens inférieurs ont une élasticité revenu de la demande négative.
 Les biens normaux ont une élasticité revenu positive. Parmi eux, les biens de luxe ont
une élasticité revenu supérieure à 1 (leur demande augmente plus vite que
proportionnellement au revenu).
La manière dont la demande varie en fonction du revenu est résumée par le "sentier
d'expansion du revenu", qui relie les équilibres du consommateur correspondant à des revenus
de plus en plus élevés.
[Rappel :
–bien normal : la demande augmente avec le revenu
–bien inférieur : la demande diminue avec le revenu]

4. L'effet d'une variation de prix


Supposons que c'est le prix du bien 1 qui change. On peut étudier son effet sur la demande.
Ses variations vont modifier la demande pour le bien 1 lui-même, mais aussi la demande pour
l'autre bien, du fait de substitutions qui auront lieu pour conserver l'équilibre budgétaire.
Si le prix d'un bien donné change, cela change la demande pour tous les biens.

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5. L'impact du prix sur la demande
On peut utiliser la courbe prix-consommation pour en déduire la manière dont le
consommateur va ajuster sa demande pour un bien particulier aux variations du prix de ce
bien..
On s'intéresse alors à la demande d'un bien en supposant que les prix des autres biens et le
revenu ne changent pas :

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Ici, la demande pour le bien 1 décroît quand le prix du bien 1 augmente.
Cela paraît intuitif mais n'est pas toujours vérifié, du fait des substitutions qui ont lieu entre un
bien et un autre.
Considérez ce deuxième exemple :

Les biens pour lesquels la demande augmente quand le prix augmente sont dit biens de
Giffen.
6. Effet revenu et effet substitution

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Pour comprendre comment la hausse du prix d'un bien peut conduire à consommer soit plus,
soit moins de ce bien, il faut voir qu’une hausse de p1 (p2 et R restant inchangés) produit à la
fois :
 Un effet de prix relatifs : le bien 1 devient plus cher, par rapport au bien 2 ;
 Un effet de revenu : le pouvoir d’achat du consommateur diminue, une augmentation
de prix l'appauvrit en pratique ;
On peut décomposer le passage d'un équilibre initial x* à un nouvel équilibre
x' (correspondant au nouveau prix p1') en deux étapes :
 Un effet de substitution, de x* à x’’, prenant en compte uniquement la modification
des prix relatifs, donc de la pente de la droite de budget, qui pivote,
 Un effet de revenu, de x’’ à x’, prenant en compte uniquement la variation du pouvoir
d’achat, donc le déplacement de la droite de budget vers l'origine.

Interaction entre les demandes de deux biens :


•Quand la baisse du prix d’un bien fait baisser la demande pour un autre bien, ces deux biens
sont dits substituts (ou substituables).
•Quand la baisse du prix d’un bien fait augmenter la demande pour un autre bien, ces deux
biens sont dits compléments (ou complémentaires).
7. Le revenu compensé
Pour mieux voir l'impact d'une hausse de prix sur le pouvoir d'achat, on décompose la
variation de la demande en effet-revenu et effet-substitution.

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Une notion utile est le revenu compensé, c'est-à dire le revenu qui serait nécessaire à
l'individu pour conserver le même niveau de bien-être (rester sur la même courbe
d'indifférence) étant donnés les nouveaux prix.

2. Plan et courbe de demande


Deux définitions valables pour la demande individuelle des agents et pour la demande globale
(demande de marché) qui en résulte :
• Le plan de demande
C’est le tableau qui montre la relation entre le prix d’un bien et la quantité demandée de ce
bien.
•La courbe de demande
La courbe de demande est la courbe qui représente la relation entre le prix d’un bien et la
quantité demandée de ce bien.
Exemple de plan et de courbe de demande :

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3. Les déplacements le long de la courbe de demande
On peut distinguer deux sortes de variations dans la quantité demandée :
1. Déplacement le long de la courbe de demande.
2. Déplacement de la courbe de demande.
Cas 1 : Les déplacements le long de la courbe de demande se produisent
lorsqu'un changement de prix conduit l'individu à modifier son choix de quantité. Mais la
courbe de demande ne change pas, simplement on la suit pour se placer au niveau du nouveau
prix.

