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HEC - INGÉNIEUR DE

GESTION

Économie Politique :
Macroéconomie

Louis Kennis
Antoine Roex
JOUSTEN. A
Bloc 1 Quadri 2

MACROÉCONOMIE !1
Chap. 1 : Principe et applications
1. Notions clés
- L’économie est l’étude des choix que font les individus
- L’économie comporte trois grands principes :
- Volonté des individus d’optimiser leur bénéfice, ils essayent de privilégier l’option qui
leur apportera le plus grand bénéfice net, compte tenu de l’information dont ils disposent
- Tendance des systèmes économiques à tendre vers naturellement vers l’équilibre,
situation dans laquelle personne n’a avantage à changer son propre comportement
- L’empirisme, type d’analyse qui s’effectue à l’aide de données qu’utilisent les
économistes pour tester des théories et déterminer la cause de phénomènes ou
évènements

2. Le champ de l’économie
A. Les agents et ressources économiques
- L’agent économique est un individu ou un groupe d’individu qui fait des choix.
- Les ressources sont rares si elles sont disponibles en quantité insuffisante, compte tenu
des besoins des agents économique
- La rareté décrit le fait que les besoins illimités ne peuvent être comblés dans un monde où
les ressources sont limitées

Nous pouvons donc en conclure une définition de l’économie. L’économie est la science qui
étudie les choix des agents économiques aux prises avec la rareté ainsi que la façon dont ces
choix influent sur la société

B. L’analyse économique positive et normative


Suite à l’analyse des choix des agents économiques, on peut en tirer deux analyses
économiques différentes :
- Positive : permet de savoir, de faire des prédictions sur ce que les individus font. Ensuite il
est possible de vérifier ces prédictions à l’aide de données
- Normative : permet de faire des recommandations sur les choix des agents économiques.
Elle est fondées sur des jugements subjectifs eux même basés sur les préférences des agents
comme critère pour conseiller le bon choix.

MACROÉCONOMIE !2
C. La microéconomie et la macroéconomie
L’économie est divisée en deux grands domaine d’études :
- La microéconomie : étude des choix que font les individus, les ménages, les entreprises et
les gouvernements, ainsi que des conséquences de ces choix sur les prix, l’allocation des
ressources et le bien-être d’autres agents.
- La macroéconomie : étude des phénomènes économiques globaux comme le taux de
croissance de l’économie nationale, le taux d’inflation ou encore le taux de chômage.

3. Les trois principes de l’économie


En comparaison avec les autres sciences sociales, économie met l’accent sur trois concepts :
- L’optimisation : choix de la meilleure option réalisable, se basant sur l’évaluation des
bénéfices et des coûts
- L’équilibre : situation dans laquelle tous les agents économiques optimisent
simultanément leurs choix de sorte qu’individuellement, personne n’a avantage à modifier
son propre comportement
- L’empirisme : méthode d’analyse fondée sur des données et des faits, dont les
économistes se servent pour vérifier des théorises et essayer de comprendre les causes des
évènement et des phénomène observés dans le monde

4. L’optimisation
A. Compromis et contraintes budgétaires
Pour comprendre l’optimisation il faut comprendre ce qu’est un compromis. Un agent
économique fait un compromis lorsqu’il doit renoncer à une chose pour en obtenir une
autre.
Pour décrire les compromis, les économistes se servent de la notion de contrainte
budgétaire, qui est la gamme de biens ou de services qu’un consommateur peut se
permettre d’acquérir tout en respectant son budget

B. Le cout d’opportunité
Le coût d’opportunité est la meilleur option à laquelle il faut renoncer lorsqu’on fait un
choix. Pour faciliter l’analyse du cout d’opportunité, il est possible de lui attribuer une valeur
en argent. Le cout d’opportunité de notre temps représente au moins le bénéfice net qu’on
pourrait tirer d’une heure de travail. Mais si une autre option est choisie à la place du travail
alors la valeur de cette option est plus élevée que celle du travail.

MACROÉCONOMIE !3
C. L’analyse coût-bénéfice
L’analyse cout-bénéfice est une méthode de calcul qui consiste à additionner les coûts et
les bénéfices en utilisant une unité de mesure commune. Grâce à cette technique il est possible
de trouver l’option qui a le bénéfice net le plus élevé. Pour un économiste, analyse cout-
bénéfice et optimisation sont synonymes. Choisir l’option qui rapporte le plus grand bénéfice
net est comme faire un choix optimal. L’analyse cout-bénéfice est donc une analyse
normative.

5. L’équilibre
L’équilibre est donc la situation dans laquelle tous les agents économiques optimisent
simultanément leurs choix de sorte qu’individuellement, personne n’a avantage à modifier son
propre comportement. Ou plutôt la situation ou personne n’a l’impression qu’un changement
de son propre comportement lui serait profitable. (exemple de la file d’attende p. 14)
Cependant, dans un équilibre peut apparaitre un passager clandestin. Le passager
clandestin est une personne qui profite d’un bénéfices, d’un bien-être sans en payer le cout.
(exemple du colocataire p.14)

6. L’empirisme
Les économistes vérifient
leurs idées à l’aide de
données, on appelle cela
l’empirisme. Cependant,
il arrive que les théories ne
soit pas vérifiée, il faut donc
remonter à la case départ et
élaborer de meilleures
théories. C’est ainsi que la
science avance. Pour tout
cela, il faut aussi
comprendre la cause des
évènements. On appelle
cela la causalité. Mais
parfois, il est difficile de
distinguer la cause et l’effet
et il ne faut pas les
confondre.

MACROÉCONOMIE !4
Chap. 2 : méthodes économiques
1. Notions clés
- Un modèle est une description simplifiée de la réalité
- Les économistes se servent de données pour évaluer la performance des modèles et
comprendre comment le monde fonctionne
- Une corrélation entre deux variables ne suppose pas nécessairement une relation de cause à
effet
- L’expérimentation aide les économistes à établir l’existence de relations de cause à effet
entre des variables.
- La recherche en économie se concentre sur les questions importantes pour la société
auxquelles on peut répondre en se servant de modèles et de données.

2. La méthode scientifique
La méthode scientifique est un processus continu que suivent les économistes et autres
scientifiques pour mettre au point des modèles qui décrivent le monde et pour vérifier ces
modèles à l’aide de données.
Les économistes ne s’attendent pas à ce que ce processus leur révèle le « véritable » modèle de
la réalité car le monde est bien trop complexe. Cependant, ils cherchent à repérer des
modèles qui leur sont utiles pour mieux comprendre les grands principes qui gouvernent le
monde. Ces modèles peuvent être vérifié à l’aide de l’analyse empirique.

A. Modèles et données
Un modèle est une description ou un représentation simplifiée de la réalité. Parfois les
économistes appellent cela une « théorie ». Donc un modèle simple et utile est plus important
qu’un modèle parfaitement fidèle à la réalité.
Tous les modèles scientifiques font des prédictions qu’on peut vérifier à l’aide de données. Les
données sont des faits, des mesures ou des statistiques qui décrivent le monde. De ces
données il est possible de créer des preuves empirique, constituées d’un ensemble de faits
établis par des observations et des mesures, qui sont utilisés pour tester un modèle.
Les économistes considèrent que leurs prédictions se rapportant à un modèle sont des
hypothèses. Les hypothèses sont des prédictions (habituellement fondées sur un modèle)
qui peuvent être confirmées ou infirmées à l’aide de données.

MACROÉCONOMIE !5
3. Causalité et corrélation
C’est une erreur de penser que la corrélation signifie la causalité. En effet, il y a causalité
lorsqu’une chose influe directement sur l’autre. C’est le rapport de cause à l’effet qu’elle
produit. C’est différent pour une corrélation. Une corrélation est le rapport entre deux
choses qui sont en relation l’une avec l’autre : lorsque l’une change, l’autre change également.
Il y a un certain rapport qui pourrait avoir l’air de cause à effet, mais une corrélation peut
exister en l’absence d’une cause.

Il y a trois types de corrélation :


- la corrélation positive : deux variables tendent à évoluer dans le même sens
- la corrélation négative : deux variables tendent à évoluer en sens inverse
- la corrélation nulle : deux variables évoluent d’une façon indépendante l’une de l’autre

Les corrélations sont d’ailleurs composées de variables. Une variable est un facteur qui est
susceptible de prendre valeurs différentes. Il est cependant dans certains cas qu’il y ait
présence de variables omises. Une variable omise est une variable qui a été exclue d’une
étude possiblement par inadvertance, et qui, une fois incluse, explique la corrélation entre les
deux variables à l’étude.
Un autre problème nous empêche de distinguer la corrélation de la causalité, la causalité
inverse. Il y a causalité inverse lorsque la perception d’un effet précède celle de sa cause.
(exemple p. 30)
L’un des moyens d’établir l’existence d’une relation de cause à effet est l’expérimentation.
L’expérimentation est une méthode contrôlée qui permet d’isoler une relation de cause à
effet entre des variables. Pour mener de telles études, les chercheurs forment un groupe au
hasard de témoin. Cette technique est appelée la randomisation, l’affectation aléatoire des
sujets d’une étude, soit à un groupe expérimental, soit à un groupe témoin.
Une autre façon d’étudier les données selon une expérience dite « naturelle ». Une
expérience naturelle est une étude empirique dans laquelle un processus ou un événement
indépendant de la volonté du chercheur qui entraine un répartition (quasi) aléatoire des sujets
entre des groupes expérimentaux et des groupes témoins

MACROÉCONOMIE !6
Chap. 3 : L’optimisation
1. Notions clés
- Lorsqu’ils choisissent la meilleure option réalisable, les agents économiques optimisent
leur choix
- L’optimisation en absolu est le calcul du bénéfice net total de différentes options pour
choisir la meilleure
- L’optimisation à la marge est le calcul du changement du bénéfice net lorsqu’on passe
d’une option à une autre et qu’on utilise des comparaisons à la marge pour choisir la
meilleure option
- L’optimisation en absolu et l’optimisation à la marge donnent des réponses identiques

2. Deux types d’optimisation : une question de point de vue


Les économistes pensent que l’optimisation décrit la plupart des choix que font les individus,
les ménages, les entreprises et les gouvernements. Mais quels types d’optimisation :
- Optimisation en absolu : calcul du bénéfice net total de différentes options pour choisir
la meilleure
- Optimisation à la marge : calcul du change du bénéfice net lorsqu’on passe d’une
option à une autre et qu’on utilisée des comparaisons à la marge pour choisir la meilleure
option
Ces deux optimisations doivent toujours donner des réponses identiques. Mais les gens
optimisent-ils toujours leurs choix? Un domaine économique, l’économie
comportementale étudie les situations particulières dans lesquelles les gens échouent à
optimiser leurs choix.

3. Optimisation en absolu
Afin de trouver l’optimum, la meilleur option réalisable, il faut :
- Transposer tous les couts et bénéfices en une unité de mesure commune
- Calculer le bénéfice net total de chacune des possibilités
- Choisir l’option qui offre le bénéfice net le plus élevé
Pour vérifier les modèles économiques on peut utiliser la statistique comparative. La
statistique comparative est une méthode de comparaison des résultats économique avant
et après la modification de certaines variables économique

MACROÉCONOMIE !7
4. Optimisation à la marge
L’analyse coût-bénéfice qui porte sur la différence entre une option réalisable et la prochaine
option réalisable s’appelle l’analyse marginale. L’analyse marginale compare les
conséquences de l’ajout d’une unité à quelque chose.
L’analyse marginale ne change jamais la réponse finale à la question « Quelle est l’option
optimale? », mais elle change la façon d’aborder la question de l’optimisation.
Cependant, pour optimiser à la marge, il faut calculer le cout marginal. Le cout marginal
est le cout additionnel généré par le passage d’une option réalisable à la prochaine option
réalisable.
Grace au cout marginal et selon le principe d’optimisation à la marge, le choix de
l’option réalisable optimale est le plus avantageux, alors qu’y renoncer est désavantageux.
L’optimisation à la marge se fait donc en trois étapes :
- Transposer tous les coûts et bénéfices en une unité de mesure commune
- Calculer les conséquences marginales du passage d’une option à la suivante
- Appliquer le principe d’optimisation à la marge en choisissant la meilleure option, soit celle
qui tend à améliorer la situation si on l’adopte, et à la détériorer si on y renonce

MACROÉCONOMIE !8
Chap. 4 : L’offre et la demande
1. Notions clés
- Sur un marché parfaitement concurrentiel, tous les vendeurs vendent un bien ou un
service identique (condition 1), et aucun acheteur ni aucun vendeur ne peut à la seul influer
sur le prix du marché de ce bien ou ce service
- La courbe de demande illustre la relation entre le prix du marché et la quantité de biens
demandée par les acheteurs
- La courbe d’offre illustre la relation entre le prix du marché et la quantité de biens
fournies par les vendeurs
- Le prix d’équilibre concurrentiel est le prix auquel la quantité demandée est égale à la
quantité offerte
- Lorsque les prix ne peuvent pas fluctuer librement, l’égalité entre la quantité demandée et
la quantité offerte ne peut plus se faire sur le marché

2. Les marchés
Le terme marché désigne un groupe d’agents économiques qui échangent un bien ou un
service, ainsi que les règles et les modalités de leurs échanges.

Ces modalités d’échangent comprennent notamment le prix qui joues le rôle d’un mécanisme
de sélection en encourageant les échanges commerciaux entre des vendeurs qui produisent
des biens à un faible coût et des acheteurs qui accordent à ces biens une grande valeur.

Si tout les vendeurs et tous les acheteurs utilisent le même prix, celui-ci s’appelle le prix du
marché. Sur un marché parfaitement concurrentiel, (1) tous les vendeurs vendent un
bien ou un service identique, et (2) aucun acheteur ni aucun vendeur ne peut à lui seul influer
sur le prix du marché de ce bien ou de ce service. Cela signifie donc que les acheteurs et
vendeurs sont des preneurs de prix. Un preneur de prix est un acheteur ou un vendeur qui
accepte le prix du marché. Donc l’acheteur ne peut négocier un prix plus bas et le vendeur ne
peut négocier un prix plus élevé.

MACROÉCONOMIE !9
3. Comment les acheteurs se comportent-ils?
Supposons que les acheteurs sont des preneurs de prix. Nous nous concentrons ici sur la
relation entre le prix d’un bien et la quantité de ce bien que les acheteurs sont prêts à acheter.
La quantité demandée est la quantité d’un bien ou d’un service que les consommateurs
sont prêts à acheter à un prix donné.
Grâce à ces données il est possible de construire un barème de demande, un tableau qui
indique la quantité demandée d’un bien ou d’un service pour chaque niveau de prix, toute
choses étant égales par ailleurs1

A. Les courbes de demande


Les barèmes de demande doivent souvent être représenter sous forme de graphique. Cette
représentation graphique est la courbe de demande qui montre la relation entre les prix et
les quantités demandées.
La courbe de demande a une propriété important : la relation négative. Deux variables sont
en relation négative lorsqu’elles évoluent en sens opposé. En d’autres terme, quand l’une
des variables augmente, l’autre diminue et vice-versa. Les économistes appellent cela la loi
de demande.

B. La disposition à payer
Le terme disposition à payer désigne le prix le plus élevé qu’un acheteur accepte de payer
pour acquérir une unité marginale d’un bien. Selon le concept de la valeur marginale
décroissante, plus la consommation d’un bien augmente et plus le montant qu’on est prêt à
payer pour acquérir une unité additionnelle de ce bien est bas.

C. De l’individuel au groupe d’agents


Il est possible d’aller plus loin et passer d’un seul consommateur à tous les consommateurs et
entreprises confondus. Ce processus s’appelle l’agrégation, il consiste à additionner les
comportements du groupe d’agents économique.
Dès lors il est est possible de passer à la courbe de demande mondiale, aussi appelée la courbe
de demande du marché. La courbe de demande du marché est l’agrégation des courbes
de demande individuelles de tous les acheteurs potentiels. Elle montre la relation entre la
quantité demandée totale et le prix du marché, ceteris paribus.

1en latin ceteris paribus, signifie qu’à part la variable d’intérêt, toutes les autres variables restent ou sont
maintenues constantes

MACROÉCONOMIE !10
D. Les déplacements de la courbe de demande
La courbe de demande se déplace lorsque l’un ou l’autre des cinq facteurs importants suivants
change :
- Les gouts et les préférences : tout simplement une modification de ce qu’on aime ou
de ce à quoi on attache de la valeur
- Le revenu et la richesse :
- Pour un bien normal l’augmentation du revenu déplace la courbe de demande vers la
droite
- Pour un bien inférieur l’augmentation du revenu déplace la courbe de demande vers la
gauche
- L’accessibilité et le prix des biens substituts et des biens compléments :
- Deux biens sont des biens substituts lorsque la diminution du prix de l’un déplace la
courbe de demande de l’autre vers la gauche
- Deux biens sont des biens compléments lorsque la diminution du prix de l’un déplace
la courbe de la demande de l’autre vers la droite
- Le nombre d’acheteurs et la taille du marché : Si augmentation (resp. diminution)
du nombre de consommateur, la courbe de demande se déplace vers la droite (resp. gauche)
- Les anticipations des acheteurs

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4. Comment les vendeurs se comportent-ils?
Comme pour les acheteurs, la quantité offerte est la quantité d’un bien ou d’un service que
les vendeurs sont prêts à vendre à un prix donné.
Grâce à ces données il est possible de construire un barème d’offre, un tableau qui indique
la quantité demandée d’un bien ou d’un service pour chaque niveau de prix, ceteris paribus

A. Les courbes d’offre


De ce barème d’offre, on peut illustrer la courbe d’offre. La courbe d’offre est la
représentation graphique de la quantité d’un bien ou d’un service offerte pour chaque niveau
de prix.
La courbe d’offre possède elle aussi une propriété importante : la relation positive. Deux
variables sont en relation positive lorsqu’elles évoluent dans le même sens. Selon la loi de
l’offre, généralement, la quantité offerte augmente lorsque le prix augmente, et vice versa

B. La disposition à vendre
Le terme disposition à vendre désigne le prix le plus bas qu’un vendeur est prêt à accepter
pour vendeur une unité additionnelle d’un bien ; il équivaut au cout marginal de production

C. De l’offre individuelle à l’offre du marché


Le principe d’agrégation reste similaire à la demande dans le cas de l’offre.
La courbe d’offre du marché est l’agrégation des courbes d’offre individuelles de tous les
vendeurs potentiels. Elle montre la relation entre la quantité offerte totale et le prix du
marché, ceteris paribus.

D. Les déplacement de la courbe d’offre


La courbe d’offre se déplace lorsque 4 variables importantes changent :
- Le prix des intrants nécessaires pour produire le bien : On appelle intrants les
biens et services qui servent à la production d’autres biens ou services
- La technologie utilisée pour produire le bien
- Le nombre de vendeurs et la taille du marché
- Les anticipations des vendeurs

MACROÉCONOMIE !12
5. L’équilibre de l’offre et de la demande
Sur un marché en équilibre concurrentiel, le prix du marché est celui où la quantité offerte est
égale à la quantité demandée. L’équilibre concurrentiel est le point où la courbe d’offre
et la demande se croisent. Le prix qui correspond à cet équilibre est le prix d’équilibre
concurrentiel, soit le prix auquel la quantité offerte est égale à la quantité demandée. C’est
un prix d’équilibre, car chaque unité offerte à ce prix sur le marché trouve un acheteur. La
quantité qui est au point d’intersection est la quantité d’équilibre concurrentiel, soit la
quantité qui correspond au prix d’équilibre concurrentiel.

Equilibre concurrentiel

MACROÉCONOMIE !13
Lorsque le prix du marché est supérieur au prix d’équilibre concurrentiel, la quantité offerte
dépasse la quantité demandée, ce qui crée une offre excédentaire.

Equilibre concurrentiel

Lorsque le prix du marché est inférieur au prix d’équilibre concurrentiel, la quantité


demandée dépasse la quantité offerte, ce qui crée une demande excédentaire.

