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UNIVERSITE MOHAMMED 1ER OUJDA

FACULTE DE SCIENCES JURIDIQUES, ECONOMIQUE SOCIALES

ANNEE 2011/2012

L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL AU MAROC :


LES ENJEUX ET LES PERSPECTIVES

OPTION : ECONOMIE ET GESTION


MEMOIRE DE FIN D’ETUDES

Auteurs : BADDOO, Samuel Kenneth 43459


AWUKU, Kwasi Amano 43347

Encadrant : Prof. REGHIOUI, Anouar


L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Sommaire Exécutif

Dans un contexte voire environnement de chômage croissant et problèmes sociaux


qui s’aggravent, la recherche de solutions innovantes et économiquement viables
est devenue un souci majeure de tout gouvernement, institution publique et les
ONG. L’entrepreneuriat ; mouvement innovateur, créateur et moteur de changement.
Nouvelle idée avancée parmi d’autres comme solution aux problèmes économiques
où les entrepreneurs insistent fortement sur l’aspect innovateur de leur travail pour
trouver l’opportunité au cœur des problèmes. Mais l’on observe vite que
l’entrepreneuriat classique et le terme social ne font pas pourtant de bon ménage.
L’unification donc de ces deux termes normalement jugés contradictoire donne
naissance à un concept ; celui de l’entrepreneuriat social.

«  L’entrepreneuriat social est une forme émergente mais durable du capitalisme, qui
cherche à réconcilier la logique économique et l’utilité sociale » précise Steve Fiehl,
Directeur Adjoint de Cross Knowledge lors de la signature du partenariat entre Cross
Knowledge et Ashoka France.
Ainsi, l’expression même d’entrepreneuriat social cache en elle la problématique
principale qui lui est inhérente: peut- on adresser le social avec la logique
économique ? Peut-on associer le social et le business ? Mais la question la plus
pertinente et intéressante, reste a savoir si c’est possible de faire un profit dans le
cadre d’une organisation qui cherche a résoudre un problème social. Quels sont les
leviers de succès dans la démarche des entrepreneurs sociaux ?

Après avoir tenté d’identifier les grands traits du phénomène, très divers, de
l’entrepreneuriat social, nous avons pu revisiter l’évolution de l’entrepreneuriat
classique vers un concept plus social ? Ces mises au point théoriques nous ont
permis ensuite d’étudier dans de bonnes conditions la démarche de quatre
entreprises sociales marocaines. Pour répondre à notre problématique, nous avons
tiré les enseignements de leurs expériences respectives et avons pu identifier six
points communs, que l’on pourrait considérer comme des facteurs de réussite : la
faculté de « sortir des schémas de pensée habituels », à la fois à l’origine et dans la
mise en œuvre du business model social, une habileté dans la gestion des parties
prenantes, notamment par l’utilisation des réseaux, la qualité de l’équipe, et la
focalisation sur le bénéficiaire, et enfin la tendance à sans cesse aller au-delà des
limites de son action. Se basant sur la description de l’entrepreneuriat social donné
par CASE, Nicholls et le dictionnaire de développement durable, on retient que
l’entrepreneuriat est un processus de création, organisation et management d’une
entreprise qui sert a affecter une situation social en particulier. A travers la
l’identification et la poursuite des opportunités, la valeur sociale est créer pour la
société. Pour ce qui concerne notre recherche, seule les initiatives prise en charge
par des personnes privées seront considérées, c.à.d. les projets initiés par les
gouvernements et les pouvoirs publiques ne sont pas pris en compte. Les résultats
issus de l’étude qualitative de ces quatre cas, ne prétendent pas être généralisables
à l’ensemble des entreprises sociales, mais peuvent être considérés comme des
pistes de réflexion pour d’éventuelles futures études ou pour inspirer de potentiels
entrepreneurs sociaux.

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Table de Matières
Sommaire

Introduction

Méthodologie………………………………………………………………………………
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1. L'entrepreneuriat social: la solution innovatrice à la maîtrise des


contraintes économiques et problèmes sociaux………………………….………..11

1.1 L'entrepreneur et l'entrepreneuriat…………………………………………


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1.2 Revue de la littérature et l’analyse perspective de la terminologie


associée à l’entrepreneuriat
social……………………………………………..Error: Reference source not found
1.2.1. L’Economie Sociale et Solidaire…………………………………15
1.2.2. Le Social Business………………………………………………..16
1.2.3. L’Entrepreneur Social et l’Entrepreneuriat……………………..17

1.3. Entrepreneur social: Critique de la


définition………………………………...Error: Reference source not found
1.3.1. La Pluralité de la définition……………………………………… 24
1.3.2. Un enjeu pour l’avancement de la situation sociale……………26

1.4. Comparaison entre l'entrepreneuriat classique et


l'entrepreneuriat social ………………………………………………………
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2. Les Enjeux et Les Perspectives de l'entrepreneuriat social au Maroc……………30


2.1. L'apparition et développement de l'entrepreneuriat social au
Maroc……..Error: Reference source not found

2.2 L’impact de l'entrepreneuriat social sur le Maroc……………………………


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2.2.1. L'impact sur l'axe économique
2.2.2. L'impact sur l'axe social

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

2.3 Les défis et visions de l’avenir de l’entrepreneuriat


social………………….Error: Reference source not found
2.3.1. Les Défis et Obstacles de l’Entrepreneurs……………………... 38
2.3.2. Attentes et visions de l’avenir …………………………………...40

2.4 Un aperçu de l’entrepreneuriat social à l’échelle mondial ………………

3. Les Entrepreneurs Social Au Maroc……..............................................................41

3.1 Mohammed Abbad Andaloussi – l’association Al


Jisr………………...........Error: Reference source not found

3.2 Amina Laraki Slaoui – Amicale des Handicapés


Marocaine…………........Error: Reference source not found

3.3 Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse


(INSAF)..Error: Reference source not found

3.4 Aicha Ech- Chenna – Solidarité Féminine………………………………......49

Conclusion………………………………………………………………………………….50

Bibliographie………………………………………………………………………………..51

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Introductio
n
’’La psychologie de base d'un entrepreneur social est quelqu'un qui ne peut pas
venir au repos, dans un sens très profond, jusqu'à ce qu'il ou elle a changé le
modèle dans un domaine de préoccupation sociale tout ensemble de la société. Les
entrepreneurs sociaux sont mariés à une vision, par exemple, une meilleure façon
d'aider les jeunes grandissent ou de prestation de soins de santé mondiale. Ils ne
pourront tout simplement pas s'arrêter parce qu'ils ne peuvent pas être heureux
jusqu'à ce que leur vision devienne le nouveau modèle. Ils vont persister pendant
des décennies. Et ils sont aussi réalistes qu’ils sont visionnaires. En conséquence,
ils sont des très bons écouteurs. Ils cherchent à savoir que quelque chose ne
fonctionne pas bien et une fois qu'ils le font, ils ne cessent de changer simplement
l'idée et / ou l'environnement jusqu'à ce que leur idée fonctionne. Ils sont
intensément préoccupés par la question « comment » ; Comment puis-je sortir d'ici
à là? Comment puis-je résoudre ce problème? Comment ces pièces s'emboîtent ?’’
. ………….Bill Drayton, Fondateur d’Ashoka.

Depuis une vingtaine d’année, se développe partout dans le monde une nouvelle
manière d’entreprendre, qui conjugue efficacité économique et utilité sociale, et qui
ouvre des voies prometteuses dans le combat contre les problèmes majeurs de nos
sociétés : l’entrepreneuriat social. Le phénomène, mondial, semble dessiner un
nouveau modèle, hétérogène, qui emprunte à la fois au secteur « non profit »
traditionnel et aux pratiques du « business » ancrées sur le marché, afin d’apporter
des réponses nouvelles et durables aux problèmes sociaux et environnementaux.
Celui-ci suscite aujourd’hui un véritable engouement tant au niveau de la recherche
que de la pratique.
Les entreprises sociales se sont développées à un rythme très soutenu dans les
deux dernières décennies : ainsi, selon la deuxième étude réalisée dans le cadre du
Global Entrepreneurship Monitor (GEM) en 2006, environ 3,2% de la population
active, soit près d’1,2 millions de personnes, étaient engagées dans des activités
d’entrepreneuriat social au Royaume-Uni 1. L’émergence, dans le monde, de
nombreux réseaux ou organisations destinées à accompagner et promouvoir
l’entrepreneuriat social témoigne aussi de l’essor du phénomène : le réseau Ashoka,
la Fondation Klaus Schwab pour l’entrepreneuriat social, ou encore la Fondation
Skoll en sont les exemples les plus emblématiques. Dans le milieu académique,
cette notoriété grandissante se traduit par le développement de centres de
recherche et de formation en entrepreneuriat social dans l’enseignement supérieur :
les initiatives pionnières de Harvard, Stanford, Columbia ou Oxford ont été suivies,
plus récemment, par certaines des plus grandes écoles de commerce françaises
(ESSEC et HEC).

1
HARDING, R. (2006), Social Entrepreneurial Monitor, d’après les données de GEM UK 2005, London Business School School

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Si l’enthousiasme est tel, c’est que l’entrepreneuriat social apporte des réponses
innovantes à des problèmes que les gouvernements, les institutions publiques ou les
organismes de charité échouent à résoudre depuis bien longtemps. Dans son
rapport sur le développement dans le monde 2010 2, la Banque Mondiale estime

2
,
Banque Mondiale, p.8. 3 GODEFROY, P. ; PUJOL, J. et al (2009), Inégalités de niveau de vie et mesures de la pauvreté en 2006, INSEE
2009

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

qu’un quart de la population mondiale a moins d’1,25 dollar par jour pour vivre,
qu’1,6 milliard de personnes n’a pas l’électricité et qu’un milliard n’a pas accès à
l’eau potable. Les pays développés ne sont pas épargnés : en France, 13,2 % de la
population en 2006 vivait en deçà du seuil de pauvreté (considéré par l’INSEE
comme 60% du niveau de vie médian soit 880 euros par mois en 2006)3 3. A l’heure
de la crise financière mondiale, de la montée du chômage et de l’exclusion, de la
persistance de la pauvreté, du changement climatique, des catastrophes naturelles
et humanitaires (Tsunami en Asie du Sud-est en 2005, séisme d’Haïti en janvier
2010), l’entrepreneuriat social semble donc plus que jamais d’actualité. Le succès
reconnu de formules innovantes apportées par des entrepreneurs sociaux, dont les
exemples les plus probants et les plus connus, sont ceux du microcrédit développé
par Muhammad Yunus avec la Grameen Bank ou encore du commerce équitable,
donne une nouvelle perspective d’avenir à la lutte contre les problèmes sociaux.

Selon Alex Nicholls (2006)4, s’il y a toujours eu des organisations poursuivant des
missions sociales, la nouveauté réside dans le changement d’échelle (la Grameen
Bank octroie près de 2,4 millions de microcrédits au Bangladesh et en Afghanistan),
le caractère systémique du changement (le commerce équitable a permis une
modification profonde dans les modes de consommation de nombreux clients) ainsi
que dans la grande diversité des approches et des solutions proposées. Plus
encore, la crise financière mondiale de 2008, dont le monde est loin d’être sorti,
semble remettre en cause en profondeur le capitalisme débridé qui l’a précipitée.
L’entrepreneuriat social peut dès lors s’afficher fortement comme une alternative
complémentaire et nécessaire à l’économie de marché et au capitalisme traditionnel.
Dans un contexte où les solutions apportées par les Etats ou les organisations
caritatives ne semblent pas, seules, assez efficaces, l’entrepreneuriat social apparaît
comme un thème majeur, qui mérite largement que l’on s’y intéresse. Fort de son
développement et d’exemples de réussite dans la pratique, le concept
d’entrepreneuriat social a commencé à être, depuis une vingtaine d’année, un objet
d’étude du monde académique et des acteurs du mouvement. Aussi, même s’il peut
renvoyer à des réalités plus anciennes, l’entrepreneuriat social fait figure de notion
en émergence ; et la recherche à son sujet s’inscrit souvent au croisement des
cadres théoriques du « management non profit » et de l’entrepreneuriat. Comme
toute notion jeune, ses contours sont encore mal définis : le terme a souvent été
employé pour désigner des choses aussi différentes que l’émergence
d’organisations dans le secteur « non profit », l’adoption par le secteur « non profit »
de stratégies pour gagner ses propres revenus, ou encore des attitudes socialement
responsables d’entrepreneurs classiques. La certaine confusion qui règne autour du
concept et le caractère relativement nouveau de la recherche dans le domaine
justifient donc, aussi, l’intérêt que l’on souhaite y porter dans ce mémoire. Mais si un
consensus sur les délimitations de l’entrepreneuriat social n’est toujours pas acquis,
il n’en reste pas moins que, pour tous les auteurs ou acteurs, l’entrepreneuriat social
apparait comme un nouveau paradigme dans le secteur de l’économie sociale ou «
le secteur de ». Le concept d’entrepreneuriat social associe deux termes qui sont
traditionnellement jugés comme contradictoires : l’entrepreneuriat et le social. Le bon
sens conduit en effet à penser, que l’entreprise, intrinsèquement destinée à gagner
des profits, n’est pas la mieux placée pour remplir une mission sociale.
3
Godefroy, Pujol et al, Inégalités de niveau de vie et mesures de la pauvreté en 2006, INSEE 2009
4
NICHOLLS, A. (2006), Introduction. In Social Entrepreneurship, New Models of Sustainable Change, édité par Alex Nicholls, Oxford University
Press

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

La deuxième notion au cœur de notre sujet, le business model, renvoie justement à


la manière dont une organisation opère, fondamentalement, pour créer de la valeur.
Thème également récent de la recherche académique, il a rarement été utilisé pour
caractériser les organisations de l’entrepreneuriat social. Il semble donc intéressant
de tenter de revisiter le concept de l’entrepreneuriat classique à la lumière de ce
nouveau modèle qu’est l’entreprise sociale. On devine dès à présent, dans la notion
d’entrepreneuriat social, la volonté d’associer l’économique et le social ; et la notion
de valeur sociale créée suggère un mécanisme de création de valeur. Le
rapprochement de ces deux notions nous a donc conduit naturellement à nous
interroger sur la problématique suivante : « Le défi de l‟entrepreneuriat social :
comment construire un business model à la fois pérenne et créateur de valeur
sociale ? ». Si l’on y regarde de plus près, la question formulée par cette
problématique contient une hypothèse : l’enjeu majeur de l’entrepreneuriat social
réside dans la construction d’un business model à la fois viable, pérenne et créateur
de valeur sociale. Cette considération, issue de la réflexion menée pendant la phase
d’appropriation du sujet, sera approfondie, pour être validée, par les deux premières
parties de notre travail, qui décortiqueront les concepts d’entrepreneuriat social et
les perspectives y associés. Enfin, la deuxième question soulevée dans ce mémoire
est celle qui est clairement exposée : comment réussir à construire dans
l’environnement marocain, faiblement adapté, a construire un model organisationnel
bien capable d’agir efficacement sur les problèmes sociaux et d’être
économiquement viable au même temps. En effet, la conciliation entre la logique
économique et la logique sociale semble être un équilibre difficile à trouver dans ces
structures, et l’on peut présumer que les entrepreneurs sociaux doivent adopter des
business modèles innovants et une démarche nouvelle dans la construction de leur
business model. Quels sont, dans la démarche particulière de l’entrepreneur social,
les éléments qui peuvent être considérés comme des facteurs de réussite ? Quelles
spécificités de ces business modèles de l’entrepreneuriat social peuvent expliquer
un succès qui n’était pourtant pas assuré, étant donné la difficulté supplémentaire
due à la conjugaison entre performance économique et mission sociale ? Ce sont
les questions auxquelles nous tenterons de répondre dans un troisième chapitre, en
tirant les enseignements de l’expérience de trois entreprises sociales françaises.
Ainsi, voici comment s’articulera, de manière plus précise notre plan. Nous
chercherons, dans un premier chapitre, à définir le sens du concept de
l’entrepreneuriat social afin de bien comprendre à quelle dynamique il fait référence.
Nous replacerons son utilisation dans son contexte d’émergence historique et nous
attacherons à faire une revue de littérature existante afin d’identifier ce qui peut, à
notre sens, faire l’essence de l’entrepreneuriat social, et ce qui le distingue ou le
rapproche de l’entrepreneuriat classique. Enfin, notre deuxième chapitre s’attachera
à revisiter le les perspectives et les enjeux mis en jeu afin de l’appliquer à
l’entrepreneuriat social, dont nous aurons dessiné les contours dans le premier
chapitre. Ce chapitre nous conduira à pouvoir dégager les défis et obstacles
principales rencontré par des entrepreneurs et entreprises sociaux.