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4. Les déplacements de la courbe de demande
Les déplacements de la courbe de demande correspondent à des changements dans
l'environnement qui modifient la disposition d'un individu à acheter le bien, pour chaque
niveau de prix possible.
La courbe se déplace vers la droite ou vers la gauche suite à un changement qui affecte la  
quantité demandée pour chaque niveau de prix.
Les causes possibles de déplacement sont en général des changements concernant
• le revenu des consommateurs
• le prix des autres biens (si le jus de pomme devient moins cher, ma demande pour le jus
d'orage peut changer)
• les préférences
• les anticipations (on anticipe une canicule, ce qui change la demande pour les climatiseurs;
on anticipe que le rouge sera à la mode bientôt, ce qui change la demande pour les vêtements
rouges, ...)

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SECTION 2 : LA DEMANDE GLOBALE ET LE SURPLUS DU CONSOMMATEUR
L'agrégation des demandes individuelles; La sommation horizontale des demandes
individuelles; Surplus brut et surplus net
2.1 : L'agrégation des demandes individuelles
1. La somme des demandes
Si l'on ajoute les demandes individuelles les unes aux autres  (on dit qu'on les "agrège"), on
obtient la demande globale.
Pour calculer la demande globale,
•On établit le plan de demande de chaque agent,
•Pour chaque niveau de prix, on somme les quantités demandées,
•On en déduit la courbe de demande du marché : la courbe de demande du marché résulte de
la sommation horizontale des courbes de demande individuelle des agents.
Attention, graphiquement on a parfois du mal à faire la somme de courbes : Pour chaque
niveau de prix (un niveau sur l'axe des ordonnées), il faut additionner toutes les demandes,
donc reporter sur les abscisses les demandes de chaque individu les unes après les autres. La
courbe obtenue est de plus en plus sur la droite au fur et à mesure qu'on ajoute la demande
d'un des individus.
2. Analyse graphique de la somme des demandes
Voici un exemple de sommation horizontale pour obtenir la demande globale, à partir duquel
vous pourrez faire l'exercice ci-dessous

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Exercice : Il s'agit d'un cas particulier, donc entraînez-vous à tracer des demandes globales, en
changeant simplement les chiffres sur l'une des demandes ci-dessous.

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1. Par exemple, reprenez les prix indiqués (de 0 à 3) et modifiez les quantités pour le
premier individu (première courbe du premier graphique), pour les faire varier non pas
de 0 à 12 mais de 0 à 20. Calculez la demande globale (elle augmente, puisque la
demande de l'un des individus augmente).
2. Puis reprenez les quantités de départ (0 à 12) et remplacez 3 par 5 comme prix
maximum sur l'axe des ordonnées du premier individu (premier graphique). Vous
verrez que pour les prix les plus élevés, la demande globale est constituée uniquement
de la demande du premier individu (le deuxième ne veut pas consommer à ces prix là).
A partir du prix p = 3, la courbe se modifie car le 2ème individu entre sur le marché.
 Cela vous permet de voir que la demande globale peut être "linéaire par morceaux".
2.2 : Les propriétés de la demande
1. La loi de la demande
Cette "loi" est très simple :
La loi de la demande énonce que, toutes choses égales par ailleurs (ceteris paribus), la
quantité demandée d’un bien baisse lorsque son prix augmente.
La demande est décroissante.
2. Homogénéité de la demande globale
La demande est "homogène de degré 0" par rapport aux prix et au revenu : Pour tout
réel k, D(kp, kR) = D(p, R)
 Cela signifie simplement que si on multiplie par un certain facteur (k) à la fois tous les
prix (p1 et p2) et les revenus de tous les consommateurs, la demande globale ne
change pas.
 C'est exactement ce qui se passe quand on change de monnaie : pour le passage à
l'Euro par exemple, on a exprimé tous les prix et tous les revenus dans une autre
monnaie, mais cela n'a pas changé les comportements... De très petits ajustements ont
pu être constatés en 2002, parce que certains prix ont augmenté pour des raisons
d'arrondi (les supermarchés, par exemple, ont tendance à choisir un prix de 2,79 euros
plutôt que 2,72...). Mais globalement, la demande est restée stable.
En France, lorsque l'on est passé des "anciens Francs" aux nouveaux Francs, le facteur k était
de 1/100. Et pourtant, les demandes n'ont pas bougé sensiblement.
Pourquoi ?...
3. Pourquoi cette homogénéité ?
Pourquoi ?... C'est simplement parce qu'aucune demande individuelle n'est modifiée (on l'a vu
dans le chapitre précédent les demandes individuelles sont homogènes de degré 0 dans les
prix et le revenu)
 Si on multiplie p1 et p2 par k=3, par exemple, le rapport de prix devient 3p1  / 3p2 =
p1/p2. Il ne change pas. Donc la pente de la droite de budget ne change pas.

