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Chapitre II/- Théorie de l’utilité marginale.

Les néoclassiques cherchent à présenter la façon par laquelle le consommateur raisonne pour
prendre les décisions d’achats sur un marché en dépensant son revenu. Le but est la formulation
de la loi de la demande (chapitre 3). Pour y aboutir ils avancent deux théories : la théorie de
l’utilité marginale (chapitre 1) et la théorie des courbes d’indifférence (chapitre 2).
Les hypothèses : Dans leur analyse les néoclassiques se basent sur les hypothèses suivantes :
- Le consommateur est un agent rationnel ; il est capable de faire le meilleur choix
possible.
- Il dispose d’un revenu et d’un marché.
- Il se plie librement à ses goûts ; ordre de préférences subjectif.
- Il connait bien l’utilité et le prix de chaque bien sur le marché.
- Il a une taille normale, ses décisions ne peuvent influencer en aucun cas les conditions
du marché notamment les prix.
Le consommateur cherchera donc à maximiser son utilité en dépensant son revenu. S’il arrive
à cet objectif, on dit qu’il est en équilibre.
I- Utilité totale, utilité marginale et fonctions d’utilité.
A- Définition.
Selon les théoriciens de la valeur-utilité, la valeur d’un bien est égale au degré de satisfaction
procurée par la consommation de ce bien. Cette satisfaction (U) dépend donc de la quantité du
bien consommé.
Quand le consommateur achète un seul bien (X), sa fonction d’utilité totale sera :
U= f(x)
S’il achète plusieurs biens (X,Y, Z…), sa fonction d’utilité devient :
U= f(x,y,z)
La fonction d’utilité est une fonction qui exprime l’ordre de préférence accordée par le
consommateur aux divers biens qui lui sont proposés sur un marché. Elle permet de calculer
l’utilité totale réalisée après l’acquisition des biens.
B- Utilité totale et utilité marginale.
L’utilité totale évolue par l’utilité marginale (Um) qui correspond à la variation de l’utilité totale
à la marge c’est-à-dire en ajoutant à chaque fois une unité supplémentaire du bien X.
L’utilité marginale qui mesure l’utilité de la dernière unité consommée peut cette exprimée
mathématiquement par la dérivée de l’utilité totale U.
U= f(x)
Δ𝑈
U ′ = f ′(x) =
Δ𝑋

Cette formule suppose mathématiquement que le bien soit divisible, donc mathématiquement
les fonctions d’utilité soient continues et dérivables.

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Dans le cas où on a une fonction d’utilité à plusieurs bien U= f(x,y,z), l’utilité marginale de
chaque bien sera comme suit :
Δ𝑈 Δ𝑈 Δ𝑈
f ′x (x,y,z) = , f ′y (x,y,z) = , f ′z (x,y,z) =
Δ𝑋 Δ𝑌 Δ𝑍
Δ𝑈
Le rapport f ′x (x,y,z) = correspond à l’accroissement de l’utilité totale globale (U) dùe
Δ𝑋
à une augmentation de la quantité consommée du bien X (variation de x), c’est donc l’utilité
marginale de X.
II- Mesure de l’utilité.
On mesure l’utilité par deux façons :
- La mesure cardinale : Elle est basée sur l’hypothèse irréaliste d’après laquelle l’utilité
d’un bien peut être mesurée par une valeur, un indice ou un chiffre.
On donnera par exemple à un verre d’eau bu par un consommateur la valeur de 20
utilités (20U) et à une banane consommée un indice de satisfaction de 8 utilités (8U).
- La mesure ordinale : Elle détermine l’ordre de préférence sans mesurer le niveau
d’utilité. Si on a à choisir entre deux paniers A et B ; et que la quantité que contient A
est supérieure que celle de B, on dira que A est meilleur que B.

III- La décroissance de l’utilité marginale.


L’utilité marginale représente l’utilité de la dernière unité consommée d’un bien. Lorsqu’une
personne a faim, sa faim diminue au fur et à mesure qu’elle mange. Son utilité marginale
diminue et son utilité totale augmente. L’utilité totale est la somme des utilités marginales.
La décroissance de l’utilité marginale peut être mesurée mathématiquement par la dérivée.