Enfin, nous chercherons dans un troisième temps à identifier des points communs
dans la démarche des entrepreneurs sociaux et des spécificités communes de leur
business plans, qui puissent être considérés comme des leviers de succès. Pour ce
faire, nous nous appuierons sur l’expérience de quatre organisations marocaines,
dont nous verrons qu’elles répondent à notre conception de l’entrepreneuriat social.

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Méthodologie

Dans ce travail de recherche, nous avons adopté la méthodologie suivante. Il


s’agissait d’abord de bien saisir et comprendre le concept d’entrepreneuriat social,
ce qui n’était pas une mince affaire, tant cette notion est assujetti à de nombreuses
interprétations. Nous avons donc cherché à réaliser une revue de la littérature dans
ce domaine ainsi que sur le thème de l’entrepreneuriat classique ce qui va nous
aider à bien distinguer les deux notions. Cette revue de la littérature est bien
entendu loin d’être exhaustive mais tente de mettre en valeur les différentes
approches, tant de la part des auteurs que des acteurs et praticiens. En nous aidant
de la recherche existante, nous avons également tenté de récapituler l’évolution de
la définition et compréhension du terme « entrepreneuriat social ». Après cela nous
essayons d’analyser a travers les exemples connus, les apports positifs de
l’entrepreneuriat social tant pour la situation économique d’un pays que pour le tissu
social. Nous traitons aussi le cas particulière du Maroc en faisant sortir en quelque
sorte les conditions et principaux éléments a la base de l’essor de cette notion de
l’entrepreneuriat social sans oublier aussi de mentionner les défis les plus
pertinentes pour un entrepreneur social au Maroc. Cette analyse en particulière a
été difficile voire le quasi absence de données fiable concernant la situation de
l’entrepreneuriat social au Maroc et l’activité des entrepreneurs sociaux souvent
placées dans les rangs des associations et des ONG. Cette problème trouve d’une
manière ou l’autre son origine dans l’inexistence de législations et règlements visant
l’entrepreneuriat social comme un domaine unique et non pas une extension de
l’association ou bien l’action sociale de l’entreprise.

Notre deuxième axe méthodologique a été l’étude qualitative de quatre cas


d’entreprises sociales : Association Al- Jisr, Amicale Marocaine des Handicapés, La
Solidarité Féminine et L’INSAF. Les deux premières parties du travail nous ont
permis de mieux appréhender les problématiques de l’entrepreneuriat social et
d’identifier dans la littérature des éléments de réponses à la question des moyens
utilisés: innovation, créativité, partenariats, réseau. En analysant les informations sur
ces entreprises, nous avons cherché à obtenir nos propres réponses en faisant un
lien entre la revue de littérature et la situation actuelle. L’échantillon d’entreprises
choisies est volontairement hétéroclite (secteurs d’activité divers, fonctionnements et
statuts différents) pour mieux embrasser l’entrepreneuriat social dans son ensemble.
En aucun cas cependant, notre étude ne se veut exhaustive et généralisable :
l’échantillon choisi, trop réduit, ne le permet pas. Notre démarche s’inscrit plutôt
dans une recherche qualitative et cherche à apporter des pistes de réflexion qui
pourront éventuellement servir à faire avancer la connaissance du sujet.

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Chapitre 1 : L'entrepreneur social: La


solution innovatrice à la maîtrise des
contraintes é conomiques et problè mes
sociaux.

Apparu dans les années 90, l’entrepreneuriat social, c’est avant tout une entreprise.
Il désigne toute initiative privée dont la finalité sociale (réponse à un besoin social)
est supérieure ou égale à la finalité économique (lucrativité). Les entrepreneurs
sociaux sont des individus qui portent des solutions innovantes à des problèmes
pressants de la société. Ils identifient des approches innovantes pour résoudre des
problèmes qui apparaissaient souvent comme insolubles. Ces entrepreneurs ont ou
développent la capacité à apporter des solutions concrètes, et à concilier l’approche
économique avec des objectifs sociaux. En incarnant un modèle alternatif viable,
l’entrepreneuriat social agirait donc comme un vecteur de changement 5.

Le domaine grandissant de l’entrepreneuriat social ne cesse pas d’attirer l’attention


et la réputation. Le terme apparait dans les journaux, dans les discours politiques et
économiques et c’est devenu un sujet commun dans les universités (il existe même
des facultés entièrement consacré à l’étude et recherches sur l’ES).
L’entrepreneuriat social est aussi au cœur de stratégie de plusieurs organisations
social, y inclus les fondations Ashoka6 , Schwab7 et de Skoll8 . La raison pour cette
succès en plein croissance est du d’un certain degré au travail des entrepreneurs
5
http://www.skema-bs.fr/lists/skemabranding-skemacommuniquepresselist/290512-entrepreneuriat-social.pdf
A propos de SKEMA Business School : Avec plus de 6000 étudiants et 23 000 diplômés, SKEMA Business
School est une école globale qui, par sa recherche, ses programmes d’enseignement, sa structure multi sites
internationale forme et éduque les talents dont ont besoin les entreprises du XXIe siècle. Désormais, l’école est
présente sur 6 sites : 3 en France (Lille, Sophia-Antipolis, Paris), 1 en Chine (Suzhou), 1 au Maroc (Casablanca)
et 1 aux Etats- Unis (Raleigh)
6
Ashoka's mission is to shape a citizen sector that is entrepreneurial, productive and globally integrated, and to
develop the profession of social entrepreneurship around the world. Ashoka identifies and invests in leading
social entrepreneurs—extraordinary individuals with unprecedented ideas for change in their communities—
supporting them, their ideas and institutions through all phases of their careers. Ashoka Fellows benefit from
being part of the global Fellowship for life. Ashoka's vision is that of a global society that is able to respond
quickly and effectively to social challenges everywhere. Ashoka does not accept government funding; business
entrepreneurs and their foundations, corporations, individuals and volunteer chapters finance Ashoka's work.
7
La fondation Schwab pour l'Entrepreneuriat Social à été créé en 1998 par le Prof. Klaus Schwab et sa femme
Hilde pour promouvoir l'innovation social partout dans le monde. Les deux sont aussi les fondateurs du forum
Économique Mondial (World Economic Forum) en 1971.
8
La Fondation Skoll à été créé en 1999 par Jeff Skoll, co-fondateur d’eBay. La fondation à pour mission
d'inciter les grands changements par l'investissement dans les projets des entrepreneurs sociaux et d'autres
innovateurs qui cherche à résoudre les problèmes les plus pressants du monde.

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

social et la raison pour laquelle ils les font ainsi que leurs histoires remarquables. Si
les gens sont attirés par l’entrepreneuriat social, c’est aussi grâce a l’intérêt qu’ils
portent aux entrepreneurs sociaux comme Mohammed Yunus, lauréat de Prix Nobel
en 2006 pour la transformation radicale qu’il a apporté aux communautés
Bangladesh a travers le microcrédit. Mais l’intérêt de l’entrepreneuriat social
dépasse le phénomène de la popularité et la fascination. Il cherche a entrainer un
changement social tout en améliorant l’équilibre économique, ce qui lui mets à part
des autres.

Cependant toute introduction à l’entrepreneuriat sociale doit commencer avec la


définition du terme entrepreneuriat car si la notion de l’entrepreneuriat reste flou, la
modification donc, du terme avec la descriptive social, n’abouti pas à grande chose.

1.1 L'entrepreneur et l'entrepreneuriat


Le mot entrepreneur sous-entend plusieurs choses selon les critères de la recherche
faite. Ce mot qui est d'origine français et qui est définie selon le dictionnaire Petit-
Robert comme celui qui entreprend. Le nom entrepreneur est couramment employé
pour désigner qui entame un projet de création d'entreprise ou comme est à la mode
aujourd'hui pour décrire un milliardaire (souvent très jeunes) qui a réussir un projet
innovateur au bout d'un certain temps (< de 5 ans au moyen). Cette notion est
toujours vraie si on se concentre sur des entreprise de silicone vallée ou les "start-
ups" les plus connus du monde.

Pourtant l'entrepreneuriat et l'entrepreneur englobe beaucoup plus que ça. Au début


de l'avancement de ce mouvement, les économistes ont essayés de définir
l'entrepreneur, de lui situer dans un cadre spécifique et d'une certain caractéristique.
Commençons, dans les milieux français avec Cantillon (1755) et Say (1803)
l'entrepreneur était non seulement celui qui saisit une opportunité en vue de
réalisée un profit, mais qui en assure les risques puisqu'il investit son propre
argent.9
En 1921, l'économiste Américain John Knight a repris également la dimension de
l'incertitude et de risque calculée associée à ce type d'approche.

Néanmoins, nous devrons néanmoins attendre jusqu'au 1947 pour évoluer notre
compréhension de l'entrepreneuriat grâce à l'école Autrichienne et particulièrement
Joseph Schumpeter10. Pour lui, l'entrepreneur est un innovateur, un créateur, un
agent du changement. Il insiste profondément sur l'aspect innovateur de l'esprit
entrepreneurial et sur la participation active de l'entrepreneur au développement
économique par ce qu'il appelle "la destruction créatrice" du système capitaliste.
Il précise davantage que "l'entrepreneur n'est ni nécessairement l'apporter de
capitaux ni l'inventeur ". Il est plutôt celui qui met en œuvre de nouvelles
combinaisons pour apporter un changement.
9
D’après COSTER, M (2003) Entrepreneur et Entrepreneuriat, Cadres et Entrepreneuriat, Mythes et Réalités,
sous direction de F. DANY, Les cahiers du GDR Cadres, Lyon, Acte de la Journée du 6 Juin 2002
10
SCHUMPETER, J. (1942) Capitalism, Socialism and Democracy

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Une autre approche de l'entrepreneuriat est celle qui place le concept d'opportunité
au cœur du problème. Se basant sur la pensée autrichienne moderne (avec
notamment Kirzner11(1973)) les auteurs Shane et Venkataraman(2000) vont suivre
avec un approfondissement de l'approche entrepreneuriale comme la détection et
l'exploitation d'une opportunité; l'entrepreneuriat est ici, " un processus par lequel
des opportunités à créer des produits et des services futurs sont découvertes
évaluées et exploités".12
Dans une perspective plus psychologique, un certain nombre de chercheurs se sont
également intéressés à la personnalité et au comportement de l'entrepreneur:
besoin d’accomplissement, d’indépendance et de liberté, goût d’entreprendre et de
diriger, prise de risques, sont les principaux traits qui lui sont associés. Cette
approche par les traits semble insuffisante à certains auteurs. A l’image de Gartner,
qui dans un article publié en 1989 13 , suggère d’étudier ce que fait l’entrepreneur, et
insiste sur la création d’une organisation : " La recherche sur l’entrepreneur devrait
se focaliser sur ce que fait l’entrepreneur et non ce qu'il est ". Dans cette approche,
l’entrepreneuriat renvoie à un processus de création d’une organisation (c'est-à-dire
aux activités qui permettent au créateur de combiner des ressources pour
concrétiser l’opportunité en un projet ou une organisation). Néanmoins, il est
intéressant de remarquer que, quelle que soit la définition donnée à
l’entrepreneuriat, la dimension liée à la personnalité de l’entrepreneur est toujours
présente.

Enfin, beaucoup d’auteurs, à l’instar de Bruyat 14(1993) traitent l’entrepreneuriat à


partir de l’acte d’entreprendre impulsé par un auteur principal (l’entrepreneur) qui
parcourt un processus lui permettant, en cas de succès, de créer une entreprise
susceptible de prendre peu à peu son autonomie. La conception de Bruyat s’inscrit
dans ce qu’on peut appeler « une dialogue individu/création de valeur », qui lie
fortement l’entrepreneur caractérisé par un engagement personnel fort et son projet
ou organisation émergente. Pour le grand auteur américaine de management, Peter
Drucker dans son livre Innovation and Entrepreneurship 15(1985) avance l'idée que, il
ne s'agit pas de psychologie ni de caractérisation de l'entrepreneur mais plutôt des
actions et comportements de ce dernier. Il présente la notion de l'entrepreneuriat
d'un point de vue pratique. D'après Drucker, l'innovation et l'entrepreneuriat sont des
tâches organisés et systématique. Créer une entreprise pour lui donc, n'est ni
nécessaire ni suffisant pour être entrepreneur. Il avance aussi l'idée que
l'entrepreneuriat n'exige pas forcément un motif pécuniaire en donnant l'exemple de
la création du système universitaire moderne et lus particulièrement celui de
l'Amérique du Nord. (G. Dees, 1998)

Finalement, on s'appuie sur la recherche de théoricien de l'entrepreneuriat de


Harvard Business School, Howard Stevenson et l'axe nouveau qu'il ajoute, celui de
terme anglais "ressourcefulness". Un élément qui lui différencie des recherches
antérieurs basés sur l'opportunité(1994) "la poursuite d'une occasion qu'elles que
11
Kirzner, Israel.(1973) Competition and Entrepreneurship. Chicago: University of Chicago Press
12
SHANE, S. ; VENKATARAMAN, S. (2000), The promise of Entrepreneurship as a field of research,
Academy of Management Review , cité dans LOUE, C. ; LAVIOLETTE, M. (2006), Les compétences
entrepreneuriales : définition et construction d'un référentiel, in CIFEPME (Congrès International Francophone
en Entrepreneuriat et PME), HEG Fribourg Suisse, 25-27 octobre
13
GARTNER, WB. (1989), Who is an entrepreneur? Is the wrong question
14
BRUYAT, C. (1993), Création d’entreprise : contributions épistémologiques et modélisation, Thèse de
doctorat en Sciences de Gestion, Université Pierre Mendés France de Grenoble
15
DRUCKER, P. Innovation and Entrepreneurship (1985)

12
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

soient les ressources contrôlées". Pour essayer de concilier ces différentes


approches, on s'inspire du travail de Verstraete et Fayolle 16 (2005) ou ils mettent en
valeur quatre paradigmes permettant de cerner le domaine de recherche de
l'entrepreneuriat: l'opportunité d'affaires, la création de l'organisation, la création de
valeur et l'innovation. On peut conclure avec la distinction faite par Jones et
George(2008) entre l'entrepreneur et l'entrepreneuriat. Ils décrivent l'entrepreneur
comme celui qui constate des opportunités et décidé comment mobiliser les
ressources nécessaire pour produire des nouveaux biens et services. Ils définissent
l'entrepreneuriat également comme " la mobilisation de ressources pour profiter
d'une opportunité fournir des clients avec des nouveaux biens et services ". (Jones
and George, 2008. pg. 283)

1.2 Revue de la littérature et l’analyse perspective de la


terminologie associée à l’entrepreneuriat social.
L’essor de l’entrepreneuriat social s’explique par de nombreux facteurs qui ont été
mis en évidence dans la littérature internationale 17 et qui ont créé un terreau fertile
pour son développement. La prolifération des organisations évoluant dans le secteur
social a conduit à une concurrence accrue pour le financement et a rendu
nécessaire la recherche de nouvelles sources de financement, plus stables et plus
abondantes que les dons ou les subventions publiques. Le désengagement de l’Etat
dans certains secteurs s’est traduit par une croissance des besoins sociaux non
couverts. De plus, l’influence grandissante des ONG (Greenpeace, Amnesty
International, entre autres, sont désormais des organisations de poids avec
lesquelles les Etats doivent compter) s’est accompagnée d’une professionnalisation
de celles-ci, dans le cadre d’une demande nouvelle d’efficacité et de
responsabilisation des fonds. Enfin, on peut déceler une acceptation de plus en plus
présente des forces du marché et du pouvoir de la compétition, qui favorisent
notamment l’innovation et l’efficacité, pour répondre à certains besoins sociaux. Ces
différentes circonstances ont donc conduit les organisations du secteur social à
adopter des stratégies de positionnement sur de nouveaux marchés pour financer
leur activité sociale : en exploitant des opportunités lucratives dans leur cœur de
métier, l’intervention sociale. Ce qui consiste pour eux à développer des entreprises
rentables dans un autre métier, ou encore par des partenariats avec des entreprises
commerciales (Alter, 2006)18.

