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Capitale d’altitude située sur les hauts plateaux de Madagascar, Antananarivo ras‐
semble 1,6 million d’habitants, soit plus de 61% de la population urbaine du pays, pour
une population totale estimée en 2005 à 18,6 millions d’habitants.
De nombreux quartiers sont établis sur d’anciennes rizières. Ils sont assez étendus et
sillonnés par des ruelles étroites qui ne sont accessibles qu’à pied. Le SAMVA ne peut
y déposer les grands bacs à ordures, ceux-ci sont uniquement situés sur les axes prin‐
cipaux de la ville.
Loin de ces bacs, les habitants, en grande majorité très démunis, jettent leurs déchets
dans les rues ou les canaux, ils les brûlent ou les enterrent, ou encore s’en servent
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pour remblayer des terrains inondables. Ces pratiques entraînent une grande insalu‐
brité, vecteur de maladies comme la peste, le choléra et les maladies diarrhéiques.
La démarche du projet
1999-2003 : projet GOM (Gestion des Ordures Ménagères) dans deux quartiers ;
gestion transférée à l’association malgache ADH (Assistance pour le Développe‐
ment Humain) fin 2003.
A terme, mettre en place la valorisation des déchets par la création d’un site de
compostage des ordures ménagères
Les deux derniers objectifs n’ont pas pu être atteints à ce jour, mais les deux premiers
l’ont largement été. Il est présenté ci-dessous un résumé de la démarche du projet et
des leçons tirées de son expérience.
Le projet est lancé dans un Fokontany si et seulement si il a été validé par la popula‐
tion, c’est-à-dire si les ménages acceptent de payer la redevance mensuelle en
contrepartie d’un service de collecte des déchets de proximité.
Le Chef Quartier organise à cet effet une Assemblée Générale réunissant tous les mé‐
nages. Si la population accepte le principe du projet, le Chef Quartier vient solliciter
l’appui d’Enda OI pour la mise en place de la pré-collecte.
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Aujourd’hui, Enda OI est reconnue à Antananarivo pour son travail dans le domaine
de l’assainissement des quartiers. Les critères retenus pour lancer le projet dans de
nouveaux quartiers sont la validation du projet par la population et la motivation du
Chef Quartier.
Une fois le projet validé par la population, le Chef Quartier, appuyé par l’animateur
Enda, constitue un comité de gestion composé d’habitants du quartier.
Les membres du comité de gestion doivent définir comment seront répartis les bacs,
quel est le montant de la redevance mensuelle que les ménages doivent payer, com‐
ment va être réparti l’argent des redevances (indemnités des collecteurs, des régis‐
seurs, des autres membres du comité, la somme d’argent qu’il faut épargner chaque
mois, etc.).
Le comité, assisté par Enda et le Fokontany, doit également décider de ses propres
règles de fonctionnement (Comment adopte-t-on une décision ? quel sont les rôles
précis de chacun ? etc.).
Le comité doit recruter puis former les futurs collecteurs et déterminer l’emplace‐
ment exact des bacs.
tés. L’appui d’Enda prend fin lorsque tous les indicateurs de suivi sont positifs : si le
comité est parvenu à mettre un montant conséquent d’épargne de côté, si le taux de
collecte de la redevance est élevé, si les bacs sont bien ramassés par les collecteurs 6
jours sur 7, si le comité a acquis une bonne maîtrise des outils financiers et si le co‐
mité est apte à prendre des décisions de façon autonome et à résoudre ses pro‐
blèmes par lui-même.
« En 2006, j’ai entendu parler du projet ADQua dans les autres quartiers. Ça m’a beau‐
coup intéressée parce que dans mon quartier c’était dur de récupérer les déchets. Le
grand bac de la commune est loin, les gens jettent leurs déchets partout et ça
bouche les canaux. On a organisé une assemblée générale du Fokonolona [assem‐
blée de tous les habitants du quartier] et les habitants ont été d’accord pour payer la
redevance et mettre en place le projet. J’ai cherché des membres et on a formé un
comité de gestion.
Moi-même, j’incite les ménages à payer la redevance. Quand ils viennent au Fokon‐
tany pour obtenir des papiers, ils doivent toujours présenter leur carte de redevance
et il faut qu’elle soit à jour. Ce n’est pas difficile de faire payer les ménages. Parfois, ils
se plaignent du manque de bacs ou du travail des collecteurs qui est mal fait. Alors on
en discute, on règle le problème et après c’est bon, ils sont d’accord pour payer. C’est
toujours possible de les convaincre.