MACROÉCONOMIE !14
A. Les déplacements de la courbe en situation d’équilibre

MACROÉCONOMIE !15
Chap. 5 : La richesse des nations
1. Notions clés
- La macroéconomie est l’étude de l’activité économique agrégée2
- Le Système des comptes économiques nationaux est conçu pour calculer le produit
intérieur brut (PIB), qui mesure la production économique agrégée
- Le PIB peut être mesuré selon trois méthodes qui donnent toutes le même résultat :
Production = Dépenses = Revenus
- Le PIB a ses limites, aussi bien en tant que mesure de l’activité économique qu’en tant que
mesure du bien-être économique
- Les économistes utilisent les indices de prix pour mesurer le taux d’inflation et pour
distinguer le PIB nominal du PIB réel (qui, lui, est calculé en prix constants)

2. Les questions macroéconomique


Pour rappel, la macroéconomie est l’étude des agrégats économiques et des phénomènes
économiques à l’échelle de l’économie. Intéressons nous ici à certaines questions principales
de macroéconomie.
Le revenu par habitant (ou PIB par habitant) est égal au PIB divisé par la population
totale. Il est une mesure agrégée du niveau de vie. Cependant, ce type de revenu est une
moyenne, des inégalités sont toujours présentes. Certains prônent ces inégalités car vue
comme une motivation pour ceux qui n’ont rien à tout faire pour avoir plus et donc, un boost
pour l’économie. D’autres sont contre selon l’idée que ces inégalités empêchent l’économie
d’avancer.
À court terme, la croissance économique ralentit ou devient négative lorsque la dépense
agrégée diminue. On appelle donc récession une baisse de l’activité économique qui dure
généralement au moins deux trimestres consécutifs. Durant les récession, le taux de chômage
monte. Un travailleur est considéré par l’OIT comme chômeur s’il n’a pas d’emploi
rémunéré, s’il en a activement cherché un dans les quatre semaines précédentes et s’il est
disponible dans les 15 jours pour travailleur. On peut donc définir le taux de chômage
comme le pourcentage de chômeurs au sein de la population active.
Afin de mesurer l’activité économique d’un pays, la science économique a progressé et on
dispose de nos jours d’un système qui permet de mesurer l’ensemble de l’activité
économique : le Système économique nationaux du Canada. Nous allons nous
intéresser à ce système afin répondre à certaines questions importantes.

2 Éléments distincts assemblés en un tout

MACROÉCONOMIE !16
3. Les comptes économiques nationaux
Pour mesurer l’activité économique agrégée, on peut tenir compte de plusieurs facteurs :
- La production : Le produit intérieur brut (PIB) est donc la valeur marchande totale des
biens et services finals produits dans un pays au cours d’une période donnée. On parle de
biens et services finals, c’est-à-dire que les composants qui sont assemblés pour faire un
produit final ne sont pas comptés séparément, car ce serait un double comptage, dans le cas
d’une production de voitures par exemples, on ne compte pas les pièces séparées mais la
voiture complète. Le PIB est une mesure de la production et non de ventes. Autrement dit,
toute chose produite est comptée dans le PIB, bien qu’elle ne soit pas vendue à un client.
- Les dépenses : Autre façon de calculer le PIB, donnant la même réponse que par la
production, ce qu’un pays dépense. Mais si certains bien ne sont pas vendus, et donc pas
compté dans les dépenses des ménages, que se passent-ils? Ces biens ont été acheté par des
entreprises et donc leur dépense de ces bien correspondent aussi et le résultat reste égal.
- Les revenus : Intéressons nous plutôt à ce que les ménages gagnent, leurs revenus. Le
calcul donnera toujours la même solution car chaque euro gagné par l’entreprise doit soit
être redistribué en salaire ou gardé pour l’entreprise, c’est grâce à la somme des deux que
nous trouvons le PIB. La valeur totale des revenus doit donc forcément être égale à la valeur
totale des revenus des travailleurs et des propriétaires de l’entreprise.
Tout ces façons de calculer le PIB donne le même résultat. On a donc :
Production = Dépenses = Revenus
On appelle « identité » cette équivalence nécessaire. Deux variables sont liées par une
identité lorsqu’elles sont définies d’une manière qui les rend mathématiquement identiques.
Examinons de plus près le Système des comptes économiques nationaux.

A. Les flux circulaires


Les facteurs de production sont les intrants du processus de production. On distingue
deux types de facteurs de production : le capital et le travail. Pour le moment, simplifions
l’analyse en considérant le capital comme un capital physique (par exemple, la terre, les
usines, etc.). Le capital physique et le travail sont la « propriété des ménages. Les ménages
sont propriétaires, directement ou indirectement, de la majeure partie du capital physique
d’une économie parce que les entreprises sont détenues par des actionnaires et que la plupart
des actionnaires sont les ménages. Les entreprises ont besoin de capital physique et de travail,
et elles fournissent des services de vente que les ménages ont besoin, ils fournissent donc en
retour aux entreprises le capital physique et le travail.
On peut voir cela avec le diagramme page suivante qui montre les quatre types de flux
économiques qui relient ménages et entreprises, c’est donc les trois flux dont on vient de
parler auxquelles on rajoute les facteurs de productions.

MACROÉCONOMIE !17
Le plus remarquable en ce qui concerne ces quatre types de transactions, ou « flux », est
qu’elles doivent toutes avoir exactement la même valeur marchande totale. C’est là que le
Système des comptes économiques entre en jeu.

B. Le PIB selon la méthode de la production


Ces comptes calculent la valeur marchande de chaque
entreprise située au pays a ajoutée au processus de
production. Plus exactement, les comptes fondés sur la
production mesurent la valeur ajoutée de chaque
entreprise, c’est-à-dire les recettes de l’entreprise moins ses
achats de produits intermédiaire à d’autres entreprises.
Comme on peut le voir sur cette image, l’entreprise au
centre a peut-être vendu pour 84M$, mais sa valeur
ajoutée personnelle n’est que de 30M$ compte tenu de ses
achats à ses fournisseurs pour une valeur 54M$.
Dans le Système des comptes économiques nationaux selon la production, importer un bien
et le vendre exactement au même prix à un consommateur n’ajoute pas de valeur pour le
pays. Cependant, importer quelque chose pour le revendre plus cher crée cette valeur ajoutée
et donc de la valeur pour le pays.

MACROÉCONOMIE !18
C. Le PIB selon la méthode des dépenses
Les comptes économiques nationaux selon la méthode des dépenses mesurent les achats de
biens et de services produit à l’intérieur du pays. Ces achats relèvent de l’une ou l’autre des
catégories suivantes :
- La consommation (C) : Valeur marchande totale des biens et services de consommation
qu’achètent tous les ménages du pays à l’exception des dépenses en construction
résidentielle
- L’investissement (I) : Valeur marchande du nouveau capital physique acheté par les
ménages et les entreprises du pays. Il ne s’agit que de l’investissement privé. Ce capital
physique comprend les maisons, les stocks, les infrastructures et les équipements. Cependant
cela ne tient pas en compte les investissements financiers comme les actions et obligations
- Les dépenses publiques (G) : Valeur marchande totale des achats publics de biens et
services. Pour les besoins de la comptabilité nationale, la catégorie des dépenses publiques
exclut les paiements de transfert et les intérêts payés sur la dette publique car elles
représentent des paiements à d’autres agents économiques, lesquels utiliseront ces
paiements pour acheter des biens et services. Cela évite donc le double comptage, ce sont
plutôt des transferts que des dépenses.
- Les exportations (EX) : Valeur marchande totale de tous les biens et services produits au
pays et vendus à des ménages, entreprises et administrations publiques de l’étranger.
- Les importations (IM) : Valeur marchande totale de tous les biens et services produits à
l’étranger et vendus à des ménages, entreprises et administrations publiques du pays. Ceci
fait donc double comptage avec avec les trois premières catégories, mais cela permet
justement à le soustraire du calcul du PIB car les importations ne créent aucune valeur dans
le pays.
Nous sommes maintenant prêt à comprendre comment le PIB se calcule à l’aide des
dépenses. Prenons Y comme symbole du PIB. Nous avons donc :
Y = C+ I + G + EX - IM
Cette identité qui décompose le PIB
est si important qu’elle porte un nom :
l’identité des comptes
économiques nationaux. Notons
également que EX - IM correspond à
la balance commerciale du pays, soit
les exportations nettes. Si EX dépasse
IM on parle d’excédent commercial,
dans le contraire on parle de déficit
commercial.

MACROÉCONOMIE !19
D. Le PIB selon la méthode des revenus
On distingue deux grandes catégories de revenus :
- Les revenus du travail : Revenus payés aux gens pour leur travail. Cela comprend donc
les salaires, les honoraires, les prestations de maladie et les prestations de retraite. Mais elle
inclut également toutes les autres formes de rémunération directe ou indirecte (ex : voiture
de société)
- Les revenus du capital : Revenus ou bénéfices réalisés par les propriétaires d’un capital
physique (ex : maison) ou d’un capital financier (ex : actions et obligations). Cette catégorie
inclut également d’autres nombre éléments comme les dividendes versé aux actionnaires, les
intérêt payés aux prêteurs, les bénéfices non répartis des sociétés, les loyers versés aux
propriétaires et même l’avantage de vivre dans sa propre maison.
Bien qu’il y aie deux catégories, une personne peut recevoir à la fois des revenus du travail et
du capital en même temps.

4. Qu’est-ce que le PIB ne mesure pas ?


Le PIB est un très bon moyen de mesurer la santé d’une économie. Cependant, il omet tout
de même un nombre important de composantes. Il ne reflète pas parfaitement l’économie
d’un pays, d’une région.

A. La dépréciation du capital physique


Le PIB omet la diminution de la valeur du capital physique due à l’obsolescence, l’usure, la
déterioration de certains biens (comme les freins d’une voiture qui s’usent, par exemple).
Pour avoir une image fidèle de l’économie, on devrait dans l’idéal soustraire de la production
totale la dépréciation du capital physique qui accompagne la production de valeurs.
Cela semble facile de mesurer cette dépréciation, mais la réalité est tout autre. Cependant, on
peut considérer tout de même que compter la dépréciation entrainerait environs une
diminution de 10 à 15% du PIB.
Tout d’abord, les gouvernements et Etats ne mesurent pas avec suffisamment de précision
cette dépréciation que pour pouvoir la compter dans le PIB.
Ensuite, ces estimations ne tentent pas d’évaluer la dépréciation de nombreuses catégories du
capital physique difficile à analyser (comme les réserves de pétrole par exemple).
De plus, on pourrait tenir compte dans le calcul de la dépréciation de la détérioration de la
santé du capital humain. En effet, on exclue l’ensemble des problème de santé que certaines
personnes pourraient subir suite à un travail éreintant, par exemple.
Dès lors, on peut dire qu’il est clair que le non-calcul de la dépréciation physique dans le PIB
est une grosse faiblesse pour celui-ci, car il s’en trouve faussé.

MACROÉCONOMIE !20
B. Le production domestique
Le calcul du PIB ne tient pas compte des productions domestiques (si on cultive des fleurs, le
bouquet qu’il en résulte ne sera pas tenu en compte alors que si on l’avait acheté chez le
fleuriste, il aurait été pris en compte).
La non-prise en compte de la production domestique est une énorme faille, mais les
spécialistes n’ont pas encore trouvé de moyens de le calculer.
Le problème est qu’un nombre énorme de choses sont produites à domicile (la cuisine, le
ménage, la garde des enfants) et sont de ce fait non-comptabilisées dans le calcul du PIB.
(Voir exemples page 107).

C. L’économie souterraine
Il est logique que cette branche ne puisse pas être tenue en compte car l’économie souterraine
concerne l’ensemble des agents qui « cachent » volontairement leurs salaires et revenus afin
d’éviter de payer des impôts. Ils peuvent également cacher ces revenus pour éviter de payer
une pension alimentaire ou parce qu’on n’a pas de permis de travail. Il s’agit donc de
l’ensemble des transactions cachées délibérément aux statisticiens. L’économie souterraine
concerne également l’ensemble des activités illicites (drogue, prostitution…).
Malgré tout, certains pays ont décidé de commencer à comptabiliser ces activités dans leur
calcul de PIB.

D. Les externalités négatives


Qu’elles soient positives ou négatives, les externalités sont généralement exclues du calcul du
PIB. Ce qui est logique car les producteurs ne se rendent pas compte du cout de l’externalité
et donc ne le prennent pas en compte dans leurs dépenses dans le cas d’une externalité
négative. Dans le cas d’une externalité positive, les consommateurs ne prennent pas en
compte un certain bénéfice de leur achat.

E. Produit intérieur brut et produit national brut


Le produit national brut (PNB) est une mesure de l’activité économique agrégée qui ne
comprend que la production des facteurs de production détenus par des résidents d’un pays
donné. Ainsi, le PNB d’un pays inclut la production d’un travailleur qui réside normalement
dans ce pays même si cette production a eu lieu pendant que cette personne travaillait
temporairement à l’étranger. Le PNB exclurait cependant la valeur ajoutée d’une machine
dans une usine étrangère située tout de même dans le pays. Cependant elle comptabiliserait

MACROÉCONOMIE !21
quand même les salaires des autochtones qui travaillent dans cette usine. Le PNB
comptabilise donc uniquement ce qui « appartient » au pays. Comment calculer ce PNB?
PNB = PIB + Production à l’étranger du capital et du travail du pays - Production au pays du capital et du
travail étranger

F. Le temps libre
L’exclusion des loisirs est une autre faille du système du PIB. Pourtant, la plupart des gens ont
du temps libre. La comparaison de deux pays peut donc être faussé lorsqu’un des deux pays
travaillent énormément et profite de peu temps libre. Le but de la vie est de maximiser son
bien-être et non son revenu, le PIB calcule donc la valeur des biens et services, mais pas si
elles contribuent au bonheur humain.

G. Le PIB assure-t-il le bonheur?


Malgré l’exclusion des loisirs, le PIB est souvent utilisé comme mesure du bien être d’une
société. Mais rien ne prouve que le PIB sait démontrer le bonheur. Le PIB par habitant
semble tout de même être un excellent prédicateur du degré de satisfaction de la vie. On peut
voir sur le graphique qui indique le PIB et le degré moyen de satisfaction de la vie. Cette
étude prouve en partie qu’un bon PIB par habitant est souvent synonyme de bien être.

MACROÉCONOMIE !22
5. Réel et nominal
Même si loin d’être parfait, le PIB est un outil utile pour calcul l’évolution de la croissance
économique. Cependant, il faut dissocier l’augmentation du PIB due à l’inflation de
l’augmentation du PIB due à l’augmentation de la quantité et de la qualité des biens et
services produits. Pour ce faire, on distingue le PIB nominal et le PIB réel.
Le PIB nominal est la valeur marchande totale de la production calculée au prix courant de
chaque unité produite. C’est simplement la mesure courante dont nous parlons depuis le
début. À coté de ça, le PIB réel résume la valeur marchande totale des biens et services finals
produits au cours d’une année donnée, en utilisant les prix d’une année de base qui peut être
différente de l’année où ces biens et services ont été produits. On garde donc un prix de base
pour un même bien ou service, même si son prix a augmenté. Cela permet de voir la réelle
croissance entre deux années. Le concept de croissance du PIB réel permet de se concentrer
sur ce qui est vraiment intéressant, à savoir combien l’économie produit à divers moments,
sans que les variations de prix viennent brouiller la comparaison.
On peut bien comprendre cela avec l’exemple d’une économie fictive qui vend des Ford et des
Toyota d’une année à une autre.

A. La méthode des dollars enchainés


Comme on vient de le voir, le calcul du PIB réel permet d’être plus juste dans la comparaison
d’année en année ou entre pays, mais elle ne permet pas de savoir le poids de la production
de divers biens et services.
Pour régler ce problème, il faut utiliser la méthode des dollars enchainés pour le calcul du PIB
réel. Il suffit pour cela d’appliquer deux formules :
PIB de l'année n année de base n-1 − PIB de l'année n-1année de base n-1
!
PIB de l'année n-1année de base n-1

PIB de l'année n année de base n − PIB de l'année n-1année de base n


!
PIB de l'année n-1année de base n

MACROÉCONOMIE !23
On se retrouve donc avec deux taux de croissance différent, dont il faut ensuite faire la
moyenne. En tenant compte du taux de croissance moyen et du niveau du PIB à l’année n-1
aux prix de n-1, on peut ensuite calcule le PIB réel de l’année n comme ceci :
(1 + taux de croissance moyen calculé précédemment) . Production de l’année n-1 selon les prix de n-1
On peut voir cela grâce à ces tableaux présentant l’exemple sur un pays fictif. Le premier
tableau représente la production aux prix courant en 2014 et 2015. Si on calculait la
croissance à l’aide du PIB nominal on calculerait une baisse de la croissance de 8%, alors que
la vérité serait plutôt une augmentation. Le deuxième tableau résume les informations
trouvées comme le PIB nominal de chaque année ou le PIB réel et même la croissance
d’après le PIB réel. La meilleure estimation est donc la moyenne des deux pourcentages
trouvés. De plus cette méthode élimine le problème du poids relatif.

B. Le déflateur du PIB
Le déflateur du PIB est égal à 100 fois le PIB nominal divisé par le PIB réel de la même
année ; c’est une mesure de la façon dont les prix des biens et services produits dans un pays
ont augmenté depuis l’année de base. On peut le calculer comme ceci :
PIB nominal
! Déflateur du PIB = ⋅100
PIB réel
Le numérateur montre donc ce qu’il couterait d’acheter tout ce qui est produit au pays à
l’année n aux prix de n. Le dénominateur montre ce qu’il en couterait pour acheter tout ce
qui produit au pays à l’année n aux prix de n-1. On peut également calculer le pourcentage
de variation du déflateur du PIB d’année en année. Il se calcule comme ceci :
Déflateur du PIB de n − Déflateur du PIB de l'année de base
!
Déflateur du PIB de l'année de base

Le déflateur du PIB de l’année de base étant


toujours égal à 100, ce calcul nous donne
comme résultat une augmentation ou une
diminution des prix en pourcentage par
rapport à l’année de base. On peut voir
l’évolution des prix sur le graphique à droite
qui prend comme référence l’année 2007.
L’année 2007 ayant son PIB nominal égal à
PIB réel (car les prix de référence son tiré de
cette année) donne donc un déflateur du PIB égale à 100.

MACROÉCONOMIE !24
C. L’indice des prix à la consommation (IPC)
L’indice des prix à la consommation (IPC) est égal à 100 fois le ratio du cout à l’achat
d’un panier de biens et services de consommation donné aux prix d’une année donnée divisé
par le cout à l’achat du même panier de biens et services de consommation donné aux prix de
l’année de base. Voici sa formule :
Coût à l'achat d'un panier de biens et services
de consommation donné au prix de l'année n
! IPC de l'année n = ⋅100
Coût à l'achat d'un panier de biens et services
de consommation donné au prix de l'année de base

Les formules du déflateur et de l’IPC ont quelques points communs :


- Les deux formules utilisent les prix de l’année n dans le numérateur et les prix de l’année de
base dans le dénominateur
- Les deux formules reposent sur un ration qui compare ce qu’il en couterait pour acheter des
biens et services une année à ce qu’il en aurait couté pour acheter les mêmes biens et
services aux prix d’une année de base
- Les deux formules ont la même interprétation : un ratio plus élevé signifie une
augmentation des prix et vice-versa
L’IPC étudie un panier donné de biens et services de consommation conçu pour refléter les
types et les quantités de produits qu’achète un ménage typique. C’est ce qu’on appelle le
panier du consommateur. Contrairement à cela le déflateur étudie le panier de biens et
services produits dans une économie au cours d’une période donnée. On appelle cela le
panier du PIB. Il existe donc trois grandes différences entre ces deux paniers :
- Le panier du PIB comprend des choses que les ménages n’achètent pas, comme des
centrales électriques, locomotives, etc. Les consommateur utilisent les services fournis par
ces biens mais pas les biens directement. Ces biens apparaissent dans le panier du PIB, mais
pas dans celui du consommateur.
- Le panier du consommateur comprend certaines choses non comptabilisée dans celui du
PIB, comme les importation de biens
- Un produit qui se retrouve à la fois dans le panier du PIB et dans le panier du
consommateur peut avoir un poids différent selon le panier.

Malgré ces différences, le déflateur et l’IPC


donne des résultats fort similaire. Ceci est visible
sur le graphique à droite.

MACROÉCONOMIE !25
D. L’inflation
Le taux d’inflation est le taux d’augmentation des prix calculé comme l’augmentation en
pourcentage de l’indice des prix d’année en année. Pour calculer l’inflation il suffit
d’appliquer cette formule avec comme indice le déflateur du PIB ou l’IPC au choix :
Indice des prix de l'année n - Indice des prix de l'année n-1
! Taux d'inflation à l'année n =
Indice des prix de l'année n-1

Comme on a peu le voir plus haut, le choix de l’indice n’a pas un grand effet sur le taux
d’inflation. L’IPC a tout de même plus de pertinence pour le consommateur typique.

E. Corriger les variables nominales


Au cours des années le salaire change, mais difficile de dire qu’un salaire plus élevé est
synonyme d’un pouvoir d’achat plus élevé. Pour comparer deux salaires il faut remettre le
plus ancien à ce qu’il vaudrait aujourd’hui. Pour se faire, il faut appliquer cette formule :
Indice des prix en 2015
! Valeur en dollars de 2015 = ⋅Valeur en dollars de 1960
Indice des prix en 1960

On peut utiliser cette formule simple pour exprimer tout prix historique en dollars d’une
année plus récente.

