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5 L’optimum individuel 39
5.1 Les préférences du consommateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
5.1.1 La fonction d’utilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
7 L’arbitrage intertemporel 65
7.1 Intérêt et valeur actualisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
7.1.1 Valeur actualisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
7.1.2 Effet de la variation du taux d’intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
7.2 Le marché du crédit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
7.2.1 La capitalisation des intérêts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
7.2.2 La prise en compte de l’inflation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
7.3 Le marché des actifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
7.4 La consommation des ménages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
7.4.1 La contrainte de budget intertemporelle . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
7.4.2 Choix de l’épargne optimale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
7.4.3 Effets de la hausse du taux d’intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
7.4.4 Effets de revenu et de substitution intertemporels . . . . . . . . . . . . 70
7.4.5 La contrainte de liquidité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
8 L’arbitrage travail-loisirs 73
8.1 Le modèle de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
8.2 La structure des préférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
8.3 La contrainte de budget . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
8.4 Le choix optimal du consommateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
8.5 Modification du choix optimal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
8.6 L’offre de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
8.7 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
8.7.1 L’impôt proportionnel au revenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
On va chercher à modéliser :
– Le mécanisme qui permet à l’individu de choisir un unique n-uplet (x1 , x2 , . . . xi , . . . xN ).
Chapitre 1 – Comment se modifie le panier de consommation optimal (x1 , x2 , . . . xi , . . . xN ) lorsque
le revenu R et les prix p1 , p2 , . . . pi , . . . pN se modifient.
Introduction : les spécificités de la Exemple 1 : On considère un univers avec N = 2 biens, des chaussures et des légumes. Une
paire de chaussures coûte p1 = 1 et un kilo de légumes coûte p2 = 1. L’individu consomme
microéconomie x1 = 1 et x2 = 2.
– On observe que si le prix p2 devient p2 = 2, x1 ne varie pas et x2 devient égal à 1.
– On observe également que si p1 devient p1 = 2, x1 ne varie pas et x2 devient égal à 1.
Dans ce cas, la consommation de bien 1 ne varie pas avec le prix de ce bien. On dit que la
Objet de la microéconomie consommation de bien 1 est inélastique à son prix. Par contre, la consommation de bien 2
dépend du prix des deux biens.
– Analyse du comportement d’agents (économiques) individuels.
– Ces agents interagissent sur des marchés : lieu d’échange de marchandises, de biens. Exemple 2 : On considère un univers avec N = 2 biens, du café et du thé. Une tasse de
– On a pour une même marchandise des demandeurs et des offreurs. café coûte p1 = 1 et une tasse de thé coûte p2 = 1. L’individu consomme x1 = 1 et x2 = 4.
– L’échange est caractérisé par un couple (p, Q). – On observe que si le prix p2 devient p2 = 2, x1 devient égal à 3 et x2 devient égal à 1.
– Qu’est ce qui détermine la demande et l’offre? Ainsi, non seulement la hausse du prix du thé a entraı̂né la baisse de la consommation de
– Qu’est ce qui influence le prix et la quantité échangée? thé mais l’individu a également consommé plus de café. Il substitue du café au thé : les deux
– L’échange est-il possible? biens sont substituables.
Y-a-t-il un prix qui fasse que l’offre égale la demande, c.a.d que chacun ait intérêt
à échanger? Exemple 3 : On considère un univers avec N = 2 biens, du café et du sucre en morceaux.
Une tasse de café coûte p1 = 1 et un sucre coûte p2 = 1. L’individu consomme x1 = 4 et
Le lien entre théorie et réalité : x2 = 2.
– Microéconomie : construction d’un cadre théorique basé sur des hypothèses simplifica- – On observe que si le prix p1 devient p1 = 2, 5, x1 devient égal à 2 et x2 devient égal à 1.
trices. Dans ce cas, la hausse du prix du café a entraı̂né non seulement la baisse de la consommation
– Premier contact difficile pour étudiants 1er cycle universitaire : incompréhension du lien de café mais également celle de sucre. En effet, lorsque l’on boit moins de café, on consomme
avec la réalité environnante. moins de sucre. Les deux biens sont complémentaires et consommés en rapport constant : un
– L’ambition de la microéconomie en tant que discipline scientifique demi morceau de sucre par tasse de café.
Sa capacité à formaliser et expliquer les comportements et la réalité économique :
approche explicative, positive.
Utilisation d’un langage mathématique qui permet de définir les hypothèses et d’ain- 1.1 Les agents économiques
sir délimiter la validité des résultats.
Visée normative : à partir de l’aspect explicatif, il s’agit de définir ce que doivent 1.1.1 Les consommateurs
être les comportements selon des critères d’efficacité ou d’équité. Entités individuelles qui consomment des biens ou marchandises (bananes, pommes, voyages),
qui ont une activité d’épargne (épargnants), qui sont salariés d’une entreprise (ils sont offreurs
On observe donc : de leur force de travail) ou qui sont affiliés à une mutuelle ou assurance (demandeurs d’assu-
– 1 univers à N biens, numérotés de 1 à N (i = 1, N ). rance).
1.1.2 Les producteurs Selon ce postulat, chaque agent a un comportement rationnel et individualiste :
Entreprises qui produisent des biens ou des services à partir d’autres biens ou services et – L’agent choisit parmi les opportunités qui lui sont proposées.
qui recherchent un profit. – L’agent choisit ce qui est le meilleur pour lui
Un moulin produit de la farine à l’aide de vent, de blé, du travail du meunier et de la roue L’individualisme revient donc à prendre en compte uniquement ses propres intérêts, dans
du moulin. L’entreprise moulin est demandeuse de blé et de travail et offreuse de farine. Il y un ensemble des possibles donné. L’individu va maximiser ses intérêts.
a ici des échanges sur trois marchés différents : le marché du blé, de la farine et du travail. Dans le cas de différents paniers proposés précedemment, la valeur des consommation est
Une assurance est offreuse d’assurance automobile, d’assurance-vie . . . toujours la même, égale au revenu de l’individu. Il n’est pas rationnel de laisser une part de
Une banque offre du crédit immobilier, automobile . . . son revenu non dépensée car avec cette part, il est toujours possible de consommer et d’aug-
menter sa satisfaction.
1.1.3 Les administrations centrales Chaque consommateur a donc un comportement optimisateur et compte-tenu de son re-
L’État (ministères, préfectures. . . ) comptabilise les échanges sur les différents marchés venu et du prix des biens, il a une demande en chacun des biens qui sont dans son ensemble
(activité de Comptabilité Nationale). Il intervient également sur différents marchés : achats d’opportunités. D’autres agents sont offreurs de ces biens. L’offre et la demande pour chacun
de crayon, offre d’assurance (Sécurité Sociale). Il rend possible l’échange : émission de monnaie. des biens dépendent du prix du bien. Les marchés seront le lieu de rencontre de l’offre et de
la demande pour l’ensemble de ces biens.
1.1.4 Les marchés Sur un marché donné, il y a échange si l’offre et la demande pour le bien sont égales. Il y
Les marchés sont des lieux où se confrontent offre et demande d’un même bien. Si pour a alors échange et le prix d’échange est appellé prix de marché. Si l’offre est différente de la
un prix donné, la quantité offerte est égale à la quantité demandée, il y a échange. Sinon, demande, le marché peut être doté d’un mécanisme d’ajustement.
un certain nombre de mécanismes peuvent se mettre en action afin que l’offre et la demande
s’égalisent (marchandage, enchères). L’échange peut ne pas avoir lieu, c’est la notion de prix Au prix de marché, le demandeur a donc la possibilité d’acquérir le bien et le vendeur a
de réserve : le vendeur ne veut pas descendre en dessous d’un certain prix et à ce prix, per- la possibilité de vendre le bien. Chacun est libre de son choix : si l’échange a lieu c’est que
sonne ne veut acheter. chacune des deux parties y trouve satisfaction. L’échange est donc volontaire et mutuel-
lement avantageux.
Marché Offreur Demandeur Exemple: Les États-Unis n’ont pas assez de pétrole pour leur propre consommation mais
Blé Paysan Moulin ils ont trop de blé : ils sont demandeurs de pétrole et offreurs de blé. Le Nigéria est dans la
Farine Moulin Panzani situation inverse : offreur de pétrole et demandeur de blé. Il va y avoir échange entre les deux
Travail au moulin Meunier Moulin pays qui en tirent mutuellement avantage.
Nouilles Panzani Consommateur
L’économie de marché aboutit à un échange volontaire mutuellement avantageux pour les
Tableau 1.1 – Quelques marchés deux parties. Elle représente 85% des échanges de biens et services en France.
Un échange peut être mutuellement avantageux pour trois parties : c’est l’échange multi-
latéral (figure 1.1)
1.2 Choix et rationalité Dans la réalité, chaque agent est impliqué dans une multitude d’échange. L’autarcisme est
difficilement soutenable : situation dans laquelle un individu est en auto-suffisance et n’échange
On a donc défini, pour un consommateur dans un environnement donné, l’ensemble des
pas avec l’extérieur (Robinson Crusoe).
possibilités de consommation et la frontière associée. Ce consommateur va devoir faire un
choix dans l’ensemble des opportunités qui lui sont proposées.
de résolution. De plus, il est parfois difficile de déterminer le bon niveau de désagrégation ou 1.4 Plan du cours
de repérer les différences de comportement.
C3 La Contrainte Budgétaire
– Analyse statistique au niveau individuel : microéconométrie
– Mise en place d’outils économiques différenciés : microéconomie.
?
– Exemples : Tarifs selon horaires au péage, au cinéma.
C4 Choix et
Rationalité Individuelle
C5 L’Optimum Individuel
? ? ?
C6 Modification du
Choix Optimal C10 L’Équilibre Partiel
? ?
