Dispositif innovant de collecte alternative des

bouteilles en plastique via des relais

communautaires en zones inaccessibles à
Mayotte
LVD Environnement – prestataire de la CADEMA pour la collecte en zones
isolées

LVD Environnement est une entreprise d’insertion agréée depuis 2018 par la DEETS et labelisée ESUS depuis 2023.
Elle traite à la fois la collecte de déchets et consacre son activité à la médiation environnementale, sanitaire, sociale
en plus d’effectuer des enquêtes sociologiques.
L’entreprise œuvre pour la Communauté d’Agglomération DEmbeni MAmoudzou (CADEMA), maitre d’ouvrage du
projet et détenteur des compétences dans :
- La gestion des déchets (responsable de la collecte, du traitement des déchets)
- La protection de la nature (préservations des espaces naturels, restauration et conservation)
- L’aménagement durable du territoire (politique de développement durable)
- L’eau et l’assainissement (distribution d’eau potable, gestion des réseaux d’égouts)
- La sensibilisation et l’éducation environnementale (promotion de 2 bonnes 3 pratiques)

Retour d’expérience

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Pourquoi agir ?
Un système de gratification pour encourager le tri des ordures

Pour rappel à Mayotte le PRPRGD prévoit :

- Le tri à la source et la collecte séparée de 6 flux : papier, métaux, plastiques, verre, bois et textiles à compter
du 01/01/2025
- La collecte pour recyclage de 77 % des bouteilles en plastique pour boisson en 2025 et de 90 % en 2029.

Cependant, 2 Mayotte présente un certain nombre de quartiers insalubres, […] à forte densité, pas ou peu accessibles
par des véhicules de collecte. La collecte des déchets y est donc difficile, et ces quartiers ne sont souvent peu voire
pas desservis par le service public de collecte1 3.
Ce constat se confirme lorsque nous posons la question à LVD Environnement : 2 Le tri n’est pas une priorité pour
les gens dans ces quartiers et les trios sont situés en moyenne à minimum 1km environ des zones isolées. Donc il n’y
a pas de solution pour eux pour trier les déchets2 3.

De ce fait, la création de l’opération de collectes alternatives au circuit traditionnel de bouteilles en plastiques en

zones inaccessibles via des relais communautaires est apparue dès 2019. Ce projet est issu de l’AMI impulsé par
CITEO et en partenariat avec la Communauté d’Agglomération DEmbeni MAmoudzou (CADEMA) – détenteur de la
compétence 2 collecte des déchets ménagers 3

L’idée phare qui s’en dégage est la gratification du geste de tri. Dès le départ, il convient que cette dernière ne sera
ni financière, ni alimentaire mais hygiénique. Seuls des produits d’hygiène de première nécessité sont distribués,
permettant notamment de consolider le partenariat de l’entreprise avec l’Agence Régionale de Santé. En sus de la
garantie de la sécurité sanitaire dont elle a la compétence, l’Agence joue un rôle dans le domaine de la santé
environnementale. En veillant à ce que les déchets soient gérés de manière responsable, la réduction des risques de
maladies et d’impacts environnementaux négatifs est renforcée.

Dès lors, en mars 2021 la 1ère réunion est lancée. Une enquête de prospection pour savoir où et comment travailler
en ressort. La proposition de centraliser le concept dans les doukas (épicerie de quartier) est validée. En effet les
collectes en zones inaccessibles touchent en grande partie un public en situation d’extrême précarité n’ayant pas
accès aux services publics de base. Afin de déterminer les points de collecte, trois critères principaux entrent en
jeu :

- Être suffisamment éloigné des bornes trios (pour qu’il n’y ai pas de captage de flux)
- Que la zone soit accessible au camion de 3.5T
- Que le quartier soit intéressé par l’initiative (pour se faire 1000 habitants et 80 doukas ont été
enquêté/interrogé)

1
PRPGD
2
Entretien avec Anne-Sophie Duroisin, Coordinatrice chargée du développement et de l'insertion à LVD Environnement

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Expérimentation et développement

Depuis le démarrage de la prestation, certains points de collecte ont finalement été délaissé quand
d’autres se sont ajoutés à la tournée de LVD Environnement. Le manque de personnes impliquées dans
l’initiative ou la fermeture de Doukas explique ce phénomène. Actuellement, 10 doukas sont
conventionnés et 7 sont actifs chaque semaine :

- Douka Moustoifa
- KaweniDisma
- Passamainty Gnambotiti
- Tsoundzou 2
- Tsararano
- Iloni (N’Djema)
- Vahibe

Source : Rapport Intermédiaire LVD Environnement

Entre août 2021 et juin 2022, 15tonnes de bouteilles en plastique ont été capté. Suite à ces résultats, l’expérience a
été reconventionnée sur trois ans à partir de novembre 2022. Se fixant comme objectif la collecte de 20t/an. A titre
indicatif – entre janvier 2023 et novembre 2023 – ce sont 30t de déchets qui ont été collectés par l’entreprise.

