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LE TRAITEMENT DE DECHETS: CAS DE KIN

BOPETO
SEMINAIRE D’ECONOMIE INDUSTRIELLE
PAR BITIJULA AMANI DANIEL
INTRODUCTION
Il existe une relation étroite entre les actions humaines et leurs conséquences sur
l'environnement : l'environnement offre à notre économie les matières premières
qui sont transformées en biens de consommation grâce au processus de
production ; au bout de la chaîne, ces matières premières sont la plupart du temps
restituées à l'environnement sous forme de déchets.
En République Démocratique du Congo, la gestion des déchets est devenue un
énorme défi suite aux grandes quantités produits par la consommation moderne
qui, malheureusement, finissent dans des décharges, les caniveaux, le long des
routes, les places publiques, s’empilent dans les poubelles ou pire sont jetées dans
les cours d’eaux entraînant des conséquences fâcheuses tant sur l’écologie que sur
la santé humaine. Les plastiques sont en particulier un problème en raison du
temps qu’il faut pour se dégrader; savez-vous qu’il faut plus de 100 ans à un
contenant en plastique pour se dégrader ?
Selon les statistiques, environ 48 154 Kilos de plastique sont produits en RDC par
jour, dont 85 % sont mal géré. Dans la ville de Kinshasa, 10 000 tonnes de déchets
y sont produites quotidiennement ainsi le fleuve Congo, les caniveaux traversant la
ville ainsi que les espaces publics sont submergées par des bouteilles en plastique,
les bouchons de bouteilles, les emballages alimentaires, les sacs plastiques1. Ce
constat macabre en dit long sur l’inefficacité des institutions en charge de
l’assainissement et l’hygiène publique.
Le présent travaille s’intéresse à la question du traitement des déchets avec un
focus sur le projet KIN BOPETO qui aurait été initié afin de mettre en place des
actions de correction des dégâts causés par la pollution dans la ville de KINSHASA.
Ce travail dresse un bilan sur l’effectivité de ce projet et s’achève par des
recommandations stratégiques visant à rendre plus efficace les actions du projet
KIN BOPETO.

1
ONU environnement, Notre Planète est étouffée par la pollution plastique, 2018, disponible sur
https://www.unenvironment.org/interactive/beat-plastic-pollution/fr/ ,consulté le 11 juillet 2021.

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GENERALITES SUR LE TRAITEMENT DE DECHETS
Les déchets sont des résidus issus de la production et de la consommation ou tout
objet et matière que le détenteur doit éliminer pour ne pas porter atteinte à la
santé, à la salubrité publique ou à l’environnement en général. Et quant à la gestion
des déchets, elle comprend toute les opérations de récupération, recyclage et de
revalorisation des déchets.
Les conséquences du modèle linéaire « produire, consommer, jeter » aura
fortement accru l’empreinte ecologique ; les exemples abondent : les cours d’eau
sont polluées, les brouillards polluants (smog) nous cachent la beauté des
paysages, etc. Ce modèle, résultant des réflexions classiques et de leurs
précurseurs, considère la nature uniquement comme fournisseur des intrants de
production ; pourtant, les écosystèmes naturels concourent à la préservation des
bases naturelles de la vie (purification de l’air, renouvellement du cycle
d’approvisionnement en eau, enrichissement du sol). En gros, elle permet de
régénérer les ressources naturelles.
Intéressons-nous alors à la question d'économie de ressources épuisables et celles
recyclable : Une ressource épuisable est une ressource dont la reconstitution
naturelle est tellement faible qu'il élimine toute possibilité d'une augmentation de
stocks dans un laps de temps raisonnable tandis qu’une ressource recyclable existe
sous une forme qui permet une récupération de sa masse une fois que son
précédent usage n'est plus nécessaire ou souhaitable. Par exemple les câbles en
cuivre présent dans le voitures peuvent être récupéré une fois les véhicules
envoyés à la casse…
Les réserves actuelles de ressources épuisables peuvent être augmenté grâce au
recyclage ; toute chose étant égale par ailleurs, ce processus permettrait de faire
durer le stock des ressources.