Exemple.
Qx 0 1 2 3 4 5
UT x 0 6 10 12 12 10
Um x - 6 4 2 0 -2

Q x : la quantité demandée ou consommée du bien x


UT x : L’utilité totale du bien x
Um x : L’utilité marginale du bien x.
Il est considéré ici que l’utilité est mesurée par la méthode cardinale. Ainsi lorsqu’on consomme
une unité du bien x on a une utilité de 6, si on consomme 2 unités de x, on a une utilité de 10
et ainsi de suite.
Lorsque la quantité consommée passe de 3 à 4 unités, l’utilité totale atteint un maximum (12U)
tandis que l’utilité marginale devient nulle (Um=0). A partir de ce point de saturation, chaque

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unité supplémentaire consommée fait diminuer l’utilité totale alors que l’utilité marginale
devient négative.
IV- L’équilibre du consommateur.
En tant qu’agent rationnel, le consommateur cherche à maximiser son utilité à travers la dépense
de son revenu. S’il réalise cet objectif, il sera satisfait : il sera en équilibre.
L’équilibre du consommateur peut être traité par rapport à trois situations :
-Situation d’abondance.
-Situation de de rareté sans échange.
-Situation de rareté avec échange.
1- L’équilibre en situation d’abondance.
C’est une situation rare et exceptionnelle puisqu’elle suppose soit un consommateur très riche
soit des prix de biens très bas. Dans ces deux cas, le consommateur continuera à consommer le
bien x jusqu’à ce que son utilité devienne nulle, (Um x = 0).
2- L’équilibre en situation de rareté sans échange.
Dans cette situation, le consommateur achète les biens en fonction des prix sur le marché.
Le consommateur dispose d’un revenu (R) et de plusieurs biens sur le marché et donc de
plusieurs prix. Les prix sont différents d’un bien à un autre et de même les utilités sont
différentes d’un bien à un autre.
Il va donc essayer de dépenser son revenu de façon à maximiser son utilité.
Le raisonnement se fera en trois moments :
a - Le consommateur mesurera l’utilité de chaque unité supplémentaire du bien acheté (l’utilité
marginale) qui fera accroitre l’utilité totale.
b- Puisque le consommateur a la contrainte du revenu (revenu limité), il divisera pour chaque
bien l’utilité marginale par le prix.
c- Il choisira ensuite le meilleurs rapport (utilité/prix) pour les divers biens, chaque fois qu’il
dépense un DH.
Donc le rapport Umx/ px définit le supplément de l’utilité d’un bien x, obtenue par le
consommateur en dépensant une unité supplémentaire monétaire en plus, ou nombre d’utilités
obtenus en dépensant un DH. Umx : utilité marginale de x. px : prix de x.

La Loi de l’égalisation des utilités marginales.


En faisant ses choix, le consommateur rapproche le rapport (Umx/ px) pour les divers biens au
fur et à mesure de sa dépense.
Il maximisera son utilité lorsque l’utilité de la dernière unité monétaire (dernier DH) dépensée
est la même pour tous les biens.

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Si le consommateur a un revenu R et veut acheter deux bien x et y, il maximisera son utilité
lorsqu’il réalise l’égalité suivante :
Um x Umy
=
px py

Sachant que x px + y py = R : le consommateur dépense la totalité de son revenu.


x : quantité achetée du bien x
y : quantité achetée du bien y

Donc il y aura maximisation de l’utilité et donc l’équilibre du consommateur lorsqu’on a :


Um x Um x px
= Umy ou =
px py Um y py

On aura donc l’égalisation des rapports d’utilités marginales et ceux des prix.
La méthode cardinale est donc l’origine de la loi d’égalisations des utilités marginales. Cette
loi implique que les consommateurs cherchent à égaliser à la marge les coûts et les avantages
pour les biens et services achetés.

Illustration.
On suppose qu’on a un consommateur sur le marché avec les données suivantes :
-2 biens sur le marchés x et y.
-Un revenu de ce consommateur, R = 10 DH.
-Le prix unitaire de x : px = 1 DH.
-Le prix unitaire de y : py = 2 DH.
-Les utilités marginales de x et de y se présentent comme suit :
Q 1 2 3 4 5 6
Um x 8 7 6 5 4 3
Um y 14 12 10 8 6 4

Pour quelles quantités de x et de y , ce consommateur serait en équilibre ?


Autrement dit, pour quelles quantités de x et de y, l’utilité totale agrégée de ce consommateur
serait maximisée ?
La quantité minimale d’argent que permet de faire le choix est 2 DH. Car un DH peut acquérir
une unité de x mais pas y. le prix de l’unité du bien y (qui n’est pas divisible) est de 2 DH.
Ainsi les 2 premiers DH vont pour l’achat des 2 premières unités de x qui donnent une utilité
de 15 U (8+7) au lieu de 14 U si le consommateur achète une unité de y a 2 DH.
Les 2 DH suivant seront consacrés à l’achat d’une unité de y qui donne une utilité de 14U (au
lieu de 11 U s’il achète 2 unités de x).