Fin décembre 2008, 29 comités de gestion mettent en œuvre le projet ADQua dans
29 Fokontany de la capitale malgache :
Principaux obstacles
Des détournements d’argent ont été détectés dans 2 comités en 2006 : régisseurs
n’ayant pas versé au trésorier la totalité des redevances perçues, trésorier qui a utilisé
une partie des fonds du comité à des fins personnelles, etc. Depuis 2007, Enda effec‐
tue des audits réguliers des comptes des comités. Ils permettent d’assurer un
contrôle sur la gestion des fonds. L’auditrice, aidée de l’équipe, compare les cartes de
redevance des ménages avec les cahiers des régisseurs. Il en ressort que 3,10% des
collectes observées n’ont pas été enregistrées par les régisseurs (conservées par les
régisseurs ? perdues ?). Le pourcentage de fraudes présumées est relativement faible,
mais les conséquences d’une fraude peuvent être importantes sur la confiance des
ménages et les audits constituent un bon outil de prévention.
Les taux de collecte sont parfois un peu faibles. Pour 11 comités, le taux de collecte est
inférieur à 50%. Cependant, grâce au suivi mensuel des indicateurs, les animateurs
ADQua renforcent leur suivi de terrain ainsi que la motivation des différents acteurs,
en particulier des régisseurs. Il est à noter que, malgré ces taux de collecte peu élevés,
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les comités de gestion réussissent à payer les salaires des collecteurs, ce qui permet
au système de pré-collecte de continuer à fonctionner. Ceci s’explique par le fait que
les plans de financement ont été élaborés de façon à laisser une grande marge de
manœuvre aux comités.
Même si 100% des bacs sont utilisés, il y a encore des ménages qui ne jettent pas
leurs déchets dans les bacs intermédiaires mais dans les canaux et les ruelles. La sen‐
sibilisation des ménages doit s’inscrire dans la durée. Les animateurs du projet AD‐
Qua travaillent étroitement avec les comités et les Chefs Quartier pour renforcer la
sensibilisation auprès des ménages et pour trouver des formes de communication
plus innovantes.
L’expérience d’Antananarivo nous montre, d’une part, que le système de collecte pu‐
blique est peu performant car il ne dessert pas l’ensemble du territoire urbain et met
ainsi en danger la santé des habitants de ces quartiers et, d’autre part, que la
« privatisation » à petite échelle ne fonctionne pas. Ainsi, l’objectif de création d’une
micro-entreprise de gestion des déchets n’a pas été atteint car les collecteurs per‐
çoivent leur travail comme un simple moyen de gagner de l’argent et n’ont pas envie
de s’impliquer dans la gestion du système de collecte. Ils ont besoin d’un appui exté‐
rieur pour les aider à résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés (emplace‐
ment des bacs, relations avec les ménages, sensibilisation, etc.) ; ils ont également be‐
soin d’une personne qui gère l’argent.
C’est d’ailleurs dans cette perspective que Enda Océan Indien organise des
« dialogues politiques » au sens de « dialogues sur les politiques publiques » entre les
comités de gestion et les décideurs. Il s’agit de faire remonter les doléances des uns
et des autres (manque d’entretien des infrastructures, problème de ramassage des
déchets par les camions de la Samva…) pour faire avancer la conscience collective sur
les questions environnementales et la vigilance des populations par rapport aux
décideurs.
Dans le cadre des actions menées par Enda à Antananarivo, la valorisation des or‐
dures ménagères a été reléguée au deuxième plan par rapport à la priorité numéro
un qui était de mettre en place un système de pré-collecte fiable, apprécié des popu‐
lations et reconnu par les autorités locales. Il ne s’agissait pas de brûler les étapes et
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de risquer de briser la mobilisation populaire encore fragile sur les questions environ‐
nementales, en mettant en place des systèmes de tri ou de recyclage inadaptés.
D’autre part, Enda OI envisage d’étendre son projet d’assainissement des quartiers à
d’autres villes de Madagascar dans la perspective d’appuyer les communes au niveau
de la gestion des déchets de façon générale. Dans ce cadre, et notamment au niveau
des communes semi-rurales, il sera possible de mettre en place, en fonction des at‐
tentes de la population, d’autre modes de gestion des déchets : compostage, collecte
des déchets par charrette à zébus jusqu’à la décharge, etc. La question des déchets
de type électroniques ou bio-médicaux, qui ne peuvent pas être pris en charge de
manière aussi participative car ils nécessitent un traitement technique adéquat, sera
également être abordée.
Enfin, les populations et les autorités locales, sensibilisées aux questions des déchets
et responsabilisées quant à leur gestion, devraient élaborer des stratégies afin d’anti‐
ciper les flux de déchets probablement de plus en plus importants qu’elles auront à
« gérer ». Il s’agit d’entamer une réflexion sur la limitation de la production de déchets
et, notamment, les sacs plastiques et emballages de toutes sortes, issus de l’industria‐
lisation croissante de Madagascar et de l’ouverture du pays aux produits importés, au
détriment d’une valorisation de la production locale et de circuits courts de commer‐
cialisation, seuls garants d’un développement local durable et d’une cohésion sociale
forte.
Sources :
D-P-H (Dialogues, Propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale) www.d-p-
h.info/index_fr.html
Lieux :
Afrique
Madagascar
Mots-clés :
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