MACROÉCONOMIE !26
Chap. 6 : Les revenus agrégés
1. Notions clés
- Le revenu par habitant — ou PIB par habitant — varie considérablement selon le pays
- On peut comparer les disparités de revenus entre les pays en utilisant le PIB par habitant au
taux de change courant ou, mieux, mesuré en parité de pouvoir d’achat (PPA)
- La fonction de production agrégée relie le PIB d’un pays à son stock de capital, à l’efficacité
totale des heures de travail à sa technologie
- Les disparités de PIB par habitant entre les pays résultent en partie de différences dans le
capital physique par travailleur et le capital humain, mais les différences liées à la
technologie et à l’efficacité de la production sont encore plus déterminantes

2. Les inégalités dans le monde


Pour comprendre les écarts de revenu dans le monde, il faut d’abord établir nos mesures. Pour
ce faire, le revenu par habitant est une mesure fiable, même si pas parfaite, c’est un bon point
de départ

A. Mesurer les différences de revenu par habitant


Comme nous venons de le dire, nous prendrons comme mesure le revenu par habitant. Le
revenu par habitant (ou PIB par habitant) est le PIB divisé par la population totale.
Autrement dit :
PIB
! Revenu par habitant = PIB par habitant =
Population totale

Pour comparer deux pays il ne faut cependant pas oublier de tout remettre dans la même
devise. Ainsi on peut calculer et comparer le revenu par habitant de tous les pays. Cependant
les économies privilégient un autre outil qui améliore la comparaison du revenu par habitant
dans divers pays : la parité du pouvoir d’achat (PPA). En effet, le PIB par habitant ne prend
pas en compte le cout de la vie dans un pays, c’est pourquoi le PPA est une meilleure façon de
comparer des pays. Plus précisément, la parité de pouvoir d’achat (PPA) établit le cout
d’un panier de biens et services représentatif dans chaque pays et corrige le PIB de manière
qu’une même somme permette d’acheter ce panier de biens et services dans chaque pays.
Cela donne donc un bien meilleur portrait de la véritable situation de chaque pays

MACROÉCONOMIE !27
B. Les inégalités dans le revenu par habitant

Comme le montre le graphique ci dessus on peut constater de très grandes disparités entre les
pays. C’est encore plus simple de dégager des constats sur la map-monde qui montre les
revenus par habitant partout dans le monde.

C. Le revenu par travailleur


Le revenu par travailleur (ou PIB par
travailleur) se définit comme le PIB divisé
par le nombre de personnes en emploi.
Contrairement au PIB par habitant on exclut
donc les personnes qui ne participent pas à la
production. Cette mesure donne une meilleur
idée de la production moyenne de chaque
travailleur. On peut voir sur le graphique que, malgré les revenus plus élevés, les tendances
restent fort similaire.

D. La productivité
On appelle productivité la valeur des biens et services que génère un travailleur en un
heure de travail. La productivité mesure donc également le revenu par heure de travail. Pour
comprendre les énormes différences de revenu par habitant entre les pays, il faut regarder du
côté de la production. Plus précisément, il faut étudier les facteurs qui rendent le travail
beaucoup plus productif dans certains pays que dans d’autres.

E. Les revenus et le niveau de vie


Doit-on se concentrer sur le revenu par habitant ou par travailleur? Tout dépend ce que l’on
veut analyser. Dans l’analyse de la productivité le revenu par travailleur est plus intéressant,
alors que dans le cas du niveau de vie il faut s’intéresser au revenu par habitant. Certains
problèmes se posent quant à représenter le niveau de vie par rapport au revenu. Tout
d’abord, dans un même pays toutes les régions ne sont pas aussi riche l’une que l’autre. De

MACROÉCONOMIE !28
plus, les gens ne se soucient pas que de leur revenu, mais aussi des loisirs, de la santé, de la
sécurité publique, etc. On sait pourtant que le PIB ne prend pas cela en compte.
Néanmoins, le revenu peut nous apprendre bien des choses sur le niveau de vie. De plus, l’une
des choses qui nous intéressent est de savoir si beaucoup vivent dans une extrême pauvreté,
c’est pourquoi le seuil de pauvreté a été créé. Le seuil de pauvreté de 1,25$ US par jour
par personne est une mesure de la pauvreté absolue utilisée par les économistes et autres
spécialistes des sciences humaines pour comparer l’ampleur de la pauvreté dans divers pays.

On peut voir une relation entre le


pourcentage de personnes d’un pays vivant
avec moins que ce seuil de pauvreté et le
revenu par habitant. Notez que dans ce
diagramme, l’échelle des abscisses augmente
de façon logarithme, soit de façon non
constante

Autre raison de se soucier du revenu par


habitant est que la pauvreté est synonyme de
problèmes de santés. Pour évaluer la santé de
façon générale et simplement il suffit de
regarde l’espérance de vie moyenne à la
naissance, comme sur le graphique à droite.
Encore ic il y a une forte corrélation entre
revenu par habitant et espérance de vie alors
que la santé n’est pas calculé par le PIB.
De nombreux autres facteurs doivent être
pris en compte quand on veut comparer
niveau de vie et revenu. C’est le cas de
l’indice de développement humain (IDH)
qui combine le revenu par habitant,
l’espérance de vie et l’éducation. Cela
permet donc de mesurer plus globalement
le niveau de vie. En comparant encore cet
indice avec le revenu par habitant, on peut
de nouveau voir cette forte corrélation entre
les deux.
Un bon revenu par habitant ne veut pas directement dire un bon niveau de vie mais c’est une
première analyse qui fonctionne comme on a pu le voir. Il suffirait donc de regarder d’abord
le revenu par habitant, puis d’examiner en détail les autres données (santé, éducation, etc.).

MACROÉCONOMIE !29
3. La productivité et la fonction de production agrégée
A. Les écarts de productivité
La productivité diffère selon les pays pour trois grandes raisons :
- Le capital humain : ensemble des aptitudes, des capacités et de l’expérience qui
permettent à une personne de produire des biens et services ou de créer de la valeur
économique
- Le capital physique : tous les biens utilisés dans la production, y compris les machines et
les bâtiments. On peut agréger cela en une seule mesure, ce qui donne le stock de capital
physique d’une économie, soit la valeur de l’équipement, des structures et de tout autre
intrant (non relié au travail) utilisé pour la production.
- La technologie : une économie qui dispose d’une meilleur technologie utilise plus
efficacement le travail et le capital, et atteint ainsi une plus grande productivité. Elle peut
avoir une meilleur technologie soit parce qu’elle utilise un savoir supérieur dans la
production, soit parce quelle organise la production plus efficacement.

B. La fonction de production agrégée


La fonction agrégée est l’outil qui permet de comprendre comment les trois éléments cités se
combinent pour générer le PIB d’une économie. Pour simplifier, on peut considérer le PIB
comme un seul produit, soit l’agrégation de toute la production. On peut donc étudier la
fonction de production agrégée de l’économie, une fois vue comme un seul produit.
Le concept de facteurs de production est au coeur de notre étude de la fonction de production
agrégée. Pour comprendre la production d’un pays, nous nous pencherons sur une fonction
de production qui décrit comment les facteurs de production se combinent pour produire le
PIB. Mais nous ne nous intéresserons pas à des produits spécifiques, nous ferons comme s’il
s’agit que d’une seule entreprise.

C. Le travail
Le premier facteur de production est le travail. Cependant tous les travailleurs ne sont pas
identiques, certains ont plus de capital humain que d’autres. A cause de cette différence, le
nombre de travailleur est inutile. Il faut connaitre l’efficacité totale des heures de
travail, le produit du nombre total d’heures travaillées dans l’économie et du capital humain
moyen (l’efficacité) des travailleurs qui ont effectué ces heures de travail. On peut calculer
l’efficacité totale des heures de travail, H, en multipliant le nombre total d’heures travaillées
dans l’économie, L, par l’efficacité moyenne, le capital humain moyen des travailleurs, h, soit :
H=L.h
Pour augmenter le travail il faut augmenter les heures de travail ou la productivité moyenne.

MACROÉCONOMIE !30
D. Le capital physique et la terre
Le deuxième facteur de production est le capital physique, désigné par K. Une économie avec
d’avantage de capital fait augmenter le PIB de ce pays.
Le troisième facteur de production est la terre. Cependant pour faciliter l’analyse nous
considérerons la terre comme capital physique, surtout que la terre et les ressources naturelles
peuvent être incluses dans le stock de capital physique

E. Représenter la fonction de production agrégée


On peut représenter la fonction de production agrégée par la notation suivante :
Y = A . F (K, H)
Cette notation se lit comme suit « Y est une fonction (F) de K et de H ». Autrement dit :
- Y représente le PIB
- K est le stock de capital physique du pays
- H est l’efficacité totale des heures de travail que l’économie utilise dans le processus de
production (définie précédemment comme H = L . h ).
- A est un indice de technologie. Un A plus élevé signifie que l’économie produit davantage de
PIB avec un même stock de capital physique et une même efficacité totale des heures de
travail. Nous reviendrons sur le rôle de la technologie un peu plus loin
- La fonction F signifie qu’il y a une relation entre le capital physique, le travail et le PIB dans
un environnement technologique (A) donné. Plus précisément, le PIB est généré par une
combinaison de capital physique et d’efficacité totale des heures de travail compte tenu de la
technologie utilisée.
La fonction de production agrégée est
comparable à la fonction de production d’une
entreprise individuelle. Elle va donc s’accroitre en
fonction du capital physique et du travail. La
fonction de production agrégée est également
soumise à la loi du produit marginal décroissant.
La loi du produit marginal décroissant (ou
loi du rendement marginal décroissant)
stipule que (si tous les autres facteurs de
production restent constants), plus on augmente
la quantité utilisée d’un facteur de production,
plus la contribution marginale au PIB de ce
facteur de production diminue. On peut voir cela
avec des graphiques qui montrent le PIB en
fonction du capital physique ou du travail.

MACROÉCONOMIE !31
4. Le rôle et les déterminants de la technologie
A. La technologie
Une meilleure technologie permet à une économie
d’augmenter sa production avec les mêmes intrants. On
peut le voir notamment sur le graphique à droite. Avec
une meilleure technologie, l’économie produit donc
d’avantage de PIB à tous les niveaux de stock de capital.
Notre étude de fonction était donc juste. Ce qui joue sur le
PIB sont le travail, le capital physique et la technologie

B. Les dimensions de la technologie


La définition donnée à la technologie est assez large et comporte deux volets biens distincts :
- Le fait de savoir produire des biens impossible auparavant, ou certaines taches plus
efficacement. Une partie de ce savoir est intégrée au capital humain des travailleurs (ex :
savoir utiliser un ordi), mais une autre partie se retrouve dans le stock de capital physique
des entreprises (ex : l’ordinateur)
- Le progrès technologique qui se résulte principalement de recherche et développement
(RD), activités visant à faire avancer les connaissances scientifiques, à générer des
innovations ou à utiliser les connaissances existantes dans la production afin d’améliorer la
technologie d’une entreprise ou d’une économie. Un progrès technologique peut également
décrire les avancées dans les connaissances des processus de production.
Une dernière différence due à la technologie peut exister entre deux économies, l’efficacité de
la production. L’efficacité de la production décrit la capacité de la société à produire la
quantité maximales de biens et services à un cout donné ou avec une quantité donnée de
facteurs de production et de savoir.

C. L’entrepreneuriat
L’entrepreneuriat est un des éléments
qui expliquent les différences entre les
pays. Nous étudierons cependant ceci au
chapitre 8.

MACROÉCONOMIE !32
Chapitre 7 : La croissance
économique
1. Notions clés
- La croissance économique mesure l’augmentation du PIB réel par habitant dans le temps,
en d’autres mots, l’amélioration du « niveau de vie ».
- Le PIB par habitant élevé qu’affichent aujourd’hui de nombreux pays résulte de la
croissance économique rapide qu’ont connue ces pays au cours des deux derniers siècles.
- Une croissance économique soutenue s’appuie sur le progrès technologique.
- La différence considérable dans le taux de croissance historique des diverses économies sont
en grande partie à l’origine des écarts actuels de leurs PIB par habitant.
- La croissance économique est un puissant outil de réduction de la pauvreté.

2. Le pouvoir de la croissance économique


A. Un aperçu de la croissance en Belgique
La croissance économique d’un pays se résume comme étant l’augmentation du PIB par
habitant dans une économie. Cette croissance n’est pas parfaitement régulière, elle connait
des variations qu’on appelle des « fluctuations économiques ». Grâce à la croissance
économique, le niveau de vie est beaucoup plus élevé aujourd’hui qu’avant. On appelle taux
de croissance la variation d’une quantité, ici le PIB par habitant, entre deux dates, par
rapport à la quantité de référence (celle du début de la période).

Exemple du canada (variation du PIB)

MACROÉCONOMIE !33
Si on choisit deux dates, t et t+1, et qu’on représente le PIB par habitant de ces deux dates
par yt et yt+1 respectivement, le taux de croissance du PIB par habitant entre ces deux dates
est :
yt+1 − yt
! Taux de croissancet , t +1 =
yt

Grâce à cette formule, nous pouvons calculer le


taux de croissance du PIB par habitant de toutes les
années et de tous les pays. On peut voir ici à droit
un exemple de fluctuation du taux de croissance du
PIB pour le Canada

B. La croissance exponentielle
Dans la notion de croissance économique, nous pouvons parler de la croissance
exponentielle, qui décrit le processus par lequel une quantité croît à un taux à peu près
constant. C’est comme cela car l’augmentation de la valeur d’une variable (soit yt+1 - yt dans
les termes de l’équation précédente) est proportionnelle à sa valeur courante (yt dans les
termes de l’équation précédente). La croissance exponentielle résulte du fait que la
nouvelle croissance repose sur la croissance passée et ses effets composés. Cela
signifie qu’après un certain nombre d’années de croissance, des différences relativement
modestes de taux de croissance se cumulent pour produire de grandes différences de revenu
(PIB) par habitant.
La nature exponentielle de la croissance économique est une des principales explications des
immenses écarts de PIB par habitant entre les pays (Chap.6).
ATTENTION ! Pour calculer une croissance sur autant d’année, il faut, pour chaque année
se baser sur le résultat de l’année précédente, et non sur le résultat du tout début (voir
exemple livre p. 154-155). De plus, lors de la mise en place du graphique, il est impératif
d’utiliser une échelle verticale proportionnelle ! (voir exemple page 155 dernier paragraphes
pour de meilleures explications). Si l’échelle n’est pas proportionnelle, il peut y avoir une
perception « d’accélération » dans l’augmentation du PIB, alors que le graphique du PIB est
censé augmenter de façon constante, vu que le taux de croissance est constant. En d’autres
mots, un taux de croissance constant se traduit par une droite sur une échelle proportionnelle.
Il est important de bien penser qu’une différence de 1 petit % dans le taux de croissance d’un
pays par rapport à un autre peut avoir un effet énorme, à long terme, sur le PIB par habitant
de ce pays, par rapport à celui de l’autre pays. La différence peut être énorme.

MACROÉCONOMIE !34
C. Les modèles de croissance
La croissance exponentielle peut expliquer les différences actuelles énormes entre les PIB par
habitant des pays. Les pays riches ont connu une croissance continuelle sur les 200 dernières
années, alors que ce n’est pas le cas dans les pays pauvres.
Pour comparer les différents modèles de croissance de différents pays, il faut tenir compte de
beaucoup de choses, comme les événements historiques notamment (guerres, crises
économiques, etc.).
- On appelle croissance de rattrapage le processus de croissance par lequel des pays
relativement pauvres augmentent leurs revenus agrégés en tirant parti des technologies
disponibles, en augmentant leur épargne, et en améliorant l’efficacité des heures de travail.
C’est surtout par une transition sectorielle, soit en réduisant la main-d’oeuvre du secteur
agricole pour la diriger vers la production manufacturière, par exemple, qu’un pays comme
le Japon est parvenu à augmenter son taux de croissance et donc, son PIB car ces mesures
ont permis d’augmenté de façon énorme la productivité du pays.
- On appelle croissance soutenue le processus où le taux de croissance est positif et
relativement stable durant une longue période.

3. Comment l’économie d’un pays croît-elle?


La fonction de production agrégée (Y = A x F (K,H)) est une première réponse à cette
question car elle relie le PIB aux deux facteurs de production que sont le capital physique (K)
et l’efficacité totale des heures de travail (H). La fonction de production agrégée dépend aussi
du niveau technologique (A) qui rend compte des connaissances disponibles dans une
économie et de l’efficacité des heures de travail. Si A varie, la fonction de production agrégée
se déplace. Un pays peux accroitre son PIB par habitant de trois manières. Il peut
augmenter :
- Son stock de capital physique (K) : Le stock de capital physique représente l’ensemble
des biens d’équipement (véhicules, avions, ordinateurs, machinerie) d’une économie. On
peut augmenter ce stock de capital physique et donc sa capacité de produire, par
l’investissement, un processus qu’on appelle « accumulation du capital physique ».
- Les unités de travail (H) : Cela peut se faire en augmentant les heures travaillées par
personne
- Sa technologie (A)

Au chapitre 5, on a vu que : Y = C + I + G + X - M. Dans cette équation, Y est le revenu


national, C est la consommation, I est l’investissement, G les dépenses publiques en biens et
services, X les exportations et M les importations.

MACROÉCONOMIE !35
Vu que le gouvernement prélève des impôts dont le montant agrégé, net des transferts, est T,
la partie du revenu national dont les ménages disposent pour consommer (ce qu’on appelle
« le revenu disponible ») est Y - T. La partie du revenu disponible qui n’est pas consommée est
appelée « épargne agrégée », S. On peut donc écrire Y = C + S + T, ce qui implique qu’il
faut respecter l’égalité suivante :
C+I+G+X-M=C+S+T
En isolant l’investissement, on a :
I = S + (T - G) - (X - M)
L’investissement du pays sera donc plus faible que l’épargne seulement si le gouvernement fait
un déficit ou si le pays a un surplus commercial. A l’inverse, l’investissement sera plus élevé
que l’épargne si le gouvernement a un surplus budgétaire (T - G) ou si le pays accuse un
déficit commercial. Cependant, comme vu précédemment, la majeure partie de
l’investissement est rendue possible que grâce à l’épargne. Pour simplifier la chose, supposons
un pays fermé, sans exportation ni importation, sans administration publique. On suppose
donc que :
G=T=X=M=0
Dès lors, l’identité des comptes économique nationaux devient :
Y=C+I
En d’autres termes, dans une économie fermée sans gouvernement, le revenu national est égal
à la somme de la consommation agrégée et de l’investissement agrégé. Et comme le
gouvernement ne prélève pas d’impôts, le revenu disponible est alors égal à Y, ce qui établit
une autre identité :
Y=C+S
Ces deux identités permettent d’établir que, dans un pays sans commerce extérieur ni
gouvernement, l’investissement agrégé vient de l’épargne agrégée, ce qui s’exprime par
l’égalité:
I=S
Interprétée différemment, cette relation signifie que toutes les ressources que les ménages
décident d’épargner serviront à des entreprises qui les transformeront en investissement. Par
conséquent, un pays avec un taux d’épargne élevé investit beaucoup d’argent, augmente
rapidement son stock de capital physique et, par la fonction de production agrégée, accroît
plus rapidement son PIB. Pour déterminer si une économie augmentera son stock de capital
physique et à quel rythme elle le fera, il faut comprendre les décisions d’épargne des ménages.

MACROÉCONOMIE !36
A. L’optimisation: le choix entre l’épargne et la
consommation
Pour comprendre la division du PIB d’un pays entre consommation et investissement, il faut
étudier ce qui conduit les ménages à épargner. Or, l’épargne équivaut à ne pas consommer
aujourd’hui afin de pouvoir consommer plus dans le futur. Il s’agit d’un exemple
d’optimisation da la part des individus et ménages. Chaque ménage a ses priorités et ses
besoins qui influent sur la décision d’épargner ou non.
Comme dans tout problème d’optimisation, les prix influent sur les choix. Dans ce cas-ci, le
prix pertinent est le taux d’intérêt qui permet au ménages d’évaluer ce que va leur rapporter
leur épargne. Un taux d’intérêt plus élever poussera les ménages à plus épargner. Aussi, les
anticipations des ménages quant à un salaire plus élevé ou à la hausse des impôts se
répercutent sur la décision d’épargner. Ainsi, les ménages qui s’attendent à une augmentation
rapide de leur revenu peuvent avoir moins de raisons d’épargner pour financer leurs
consommation future ou en prévision des mauvais jours. Inversement, s’ils s’attendent à des
hausses d’impôts, les ménages peuvent décider d’épargner davantage pour pouvoir payer ces
impôts en temps voulu sans réduire leurs consommation future.
C’est par ces compromis qu’on définit le taux d’épargne de l’économie, c’est-à-dire la
fraction du revenu qui est épargnée. En tenant compte de l’épargne des ménages ainsi que des
sommes rendues disponibles par les entreprises, les administrations publiques et les échanges
commerciaux, on peut calculer combien d’épargne totale est disponible dans un pays pour
financer l’investissement, les déficits gouvernementaux ou prêter à l’étranger.
Epargne totale
! Taux d'épargne =
PIB

B. Qu’est-ce qui génère la croissance soutenue?


L’accumulation de capital physique ne peut pas à elle seule générer une croissance soutenue.
Pourquoi ? A cause du produit marginal décroissant du capital physique.
En effet, en raison du produit marginal décroissant du capital physique, de plus en plus de
capital physique augmente le PIB d’un montant de plus en plus faible. Par contre, l’entretien
de ce capital demeure proportionnel à la quantité du capital physique. Ainsi, doubler le stock
de capital physique ne double pas ce qu’il permet de produire, mais bien la partie de son
rendement nécessaire pour le maintenir en état. A force d’accumuler du capital, on finit par
atteindre un point où ce qu’il permet de produire de plus permet tout juste de maintenir
l’accroissement du stock de capital. Un peu comme une personne tellement riche qui se rend
compte qu’elle passe plus de temps à entretenir ses propriétés qu’à en profiter, à force de
toujours acheter de nouvelles installations.