En sus de l’amélioration du cadre de vie qu’offre le ramassage des ordures, la population des quartiers touchés par
l’initiative jouit également de la remise d’une récompense en échange de l’apport de bouteilles en PET.
Au départ, le choix se faisaient entre 3 produits : Protection hygiénique féminine, couches pour bébés, savon. Si
personne n’a jamais demandé de protections hygiéniques, les couches ont rapidement été victimes de leur succès.
La distribution de ces dernières s’est alors stoppée, provoquée par une explosion du budget de l’entreprise,
entraînée par l’inflation.
Malgré les requêtes formulées par les habitants (appareils numériques, nourriture) la CADEMA reste ferme quant à
l’importance de distribuer des produits d’hygiène (cf partenariat ARS) et dorénavant exclusivement du savon.

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Application

La collecte fonctionne de manière hebdomadaire. Le point de RDV se situe au douka du quartier mais ce dernier ne
stocke pas les déchets. Chacun apporte son lot de bouteilles. Les habitants viennent s’inscrire auprès de l’agent de
médiation. Une personne majeure par foyer est inscrite. L’essence même du projet se bâti autour d’un service de
confiance en co-construction.
La gratification est directement gérée par LVD Environnement. En achetant les produits d’hygiène dans les doukas
partenaires, le système mis en place 2 s’autonomise 3.
Nonobstant, suite aux opérations de gratification, un commerce illégal de savon a été constaté au sein d’un quartier.
Pour pallier ce problème, la limitation de la distribution de paquets de savon a été décidée. Au départ les habitants
recevaient une récompense tous les 6kg de déchets amenés, dorénavant ce n’est qu’à partir de 6kg que l’on obtient
une seule et unique récompense par passage.

Collecte à Passamainty Affiche de communication à Passamainty

Crédit Photo : Guilhem Gillet, novembre 2023

Le projet se veut participatif. Pour assurer son bon déroulement, deux enquêtes de satisfaction sont établies chaque
année. Il est également du ressort des agents de médiation de relever les observations et requêtes des bénéficiaires.
2 A Kawéni par exemple les habitants constatent que plus aucune bouteille en plastique ne jonche le sol. A Tsararano
dans les hauts, dans les rivières on trouve encore des déchets mais plus la moindre bouteille en plastique 33.
En effet les agents de médiation déployés lors du passage du camion assurent également un rôle de prévention
sanitaire. Leur action est double : ils collectent les bouteilles, discutent et sensibilisent sur les bonnes pratiques
citoyennes et sanitaires.

Comment évaluer le travail de sensibilisation fait autour du jet sauvage de détritus ? On se rend compte que la
motivation principale des habitants n’est pas la gratification mais la protection de l’environnement et le cadre de
vie.
2 Les agents polyvalents de LVD sont des salariés en insertion. A en plus été recruté un agent de médiation
environnementale engagé pour mener des enquêtes de satisfaction/d’origine de la bouteille. Il doit sensibiliser au
geste de tri et à l’hygiène ainsi qu’aux maladies vectorielles liées à un environnement insalubre. Tout ce travail a lieu
lors de la collecte, lors de la distribution de la gratification 34.

3
Propos rapporté par les agents de LVD Environnement lors d’une collecte.
4
Entretien avec Anne-Sophie Duroisin, Coordinatrice chargée du développement et de l'insertion à LVD Environnement

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A titre d’exemple, M. Omar a rejoint LVD Environnement en tant qu’ACI Agent de médiation et d’information de
service. Il est aujourd’hui 2 Agent de médiation environnementale 3 en CDI. Grâce à lui, le camion de collecte est
reconnu dans les quartiers et la population sait de quoi il en retourne lorsqu’elle le voit arriver.
Une fois la distribution et l’action de sensibilisation effectuées, le camion chargé de 300kg de bouteilles en PET
repart au centre de tri de Longoni où son contenant rejoint ensuite la boucle classique de traitement des déchets.