Bien que la notion de l’entrepreneuriat social semble jeune par rapport à


l’entrepreneuriat classique, nous allons examiner les termes et différents notions
principales souvent associées ou lier a l’entrepreneuriat social. Nous commençons
par l’économie sociale et solidaire pour clarifier ce qui est pour plusieurs et l’une et
la même chose. Puis nous traitons le sujet de social business, modèle économique
nouvelle qui adapte le système capitaliste pour le bien de la société. Loin d’être
synonyme de l’entrepreneuriat social, cette idée nouvelle avancée par Mohammed
16
VERTRAETE, T. et FAYOLLE, A. (2005), Paradigmes et entrepreneuriat, Revue de l’entrepreneuriat, vol 4,
n°1, 2005
17
BROUARD, F. (2006), L’entrepreneuriat social, mieux connaître le concept, Communication in 23ème conférence annuelle du Conseil
canadien des PME et de l’entrepreneuriat, Trois-Rivières, p.3-4
18
ALTER, K. (2006), Social Enterprise Models and Their Mission and Money Relationships In Social
Entrepreneurship, New Models of Sustainable Change, édité par Alex Nicholls, Oxford University Press, p.203-
211

13
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Yunus, lauréat de Prix Nobel de Paix en 2006 cherche à résoudre les plus grands
problèmes sociaux avec la performance entrepreneuriale tout en éliminant le
partage de dividendes. Finalement, on attaque les fondements et champ d’actions
des ONG’s, pionniers de travail social depuis plusieurs années.

1.2.1 L'Economie Sociale et Solidaire


Très souvent, certains auteurs et analystes font l'erreur d'associer ou assimiler
d'autres formes d'organisation économique ayant un caractère social à
l'entrepreneuriat social. Cela n'est pas toujours la réalité. Une entreprise peut avoir
des activités à titre sociale ou bien soutenir des programmes sociaux sans pour
autant être une entreprise sociale. De même, une organisation non
gouvernementale(ONG), qui décide d'entamer une activité commerciale pour
renforcer son budget, tant qu'elle n'embauche pas des travailleurs handicapés ne
peut être considéré comme un entrepreneur social. D'où viennent deux termes
fréquemment confondus avec le terme entrepreneuriat social: l'économie sociale et
solidaire (ESS).
Le terme d'économie sociale et solidaire regroupe un ensemble de coopératives,
mutuelles, associations, syndicats et fondations, fonctionnant sur des principes
d'égalité des personnes (1 personne 1 voix), de solidarité entre membres et
d'indépendance économique. Toutefois le premier terme de l'expression, celui de
l'économie sociale, se réfère plutôt à des organisations identifiées par leur statut et
occupant une place importante dans la vie économique (banques, mutuelles, etc.).
La notion d'économie sociale qui est née à la fin du XIXe siècle et s'est
progressivement structurée sous l'impulsion du socialisme utopique, du mouvement
ouvrier et du catholicisme social. Le deuxième terme, la notion d'économie solidaire,
se rapporte à des activités visant à expérimenter de nouveaux « modèles » de
fonctionnement de l'économie, tels le commerce équitable ou l'insertion par l'activité
économique.
Elles se distinguent à la fois des entreprises individuelles (par leur caractère
collectif), des entreprises publiques (ce sont des organisations privées) et des
sociétés de capitaux (elles réunissent des personnes avant de réunir des capitaux et
ne cherchent pas la rémunération de ces derniers). « Les membres de l’organisation
établissent entre eux une forme de solidarité : mutualisation des risques, mise en
commun des produits de l’activité, constitution d’une épargne commune, échanges
réciproques, etc. » (Jean-François Drapéri, 2009) 19
L'ESS peut aussi être définie comme une action collective, une mobilisation sociale
inspirée par trois mobiles qui sont les besoins socioéconomiques des populations (la
nécessité), les aspirations de ces derniers a une identité propre (identité), l'horizon
partagé d'une vision démocratique et équitable (projet de société). On peut
caractériser l'ESS comme une nouvelle manière d'entreprendre bien différente de
celle de l'entrepreneuriat social, qui cherche à réconcilier la logique économique et
l'esprit entrepreneurial avec l'utilité social. L'économie sociale et solidaire d'un autre
côté résulte d'une association volontaire d'acteurs poussés par un même objectif
parfois, mais non pas forcément social. Cette vision repose sur trois dimensions
suivantes:

19
DRAPERI, J-F. (2009), Economie Sociale, Alternative Economiques Hors-série pratique n°38 bis, mars 2009

14
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

La dimension sociale - Besoins socio-économiques, socio culturels et socio-


politiques de se regrouper dans les organisations démocratiques.
Dimension économique - affronter le marché par la production de biens et services.
Dimension politique- la pluralité d'engagements citoyens avec des mobiles socio-
politiques divers.

Lorsqu’on parle d’économie sociale et solidaire, c’est donc généralement pour


désigner des organisations qui recherchent davantage une amélioration sociale ou
environnementale qu’un gain financier, et qui respectent les principes directeurs de
gestion démocratique, d’utilité collective ou sociale du projet, de mixité des
ressources, et de non-lucrativité individuelle

Les acteurs de l’ESS définissent plus généralement cette notion comme une «
alternative au libéralisme ». Il serait pourtant hâtif d’assimiler totalement
l’entrepreneuriat social à la création d’organisations dans ce que l’on appelle le
secteur de l’économie sociale et solidaire. Même s’il peut s’appliquer à des réalités
plus anciennes, le terme « entrepreneuriat social » est beaucoup plus jeune que
celui d’« économie sociale » : c’est seulement dans les années 1990 qu’il
commence à connaître un écho significatif des deux côtés de l’Atlantique. Il semble
renvoyer à un nouvel élan, une nouvelle dynamique, allant au-delà des
considérations liées au statut juridique des organisations ou au projet politique.

Dans sa note de janvier 2007 20, le Collectif pour le Développement de


l’Entrepreneuriat Social (CODES), un regroupement né en 2006 d’une vingtaine
d’acteurs de l’entrepreneuriat social (entrepreneurs sociaux, accompagnateurs,
institutionnels, ou bailleurs de fonds...) nous précise que « la notion
d’entrepreneuriat social ne vient pas remplacer, concurrencer ou menacer celle
d’économie sociale et solidaire » et qu’elle est au contraire « une opportunité de
développement pour le secteur ». Le CODES estime ainsi que si l’entrepreneuriat
social d’un côté et l’économie sociale et solidaire de l’autre ont en commun de
penser et vivre autrement l’économie, ils constituent deux niveaux distincts mais
complémentaires d’observation. « L'économie sociale et l'économie solidaire
incarnent une vision plus historique, plus politique, plus institutionnelle ;
l'entrepreneuriat social privilégie une lecture plus empirique, plus pragmatique et
plus centrée sur les projets (et ceux qui les portent). » Nous voyons donc que
l’entrepreneuriat social vient enrichir le secteur plus large de l’économie sociale et
solidaire, mais c'est nécessaire de poser des questions sur ses fondements, ses
champs d’action et plus important encore, les avantages de cette nouvelle manière
d'entreprendre.

20
CODES (2007), La Note du Codès, n°1, Janvier 2007

15
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

1.2.2 Le Social Business

Il existe un vaste nombre d'expressions pour désigner les entreprises dont le cœur
de l'activité est la vocation sociale. Bien que certaines notions soient proches je tiens
à éclaircir le concept du social business en le différenciant avec celui de
l'entrepreneuriat social.

Un social business n'est pas de l'entrepreneuriat social. Bien que l'objectif entre les
deux semble le même, il n'en est rien. En effet, dans les deux cas les créateurs
d'entreprise apportent des solutions innovantes et concrètes dans le but de concilier
l'approche économique avec des objectifs sociaux. Cependant un social business
est un type de structure bien spécifique - pas de perte, ni de dividende avec un
objectif à visée social. Le professeur Yunus insiste bien sur le fait que la structure
d'un social business est unique ce qui le rend bien distinct 21.

Alors Le Social Business, de quoi s'agit-il?

Ce terme qui a des allures de projet philanthropique n’a pourtant rien à voir du tout
avec de la charité! Avant toute chose, un social business, ou si vous préférez une «
entreprise sociale », est une entreprise! Oui, une entreprise comme toutes les
autres. C’est à dire que contrairement aux associations, fondations ou autres
organismes à but non lucratif dépendantes de financements extérieurs, un social
business est une entité auto-suffisante financièrement qui n’a besoin de personne
pour exister. Cette nouvelle forme d’activité économique a été mise sur le devant de
la scène par le Prix Nobel de la Paix 2006, Muhammad Yunus, également pionnier
du micro crédit, dans le but de proposer une alternative au système actuel du tout-
profit et ainsi en quelque sorte renouveler le capitalisme, en rendant à l’Homme sa
place centrale.

C'est un modèle économique que développe depuis quelques années la Grameen


Bank, fondée par Muhammad Yunus, en association avec d'autres entreprises.
Monter un social-business peut aussi bien être l'affaire d'un individu, que celle d'une
petite, moyenne ou grande entreprise. "Il s'agit de créer une entreprise dans le but
non pas de maximiser ses profits mais de résoudre un problème de santé publique
ou d'environnement", a rappelé le Prof. Yunus, à Paris pour la sortie en français de
son livre "Pour une économie plus humaine. Construire le social-business". Le
principe est simple : pas de perte ni de dividende. Autrement dit, il faut que
l'entreprise soit suffisamment rentable pour être durable et ne pas dépendre des
aléas de l'aide extérieure des ONG ou des organisations internationales. Mais il faut
aussi qu'elle soit libérée de la pression actionnariale et donc de l'exigence de
maximisation des profits pour pouvoir offrir des prix abordables. Comme le résume
21
Villepin, Jean L'observateur de social business, octobre,2011: http://socialbusiness
obs.blogspot.com/2011/10/le-social-business-et-lentrepreneuriat_31.html

16
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

son ami Michel Rocard, "le social business, c'est la logique d'économie marchande
et capitaliste mais sans la distribution de dividendes". Pour l'ancien premier ministre
Français, ce modèle est la preuve que "l'on peut vivre dans une économie de
marché de manière non cupide".

Un exemple d'un social business reussi22

Cela semble certes idéaliste, mais de grandes entreprises ont d'ores et déjà tenté
l'expérience, qui s'est avérée souvent fructueuse. Yunus a en effet monté des joint
ventures au Bangladesh avec des groupes aussi bien français, comme Veolia et
Danone qu'allemands (BASF, Adidas), japonais (Uniqlo) et américains (Intel). C'est
sûr que le concept contredit les principes de la théorie classique de l'économie qui
veut que l'intérêt général résulte de la poursuite par chacun de son propre intérêt
individuel, c'est-à-dire de la maximisation de ses profits. Mais Yunus se présente
comme la preuve vivante du contraire. Le prix Nobel a créé une cinquantaine
d'entreprises, allant du textile à la formation, en passant par la construction ou la
high-tech. Et pourtant : "je ne détiens pas la moindre action, a-t-il déclaré. Pourquoi?
Parce que je ne les ai pas créées pour gagner de l'argent mais pour résoudre des
problèmes. Les hommes ne sont pas des machines à gagner de l'argent. L'humain
peut aussi être désintéressé. Le succès ne se mesure pas forcément qu'en termes
d'argent mais aussi en termes d'impact. Or cet aspect est absent de la théorie
économique."

Comment ça marche ?

Le projet pilote que mène actuellement Veolia Environnement au Bangladesh illustre


bien le fonctionnement du modèle. Le pays est confronté à un vaste fléau de santé
publique : l'eau des puits est en grande partie contaminée à l'arsenic. Résultat, la
moitié de la population consomme une eau empoisonnée, soit "la plus importante
contamination de masse de l'histoire", selon l'OMS. Veolia décide de créer un social-
business pour s'attaquer au problème. "En tant que leader mondial de services
essentiels, Veolia a voulu apporter sa pierre à l'édifice des solutions pour améliorer
l'accès à l'eau potable", explique Antoine Frérot, PDG de Veolia environnement.
Ainsi, la multinationale française et la Grameen Bank créent en 2008 une société
pilote pour traiter l'eau de rivière et fournir de l'eau pure à deux villages. Yunus fixe
le prix, très faible, auquel l'eau devra être vendue. Pour compenser, le groupe
développe une activité complémentaire de vente de bonbonnes d'eau dans la
capitale, Dhaka. Ainsi, "la vente à un prix plus élevé de l'eau aux habitants de la
capitale permet de subventionner l'eau dans le village", explique Eric Lesueur,
directeur du projet. Le groupe vise un équilibre économique à l'horizon 2014-2015.

22
Article publiéeL'Expansion : http://lexpansion.lexpress.fr/outils/imprimer.asp?id=254453&k=5

17
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

C’est une entreprise qui a pour objectif d’apporter une solution à une problématique
sociétale en se fondant sur un modèle économique différent qui adopte une vision
plus globale de la création de valeur et se veut plus juste et éthique. Elle se contente
de couvrir l’ensemble de ses coûts, essaie de gagner de l’argent mais n’est tendue
exclusivement vers la maximisation du profit. Elle consacre ses bénéfices à la
diminution des coûts, et à la production d’avantages sociaux et elle ne rémunère pas
ses actionnaires, elle se contente juste de les rembourser à hauteur de leur
investissement.

Pour résumer, un social business, c’est une entreprise qui vise à être auto-suffisante
financièrement, si ce n’est rentable, dans le but d’atteindre un objectif de mieux-être
social et de maximiser son impact positif sur son écosystème. En incarnant un
modèle alternatif viable, le social business agit comme un véritable vecteur de
changement. Il faut toutefois savoir que les contours du concept restent flous et sont
sujets à controverse, ce qui n’enlève rien à la puissance du modèle dont le cœur fait
l’unanimité.

1.2.3 Les Organisations Non- Gouvernementales (ONG)

Le travail social au niveau international bien que locales, a été pour des centaines
d’années mis en avant par des organisations internationales non affilié a des
systèmes politiques ou pouvoirs de gouvernements. Dés la création de l’institut de
droit international en 1873, à Gand jusqu'à la fondation de Rotary International en
1904, les ONG internationales ont été importantes dans le mouvement
antiesclavagiste et le mouvement pour le vote de femmes.

Cependant l’expression organisation non gouvernementales n’est entrée dans le


langage courant qu’avec la création de l’Organisation des Nations Unies en 1904
avec les dispositions de l'article 71 du chapitre 10 de la Charte des Nations unies 23
qui donne un rôle consultatif à des organisations qui ne sont ni les gouvernements ni
les États membres.

La définition de "l'ONG internationale" (OING) est d'abord donnée dans la résolution


288 (X) de l'ECOSOC le 27 février 1950 : elle est définie comme «toute organisation
internationale qui n'est pas fondée par un traité international".

Cependant, l'expression organisation non gouvernementale n'est entrée dans le


langage courant qu'avec la création de l'Organisation des Nations unies en 1945
avec les dispositions de l'article 71 du chapitre 10 de la Charte des Nations unies6
qui donne un rôle consultatif à des organisations qui ne sont ni les gouvernements ni
les États membres.

La définition de "l'ONG internationale" (OING) est d'abord donnée dans la résolution


288 (X) de l'ECOSOC le 27 février 1950 : elle est définie comme «toute organisation
23
Charter Of The United Nations: Chapter X

18
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

internationale qui n'est pas fondée par un traité international". Le rôle vital des ONG
et d'autres "grands groupes" dans le développement durable a été reconnu dans le
chapitre 27 d'Action 217, conduisant à l'intensification des relations consultatives
entre l'ONU et les ONG24.

Les ONG jouent un rôle très important dans le développement des pays en touchant
la minorité des gens qui sont souvent négligée par la politique général du pays. On
ne peut pas aussi sous-estimer la grandeur de travail qu’ils fournissent en temps de
crise ou de guerre. Au Maroc aussi, leur impacte est ressenti dans plusieurs
domaines de développement tout en améliorant la situation sociale. La force des
ONG réside dans la proximité de leur travail, elles sont plus à l’écoute des besoins
de la population et de par leur action appelées à tisser des relations de partenariat
formelle ou informelle avec les bénéficiaires. La conscience des ONG de la limite de
leur intervention sur le terrain les incite à renforcer l’autonomie de la communauté et
sa capacité à prendre elle même en charge l’activité de développement.
25
L’action de l’ONG repose sur une légitimité culturelle car avant l’émergence du
l’Etat moderne suite à l’indépendance du pays, la communauté gérait elle même les
services sociaux de base. Les associations locales pour l’équipement des douars en
réseaux locaux de distribution d’eau potable ont bénéficié de l’adhésion de la
communauté à leur projet ; le tour d’eau dans les OASIS du sud est depuis toujours
géré par la communauté.

En 1997 on comptait 17 000 associations, le chiffre est estimé à 40 000 en 2004.


Une grande partie des ces associations sont actives dans un cadre local au niveau
d’une localité au un quartier. Les ONG marocaines sont actives dans tous les
domaines allant du sport et de la culture qui ont toujours été considérés comme des
domaines traditionnels de l’activité associatives, jusqu’à l’équipement et
l’infrastructure qui était jusqu’à ces dernières années du domaine protégé de l’Etat et
par la suite des attributions des collectivités locales. Actuellement des programme
du gouvernement réalisent des projets d’infrastructure de base en partenariat avec
les communautés via les associations communautaires qui sensibilisent, mobilisent
et assurent la participation financière de la communauté.