C7 C8
Arbitrage Arbitrage
Intertemporel
Travail-Loisirs
p1
Chapitre 2 p2
p3
La demande de biens p4
p5
2.1 La loi de la demande p6
p
Chaque agent a donc une demande individuelle, pour un prix donné. Lorsque pour tout
6
niveau de prix, on somme les demandes individuelles, on obtient la demande globale (figure
2.2).
p p p
6 Individu 1 6 Individu 2 6
B Demande globale p0
B
B
p̃ B p1
- Q B - Q - Q
q1 6 q2 q 1 + q2
D
- Q
Figure 2.2 – Demandes individuelles et demande globale q0 q1
Lorsque le nombre d’individus tend vers l’infini, on obtient une courbe continue (figure
2.3) : Figure 2.4 – Variation du prix du chocolat
p
6 revenu des agents c’est élevé et pour un même prix, on demande aujourd’hui plus de chocolat.
Il s’agit là d’une modification de la courbe de demande suite à la modification du revenu.
p
6
- Q
D’autres facteurs, tels que le prix des autres biens peuvent agir sur la fonction de demande. Dans ce cas, la baisse du prix du lecteur CD implique la hausse de la demande de CD, on
Ainsi, le prix du caramel lorsqu’il baisse implique une substitution de la consommation de dit que les deux biens sont complémentaires.
chocolat par la consommation de caramel. La courbe de demande de chocolat se modifie donc
puisque pour tout niveau de prix on en demande moins.
p
Le prix relatif d’un bien par rapport à un autre ( pchocolat ) joue un rôle important. 2.2 L’élasticité-revenu de la demande
caramel
Dans le cas du caramel et du chocolat, la figure 2.6 illustre le raisonnement : Une variation du revenu a donc un effet sur la demande d’un bien.
2
p1 p Exemple : Soit un consommateur qui dispose d’un revenu R = 100 = C et qui a face à lui
6
6 deux biens : des légumes (L) et des places de cinéma (C). Il dépense 70 =
C en légumes et 30 =C
Caramel en cinéma : pC QC = 30 =C et pL QL = 70 =C.
Chocolat Supposons maintenant que le revenu augmente de 20% alors que les prix pC et pL restent
constants. Il est vraisemblable que la quantité demandée pour chaque bien augmente mais
p10 p20 pas forcément du même pourcentage. La variation risque d’être plus forte pour la demande
p21 de cinéma.
D 1 La sensibilité de la demande par rapport au revenu est mesurée par le rapport entre la
1
D- D2
- Q2
1 q01 Q1 variation relative de demande et la variation relative de revenu. Elle se nomme élasticité
q0 q02 q12
revenu de la demande ou élasticité de la demande par rapport au revenu. On la note R :
Figure 2.6 – Substitution chocolat-caramel dQ
Q
R = dR
(2.1)
Initialement, la courbe de demande de chocolat est D1 : pour le prix p10 , la demande est q01 . R
Lorsque le prix baisse sur le marché du caramel, la fonction de demande de chocolat devient dQ R
= (2.2)
D1 et la demande q01 . Pour un même prix du chocolat, on en demande moins. Dans ce cas, dR Q
la baisse du prix du caramel implique la baisse de la demande de chocolat : on parle de biens
Ainsi, l’élasticité revenu nous donne le pourcentage de variation de la demande lorsque le
substituables.
revenu augmente de 1%. De plus, l’élasticité est indépendante des unités de représentation de
la quantité et de la valeur.
Considérons maintenant le cas du marché des CD et des lecteurs de CD (figure 2.7).
Lorsque le prix des lecteurs CD baisse, on en consomme plus, il y a par conséquent plus de
demandeurs de CD. Ainsi la fonction de demande de CD est modifiée : pour un même prix,
on demande plus de CD. La courbe de demande de CD se déplace vers la droite. Le prix des
CD étant resté constant, on en consomme plus : on passe de q01 à q01 .
p2
p1
6 6
CD
Lecteurs CD
p20
p21
D
D - Q1 - Q2
q01 q01
Pour la plupart des biens, l’élasticité-revenu de la demande est positive : ce sont des biens
normaux. Pour certains biens, lorsque le revenu augmente, la demande diminue (topinan-
bours). On a alors R < 0. On appelle ces biens des biens inférieurs. Parmi les biens normaux,
certains voient leur demande augmenter plus vite que le revenu : les biens de luxe.
L’estimation des élasticités-revenu de la demande permet de prévoir un effet de la hausse Cette élasticité varie tout au long de la courbe de demande. Si l’on prend la relation
du revenu des ménages sur la consommation des différents biens d’une économie. Si il y a suivante entre la demande et le prix : p = a−bq avec a et b positifs. On obtient le représentation
croissance économique, on va vendre plus de lecteurs DVD et moins de topinanbours. de la figure 2.11. L’élasticité prix de la demande est :
dQ p
ηp =
2.3 L’élasticité-prix de la demande dp q
−1 a − bq
La demande d’un bien dépend de plus du prix de ce bien. On appelle cette sensibilité =
b q
l’élasticité-prix directe de la demande. On la note ηp : −1 a
= ( − b)
dQ b q
Q
ηp = dp
(2.3) L’élasticité dépend donc de q et donc de la position sur la courbe de demande. Elle varie
p
entre 0 et −∞ :
dQ p
= (2.4) a −1 b
dp Q q= ⇒ ηp = (a − b) = 0 (2.6)
b b a
Cette élasticité donne le pourcentage de variation de la demande lorsque le prix aug- q → 0 ⇒ ηp → −∞ (2.7)
mente de 1%. D’après la loi de la demande (relation décroissante entre demande et prix),
une élasticité-prix de la demande est forcément négative. Parfois, par abus de notation, on se p
contente de donner sa valeur absolue.
Sur la figure 2.10, on a : 6
Q − Q p η = −∞
a u
1 0 0 Qp
ηp = <0 (2.5) Q
Q0 p1 − p0 Q
Q
Q
Q
p Q
Q
Q D
6 Q
Q
QQηup = 0 - q
l a
l b
l
l Figure 2.11 – L’élasticité-prix de la demande. Cas linéaire
l
p0 l
l
l
p1 l
l
l
l
l
D
- Q
q0 q1
Lorsque, pour un bien, il existe un autre bien très substituable, sa demande va diminuer les ajustements ont lieu.
fortement lorsque son prix augmente (le prix relatif de ce bien par rapport au prix du bien
substituable). C’est le cas entre deux marques de cigarettes menthol. Exemple : la demande de pétrole. À court terme, il y a pas de substitut au pétrole
Par contre l’essence diesel n’a pas de substitut, la demande est quasi insensible aux varia- lorsque son prix augmente : la demande est insensible aux variations de prix. À long terme,
tions de prix. des énergies de substitution se développent, la demande de pétrole est beaucoup plus sensible
aux variations de prix.
Bien R ηp
Produits à base de céréales 0.35 -0.29
Viandes 0.42 -0.45
Fruits et légumes (y compris pommes de terre) -0.27 -0.12
Boissons non alcoolisées 0.59 -0.45
Boissons alcoolisées -0.18 -0.84
Habillement 0.19 -1.41
Santé 1.72
Achat de véhicules individuels 1.30 -0.1
Loisirs, cultures 1.24 -0.78
Source: INSEE, repris dans Picard 1998, page 81.
Tableau 2.2 – Quelques élasticités prix et revenu
dRT dq
= q+p
dp dp
p dq
= q(1 + )
q dp
= q(1 + ηp )
DVD
6
5 sA
@
@
B’
4 s @sB
@
Chapitre 3 3
@
@sC
@
@ D
2 @s
La contrainte budgétaire @
@ sL
1 @
@
@@sE - CD
0 2 4 6 8 10
3.1 Le domaine des possibles
Les ressources sont rares, il est donc nécessaire de faire des choix. Il existe des contraintes Figure 3.1 – L’ensemble des possibilités de consommation
physiques, techniques ou financières. Même si l’on dispose d’un budget très important (milliar-
daire), on ne dispose que de 24 heures par jour et on pourra faire que 24 heures de golf par jour.
Les points de la droite AE correspondent donc à l’ensemble des combinaisons de consom-
Il est donc nécessaire d’identifier l’ensemble des opportunités auquel est soumis un agent
mation pour lesquels le budget est entièrement dépensé.
économique : c’est le domaine des possibles. Il s’agit de recenser les contraintes physiques,
techniques et temporelles. Tous les points à l’intérieur du triangle A0E constituent l’ensemble des combinaisons de
consommation pour lesquels le budget n’est pas entièrement dépensé.
Exemple 1 : un consommateur dispose de 100 = C et va dans un magasin qui vend des CD
Chaque combinaison (CD,DVD) constitue un panier de biens ou panier de consommation.
au prix unitaire de 10 =
C et des DVD au prix unitaire de 20 =
C.
Que peut-il acheter, compte-tenu de son budget et du prix des biens qu’il a en face de lui?
Définition : L’ensemble des possibilités de consommation représente l’ensemble des pa-
Si il achète 5 DVD, il ne peut acheter aucun CD. Inversement, si il achète 10 CD, il ne niers de biens qui sont accessibles au consommateur, compte-tenu du prix des biens, de la
peut acheter aucun DVD. Ainsi, si on fixe le nombre de CD (inversement de DVD), il est richesse du consommateur et d’éventuelles autres contraintes.
possible de déterminer quelle quantité de l’autre bien il est possible d’acheter.
Définition : La frontière des possibilités de consommation représente l’ensemble des pa-
Nb DVD fixés Nb CD possibles
niers de biens qui sont accessibles au consommateur, compte-tenu du prix des biens, de la
5 0
richesse du consommateur et d’éventuelles autres contraintes, et pour lesquels la richesse est
4 2
entièrement utilisée.
3 4
2 6
1 8 Définition : La droite de budget représente les combinaisons possibles de consommation
0 10 qui aboutissent à une utilisation totale du budget de l’individu : c’est donc la frontière des
possibilités de consommation.