MACROÉCONOMIE !37
Si l’accumulation de capital physique ne suffit pas à expliquer la croissance soutenue, qu’en
est-il de l’autre facteur de production, le travail? Comment amplifier l’efficacité des heures de
travail (H) d’une économie? Peut-on augmenter le PIB de façon constante en augmentant
simplement le capital humain?
Considérons d’abord l’augmentation de la main-d’oeuvre, c-à-d. la proportion de la
population qui participe au processus de production. A certains moments de leur
développement, des pays peuvent jouir, temporairement, de circonstances favorables à une
augmentation du nombre d’heures de travail. Cela se produit notamment quand le taux de
natalité diminue tandis que l’espérance de vie augmente. Il y a alors pendant environs 30 ans,
peu de personnes âgées et peu de jeunes également, ce qui entraine qu’un grande proportion
de la population est disponible pour travailler. On appelle ce phénomène « Dividende
démographique ».
Il y a donc une limite à la proportion de gens qui peuvent travailler. De plus, même si tous les
facteurs de production ainsi que la technologie restent constants, chaque travailleur
supplémentaire augmentera de moins en moins le PIB en raison du produit marginal
décroissant du travail.
On peut aussi augmenter l’efficacité des heures de travail en accroissant le capital humain des
travailleurs. Encore une fois, cela accroitra le PIB, mais ils ne généreront pas, à eux seuls, une
croissance soutenue.
Il faut donc se tourner vers une autre composante afin d’assurer une croissance soutenue. Il
s’avère que cette composante, c’est la technologie, et en particulier, les progrès des savoirs
techniques utilisés dans la production.

C. Savoir, progrès technologique et croissance


Le progrès technologique est le processus par
lequel de nouvelles technologies et de nouveaux
biens et services sont inventés, puis introduits et
utilisés dans un économie, ce qui permet
d’accroître son PIB pour une même quantité de
facteurs de production, de stock de capital
physique et d’efficacité totale des heures de travail.

Le progrès technologique est exponentiel. Selon la définition de la croissance exponentielle, la


croissance du PIB par habitant est exponentielle parce qu’elle a des effets composés — elle
repose sur la valeur actuelle, qui résulte elle-même de la croissance passée. Le progrès
technologique suit une logique similaire. Les innovations et nouvelles technologies reposent
sur un stock de savoir qui résulte lui-même des innovations précédentes. Cela fait en sorte que
les innovations technologiques améliorent la capacité d’augmenter le PIB non pas d’un
montant constant, mais d’un montant à proportionnalité constante.

MACROÉCONOMIE !38
On l’aura compris, il y a une belle symétrie entre notre traitement des différences de PIB par
habitant de divers pays et les différences de PIB à divers moments. Dans les deux cas, le stock
de capital physique et l’efficacité des heures de travail jouent un rôle important, mais ils ne
suffisent pas à expliquer les différences majeures. C’est plutôt la technologie qui jour LE rôle
déterminant.

4. L’histoire de la croissance et de la technologie


A. La croissance avant les temps modernes
Certaines techniques étaient connues, mais cette période est tout de même marquée par
l’absence de croissance soutenue du niveau de vie. Malgré une certaine croissance
économique durant ces périodes, la croissance économique soutenue était rare, voir
inexistante. Il y a une façon simple de le comprendre. Le seuil de pauvreté absolue de la
Banque mondiale dont nous avons parlé au chapitre précédent n’est pas tout à fait arbitraire.
Pour survivre, un humain doit avoir accès à des vêtements, un certain nombres de calories et
un abri. Dès lors, il est pratiquement impossible pour un pays d’avoir un PIB par habitant
inférieur à 500$ par an, car ça signifierait qu’un grand nombre de personnes vivraient avec
un revenu inférieur à 500$ par an.
On peut donc introduire la notion de revenu de subsistance qui est ce revenu par
habitant en deçà duquel une personne ne peut pratiquement pas survivre. Quelle que soit sa
valeur exacte, il existe un revenu minimal par personne qui est nécessaire à sa survie et à sa
subsistance et en deçà duquel une grande partie de la population finit par mourir.
A l’époque, il n’y avait pas de banque ni de revenu national, mais les estimations nous montre
qu’une personne de l’époque devait avoir un revenu qu’on estime à environ 500$
d’aujourd’hui pour pouvoir survivre.
Causes de la non-croissance soutenue de l’époque :
- La technologie qui évoluait beaucoup plus lentement à l’époque
- L’augmentation des revenus agrégés (PIB) ne s’est généralement pas traduite par une
augmentation du revenu par habitant. On appelle ça le « cycle malthusien ».

B. Les limites malthusiennes de la croissance


Malthus appliquait la puissance de la croissance exponentielle à la fécondité, qui se définit
comme étant le nombre d’enfants par adulte ou par femme en âge de procréer dans une
population donnée.
Il a vu que le nombre d’enfants qui naissaient pour chaque adulte était en moyenne supérieur
à un, entraînant une progression exponentielle de la population.

MACROÉCONOMIE !39
Même si la croissance démographique permet d’augmenter la production agrégée de
nourriture, les rendements marginaux décroissants de la production agricole font en sorte que
la progression de la nourriture, elle, n’est pas exponentielle. Ainsi, selon Malthus, si une
nouvelle technologie permet une augmentation de production de nourriture et du niveau de
vie au-delà du seuil de subsistance, alors plus d’enfants survivront et procréeront à leur tour,
entrainant une pression supplémentaire sur la quantité de nourriture disponible. Ainsi, la
croissance démographique ramène toujours le revenu par habitant au revenu de subsistance.
L’inverse se passe aussi lorsque le revenu descend en-dessous du seuil de subsistance car il y
aurait des guerres ou famines, qui feraient augmenter le revenu par habitant, vu qu’il y a
moins de monde pour une même quantité de nourriture.
On appelle cela le cycle malthusien, un cycle dans lequel l’augmentation des revenus
agrégés accroit le revenu par habitant au-delà du revenu de subsistance, ce qui entraine une
croissance démographique qui, à son tour, exerce une pression sur les ressources et ramène le
revenu au revenu initial.
Cependant, au même moment on a assisté à une diminution de la fécondité au fur et à
mesure de l’industrialisation. On appelle cela la transition démographique, qui est un
processus qui a à la fois des causes économiques et sociales. Cette transition de la ruralité vers
l’urbanisation a requis un niveau de scolarité plus élevé et long, avec une population mieux
qualifiée, mais elle est surtout essentielle dans le sens où elle a permis aux économistes de
l’époque de rompre avec le cycle malthusien. C’est un élément essentiel de la croissance
moderne.

C. La révolution industrielle
La transition démographique n’a cependant pas été capable d’amorcer la croissance soutenue
à elle seule. Une autre composante est à tenir en compte. La révolution industrielle
désigne l’arrivée, en Grand-Bretagne, de nombreuses machines et méthodes de production,
d’abord dans le textile, puis dans d’autres secteurs. La révolution industrielle a permis l’apport
de nouveaux changements techniques et technologiques plus stables et plus rapides. Ce sont
ces changements qui ont permis l’arrivée d’une croissance soutenue.
La révolution industrielle est un processus graduel. Elle est importante à la fois en tant
qu’événement (première utilisation des changements technologiques de manière coordonnée
dans la production), mais aussi comme point de départ de la vague d’industrialisation qui s’est
propagée dans d’autres pays, amenant la croissance soutenue, et donc, la richesse que nous
connaissons aujourd’hui. C’est à partir de cette période que l’innovation et l’application des
nouvelles technologies dans la production de biens et services sont devenues plus généralisées.
Les données disponibles suggèrent donc que les progrès technologiques sur lesquels se fonde
la croissance soutenue qu’on observe aujourd’hui sont apparus en Grande-Bretagne à la fin
du XVIIIe siècle (R.I.).

MACROÉCONOMIE !40
D. La croissance et la technologie depuis la R.I.
Sur les 250 dernières années, un grand nombre de progrès technologiques sont apparus
(chemin de fer, avions, médicaments, la plomberie…). Ces progrès sont issus de la croissance
exponentielle du savoir et de la technologie acquise depuis la révolution industrielle. L’une des
principales ressources de cette croissance est la RD (recherche et développement) que les
entreprises, universités et gouvernements utilisent pour améliorer cette base de connaissances.
Notre niveau de vie actuel est, dans une large mesure, le rendement sur cet investissement de
la RD.

5. La croissance, les inégalités et la pauvreté


Le fait qu’une économie soit en croissance ne signifie pas que tout le monde profite de cette
croissance. En effet, dans de nombreux pays, la croissance soutenue entraine également un
accroissement des inégalités de revenus. Il y a et aura toujours des ménages qui auront un
revenu plus élevé que la moyenne, d’autres un revenu moins élevé. Lorsque la croissance
économique est associée à l’élargissement des inégalités, cela signifie que ce ne sont pas tous
les travailleurs qui tirent un bénéfice proportionnellement comparable des nouvelles
technologies qui sont le moteur de cette croissance, mais seulement les plus fortunés.

A. Croissance et inégalités
Plusieurs raisons peuvent pousser une société à se préoccuper des inégalités. Certains peuvent
souhaiter vivre dans une société plus juste où il n’y a pas de grandes disparités dans le niveau
de vie des citoyens. On peut aussi penser que des inégalités accrues conduisent à une plus
grande polarisation sociale ou même à une plus grande incidence de la criminalité dans la
société.
On a parlé jusqu’ici du PIB par habitant, mais en réalité, le revenu par habitant d’un pays à
un moment précis n’est pas le revenu de tous les habitants de ce pays au même moment. Il
faut tenir compte de la répartition des revenus dans une société donnée.
Ces inégalités provoquent l’apparition de la pauvreté (équivalent de 1,25$ US par personne,
par jour) qui entraine de graves difficultés sur le plan économique, mais également sur le plan
de la santé et des problèmes sociaux. Il est important de distinguer « inégalité » et
« pauvreté » (voir rubrique choix-conséquences, page 175).

MACROÉCONOMIE !41
B. Croissance et pauvreté
Les pays qui ont un PIB plus élevé ont moins d’habitants sous le seuil de pauvreté. De plus, on
assiste ces 10 dernières années à une relation négative entre la croissance et la pauvreté.
Cependant, cette relation négative ne
prouve pas que l’augmentation du revenu
par habitant est la cause directe du recul
de la pauvreté, mais cette corrélation
renforce la conviction de nombreux
économistes que la croissance économique
est l’un des moyens les plus efficaces
contre la pauvreté. Attention, rien n’est
garanti ! On ne pourra dire que la
croissance économique réduit la pauvreté
que si elle n’est pas accompagnée d’un
accroissement des inégalités.

C. Comment réduire la pauvreté?


Il n’existe aucune solution miracle pour supprimer la pauvreté de notre monde. Cependant,
plusieurs approches peuvent être mentionnées.
Premièrement, le commerce international, qui apporte beaucoup de bénéfices à beaucoup de
pays qui le pratiquent. Il crée des gagnants et des perdants, mais dans la plupart des cas, il
apporte des bénéfices réels et importants.
Le commerce international a d’autres
avantages, car les contacts qui en découlent
entrainent plus d’interactions avec les pays
riches et peuvent ainsi faciliter le transfert
des technologies.
Ensuite, on peut mentionner l’accroissement
des savoirs et des technologies dans
l’économie mondiale, dans le but de
rehausser le niveau de vie des pays pauvres.
Beaucoup de pays utilisent une certaine part
de leur PIB dans la RD, et une grande
partie de leur main-d’oeuvre travaille dans
les domaines de la science et de l’ingénierie.
Les résultats de tels efforts améliorent le
niveau de vie des habitants de ces pays, mais
aussi celle des habitants du monde entier
(ex: la communication sans fil).

MACROÉCONOMIE !42
6. Annexe - Le modèle de croissance de Solow
Afin d’étudier ce qui détermine la croissance du PIB, les économistes utilisent le modèle de
Solow, présentons ce modèle.

A. Les trois composantes du modèle de Solow


Le modèle de Solow a trois grandes composantes :
- La fonction de production agrégée : Cette fonction relie le PIB au capital physique
(K), à l’efficacité des heures de travail (H) et la technologie (A), sachant que le technologie
comprend la quantité de savoir disponible dans l’économie et l’efficacité de la production. Il
s’agit du levier de vitesse de la fonction de production agrégée.
- Une équation pour l’accumulation du capital physique : La plupart des
équipements et structures qui composent le capital physique d’une économie sont des biens
durables (routes, ordinateurs, ponts…). Cependant, cette durabilité entraine une
dépréciation de la valeur de chaque bien/structure, suite à l’accumulation des années et la
détérioration de chaque bien. Il est vrai que cette dépréciation falsifie d’une certaine façon
le stock de capital physique. Cependant, il est possible de ralentir cette détérioration en
entretenant le bien de façon continuelle. Il faut donc revoir la valeur du capital physique :
- On a : Kmaintenant = KL’an dernier - Kdéprécié + I
- Ou : Kmaintenant = KL’an dernier - (taux de dépréciation X KL’an dernier) + I
- Ou encore : Kmaintenant = (1 - d) X KL’an dernier + I
Avec Kmaintenant le stock actuel de capital physique, KL’an dernier le stock de capital physique de
l’an dernier et I les investissements
- L’épargne des ménages : Nous avons vu que l’investissement est déterminé par le
comportement d’épargne des ménages. Selon Solow, les ménages épargnent une fraction
fixe « s » de leur revenu, de sorte que
l’épargne totale dans l’économie est : « s
X Y ». En mettant de côté les dépenses
publiques et le commerce international,
l’égalité entre l’épargne agrégée et
l’investissement total peut donc s’écrire
ainsi : I = s X Y. Et en utilisant la
fonction de production agrégée, on a :
! I = S ×Y = s × A × F (K; H )

MACROÉCONOMIE !43
B. L’équilibre stationnaire dans le modèle de Solow
On peut maintenant calculer la situation naturelle où le stock de capital physique de l’an
dernier et celui de maintenant sont égaux:
! K maintenant = K l'an dernier = K
Dans une telle situation, on parle d’équilibre stationnaire (ou statique), un équilibre
économique dans lequel le stock de capital physique reste constant. Comme la notion
classique de l’équilibre, l’offre est égale à la demande, mais l’équilibre stationnaire exige en
plus que le stock de capital physique reste constant entre les deux moments.
Pour trouver cet équilibre, on peut reprendre l’équation de l’accumulation du stock de capital
physique formulée plus haut. Pour que le stock ne change pas, l’investissement doit toujours
compenser la dépréciation de ce même capital. Cet investissement doit donc être égal à une
fraction « d » du stock de capital physique, ainsi :
!I =d×K
En effet, dans un équilibre stationnaire, l’équation de capital physique devient :
! K = (1− d) × K + I. Si on résout l’équation, on obtient : ! I = d × K.
Ainsi, pour que le stock de capital physique
d’une économie reste constant, la valeur
de l’investissement doit être égale à la
valeur comptable nette du stock de capital
physique déprécié, c’est-à-dire au taux de
dépréciation de l’économie, « d »,
multiplié par le stock de capital physique,
« K ».
A présent, unissons les divers ingrédients
du modèle Solow pour trouver l’équilibre
stationnaire.

C. Les déterminants du PIB


On sait grâce au graphique ci dessus que le taux d’épargne est un des principaux
déterminants du PIB. On peut voir l’effet d’un taux d’épargne plus élevé sur l’équilibre
stationnaire du stock de capital physique et du PIB dans l’encadré 7A.3, qui omet cette fois la
courbe de la fonction de production agrégée ! A × F (K; H ), pour ne montrer que le niveau
d’investissement que donne l’équation ! I = s × A × F (K; H ).

MACROÉCONOMIE !44
Ce graphique nous montre deux économies dont
toutes les composantes sont pareilles, sauf le taux
d’épargne qui est différent. L’économie qui a le
taux d’épargne le plus élevé, s’ > s, est représentée
par la courbe vert foncé, et celle dont les taux
d’épargne est le plus bas , s, par la courbe vert
pâle. Le graphique montre que, si le taux de
dépréciation est le même, l’équilibre stationnaire
de l’économie qui a le taux d’épargne le plus élevé
est plus à droite et plus haut. Cela correspond à un
stock de capital physique plus grand et donc, un
PIB plus élevé.
De même, une meilleure technologie et une
meilleure utilisation du capital humain signifie
également que la même quantité de capital
physique donne un PIB plus élevé.

On peut exercer la même analyse avec la technologie : Une meilleure technologie augmente
le « A » dans la fonction de production agrégée. Cette meilleure technologie peut résulter
d’un savoir accru mis au service de la production ou d’une plus grande efficacité de la
production. Dans les deux cas, elle entraine un changement de la fonction de production
agrégée (comme le graphique 7A.3, sauf que c’est l’efficacité totale des heures de travail qui
change et non le taux d’épargne). Les conséquences sont aussi pareilles. Le stock de capital
physique de l’équilibre stationnaire augmente et le niveau du PIB à ce même équilibre
augmente par la même occasion.

D. L’équilibre dynamique dans le modèle de Solow


Le modèle de Solow, en plus de calculer les déterminants de l’équilibre stationnaire, est
également le principal modèle qu’utilisent les économistes pour réfléchir à la croissance
économique.
En plus de l’équilibre stationnaire, qui ne bouge pas, il peut aussi exister dans certaines
économies un équilibre qui varie, que l’on va appeler l’équilibre dynamique. Il décrit
l’équilibre d’une économie dont le comportement change au cours du temps. Il décrit donc
une évolution au cours d’une période donnée, et non un seul point.

MACROÉCONOMIE !45
Pour mieux saisir cette notion, examinons le graphique ci dessous. L’équilibre se situe à
l’intersection entre la courbe bleue et la courbe verte qui représente le niveau
d’investissement.
Imaginons qu’une grande partie du capital physique de cette économie est détruite, par une
guerre par exemple. Le stock de capital physique de l’économie peut être alors définit par
l’équation « K0 < K* ». Supposons aussi que rien d’autre ne change; la fonction de
production agrégée, le taux d’épargne, l’efficacité des heures de travail et la technologie
restent les mêmes. Même si une seule variable a changé, l’économie n’est plus dans un
équilibre stationnaire, puisque le capital physique n’est pas remplacé au même rythme qu’il se
déprécie. Comme le capital physique est égal à K0 et que l’efficacité des heures de travail n’a
pas changé, le PIB donné par la fonction de production agrégée reste à Y0. L’épargne totale
correspond donc au point étiqueté « s x Y0 » sur l’axe vertical du graphique. Cependant, ce
graphique indique aussi clairement qu’à ce nouveau point (K0; s x Y0), l’investissement égale
exactement la dépréciation du capital physique. Au-dessus de la droite, l’investissement ne fait
pas que reconstituer le capital physique déprécié, il dépasse la dépréciation.
L’évolution de l’équilibre dynamique est représentée par les flèches vertes; l’équilibre part au
point (K0;Y0) et suit l’évolution de l’économie vers le point (K*;Y*). Cela met en évidence à la
fois le fait qu’un équilibre dynamique correspond à une évolution, montrant le comportement
de l’économie au fil du temps ainsi que le résultat clé: un tel équilibre dynamique ramène
l’économie vers l’équilibre stationnaire (K*;Y*). Notons aussi que si on avait hérité d’un stock
de capital plus élevé, l’investissement serait moindre que la dépréciation (puisque la courbe
verte est plus basse que la droite bleue, à droite de K*) et le stock de capital diminuerait
progressivement pour rétablir l’équilibre stationnaire.

MACROÉCONOMIE !46
E. Les sources de la croissance dans le modèle de Solow
Le graphique ci-dessous montre que ni l’augmentation du taux d’épargne ni l’accumulation
du capital physique ne peuvent engendrer une croissance soutenue. Ce graphique montre
qu’avec des niveaux donnés d’efficacité totale des heures de travail et de technologie, il y a
une limite au PIB qu’on peut obtenir en augmentant l’épargne — un PIB maximal —
puisque on ne peut jamais dépasser un taux d’épargne de 100%. Cette limite détermine le
niveau du PIB au-delà duquel l’économie ne peut plus se développer (Ymax) avec une fonction
de production agrégée et une efficacité totale des heures de travail données.
L’existence de ce PIB maximal, Ymax, signifie qu’il n’est pas possible d’obtenir une croissance
soutenue en se consentant d’accroitre l’épargne. En effet, une économie qui croit à un rythme
constant finirait forcément par atteindre et dépasser n’importe quel PIB fixe, comme Ymax. Si
une économie peut accroitre son PIB, une augmentation du taux d’épargne ne peut pas
générer une croissance soutenue.