Les ONG ont joué un rôle très actif dans le processus de démocratisation du pays.
Les associations de droit de l’homme sont arrivées à imposer le discours du droit
humain sujet tabou pendant plus de trente ans et à lever le voile sur les dérapages
qui ont eu lieu pendant les années de plomb. Les actions entreprises par les
associations féminines ont abouti finalement au changement du code de la famille et
à l’acceptation de la reforme. Ils se sont aussi investis dans le domaine de la micro-
finance donnant ainsi la possibilité aux populations les plus défavorisés l’accès au
crédit, ce qui a permis à des milliers de pauvres de réaliser leur micro projets
encourageant ainsi la prise d’initiative chez les plus démunis.
24
1996/31. Consultative relationship between the United Nations and non-governmental organizations
25
Roukia Sairi, mardi 28 décembre 2004, par Collecte CND F.L
http://www.cecod.net/ponencia_roukia_sairi.pdf

19
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Le déficit énorme dans l’éducation et la santé à amené les ONG à s’investir dans
ces domaines.

1.3. Entrepreneur social: Critique de la définition


L'entrepreneuriat social est un phénomène qui gagne rapidement de réputation au
sein du monde des affaires et dans la société en général. C’est en fait un
phénomène ancien mais c'est la terminologie associée qui peut apparaître comme
nouvelle.
Nous avons toujours eu des entrepreneurs sociaux, même si nous les n'avons pas
appelé ainsi. Ils ont construit à l'origine de nombreuses institutions que nous
comptons aujourd'hui comme des acquis. Toutefois, le nouveau nom est important
car elle implique un effacement des limites sectorielles. En plus des
entreprises innovatrices à but non lucratif, l'entrepreneuriat social peut inclure des
entreprises commerciales avec des engagements sociaux, comme pour les banques
de développement à but lucratif et les organisations toute inclusive qui mélange un
besoin de fait un profit avec des objectives non lucratif, tels que les hébergements
pour les sans domicile fixe (SDF) qui commencent entreprises pour former et
employer leurs résidents. Le nouveau terme contribue à élargir le champ de
lecture. Les entrepreneurs sociaux chercher les méthodes les plus efficaces de
servir leurs missions sociales

L’expression « entrepreneuriat social » a commencé à être utilisée dans les années


1980 par une poignée d’individus impliqués dans des organisations citoyennes et de
développement international26. La notion d’entrepreneuriat social a commencé à être
conceptualisée avec l’apparition des notions d’entreprise sociale et d’entrepreneur
social.

Les progrès rapides réalisés par la science et la technologie du dernier siècle ont
contribué grandement à l’amélioration de la qualité de vie et au bien être dans
plusieurs sociétés. Ils ont également apporté avec eux de nombreuses
conséquences. La surpopulation, la pauvreté, la guerre, les maladies et la
détérioration de l’environnement, pour ne nommer que ceux-là, demeurent toujours
des défis importants à l’échelle planétaire.

Pour ces raisons et bien d'autres l'idée de l'entrepreneuriat social a été largement
adopté par cette génération comme il convient le mieux à notre époque. Il combine
une passion de la mission sociale avec une image de l'entreprise comme la
discipline, l'innovation et de détermination communément associée avec, par
exemple, les pionniers high-tech de la Silicon Valley.

26
A. Nicholls, Social Entrepreneurship, Oxford University Press (2006), p. 128

20
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

1.3.1 La Pluralité de la définition

Pour donner une définition au terme « entrepreneuriat social » il faut que nous nous
référions au paragraphe précédent, les définitions du mot «entrepreneuriat». Le mot
«social» donne justement une modification du terme «entrepreneuriat». Si
l'entrepreneuriat n’a pas un sens claire, puis le modifier avec sociale ne sera pas
accomplir beaucoup de choses.

Parmi les nombreuses définitions en existence, voici quelques-unes, plus ou moins


restrictives, qui ont été proposées :

« Le concept renvoie aux initiatives privées au service de l’intérêt général, adoptant


une démarche innovante, inventant de nouvelles réponses aux problèmes sociaux,
de nouvelles manières de mobiliser des ressources, adaptant certaines méthodes
utilisées dans la sphère capitaliste afin de servir une mission sociale » 27 (Chaire
Entrepreneuriat social de l’ESSEC, 2009)

« Les entrepreneurs sociaux sont des individus qui proposent des solutions
innovantes aux problèmes sociaux les plus cruciaux de notre société. Ils sont
ambitieux, persévérants, s’attaquent à des questions sociales majeures et proposent
des idées neuves capables de provoquer des changements à grande échelle. » 28
(Ashoka)

« Toute activité privée d’intérêt général organisée à partir d’une démarche


entrepreneuriale et n’ayant pas comme raison principale la maximisation des profits
mais la satisfaction de certains objectifs économiques et sociaux, ainsi que la
capacité de mettre en place, par la production de biens et de services, des solutions
innovantes aux problèmes d’exclusion et de chômage » 29 (OCDE)

« L’entrepreneuriat social renvoie aux initiatives qui s’appuient (au moins en partie)
sur des activités commerciales, ancrées dans le marché, pour prendre en compte la
fragilité humaine ou le lien social. »30 (Caisse des dépôts et AVISE)

« L’entrepreneur social est un visionnaire pragmatique, qui atteint des objectifs


larges de changement social grâce à une nouvelle invention, une approche
différente, un travail rigoureux empreint de vision stratégique […]. Il combine les
caractéristiques de Richard Branson et de Mère Teresa. »31 (Fondation Schwab
pour l’entrepreneuriat social)

Bien qu’il existe une multitude de définitions de l’entrepreneuriat social, certaines


constantes se retrouvent dans toutes les définitions :

27
PACHE, A. (2009), Entrepreneuriat social, Alternatives Economiques Hors-série pratique n°38 bis, mars
2009, p. 74-75
28
Ashoka, What is a Social entrepreneur?, www.ashoka.org/fellows/social_entrepreneur.cfm
29
Cité dans LAMARCQ, L. (2007) L’entrepreneuriat social : vers un management alternatif, Mémoire réalisé
dans le cadre du Master 1 Sciences de la Gestion, IAE de Lille, 2006-2007
30
PACHE, A. (2009), Entrepreneuriat social, Alternatives Economiques Hors-série pratique n°38 bis, mars
2009, p. 74-75
31
PACHE, A. (2009), Entrepreneuriat social, Alternatives Economiques Hors-série pratique n°38 bis, mars
2009, p. 74-75

21
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

A. La réalisation d’une mission sociale;


B. La volonté de générer des revenus et d’utiliser un modèle d’affaires;
C. La volonté d’innover via une approche entrepreneuriale;
D. La volonté de mettre en place des solutions durables.32

Et quelques mots représentant ses différentes facettes :

Identifie des problématiques ou des besoins sociaux par des citoyens soucieux
d’agir au servi de l’intérêt collectif dans le but de favoriser le changement et
l’innovation sociale
Met de l’avant une solution pragmatique et novatrice

Utilise des principes entrepreneuriaux pour créer et gérer une organisation

Fait preuve d’une éthique indiscutable

Travaille de pair et implique la communauté concernée dans le projet

Partage ses expériences afin de favoriser le transfert des connaissances

Réalise un projet aux retombées sociales et économiques durables.

Comme nous venons de le voir précédemment, il n’y a pas de définition unique de


l’entrepreneuriat social. Dans son acception la plus large, l’entrepreneuriat social
peut désigner tout développement privé d’un projet d’intérêt général : Les
entrepreneurs sociaux ont donc des parcours et profils très variés.

 On peut distinguer des divergences en terme de :

- Opérations : opèrent dans le monde marchand comme le monde non marchand,


si l’on prend son acceptation large ;
- Secteurs : social et médico-social, santé, services aux entreprises et aux
personnes, environnement, tourisme associatif et solidaire, culture, sport, éducation,
etc.
- Statuts : l’entrepreneuriat social n’est pas une affaire de statuts ; un entrepreneur
social peut aussi bien choisir une association, une fondation, une entreprise
adaptée, une coopérative, une mutuelle, ou une entreprise commerciale classique
(SA, SARL), selon que la nature de la structure s’adapte plus ou moins au projet qu’il
désire réaliser ;
- Tailles : des acteurs de poids comme le Groupe SOS en France qui fait travailler
près de 1700 salariés à la petite association unipersonnelle ;
- Ancienneté : sont plus ou moins anciennes ;
- Revenus : l’entreprise sociale est à distinguer de l’entrepreneuriat social ; une
organisation peut ne pas générer de revenus propres et être dépendantes de fonds
extérieurs mais adopter une démarche hautement entrepreneurial

32
Jeune Chambre de commerce de Montréal : L’entrepreneuriat social au Québec : pour un dynamisme social
axé sur l’initiative 2008

22
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Dans ses ressources, l’entrepreneur social innove en impliquant de nombreux


partenaires (salariés, bénévoles, usagers, organismes, pouvoirs public…) et de
nouveaux facteurs de productions (mécénat de compétences …)
Les modes d’organisation sont transformés et les modes de financement sont
particuliers (ressources propres, partenariat public-privé, mécénat, subventions
locales, fonds européens). Les associations (statut privilégié par les entrepreneurs
sociaux qui lancent leur projet) développe une culture de gestion inspirée du secteur
marchand (logiques de concurrence, risques économiques, apport de services
d’intérêt général…)

Pour conclure, il n’existe pas une meilleure définition et il ne serait peut-être pas si
intéressant de figer cette notion d’entrepreneuriat social car cela l’empêcherait
d’émerger dans sa diversité.
S’il faut retenir un trait principal, ce serait : entreprendre autrement en apportant une
réponse innovante à un problème social majeur.

1.3.2. Un enjeu pour l’avancement de la situation social.

Les défis de trouver les solutions efficaces et durables pour résoudre les problèmes
sociaux sont nombreux et la plupart du temps nécessite la finesse managériale
associée normalement à des grandes entreprises qui ont connus la réussite.
Néanmoins, les vraies solutions aux problèmes sociaux tels que la suppression de
pauvreté et des inégalités sociétales, requiert très souvent des transformations
fondamentales sur les axes politiques, économiques et sociaux 33. En dépit de
nombre énorme de publications que l’entrepreneuriat sociale, il existe toujours pas
trop d’information quantifiée ou qualitatif montrant en détaille les impactes des
entreprises sociaux et la durabilité des projet qui transforme la situation sociale.

Sur le plan social, l’urgence est grande, surtout au niveau mondial. David Bornstein
nous explique en partie les raisons de la mobilisation d’entrepreneurs sociaux 34.
«Depuis cinquante ans, la Terre a perdu un quart de ses sols et une tiers de sa
couverture forestière.
Au rythme actuel de destruction, nous verrons disparaître de notre vivant 70% des
récifs coralliens, qui abritent 25% de la faune marine. Au cours des trente dernières
années, un tiers des ressources de la planète ont été épuisées. Un rapport du
Conseil de renseignement américain prévoit que sur les douze années à venir nous
assisterons à une forte dégradation des terres arables, à une augmentation de gaz à
effet de serre […] Plus de trois milliards d’êtres humains vivront dans des pays
privés de ressources en eau. Parallèlement d’ici à 2010, cinq pays compteront à eux
seuls 50 à 75 millions de porteurs du VIH. »

33
Alvord et al. Societal Entrepreneurship and Societal Transformation, Harvard University
34
Source : David Bornstein, Comment changer le monde – les entrepreneurs sociaux et le pouvoir
des idées nouvelles, Editions la Découverte, Paris, 2005

23
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Quand on sait aussi que la moitié la plus pauvre de la population mondiale ne


touche que 5% de l’ensemble des richesses produites, cela donne à réfléchir et à
penser lorsque jour après jour, on regarde à la télévision les grands gagnants de
l’économie …

Des entrepreneurs sociaux ont alors décidé de ne pas attendre passivement que les
Etats résolvent les problèmes. Avec un esprit créatif, ils ont tourné le dos aux
schémas établis, et ont décidé d’inventer de nouvelles formes d’organisation afin de
se mobiliser pour trouver des solutions aux grands problèmes sociaux.

Il semble que les particularités de l’entrepreneuriat social soit leur double objectif,
social et économique :

a)L’entrepreneuriat social remplace les services sociaux :

Alors que les services sociaux visent à répondre à un besoin pour tous les citoyens,
sur la base d’une enveloppe gouvernementale, et ne cherchent pas à en tirer de
revenu, l’entrepreneuriat social touche une portion limitée de la population locale tout
en misant sur l’innovation et le rendement financier, sans être complètement
dépendant d’une enveloppe gouvernementale. Donc il ne s’agit pas d’une solution
miracle pouvant remplacer tous les services sociaux gouvernementaux

b) L’entrepreneuriat social est une forme d’activisme social :

L’entrepreneuriat social se distingue également de l’activisme social. Bien que ces


deux formes d’engagement partagent des motivations similaires, soit l’établissement
d’un équilibre social amélioré et stable, elles diffèrent en ce qui concerne l’orientation
de l’action. Contrairement à l’entrepreneur social, l’activiste essaie de modifier le
statuquo par des actions indirectes, par exemple via des groupes de pression, ONG,
etc.
La mise en place d’une organisation n’est pas centrale au sein de l’activisme social
au contraire de l’entrepreneur social.

c) L’entrepreneuriat social est une forme de responsabilité sociale des entreprises :

Bien que l’entreprise sociale et l’entreprise appliquant une politique de responsabilité


sociale, soient deux entités qui cherchent à avoir un impact positif sur la société, leur
raison d’être et leurs actions diffèrent substantiellement. Au niveau de la mission,
l’entreprise existe pour réaliser des profits et croître; elle juge qu’une implication
sociale améliorera cette croissance. L’entrepreneur social dédie quant à lui
l’entièreté de son entreprise à la réalisation de sa mission sociale. L’entrepreneuriat,
par l’initiative, l’innovation et la compréhension du milieu, est au cœur de l’entreprise
sociale, ce qui n’est pas nécessairement le cas dans le cadre d’une grande
entreprise socialement responsable. Ces différences auront entre autres un impact
substantiel sur le choix des acteurs et des bénéficiaires (lequel choix dans le cadre
de l’entreprise socialement responsable est souvent relié à la réalisation de sa
mission principale et à l’image qu’elle veut dégager), sur la durabilité de l’initiative,
sur l’innovation sociale qui peut se dégager de l’initiative, de même que sur la
manière d’évaluer la performance de l’initiative.

24
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

d) L’entrepreneuriat social est une nouvelle forme de coopérative :

La coopérative et l’entrepreneuriat social ont en commun la participation active de


plusieurs acteurs qui sont parties prenantes dans l’initiative sociale et qui
s’impliquent dans le but d’améliorer leurs propres besoins économiques ou sociaux.
Cependant, le bénéficiaire n’est pas nécessairement membre, propriétaire ou partie
prenante : il n’y aura pas automatiquement de lien économique avec l’usager dans
l’entreprise sociale. Une entreprise sociale peut donc prendre la forme d’une
coopérative, mais peut également prendre d’autres formes où les bénéficiaires ne
participent pas aux affaires de l’entreprise.

e) L’entrepreneuriat social est un synonyme d’économie sociale :


L’économie sociale et l’entrepreneuriat social convergent vers un même principe,
soit celui de créer une valeur ajoutée de nature sociale dans le cadre de l’action de
l’entreprise. L’économie sociale se définit par des statuts (associations,
coopératives, mutuelles, fondations) et des principes (“une personne, une voix”, non-
lucrativité individuelle, liberté d'adhésion, indépendance à l'égard des pouvoirs
publics).
L’économie sociale possède cependant ses caractéristiques propres :
• Une mission orientée vers ses membres ou la collectivité;
• Une structure décisionnelle et organisationnelle démocratique et participative
• Une emphase sur les personnes et le travail dans l’utilisation du revenu et du
capital.