On peut également reporter cette information sur le graphique suivant (3.1):
Au point B, le consommateur achète 4 DVD, il lui est alors possible d’acheter 2 CD. Il peut
également choisir d’acheter 1 seul CD (B’) : dans ce cas, il ne dépense pas tout son budget Les points B et E correspondent à des paniers différents et accessibles pour lesquels le
(Dépense=90C= ). budget est entièrement consommé. Quand on passe de B à E, on baisse la consommation de
DVD de 4 unités et on augmente la consommation de CD de 8 unités. On peut calculer le
x2
rapport suivant :
6
∆Conso DVD −4
=
∆Conso CD 8 R u
p2 Z
= −0.5 Z
Z
Z
Z
Cette valeur est la pente de la droite de budget. Cela signifie que pour augmenter la conso- Z
mation de DVD de une unité, il faut renoncer à la consommation de deux CD. Z
Z
Z
− pp12 ZZu - x1
R
p1
3.2 L’équation de la droite de budget Figure 3.2 – La droite de budget
La droite de budget est donc, dans un univers à N = 2 biens, une droite. Il s’agit d’un
ensemble géométrique défini par une équation (linéaire).
Dans le cas où il existe N biens dont les niveaux de consommation sont x1 , x2 , . . . xi ,
. . . xN et les prix associés p1 , p2 , . . . pi , . . . pN , la droite de budget (la frontière des possibilités De fait, considérer deux biens permet de considérer un grand nombre de situations et de
de consommation) est défini par la relation suivante : faire apparaı̂tre les propriétés essentielles. Cela permet également de raisonner graphiquement,
dans un espace à deux dimensions.
Dépenses = Revenu R (3.1)
Posons nous maintenant la question suivante : lorsque je dépense tout mon revenu et que
La dépense est : je décide de consommer une unité supplémentaire de bien 1, à quelle quantité de bien 2 je
dois renoncer?
Dépense = p1 x1 + p2 x2 + . . . pn xn (3.2) Je me place donc sur la droite de budget d’équation p1 x1 + p2 x2 = R et je fais varier la
quantité de bien 1 de une unité (dx1 = 1), tout en conservant le même revenu (dR = 0). Je
L’équation de la droite de budget est alors :
réécrit alors l’équation de la droite de budget sous forme différentielle :
p1 x1 + p2 x2 + . . . pn xn = R (3.3)
⇔ pi xi = R (3.4) p1 dx1 + p2 dx2 = dR (3.7)
i=1,N
qui devient :
Dans le cas où N = 2, on retrouve simplement :
p1 + p2 dx2 = 0 (3.8)
p1 x1 + p2 x2 = R, (3.5) d’où
p1
ce qui peut s’écrire sous la forme : dx2 = − (3.9)
p2
−p1 R p1
x2 = x1 + (3.6) Je renonce donc à une quantité p2
de bien 2, quelle que soit ma position sur la droite de
p2 p2
budget.
Cette droite est représentée sur la figure 3.2.
Deux paniers de consommation apparaissent sur le graphique 3.2 :
3.3 La modification de la droite de budget
– Lorsque l’individu décide de consacrer tout son budget R au bien 1, on a x1 = pR1 et
x2 = 0. Il est opportun de considérer que l’environnement économique, c.a.d le prix des biens et
– De même, si l’individu décide de consacrer tout son budget R au bien 2, on a x2 = pR2 le revenu de l’agent, se modifient. Dans ce cas, comment se modifie la droite de budget?
et x1 = 0.
Dans le cas où seul le revenu se modifie et passe de R à R , la pente de la droite de budget
(− pp12 ) ne se modifie pas. La nouvelle droite de budget est donc parallèle à la première. Seules
les intersections avec les axes se modifient et deviennent ( R p1
, 0) et (0, R
p2
). C’est ce qui est
représenté sur la figure 3.3
x2
6
R
p2 @
R @ x2
p2 @
@ @ 6
@ @
@ @
@ @
@ @
@ @ R
@
@ @ - x1 @
p2 L
R R
p1 p1
L@
L @
Figure 3.3 – Effets d’une variation du revenu L @
L @
L @
Lorsque le rapport des prix se modifie, par exemple suite à une augmentation du rapport L @
L @
des prix de p1 à p1 , on a le bien 1 qui devient relativement plus cher que le bien 2. La quantité L @
maximale de bien 2 que l’on peut acquérir reste la même : pR2 . Par contre, La quantité maximale L @
L @
de bien 1 que l’on peut acquérir baisse et devient pR < pR1 . C’est ce qui est représenté sur la L @@ - x1
1 R R
figure 3.4 p1 p1
Dans le cas où les prix baissent simultanément d’un même facteur λ : est proportionnel à la quantité échangée et au prix unitaire du bien. C’est le cas de l’essence
en France où le taux de taxe τ est de l’ordre de 0, 8. La la contrainte de budget devient :
p1 → λp1 λ < 1
p1 (1 + τ )x1 + p2 x2 = R
p2 → λp2 λ < 1
A contrario d’une taxe qui revient à augmenter le prix d’un bien, il existe également le
alors, le rapport des prix est inchangé. Par contre, les deux intersections avec les axes se principe de subside qui est une taxe négative : le gouvernement donne un certain montant au
modifient : consommateur.
R R Ainsi, dans le cas d’une subside à l’unité, le gouvernement done un montant s au
( , 0) → ( , 0) consommateur par unité de bien achetée. Le prix baisse de p1 à p1 − s.
p1 λp1
R R Sans le cas d’une subside à la valeur, le gouvernement applique un taux de remise σ et
(0, ) → (0, ) le prix passe de p1 à p1 (1 − σ).
p2 λp2
Ce qui équivaut à une hausse du revenu d’un facteur λ, comme dans la figure 3.3. Aux États-Unis, le gouvernement fédéral finance la consommation alimentaire des plus
pauvres. La première version de ce programme, en place jusqu’en 1979, était la suivante. En
Enfin, si l’on considère une variation simultanée du prix et du revenu d’un même facteur, contrepartie d’un chèque de 25$, le gouvernement donnait aux ménages les plus pauvres un
par exemple une multiplication par deux, alors la droite de budget reste inchangée. En effet, bon alimentaire de 100$ 1 .
une droite étant entièrement déterminée par deux points, les paniers ( pR1 , 0) et (0, pR2 ) ne sont Dans ce cadre, comment se modifie la droite de budget?
pas modifiés. On peut représenter la droite de budget en termes de dollars dépensés (figure 3.5). Pour
Ainsi, ce qui importe ce n’est pas le revenu nominal R mais le revenu réel exprimé par les ménages qui ne bénéficient pas de l’aide, la droite (CB1) a une pente de -1 : un dollar
rapport au prix de chacun des deux biens : pR1 et pR2 . On parle de pouvoir d’achat en chacun dépensé pour l’alimentation réduit de 1 dollar la consommation des autres biens.
des biens. Pour les ménages qui bénéficient de l’aide, les 100 premiers dollars dépensés en alimentation
réduisent la consommation des autres biens de 25 dollars. La pente de la droite (CB2) a une
pente :
3.4 Exemples : taxes et subsides
d(p2 x2 ) −25
= = −0, 25
Parmi les éléments de politique économique disponibles, les taxes imposées par l’État au d(p1 x1 ) 100
moment de l’échange marchand modifient le prix des biens et donc la contrainte de budget de La droite reprend ensuite une pente de -1. Ainsi, l’aide gouvernementale consiste à modi-
l’agent. Il existe plusieurs formes de taxation, que l’on peur illustrer, dans un univers à deux fier le prix des 100 premiers dollars de nourriture achetée. Il s’agit d’une taxe à la valeur : si
biens, par une modification du prix du bien 1. on fixe le prix du bien alimentaire à 1 (p1 = 1), p1 devient p1 (1 − s) pour les 100 premières
unités alimentaires achetées d’où s = 0, 25.
On appelle taxe à l’unité, une taxe qui consiste à payer au gouvernement un certain mon-
tant par unité achetée. C’est ce qui se passe au États-Unis dans le cas du carburant. Chaque La deuxième version de ce programme, mise en place à partir de 1979, consiste à distribuer
consommateur paye un montant t par litre de carburant. Le montant financier récupéré par gratuitement les bons alimentaires aux ménages. Un ménage qui reçoit un bon de 100 dollars
le gouvernement est donc proportionnel à la quantité échangée mais indépendante du prix a une contrainte de budget (CB2) représentée sur la figure 3.6. Lorsque le ménage dépense les
unitaire du bien. Ainsi, la taxe à l’unité consiste à modifier le prix p1 en p1 + t, ce qui modifie 100 premiers dollars de bons alimentaires, il renonce à aucune unité des autres biens. Ainsi
la contrainte de budget : la droite de budget a une pente :
(p1 + t)x1 + p2 x2 = R
d(p2 x2 ) 0
= =0
d(p1 x1 ) 100
Ensuite, le droite de budget retrouve la même pente que la droite de budget d’un ménage
Un autre forme est la taxe à la valeur, basée sur le prix p1 du bien. On applique un
qui ne bénéficie pas de l’aide (CB1).
taux τ sur le prix p1 qui devient p1 (1 + τ ). Ce pourcentage additionnel correspond à une
augmentation du prix p1 mais maintenant, le montant financier récupéré par le gouvernement 1. Chiffres donnés à titre illustratif.
Autres dépenses
6
CB2
CB1 Dépenses Alimentaires
-
100$
Figure 3.5 – Subsides 1
Autres dépenses
6
CB2
CB1 Dépenses Alimentaires
-
100$
Figure 3.6 – Subsides 2
t = 20 t = 30
A et T
c=5 c=3
Selon cette règle, l’individu choisit le mode pour lequel la valeur d’une certaine ca-
La théorie du choix individuel ractéristique est la meilleure et pour lequel la valeur des autres caractéristiques n’est pas
plus mauvaise. Par exemple, si la caractéristique dominante est un temps de trajet court. La
comparaison des deux modes suivants :
t = 20 t = 30
4.1 Un exemple de choix individuel : le choix binaire A
c=3
et T
c=3
Supposons qu’un individu doivent choisir un mode de transport entre son domicile et son va amener au choix du mode automobile car ce mode est plus rapide et a le même coût
travail. Il a le choix entre sa voiture et le train. Chacun des deux modes de transport a un que l’autre mode.
certain nombre de caractéristiques, que l’on limitera ici à :
Par contre si on considère les deux modes et les caractéristiques du tableau 4.1 :
– Temps de trajet (t).