Questionnement : Bien que la RDC soit qualifié de scandale géologique vu la


quantité des ressources naturelles dont elle dispose, comment gère-t-elle ses
ressources face à la contrainte d'épuisement ?

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C’est en prenant en compte toutes ces considérations que plusieurs pays dans le
monde s’engagent sur la voie de l’économie circulaire. Ce nouveau modèle
économique se fonde sur une utilisation raisonnée et plus efficace des ressources
ainsi que la mise en œuvre de modes de production et de consommation prenant
en compte, la durabilité et le recyclage des produits ou de leurs composants de
sorte qu’ils puissent être réutilisés ou redevenir des matières premières nouvelles,
afin de réduire la consommation des ressources et la quantité de déchets à
éliminer.

Source : www.spi-vds.org

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LA GESTION DES DECHETS : CAS DE KIN BOPETO
La ville de Kinshasa est une mégalopole de 17 millions d’habitants dont les déchets
de toute sorte pullulent dans les rues, les caniveaux, etc. Légalement, les
communes sont tenues de collecter, transporter et éliminer les déchets, et de
construire des installations de traitement mais à Kinshasa, les moyens ne sont pas
effectivement mis à la disposition pour faire face à cette problématique.
Aujourd'hui, la gestion des décharges urbaines est organisée par « KIN BOPETO »
qui est un programme d'assainissement initié afin de mettre en place des actions
de correction des dégâts causés par la pollution dans la ville de KINSHASA. Sa
stratégie intègre principalement la participation des ménages à cette opération
alors que cette dernière n’est pas encore bien sensibilisée à la problématique de
l’environnement. En outre, pas suffisamment d’instrument technique,
règlementaire, tarifaire et informationnel susceptibles de réduire la pollution
déchets à Kinshasa n’auront été instauré.
Ce manquement s’est soldé par la mise en place d'une politique contre-productive
et en ce jour, le programme est considéré comme ayant failli à sa mission faute des
stratégies adéquates pour s'y prendre.
Il sied de noter que l’insalubrité dans la ville de Kinshasa continue de s’expliquer
par :
- L’absence d’éducation de la population à la gestion des déchets ménagers
- L’absence d’une politique appropriée de gestion des déchets ménagers
- Le manque des moyens logistiques, financiers et techniques pour le
ramassage, le stockage ou l’élimination des déchets ménagers.

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GENERATION 10 000 tonnes de
déchets y est produit par jour.
COLLECTE DES DECHETS Des ONG et
des MPE (micro et petites
entreprises) collectent, moyennant
paiement par les ménages et assure
un taux de collecte estimé à 25 %.
DISPOSITIONS ACTUELLES Les
déchets sont stockés dans des
décharges plus ou moins à
l’abandon néanmoins cette
méthode a de forts impacts sur
l'environnement: éparpillement des
déchets par le vent, l’attraction des
vermines, etc.
COMPOSITIONS En termes de
segmentation de ces déchets, 68%
sont des déchets biodégradables,
20% sont des plastiques, 10% sont
métalliques et 2% autres. Le
plastique reste donc le problème le
plus préoccupant.
RECYCLAGE De petits et moyens
recycleurs de plastique, de déchets
d’équipements électroniques et de
compost s’établissent
progressivement.

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 Recommandations
Quelques recommandations peuvent être suggérées, recommandations devant au
préalable être appliqué pour permettre au projet KIN BOPETO de réellement réalisé
ses objectifs d’assainissement de la ville de Kinshasa.
Recommandation 1
Il sied de constater que le Ministère de l’Environnement de la RDC n’est pas engagé
suffisamment dans la lutte contre la pollution. En outre, la mise à disposition des
alternatives au contenants ou emballages en plastique remplaçant, celle interdites,
n’a jamais été assuré. Ce problème devrait au préalable trouvé solution pour
espérer réduire l’utilisation des objets prohibés.