La mission de l’entrepreneur social sera purement bienfaisant, alors que la mission


de l’entreprise d’économie sociale pourra avoir une mission autre (par exemple :
production de bière, production de spectacles, association d’individus) dans la
mesure où son orientation envers ses membres et ses principes de gouvernance
sont respectés. De plus, l’économie sociale insistera sur une gouvernance
démocratique et participative alors que l’entrepreneuriat social laisse à
l’entrepreneur le soin de choisir la structure qui favorisera le mieux l’entrepreneuriat,
l’innovation et la poursuite de sa mission sociale. Le graphique suivant présente les
interférences entre ses notions35

Figure 1:

35
Jeune Chambre de commerce de Montréal : L’entrepreneuriat social au Québec : pour un dynamisme social
axé sur l’initiative 2008

25
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Source : Jeune Chambre de commerce de Montréal : L’entrepreneuriat social au Québec : pour


un dynamisme social axé sur l’initiative 2008

f) L’entrepreneuriat social et les activités génératrices de revenu (AGR)

L’AGR est une gamme d’activités rentables d’auto-emploi permettant la survie et


l’amélioration de la situation des personnes pauvres. Leur objectif est économique
seulement car le retour d’investissement ne le concerne que lui seule. L’objectif
social est absent
Ainsi, l'entrepreneuriat social ne remplace pas les services sociaux ; ce n'est pas un
synonyme d’activisme social, de coopérative ou d'économie sociale, ni une forme de
responsabilité sociale des entreprises : il constitue une forme d’entrepreneuriat
distincte en soi.36

1.4. Comparaison entre l'entrepreneuriat classique et


l'entrepreneuriat social

Afin de mieux comprendre le concept, il est donc intéressant de les souligner et de


comparer les entreprises sociales avec les entreprises classiques dites aussi
économiques. Il est entendu que ces comparaisons ne servent qu’à illustrer le
propos et aider à la compréhension et ne se veulent pas exhaustives.

Les praticiens de l’entrepreneuriat social ont toujours existé, partout à travers le


monde. Comme ce fut le cas pour le champ de l’entrepreneuriat, les activités
entrepreneuriales sociales se sont d’abord développées parmi les praticiens avant
d’attirer l’attention des chercheurs.

36
http://www.scribd.com/doc/47449097/l-Entrepreneuriat-Social

26
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Il s’agit d’un concept présentant un double perspectif: entrepreneuriat et
37
social .La première facette est le composant entrepreneuriat. L’entrepreneuriat fait
référence  au démarrage d’entreprise, la création de valeur  pour  les  entrepreneurs 
qui  utilisent  l’innovation pour saisir des occasions d’affaires. Enfin, il y a une
mobilisation de ressources pour atteindre les objectifs visés. Et donc,
l’entrepreneuriat social, considéré comme une sous
thématique du champ de l’entrepreneuriat, c’est l’entrepreneuriat dans le contexte
social.

La deuxième facette est la composante sociale. L’élément central distinguant


l’entrepreneuriat social du classique, est sa mission sociale à accomplir. Sans cette 
mission,  il  n’y  a certainement pas d’entrepreneuriat social. La mission sociale est
combinée à une mission économique. Dans ce nouveau modèle d’entrepreneuriat,
le profit, considéré non comme une finalité (dans le
modèle classique), mais comme un moyen permettant de réaliser une mission.

Le schéma qui suit nous permet de faire ressortir les caractéristiques distinctes de
l’entrepreneuriat social ainsi que l’entrepreneuriat classique de manière simple et
claire.

Tableau 1 : Caractéristiques distinctes de l’entrepreneuriat social et


l’entrepreneuriat social

Entrepreneuriat classique Entrepreneuriat social


Mission Maximiser le profit des Créer du changement social
Actionnaires
Objectifs Créer de la valeur Créer de la valeur sociale et
économique. économique

37
L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL, MIEUX CONNAÎTRE LE CONCEPT, François BROUARD 23e Colloque annuel du
Conseil canadien des PME et de l’entrepreneuriat, Trois-Rivières, 2006

27
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Critères de réussite Profit dégagé Utilité sociale créée et viabilité


économique
Marché Répondre à des besoins Répondre à des besoins non-
Rentables couverts
Positionnement Logique concurrentielle Logique de complémentarité, de
partenariats et éventuellement
concurrentielle
Démarche Mettre tous les moyens au Moyens nécessairement
service de l’objectif cohérents avec le
principe d’action
Cibles Clients et actionnaires Bénéficiaires directs et indirects à
distinguer parfois du client (celui
qui paie effectivement le produit/
service)
Mode de Apport en capitaux des Mixité des financements.
financement actionnaires et Réinvestissement à 100% des
réinvestissement des profits bénéfices financiers
après rémunération des
actionnaires
Formes juridiques Sociétés à but lucratif Diversité des formes juridiques en
fonction de la mission, des
principes d’actions et des objectifs.
Gouvernance Modèle relativement Modèles plus ou moins complexes
standardisé. en fonction du statut.
Ressources Salariées Bénévoles, salariées,
humaines volontaires…

Chapitre 2: Les enjeux et perspectives


de l'entrepreneuriat social au Maroc

L’entrepreneuriat social marocaine dans le sens propre du mot n’as pas encore fait
l’objet des beaucoup de publications pour pouvoir en sortir une théorie,
méthodologie ou analyse distincte qui lui différencie de l’entrepreneuriat classique.
Par conséquent, les textes sur lesquels s’appuie notre recherche sont typiquement
de l’entrepreneuriat classique au Maroc et dans certains cas ceux des associations
marocaines et leurs champs d’activité.

28
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

2.1. L'apparition et développement de l'entrepreneuriat


social au Maroc
 
L’Entrepreneur a subi une évolution depuis l’indépendance, marocanisation oblige,
le pays a vu émerger une classe d’hommes d’affaires qui ont investi dans des
secteurs producteurs de richesse: textile, agro alimentaires, industrie légère. Mais
ces secteurs ne peuvent pas constituer les fondements d’une économie moderne
susceptible de créer la richesse et engager le pays dans un développement
économique et social généralisé et ceci en raison de la mentalité profonde et
dominante du commerçant marocain, prudent et frileux et privilégiant une économie
de rente sans prise de risque.
Cette situation a perduré jusqu’à 1990, date à laquelle on a instauré de grandes
réformes structurelles qui seront à l’origine de la croissance qu’à connu le Maroc
jusqu’aux nos jours.
Ces réformes ont conduit à des transformations certes progressives mais certaines
qui ont impulsés un réelle dynamique entrepreneuriale.
Cette dynamique a favorisé la genèse et le développement d’un certain nombre de
mutation au niveau de la nouvelle génération d’entreprise et d’entrepreneurs. Au
Maroc aujourd’hui, l’état soutien davantage des projets d’innovation au sens
institutionnel et administratif afin de promouvoir et de développer la culture
entrepreneuriale.

 Plusieurs motifs laissent penser que l’économie marocaine ne pourra se développer


sans entreprises et qu’il n’y aura pas d’entreprises sans entrepreneurs capables de
les pérenniser et de les développer. En effet, parler de l’entrepreneuriat au Maroc ,
c’est d’abord admettre les éléments suivants :

 Le potentiel entrepreneurial et social au Maroc existe


 L’entrepreneur est le fruit de son milieu socioculturel.
 L’environnement politique, social, culturel et économique est un facteur
déterminant pour diffuser, développer la culture entrepreneuriale et motiver
l’entrepreneur.

Aborder ces éléments nécessite de les replacer dans des perspectives multiples,
soit :

 Economique, a savoir liée a la stratégie de l’Etat en matière de promotion et


de la culture entrepreneuriale.

 Managériale, a savoir liée aux nombreux métiers et compétences mis en


place dans l’environnement des porteurs d’idées et de projets (acquisitions et
développement des habilites et compétences nouvelles…)

 Socioculturelle, à savoir liée aux éléments culturels de l’individu et de son


entourage immédiat (tout particulièrement la famille, les amis) et au milieu
scolaire, lesquels influencent fortement l’entrepreneuriat

29
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

 Psychologique, a savoir liée a la conscience, aux aspirations personnelles et


à l’épanouissement de l’entrepreneur (statut d’entrepreneur manager et statut
social)

Parler de L’entreprenariat au Maroc s’est d’abord admette la cohabitation  de deux


catégorie, formel (entrepreneuriat d’opportunité) et informel (entrepreneuriat forcé ou
de nécessité)
L’entrepreneuriat de la nécessité, qui, très souvent relève d’une forme d’auto emploi
«  entrepreneuriat de survie ». C’est-à-dire qu’une personne n’a finalement pas
d’autre choix que de créer son propre emploi généralement à domicile.
L’entrepreneuriat par opportunité relève d’une intention stratégique des personnes
qui ont déjà travaillé dans d’autre entreprises, et parce qu’elles ont cerné une
opportunité de marché, décident de créer leur propre entreprise. Généralement, ce
sont des personnes dotées d’expériences et d’un capital relationnel très développé,
ce qui est parfois aussi important que le capital financier.
Certes entreprenariat au Maroc bénéficie d’une certaine démocratisation. En effet, la
constitution prévoit la liberté d’entreprendre et la réserve à tous les citoyens.
Cependant, se situe dans un contexte chargé de multiples défis, l’accord
d’association avec les payés étrangers, la lourdeur des procédures administratives,
le manque de financement… exige la mise à niveau des pratiques du management
plus particulièrement dans les petites et moyennes entreprises souvent dirigées par
les « m’allem » (notons bien qu’au Maroc, les PME comptent plus que 90% sur le
tissu économique).

Dans ce cadre, des types d’entrepreneuriat sont apparues  et sont devenues très
dominantes au Maroc il s’agit du types: coopératif, associatif- solidaire et activité
génératrices de revenus.
Au voisinage et depuis l’adoption en 1983 de programme d’ajustement structurel, et
le lancement dans le vaste programme de privatisation, on a assiste à l’émergence
d’une nouvelle bourgeoisie commerçante et industrielle, porteuse de dynamiques
économiques et sociales innovantes : « l’émergence d’un nouveau groupe social, les
entrepreneurs privés, signifie-t-elle l’amorce d’un processus irréversible de
construction d’une société civile qui entend s’affirmer et s’organiser de manière
indépendante et autonome ? » (Tangeaoui, 1993). Cette catégorie participe d’une
mise en intrigue du changement politique dans le Maroc sous l’étendard de la « mise
à niveau » accords libre échange « EU » puis « USA » récemment avec la chine
sous la légitime de la transitologie régulièrement convoquée et qui s’inscrit le récit
réformateur avec ses héros et contre héros, dont il semble que les entrepreneurs
sont des figures de proue.
Entrepreneuriat social : Il a pour but la promotion du changement social il vise
a  bouleverser  les règles du jeu en créant des solutions innovantes qui satisfait des
besoins sociaux. Les combinaisons de ressources crées par les entrepreneurs
sociaux  privilégient l’impact social par rapport au profit. L’émergence de l’ES est
étroitement liée à l’idée que les individus sont multidimensionnels, ils sont plus que
des acteurs économiques qui maximisent le profit. Et si vous chercher une réponse
définitive à ce que c’est l’entrepreneuriat social vous risquez d’être déçu.
L’émergence de l’ES est porteuse de plusieurs promesses.

30
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Au sommet de l’iceberg représente un monde meilleur, affranchi de la pauvreté :


Combinaison efficacité en affaires et pensée entrepreneuriale pour résoudre des
problèmes sociaux. Dans les eaux profondes il y’a la promesse de redonner une
dimension humaine aux acteurs économiques, une nouvelle vision de l’économie qui
doit servir les hommes et non l’inverse et plus important d’agir en conséquence.
Mais il revient tout de même de se poser la question :
Pourquoi  l’entrepreneuriat social ? Et pourquoi maintenant ?
Et quel rôle pour ONG leurs subventions leur orientations marché ??
D’où parler le l’entrepreneuriat social au Maroc s’est encor prématuré.
Les caractéristiques principales de l’entreprenariat social, décrites dans diverses
ressources théoriques, sont les suivantes:

- Mission, formulée explicitement, de créer et de conserver la valeur sociale, et de


bénéficier aux communautés ;

- Haut degré de risque économique et d’autonomie dans les activités liées à la


production de biens et/ou à la vente de services ;

- Recherche de nouvelles opportunités et d’explorations de ressources


insoupçonnées afin de servir cette mission ;
 
- Recherche de modèles durables, en se basant sur une étude de faisabilité bien
élaborée ;
 
- Engagement constant dans l’innovation, l’adaptation et la formation ;
 
- Pouvoir de décision non basé sur la possession de capital ;
 
- Nature dénotant un certain degré de participation et de collaboration impliquant
diverses parties prenantes ;

- Distribution limitée des profits et quantité minimale de travail rémunéré ;


 
- Chaque individu a le pouvoir de faire changer les choses.
 
Les diverses mutations qu’à subit L’entreprenariat au Maroc ont été mises en
évidence par le Pr DRISS GUERRAOUI dans son enquête qu’il a mené auprès des
entreprises marocaines.
 
Il résulte de cette enquête (2009) que :
La principale raison avancée par les entrepreneurs enquêtés est la recherche de
l’indépendance et de la liberté d’agir(39% des cas), c’est là ou réside l’un des
grandes mutations sociologique et culturelles de l’entrepreneuriat au Maroc, c-à-d
que le choix d’entreprendre par les entrepreneurs enquêtés n’est pas du à une
difficulté de trouver un emploi mais ils ont préféré la voie de l’entreprenariat en
raisons des conditions qu’offre actuellement le Maroc au secteur privé et aussi par
leur propre esprit d’initiative.
 

31
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

 La volonté et la motivation, sources principales de l’Entreprenariat, en effet, on ne


peut pas devenir entrepreneur par hasard, il faut d’abord aimer son métier et être
engagé dans « l’aventure » entrepreneuriale pour pouvoir réussir.
 
Deux facteurs sont primordiaux pour un entrepreneur quel que soit son niveau de
formation. Le premier est lié à l’expérience dans le domaine où il entend exercer son
activité et deuxième porte sur le capital nécessaire au démarrage de son entreprise.
Ces deux facteurs doivent être accompagnés par une ferme volonté d’entreprendre
et un soutien de la famille et des proches. En effet L’entreprise nécessite des
moyens techniques et financiers qu’on ne peut pas acquérir par hasard.
 
Aussi, estiment-t-ils, l’intelligence et la bonne gestion, joint à un esprit
entrepreneurial et à la capacité de comprendre l’environnement dans lequel évolue
son entreprise, sont, également, nécessaires pour entreprendre.
 
Un entreprenariat en mal de rupture avec le réseau familial : Les résultats montrent,
en effet que les nouvelles générations d’entrepreneurs ont du mal à rompre avec le
réseau familial pour créer leurs propres entreprises (59,2% parmi les entrepreneurs
enquêtés, 65,8% chez les femmes et 55% chez les hommes ont affirmé s’être
appuyer sur l’aide de l’entourage familial et des institutions bancaires).

2.2 L’impact de l'entrepreneuriat social sur la société


Les paramètres de mesure traditionnels pour les entreprises et la réussite
entrepreneuriale se concentrent principalement sur la performance financière d'une
entreprise et sa capacité à survivre seule. En règle générale, ces mesures de
résultats des entreprises sont revenus, la rentabilité, les ventes, et le profit. ll est de
notoriété générale que dans le secteur à but lucratif, la valeur est mesurée ou
définie en termes financiers et le retour sur investissement (RSI) est l'indicateur le
plus important de nos jours. Bornstein et Davis (2010) ont convenu et a écrit qu'il est
possible d'évaluer la performance financière d'une entreprise à but lucratif avec un
seul instrument : la RSI de la société.

L'évaluation des performances pour les entreprises sociales


Pour les entreprises sociales, cependant, l'évaluation de la performance semble être
plus sophistiquée. Les indicateurs de performance traditionnels présentés ci-dessus
ne sont pas souvent adaptés pour évaluer la performance des entreprises sociales.
Même si ces mesures financières semblent être valides, fiables et comparables, ils
ont la tendance à ignorer les résultats sociaux et environnementaux ainsi que les
résultats économiques indirects. En raison du fait que les entreprises sociales
poursuivent des objectifs sociaux plutôt que des objectifs financiers, dont ils ont
besoin des mesures supplémentaires afin de démontrer leurs réalisations. Dees et
al. à écrit que les entrepreneurs sociaux doivent maintenant prouver leurs
réalisations avec "l'impact social mesurable» (2002, p.162).
Par conséquent, les entrepreneurs sociaux ont besoin pour évaluer la directe ainsi
que les résultats économiques indirects, social et environnemental.