– Coût de transport (c) t = 20 t = 30
A et T
Il est alors amené à choisir entre le mode 1 (voiture) et le mode 2 (train) dont les ca- c=5 c=3
ractéristiques sont présentées dans le tableau 4.1. L’individu est considéré comme libre des
L’individu ne peut choisir car l’automobile est bien plus rapide (caractéristique dominante)
ses choix : c’est lui qui prend la décision. Il doit ici choisir entre deux modes : on parle de choix
mais plus chère, alors qu’il faudrait que le coût de l’automobile soit inférieur ou égal au coût
binaire.
du train.
La règle de dominance ne permet donc pas de choisir entre deux modes, quels que soient
les modes et leurs caractéristiques. Si on avait choisi comme caractéristique dominante le coût
Tableau 4.1 – Le choix du mode de transport de transport, le résultat aurait été identique.
Caractéristiques Le problème vient du fait que l’on doit composer avec différentes échelles d’ordonnance-
Temps Coût ment : l’une liée au temps et l’autre liée au coût de transport. Plus précisément, il ne peut y
Voiture t1 = 20mn c1 = 5$ avoir de relation d’ordre complète dans un espace de dimension supérieure ou égale à deux.
Train t2 = 30mn c2 = 3$
Dans la réalité du transport, on observe un grand nombre d’individus qui ont fait un unique Définition
choix, entre un grand nombre de modes, composés chacun de plusieurs caractéristiques. Notre
objet ici est de dégager les propriétés de la règle de décision individuelle qui amène à un choix Une relation est une application du produit cartésien d’un ensemble donné sur lui même
unique (indépendamment du nombre de modes et de caractéristiques). (produit cartésien) vers {0, 1}.
Il est évident que cette règle n’amène pas forcément de choix unique. Si on souhaitait ne 4.2 Le choix continu
pas dépenser plus de 3 dollars, on ne pourrait choisir entre les deux options. De même, si l’on
souhaitait ne pas mettre plus de 15 mn de trajet, on éliminerait les deux options. Dans le cas du choix continu, on évolue dans un monde à N biens dont les niveaux de
consommation sont notés x1 , x2 , . . . xN . Il ne s’agit plus de choisir entre deux options A et B
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
L’ordre lexicographique xA xB
1 1
⎜ xA ⎟ ⎜ xB ⎟
Il s’agit tout d’abord de définir un ordonnancement des caractéristiques. Ensuite, on choi- dont les coordonnées sont : A ⎜ 2 ⎟
⎜ .. ⎟ et B ⎜ .. ⎟
⎜ 2 ⎟
sit une option qui est la plus favorable selon la caractéristique jugée la plus importante. Si ⎝ . ⎠ ⎝ . ⎠
cette procédure ne parvient pas à éliminer toutes les options, à l’exception d’une seule, on xA J xB
J
utilise la même procédure avec la caractéristique la plus importante. On continue ainsi jusqu’à
obtenir un unique choix. mais de choisir une quantité (variable continue) x1 , x2 , . . . xN de chacun des biens présents.
En fait, le problème est tout à fait identique. Il s’agit d’être capable entre deux vecteurs de
Cette règle a l’avantage de conduire a un unique choix. Ainsi, étant donnés deux modes consommation (élément de RN ) :
A et B, il est toujours possible de choisir entre A et B : on a donc un ordonnancement ⎛ ⎞ ⎛ ⎞
complet. C’est à dire que ∀ (A, B) deux options, on a toujours : x1 y1
⎜ x2 ⎟ ⎜ y2 ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
X ⎜ .. ⎟ et Y ⎜ .. ⎟
soit : A B A est préféré ou indifférent à B ⎝ . ⎠ ⎝ . ⎠
soit : B A B est préféré ou indifférent à A xN yN
C’est à dire définir un ordonnancement complet de RN Définition : On dit que les choix individuels observées (fonctions de demandes pour cha-
cun des N biens) (X 1 , . . . X k ) révèlent que X j est faiblement préféré à X i si pj .X i ≤ Rj . On
Pour tout couple de paniers de consommation (X, Y ), on a donc : note cela X j X i . Cela signifie que pour le système de prix pj et le revenu Rj , le panier X j
sera choisi plutôt que X i . Il est possible que l’agent soit indifférent entre les deux paniers.
soit : X Y Xest préféré ou indifférent à Y
soit : Y X Y est préféré ou indifférent à X Définition : On dit que les données observées (X 1 , . . . X k ) révèlent que X j est strictement
préféré à X i si pj .X i < Rj . On note cela X j
X i . Cela signifie que pour le système de prix
De la même façon que dans le cas discret, une fonction d’utilité :
pj et le revenu Rj , le panier X j sera choisi plutôt que X i .
U : RN → R
Axiome Généralisé des Préférences Révélées : Les données observées satisfont à
X → uj (xj )
j=1,J
l’Axiome Généralisé des Préférences Révélées s’il n’est pas possible de construire un cycle
X i X j X k X i dans lequel au moins une des relations peut être remplacée par la
permet cela et aboutit à un choix unique. relation stricte
. Cela signifie que si X i est révélé être strictement préféré à X j alors, X j ne
peut être révélé indifférent ou préféré à X i .
Dans ce cas, les données révèlent que les fonctions de demande observées sont compa-
4.3 Les préférences révélées tibles avec une structure de préférence rationnelle qui a les bonnes propriétés. Ainsi, lorsque
l’AGPR est vérifié, il n’est pas possible de rejeter le modèle de choix microéconomique du
Dans la réalité, les choix observés le sont dans un contexte économique donné. Ainsi, les consommateur.
quantités consommées (et donc choisies) par l’agent sont x1 , x2 , . . . , xN , les prix unitaires
associés sont p1 , p2 , . . . , pN et le revenu de l’agent R. Exemple (d’après Kreps, 1996, page 49) : Considérons un monde à trois biens dans
lequel nous observons les choix et les systèmes de prix suivants :
On peut alors se poser la question suivante : les choix observés pour un même agent, dans
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
différentes conditions économiques sont ils rationnels? 10 10
X =1 ⎝ 10 ⎠ 1
p = ⎝ 10 ⎠ R1 = 300
En particulier, on s’attend à ce que si un panier X est préféré à un panier Y et si Y est 10 10
préféré à Z alors X soit préféré à Z : c’est la notion de transitivité. ⎛ ⎞ ⎛ ⎞
9 10
X =2 ⎝ 25 ⎠ 2
p = ⎝ 1 ⎠ R2 = 130
La solution à cette question est donnée par l’Axiome Généralisé des Préférences
7.5 2
Révélées (AGPR). ⎛ ⎞ ⎛ ⎞
15 1
Notations : Soit un ensemble de paniers X 1 ,. . . ,X k . Le panier X 1 est le choix optimal de X 3 = ⎝ 5 ⎠ p3 = ⎝ 1 ⎠ R3 = 110
l’agent lorsque le vecteur prix est p1 et le revenu R1 . 9 10
⎛ ⎞ ⎛ ⎞ Calculons maintenant, pour chaque panier, la dépense associée aux trois vecteurs prix :
x11 p11
⎜ x1 ⎟ ⎜ p1 ⎟
⎜ 2 ⎟ ⎜ 2 ⎟ X1 X2 X3
X 1 = ⎜ .. ⎟ p1 = ⎜ .. ⎟
⎝ . ⎠ ⎝ . ⎠ p1 300 415 290
x1N p1N p2 130 130 173
Ainsi, pour le panier X 1 , on a : p3 120 109 110
Essayons maintenant de construire les relations de préférence révélées.
N
p1i x1i = R1 Sur la ligne 1, on observe que lorsque l’on choisit X 1 pour p1 et R1 , on aurait pu choisir
i=1 X 3 car p1 .X 3 < R1 (290<300). Ainsi, X 1 est révélé être strictement préféré à X 3 : X 1
X 3 .
⇔ p1 .X 1 = R1
Sur la ligne 2, on a p2 .X 1 = R2 donc X 2 X 1 ⇔ X 1 X 2 . Les fonctions u2 (x2 ), . . . , uN (xN ) n’interviennent pas dans la calcul et donc les niveaux de
consommation x2 , . . . ,xN non plus.
Sur la ligne 3, on a p3 .X 2 < R3 donc X 3
X 2 .
Ainsi, dans un univers à deux biens : du poulet (1) et du mouton (2), l’évolution de la sa-
Au final, on a X 1
X 3
X 2 X 1 . L’axiome AGPR est donc non vérifié. tisfaction lorsque la quantité de poulet augmente ne dépend pas de la quantité de mouton. Si
on consomme x1 = 1 et x2 = 0, l’augmentation de satisfaction (utilité) lorsque on consomme
Faire le même exercice avec : un poulet supplémentaire sera la même que si on consomme x1 = 1 et x2 = 20, ce qui est
⎛ ⎞ ⎛ ⎞ assez irréaliste.
15 1
3
X = ⎝ 5 ⎠ 3
p = ⎝ 2 ⎠ R3 = 115 Prendre un fonction d’utilité de la forme :
9 10
U = uj (xj )
j=1,J
4.4 L’additivité des fonctions d’utilité ne permet donc pas de prendre en compte le niveau de consommation des autres biens
lorsque la consommation d’un bien particulier se modifie. De façon générale, on ne spécifiera
On a donc défini une fonction d’utilité : pas la fonction U comme précédemment mais on écrira simplement :
U = U (x1 , . . . ,N )
U = uj (xj )
j=1,J en laissant une possibilité de flexibilité dans la spécification de U .