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De même, Les 2 DH suivants seront consacrés à l’achat d’une unité de y qui donne une utilité
de 12 U (au lieu de 11U s’il achète 2 unités de x).
Les 2 DH suivants seront consacrés à l’achat de 2 unités de x qui donne 11 U au lieu de 10 U
s’il achète une unité de y (10U).
Les 2 derniers DH vont pour l’achat d’une unité de y qui donne 10 U au lieu de 7 U s’il achète
2 unités de x.
Résultat : le consommateur achète 4 unités de x et 3 unités de y à partir de son revenu R=10.
L’utilité totale agrégée de ce consommateur sera de 62 U.
On dira que la combinaison optimale (qui donne au consommateur le maximum d’utilité) de ce
consommateur est (4x, 3y).
Toute autre combinaison donnera une utilité total inférieure à 62 U.
On peut faire la vérification par la formule de la loi de l’égalisation des utilités marginale et
l’équation du budget.
Um x px 5 1
= py : =2
Um y 10

R= xpx + ypy : 10 = 4 (1) + 3 (2)


10 = 4 + 6 = 10 DH.

3- L’équilibre en situation de rareté avec échange.


Ici il y a possibilité de faire l’échange entre 2 consommateurs A et B étant déjà en équilibre. Si
chacun désire le bien de l’autre, ils peuvent accroitre leurs utilités totales par l’échange.
L’échange serait avantageux pour les 2 consommateurs tant que le rapport des utilités
marginales (Umx/Umy) de chacun est différent l’un de l’autre.
En effectuant l’échange, les 2 rapports vont se rapprocher jusqu’à devenir identiques. Lorsque
ces rapports sont identiques, il n’y aura plus avantage à continuer l’échange chacun ayant
maximisé son utilité.

Exemple.
On suppose 2 consommateurs A et B avec les utilités marginales de chacun pour deux bien x et
y selon le tableau suivant :
Consommateur A Consommateur B
Quantités Umx Umy Umx Umy
1 16 12 8 7
2 14 10 6 6
3 12 9 4 5
4 10 8 2 4

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Questions :
1- Sachant que le consommateur A dispose au départ de (1x ; 4y) et que le consommateur
B dispose de (4x ; 1y), est- ce qu’il y a avantage pour ces consommateurs A et B de
faire l’échange entre eux ?
2- Si la réponse est affirmative, combien doivent-ils échanger de x contre y pour que
chacun maximise son utilité ?
3- Combien chacun gagnerait de l’échange ?
Réponses :
1- On doit calculer le rapport des Um pour chaque consommateur.
Um x 16
Pour A : TMSxy = = = 2.
Um y 8
Um x 16
Pour B : TMSxy = = = 0.28. (TMS : Taux marginal de substitution)
Um y 8

Les 2 TMSxy sont différents, il y a donc base d’échange avantageuse pour ces consommateurs.
Le consommateur A est en effet prêt à céder 2 unités de y pour avoir une unité supplémentaire
de x. le consommateur B n’est prêt à céder que 0.28 de y pour recevoir une unité supplémentaire
de x.
Le consommateur A donne plus d’importance à x que le consommateur B.
2- Echange optimal.
On doit calculer le TMSxy pour les deux consommateurs à chaque fois qu’ils procèdent à un
échange jusqu’ à leur égalisation.
Consommateur A Consommateur B
Niveaux Umx Umy TMSxy Umx Umy TMSxy
Situation de départ 16 8 2 2 7 0.28
1er échange 14 9 1.55 4 6 0.66
2ème échange 12 10 1.2 6 5 1.2

Les TMSxy se sont rapprochés au fur et à mesure de l’échange entre A et B jusqu’à devenir
identiques pour les deux consommateurs après le deuxième échange, marquant ainsi la limite
de l’échange.
Ainsi après l’échange le consommateur A aura (3x ; 2y) et le consommateur B aura (2x ; 3y).
3- Le gain à l’échange.
Le consommateur A cède 2 unités de y (-17U) et prend 2 unités de x (+26U), il gagne ainsi 9U.
(26U – 17U= 9U.
Le consommateur B cède 2 unités de y (-6U) et obtient 2 unités de x (+11U), il gagne 5U.
(11U – 6U = 5U).

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