32
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

2.2.1. L'impact sur l'axe économique


Les impactes directs de l'entrepreneuriat social inclus mais ne sont pas limités à la
création de revenu pour les employés, de nouveaux emplois créés, et les nouvelles
entreprises créées. Les résultats économiques indirects comprennent l'amélioration
des compétences personnelles, des emplois supplémentaires créés dans d'autres
sociétés (par exemple les fournisseurs), et une prospérité accrue de la communauté
locale.
Deux résultats économiques doivent être expliqué plus en détail: l'augmentation des
recettes fiscales pour le gouvernement local (un résultat économique direct) et les
économies dans les dépenses publiques (un résultat économique indirect). La
création de nouveaux emplois grâce à l'entrepreneuriat social ne bénéficie pas
seulement les employés, mais elle implique aussi des avantages pour le
gouvernement. À la suite de nouveaux emplois et l'augmentation des revenus
personnels, les gouvernements sont en mesure de réduire leurs dépenses pour la
sécurité sociale et les prestations sociales (Mair et al. 2006). En outre, les
gouvernements sont en mesure de percevoir plus d'impôts auprès des employés
ainsi que des entreprises. Ces deux indicateurs de résultats sont fréquemment
utilisés par les entrepreneurs sociaux afin de démontrer les effets de leurs activités.
Cependant, il est très chronophage et difficile à calculer les économies ou à
l'enlèvement d'impôt supplémentaire par le gouvernement.

2.2.2. L'impact sur l'axe social


Les résultats directs des activités entrepreneuriales sociaux impliquent souvent la
fourniture de nouveaux biens et services à la population, l'amélioration de la qualité
de la vie, et la réinsertion des personnes vulnérables dans la société. Les résultats
indirects comprennent les résultats sociaux de nombreux effets psychologiques tels
que l'augmentation des niveaux de confiance, l'indépendance, la satisfaction, la
responsabilisation, l'estime de soi et de meilleures compétences à travailler en
équipe.
L'entrepreneuriat social crée également des résultats environnementaux directs qui
peuvent être observés dans la rénovation de bâtiments anciens et à la réduction des
déchets non recyclés. Les résultats environnementaux indirects peuvent être
considérés dans une attractivité accrue de la région comme un lieu à vivre et à
visiter ainsi que des contributions à l’agenda du développement durable de la région
ou du pays.

Le tableau suivant résume les indicateurs de résultats mentionnés ci-dessus et


énumère quelques-uns de plus.

Tableau 2 : Les indicateurs de résultats de l'entrepreneuriat social


Direct Indirect
Les résultats  l'augmentation du revenu  l'amélioration des
pour les employés compétences personnelles
économiques  création de nouveaux et les perspectives
emplois d'emploi des salariés
 création de nouvelles  emplois supplémentaires
entreprises juridique créés dans d'autres
 augmentation du chiffre organisations (par
d’affaires exemple les fournisseurs)
 augmentation des recettes  accroissement de

33
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

fiscales des collectivités l'innovation et la créativité


locales dans la communauté
locale
 l’augmentation de flux
d'argent au sein de la
communauté locale
 l’économisations des
dépenses publiques
Les résultats sociaux  la fourniture de nouveaux  des niveaux accrus de
biens et de services à la confiance de l'individu, de
communauté l'indépendance, la
 amélioration de la qualité motivation, la satisfaction,
de la vie l'habilitation, l'estime de
 la contribution au capital soi, des réseaux, et les
social compétences à travailler
en équipe
 l'augmentation des
possibilités d'interaction
sociale
 amélioration du
dynamisme de la
communauté et la région
 communauté plus attirant
comme un endroit à vivre,
travailler et visiter
Les résultats  la rénovation de bâtiments  région plus attirant
anciens comme un lieu à vivre et
environnementaux  la régénération de visiter.
l'infrastructure physique  contribution à l’agenda du
 la réduction de déchets développement durable
non recyclés  contribution à la richesse
 lieu plus attrayant pour d'environnement régional
travailler
 contribution au capital de
l'environnement local
Source: Haugh, H. in Mair et al. (2006, p. 186-187 and 196-197)
   

2.3 Les défis et visions de l’avenir de l’entrepreneuriat social


Par les défis de la globalisation de l’économie et les nouvelles attentes des marchés
de capitaux à travers le monde, les entreprises social sont appelées à faire face à de
nouveaux enjeux et de nouveaux risques.
Les scandales financiers et les menaces qui ont ébranlé le monde économique ont
fait des soucis de bonne gouvernance une priorité absolue pour les régulateurs
mondiaux et locaux.

La PME-PMI de quelle au Maroc l'entreprise sociale fait parti constitue le centre


névralgique de l’économie marocaine, malheureusement, sa contribution reste
faible. Alors que plus de 90% des entreprises sont des PME 38, elles ne participent
qu’à hauteur de 20% de la valeur ajoutée créée. Pourtant, l’ensemble de ses
caractéristiques est en fait un type d’entreprise capable de remédier aux difficultés
38
En l’absence de statistiques fiables, ce pourcentage, reconnu par la majorité des rapports officiels demeure
approximatif vu le poids important de l’économie informelle au Maroc.

34
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

que doit surmonter l’économie nationale pour faire face aux enjeux de la
mondialisation. En effet, la PME constitue un véritable levier de développement mais
au Maroc sa situation reste mal cernée vu que la majorité de son tissu échappe au
secteur formel. Ceci la prive de certaines opportunités que peut lui offrir son
environnement.

2.3.1 Les défis et obstacles de l'entrepreneur social au Maroc

Au Maroc, malgré l’importance des entrepreneurs et de l’entrepreneuriat social, peu


de stratégies de développement du secteur privé offrent les moyens de découvrir et
développer les entrepreneurs potentiels ou de stimuler de nouvelles sources
d’entreprises social. Appelées à jouer un rôle de moteur de la croissance, les
entreprises social marocaines continuent, néanmoins, à se heurter à de nombreuses
contraintes, qui freinent leur développement.

Les trois grands défis sont :

- L’absence d’infrastructures pour cette forme d’entreprenariat : Dans la région,


rares sont les intermédiaires d’appui dont les entrepreneurs sociaux ont besoin pour
se développer et prendre de l’envergure : incubateurs, réseaux d’investisseurs
providentiels, fonds de réplication, etc.;

- Les cadres législatifs et réglementaires sont trop restrictifs : Les lois régissant


les marchés financiers doivent être modifiées si l’on veut inciter les fonds
d’investissement social à intervenir dans la région. De plus, la législation actuelle
freine l’autonomisation —à travers des modèles hybrides — des ONG, qui restent
donc fortement tributaires des bailleurs de fonds;

- Les traditions culturelles et les systèmes éducatifs n’offrent pas un


environnement propice au développement de cette forme d’entreprenariat :
Presque tout le monde s’accorde à dire que la pensée critique et les compétences
analytiques sont essentielles pour bâtir une nouvelle génération d’entrepreneurs
sociaux. Or les écoles de la région n’encouragent pas suffisamment cette forme de
pensée et ne permettent pas aux élèves de développer leurs capacités
de raisonnement. Il faudrait aussi mettre davantage l’accent sur les services
communautaires afin que les entrepreneurs en herbe s’attellent aux difficultés de
leurs communautés pour y apporter des solutions.39

De plus les défis auxquels fait face l'entrepreneuriat social sont ceux rencontrés par
les start-ups traditionnels dans le pays. Le financement est un pierre d'achoppement,
avec des obstacles bureaucratiques, manque de clarté et de la réglementation.
Ces entrepreneurs se trouvent en plus confronter à des obstacles qui entravent toute
promotion de l’entreprenariat tels :

39
Social Entrepreneurship: Why is it Important Post Arab Spring?

35
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

- Le manque de transparence dans les affaires et la permanence  des rentes et des


privilèges (des passe-droits, du clientélisme et parenté) constituent l’un des
obstacles majeurs à la promotion de l’entreprenariat ceci  se justifie par
l’existence de délit d’initiés  et d’accès inégal aux marchés. Ce qui pose toute la
problématique de la concurrence loyale entre les entrepreneurs (équité dans l’accès
à l’information, l’égalité de traitement pour bénéficier des crédits).
- L’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs demeure confrontée à la
persistance du fléau de la corruption qui lamine l’effort national de promotion de
l’Entreprenariat, affecte le rythme de la croissance, décourage l’investissement et
réduit les opportunités d’affaires.
- Les obstacles relatifs à la création des entreprises au Maroc,  le premier est lié au
cadre institutionnel et a trait à la bureaucratie et à l’existence de monopoles et de
chasses gardées, le deuxième type est à caractère économique et porte sur le coût
des facteurs et la qualité de la main d’œuvre.40

Tant que les réformes de l’administration et de la justice ne voient pas une mise en
œuvre effective et ne connaissent pas un rythme accéléré de réalisation, ni l’objectif
de promotion de l’entreprenariat ni celui de l’attrait des investissements directs
étrangers, ne pourront pas se concrétiser de façon durable et au niveau souhaité par
le Maroc.
 
 

Tableau 3 : Principaux obstacles que rencontrent les entreprises dans les
différentes étapes de la transition

40
Nehra AMARA, Zahra RAMADAN, Sonia BOUSHABA ; L’ENTREPRENEURIAT AU MAROC

36
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Etape 1 Etape 2 Etape 2 etEtape


3 3

FORMEL: fiscalité, la politique d'instabilité / incertitude, les règlements juridiques


• Des douanes et •Les changements • Non-transparence • Trop des permis
règlement relatifs fréquents de lois du gouvernement • Les normes comptables
au commerce • L'enregistrement des • droit commercial • L’information
entreprises d'affaires • Prestations de • Besoin des conseils
sécurité sociale spécifiques (marketing,
financière, psychologique)
• Manque de soutien de
l'Etat

INFORMEL :

• Attitude du • Corruption • Trop des contrôles fiscaux


Gouvernement • Bureaucratie • Mise en œuvre de la
• Mesures anti-corruption • Comportement de réglementation
• sécurité des affaires paiement des clients • Motivation /qualité
• Manque d'une attitude éthique de la main d'œuvre
positive

ECONOMIQUE: Financement: accès et le coût

• La stabilité • L'infrastructure physique • L'infrastructure • Pénurie de travailleurs


Macroéconomique • la faible demande • La concurrence qualifiés
de produits déloyale • La forte concurrence
• Inflation • Prix élevés des intrants • Les frais de location
• Fournisseurs • Les coûts salariaux
• Taux d'intérêt élevés • Formation en entreprise

AUTRES

• La croissance des
activités dans de
nouveaux marchés

Source: Entrepreneurship in a Changing Environment: Analyzing the Impact of Transition Stages on


SME Development

2.3.2 Attentes et visions de l’avenir


 
De nombreux programmes de formation en gestion ont été créés, pour améliorer les
compétences dans les domaines de la comptabilité, de l’étude de faisabilité, du
marketing, mais reste toujours certaines visions à remplir afin de renforcer le
processus de l’entreprenariat.
 
 

37
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

A. Renforcer la politique publique d’appui à la création d’entreprise: fait partie


des premières attentes de la grande majorité des entrepreneurs ; Cette perspective
d’avenir est la voie la plus appropriée pour promouvoir ainsi l’initiative
entrepreneuriale et capitaliser les opportunités importantes qui existent dans ce
domaine au Maroc.
 
En effet, l’arrivée massive des investisseurs étrangers dans un pays en pleine
croissance et où plusieurs grands chantiers sont en cours de réalisation ou en projet
et qui a une vision d’avenir de sa modernisation économique en est une preuve
tangible, dans ce contexte, ils considèrent que le nouvel entrepreneur a surtout
besoin d’encadrement, de conseils et d’information.
 
B. Promouvoir l’initiative entrepreneuriale auprès des jeunes:
Les principales mesures qui peuvent aider à promouvoir l’entreprenariat au Maroc
peuvent être réparties en trois catégories.
La première catégorie est relative à l’accompagnement des jeunes à la création de
leur entreprise, elle comprend la création de fonds d’aide et de soutien, la révision
de la fiscalité des PME, l’encouragement à l’investissement par allègement des
taxes, l’amélioration de l’accès au crédit, favoriser l’acquisition de terrain et de
locaux professionnels, l’instauration d’un guichet unique et la création de forums et
de rencontres pour les jeunes entrepreneurs.
La deuxième catégorie porte sur la mise à niveau de la jeune entreprise.
La troisième catégorie de mesures porte sur la sensibilisation des jeunes à
l’entreprenariat, la promotion de la culture entrepreneuriale à l’école et à l’université
et le développement du partenariat international avec les entreprises et les territoires
étrangers.
Ces trois catégories de mesures doivent être soutenues par initiatives visant à
accompagner les jeunes entrepreneurs au cours  de toutes les phases de la
réalisation de leurs projets.

C. Créer un environnement macroéconomique favorable:


L’importance pour les entreprises de l’existence d’un environnement
macroéconomique incitant à la création d’entreprise et ce à tous les niveaux
institutionnel, économico-financier et social.
  Sur le plan institutionnel, il s’agit de la simplification des procédures pour la création
de l’entreprise, la lutte contre la corruption dans l’administration, la réforme de la
justice, la promotion des droits humains, de l’égalité des chances dans les affaires et
l’adaptation de l’administration au rythme et aux besoins des entreprises.
   Sur le plan économico-financier, il s’agit de mettre en place une politique favorisant
la baisse du prix du foncier, la baisse des impôts, l’accès au crédit et l’aide à la
promotion des exportations.
   Sur le plan social, il convient de lancer les bases d’une stratégie publique
volontariste d’encouragement de l’esprit d’initiative auprès des jeunes, l’intégration
de la culture de l’entreprenariat dans le système d’éducation et de formation, la
promotion de la recherche-développement et la promotion des études prospectives
relatives à l’entreprise.

38
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

A cet égard, la perception du rôle de l’Etat chez est révélatrice des problèmes que
rencontrent les nouvelles générations d’entrepreneurs et d’entreprises marocains. La
principale demande est la levée des obstacles majeurs à l’entrepreneuriat, l’appui
financier, l’encadrement, l’accompagnement et la formation, ce qui suggère la mise
en place d’une politique publique multidimensionnelle concertée et coordonnée,
avec tous les partenaires de l’entreprise

D. Promouvoir et renforcer la culture entrepreneuriale au Maroc

Pour que l’économie marocaine puisse être compétitive et pour assurer sa


croissance, il importe, d’équilibrer les formes et les types d’entreprise en
encourageant, la création d’entreprises innovantes, en gérant le développement
et le transfert d’autres entreprises.
En tant que le projet de société, la culture entrepreneurial se doit d’etre
diffusée dans tous les milieux, à commencer par les milieux familiaux et scolaires. Il
faut que le savoir faire entrepreneuriale de l’état marocain facilite le développement
des autres savoirs tels que le savoir faire, le savoir être, le savoir agir et le «savoir –
devenir entrepreneur»
Actuellement, de nombreux organismes et structures mis en place par le
gouvernement contribuent au développement et à la consolidation de la culture
entrepreneuriale. Ces structures de sensibilisation et d’accompagnement sont
appliquées à un environnement global.

2.4 . Un aperçu de l'entrepreneuriat social à l'échelle


mondial

Figure 2 ; Un aperçu de l'entrepreneuriat social à l'échelle mondial


BRAC, au Bangladesh
Rubicon L'éducation, le
Programs, aux développement des
Etats-Unis entreprises, le
Développement développement rural, la
des entreprises, santé, la finance, les
les conditions 39 femmes
de travail, le
chômage
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Grameen Bank, au
Streetwires, l'Afrique du Bangladesh
Sud Microcrédit
Le développement des
entreprises, le
commerce équitable

Shonaquip, l'Afrique
du Sud
CDI, le Brésil
Handicap, la santé, les
Education, la
enfants et les jeunes
technologie, les enfants
et les jeunes

IDEAAS, le Brésil
Énergie, environnement,
développement rural, la
technologie

City College & O


College, Singapour
Éducation, jeunesse

Aidha, Singapour
L'éducation, le
développement des
entreprises, la migration, les
femmes

Source ; Ashoka et Avise (2008), Premier baromètre de l’entrepreneuriat social, Opinion Way

CHAPITRE 3 : LES ENTREPRENEURS


SOCIAUX AU MAROC
Ce chapitre se focalise sur quatre (4) entrepreneurs sociaux qui ont réussis le pari
avec leurs organisations respectives. Notre analyse des ces entrepreneurs et les
organisations se fait a travers trois paramètres à savoir ; la mission sociale,

40
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

l’innovation employée et l’impacte du projet. Ces critères nous semblent les plus
pertinentes pour pouvoir juger en quelque sorte leur portée sur le plan social
national.

Les informations présentées ont été recueillis à partir de leurs sites web et les
publications déjà faite par les journaux, des sites spécialisés, ainsi de suite.