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 Les courbes d'indifférence représentent les préférences des consommateurs, qui ne
bougent pas non plus (votre préférence pour un café par rapport à un thé ne dépend
pas de la monnaie utilisée).
 Donc l'égalité du TMS au rapport de prix n'est pas modifiée par la multiplication par 3
de tous les prix : Graphiquement, on cherche toujours le même point de tangence pour
chaque individu.
 Et enfin, si le revenu est aussi multiplié par 3, alors c'est comme si toute la contrainte
budgétaire était multipliée par 3, et on peut mettre 3 en facteur, il ne joue pas de
rôle : 3p1 x1 + 3p2 x2 = 3R est équivalent à 3(p1 x1 + p2 x2)= 3R, ce qui est équivalent
à p1  x1 + p2 x2 = R. La contrainte budgétaire n'est donc pas modifiée.
 Au final : on a la même égalité TMS - rapport de prix et la même contrainte de
budget... Donc on a exactement la même demande individuelle que si on n'avait pas
multiplié tous les montants monétaires par k = 3. Comme la demande globale est la
somme des demandes individuelles, elle ne change pas non plus.
 Attention, n'oubliez pas que si on modifie les prix mais pas les revenus, les demandes
changent...
 C'est ce qui se passe avec l'inflation par exemple : Les prix augmentent mais les
revenus en général ne suivent pas (ou seulement avec un retard), et la population
s'appauvrit (elle ne peut plus consommer autant, son ensemble de consommation se
réduit car sa droite de budget se rapproche de l'origine).
2.3 : Le surplus du consommateur
 1. Définitions du surplus du consommateur
 Le surplus brut du consommateur est le gain que retire ce consommateur de la
consommation d'une certaine quantité (sans prendre en compte le prix qu'il paie).
 Ce surplus est calculé en considérant la disposition à payer du consommateur pour
chacune des unités de bien qu'il consomme.
 Le surplus net du consommateur est égal au surplus brut moins le prix total payé
(c'est-à dire en général moins un prix unitaire multiplié par la quantité achetée).
 On définit de la même façon le surplus brut de consommation, pour l'ensemble des
consommateurs sur le marché : il s'agit de la somme des surplus bruts individuels.
 Le surplus net de consommation, pour l'ensemble des consommateurs, est simplement
la somme des surplus nets individuels.
 Les représentations mathématiques par intégrale et graphiques qui suivent sont
valables pour la demande individuelle, mais sont aussi valables pour la demande

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globale. Il suffit de considérer la demande globale au lieu de la demande individuelle.

2. Remarque sur la demande globale et exemple


Sur une courbe de demande globale, les dispositions à payer pour la 1ère, la 2ème, la 3ème …
unités sont classées de la plus grande à la plus petite, quel que soit le consommateur qui est
prêt à payer le plus. L’identité du consommateur n’a pas d’importance.
Le surplus global est donc calculé pour l'ensemble des consommateurs, sans se préoccuper de
qui consomme et qui ne consomme pas.
Exemple : (il y avait une erreur dans la 1ère version postée sur le site, voici la correction)