U = uj (xj )
j=1,J
dU
dx1
dU d
= (u1 (x1 ) + u2 (x2 ) + . . . uN (xN ))
dx1 dx1
d(u1 (x1 ))
=
dx1
Jambon
6
quA1
a aa
Chapitre 5 aa
aa
A
u
c3
aa
aa
aa
a aa
L’optimum individuel a aa
a
aAt 2 -Poulet
On a déjà décrit dans quel ensemble l’individu pouvait faire ses choix : FPC. Figure 5.1 – Arbitrage jambon-poulet
Compte-tenu de l’hypothèse d’individualisme méthodologique, l’individu utilise tout son Dans la réalité, l’agent a face à lui un nombre très grand (N ) de biens. Pour chaque bien
budget et se place sur la FPC, la droite de budget. i, il en demande une quantité xi . Le panier de consommation de l’agent est alors :
⎛ ⎞ ⎛ ⎞ Démonstration :
x1 y1
⎜ x2 ⎟ ⎜ y2 ⎟ X
Y ⇔ U (X) > U (Y )
4. Soient deux paniers : X ⎜ ⎟
⎜ .. ⎟ et
⎜ ⎟
Y ⎜ .. ⎟
⎝ . ⎠ ⎝ . ⎠ ⇔ V (U (X)) > V (U (Y )) V croissante monotone
xN yN ⇔ W (X) > W (Y )
Quand on augmente la quantité des deux biens, le niveau d’utilité augmente aussi, une On va maintenant introduire une hypothèse importante, celle de convexité des préfé-
courbe d’indifférence (U1 ) placée au dessus d’une autre (U2 ) correspond à un niveau d’utilité rences : étant donné deux paniers B et C préférés à A, tout panier situé entre B et C est
plus élevé U1 > U2 (figure 5.3) préféré à A (combinaison linéaire convexe) (figure 5.5).
x2 x2
6 6
vB
Z
Z
Z
Z
Z
vA Z
U1 ZvC
U2
- x1 - x1
Figure 5.3 – Deux courbes d’indifférence différentes Figure 5.5 – La convexité des préférences
De plus, deux courbes d’indifférence de niveaux différents ne peuvent se couper (figure Géométriquement cela signifie que la droite issue de deux points de la courbe d’indifférence
5.4). Supposons que U1 et U2 se coupent en A. Cela signifie que pour le panier (xA A
1 , x2 ), on a est au dessus de la courbe ou bien que toute droite entre deux points de l’ensemble des paniers
1 , x2 ) = U2 (x1 , x2 ), ce qui est impossible par construction (U1 = U2 ).
U1 (xA A A A
préférés à A reste dans l’ensemble des paniers préférés à A.
x2 Dans la figure 5.6, on donne deux exemples de courbes d’indifférences non convexes.
6 x2 x2
6 6
@
@ l
@ l
@ l
@ l
@ l
A @ l
w ll
U1
U2 -
x1
- x1 - x1
Cette hypothèse a des conséquences importantes, comme l’illustre la figure 5.7. Les points Ce phénomène ne peut se produire dans la cas de préférences non convexes (figure 5.8)
M et N sont situés sur la même courbe d’indifférence, ils apportent donc le même niveau x2
d’utilité. En M et N , on réduit la consommation de bien 1 de la même quantité ∆x1 . La
6
quantité de bien 2 nécessaire pour conserver le même niveau d’utilité (rester sur la même u
M
courbe d’indifférence) est alors différente dans les deux cas : ∆N x2 < ∆M x2 .
Ainsi, l’équivalent en termes de satisfaction d’un bien par rapport à un autre n’est pas
constante, elle dépend des quantités de chaque bien disponibles. Figure 5.8 – Non-convexité des préférences
Exemple : si j’ai 10 tonnes de bananes et que j’en perd 100 grammes, ce n’est pas la même
désutilité que si j’en ai 200 grammes et que j’en perd 100 grammes. 5.1.4 L’utilité marginale et le taux marginal de substitution
x2
Ainsi, la baisse de la consommation d’un bien a un effet négatif sur le niveau d’utilité, la
6
M consommation des autres biens restant constante.
∆ x2
Cette notion est appellée utilité marginale d’un bien : c’est l’accroissement d’utilité
s
M consécutif à l’augmentation de consommation d’un bien, les quantités des autres biens restant
constantes. Si U = U (x1 , x2 , . . . , xN ), l’utilité marginale du bien i est Ux i ou Ui . Mathémati-
quement c’est la dérivée partielle de U par rapport à xi :
∂U
∆N x2 sN Ui = (5.1)
Ux
- ∂xi
1
∆x1 ∆x1
Dans un univers à deux biens, supposons maintenant que l’on souhaite connaı̂tre la quan-
Figure 5.7 – Convexité des préférences tité additionnelle de bien 2 nécessaire pour conserver le même niveau d’utilité suite à la
baisse de consommation de bien 1 d’une unité. Cette quantité est appellé taux marginal de
substitution du bien 2 au bien 1 et vaut :
Ux 1
T M S2,1 = (5.2)
Ux 2
p1 x1 + p2 x2 = R Soit un niveau d’utilité U1 (figure 5.10), plusieurs paniers permettent d’obtenir ce niveau
R p1 tout en étant sur la droite de budget (A et B). Le consommateur va choisir d’augmenter sa
⇔ x2 = − x1 consommation en chacun des biens, il obtient alors une utilité supérieure U2 accessible en A
p2 p2
et B . Il peut continuer jusqu’au niveau U3 mais celui ci n’est pas accessible sur la droite de
La figure 5.9 représente cette droite. On observe que la pente de la droite de budget est budget. Le point limite est le point E qui correspond à U4 .
indépendante du revenu : − pp12 . x2
x2 6
6
Le point E correspond au niveau maximal d’utilité que l’on peut atteindre, en arbitrant
entre la consommation des deux biens et en respectant la contrainte de budget (DB). Il s’agit
de l’optimum individuel du consommateur, étant donné son revenu et le prix des biens, sa
demande sera xE E
1 et x2 . Dans la mesure où cette situation est le résultat d’un calcul de maxi-
misation (d’utilité) sous contrainte (de budget) on parle également d’optimum individuel.
x2
La pente de la courbe d’indifférence est :
6
dx2 U
= − x 1
dx1 U x2
5H
HH
La pente de la droite de budget est : H
HH
x∗2 HH
sE
p1 HH
− H
p2 HH
H U =K
H - x1
Ux 1 p1 x∗1
⇒ = 10
Ux 2 p2
p1 Figure 5.11 – La demande de bananes et de fraises
⇒ T M S2,1 =
p2
Ainsi, à l’optimum, le taux marginal de substitution du bien 2 au bien 1 est égal au rapport 2. En E, la condition d’optimalité est vérifée :
des prix pp12 . Cette propriété est appellée condition d’optimalité et s’interprète aisément. p1
T M S2,1 =
p2
Le T M S2,1 est la quantité supplémentaire de bien 2 nécessaire pour garder le même niveau
Ux 1 1
d’utilité lorsque la consommation du bien 1 baisse de une unité. =
Ux 2 2
Supposons que T M S2,1 < pp12 . Dans ce cas, lorsque le consommateur vend une unité de x2 1
=
bien 1 il en retire une recette p1 x1 = p1 . Il doit alors acheter T M S2,1 unités de bien 2 pour x1 2
conserver la même utilité. La dépense est p2 T M S2,1 . Or comme T M S2,1 < pp12 , la recette est 2x2 = x1
supérieure à la dépense, il peut donc acheter une quantité additionelle de bien 2 et au lieu de
garder le même niveau d’utilité, il va l’augmenter. Ainsi, lorsque T M S2,1 < pp12 , il est possible Les coordonnés du point E sont donc solution du système linéaire à deux équations et
d’augmenter son utilité, on n’est donc pas à l’optimum individuel. deux inconnues :
On raisonne de la même façon lorsque T M S2,1 > pp12 . Il est possible de vendre T M S2,1 1
unités de bien 2 et on doit acheter une unité de bien 1 pour compenser. Dans ce cas, la recette x2 = 5 − x1 (5.4)
2
p2 T M S2,1 est supérieure à la dépense p1 : il est donc possible d’augmenter son utilité et donc 2x2 = x1 (5.5)
on n’est pas à l’optimum.
dont la solution est :
Conclusion À l’optimum individuel du consommateur on a :
x∗1 = 5
p1
T M S2,1 = (5.3) x∗2 = 2.5
p2
Cela correspond au niveau d’utilité U = 12.5.
Exemple : On note x1 la quantité de bananes (en kgs) et x2 la quantité de fraises (en
Compte-tenu de son revenu et du prix des deux biens, la demande (optimale) de l’agent est
kgs). Les prix associés sont p1 = 1C = et p2 = 2C
= . Le revenu de l’agent est 10C
= . La fonction
de 5kgs de bananes et de 2.5 kgs de fraises.
d’utilité est U (x1 , x2 ) = x1 x2 .
Faire le même exercice avec U (x1 , x2 ) = log(x1 x2 ).
La droite de budget est : x1 + 2x2 = 10.
Attention, l’utilisation directe des conditions d’optimalité est valide que lorsque les
courbes d’indifférences sont ”bien élevées” : convexes, ne coupent pas les axes. Dans des
cas particuliers (figure 5.12), les conditions d’optimalité appliquées sans discernement ne
déterminent pas l’optimum.
x2
6 CI coupe axe x2
Solution en coin
u
@
@
@
@
@u
@
@
@
@ - x1
x2 x2
6 6
CI coupe axe CI coupe axe
solution intérieure uSolution en coin
T
T
b T
b T
b
b w T
b
b T
b T
b
bb T
- x1 T - x1
x2
6
@
@
Chapitre 6 @
@ Courbe
@ @ consommation-revenu
@ @ uE
@ @
La modification du choix optimal @
@
@
@w
@
@
@ E @
@
@u @ @
E@ @ @
@ @ @
6.1 Effets d’un changement de prix et d’un changement @
@ @ @@ - x1
R R R
de revenu p1 p1 p1
@
R u @
p2 Z @
Z
Z @
Z @ @
Z @ @
Z @ Courbe
Z @
Z @sE consommation-revenu
@ uE
Z @ @
− pp12 ZZu - x1 @ @
R @ @
p1 @ @
@ @
@ @ - x1
Figure 6.1 – La droite de budget
Il se peut également que la consommation d’un bien ne varie pas lorsque le revenu aug- 6.1.2 Les coefficients budgétaires
mente. Dans la figure 6.4, le bien 2 a une élasticité-revenu nulle.