3.1 Mohammed Abbad Andaloussi – l’association Al Jisr

Créée en 1999, Al Jisr est le pont entre les établissements scolaires et


les entreprises, amenées à s’impliquer davantage afin d’améliorer les
performances de notre système éducatif. À travers ce parrainage (180
établissements scolaires sont concernés), les entreprises mènent de
multiples actions : rénovation des salles de classes, équipement des
bibliothèques et salles multimédia, activités parascolaires, stages en entreprises…

En parallèle, l’Association collecte et distribue des PC, forme des formateurs à


l’informatique qui transmettent, à leur tour, leur savoir aux enseignants. Mohammed
Abbad Al Andaloussi est le fondateur et Président de Injaz Al-Maghreb, une autre
association qui cherche a cultiver un esprit entrepreneuriale chez les jeunes au
Maroc. Il a gagné le prix de Schwab pour le meilleur entrepreneur social de l’année
2010 ; Il est également un membre des réseaux internationaux d'entrepreneurs
sociaux Ashoka, Synergos et celui de la Fondation Schwab.

La Mission Sociale

L’Association se donne pour mission de soutenir l’Ecole dans son effort


de réhabilitation et de mise à niveau et de contribuer à l’amélioration
des performances du système éducatif de notre pays. En particulier,
l’Association œuvre à la sensibilisation et à la mobilisation du réseau
entrepreneurial pour une implication dans l’éducation. Cette implication se traduit par
un appui multiforme à l’Ecole dans le cadre de comités de soutien appelés à se
constituer en sections locales de l’Association.

Le Problème

Bien que le gouvernement marocain consacre aujourd’hui environ 12% de son


budget à l'éducation voire 5,6% du PIB, le même pourcentage que celui consacré à
l’éducation en France; alors que les résultats de l’enseignement au Maroc sont
comparables à ceux obtenus par des pays comme l’Inde (3,1% du PIB), le Togo
(2,6% du PIB), l’Érythrée (2,4% du PIB) ou l’Haïti (1,4% du PIB).la qualité de
l'éducation au Maroc est très faible. En 2004, 14 pour cent des étudiants de
l'enseignement primaire ont échoué et 19 pour cent des étudiants de l'enseignement

41
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

secondaire ont échoué. Le taux d'abandon en 2004 a atteint 6,5 pour cent dans les
écoles primaires. Les 8,722 écoles publiques au Maroc n'ont pas beaucoup
d’équipements et matériels normalement requises et surtout, le manque de qualité
dans leurs services éducatifs. Les conditions d’écoles telles que les installations, les
salles de leçons, les équipements et même l’hygiène générale ne sont pas à la
hauteur. Le fonctionnement de systèmes de gestion scolaire sont généralement loin
de pouvoir faire sortir une évaluation systématique et analytique des causes sous-
jacentes des performances médiocres. Le ministère de l’Éducation n’a toujours pas
réussi à offrir une solution durable pour confronter à ces problèmes. Le secteur privé
au Maroc se plainent du manque de ressources humaines de qualité nécessaires
pour améliorer la compétitivité des entreprises. L'offre de travail ne correspond pas
aux besoins du secteur privé. Les enseignants ignorent le monde de l'entreprise et
les entreprises ignorent l'éducation, à l'exception de quelques dons de bienfaisance
qu’ils font pour la construction d'écoles. La réussite scolaire est basé sur la
mémorisation, des programmes qui n'encouragent pas l'initiative, l'imagination, le
travail en équipe, ou encore l'esprit d'entreprise. Par conséquent, les étudiants ne
sont pas bien préparés pour le marché du travail.

Malgré ces défis, les entreprises ont généralement été appréhensives à s'impliquer
dans l’intervention sociale ou quand ils le font c’est toujours à travers les dons
sporadiques. La majorité des étudiants ne fait pas le lien entre leurs études avec
leur futur emploie. La science et le cours de mathématiques sont souvent beaucoup
plus rigoureux que les autres classes. Craignant des notes faibles, les élèves
choisissent la littérature ou les études en arts au niveau secondaire plus que les
études de sciences appliquées. Seulement 1,6 % des élèves du secondaire
choisissent d'étudier la mathématique. Comme leurs qualifications ne correspondent
pas aux exigences du marché du travail établies par le secteur des entreprises,
environ 300.000 diplômés sont au chômage. Ils n'ont pas les compétences
nécessaires et n'ont pas cultivé l'esprit d'entreprise qui les aiderait à surmonter ce
défi.

En général, les écoles marocaines sont prudentes en ce qui concerne l'interaction


avec le monde extérieur. Pleinement conscient de leur responsabilité de former
caractères des jeunes, les écoles sont été extrêmement prudents sur l'incorporation
de facteurs sociaux externes qui pourraient affecter négativement leurs élèves. Les
enseignants utilisent souvent des méthodes très ancien de. Ils ne reçoivent pas de
formation professionnelle continue et fonctionnent sans référence à des innovations
technologiques et scientifiques, avec lesquels leurs élèves sont plus familiers. Les
écoles semblent rigides et isolé de la réalité des leurs élèves, ce qui diminue la
motivation des élèves. Les écoles ne parviennent pas produire à un diplôme des
jeunes capables de faire face dans la société où ils doivent travailler.

La solution innovatrice

Al Jisr mobilise des ressources et établi des collaborations entre le secteur des
entreprises, les écoles et leurs communautés afin d’aider le gouvernement
améliorer le système éducatif au Maroc. L’association a travers ses programmes

42
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

diverses nourrit ces partenariats en soulignant la responsabilité collective de la


société pour l'amélioration du système éducatif au Maroc.

La modèle Andaloussi d'engagement global du secteur des entreprises va au-delà


de la charité ou de la philanthropie pour créer un véritable engagement avec la
société civile. Les organisations professionnelles signent ses accords de parrainage
ou de partenariat avec une école, apportent leur expertise et des outils pour
améliorer l'éducation et les services fournis et ils équipent les étudiants pour mieux
s’intégrer dans un marché de travail toujours plus globalisé. Les chefs d'entreprises,
travaillent main en main avec les directeurs, enseignants, étudiants et parents pour
former un comité de soutien scolaire qui évaluer et essaye de remédier
collectivement la qualité d'une école. La communauté scolaire et l'organisation de
soutien des entreprises (BSO) collaborent pour rendre les écoles plus capables de
fournir un enseignement supérieur de qualité qui conduit à changer le progrès et le
développement du pays.

L’impacte Sociale

Depuis sa création en juillet 1999, cette association incite notamment les


enseignants, les parents et les entrepreneurs à s’impliquer dans l’amélioration de la
vie au sein de l’école. Sous l’impulsion d’un certain nombre de responsables de la
société civile, de l’administration et du secteur privé, l’Association Al Jisr se fixe pour
mission de soutenir l’école dans son effort de réhabilitation et de mise à niveau. Ce
faisant, Al Jisr contribue à l’amélioration des conditions de certains établissements
scolaires. L’Association a signé en mai dernier un accord de partenariat avec le
ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse qui a mis à sa disposition des
locaux, une logistique et du personnel d’encadrement et une convention de
parrainage lui assurant une subvention permanente pour son fonctionnement.

Al Jisr a également reçu le soutien de plusieurs offices publics et signé des


conventions avec de nombreuses entreprises qui ont décidé de relever le défi d’une
école meilleure. Des comités de soutien ont été aussi créés dans plusieurs écoles
urbaines et rurales. Ces comités sont constitués de représentants d’entreprises, du
personnel de l’école et de nombreuses associations de parents d’élèves. Les plans
d’action établis concernent l’amélioration de l’infrastructure de l’école (réfection de
bâtiments, sanitaires), la réduction d’entraves à la scolarité (soins de santé,
fournitures scolaires, lunettes…), l’aménagement d’espaces éducatifs et récréatifs,
la création de bibliothèques et l’organisation d’activités parascolaires. Une
expérience pilote a été menée à l’école Lalla Aïcha à Ben M’sik qui a reçu en
présence du ministre de l’Education nationale et de le Jeunesse sa certification
décernée par la commission d’évaluation d’Al Jisr.

Par ailleurs, depuis sa création, l’association a initié plusieurs séminaires de


formation pour les entreprises et les écoles de Casablanca et d’autres villes du
Royaume. Les responsables de cette association débordent d’ambition. Ils ont tracé
bon nom de perspectives de l’année en cours. Ils veulent, en effet, avoir la possibilité
d’exploiter à fond leur nouveau siège social. Ils espèrent que les entreprises se
mobilisent pour parrainer 100 comités de soutien pour la période 2003/2004. Pour
cela, ils s’assignent pour objectif de rendre l’implication des membres de
l’association plus active, de recruter des personnes ressources supplémentaires et
de mettre en œuvre un plan de communication intégrant les activités de l’association

43
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

et ses partenaires. Les membres d’Al Jisr sont on ne peut plus conscients qu’il faut
sensibiliser d’avantage de grandes entreprises publiques, des offices, des agences
de développement, des fondations, des ONG et des associations œuvrant dans le
domaine de l’éducation.

3.2 Amina Laraki Slaoui – Amicale des Handicapés Marocaine


Il y a vingt ans, un jour qu'elle visite l'arrière-pays du Costa Rica à vélo avec son
mari, elle tombe d'un pont et se brise les membres. Amina Laraki Slaoui avait 32
ans, un travail passionnant et des perspectives d'avenir plus que prometteuses. Elle
était aussi une jeune maman comblée et avait une vie privée plus qu'épanouie. Et de
grande sportive qui ne pouvait pas rester en place, elle se retrouvera dans un
fauteuil roulant où elle est condamnée à passer le restant de ses jours.
Mais au lieu de se lamenter sur son sort, elle décide de continuer à vivre malgré
tout. De refuser la fatalité. Elle mettra au monde une petite fille qu'elle appellera
Noor. Tout un symbole. Sinon, depuis 1994, Amina emploie toute son énergie au
service des handicapés. Actuellement vice présidente de l'Amicale marocaine des
handicapés (AMH), elle a beaucoup fait pour que la vie, que le statut de l'handicapé
au Maroc change.

Mission Sociale
L'AMH est une association de solidarité et d'action sociale pour et au
service des personnes handicapées, "celles qui ne veulent
plus vivre en marge de la société, mais cherchent
simplement à faire accepter leur différence et retrouver
leur dignité. Et ce, en arrivant à sensibiliser l'opinion publique,
à responsabiliser tous les citoyens et à donner une image
positive des handicapés pour leur pleine intégration", tels sont les principes de
l’Association. Fondée en 1991 et administrée par des personnes handicapées avec
la collaboration de non-handicapés, l'AMH compte actuellement plus de 7.000
adhérents de divers handicaps et plus de 3.000 amis et sympathisants. Parmi les
principales actions de l'AMH, assistance financière à plusieurs étudiants handicapés,
apport gratuit de médicaments, soutien moral et matériel des handicapés artistes.
L'Association organise par ailleurs des activités socio-artistiques ayant pour but la
collecte de fonds, des expositions d'artisanat et d'arts plastiques. L'AMH a par
ailleurs organisé le premier colloque national sur la personne handicapée, sous le
thème "A parts égales" au mois de Juin 1992. L'Association prévoit la création de
coopératives des personnes handicapées, une auto-école pour handicapés, un
centre culturel et sportif ainsi qu'un journal réservé aux handicapés. 
Enfin, I'AMH est le représentant officiel auprès des organisations internationales,
telles que l'Organisation Mondiale des Personnes Handicapées dont le siège se

44
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

trouve au Canada, l'Organisation Francophone siégeant à Montréal, l'Organisation


de Réhabilitation Internationale, qui a invité une délégation de l'AMH à prendre part
aux travaux du 17ème Congrès International.

Quelques Dates clés

 1993, lancement du 1er téléthon au Maroc, afin de pouvoir mener à bien ses
objectifs concernant la prise en charge des personnes handicapées
 1994, organisation du deuxième téléthon
 1996, reconnaissance d’utilité publique
 1997, début de travaux de construction du Centre Hospitalier Noor de Rééducation
et de Réadaptation
 1998, acquisition du Statut Consultatif auprès de l’ECOSOC (Conseil Économique et
Social des Nations Unies).
 1998, 3ème téléthon
 2000, 4ème téléthon
 2002, 5ème téléthon
 2002, inauguration du Centre Hospitalier Noor de rééducation et de réadaptation par
sa Majesté le Roi Mohammed VI.
 2005, l’AMH dépasse la barre des 20 000 adhérents.
 2005, création du collectif pour la promotion des droits humains des personnes en
situation de handicap à l’initiative de l’AMH  et de 4 autres associations, et en
partenariat avec Handicap International
 2008, Création du Programme d’Accompagnement à la Participation Sociale (PAPS).
Restructuration et optimisation du service social de l’AMH dans son centre d’accueil
à Casablanca, situé au 77 bd du 9 Avril. Quartier Palmier. En partenariat avec
Handicap International et le cofinancement de l’Union Européenne.
 2009, début des travaux de construction du Centre Noor II en partenariat avec l’INDH
et la Préfecture de Sidi Othmane Ben m’sick

Le Problème
La campagne de sensibilisation de l'Amicale Marocaine des handicapés choque et
bouscule les émotions. Elle nous montre un panneau qui indique la mention “Pour
les personnes valides seulement” et pose la question “veut-on en arriver là?”.
Question pertinente mais qui semble déjà dépassée car, malheureusement, nous en
sommes déjà là. En effet, les chiffres sont édifiants et illustrent largement l'exclusion
quasi systématique et dans l'indifférence générale, des handicapés de toute activité
sociale: 72% sont sans instruction, 88% sans emploi sans parler de l'absence de
couverture sociale et d’accessibilité aux lieux publics. Ces chiffres montrent bien que
ceux qui ont la malchance de vivre avec un handicap sont mis au ban de la société.

45
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Que le Maroc a pris la décision consciente ou inconsciente de faire d'eux des


citoyens à part41.

Pourtant, à plusieurs reprises, pressé par l’obligation de mettre en place des


politiques, le gouvernement a pris des engagements. Ils sont, pour la plupart restés
au stade d'effets d'annonce, de déclarations d'intentions qui n'ont connu aucune
suite... ou si peu. Pourquoi? Parce que l'handicapé est considéré comme objet de
charité et non comme un sujet de droit quelles que soient ses compétences.

L’enquête nationale sur le handicap, réalisée par le secrétariat d’état chargée de la


famille de l’enfance et des personnes handicapées en 2004, avec le soutien de
l’Union Européenne, a révélée que 1 309 000 ménages (en moyenne 4 à 5 personne
par ménage), comptent une ou plusieurs personnes en situation de handicap, soit
25,2% de l’ensemble des ménages Marocains. Cette enquête a également révélée
que sur 1 530 000 personnes en situation de handicap recensés ; 71,8% n’ont
jamais eu accès a l’instruction dont la majorité sont des femmes qui vivent en milieu
rural (80,5%) contre (80,2% en ville). Et sur 1 314 000 personnes en situation de
handicap en âge d’être actives (plus de 15 ans), seules 11,7% exercent une activité
professionnelle.

En outre 77,1% des personnes en situation de handicap, déclarent que toute activité
sociale, leur est impossible à cause de l’absence des accessibilités physiques et
sociales et des obstacles posés par certaines représentations culturelles. Pour faire
face à ce problème tellement discriminatoire et dérogatoire qui pousse a l’exclusion
de toute une partie du peuple marocain de l’activité économique et sociale.
L’Amicale Marocaine des Handicapés a travers l’ingénuité de ces personnels vont
organiser donc en 1993, le premier téléthon 42 au Maroc pour pouvoir mener ses
objectifs concernant la prise en charge des personnes handicapés.

La Solution Innovatrice
Lorsqu’elle rentre au Maroc, en mars 1993, Amina Slaoui Laraki entend parler du
téléthon organisé par l’AMH. Apres qu’un ami la présente au président de
l’association et son équipe, elle s’engage au sein de groupe et s’investit
largement au point de devenir vice-président au bout de deux ans. L’association voir
la nécessité de mettre en place une véritable stratégie pour l’insertion sociale. Ils
decide alors de construire l’outil de base ; le premier centre de rééducation pour
handicapés au Maroc. C’est avec cette objectives qu’ils ont organisés le premier
téléthon au Maroc et en plus sans télévision. Sur 18 villes, ils sont arrivé a recolter
7.9 millions de dirhams. Un téléthon43, contraction des mots télévision et
marathon (donc un mot-valise), est un programme télévisuel de 30 heures dont le
but est de recueillir des fonds pour une œuvre caritative. C'est un concept apparu
aux États-Unis dans les années 1950, tout d'abord pour aider les malades
de Poliomyélite Habituellement de nombreux artistes (chanteurs, musiciens,
41
Amicale Marocaine de Handicapés La double peine ; Soundouss El Kasri pour Aufait portail d’info
(2011)

42
Édition N° 64 du 28/01/1993
43
http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9thon

46
L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

comédiens) soutiennent la cause et appellent le public à faire des dons. Les


promesses de dons sont recueillies via un standard téléphonique composé de
bénévoles (du Lions Clubs principalement) et un compteur situé sur le plateau
affiche en temps réel le montant recueilli.