Pour montrer comment des prog rès


technologiques peuvent conduire à une
croissance soutenue dans le modèle de Solow,
le graphique à droite illustre la détermination
de l’équilibre stationnaire. Il montre que, plus
la technologie progresse, plus la fonction de
production agrégée se déplace vers le haut, ce
qui accroit les niveaux d’équilibre su stock de
capital physique et du PIB.

MACROÉCONOMIE !47
Ces progrès technologiques se produisent le long de la droite de l’équilibre stationnaire. Selon
le modèle de Solow, pour que la croissance soit soutenue, le rapport entre le PIB et le stock de
capital physique doit rester constant à mesure que l’économie croit. En chaque point, on a :
s×Y = d × K
! K s
⇔ = = Constante
Y d

Qu’en est-il de la croissance de rattrapage ? Contrairement à la croissance soutenue, la


croissance de rattrapage peut résulter à la fois de l’accumulation de capital physique, de
l’accumulation de capital humain et du progrès technologique. On peut illustrer la nature de
la croissance de rattrapage par l’évolution de l’équilibre dynamique d’une économie à partir
d’un niveau de stock de capital physique qui, comme K0, est en deçà de son équilibre
stationnaire, K*. Cette évolution de l’équilibre dynamique correspond à la trajectoire d’une
économie qui est temporairement au-dessous de son équilibre stationnaire ou qui améliore sa
technologie et élève ainsi le niveau d’équilibre stationnaire du stock de capital physique ainsi
que du PIB. Le graphique 7A.5 montre que l’économie aura une croissance rapide jusqu’à
atteindre l’équilibre stationnaire. Cette croissance rapide est une caractéristique du processus
de rattrapage.

F. Calculer des taux de croissance moyens


Voir p. 189 (explication sur base d’un exemple) + Slides du cours (pour les ingés).

MACROÉCONOMIE !48
Chap. 8 : Pourquoi les pays ne
sont-ils pas tous développés?
1. Notions clés
- Les causes immédiates de la prospérité font le lien entre la prospérité et la quantité relative
d’intrants (le capital physique, le capital humain et la technologie) dont les pays disposent.
Les causes fondamentales de la prospérité, elles, expliquent pourquoi les pays affichent
d’importantes différences pour ce qui est de la quantité des intrants dont ils disposent.
- On distingue trois grandes hypothèses sur les causes fondamentales de la prospérité :
l’hypothèse géographique, l’hypothèse culturelle et l’hypothèse institutionnelle.
- Les institutions économiques inclusives et extractives influent sur le développement
économique.
- La destruction créatrice est inhérente à la croissance économique qui résulte du
changement technologique.
- L’existence des renversements de situation appuie l’hypothèse institutionnelle selon laquelle
les institutions économiques sont la première cause fondamentale de la prospérité (ou de la
pauvreté) des peuples.

2. Les causes immédiates et fondamentales de la prospérité


Comme nous l’avons vu au chapitre 6, les disparités s’expliquent par des différences dans le
capital physique, le capital humain et la technologie dont disposent les pays en question. Mais
pourquoi certains pays ont-ils accumulé davantage de capital physique, investi davantage dans
le capital humain et créé ou adopté une meilleure technologie que d’autres?
Cela s’explique par le fait que le capital physique abondant, le capital humain développé et la
meilleure technologie ne sont que des causes immédiates de la prospérité
économique.
Il faut aller voir plus loin, notamment avec les
causes fondamentales de la prospérité
qui sont les facteurs sous-jacents qui expliquent
les causes immédiates de la prospérité. On peut
voir cela avec l’illustration qui montre les causes
et causalités de la fondamentale sur l’immédiate.
Il existe de nombreuses théories sur les causes fondamentales de la prospérité. Il est possible
de classer ces théories en trois grandes catégories ; l’hypothèse géographique, culturelle ou
institutionnelle.

MACROÉCONOMIE !49
A. La géographie
Selon l’hypothèse géographique, ce sont les différences géographiques climatiques et
écologiques qui expliquent les grandes disparités de richesse qu’on observe entre les pays.
Beaucoup de grands penseurs ont défendu l’hypothèse de la géographie. L’un de ses grands
partisans a été le célèbre philosophe français Montesquieu, selon qui le climat était un
déterminant clé de l’effort au travail. Alfred Marshall, économistes, était également partisan
de cette hypothèse. Cependant, pour lui, la vigueur dépendait en partie des « qualités de la
race ».
Ces idées quant à l’effet du climat sur la vigueur et l’effort au travail sont dépassées. Mais
d’autres version sont toujours populaires, comme la détermination de la technologie
disponible en fonction des caractéristiques géographiques, en particulier dans l’agriculture.
Si la géographie est la première cause fondamentale de la prospérité, les pays pauvres du
monde ont peu de raisons d’espérer une amélioration importante de leur niveau de vie. Ils
sont défavorisés de manière permanente et ne rattraperont pas le retard. Cependant, les
versions de l’hypothèse géographique ne sont pas toute aussi pessimistes. Des investissements
à grande échelle dans la technologie des transports ou dans l’éradication des maladies
endémiques peuvent pallier en partie ces désavantages géographiques.

B. La culture
Selon l’hypothèse culturelle, les sociétés réagissent différemment aux incitatifs parce que
leur expérience propre, leurs enseignements religieux, la force de leurs lien familiaux ou leurs
normes sociales tacites différent. Ainsi, certaine sociétés ont des valeurs qui encouragent
l’investissement, le travail acharné et l’adoption de nouvelles technologies, tandis que les
valeurs d’autres sociétés favorisent la superstition, incitent à la méfiance envers les nouvelles
techniques et découragent le dur labeur.
Certaines personnes, comme Max Weber, soutenaient que les valeurs protestantes se
traduisent par l’augmentation de l’ardeur au travail, de l’épargne et des revenus. D’autres
mettent en avant la culture anglo-saxonne considérée comme favorable à l’investissement et à
l’adoption de nouvelle technologies, contrairement à la culture espagnole et portugaise
souvent moins dynamique. Samuel Huntington a lui inventé le terme « choc des civilisations »
pour décrire le conflit entre l’Occident et l’Islam.
La culture n’est évidemment pas immuable. Les cultures peuvent changer, mais très
lentement.

MACROÉCONOMIE !50
C. Les institutions
Les institutions sont les règles officielles et officieuses qui régissent l’organisation d’une
société, notamment ses lois et ses règlements. Cette définition englobe trois caractéristiques
qui définissent les institutions :
- Elles sont conçues par des personnes qui agissent en tant que membres d’une société
- Elles exercent des contraintes sur les comportements humains
- Elles façonnent les comportement en établissant des mesures incitatives. Elles modifient
donc les incitatifs
L’hypothèse institutionnelle soutient que les différences dans la façon dont les humains
ont choisi d’organiser leurs sociétés — différences qui façonnent les incitatifs auxquels sont
exposés les individus et les entreprises — sont à l’origine des différences dans la prospérité
relative de ces sociétés. En résumé l’hypothèse institutionnelle repose sur le raisonnement
suivant :
- Des sociétés différentes ont généralement des institutions différentes
- Ces institutions différentes créent différents types d’incitatifs
- Les incitatifs influent sur la propension des sociétés à accumuler des facteurs de production
et à adopter de nouvelles technologies

D. Un expérience naturelle dans l’Histoire


L’un des pays à avoir connu la plus grande croissance est la Corée du Sud séparée de la Corée
avec la Corée du Nord. Au contraire, la situation de la Corée du Nord est misérable.
Comment expliquer d’aussi grandes différences? Par la géographie ou la culture? Très peu
probable. Etant dans la même région, leur géographie était fort similaire. Venant d’un même
pays, leur culture était presque identique.
En réalité, une fois séparée, les deux
pays ont adopté des institutions très
différentes. En Corée du Nord, leur
institution s’est basé sur le communisme
totalitaire, alors qu’en Corée du Sud
leur institution fut basée sur celle des
Etats-Unis, prônant l’investissement. On
peut le voir grâce à l’évolution de leur
PIB sur ce graphique que l’un des deux
pays s’en est mieux sorti que l’autre.
(Indice : C’est pas la Corée du Nord)

MACROÉCONOMIE !51
3. Les institutions et le développement économique
Le droit de propriété permet à des citoyens de détenir des biens comme des entreprises,
des maisons, des voitures, etc., sans craindre que le gouvernement ou quelqu'un d’autre les en
prive arbitrairement

A. Les institutions économiques inclusives et extractives


Les institutions économiques englobent les divers aspects des règles sociales qui
concernent les transactions économiques. En plus de la protection du droit de propriété, les
institutions économiques comprennent notamment le fonctionnement (et l’impartialité) du
système judiciaire, les dispositions financières qui déterminent comment les individus et les
entreprises peuvent emprunter de l’argent ainsi que les règlements qui établissent les
conditions et le cout de l’entrée dans une nouvelle activité ou un nouveau métier
Les institutions économiques inclusives garantissent le droit de propriété, font régner la
loi et l’ordre, autorisent et dont respecter les contrats privés, et font en sorte que l’entrée dans
les différents métiers et professions ainsi que dans de nouveaux secteurs d’activité soit
relativement ouverte et libre.
Contrairement à cela, les institutions économiques extractives ne font respecter ni le
droit de propriété ni les contrats, érigent des barrières à l’entrée prohibitives et font tout pour
contrer le fonctionnement des marchés.
Les institutions économiques extractives ne naissent pas spontanément et ne peuvent pas
subsister sans soutien politique. Les institutions politiques déterminent qui détient le
pouvoir politique et à quels types de contraintes est soumis l’exercice de ce pouvoir. Les
institutions économiques extractives sont souvent tenues par des institutions politiques qui
donnent le pouvoir dans les mains d’une élite et qui imposent très peu de contraintes quant à
la façon dont elle l’exerce. Quant aux institutions économiques inclusives, elles sont souvent
tenues par des institutions politiques qui tendent à distribuer équitablement le pouvoir
politique dans la société, de sorte qu’aucun individu ou groupe n’est en mesure de l’exercer à
son profit et au détriment du reste de la société.

B. Comment les institutions économiques influent sur les


résultats économiques
L’analyse des données illustre le fait que les institutions économiques inclusives favorisent
l’activité économique, la croissance de la productivité et la prospérité économique, tandis que
les institutions économiques extractives n’y parviennent généralement pas. Le droit de
propriété est au coeur de ce principe, car seuls ceux qui savent qu’il sera respecté seront prêts
à investir et à augmenter la productivité. Enfin, les institutions économiques extractives
érigent des barrières à l’entrée du marché plutôt que de créer un environnement qui favorise

MACROÉCONOMIE !52
cette entrée. Elles ont donc tendance à soutenir des entreprises inefficaces et à empêcher les
entrepreneurs qui ont de nouvelles idées d’entrer dans les bons secteurs d’affaire, et les
travailleurs de travailler dans les métiers et professions où ils pourraient le mieux exercer leurs
compétences.
Les graphiques ici l’illustre bien. Dans les graphiques, la courbe de rendement de
l’entreprenariat. L’axe vertical indique le rendement, et l’axe horizontal, le nombre
d’entrepreneurs qui ont au moins le taux de rendement indiqué (ou plus). Ici, le cout
d’opportunité correspond, par exemple, à l’argent que les entrepreneurs gagneraient s’ils
choisissaient un autre métier. Si le rendement de l’entrepreneuriat, selon qu’il est inférieur ou
supérieur au cout d’opportunité, déterminera si l’entrepreneur se lance ou non en affaires.
Comme on peut le voir, les institutions économiques extractives permettent beaucoup moins
d’entrepreneuriat donc moins de création d’entreprise, moins de progrès technologique, un
rendement moindre de l’éducation et de l’accumulation de capital, et donc, un PIB moindre.

MACROÉCONOMIE !53
On retire deux effets possibles des institutions économiques extractives :
- En précarisant le droit de propriété et en limitant la protection juridique, les institutions
extractives rendent l’entrepreneuriat moins rentable et déplacent la courbe de rendement de
l’entrepreneuriat vers la gauche.
- En érigeant des barrières à l’entrée d’une profession ou d’une activité, elles rendent cette
dernière plus couteuse et déplacent vers le haut la courbe du cout d’opportunité.

C. La logique des institutions économiques extractives


Si les institutions économiques extractives semblent mener à un si piètre développement
économique et à une pauvreté relative, qu’est-ce qui peut bien pousser un pays à les adopter?
Pour comprendre pourquoi, tournons-nous vers un concept de « destruction créatrice » qui a
d’abord été proposé par le célèbre économistes autrichien Joseph Schumpeter. Le terme
destruction créatrice décrit le processus par lequel les nouvelles technologies remplacent
les anciennes, les nouvelles entreprises se substituent aux anciennes, et les nouvelles
compétences rendent les anciennes obsolètes. Ce processus implique que le changement
technologique crée aussi des perdants économiques puisqu’il remplace par de nouvelles
entreprises ou technologies d’anciennes entreprises ou technologies par ailleurs rentables. Des
individus perdent donc au change et s’y opposent, et cette opposition au progrès
technologique peut plaider en faveur du maintien des institutions économiques extractives.
En effet, si on pousse plus loin les idées de Schumpeter, on peut parler de destruction
créatrice politique pour décrire le processus dans lequel la croissance économique
déstabilise un régime existant et réduit le pouvoir politique des dirigeants. Les détenteurs du
pouvoir politique craignent donc de perdre leur positions privilégiées si le processus de
croissance économique s’accompagne d’une destruction créatrice politique.
La peur de la destruction créatrice et de la destruction créatrice politique pousse de
nombreux dirigeants (pas nécessairement des dictateurs communistes) à interdire
explicitement l’adoption de nouvelles technologies et à bloquer le processus du
développement économique.

D. Les institutions économiques inclusives et la révolution


industrielle
Pourquoi la révolution industrielle a-t-elle eu lieu en Grande-Bretagne plutôt qu’en France ou
dans un autre pays européen ou encore en Chine? Et pourquoi a-t-elle commencé dans la
seconde moitié du XVIIIe siècle plutôt qu’à un autre moment de l’histoire?
Un processus social et économique complexe comme la révolution industrielle a rarement une
seule cause. Cependant, beaucoup de ces explications se rapportent aux institutions
économique inclusives de la Grande-Bretagne, la garantie du droit de propriété grâce au
brevet et l’entrée relativement libre dans les différents secteurs d’activité.

MACROÉCONOMIE !54
4. L’aide étrangère est-elle la solution à la pauvreté dans le
monde
Beaucoup d’Occidentaux pensent que, autant que possible, on devrait prendre des mesures
pour améliorer la vie de centaines de millions de personnes qui vivent dans la pauvreté. Au
sein de la communauté internationale, bien des gens ont fondé beaucoup d’espoir dans l’aide
au développement. Mais ce type d’aide étrangère a-t-il été efficace pour réduire la pauvreté
dans le monde?
La réponse est étonnement non. Pourquoi en est-il ainsi? Lorsqu’on utilise l’économique pour
comprendre le fonctionnement de l’aide étrangère et les difficultés rencontrées, cette
conclusion se révèle tout à fait logique, et ce, pour trois raisons :
- Le PIB par habitant peut augmenter et la croissance économique peut se déclencher si on
accroît notablement le capital physique, le capital humain ou la technologie d’un pays. Or,
le montant de l’aide étrangère accordée aux pays même les plus pauvres n’est pas suffisant
pour produire une augmentation importante du capital physique ou du niveau de scolarité
de la population. De plus, cet argent n’a généralement aucun effet notable sur la
technologie du pays ou l’efficacité de sa production.
- Une grande partie de l’aide étrangère n’est même pas investie dans l’éducation ou dans de
nouvelles technologies. A cause de problèmes liés à la corruption et à l’économie politique,
l’argent donné aux gouvernements ou à d’autres organisations dans les pays pauvres est
souvent détourné par des fonctionnaires corrompus. Seulement 15% en moyenne de
l’argent donné atteint sa destination.
- Si la pauvreté résulte d’institutions économiques extractives dans de nombreux pays du
monde, alors l’aide étrangère, qui passe par ces mêmes institutions, ne réglera pas ses causes
fondamentales. Dans certains cas, cet argent risque de renforcer ou d’enrichir ces dictateurs.
Cependant ceci ne signifie pas que l’aide est mauvaise ou inutile. Cela dit, si on veut
améliorer durablement les conditions de vie des populations des pays pauvres du monde, on
doit aussi consacrer de l’énergie à concevoir des politiques qui s’attaquent aux causes
fondamentales de la pauvreté, comme les institutions extractives.

MACROÉCONOMIE !55
Chapitre 9 : Emploi et chômage
1. Notions clés :
- La population en âge de travailler se divise en trois catégories : les travailleurs qui ont un
emploi, ceux qui sont au chômage, ceux qui ne font pas partie de la population active.
- Le taux d’emploi et les salaires sont déterminés par la demande de travail des entreprises,
l’offre de travail des travailleurs et diverses rigidités salariales.
- Le chômage frictionnel existe parce qu’il faut du temps à un chômeur pour se renseigner sur
le marché du travail et se trouver un nouvel emploi.
- Le chômage structurel existe parce que la rigidité salariale empêche la quantité demandée
de travail d’égaler la quantité offerte.
- Le chômage cyclique correspond a la différence entre le taux de chômage observé et sa
moyenne à long terme.

2. Mesurer l’emploi et le chômage


Vivre une longue période de chômage compromet gravement le bien-être des gens. A long
terme, il a trois conséquences néfastes simultanées : une perte de revenu, une perte de
compétences et une perte d’estime de soi.
Conscients des énormes coûts économiques et sociaux de ce fléau, les décideurs cherches à
limiter le chômage dans l’économie. Dès lors, il doivent posséder un outil afin de mesurer et
de surveiller le chômage au fil du temps. Cependant, ceci est très difficile car la définition
même du chômage peut s’étendre à une multitude de personnes.

A. La classification des travailleurs potentiels


Pour déterminer qui est un travailleur occupé et qui est un chômeur, on commence par
cerner la population de travailleurs qu’on veut mesurer.
On appelle la population en âge de travailler la population de 15 à 64 ans qui peut être
définie comme la population en âge de travailler et donc potentiellement active. On peut la
scinder en deux groupes :
- La population active qui comprend les personnes occupées (personne travaillant à temps
plein ou à temps partiel, contre rémunération) et les chômeurs.
- La population inactive qui est composée des personnes en âge de travailler mais ne
travaillant pas (non-occupée) et n’étant pas à la recherche d’un emploi (pas au chômage).
Exemple de population inactive : les gens qui travaillent sans salaires (les parents qui restent

MACROÉCONOMIE !56
à la maison), les étudiants à temps plein, les personnes handicapées (pas dispo pour avoir un
emploi), les retraités, les travailleurs découragés (pas de travail + n’en cherchent pas ou
plus).
Par ailleurs, on définit un chômeur comme Population inactive
étant une personne sans emploi rémunéré, Population active occupée
Population active au chômage
disponible pour travailler et qui satisfait au
moins une des trois conditions suivantes :
- Avoir directement cherché un nouveau 6%
travail dans les 4 semaines précédentes; 32 %
- Être en mise à pied temporaire, mais
s’attendre à reprendre le même emploi (dans
le bâtiment par exemple);
- Avoir trouvé un nouvel emploi qui débute 62 %
dans les 4 semaines ou moins.
La population active est donc la somme des
personnes occupées et des chômeurs :
! Population active = Travailleurs occupés + Chômeurs

B. Calculer le taux de chômage


Le taux de chômage se définit comme le pourcentage de population active sans emploi :
Chômeurs
Taux de chômage = 100% ×
Population active
!
Chômeurs
= 100% ×
Population occupée + Chômeurs

De même, le taux d’activité se définit comme étant le pourcentage de la population en âge


de travailler qui est active :
Population active
! Taux d'activité = 100% ×
Population en âge de travailler

Ces équations sont les différentes méthodes utilisées pour mesurer le chômage, cependant,
beaucoup de données échappent à ces calculs, comme les travailleurs découragés (personnes
en âge de travailler et sans emploi qui voudraient avoir un emploi, mais qui ont renoncé à en
chercher un) et les travailleurs sous-employés (travailleurs dans des conditions économiques
difficiles qui cherchent à augmenter leurs heures de travail mais ne le peuvent pas. Ils sont en
chômage partiel mais pas comptés dans le calcul du taux de chômage).

MACROÉCONOMIE !57
C. Les tendances du taux de chômage
Quand l’économie fluctue, le taux de chômage
aussi, mais dans le sens opposé. Lorsque le PIB
réel diminue, le taux de chômage tend à
augmenter, et la hausse est encore plus forte
lorsque l’économie entre en récession. Au
contraire, lorsque l’économie tourne bien et
que le PIB augmente, le chômage a tendance à
diminuer, cependant, un certain chômage est
inévitable, même si l’économie tourne bien.