On a donc évoqué la part du revenu allouée à la consommation d’un bien. Cette part
x2
s’appelle le coefficient budgétaire. Dans un univers à N biens, l’individu utilise tout son
6 revenu à l’optimum. On a donc :
@
@ R = p1 x1 + p2 x2 + . . . pN xN
@ @ N
@ @
@ @ @ = pi xi
@ @ @ i=1
@ @ @
@ @ @
@ @ @ On défini le coefficient budgétaire du bien i :
@@@ @ - x1
pi xi
θi = (6.1)
R
Figure 6.4 – Variation du revenu avec élasticité-revenu nulle Le coefficient θi représente la part du revenu utilisée pour consommer du bien i.
On a donc une courbe qui relie tous les optimums lorsque le revenu varie. On peut On vérifie aisément que :
également, pour chaque bien représenter la consommation optimale en fonction du revenu.
Cette courbe est appellée courbe d’Engel.
N
La forme de la courbe d’expansion du revenu a des conséquences sur la forme des courbes θi = 1
d’Engel. Dans la figure 6.2, le revenu double lorsque l’on passe de R à R . Alors la consom- i=1
mation du bien 1 ne double pas (x1 < 2x1 ) et la consommation de bien 2 fait plus que doubler
(x2 > 2x2 ). Ainsi, la courbe d’Engel du bien 1 (figure 6.5) reflète le fait que lorsque le revenu Comment évolue le coefficient budgétaire lorsque le revenu augmente?
augmente, la consommation en bien 1 augmente moins vite. Dans ce cas, on alloue une part
moins importante du revenu à la consommation de ce bien. L’élasticité-revenu de ce bien est pi xi (R)
comprise entre 0 et 1 : il s’agit d’un bien prioritaire tel que l’habillement ou la nourriture. θi =
R
dθi pi dx i
d 1
Dans le cas du bien 2, la courbe d’Engel (figure 6.5) reflète le fait que lorsque le revenu ⇒ = dR
+ pi xi
dR R dR R
augmente, la consommation en bien 2 augmente plus vite. Dans ce cas, on alloue une part dx 1 −1
i
plus importante du revenu à la consommation de ce bien. L’élasticité-revenu de ce bien est = pi + xi 2
dR R R
supérieure à 1 : il s’agit d’un bien de luxe tel que la hifi. pi xi dxi R
x1 x2 = − 1
R2 dR xi
6 6
pi xi
= 2
R − 1
Courbe d’Engel R
Bien 1 Courbe d’Engel
Bien 2 Ainsi, pour les biens de luxe qui ont une élasticité-revenu supérieure à 1, le coefficient
budgétaire augmente avec le revenu
- R - R
1. Le prix 1 baisse, ce qui implique une hausse du pouvoir d’achat et l’on peut atteindre
une utilité supérieure. On va donc consommer plus de chacun des deux biens (supposés
normaux). Cet effet est un effet revenu.
2. Le bien 1 est relativement moins cher que le bien 2 : on va substituer du bien 1 au bien
2 tout en gardant la même utilité. Cet effet est un effet de substitution
On va décomposer cet effet à l’aide de la figure 6.9. 6.2.2 Biens inférieurs : le paradoxe de Giffen
x2 Le bien 1 est maintenant supposé inférieur, sa consommation baisse lorsque le revenu
6 augmente. L’effet revenu (E à E figure 6.10) est donc négatif.
x2
6
b
@b
@bb
@ b
b
bb @ b
b b
@
@ b b
b @bb
b @ b
b
b @uE b @ b
b b
b@
b@
b u
bE bb @ b
b
b E b @ b uE
b b b @ b
@bu b b
b b @ b
@ b b b uE b
b
@ b b b@ b
b b@ b
@ b b b b
b b b
@bE
u
b
b b
DB@@ DB
b bDB - x1 @b b
b
@bb b
@ bb b
b
@ b b
DB @ b
DB bDB - x1
Figure 6.9 – Décomposition effet-substitution effet-revenu
– Lorsque p1 baisse, la droite de budget pivote de DB à DB . Supposons de plus qu’il y a Figure 6.10 – Effet substitution et effet revenu avec bien inférieur
une baisse du revenu fictive qui garde l’utilité constante. Alors, la droite de budget trans-
late de DB en DB et au final l’optimum passe de E à E . Il s’agit d’une substitution On a tout d’abord l’effet de substitution de E à E : on consomme plus de bien 1 et moins
de consommation entre les deux biens, à utilité constante : c’est l’effet-substitution. de bien 2. Puis l’effet revenu fait baisser x1 et augmenter x2 : on passe de E à E .
– Ramenons le revenu à son niveau initial : la droite de budget repasse en DB et les deux
biens étant normaux, leur consommation augmente. L’optimum final est E Il se peut même que l’effet revenu soit supérieur à l’effet substitution pour le bien 1 et que
au final une baisse de p1 implique une baisse de x1 . Cette relation de même sens est très rare.
Pour le bien 1, les deux effets vont dans le même sens. Pour le bien 2, ils sont opposés Elle a été observé pour la consommation de pommes de terre en Irlande pendant la famine de
(tableau 6.1). 1850 : la consommation de pommes de terre augmentait lorsque le prix de pommes de terre
augmentait. Ce paradoxe a été mis en évidence par Lord Giffen et porte son nom : l’effet
Effet-revenu Effet-substitution Effet total Giffen.
x1 + + +
x2 + - ?
cadran Nord-Est de E.
Le nouvel optimum est donc le même que dans le cas d’un transfert en espèces de 20 =
C
avec F C la nouvelle droite de budget. Le type de transfert n’affecte donc pas le choix de
l’agent.
Supposons maintenant que l’optimum individuel initial soit E . Dans ce cas, une autre
courbe d’indifférence passe par E 1 . Le transfert en espèces conduit à E ∗ : compte-tenu de la
variation de revenu, la nouvelle utilité maximale est atteinte en E ∗ .
Le transfert en nature, qui limite la consommation culturelle ne permet pas d’atteindre
E ∗ . Le consommateur doit se placer en B et en retire une utilité inférieure qu’en E ∗ . Ainsi
dans le cas d’un transfert en nature, il est possible que la situation finale soit moins favorable
que dans le cas d’un transfert en espèces.
Ce message est un message économique pur. Il ne prend pas en compte les considérations
suivantes :
1. Les courbes passant par E et E se coupent. Cela correspond à deux individus différents.
Définition : La Valeur Actualisée Présente d’un franc demain est la somme qui, placée
aujourd’hui, vaudra un franc demain, étant donné le taux d’intérêt.
100
Dans le chapitre 6, les choix individuels considéraient que les biens étaient échangés au V AP = C
= 82, 6 =
1, 12
présent : on ne prenait pas en compte la notion de temps et d’incertitude. En effet un même
bien consommé aujourd’hui n’apporte vraisemblablement pas la même satisfaction que s’il est Dans cet exemple, on capitalise les intérêts, c’est-à-dire que à la fin de chaque période,
consommé demain. On doit donc introduire ce notion de décalage temporel dans notre modèle les intérêts sont ajoutés au capital présent en début de période. Ainsi, la VAP de 100 = C
d’analyse des comportements individuels. disponibles dans n années, si le taux d’intérêt est r, est :
Il existe beaucoup de biens qui voient leurs caractéristiques, et donc leur valeur d’usage, se
modifier au cours du temps. C’est le cas des biens alimentaires (vins de Bordeaux et poisson). 100
V AP = C
=
Pour d’autres biens, cette valeur d’usage est constante au cours du temps. Ces biens, (1 + r)n
appelés actifs sont par exemple : l’or, les biens immobiliers.
La valeur d’un bien aujourd’hui est donc reliée à sa date de consommation dans le futur Exemple : Soit un projet d’investissement qui produit des rendements à différents mo-
via la notion d’intérêt. ments. Le taux d’intérêt est r.
Soit une certaine quantité de monnaie disponible dans le futur en t. On souhaite savoir Ainsi, la plupart des décisions économiques sont contingentes à des résultats réalisés dans
quel est l’équivalent aujourd’hui de cette quantité, étant donné qu’il existe un taux d’intérêt. le futur : achat immobilier, épargne-retraite. Il est donc fondamental de calculer les sommes
reçues dans le futur et de la actualiser.
r
6 Ainsi, le rendement réel est égal au différentiel entre le taux d’intérêt et le taux d’inflation.
l Offre prêt Il faut faire cette distinction entre le taux d’intérêt nominal et le taux d’intérêt réel (qui tient
l ""
" compte de l’inflation). De la même manière, la VAP doit prendre l’inflation en considération.
l "
l ""
r ∗ lsE
"
" l
" l
" 7.3 Le marché des actifs
" l
" Demandel
l d’emprunt
"
∗
- q
q Définition : un actif est un bien qui a une très longue durée de vie et qui garde la même
valeur au cours du temps.