Difficultés

Le caractère isolé et informel des zones ciblées par la collecte dans le territoire de la CADEMA va de pair avec de
fortes tensions sociales au sein desdits quartiers. Les services publics qui y déploient leurs actions peuvent être
perçus d’un œil méfiant et accueillis avec défiance. De là, le rôle des agents de médiation est primordial. Malgré de
fortes tensions généralisées à l’ensemble de l’île, il nous est rapporté que les camions de collecte sont
chaleureusement accueillis par la population. Ce résultat est le fruit d’un travail de longue haleine. La barrière de la
langue avec des populations rarement francophones est vite rompue lorsque les agents dialoguent en Shimaoré.

D’un point de vue logistique, hormis quelques ruptures de stocks des gratifications et un unique rejet du centre de
tri car déjà plein lors de l’arrivée du camion, rien n’est à signaler. Cependant, ce type d’incidents impacte le décalage
des jours de collecte, le captage du gisement, et tronque ainsi les agendas.

Pistes d’amélioration

Grâce aux enquêtes de satisfaction biannuelles diffusées par l’entreprise, une large partie de la population
concernée a formalisé son souhait d’assister à des ateliers mensuels. Ceux-ci visant à solidifier le triptyque :
- Importance du geste de tri
- Bonne pratique de la gestion de l’eau
- Hygiène & maladies vectorielles.

Ce désir témoigne la sensibilité des habitants des zones isolées vis-à-vis des questions environnementales. De
surcroît, ils réclament également le ramassage d’autres déchets tels que les emballages métalliques type cannettes ;
boîtes de conserve. A cela la CADEMA et LVD Environnement répondent que 2 d’ici décembre 2023 un 2e camion
de collecte devrait arriver avec une 2e équipe dédiée à la collecte d’autres déchets – mais pas exclusivement les
emballages métalliques – à voir en fonction des gisements5 3.
Il est rappelé que la collecte d’emballages métalliques n’est actuellement qu’une perspective d’évolution et qu’elle
n’est pas encore établie. 2 Pour collecter il faut s’assurer que l’exutoire soit en capacité d’accepter le flux amené. Le
volume de collecte devrait doubler d’ici décembre 2023 grâce au nouveau camion 3.

D’autre part, depuis les importations massives de bouteilles en plastique engendrées par la crise de l’eau que connaît
actuellement Mayotte, les acteurs du territoire ont relevés que le gisement de PET s’est démultiplié.

5
Entretien avec Anne-Sophie Duroisin, Coordinatrice chargée du développement et de l'insertion à LVD Environnement

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Conclusion

La collecte alternative de bouteilles en plastiques via des relais communautaires en zones inaccessibles n’étaient
qu’une expérimentation il y a moins de deux ans. Durant ce laps de temps, la CADEMA et son prestataire –
l’entreprise LVD Environnement – ont su construire avec leurs bénéficiaires une relation de confiance assurant le
bon fonctionnement de l’initiative. Pour rappel, 10 mois après le lancement de l’expérimentation en août 2021, 15t
de déchets ont été collecté. En janvier 2023, l’objectif était de collecter 20t de bouteilles en plastiques à la fin de
l’année. Début novembre, 30t étaient déjà déposés au centre de tri de Longoni. Ce succès s’explique en partie par
l’approche choisie. En insistant sur la médiation en se rendant au contact des habitants, l’entreprise a su gagner sa
légitimité. Les 3118 participants actifs ayant perçus 2339 gratifications ne triaient pas leurs déchets il y a deux ans.
Le tonnage – s’élevant à plus de 50 tonnes depuis la phase expérimentale grâce à l’établissement des points
d’apports volontaires – s’ajoute au gisement capté par la collecte classique. Dans le département français où l’on
trie le moins ses déchets, ce type d’initiative n’est pas négligeable et doit être encouragé.
Malgré la présence persistante d’ordures dans les rivières, ravines, ruelles, la population est bien consciente de
l’amélioration de son cadre de vie lorsque ces dernières sont collectées. Sensibilisés progressivement aux questions
environnementales et sanitaires, les habitants demandent dorénavant d’eux-mêmes que des ateliers d’information
traitant ces problématiques émergent.

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