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. Définition mathématique du surplus
Mathématiquement :
Rappel : En équilibre partiel, l'utilité de l'individu dépend de deux "biens", le bien que l'on
étudie et l'argent (qui représente la valeur de tous les autres biens que l'on pourrait
consommer). On peut donc écrire l'utilité de l'individu quand il a un revenu R et qu'il
consomme une quantité x comme : U(x, R - px).
Le premier argument de la fonction est la quantité consommée, x, et le deuxième est l'argent
qui reste une fois qu'on a payé l'achat x (cet argent servira à acheter tous les autres biens du
panier de consommation de l'agent).
Le surplus net du consommateur, noté SN, est l’avantage que ce consommateur retire en
participant au marché et en consommant une quantité x. Ce surplus est mesuré en argent.
 Si l'individu achète x unités au prix p, il obtient une utilité U(x, R - p x) = v(x) - p x +R.
S'il ne consomme pas, il obtient une utilité U(0, R) = v(0) - 0 + R.
Le gain net à consommer une quantité x au prix unitaire p est donc la différence :
SN(x) = U(x, R - p x) - U(0,R) = v(x) - p x +R - (v(0) - 0 + R) = v(x) - v(0) - p x.
 Le revenu R s'élimine, le surplus net ne dépend donc pas du revenu mais uniquement
de la quantité consommée et du prix.
 On peut normaliser v(0) à 0 puisque c'est une constante qui n'a pas d'impact sur
l'analyse. On obtient donc
   SN(x)  = v(x)  - p x.
On peut aussi écrire le surplus sous la forme d'une intégrale :
Le surplus brut est v(x) - v(0) = ∫x0 v′(z)dz

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Le surplus net est SN(x) = ∫x0 v′(z)dz - px
= ∫x0(v′(z)−p)dz∫x0(v′(z)−p)dz
4. Représentation graphique du surplus
On a vu que le surplus net peut s'écrire comme une intégrale. On retrouve ce résultat
graphiquement.

Le surplus du consommateur permet d’évaluer le bien-être qu’il obtient, à partir de sa courbe


de demande. On n’a pas besoin de connaître la fonction d’utilité ou la relation de préférence.
Les choix que l’individu fait (quelle quantité consommer étant donné le prix) suffisent à
évaluer son bien-être pour un niveau de prix et une quantité donnée. La même analyse
s’applique à l’ensemble des consommateurs en général quand on utilise la demande globale.
Le surplus est une notion très importante pour juger de l’impact de politiques publiques ou de
chocs sur le bien-être des consommateurs.
Le surplus du consommateur 1
Lorsque l’on connaît la courbe de demande d’un individu, on peut en déduire le bien-être
qu’il retire de la consommation d’une quantité donnée. Ce bien-être, le surplus, va être très
utile pour juger de l’impact de politiques publiques (des taxes, par exemple) ou de chocs (par
exemple un choc climatique qui fait monter le prix du cacao…).
Définition du surplus du consommateur
– Le surplus brut du consommateur est le gain que retire ce consommateur de la
consommation d'une certaine quantité (sans prendre en compte le prix qu'il paie). – Ce surplus
est calculé en considérant la disposition à payer du consommateur pour chacune des unités de
bien qu'il consomme.

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– [il s’agit du prix maximum que l’individu veut bien payer pour une 1ère unité de bien, une
2ème, etc. Cela représente la valeur pour lui de cette unité, et on peut la lire sur la courbe de
demande.]
– Le surplus net du consommateur est égal au surplus brut moins le prix total payé (c'est-à
dire en général moins un prix unitaire multiplié par la quantité achetée).
Définition du surplus de consommation
– On définit de la même façon le surplus brut de consommation, pour l'ensemble des
consommateurs sur le marché : il s'agit de la somme des surplus bruts individuels.
– Le surplus net de consommation, pour l'ensemble des consommateurs, est simplement la
somme des surplus nets individuels.
– Les représentations mathématiques par intégrale et graphiques qui suivent sont valables
pour la demande individuelle, mais sont aussi valables pour la demande globale. Il suffit de
considérer la courbe de demande globale au lieu de la courbe de demande individuelle.
Exemple
Les dispositions à payer et la demande globale
Sur une courbe de demande globale, les dispositions à payer pour la 1ère, la 2ème , la 3ème
… unités sont classées de la plus grande à la plus petite, quel que soit le consommateur qui est
prêt à payer le plus. L’identité du consommateur n’a pas d’importance. Ex :

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