Législation environnemental : Le cadre juridique de la protection de


l’environnement dans sa Loi n°11/009 du 09 juillet 2011 portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement et le Décret n°17/018
du 30 Décembre 2017 portant interdiction de production, d’importation, de
commercialisation et d’utilisation des sacs, sachets, films et autres emballages
en plastique sont les deux principaux instruments juridiques congolais devant
prendre en charge la protection de l’environnement contre la pollution
plastique. Cependant, ils comprennent des limites et une non application les
vidant carrément de l’essence de leur mission de protéger l’environnement
contre la pollution plastique.

Recommandation 2
Aucun spot publicitaire, ni émission visant à sensibiliser et à conscientiser la
population et les industriels qui sont les premiers pollueurs de la ville de Kinshasa
n’est affiché; Il en résulte l’indifférence, l’ignorance et l’incivisme de la population
à la gestion des déchets. Une éducation environnementale de la population et des
acteurs participants à cette pollution devra aussi au préalable être vulgariser pour
régir la participation de ces derniers à l’assainissement urbain.

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Recommandation 3
La non application du principe « pollueur-payeur » et des amendes par les
gestionnaires urbains pour décourager les récalcitrants de l’environnement urbain
dénote un laxisme auquel il faudra renoncer afin de bannir la culture des rejets des
différents déchets dans les places publiques : sanctionner les populations et les
industriels sur le principe « pollueur-payeur », « celui qui génère les emballages
plastiques et autres doit payer pour qu’on les évacue »
Recommandation 4
L’occupation anarchique des espaces publics, la concentration démographique et
l’accroissement de l’habitat spontané rendent les problèmes d’assainissement et
de pollution plus aigus. Ceci constitue également un défi à relever.
Recommandation 5
L’argumentaire des ressources naturelles épuisables et des couts tant
environnementaux qu’économique de la mauvaise gestion de déchets à Kinshasa
devrait faire du recyclage des matières recyclables, un cheval de Troie, occupant
une place de choix dans les actions envisagées par le programme KIN BOPETO dans
la mesure où elle permet de créer des emplois verts, réduire la pollution et
revalorisé les ressources.

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CONCLUSION
Le présent travail soutient la pertinence de l’existence des dispositions relatives à
la protection de l’environnement dans un contexte d’économie circulaire qui,
contrairement au modèle linéaire, intègre la problématique environnementale
dans l’équation de production et permet d’envisager une croissance plus durable.
Ensuite, nous faisons le point sur la gestion des déchets à Kinshasa avec un focus
sur le programme KIN BOPETO, pour lequel nous avons proposé quelques
recommandations afin de le rendre plus effectif. En effet, seul, l’existence des
projets pour l’environnement ne suffit pas, il faut en outres appliqués des mesures
adaptées de manière à pallier aux problèmes des déchets qui s’avère être plus
sociétal. En bref, nous avons suggéré une sensibilisation plus accrue, des politiques
renforcées qui doivent être harmonisées, suivies et appliquées ainsi qu’un service
de gestion de déchets approprié.
Bien évidemment, le succès des telles stratégies nécessite des capacités
institutionnelles favorable combiné à des infrastructures, des dispositions
financières et des mécanismes de suivi et de contrôle que les autorités de la ville
de Kinshasa ne garantissent pas pour le moment.

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Références bibliographique
1. Blaise-Pascal Ntirumenyerwa Mihigo, combattre la pollution plastique en
RDC: les défis des récentes réglementations en la matière In IUCN WCEL
International, Regional and National Reports, pp.11.

2. Jules Kassay Ngur-Ikone, la gestion des déchets plastiques à Kinshasa : un


autre défi environnemental à relever dans la conception des villes durables,
2015, pp.131-153.

3. Tom Tietenberg et Lynne Lewis, Economie de l’environnement et


developpement durable, 6eme édition, 2013, pp. 383.

4. United Nations Environment Programme (UNEP), Africa Waste Management


Outlook, p.7.

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