Pour réunir les fonds nécessaires à la construction du centre, l’association décide


de lancer un second téléthon en 1994, avec le soutien de L’association Française
Contre la myopathie (AFM), propriétaire du concept en France, et de 2M. 11,2
millions de dirhams tombent dans l’escarcelle. Un mécène achète aux Domaines un
terrain à Bouskoura, et l’offre à l’AMH. Khalid Laraki, architecte, finalise
bénévolement le projet, et, en juillet 1997, les travaux commencent avec l’aide du
ministère des Travaux publics qui assure la maîtrise déléguée de l’ouvrage. En
1998, le troisième téléthon récolte 20 millions de dirhams pour terminer la
construction et équiper le centre. Objectif atteint. “Tout le monde nous a soutenus.
Les médias, les agences de publicité et surtout les Marocains. Ils sont d’une
générosité et d’une solidarité incroyables ! ” Aujourd’hui, le centre, flambant neuf, est
prêt à ouvrir ses portes. Ne manquent que les autorisations qui devraient se
débloquer rapidement à présent, grâce au soutien effectif de Sa Majesté le Roi
Mohammed VI à qui ce projet tient particulièrement à cœur. Alors qu’il était encore
Prince héritier, il a posé la première pierre en juillet 1997. Il est venu ensuite
effectuer une visite de chantier en octobre 1999. Une convention a d’ailleurs été
signée avec la Fondation Mohammed V. L’AMH est également activement épaulée
par le secrétariat général du gouvernement.

Mais les téléthons ne sont pas leur seul moyens de se financier. Le téléthon est un
lointain souvenir puisque le dernier date de 2002, presque 10 ans. Compte tenu du
contexte de notre pays nous n’avons pas pu instaurer une régularité à l’instar des
autres pays dans le monde qui organisent des téléthons. Nous avons tenté l’année
dernière encore de refaire un téléthon mais notre demande est restée sans
réponse (malgré nos relances répétées et persistantes)!
Les autres sources de financement sont des budgets accordés par L’union
européenne sur la base de projets ponctuels.
Le centre Noor jouit d’une autonomie financière et ne reçoit aucune subvention de
l’Etat (ni l’AMH d’ailleurs).Les autres sources de financement proviennent de dons
mais cela reste marginal. Et si les choses sembles avoir bien passée, c’est parce
que ils ont du surpassé des preuves et difficultés associés à leur mission. Y compris
des manouvres administratives qu’ils doivent faire, il existe les difficultés provenant
de l’inhabilité de textes juridiques de prévoir les activités des associations comme
l’AMH “Parce que nous sommes juridiquement atypiques. La création d’un centre de
rééducation pour handicapés n’est pas prévue par les textes. Une association à but
non lucratif est autorisée par la loi organique ouvrir un établissement de soins, mais,
restriction de taille, dans les textes d’application, seul un médecin peut en être le
membre fondateur. Il faut donc se battre pour faire évoluer les mentalités et autoriser
la société civile à occuper toute sa place aux côtés de l’Etat. Le centre de Bouskoura
est une première au Maroc, qui suscite d’immenses espoirs.

3.3 Institution nationale de solidarité avec les femmes en


détresse (INSAF)

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Forte de sa culture et de son action concrète pour alléger la précarité et la détresse


des femmes et des enfants, INSAF est une institution qui s’occupe énormément de
la situation des mères célibataires.

Mission Sociale
 Défendre les droits des femmes et des enfants pour favoriser leur
épanouissement dans une société juste et solidaire
 Partager, en vertu de la solidarité citoyenne avec le tissu associatif et les
intervenants institutionnels, le capital cumulé sur le terrain de la lutte pour la
justice, l’équité et le droit à la dignité.

Le Problème
Les mères célibataires doivent faire face à l’exclusion dès la grossesse. Si des
femmes plus nanties parviennent à interrompre leur grossesse dans des cliniques
privées, dans l’illégalité bien sûr, les plus pauvres n’ont pas cette possibilité, par
ailleurs coûteuse. Rejetées par leurs familles, abandonnées par les pères
biologiques, ces femmes se retrouvent à la rue.

La légalisation de l’avortement est prioritaire pour trouver une solution à ce


phénomène qui concerne les mères, mais également des enfants innocents. Dans
un premier stade, il faut permettre aux femmes victimes de viol ou d’inceste
d’interrompre la grossesse», explique Saïda Bajjou, militante associative. L’exclusion
continue à l’hôpital. Après accouchement, la majorité des hôpitaux, à Casablanca
comme dans le reste du pays, font appel à la police pour enquête, en application de
la disposition de l’article 490 du code pénal qui punit les rapports sexuels hors
mariage. «Les mères célibataires sont humiliées par les agents de police, parfois
même par le personnel hospitalier. Il y a des cas de femmes qui ont fui l’hôpital et
ont laissé leurs bébés à la maternité parce qu’elles avaient peur de la police»,
atteste Mme Bajjou.

Le rejet des mères célibataires continue à l’administration de l’état-civil, qui refuse


parfois d’inscrire leurs enfants. «La société civile ne peut pas faire face à ce
phénomène. Le Samu social à Casablanca dispose d’un seul local où l’on retrouve
des mères célibataires, mais aussi des enfants, des vieillards et des malades
mentaux. En plus, le Samu est censé être un lieu pour de l’hébergement d’urgence
qui n’excède pas trois nuits. L’Etat n’a aucune structure adaptée pour les mères
célibataires», déplore Mme Bajjou. Les militants associatifs et les féministes se
demandent également pourquoi les mères célibataires et leurs enfants ne
bénéficient d’aucune aide matérielle de l’Etat notamment via le Fonds de solidarité
familiale…

Pourtant, selon les chiffres de 2011, le Maroc compte 220 000 mères célibataires.
Elles ont donné naissance à 500 000 enfants entre 2003 et 2010 selon les résultats
d’une enquête d’Insaf, rendue publique début 2011. A Casablanca seulement,
chaque année, 5 000 enfants sont nés hors mariage. Ils alimentent le cortège
toujours plus étoffé d’enfants de la rue ou participent à la mendicité avec leurs
mères.

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

Solution Innovatrice

Lutter contre l’exclusion en assurant à notre population cible :


- Une prise en charge totale avec hébergement au sein d’un foyer
- Un accompagnement dans les domaines administratifs, judiciaires.
- Une assistance financière et psychologique (écoute, appui médical)
- Une réintégration dans le milieu familial quand cela est possible.
- Une formation professionnelle accélérée (stages d’apprentissage en usines)
Ces associations travaillent en réseau c'est à dire que les sœurs de charité prennent
les mamans enceintes, avant l’accouchement, lorsque nous n’avons pas de place.
Après l’accouchement, elles peuvent rester chez nous pour une période de trois à
six mois…

Les conditions des enfants mis au travail et les mères maltraites dans les prison les
ont ramener a pouvoir mettre en place un programme dédiée a cette cause.
Jusqu’au 30 juin 2003, ils comptent avoir aider plus de 1087 femmes. Avec leur
méthodologie, ils prennent en charge soit en totale et soit partiellement. La prise en
charge totale consiste à héberger les femmes avec leurs bébés pendant une période
de trois à six mois. Ils essayent soit de les réintégrer dans leurs familles, soit dans le
milieu socioprofessionnel.

Depuis trois ans, ils ont hébergé 362 femmes qui ont bénéficié de tous les services
de l’association à savoir les soins médicaux et les formalités juridiques…Ils aident à
établir la carte d’identité nationale et les états civils pour leurs bébés. Ainsi, ils
fournissent des formations d’alphabétisation, de couture et ils essayent de leurs
trouver des stages chez des traiteurs et des sociétés externes pour qu’elles puissent
réintégrer le milieu professionnel.

3.4 Aicha Ech- Chenna – Solidarité Féminine


Depuis 1985, cette femme de cœur a fait de l’intégration de la mère
célibataire, dans une société aussi conservatrice que la nôtre, son
cheval de bataille. Pour ce, elle crée «Solidarité Féminine».

A 65 ans, Aïcha Ech-Chenna n’est pourtant pas une féministe. Ce qui anime son
action et fait de la solidarité une notion centrale dans sa vision des choses vient du
fait qu’elle a été elle-même, depuis sa tendre enfance, touchée par la solidarité de
son entourage.
Dès l’âge de 16, elle est « contaminée par le virus de l’associatif», comme elle se
plaît à préciser. C’est donc en 1959 qu’Aïcha Ech-Chenna s’engage dans sa

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

première action de bénévolat en s’inscrivant dans la ligue de protection de l’enfance.


L’action associative de cette militante ciblera en premier les enfants, notamment les
abandonnés. Le contact quotidien avec ces derniers conduira cette assistante
sociale vers leurs mamans.

Une nouvelle forme de militantisme associatif et, désormais, née chez Aïcha Ech-
Chenna qui s’est donné pour mission de s’occuper des mères célibataires… au
risque de choquer les mentalités ! En créant «Solidarité féminine», elle a d’ailleurs
dû faire face a bien des résistances et autant de menaces ! «J’ai été taxée dès le
départ d’être une femme qui encourage la prostitution», dit-elle. Mais rien ne la
découragera. Projet après l’autre, elle créera des sources de revenus inépuisables
pour celles en faveur de qui elle milite. La dernière réalisation en date concerne la
construction, en septembre 2005, d’un hammam dont les recettes iront entièrement
aux femmes célibataires. Le 9 mars dernier, Aïcha Ech-Chenna a été décorée du
prestigieux prix «Elisabeth Norgall 2005» de l'International Women's Club of
Frankfurt.

Mission Sociale

Le but de l'association est d'assurer aux mamans une indépendance financière et


sociale afin qu'elles n'abandonnent plus leurs enfants. Dotée d’un plan stratégique
depuis le 1 janvier 2003, l’association décline cinq objectifs spécifiques :

 Poursuivre sa politique de promotion des droits humains dans le cadre de


plusieurs réseaux (nationaux et internationaux), développer sa
communication (plaidoyer, sensibilisation, éducation du public) et ses actions
de prévention auprès des populations à risque.
 Accompagner partiellement ou totalement 2’000 personnes en détresse par
an, notamment des femmes, notamment des mères, notamment des mères
célibataires et leurs enfants.
 Intégrer dans ses programmes de réhabilitation, chaque année, 50 mères
célibataires parmi les plus démunies et 50 enfants, offrant à ces derniers une
prise en charge totale : accueil dans les crèches et travail visant à la
reconnaissance de leurs droits fondamentaux parmi lesquels droits à une
protection, un nom, une identité, une nationalité, une famille, une éducation et
des soins.
 Offrir aux mamans les formations correspondant aux aptitudes de chacune et
à des gisements d’emploi émergeants au Maroc tout en garantissant leur
alphabétisation, sensibilisation, éducation aux droits et devoirs, prévention
des risques.
 Développer des mises en application des formations générant des recettes
pour doter les mamans des conditions pratiques d’apprentissage d’un métier
tout en contribuant aux dépenses de l’association

Impact Social

Au tout début les mamans célibataires sont reçues dans l'un des centres d'écoute
qui accueillent plus d'un millier de visites par an. Pour les cas les plus démunis,
l'association les prend sous sa responsabilité :

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

 elle assure l'alphabétisation et la formation des mamans dans un secteur


productif et accessible (Couture, cuisine, pâtisserie Marocaine, soins de
beauté...)

 Les mamans perçoivent une aide financière et en nature de façon


hebdomadaire : l'association prend en charge une partie du loyer des
appartements loués par ses bénéficiaires, elle participe aussi au panier, les
couches, le lait en poudre pour bébé, à hauteur de 250 dhs par semaine. Le
But de l'association n'est pas de prendre en charge en totalité les besoins de
la Maman, mais surtout de l'aider à avoir une certaine autonomie pour garder
son enfant dans les meilleures conditions.

Il y a aussi une couverture médicale qui prend en charge les soins de l'enfant et sa
maman à 100%, une crèche gratuite, afin qu'elles puissent avoir un travail en dehors
de l'association.

En moyenne les mamans restent entre 2 et 3 ans à l'association.

Tout cela à un cout, et l'association fait appel aux donateurs à hauteur de 50% de
ses besoins, l'autre moitié est couverte par les activités de l'association.

En effet, l'association assure un service traiteur : Au même moment ou elles sont


formées, les Mamans assurent une partie de la production qui est destinée à la
vente. Il y a aussi un petit restaurant, un Centre de remise en forme dernier cri, des
"kiosques" qu'on retrouve à coté des hôpitaux, et toutes ces activités sont assurées
par les mamans elles-mêmes.

L'association est en mouvance, elle s'adapte aux besoins de la société : Auparavant,


une grande majorité des mamans étaient analphabètes, depuis quelques années,
50% d'entre elles ont un niveau scolaire ce qui fait que les formations proposées ne
sont plus adéquates à cette catégorie de mamans. D'autres formations ont vu le
jour : secrétariat, comptabilité, Gestion...

Conclusion

Construire une entreprise sociale qui fonctionne et crée de la valeur n’est déjà pas
une mince affaire pour un entrepreneur. Pour l’entrepreneur social, la tâche est
encore plus ardue. Son défi, c’est de réussir à élaborer un modèle qui soit à la fois
créateur de valeur sociale (c’est son objectif primordial) et pérenne (ce qui implique
la plupart du temps la création de valeur économique). Les trois entrepreneurs
sociaux auxquels nous nous sommes intéressés ont donc dû faire preuve d’une
ardeur et d’une agilité particulières pour réussir à créer de tels business modèles.
Mais ils y sont parvenus. Notre mémoire nous a permis d’identifier six leviers

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L’entrepreneuriat Social Au Maroc: Les Enjeux et les Perspectives 2011/ 2012

possibles de succès dans cette démarche : la faculté de « sortir d’un schéma de


pensée habituel », à la fois dans la création du business model (1) et par la suite,
pour le faire fonctionner (2) ; la capacité de gérer de manière optimale les parties
prenantes, avec, en externe, l’importance des réseaux (3), en interne, la nécessité
d’une équipe de qualité (4), et la focalisation sur le bénéficiaire (5) ; et enfin, la
tendance à voir plus loin et à essayer de repousser les limites de son action (6).
Issus de l’étude qualitative de seulement trois cas, ces résultats n’ont pas la
prétention de pouvoir être généralisés à toutes les entreprises sociales : ils peuvent
néanmoins constituer des pistes de réflexion pour de prochaines études. Au final, le
parallélisme entre l'entrepreneuriat social et l'entrepreneuriat traditionnel est
étonnant : il y a beaucoup de points communs ! Les qualités humaines des
entrepreneurs, le goût du risque, l’implication, l'objectif de pérennité, les réseaux, les
créations de valeurs, les méthodes, les outils, la croyance dans la capacité humaine
à faire évoluer les systèmes et sociétés… L'entrepreneuriat social ne serait-il pas, en
fin de compte, une forme simplement plus élaborée de l'entrepreneuriat traditionnel,
parce que plus complexe à mettre en œuvre ? N’en serait-il pas une version plus
aboutie, car plaçant « l’humain » au cœur de ses préoccupations? Au delà de la
question « technique » de la création de valeur sociale et de sa mise en œuvre à
travers des business modèles pertinents, peut-être doit-on s'interroger sur la
signification sociologique de cet engouement pour l'entrepreneuriat social, comme
pour le commerce équitable et le développement durable. Est-ce l’indignation devant
des inégalités criantes qui a réveillé la fibre sociale chez les entrepreneurs sociaux ?
Est-ce l’impuissance de l’Etat qui conduit la société civile à prendre les choses en
main ? Ou, est-ce le signe d'un essoufflement du capitalisme traditionnel ? Enfin,
quelle est la conséquence de ce développement : va-t-on tendre vers une évolution
générale du tissu économique vers l’esprit de l’entrepreneuriat social, ou se dirige-t-
on vers une société hybride où deux mondes se côtoieraient ?

Quoi qu’il en soit, quand l’action sociale s’empare de l’économie et la met au service
de sa mission, on peut y voir le signe, soit d’un épuisement des valeurs
traditionnelles, soit, au contraire, celui d’un approfondissement de la réflexion
politique et économique. Il est alors naturel que l’entrepreneuriat, activité humaine
qui, d’une certaine manière, cherche à donner du sens à la vie, évolue à mesure que
nos valeurs, nos connaissances, notre environnement, connaissent des mutations.

BIBLIOGRAPHIE
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Forum Ensao Entreprise 2012 : L’entrepreneuriat social au Maroc.

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