Figure 7.1 – L’équilibre sur le marché du crédit
Lorsque l’on échange ce bien à différentes périodes, les différences de valeur sont unique-
7.2 Le marché du crédit ment dues à des problèmes d’actualisation : c’est-à-dire au taux d’intérêt réel.
Le prix d’un actif en t = 0 dépend donc du taux d’intérêt mais également du rapport
Le taux d’intérêt doit être considéré comme le prix de l’argent. Ce prix est déterminé par entre l’offre et la demande de ce bien au moment où il sera effectivement échangé. Ce rapport
la loi de l’offre et de la demande. Des épargnants (ménages, entreprises) offrent de l’argent : ils dépend des anticipations des agents sur l’offre et la demande future : problème de confiance
sont préteurs. D’autres individus, les emprunteurs demandent de l’argent. L’échange volontaire vis à vis de la conjoncture future et du comportement des autres agents.
et mutuellement avantageux s’opère (figure 7.1).
Lorsque r est fort, plus d’offreurs car préter devient plus attractif. Par contre, l’emprunt Exemple : les colombes de Riccardo David Riccardo était un économiste trés renommé
devient plus coûteux et il y a moins de demandeurs. en Angleterre au début du 19ème siècle. À la veille de la bataille de Waterloo (1815), il avait
envoyé des messagers porteurs de colombes aux environs du champ de bataille pour connaı̂tre
Dans la réalité, le marché du crédit s’effectue via des intermédiaires financiers qui collectent le premier le vainqueur. Il avait également fait en sorte que tout le monde sache qu’il disposait
des fonds et les redistribuent. Elle prélève alors une commission qui est égale à la différence de cette source d’information. Dans les heures suivant la bataille, il s’est mis à vendre en
entre le taux intérêt payé par les emprunteurs et le taux de rémunération de l’épargne. grande quantité de nombreux actifs à la bourse de Londres. Le signal ainsi envoyé au marché
signifiait que l’Angleterre avait perdu la bataille. L’ensemble des autres agents se mirent, par
effet de mimétisme, à vendre également leurs actifs, provoquant un chute importante du prix.
Riccardo pu ensuite racheter tous les actifs qu’il avait vendu (et d’autres encore) à un prix
7.2.1 La capitalisation des intérêts
plus faible, faisant un profit considérable.
Il n’est pas identique de de capitaliser 1000 =
C une fois par an au taux de 12% et 1000 =
C
au taux mensuel de 1% :
7.4 La consommation des ménages
1000(1, 01)12 > 1000(1, 12)
L’épargne est un facteur déterminant pour la croissance d’un pays (voir cours macroéconomie).
En effet, l’intérêt capitalisé tous les mois rapporte lui même des intérêts. Les banques
Au niveau individuel, on souhaite comprendre pourquoi les ménages épargnent. Les raisons
pratiquent cela de façon quotidienne pour certains types de prêts. Plus l’intérêt est capitalisé
peuvent être la retraite, les voyages, l’éducation des enfants, l’achat d’une maison.
fréquemment, plus le rendement est élevé. Ainsi les agents doivent prendre en compte non
seulement le taux d’intérêt mais également le mode de capitalisation.
7.4.1 La contrainte de budget intertemporelle
7.2.2 La prise en compte de l’inflation
On considère un agent qui vit deux périodes t = 1 et t = 2. Un seul et même bien est
Soit un individu qui envisage d’acheter un bien qui vaudra 1000 = C dans un an. Il place disponible aux deux périodes. Soient R1 et R2 les revenus à chaque période et p = 1 le prix
pendant cette période la somme correspondante au taux r = 10% annuel. Dans un an, il du bien à chaque période. Ce bien est supposé normal : sa consommation augmente lorsque
pourra acheter le bien et disposera d’un pécule résiduel de 100 = C . Si pendant cette période, le revenu augmente. À la fin de la deuxième période, l’individu meurt : il doit donc lui rester
il existe de l’inflation, 6% par exemple, alors l’intérêt réel est de 40 =
C . On peut faire le même aucun revenu non dépensé. Par contre, en première période, il peut soit épargner (R1 > C1 ),
calcul en considérant que le bien vaudra 1060 = C dans un an. soit emprunter (R1 < C1 ). En période 2, il consomme son revenu R2 et le revenu de l’épargne
c2
(R1 − C1 )(1 + r) s’il avait épargné. Sinon, il consomme R2 moins le remboursement du prêt
(C1 − R1 )(1 + r). 6
Dans le premier cas, on a :
R2 − (C1 − R1 )(1 + r) = C2
R2 + (R1 − C1 )(1 + r) = C2
En fait les deux équations sont strictement identiques. Elles constituent la contrainte de
budget intertemporelle. L’équation de cette droite de budget est : - c1
Cette droite décrit la frontière des possibilités de consommation entre les deux périodes. Le 7.4.3 Effets de la hausse du taux d’intérêt
prix relatif entre la consommation à la période 1 et à la période 2 est 1 + r.
Que se passe t’il sur la figure 7.2 lorsque le taux d’intérêt r augmente? Les intersections
R2
avec les axes se modifient : R1 + 1+r diminue et R1 (1 + r) + R2 augmente. Nous représentons
7.4.2 Choix de l’épargne optimale cette rotation sur le graphique 7.3.
La droite de budget pivote donc autour d’un point qu’il est facile d’identifier. ce point
Le consommateur a des préférences entre la consommation présente et future. Il va se pivot (P ) a les mêmes coordonnées pour tout r. Les coordonnées de ce point vérifient donc :
placer (choisir un panier de consommation) tel que en ce point, la courbe d’indifférence soit
tangente à la droite de budget. On a alors : cP1 + cP2 = R1 + R2 (r = 0)
cP2 = R2 (r = −1)
T M S2,1 = 1 + r
On a donc cP1 = R1 et cP2 = R2 . Ce point correspond au cas où il n’y a pas d’épargne et
Ainsi, la quantité de bien 2 nécessaire pour compenser la baisse de consommation de une pas d’emprunt.
unité de bien 1 vaut 1 + r. L’optimum vérifie donc les propriétés habituelles (figure 7.2)
c2
7.4.4 Effets de revenu et de substitution intertemporels
6
Pour mesurer le passage du premier optimum E au deuxième optimum E lorsque r aug-
mente, on décompose le passage en deux effets.
R1 (1 + r)H+ R2 – Lorsque r augmente, l’épargne de première période produit plus d’intérêt en deuxième
HH
HH période. Le bien en deuxième période devient relativement moins cher que le bien de
HH
c∗2 sE
H première période. Le consommateur va donc réduire sa consommation de première
HH
H période et augmenter sa consommation de deuxième période. Il s’agit d’un effet de
HH
H
H - c1
substitution à utilité constante.
c∗1 R1 + R2 – Si le consommateur est préteur en t = 1, la hausse du taux d’intérêt fait augmenter le
1+r
revenu : la consommation augmente pour chaque période. C’est un effet-revenu.
Figure 7.2 – L’épargne optimale – Si le consommateur est emprunteur en t = 1, la hausse de r fait baisser le revenu et
donc la consommation baisse dans les deux périodes. Il s’agit d’un effet-revenu.
c2
Si le crédit autorisé est nul, on a :
6
C1 ≤ R1
v
E
- c1
Ainsi, une hausse du taux d’intérêt entraı̂ne pour un individu préteur un effet indéterminé
sur la consommation en t = 1. L’effet est donc le même sur la part du revenu non consommé :
l’épargne. Ainsi, une hausse de r n’a pas forcément un impact positif sur l’épargne individuelle.
En règle générale, on observe une hausse de l’épargne lorsque r augmente.
x
6
U1 > U2 > U3
Chapitre 8 U1
U2
L’arbitrage travail-loisirs
x
6
w
p
T
- L x
T
Figure 8.2 – La droite de budget 6
ce qui équivaut à dire que la courbe d’indifférence est tangente à la droite de budget (figure
8.3).
w
On peut représenter la demande de loisirs L en fonction du salaire réel p
(figure 8.5).
L
6
tE
Et
t
E
w - L
T - w
Figure 8.4 – Modification du choix optimal p
( ŵp )
Figure 8.5 – Demande de loisirs en fonction du salaire réel
L’optimum se déplace de E à E . On va décomposer ce passage en termes d’effet de sub-
stitution et d’effet de revenu. Pour wp = 0, la demande de loisirs est L = T . Puis, lorsque le salaire réel augmente, on
travaille plus (L baisse). Dans cette zone, l’effet de revenu est inférieur à l’effet de substitution.
Lorsque wp augmente, le bien de consommation devient relativement moins cher que les Cela est vrai tant que wp < ( ŵp ) puis pour wp > ( ŵp ), l’offre de travail baisse lorsque le salaire
loisirs. Il y a donc substitution entre x et L, à utilité constante. x augmente et L diminue : réel augmente : l’effet de revenu l’emporte.
c’est le passage de E à E . Cet effet de substitution s’interprète ainsi : lorsque wp augmente,
le pouvoir d’achat du salaire augmente : on parle de hausse du salaire réel. Ainsi, lorsque
le salaire réel augmente, on travaille plus par effet de substitution (on consomme moins de
loisirs) et on travaille plus.
Le deuxième effet correspond à un effet revenu dû à la hausse du salaire w qui implique
une hausse de la consommation des deux biens supposés normaux. On passe de E à E .
Au total, on a :
Ainsi, au total, une hausse du salaire réel n’implique pas forcément une hausse de l’offre de
travail. Sur le graphique 8.4, on observe que l’effet revenu l’emporte sur l’effet de substitution
wT = px
w
⇒x = T
p
-L - T
x
T T∗ T 6
Figure 8.6 – Demande de loisirs et offre de travail
E t
E t
E t
- T
T
Figure 8.7 – Mise en place d’un impôt proportionnel
Tout d’abord, les loisirs étant considérés précédemment comme un bien normal (sa consom-
mation augmente avec le revenu), on doit considérer le travail comme un bien inférieur.