D. Qui est au chômage ?


La prévalence du chômage varie considérablement dans les différents segments de la
population active. L’une des disparités les plus notables tient au fait que le chômage est
beaucoup plus élevé chez les travailleurs qui sont peu scolarisés.
Pourquoi le taux de chômage est-il plus faible chez les travailleurs plus instruits ? Le principe
d’optimisation apporte une partie de la réponse. Quand ils perdent leur emploi, les gens ont
tendance à consacrer une partie de leur temps à la recherche d’un travail et l’autre à la
production domestique. Les activités domestiques ne nécessitent pas de niveau d’instruction
très élevé, et les personnes plus instruites ne sont pas spécialement plus habiles pour les
accomplir. Cependant, les travailleurs mieux instruits gagnent généralement un salaire plus
élevé que les travailleurs moins instruits lorsqu’ils travaillent à l’extérieur. Le cout
d’opportunité du temps des travailleurs plus instruits est donc plus élevé. Les salaires plus
élevés des travailleurs plus scolarisés font que le coût du chômage est plus élevé pour eux.

MACROÉCONOMIE !58
3. L’équilibre sur le marché du travail
Pour étudier comment se déterminent l’emploi et le chômage, il faut d’abord comprendre le
fonctionnement du marché du travail. L’offre et la demande y jouent un rôle au premier plan.

A. La demande de travail
Sur le marché du travail, les ménages offrent du travail, et les entreprises en demandent. Les
entreprises sont du côté de la demande parce qu’elles ont besoin d’embaucher des travailleurs
pour assurer la production.
Ces entreprises essaient de maximiser leur profit, c’est-à-dire d’obtenir le plus grand écart
possible entre les recettes et les coûts. Elles doivent donc choisir la quantité de travail qui
produit le profit le plus élevé possible, et donc comparer les recettes que rapporte un
travailleur avec ce qu’il en coûte pour l’employer. (+ exemple de la coiffeuse page 225 si non-
compréhension).
Malheureusement, les entreprises doivent composer avec le produit marginal décroissant du
travail. Le produit marginal décroissant du travail moindre signifie que chaque travailleur
supplémentaire génère un produit marginal moindre que celui qui généré par les travailleurs
embauchés avant lui.
De plus, les entreprises embauchent des travailleurs jusqu’à
ce que l’ajout d’un travailleur supplémentaire ne puisse plus
augmenter son profit. L’entreprise continue à embaucher
des travailleurs tant que les recettes que lui rapporte un
travailleur de plus est au moins aussi élevé que le coût
d’employer ce travailleur. Comme la valeur du produit
marginal diminue à mesure que le nombre de travailleurs
employés augmente, la courbe a une pente négative.
Si elle emploie moins de travailleurs que la quantité optimale, l’entreprise peut augmenter son
profit en embauchant davantage de travailleurs, parce que les recettes qu’ils rapportent (la
valeur de leur produit marginal) sont supérieures à ce qu’il en coûte de les employer (le salaire
du marché). De même, si elle emploie plus de travailleurs que la quantité optimale,
l’entreprise peut augmenter son profit en licenciant des travailleurs, parce que les recettes
qu’ils rapportent sont moins élevées que ce qu’il en coûte de les employer.
Dès lors, l’entreprise qui maximise son profit emploiera la quantité de travail à laquelle la
valeur du produit marginal du travail est égale au salaire du marché. Si le salaire du marché
varie, la quantité demandée de travail se déplace le long de la courbe qui décrit la valeur du
produit marginal. Autrement dit, l’entreprise fait varier le nombre de travailleurs
qu’elle emploie pour que la valeur du produit marginal soit égale au salaire. La
courbe de demande du travail montre comment la quantité demandée de travail varie selon le
salaire.

MACROÉCONOMIE !59
B. Les déplacements de la courbe de demande du travail
La courbe de demande de travail illustre la relation entre
la quantité demandée de travail et le salaire. Un
mouvement le long de la courbe de demande de travail se
produit lorsque le salaire varie sans qu’aucune variable
économique autre que la quantité demandée de travail
change. Cependant, de nombreux facteurs entrainent un
déplacement de cette même courbe vers la gauche ou la
droite.
- Une variation du prix du bien ou du service : Lorsque le prix diminue, la valeur du
produit marginal des travailleurs baisse également. Peu importe le salaire du marché,
l’entreprise emploie moins, entrainant un déplacement vers la gauche de la courbe.
- Une variation de la demande du bien ou du service : Une baisse de la demande
réduit la valeur du produit marginal des employés. Une baisse de la demande entraine une
activité moindre au sein de l’entreprise. Cette baisse entraine un déplacement de la courbe
de demande de travail vers la gauche.
- Le progrès technologique : Lorsque la valeur du produit marginal du travail augmente,
la courbe de demande du travail se déplace vers la droite. Le progrès technologique et, plus
généralement, l’accroissement de la productivité déplacent la courbe de demande de travail
vers la gauche.
- Une variation des couts de production : Les entreprises utilisent le travail et d’autres
facteurs de production, comme les édifices, les machines et les outils pour produire des
biens/services. Lorsque le cout de ces autres facteurs diminue, les entreprises en achètent
davantage. Cela augmente la valeur du produit marginal du travail et déplace donc la
courbe de demande du travail vers la droite.
Comment tracer cette courbe de demande pour l’ensemble du marché ?
Après avoir tracé la courbe de demande de travail de chaque industrie sur un marché, il suffit
de les additionner toutes, afin de former la courbe de demande de travail de l’ensemble du
marché, soit « la courbe de demande de travail agrégée ». Il faut également prendre en
compte des effets d’entrainement entre les différentes industries, entre les entreprises, entre les
travailleurs.

MACROÉCONOMIE !60
C. L’offre de travail
La courbe d’offre du travail illustre la relation entre la quantité offerte de travail et le
salaire. Comme la courbe de demande du travail, la courbe d’offre du travail découle du
principe d’optimisation. Dans ce cas, les travailleurs répartissent leur temps de façon optimale
entre le travail rémunéré, les loisirs et d’autres activités, notamment la production
domestique. Lorsque le salaire du marché est plus élevé, il est logique que les travailleurs
consacrent davantage de temps au travail rémunéré. Ainsi, on voit que plus le salaire
augmente, plus la quantité d’offre de travail augmente aussi. Ainsi, cette courbe d’offre a une
pente ascendante (positive).

D. Les déplacements de la courbe d’offre de travail


Il y a un mouvement le long de la courbe d’offre de travail
lorsque le salaire varie sans que les variables économiques
autres que la quantité offerte de travail changent. De
nombreux facteurs entrainent le déplacement de toute la
courbe d’offre de travail soit vers la gauche, soit vers la
droite. Tout changement dans la quantité offerte de travail
ou le salaire qui modifie le tableau entier déplace la courbe
d’offre de travail.
Plusieurs facteurs interviennent :
- L’évolution des goûts : L’évolution des goûts et des normes sociales influe sur le désir des
gens de prendre un emploi rémunéré, et ces changements entrainent un déplacement de la
courbe. (Exemple: Le travail rémunéré des femmes pendant la guerre fut un élément
déclencheur de l’accroissement considérable du taux d’activité des femmes et a fortement
déplacé la courbe d’offre de travail agrégée vers la droite).
- Une variation du coût d’opportunité : Les nouveaux appareils domestiques
(aspirateur, lave-vaisselle…) ont permis de baisser le coût d’opportunité lié au travail
rémunéré en libérant du temps autrefois consacré à la production domestique. Ce
changement encourage les gens à consacrer plus de temps au travail rémunéré, déplaçant la
courbe d’offre du travail vers la droite.
- Les changements démographiques : L’accroissement de la population (+ de
travailleurs dispo) déplace la courbe d’offre vers la droite également. L’immigration est
notamment un des facteurs qui accroissent la population. Par contre, si le nombre de
retraités augmente plus rapidement que le nombre de jeunes travailleurs, la courbe d’offre
se déplace alors vers la gauche, car il y a moins de travailleurs sur le marché.
Tout comme pour la courbe de demande de travail agrégée, la courbe d’offre de travail
agrégée s’obtient en additionnant les courbes d’offre de chaque travailleur potentiel dans
l’économie.

MACROÉCONOMIE !61
E. L’équilibre dans un marché du travail concurrentiel
L’équilibre dans un marché du travail concurrentiel se
situe à l’intersection entre la courbe d’offre de
demande du travail de ce marché. Au salaire
d’équilibre concurrentiel, w*, la quantité offerte de
travail est égale à la quantité demandée. Si le salaire
dépasse w*, la quantité offerte de travail dépasse celle
demandée, ce qui exerce une pression à la baisse sur
le salaire. Si le salaire est en deçà de w*, la quantité
demandée de travail dépasse la quantité offerte, ce qui
exerce une pression à la hausse sur le salaire. Par conséquent, w* est le seul salaire qui égalise
la quantité offerte de travail et la quantité demandée de travail. On appelle cette quantité de
travail d’équilibre « emploi d’équilibre » (L*).
On appelle le salaire d’équilibre concurrentiel le salaire d’équilibre du marché. Il s’agit
du salaire auquel chaque travailleur qui veut un emploi peut finir par en trouver un, parce
que la quantité demandée de travail correspond à la quantité offerte. C’est ce qui distingue le
salaire d’équilibre du marché du salaire qui résulte d’une rigidité salariale empêchant le
salaire de varier pour que la quantité demandée de travail équivaille la quantité offerte. Une
telle rigidité peut entrainer du chômage si le salaire est trop élevé. Le graphique correspond à
une représentation d’un marché du travail sans frictions, ce qui signifie que les entreprises
peuvent instantanément embaucher et licencier des travailleurs. Les travailleurs et les
entreprises possèdent toutes les informations nécessaires les uns sur les autres et le salaire
s’adapte instantanément pour équilibrer le marché.

4. Pourquoi y a-t-il du chômage ?


Au salaire d’équilibre, les deux courbes se croisent. Les gens qui ne travaillent pas sont
représentés par le segment de la courbe d’offre de travail qui se trouve au-dessus du salaire
d’équilibre du marché. Ils ne sont prêt à travailler que pour un salaire supérieur à celui
d’équilibre du marché w*. Cependant, dans un équilibre concurrentiel, nous sommes censés
ne pas avoir de chômage. Pourquoi y a-t-il toujours un taux de chômage, dans ce cas ?
Lorsque les modèles économiques n’expliquent pas ce qu’on observe en réalité, il faut se
demander si les hypothèses sur lesquelles reposent ces modèles sont justes. Dans ce cas-ci, une
hypothèse pourrait bien s’avérer erronée en réalité. En effet, une de nos hypothèses était que
les travailleurs et les entreprises possédaient toutes les informations nécessaires sur le marché
du travail (salaire d’équilibre, qualifications requises, endroits ou trouver de l’emploi…). Or, si
c’était le cas, les travailleurs pourraient instantanément trouver un emploi qui leur convient
dès qu’il est disponible. Autrement, comme dans notre cas, si les entreprises ne disposent pas
de toutes les infos nécessaires, les travailleurs ne peuvent pas toujours être couplés aux emplois
vacants, ce qui entraine du chômage. On appelle ce chômage « chômage fricitonnel ».

MACROÉCONOMIE !62
5. La recherche d’emploi et le chômage frictionnel
Jusqu’ici, notre analyse reposait sur un marché à l’équilibre et sans frictions, alors qu’en
réalité, ce marché contient plein de ces frictions car les entreprises n’ont pas tout les éléments
à disposition afin d’avoir « le marché du travail parfait », sans chômage. Comme chaque
personne a ses compétences, ses habiletés, ses expériences et ses préférences propres, trouver
la bonne adéquation entre un chômeur et un travailleur n’est pas simple. Or, ce processus de
recherche d’emploi (ensemble des activités qu’entreprennent les travailleurs pour trouver
un emploi qui leur convient) est très long et peut être très couteux (obligation de quitter ses
proches, si emploi localisé très loin, déménagement….).
Les frictions existent car chacun (entreprises et travailleurs) ne possède pas les informations
suffisantes (ou suffisamment complètes) sur les éléments du marché du travail. On appelle
donc chômage frictionnel le chômage qui résulte d’une information imparfaite sur les
emplois disponibles ainsi que du temps qu’exige le processus re recherche d’emploi. C’est un
peu comme sur « le marché amoureux », ou il faut du temps avant de trouver la bonne
personne. Dans ce cas, la personne à la recherche sera considérée comme au « chômage
amoureux ».
Remarque : Lorsque l’économie subit des changements structurels plus importants, il faut
plus de temps et d’efforts aux personnes au chômage pour se trouver un nouvel emploi.

6. La rigidité des salaires et le chômage structurel


Le chômage frictionnel venant de la recherche d’emploi sur le marché du travail est tout à fait
normale. Cependant, le chômage apparait aussi parce que certains salaires se situent parfois
au-dessus du niveau d’équilibre du marché w*, ce qui signifie que la quantité offerte de travail
est supérieure à la quantité demandée. Lorsque les salaires sont fixés au-dessus du niveau
d’équilibre concurrentiel qui égalise l’offre et la demande, on parle de rigidité financière.
Lorsque la quantité offerte, de travail dépasse celle demandée, de manière persistante, on dit
qu’il y a du chômage structurel.
La rigidité des salaires est un facteur clé dans l’émergence de la persistance d’un tel écart. Elle
peut se produire pour différentes raisons, mais ses conséquences économiques sont toujours
les mêmes. Lorsqu’on maintient le salaire du marché au-delà au salaire d’équilibre du
marché, certains travailleurs qui voudraient travailler au salaire du marché sont au chômage.

MACROÉCONOMIE !63
A. Les lois sur le salaire minimum
Dans la plupart des pays, la législation fixe un salaire minimum. Ces planchers salariaux
peuvent empêcher le salaire du marché de descendre jusqu’au salaire à l’équilibre du marché
qui égalise quantité offerte et demandée de travail dans certains segments du marché du
travail.
Les lois sur le salaire minimum sont un
exemple de politique qui crée des gagnants
et des perdants. Les couts et bénéfices du
salaire minimum font l’objet de vifs débats,
car plusieurs groupes sociaux soutiennent
qu’il faudrait hausser le salaire minimum
pour lutter contre la pauvreté. Ils pensent
alors aux gagnants, c’est-à-dire aux
travailleurs qui obtiennent des emplois à
des salaires supérieurs au salaire qui égalise
quantité demandée et offerte. Cependant,
les chômeurs qui voudraient travailler, mais
qui ne peuvent pas trouver d’emploi au
salaire w y perdraient, de même que les entreprises qui devraient alors payer un salaire plus
élevé que le salaire d’équilibre.
Si le salaire minimal engendre un certain chômage structurel, il ne peut en être la seule
cause. Même si il augmente le cout de certains emplois, le salaire minimum augmente aussi le
revenu que les commercent retirent de ces emplois, ce qui limite les pertes d’emplois
qu’entraine le salaire minimum. Actuellement, le salaire minimum n’a qu’un effet modeste
sur le marché du travail.

B. Les syndicats et la négociation collective


Un autre source de rigidité des salaires, c’est la négociation collective, c’est à dire le
négociations de contrats entre les entreprises et les syndicats. Un syndicat est une organisation
de travailleurs qui milite pour l’amélioration des conditions de travail, des salaires et des
avantages sociaux de ses membres. Lors de ces négociations, les syndicats utilisent la menace
de déclencher une grève comme moyen de pression. La négociation collective conduit
souvent à un salaire d’équilibre et à des avantages sociaux supérieurs à ce que les travailleurs
auraient reçu d’équilibre du marché. La négociation collective a le même effet sur le chômage
que les lois sur le salaire minimum. En maintenant le salaire minimum au-dessus du salaire
d’équilibre du marché, les syndicats maintiennent la quantité offerte de travail de travail au-
dessus de la quantité demandée, ce qui crée un chômage structurel. Par ces négociations
collectives, les syndicats avantagent leurs membres mais rendent plus difficile pour d’autres
travailleurs de trouver du travail.

MACROÉCONOMIE !64
C. Le salaire d’efficience et le chômage
Dans un marché du travail exempt de toute friction, payer un salaire supérieur à celui du
marché ne serait pas la solution optimale. En d'autres mots, cela ne maximiserai pas les profits
de l'entreprise. Dans un tel marché, l’entreprise saurait tout sur ses travailleurs et sur ce qu’ils
font au travail. Dans ce milieu idéal, Elle n'aurait pas à verser à ses travailleurs davantage que
le salaire du marché pour obtenir leur travail. Par contre, dans les marchés réels où les
travailleurs peuvent relâcher leurs efforts au travail, payer davantage que le salaire du marché
peut être avantageux pour l’entreprise. En payant un salaire supérieur à celui que les
travailleurs étaient prêts à accepter, nous parvenons à augmenter la productivité et la
rentabilité de notre entreprise. On appelle le salaire d’efficience le salaire supérieur à celui
que les travailleurs sont prêts à accepter. Il accroît la productivité des travailleurs et améliore
la rentabilité de l'entreprise.
Le salaire d’efficience accroît la productivité et la rentabilité des entreprises pour plusieurs
raisons. Premièrement, le salaire d'efficience réduit le roulement de personnel. Travailler sur
une chaîne de montage est monotone, de sorte que le roulement de travail est relativement
élevé. Or, recruter et former constamment de nouveaux travailleurs est couteux pour
l'entreprise. Si ils reçoivent de leur employeur davantage que le salaire du marché, les
travailleurs sont plus motivés à garder leur emploi, car ils savent qu'ils devront accepter un
salaire plus bas s'ils vont travailler ailleurs. Deuxièmement, la peur de perdre un emploi bien
rémunéré motive les employés à travailler plus fort et à augmenter leur production horaire.
Troisièmement, il se peut que les travailleurs, reconnaissants de recevoir un salaire supérieur
au salaire du marché, rendent à leur employeur son apparente générosité en travaillant
davantage. Enfin, le salaire d’efficience améliore la qualité du bassin de travailleurs qui
souhaitent travailler dans cette entreprise.
Comme le salaire minimum et la négociation collective, le salaire d’efficience crée une forme
de rigidité salariale. Et, comme précédemment, cette rigidité de salaire fait que la quantité
offerte de travail > quantité demandée et engendre donc du chômage structurel.

D. La rigidité des salaires à la baisse et les fluctuations du


chômage
Un autre type de rigidité salariale apparait lorsque les travailleurs s’opposent fermement à
une réduction de leur salaire. Il en résulte ce que les économistes appellent la rigidité des
salaires à la baisse. Les baisses de salaires sapent le moral des travailleurs et font baisser
leur productivité. La plupart des entreprises préfèrent donc licencier les travailleurs plutôt que
réduire leur salaire. Généralement, seules les entreprises au bord de la faillite tentent de
discuter avec les travailleurs pour leur faire accepter les baisses de salaires.

MACROÉCONOMIE !65
Comme dans les autres formes de rigidité salariale, la rigidité des salaires à la baisse maintient
les salaires au-dessus de celui d'équilibre, ce qui entraîne du chômage structurel.
Supposons qu'au départ, le marché du travail se trouve
dans un équilibre concurrentiel et qu'il est exempt de
chômage. Ensuite, la courbe de demande du travail se
déplace vers la gauche parce que l'économie ralentit. Si
le salaire est flexible, le déplacement vers la gauche
amène le marché du travail a un nouvel équilibre (point
F) où le salaire d'équilibre est wF et la quantité
demandée de travail est LF. À ce nouveau point
d'équilibre, la quantité offerte de travail est égale à la
quantité demandée, Et le chômage reste toutefois à 0.
Cependant, si il est rigide, le salaire ne descend pas au niveau du nouvel équilibre du marché,
il reste à son niveau initial. Cette rigidité des salaires à la baisse fait que la quantité offerte de
travail, qui est encore à L1, dépasse la quantité demandée descendue à L2, ce qui entraîne du
chômage (structurel). Cette rigidité à la baisse est une des causes de la fluctuation du
chômage.

E. Le taux de chômage naturel et le chômage cyclique.


Il y a toujours du chômage dans l'économie. De plus, le taux de chômage du pays varie
considérablement. Pour distinguer le taux de chômage normal du taux des fluctuations autour
de ce taux, les économistes utilisent le concept de taux de chômage naturel, le taux
autour duquel fluctue le taux de chômage observé. Il se calcule en faisant une sorte de
moyenne des taux de chômage sur une longue période.
Le chômage cyclique est l'écart entre le taux de chômage observé et le taux de chômage
naturel. Habituellement, le chômage cyclique augmenté en période de récession (déplacement
vers la gauche de la demande de travail) Et diminue en période d'expansion économique
(déplacement de la courbe de demande de travail vers la droite).
Le taux de chômage naturel inclut le chômage frictionnel, qui est inhérent et nécessaire à tout
marché du travail qui fonctionne bien. De plus, il comprend aussi le chômage structurel à
long terme qui, lui, est généralement considéré comme économiquement inefficace. Il ne faut
donc pas penser que le taux de chômage naturel est un taux de chômage socialement optimal
ou souhaitable.
Ainsi, considérons un marché avec une grande rigidité des salaires à la baisse. Cette économie
aura un taux relativement élevé de chômage structurel, ce qui va augmenter le taux de
chômage à long terme moyen. Ce n'est pas souhaitable car ça signifie que de nombreux
travailleurs potentiels qui auraient pu exercer une activité rémunérée sont au chômage, et leur
force de travail reste inutilisée.