On considère ici une baisse du salaire réel wp . dI > 0
wT dt + wtdT > 0
À utilité constante, le travail étant relativement moins rémunéré, on travaille moins et dT dt
> −
on consomme moins : T et x diminuent. C’est l’effet de substitution. On peut faire le même T t
raisonnement avec L et x : w baisse, le loisirs est relativement moins cher que le bien. Ainsi, Il faut donc que la variation relative de l’offre de travail soit supérieure à la valeur absolue
on consomme plus de loisir et moins de x. C’est le passage de E à E . de la variation relative du taux de taxation. Cela peut s’écrire en termes d’élasticité :
Ensuite, la baisse de w entraı̂ne une baisse du revenu : x baisse et T augmente. C’est l’effet dT
revenu : le passage de E à E . T,t = T
> −1 (8.4)
dt
On a donc : t
Ainsi, comme précedemment, l’effet de la mise en place d’un impôt (variation du salaire
réel) sur l’offre de travail est indéterminé : si l’effet de substitution l’emporte sur l’effet de
revenu, on travaille moins lorsque le salaire baisse. C’est-à-dire que l’offre de travail évolue
dans le même sens que le salaire si l’effet de substitution est supérieur à l’effet de revenu.
On retrouve le même résultat que dans la section 8.5 (tableau 8.3). On travaille plus (on
consomme moins de loisirs) lorsque le salaire augmente si l’effet de substitution est supérieur
à l’effet de revenu.
I = twT
⇒ dI = wT dt + wtdT
D’autes facteurs peuvent expliquer les mouvements de la courbe d’offre : le progrès tech-
nique, les actions publiques de contrôle des émissions polluantes, la météorologie.
Ainsi, suite à une sécheresse, on offre moins de blé pour le même prix. La courbe d’offre
se déplace vers la gauche de S0 en S1 (figure 9.3).
p
S1 S0 9.3 Courbes d’offre et de demande inverses
6 ,
, ,
,
, , La fonction d’offre O(p) donne la quantité offerte sur un marché en fonction du prix p.
, ,
, , On peut également donner, étant donné une quantité offerte, le prix associé. C’est la fonction
p , ,
, , d’offre inverse pO (q). C’est en fait cette fonction que l’on représente lorsque dans un graphique
, , le prix et en ordonnée et la quantité en abscisse. De la même façon on utilise la fonction de
, ,
, , demande inverse pD (q).
, ,
- Q Si les fonctions de demande et d’offre sont croissantes, continues et monotones alors elles
q1 q0 sont inversibles et donc :
dO
O
ηp = dp
(9.1)
p
dO p
= (9.2)
dp O
Cette élasticité-prix donne donc le pourcentage de variation de l’offre lorsque le prix varie
de 1%.
p S1 p
6 6
! S2
!!
! !!
?
∆p 6 !
!!
! !!
- Q - Q
∆q1 ∆q2
À ce prix, les consommateurs sont prêts à acquérir la quantité que les offreurs veulent
vendre. L’échange a lieu. Si les conditions restent les mêmes, le même échange aura lieu à la
période suivante. L’équilibre est stable.
Nous allons analyser le fonctionnement du marché d’un seul bien, sans prendre en compte Si l’offre ou la demande se modifient, les caractéristiques de l’équilibre changent.
les éventuelles interactions avec d’autres marchés (lien marché pommes de terre et purée en
flocons). Lorsque l’offre augmente (figure 10.2), le prix d’équilibre baisse et la quantité échangée
On va donc confronter l’offre (O) et la demande (D) et déterminer le couple (p, Q) augmente.
d’équilibre et regarder comment p agit sur D, O et Q. p
6
O
,
l O
10.1 L’équilibre partiel l ,
, -
,,
l , ,
p∗1 l, ,
Nous avons donc caractérisé les fonctions d’offre et de demande. Nous les représentons ,l
, l ,,
maintenant sur la figure 10.1. p∗2 , l
, l
, , l
p , , D
6 ∗ ∗ - Q
O q1 q 2
l
l ""
"
l "
l "" Figure 10.2 – Équilibre partiel : hausse de l’offre
p∗ lsE
"
" l
" l Lorsque la demande baisse (figure 10.3), le prix d’équilibre et la quantité échangée baissent.
"
" l
" l
lD
"
- Q
q∗
Pour le niveau de prix p = p∗ , on a D(p∗ ) = O(p∗ ) : l’offre égale la demande, nous sommes
en situation d’équilibre E. Le prix d’équilibre est donc p∗ et la quantité d’équilibre q ∗ . C’est
cette quantité q ∗ qui sera échangée.
On est en situation d’équilibre partiel car on ne regarde pas ce qui se passe sur les autres
marchés et quelles sont les éventuelles interactions avec ces autres marchés.
p
10.2 Applications 6
HH pO (Q)
HH
10.2.1 Les taxes
∗
pD (q ) HH HH
HH t 6 H
L’État intervient souvent sur des marchés en imposant des taxes. Il est donc important
H? HH
pO (q ∗ )
HH H
de comprendre les effets qu’ont ces taxes sur l’équilibre. H
Lorque une taxe est présente sur un marché, on doit prendre en compte deux prix, le pHD (Q) pHD (Q)-
Q
prix que le demandeur paie pD et le prix que l’offreur reçoit pO . La différence pD − pO est le q∗
montant de la taxe.
Figure 10.6 – Taxe à l’unité supportée par le demandeur
On distingue généralement deux types de taxes :
– La taxe à l’unité : taxe qui est levée par unité vendue. On rajoute un montant fixe t prix est donc extrème : on parle d’offre parfaitement élastique. Le prix d’équilibre est donc
au prix unitaire : pD = pO + t. Exemple : aux États-Unis 10 cents par gallon d’essence déterminé par l’offre et la quantité d’équilibre par la demande.
acheté sont prélevés par l’État. Ce montant t est indépendant du prix (t = t). Si on introduit une taxe unitaire t, l’offre se déplace vers le haut. L’offreur reçoit toujours
– La taxe proportionelle ou taxe à la valeur : on applique un taux de taxe τ au prix p∗ sinon O = 0. C’est le demandeur qui paie la taxe. On dit que la taxe est transférée sur le
de vente pD = (1 + τ )pO . Exemple la TVA en France (τ =19.6%). Le montant de la demandeur.
taxe prélevé dépend donc du prix (t = τ pO ).
Déterminons maintenant l’impact sur un marché d’une taxe à l’unité. p
Supposons d’abord que c’est l’offreur qui paie la taxe : sa fonction d’offre va se modifier 6
(figure 10.5). Une même quantité est offerte plus cher, la fonction d’offre se déplace vers la Q
Q
gauche. La courbe d’offre inverse était pO (q), elle est maintenant pO (q) + t : si le producteur Q
Q
∗ Q
paie la taxe, il offre non plus la quantité q au prix po (q) mais au prix po (q) + t. L’équilibre p +t Q O
Q
passe en q ∗ tel que pD (q ∗ ) = pO (q ∗ ) + t. p ∗ Q O
Q
p Q
Q
Q
6 D
pO (Q) - Q
H p (Q)
H O
H
HH
pD (q ∗ ) H
H Figure 10.7 – Transfert d’une taxe : offre parfaitement élastique
6
t H
pO (q ∗ ) ? HH
H
pHD (Q)
-Q Dans le second cas, l’offre est parfaitement inélastique, l’offre est la même (q ∗ ) pour tout
q∗ prix (figure 10.8). C’est la demande qui détermine le prix d’équilibre. Dans ce cas, l’introduc-
tion de la taxe est absorbée par l’offreur qui voit en fait sa courbe d’offre glisser le long d’elle
Figure 10.5 – Taxe à l’unité supportée par l’offreur même. L’offreur offrira donc q ∗ quoiqu’il arrive. La taxe est donc transférée vers l’offreur.
Si c’est le demandeur qui supporte la taxe, c’est la demande qui se déplace vers le bas
(figure 10.6) et la gauche. L’équilibre est caractérisé par pD (q ∗ ) − t = pO (q ∗ ).
On obtient donc bien le même q ∗ dans les deux cas, ce qui est normal car au final, ce qui
compte pour le consommateur c’est le prix TTC et pour le producteur le prix HT. La façon
dont est prélevée la différence importe peu.
Une taxe modifie donc le prix payé par le consommateur et le prix reçu par l’offreur.
Considérons maintenant deux cas polaires.
Dans le premier (figure 10.7), on considère une offre horizontale : on offre n’importe quelle
quantité à un prix donné et une quantité nulle à tout autre prix. La sensibilité de l’offre au
Définition : une pénurie signifie que les individus prêts à payer le prix présent ne peuvent
pas trouver le bien en vente sur le marché.
On voit sur la figure 10.9 que pour une pénurie, le prix courant (pc ) implique que la
demande (qD ) est supérieure à l’offre (qO ). Exemples : pétrole ou logements
p
6
e O
e
e
e
p∗ e
e
p pc e
6 O e
6 eD
Q +t - q
Q
Q qO q ∗ qD
Q
Q
Q
Q Figure 10.9 – Économie en pénurie
Q
Q
Q
Q
Q Définition : un excédent signifie que les offreurs ne peuvent pas vendre autant qu’ils
D
- Q désirent au prix courant pc .
∗
q Dans la figure 10.10, on voit bien que l’offre est supérieure à la demande. Exemples :
chômage, excédents agricoles.
Figure 10.8 – Transfert d’une taxe : offre parfaitement inélastique p
6
e O
e
pc e
e
p∗ e
e
e
e
eD
- q
qD q ∗ q0
le prix du bien (économie soviétique génératrice de pénuries massives) soit en fixant des prix
seuils (prix plafond ou prix plancher).
Définition : le prix-plafond est le prix maximum qui peut être pratiqué sur le marché
d’un bien.
C’est ce qui se passe pour les loyers et cela peut créer des pénuries.
Définition : le prix-plancher c’est le prix minimum qui peut être pratiqué sur le marché
d’un bien.
C’est le cas du salaire minimum horaire (SMIC).
Dans le cas du chômage (figure 10.12), on voit que lorsque l’on augmente le salaire mini-
mum, l’excédent, c’est-à-dire le chômage, augmente.
p
6 l chômage
w2 l O
l
w1 l
l
p∗ l
l
l
l D
- q
q∗