MACROÉCONOMIE !66
Si le taux de chômage naturel a des composantes à la fois frictionnelles et structurelles, il en va
de même du chômage cyclique. En période de récession, moins d'entreprises cherchent à
embaucher, ce qui augmente la difficulté pour les travailleurs de trouver un emploi
convenable et accroît donc le chômage frictionnel. De plus, en présence de rigidité des salaires
à la baisse, le déplacement vers la gauche de la courbe de demande de travail en période de
récession accroît le chômage structurel parce que les salaires rigides restent au-dessus du
salaire d'équilibre du marché.

MACROÉCONOMIE !67
Chap. 10 : Le marché du crédit
1. Notions clés
- Le marché du crédit met en relation les emprunteurs (qui demandent des fonds prêtantes ou
du crédit) et les épargnants (qui offrent des fonds retables ou du crédit).
- L’équilibre du marché du crédit détermine le taux d’intérêt réel.
- Les institutions financière ont trois fonctions clés : trouver des possibilités de prêts rentables,
utiliser des dépôts à court terme pour faire des placements à long terme, et gérer les risques.
- Les institutions financières deviennent insolvables lorsque la valeur de leur passif dépasse la
valeur de leur actif.

2. Qu’est ce que le marché du crédit?


A. Les emprunteurs et la demande de prêts
Les débiteurs (ou emprunteurs) sont les agents économiques — entreprises ou
particuliers — qui empruntent des fond sur le marché du crédit. Le terme crédit désigne les
fonds consentis aux débiteurs. La plupart des entreprises et des particuliers empruntent de
l’argent aux banques, mais le marché du crédit ne se limite pas aux banques. Il comprend
aussi de nombreuses institutions non bancaires, ainsi que le marché des prêts commerciaux,
où les grandes entreprises bien établies obtiennent de très gros prêt.
Evidemment, l’argent que l’on emprunte n’est pas prêté gratuitement, il faut payer des
intérêts. On appelle « principal » le montant emprunté initialement, et taux d’intérêt, le
paiement additionnel que l’emprunteur doit faire sur chaque dollar emprunté (au bout d’un
an). Autrement dit, le taux d’intérêt est le cout annuel d’un prêt de 1€.
Convertissons maintenant ce prêt de 1€ en un prêt de P€. L’intérêt total que l’emprunteur
doit payer sur P€ est le montant du prêt multiplier par le taux d’intérêt. En d’autres termes, si
vous empruntez P€ pour un an au taux d’intérêt annuel i, un an plus tard, vous rembourserez
P€ + (i . P€) en paiement d’intérêts. On appelle ce taux d’intérêt le taux d’intérêt
nominal pour le distinguer du taux d’intérêt réel, qui sera défini plus tard.
Un taux d’intérêt sur un crédit est donc le cout du crédit. Plus ce taux augmente, plus
emprunter coute cher. Une hausse du taux d’intérêt réduit donc la quantité demandée de
crédit. Plus le taux d’intérêt augmente, moins il y a d’entreprises et de particuliers prêts à
payer le prix demandé pour obtenir du crédit.

MACROÉCONOMIE !68
B. Le taux d’intérêt nominal et le taux d’intérêt réel
Le cout annuel réel de votre prêt n’est pas seulement le taux d’intérêt nominal que vous payer,
c’est le taux d’intérêt réel. Le taux d’intérêt réel, r, est le taux d’intérêt nominal moins le
taux d’inflation. Le taux d’inflation mesures la perte de valeur de 1€ attribuable du niveau
général des prix.
La relation entre le taux d’intérêt nominal et le taux d’intérêt réel est très semblable à la
relation entre la croissance du PIB nominal et celle du PIB réel. Pour convertir la croissance
du PIB nominal en croissance du PIB réel, il faut soustraire le taux d’inflation de la croissance
du PIB nominal. La même logique s’applique à la relation entre le taux d’intérêt nominal et le
taux d’intérêt réel :
Taux d’intérêt réel = Taux d’intérêt nominal - Taux d’inflation
Autrement dit , ! r = i − π . Les économistes appellent cette relation l’« équation de Fisher ».
Pourquoi des agent économique en quête d’optimisation utiliseraient-ils le taux d’intérêt réel
lorsqu’ils pensent au cout économique d’un prêt? Si vous emprunter 1€ pour un an, vous
devrez rembourser 1+i€ dans un an. Lorsqu’il y a de l’inflation, l’euro emprunté (et dépensé)
au début de l’année n’aura pas le même pouvoir d’achat lorsque vous le rembourserez à la fin
de l’année. En fait, pour maintenir le pouvoir d’achat de l’euro emprunté, il faudra
rembourser 1€ + π ! dans un an puisque le taux d’inflation est π ! . Penser que l’euro
remboursé à la fin de l’année a le même pouvoir d’achat que le dollar emprunté en début
d’année serait une erreur. Les agents économiques en quête d’optimisation savent qu’ils
doivent comparer ce qu’ils remboursent à la fin de l’année à ce qu’ils ont emprunté au début
de l’année, autrement dit, qu’ils doivent tenir compte de l’inflation. Essentiellement le prix
réel du prêt est la différence entre ce que l’emprunteur rembourse (1 + i) et la valeur corrigée
pour l’inflation du 1€ emprunté initialement (1 + ! π ) :
! (1+ i) − (1+ π ) = i − π

C. La courbe de demande de crédit


La courbe de demande de crédit décrit la
relation entre la quantité demandée de crédit
et le taux d’intérêt réel. La courbe de
demande de crédit a une pente négative parce
que plus le taux d’intérêt réel est élevé, plus la
quantité demandée de crédit est faible. Le fait
que la pente de la courbe de demande de
crédit soit plus ou moins abrupte nous informe
sur la sensibilité de la relation entre le taux
d’intérêt réel et la quantité demandée de
crédit :

MACROÉCONOMIE !69
- Lorsque a pente de la courbe de demande de crédit est plate, la quantité demandée de
crédit ne varie pas tellement en réponse à la variation du taux d’intérêt réel
- Lorsque la pente de la courbe de demande de crédit est abrupte, la quantité demandée de
crédit est plus sensible à la variation du taux d’intérêt réel
Bien que l’axe des y porte le nom des taux d’intérêts réels, presque tous les prêts sont
consentis à un taux d’intérêt nominal. Cependant, dans les décisions d’optimisation, c’est le
taux d’intérêt réel implicite qui importe. Lorsqu’on utilise la courbe de demande de crédit, il
faut bien distinguer les mouvements le long de la courbe de demande de crédit et les
déplacements de toute la courbe de demande de crédit. De nombreux facteurs peuvent
déplacer la courbe de demande de crédit :
- Les changements dans la perception des occasions d’affaires pour les
entreprises : Les entreprises empruntent pour financer leur expansion. Si d’autres
entreprises observent une expansion et, toutes choses égales par ailleurs, elles augmenteront
leur demande de crédit à un taux d’intérêt réel donné, la courbe de demande de crédit du
marché (ou courbe de demande de crédit agrégée) se déplacera aussi vers la droite.
- Les changements dans les préférences ou dans les anticipations des
ménages : Les ménages empruntent pour diverses raisons. Si leurs préférences changent
ou qu’ils souhaitent consommer davantage de biens et services, alors ils emprunteront
davantage. De même, si ils sont plus optimistes quant à leur avenir.
- Les changements dans la politique économique du gouvernement : Les
emprunts du gouvernements sur le marché du crédit peuvent varier considérablement d’une
année à l’autre. Ceci est dû au déficit fiscal des Etats. Enfin, les politiques fiscales du
gouvernement peuvent également déplacer la courbe de demande de crédit. Parfois, le
gouvernement stimule l’investissement en capital physique en baissant les impôts sur les
bénéfices des sociétés ou en subventionnant directement l’investissement en capital
physique, ce qui déplace la courbe de demande de crédit du marché vers la droite.

MACROÉCONOMIE !70
D. Les décisions d’épargne
Les institutions financières accordent du crédit aux entreprises et aux ménages qui souhaitent
emprunter. Mais où prennent-elles les fonds qu’elles prêtent? Ces fonds proviennent d’autres
agents économiques qui ont des excédents et qui font des dépôts dans les banques. Les
institutions financières servent donc d’intermédiaires entre les épargnants et les emprunteurs.
Concentrons nous maintenant sur les épargnants. Ils ont des fonds qu’ils sont prêts à prêter
parce qu’ils préfèrent les dépenser plus tard. Ils pourraient cacher leur argent sous un matelas,
mais cela ne rapporte pas d’intérêts.

E. La courbe d’offre de crédit


Les ménages et entreprises qui ont épargné obtiennent des intérêts en prêtant des fonds aux
institutions financières. Dans certains cas, ce « prêt » prend la forme d’un dépôt dans une
institution financière en échange d’intérêts sur un compte d’épargne.
L’épargne résulte d’un compromis : les particuliers peuvent soit dépenser leur revenu en
consommant aujourd’hui des biens et services, soit l’épargner pour une consommation future.
Comme l’épargne exige qu’ils renoncent à quelque chose, les particuliers n’épargneront que
s’ils obtiennent en retour quelque chose qu’ils valorisent. Le taux d’intérêt réel est la
compensation que les prêteurs reçoivent pour avoir épargné, car un dollar épargné
aujourd'hui aura un pouvoir d’achat de 1 + r € dans un an. Autrement dit, le taux d’intérêt
réel est le cout d’opportunité associé à la consommation courante pour consommer davantage
aujourd’hui. Par conséquent, un taux d’intérêt plus élevé augmente le cout d’opportunité de
la consommation actuelle et accroit la quantité de fonds épargnés.
Par contre, dans certains cas, un taux d’intérêt
réel plus élevé peut réduire le taux d’épargne.
Cependant, dans la plupart des cas, cet effet
négatif sur l’épargne semble plus faible que l’effet
(positif) du cout d’opportunité. Tout cela nous
amène à conclure que la courbe d’offre de
crédit, qui illustre la relation entre la quantité
offerte de crédit et le taux d’intérêt réel, a une
pente positive. Ici aussi, il faut bien distinguer les
mouvements le long de la courbe d’offre de crédit
et les déplacements de toute la courbe d’offre de
crédit. Les mouvements le long de la courbe d’offre de crédit traduisent la réaction des
épargnants aux changements du taux d’intérêt réel. Les déplacements de la courbe d’offre de
crédit lorsque le taux d’intérêt réel ne varie pas, eux, résultent de changements dans les motifs
d’épargne des ménages et des entreprises en quête d’optimisation. Voyons ce qui peut
provoquer un déplacement de toute la courbe d’offre de crédit :

MACROÉCONOMIE !71
- Les changements dans les motifs d’épargne des ménages : Les ménages
épargnent pour diverses raisons, mais ces raisons changent avec le temps, ce qui déplace la
courbe d’offre de crédit. Cela peut être une anticipation de périodes économiques difficiles
ou les tendances démographiques.
- Les changements dans les motifs d’épargne des entreprises : Une entreprise fait
un profit si ses dépenses, y compris la rémunération de ses employés, sont moins élevées que
ses recettes. Certaines entrepris redistribuent ces bénéfices aux actionnaires, mais d’autres
entreprises les épargnent pour de futurs investissements. L’importance des bénéfices non
répartis varie donc au fil du temps.

F. L’équilibre du marché du crédit


Le marché du crédit (ou marché des fonds prêtables) est le marché où les
emprunteurs obtiennent des fonds des épargnants. Nous avons simplifié le marché du crédit
en supposant que des emprunteurs différents présentent tous le même risque de défaut de
paiement. Cette simplification signifie que, dans notre marché du crédit, il y aura un seul taux
d’intérêt réel d’équilibre

MACROÉCONOMIE !72
Le marché du crédit fonctionne comme tous les autres marchés, pouvant rencontrer une offre
ou une demande excédentaire et dont le point d’équilibre est l’intersection de la courbe
d’offre de crédit et celle de demande. Le marché du crédit joue un rôle social clé. En
permettant aux épargnants de prêter leur épargne excédentaire aux emprunteurs, le marché
du crédit améliore donc l’allocation des ressources dans l’économie.

3. Les institutions financières et l’intermédiation financière :


réunir l’offre et la demande
Les institutions financières sont les agents économiques qui réunissent l’offre et la demande
sur le marché du crédit. Lorsqu’on dépose de l’argent dans un compte on ne sait pas qui
l’utilisera. Les instituions financières acceptent des dépôts et les utilisent pour octroyer
différents types de prêts. Assurer le bon fonctionnement d’une institution financière est
complexe. Quand nous avons analysé le marché du crédit, nous avons supposé que les
prêteurs et les emprunteurs pouvaient facilement se rencontrer, ce qui n’est pas le cas dans la
réalité. On qualifie les institutions financières d’intermédiaires financiers. Les
intermédiaires financier canalisent les fonds des offreurs de capital financier, comme les
épargnants, vers les demandeurs et utilisateurs de capital financier, comme les emprunteurs.
Le capital financier peut prendre diverses formes, notamment celle du crédit et celle des titres.
Les titres sont des contrats financiers ; ils peuvent, par exemple, conférer des droits de
propriétés d’une entreprise (actions) ou promettre des paiements aux prêteurs (obligations).

Il existe différents types d’institutions financières :


- Les sociétés de gestion d’actifs : permettent aux investisseurs d’utiliser leurs économies pour
acheter des titres
- Les fonds spéculatifs : groupes d’investissements constitués par un petit nombre de personnes
ou d’institutions très riches qui adoptent des stratégies d’investissement non traditionnelles
et risquées. Elles factures des frais beaucoup plus élevés que ceux de fond communs de
placement
- Les fonds de placements privés : fonds d’investissement qui regroupent quelques riches
investisseurs et détiennent détiennent des titres non cotés en bourse ou encore qui prennent
le contrôle d’une société privée cotée en bourse en achetant toutes ses actions
- Les fonds de capital de risque : fonds qui investissent dans des entreprises qui viennent tout juste
de démarrer et qui n’ont donc pas d’antécédents. C’est cependant un type d’intermédiation
financière très risqué
- Le système bancaire parallèle : Institutions qui ne sont pas officiellement des banques mais qui
agissent comme tel. Elles n’acceptent pas des dépôts mais trouvent des fonds et s’en servent
pour des prêts

MACROÉCONOMIE !73
A. L’actif et le passif dans le bilan d’une institution financière
La meilleure façon de comprendre ce que font les institutions financières est de regarder le
bilan consolidé d’une banque qui résume à la fois son actif et son passif. L’actif comprend ses
investissements, les montants que lui doivent les emprunteurs. Le passif, quant à lui,
comprend ses dettes envers ses déposants et autres prêteurs.
L’ACTIF L’actif d’une institution financière se compose de divers éléments qu’on peut
regrouper est trois catégories :
- Les réserves bancaires : constituées du numéraire (billets et pièces) que l’institution financière
garde dans ses coffres ainsi que de ses réserves déposées
- Les actifs liquides : actifs sans risque auxquels l’institution financière peut avoir accès
immédiatement. Un actif est sans risque si sa valeur ne varie pas de jour en jour, et il est
liquide s’il peut être converti en espèces rapidement et facilement, avec peu ou pas de perte
de valeur
- Les actifs à long terme : prêts que l’institution financière a consentis aux ménages et aux
entreprises, ainsi que d’autres éléments comme la valeur de ses immeubles

LE PASSIF ET LES CAPITAUX PROPRES Il existe quatre catégories divisant le passif et les
capitaux propres :
- Les dépôts à vue : fonds « prêtés » à la banque par les déposants et auxquels ils peuvent
accéder sur demande à tout moment en retirant de l’argent à un guichet automatique ou au
comptoir de leur institution financière, en payant par chèque ou en utilisant une carte de
débit pour régler un achat
- Les emprunts à court terme : prêts à court terme que l’institution financière a obtenus d’autres
institutions financières. Ces prêts doivent être remboursés dans l’année qui suit, et beaucoup
sont des prêts à un jour que l’institution financière doit rembourser le lendemain.
Malheureusement, la forte dépendance des institutions financières aux dettes à court terme
crée une certaine fragilité dans le système financier
- La dette à long terme : dette qui doit être remboursée dans un an ou plus. Généralement, pour
une institution financière, le passif à long terme est très faible par rapport à l’actif à long
terme. Ceci comporte un risque pour la banque
- Les capitaux propres : correspond à la différence entre l’actif et le passif d’une institution
financière. Cette différence est égale à la valeur estimée de l’entreprise, ou la valeur totale
des actions de l’institution financière
On peut voir un exemple de
bilan d’une banque ici à
droite.

MACROÉCONOMIE !74
4. Les fonctions des institutions financières
Le bilan que nous venons d’étudier permet de dégager trois fonctions interreliées que les
institutions financières assument en tant qu’intermédiaire financiers :
- Les institutions financières trouvent des possibilités de prêts rentables
- Les institutions financières transforment leurs éléments de passif à court terme en actif à
long terme ; c’est ce qu’on appelle la « transformation des échéances »
- Les institutions financières gèrent le risque en utilisant des stratégies de diversification et en
transférant des déposants à leurs actionnaires et, dans certains cas, au gouvernement

A. Trouver des possibilités de prêts rentables


L’un des principaux rôles des institutions financière consiste à trouves emprunteurs solvables
et à canaliser vers eux l’épargne des déposants. Les institutions financières réunissent donc les
deux cotés du marché du crédit. Elles sont bien placées pour le fair, car comme elles
consentent des prêts, elles attirent un grand nombre de candidats emprunteurs et peuvent
choisir les plus solvables. Les institutions financières emploient des bataillons de spécialistes de
l’investissement et d’agents de crédit formés pour sélectionner les meilleurs emprunteurs.

B. La transformation des échéances


On appelle échéance le moment où une dette doit être remboursée. Les dépôts à vue ont
une échéance nulle puisque le déposant peut reprendre son argent en tout temps. En
revanche, lorsque les institutions financières octroient des prêts à des emprunteurs, ces prêts
arrivent généralement à échéance de quelques années jusqu’à 25 ans plus tard. La
transformation des échéances désigne le processus qui consiste à convertir des éléments
de passif à court terme, comme des dépôts à vue, en actif à long terme. Cela permet à la
société de procéder à d’importants investissements à long terme. Cependant, elle implique
que les institutions financières se retrouvent avec un décalage entre les échéances à court
terme de leurs dépôts et les échéances à long terme de leur prêts. Ce décalage pourrait attire
des ennuis si de nombreux déposants retiraient simultanément leurs dépôts. Pour palier à ce
problème, les institutions financières ne prêtent donc pas l’ensemble de leurs dépôts. Elles
conservent une fraction des dépôts dans leurs réserves ou sous une autre forme d’actifs
liquides.
Les institutions financières ont un grand nombre de déposants et, généralement, ils ne retirent
pas tous des fonds dans la journée. Les institutions financières peuvent aussi tirer parti du fait
que des retraits et les nouveaux dépôts s’équilibrent plus ou moins la plupart des jours.
Habituellement, les institutions financières n’utilisent donc qu’une petite partie de leurs
réserves pour compenser les retraits nets, ce qui leur permet d’utiliser la majorité de leurs
dépôts à vue pour faire des placements à long terme.

MACROÉCONOMIE !75
C. La gestion du risque
Les institutions financières gèrent le risque de deux façons. Premièrement, elles diversifient
leur portefeuille : une institution financière n’investit pas seulement dans une chose, mais dans
un ensemble de placements très diversifié. Ceci réduit le risque parce qu’il est peu probable
que tous les placements de l’institution financière aient un mauvais rendement en même
temps. Deuxièmement, elle transfert du risque aux actionnaires et, en dernier recours au
gouvernement par l’intermédiaire de la BCB (Banque Centrale Belge). En effet, une perte ne
se fera pas ressentir auprès des épargnants, mais auprès des actionnaires comme on peut le
voir dans le bilan, cela réduira les capitaux propres.
Des institutions gouvernementales sont également la pour contrôler la solvabilité des banques.
Si une institution financière doit faire faillite, l’UE et le gouvernement peuvent soit procéder à
la fermeture de l’institution financière en position précaire et payer l’assurance-dépôts
promise aux déposants, ou piloter le transfert de propriété de l’institution. Si le premier
scénario s’applique, l’UE garantit les dépôts dans les institutions financières jusqu’à
concurrence de 100 000€ par déposant. Cependant, les autorités privilégient le deuxième
scénario : elles s’organisent pour qu’une banque en bonne santé financière prenne
rapidement le contrôle de la banque en faillite. Les actionnaires initiaux perdent tout dans la
manoeuvre, néanmoins le lendemain de la prise de contrôle, la banque ouvre ses portes
comme d’habitude, parfois sous un autre nom, on peut même parfois ne pas s’en apercevoir.

Toutes ces manoeuvres ont évidemment un coût. Dans la plupart des cas, le passif de
l’institutions financière en faillite dépasse la valeur de son actif. En termes techniques,
l’institutions financières en faillite est insolvable. Par contre, l’institution financière qui
prend son contrôle, elle, est solvable, ce qui signifie que la valeur de son actif dépasse celle
de son passif. Pour reprendre les opérations de l’institution financière en faillit, la nouvelle
institution en bonne santé financière a besoin d’un incitatif financier, que les autorités
gouvernementales lui fourniront.

MACROÉCONOMIE !76
D. Les ruées bancaires
Comme vu précédemment, les banques ont tendance à transformer leurs passifs à court
terme en actifs à long terme. Lors d’une ruée bancaire, une fraction importante des déposants
essaie de retirer ses dépôts en même temps. L’institution financière peut donc avoir du mal à
réunir les fonds nécessaires pour ces retraits. De plus, plus la rumeur selon laquelle elle risque
de manquer de liquidités s’amplifie, plus les déposants essaient de faire des retraits dans
l’espoir d’obtenir le peu d’argent qu’il reste. C’est donc un cercle vicieux. On peut donc
définir la ruée bancaire comme un vent de panique qui entraine la multiplication des
retraits dans une ou plusieurs institutions financières. Les ruées bancaires ont un cout
économique. Elles peuvent obliger une institution financière à liquider prématurément ses
actifs à long terme non liquide. Cela signifie parfois l’abandon ou la liquidation inefficace
d’investissement à long terme en capital physique. De plus, comme les institutions financières
sont des acteurs clés sur le marché du crédit, cela perturbe le bon fonctionnement du marché
du crédit.

E. La réglementation bancaire et la solvabilité des institutions


financières
Les ruées bancaires sont rares et cela grâce à l’assurance-dépôt. Si une institution financière
fait faillite pour une raison quelconque, les dépôts de ses clients sont protégés jusqu’à
concurrence d’un certain montant. Les ménages ne sont pas les seuls agents économiques à
faire des dépôts dans les institutions financières, des sociétés y détiennent également des
comptes. De plus, les institutions financières se prêtent mutuellement des fonds. Lorsque les
grandes entreprises et la communauté bancaire perdent confiance dans une institution
financière affaiblie, il peut s’ensuivre un ruée bancaire institutionnelle : les entreprises et les
autres institutions y retirent alors les dépôts qu’ils y ont fait. Cependant, les ruées bancaires ne
sont pas visible car les nouvelles technologies permettent de faire cela depuis chez soi.
Des banques d’investissement se spécialisent dans l’aide aux entreprises et aux administrations
publiques qui doivent réaliser d’importantes transactions financières, surtout lorsqu’elles ont
besoin de capitaux pour des investissements.
Naturellement, les institutions financières souhaitent avant tout éviter de telles crises
financières. Pour ce faire, elles recourent à diverses stratégies. Comme toujours, mieux vaut
prévenir que guérir. Les banques peuvent également garder beaucoup de liquides à court
termes afin d’éviter les ruées bancaires. On dit alors qu’elle est bien capitalisée. Une
institution financière à court de réserves peut cesser de consentir de nouveaux prêts et de
vendre ses actifs à long terme. Cependant, ces efforts peuvent se retourner contre elle et
amplifier un début de ruée. De plus, en cessant de consentir des prêts, elle réduit ses recettes
au moment ou elle en a le plus besoin.

MACROÉCONOMIE !77
MACROÉCONOMIE !78
Chap. 11 : Le système monétaire
1. Notions clés
- La monnaie remplit trois fonctions clés : elle sert à la fois de moyen d’échange, de réservoir
de valeur et d’unité de compte.
- La monnaie est détenue pour effectuer des transaction, par précaution et pour spéculer
- En recevant des dépôts et en prêtant aux entreprises et aux ménages, le secteur bancaire est
capable de créer de la monnaie.
- La théorie quantitative de la monnaie prédit la relation entre la masse monétaire, la
vélocité, les prix et le PIB réel.
- La théorie quantitative de la monnaie prédit que le taux d’inflation sera égal au taux de
croissance monétaire moins le taux de croissance du PIB réel.
- La Banque centrale européenne a comme objectif principal de maintenir l’inflation basse,
stable et prévisible.
- La Banque centrale européenne accepte les dépôts (les réserves) des institutions financières.
- Le fait que la Banque centrale européenne gère les réserves du système financier lui permet
d’influer sur trois choses : (1) les taux d’intérêt à court terme, par l’intermédiaire du taux du
financement à un jour ; (2) la masse monétaire et le taux d’inflation ; et (3) les taux d’intérêt
réels à long terme.

2. La monnaie
La monnaie est l’actif que les agents économiques utilisent pour mener à bien les
transactions liées aux biens et services produits dans le monde.

A. Les fonctions de la monnaie


La monnaie exerce trois fonctions :
- De moyen d’échange : actif qui peut s’échanger contre des biens et services, et qui
facilite le commerce.
- De réservoir de valeur : Permet aux agents économiques de reporter leur pouvoir
d’achat dans le temps.
- De mesure de la valeur relative, c’est à dire d’unité de compte : Étalon universel
qui exprime le prix de divers biens et services. C’est se servir d’une même unité.

MACROÉCONOMIE !79
B. Les différents types de monnaie
Avant, la monnaie avait une valeur intrinsèque, c’est-à-dire qui valait quelque chose en elle-
même. Aujourd’hui, nous utilisons une monnaie fiduciaire qui est un instrument financier
qui a valeur de monnaie légale par décret gouvernemental sans que cette valeur repose sur un
bien physique, comme l’or ou l’argent. Elle comprend les pièces et les billets de banque. (Cela
élimine le risque de contre-façon). La monnaie fiduciaire a donc une valeur nominale plus
élevée que sa valeur intrinsèque. On parle aussi de monnaie scripturale, soit la monnaie
qui n’est pas matérialisée par un billet ou par une pièce mais inscrite dans les comptes
bancaires. N’importe quel objet peut-être utilisé comme monnaie fiduciaire, mais le risque de
contrefaçon est considérable. C’est pour cela que le gouvernement règle le problème en
créant lui même de la monnaie difficile et illégale à contre-faire.

C. La masse monétaire
Il existe plusieurs définitions de la masse monétaire, mais la plus utilisée est M2 :
- M1 : Somme de la monnaie fiduciaire et des dépôts à vues
- M2 : M1 + les comptes d’épargne et les dépôts à terme d’une durée inférieure ou égale à
deux ans ainsi que les dépôts remboursables avec un préavis inférieur ou égal à 3 mois.
Selon cette définition, la masse monétaire se compose principalement de dépôts dans divers
comptes bancaires.
- M3 : M2 + les dettes qui présentent un degré élevé de liquidité et une garantie de prix
élevée (placements monétaires, titres de créance d’une durée initiale inférieure ou égale à
deux ans)
- M4 : M3 + certains titres du marché monétaire (billets de trésorerie et bons du trésor)
Quand on passe de M1 au M4, on va du plus liquide au moins liquide.

D. Les déterminants de la demande de monnaie


Il existe 3 motifs fondamentaux pour lesquels les agents économiques souhaitent détenir de la
monnaie:
- Pour effectuer des transaction quotidiennes
- Pour garder de la monnaie sous la main pour pouvoir faire face à divers évènements
imprévus
- Pour spéculer, en considérant la monnaie comme un actif parmi d’autre

MACROÉCONOMIE !80
La demande de monnaie M1 va dépendre :
- Positivement, des revenus et de la richesse : plus les revenus (ou la richesse) sont
élevés et plus les agents économiques voudront réaliser des transactions et garder de la
monnaie par précaution
- Négativement, des taux d’intérêt : plus les taux d’intérêt sont élevés plus il est coûteux
(coût d’opportunité) de détenir de la monnaie plutôt que d’autres actifs qui rapportent des
intérêts.

E. La création de monnaie par les banques commerciales


Supposons qu’un individu reçoit 10 000 € nouvellement émis et les dépose dans une banque
commerciale. La banque recevant cet argent va garder une partie en réserve et prêter le reste.
Supposons que la banque garde 20% de l’argent en réserve (coefficient de caisse de 20%). Elle
va donc garder 2000€ en réserve et prêter 8000 €. Les 8000 € prêtés seront utilisés par les
agents économiques les ayant empruntés. Il en résultera donc un flux de revenus pour certains
agents économiques. Supposons que les bénéficiaires de ces revenus déposent l’intégralité des
sommes perçues (8000 €) dans une banques commerciales (la même par exemple). Ces
banques vont garder une partie (20%) et prêter le reste (6400€). Et ceci va continuer, la
1 1
quantité de monnaie initialement émise a été multipliée par ! , c’est-à-dire ! où c
1− 0,8 1− c
est le coefficient de caisse. La banque va donc créer de la monnaie car, dans cet exemple , on
part d’un placement de 10 000€ pour finalement arriver à une valeur de 50 000€. Plus le
coefficient de caisse est faible, plus le multiplicateur 1− ! c sera élevé. Les banques
commerciales peuvent donc être tentées de ne pas garder assez d’argent en réserve, c’est
pourquoi les responsables de la politique monétaire imposent souvent un coefficient de
réserve obligatoire les forçant à garder en réserve un certain pourcentage des dépôts. (Voir
exemple slides pour ingé)

3. La monnaie, les prix et le PIB


A. Le PIB nominal, le PIB réel et l’inflation
- PIB nominal : Valeur marchande totale des biens et services finals produits dans un pays au
cours d’une période donnée.
- PIB réel : Valeur totale de la production à prix constants, c’est-à-dire au prix d’une année de
base.
Le taux d’inflation est le taux de croissance du niveau général des prix de l’économie. Il
existe une relation qui lie ces trois notions :
Taux de croissance du PIB nominal = Taux d’inflation + Taux de croissance du PIB réel

MACROÉCONOMIE !81
B. La théorie quantitative de la monnaie
Commençons par étudier la relation entre la masse
monétaire et le PIB nominal. Comme le montre le
graphique à droite, le ration monétaire du PIB nominal
est égal à 0,5 en moyenne, et semble à peu près stable
sur une très longue période. Cela signifie que pour 1€
de PIB nominal, il y a environ 0,5€ de masse monétaire.
On peut voir sur le graphique également que le ratio de
numéraire hors banque est très faible. En effet, pour 1€
de PIB nominal, il y a seulement 0,04€ de numéraire hors banque. Voyons comment calculer
le ratio de la masse monétaire au PIB nominal :
Masse monétaire (M2)
! = Ratio stable
PIB nominal
La théorie quantitative de la monnaie postule que ce ration est parfaitement constant à
long terme. Si on postulé que le ratio de ces deux variables est constant à long terme, alors le
numérateur et le dénominateur tendront à afficher le même taux de croissance. Par exemple,
si la masse monétaire augmente de 10%, le PIB nominal tendra aussi croître 10%, puisque le
ration de la masse monétaire au PIB nominal reste constant. Et donc, cela implique que sur le
long terme le taux de croissance du PIB nominal équivaut au taux de croissance de M2
En revenant à l’équation fondamentale page précédente et en décomposant le taux de
croissance du PIB nominal en taux d’inflation et taux de croissance du PIB réel, si on
remplace le taux de croissance du PIB nominal par le taux d’inflation plus le taux de
croissance du PIB réel, on constate que :
Taux d’inflation + Taux de croissance du PIB réel = Taux de croissance de M2
Autrement dit :
Taux de croissance de M2 - Taux de croissance du PIB réel = Taux d’inflation
Cette équation implique que l’inflation équivaut à l’écart entre le taux de croissance de la
masse monétaire et le taux de croissance du PIB réel

C. La vitesse de circulation de la monnaie


La vitesse de circulation de la monnaie correspond au nombre de fois moyen qu’une unité
monétaire change de main au cours d’une période donnée. Elle est égale l’inverse du ratio de
la masse monétaire au PIB nominal. Hors, la théorie quantitative de la monnaie postule qu’il
sera stable à long terme. La vitesse de la circulation de la monnaie serait donc stable à long
terme. A court terme cependant, la vitesse de circulation de la monnaie n’est pas constante.
Le coût d’opportunité de détenir de la monnaie est faible lorsque le taux d’intérêt est faible,
provoquant une hausse de la demande de monnaie sans que celle-ci ne soit utilisée, ce qui
réduit la vitesse de circulation de la monnaie.

MACROÉCONOMIE !82
4. L’inflation
Inflation : Hausse des prix.
Déflation : Baisse des prix (inflation négative). (donc l’argent d’aujourd’hui vaut plus que
celui d’hier)
Hyperinflation : Lorsque le niveau général des prix double en trois ans.

A. Quelles sont les causes de l’inflation?


L’inflation se produit lorsque le taux de croissance de la masse monétaire est supérieur au
taux de croissance du PIB réel. Comme on le voit sur le graphique, le taux d’inflation est
étroitement lié au taux de croissance de la masse monétaire moins le taux de croissance du
PIB réel.
L’hyperinflation, elle, est toujours liée à la croissance extrêmement rapide de la masse
monétaire. Une croissance monétaire
est dans, la plupart des cas, une source
d’importants déficits budgétaires. Une
erreur commise par certains
gouvernements quand leurs recettes
fiscales sont inférieures à leurs dépenses
est d’imprimer de la monnaie, ce qui
augmente le numéraire hors banque, et
donc la masse monétaire et crée cette
hyperinflation.

B. Les conséquences de l’inflation


Si l’inflation faisait augmenter du même tous les prix et tous les salaires, elle ne changerait pas
grand chose. Pourtant, les prix et les salaires ne fluctuent pas nécessairement de manière
synchronisée (du moins pas à court terme). Lorsqu’il y a de l’inflation, les prix relatifs,
incluant le salaire réel et le taux d’intérêt réel, peuvent changer. Des gagnants bénéficient
alors de gains non anticipés, et des perdants souffrent de pertes non anticipées. (ex : Si la
pension n’est pas indexée; une hausse de l’inflation nuirait aux retraités puisque leur pouvoir
d’achat serait moindre et que leur revenus n’aurait pas augmenté, mais les firmes ou les
gouvernements qui versent la pension sont avantagés puisque le cout réel des prestations de
retraite a diminué).

MACROÉCONOMIE !83
C. Le coût social de l’inflation
L’inflation génère des coûts sociaux :
- Un taux d’inflation élevé crée des coûts logistiques : Si l’inflation fait changer
beaucoup de fois les prix sur une courte période, il est difficile pour les entreprises de
prévenir les consommateurs. On parle de coût de menu qui est le coût des changements de
prix.
- Un taux d’inflation élevé fausse les prix relatifs : Prenons l’exemple de deux
quotidiens. Au départ, ils se vendent tout deux à 1€, mais par la suite, à cause de l’inflation,
un des deux quotidiens décident d’augmenter les prix à 2€. Celui-ci va rapidement perdre
de la clientèle, et l’autre, quant à lui, vend sans faire de bénéfice. Il cédera par la suite de
monter à sont tour le prix de son quotidien, mais cela prendra du temps. Dès lors, cela a un
coût pour l’économie en réduisant l’activité économique.
- L’inflation conduit parfois à des politiques contre-productives, comme le
contrôle des prix : Si le prix devient trop bas il y aura une économie souterraine. Si trop
élevé par contre il n’y aura pas assez de demande

D. Le bénéfice social de l’inflation


L’inflation peut engendrer un bénéfice social :
- Lorsque la banque centrale émet de la monnaie, les recettes du gouvernement
augmentent : Si la quantité de monnaie créée est faible, ça engendre un bénéfice, sinon,
l’inflation qui résulte de l’augmentation de la masse monétaire réduit la valeur réelle de la
monnaie qu’ils détiennent déjà, et devient donc une perte. On appelle seigneuriage le
revenu que le gouvernement tire de l’émission de monnaie.
- L’inflation peut parfois stimuler l’activité économique : Une hausse du taux
d’inflation a pour effet de réduire le salaire réel (salaire corrigé pour l’inflation) qui est le
salaire nominal divisé par l’IPC; il équivaut au pouvoir d’achat du salaire. Puisque que le
coût réel du travail baisse, une baisse de salaire réel incite l’entreprise à engager plus de
travailleurs. Ou alors, augmentation des prix entraine un déplacement de la courbe de
demande de travail vers la droite. Cela signifie également une augmentation du PIB à court
terme.
L’inflation réduit également le taux d’intérêt réel ( = taux intérêt nominal - taux d’inflation),
et une baisse de ce taux stimule l’emprunt qui fait accroître les consommations des ménages,
et donc le PIB.

MACROÉCONOMIE !84
5. La Banque centrale
A. La banque centrale et les objectifs de la politique
monétaire
La banque centrale est l’institution gouvernementale qui supervise les institutions
financières (en Europe réparti entre différents acteurs), influe sur certains taux d’intérêt clés
et, indirectement, détermine la masse monétaire ; ensemble, ces activités constituent ce qu’on
appelle la politique monétaire.
La banque centrale européenne a comme objectif principal de maintenir l’inflation basse,
stable et prévisible sur le long terme. Dès lors, on parle de stabilité des prix.

B. Que fait la banque centrale?


La banque centrale supervise le bilan des institutions financières, en exigeant que chacune
fasse rigoureusement état de la valeur des éléments de son actif et de son passif. La Banque
intervient si elle constate qu’une institution financière détient une portefeuille d’actifs trop
risqué ». Elle surveille également les capitaux propres des institutions financières en touchant
de s’assurer qu’ils sont suffisant pour absorber une éventuelle dévalorisation de leurs actifs.
Elle supervise également les systèmes de paiement interbancaires. Elle détient aussi les
réserves des institutions financières. Généralement calculées comme un pourcentage des
dépôts de leur clientèle, les réserves sont des fonds que les institutions conservent pour remplir
leurs obligations à court terme. La gestion des réserves bancaires est l’un des rôles les plus
importants et complexe de la banque centrale. Cela permet à la banque centrale européenne
d’influer sur plusieurs variables économiques :
- Les taux d’intérêt à court terme, en particulier le taux cible du financement à un jour
- La masse monétaire et le taux d’inflation
- Les taux d’intérêt réels à long terme.
Pour bien comprendre ces trois variables économiques, nous aborderons, dans l’ordre :
- Le rôle des réserves bancaires dans l’économie
- L’équilibre du marché des réserves bancaires qui détermine un taux d’intérêt à CT clé, soit
le taux directeur. A ce taux, la quantité demandée de réserves bancaires est égale à la
quantité offerte.
- L’influence de la Banque centrale européenne sur la masse monétaire et sur l’inflation
- La façon dont le taux d’intérêt à court terme influe sur les taux d’intérêt à long terme.

MACROÉCONOMIE !85
C. Les réserves bancaires
Pour rappel, les réserves d’une institution financière comprennent les dépôts qu’elle fait à la
banque centrale et le numéraire qu’elle détient dans ses coffres. Même si elles ne font pas
partie de M2, les réserves bancaires peuvent influer sur cette masse monétaire. Les réserves
bancaires représentent donc les liquidités des banques, autrement dit, des fonds qu’elles
peuvent utiliser immédiatement pour faire des transactions. Une institution financière a assez
de liquidités si elle dispose de fonds suffisants pour mener ses activités. A tout moment, une
institution financière peut avoir à composer avec un manque de liquidités. Cette institution
financière peut aussi avoir besoin de fonds pour consentir de nouveaux prêts ou encore pour
rembourser d’autres banques à qui elle a emprunté de l’argent.
Les liquidités sont les fonds disponibles dans l’immédiat pour effectuer des transactions. On
appelle d’ailleurs réserves désirées les liquidités (généralement 2% à 3% de la valeur de
leurs dépôts à vue) que les institutions financières désirent garder à la banque centrale pour
remplir leurs obligations financières courantes.
Pour avoir des fonds supplémentaires, une institution financière peut emprunter des fonds
auprès d’autres institutions financières. C’est à ce moment que le marché du financement à
un jour entre en jeu. Le marché du financement à un jour est le marché où les
institutions financières se prêtent et s’empruntent mutuellement des réserves, généralement
pour 24 heures, d’où le terme marché des fonds à un jour. De même le taux cible du
financement à un jour est le taux d’intérêt auquel la Banque centrale européenne souhaite
voir les institutions financières se prêter et s’emprunter mutuellement des fonds sur le marché
du financement à un jour. Aussi appelé taux directeur de la Banque centrale européenne.

D. Le marché du financement à un jour : la demande


La courbe de demande de réserves décrit la quantité totale de réserves exigées par les
institutions financières pour chaque niveau du taux cible du financement à un jour. Elle a une
pente négative, car les institutions financières (qui optimisent la valeur de leurs avoirs)
choisissent de détenir plus de réserves
lorsque le coût de ces réserves diminue. Un
taux d’intérêt plus bas accroît la quantité
demandée de réserves. Les variations du
taux directeur entrainent des mouvements
le long de la courbe de demande des
réserves. Par contre, si un autre facteur que
le taux directeur change, la courbe se délace
totalement.

MACROÉCONOMIE !86
Quatre raisons expliquent ce déplacement :
- Une expansion ou une contraction économique : Les institutions financières doivent
obtenir des liquidités pour pouvoir accorder de nouveaux prêts à leurs clients. Les réserves
fournissent des liquidités qui peuvent être utilisées pour financer ces prêts. Par conséquent,
une expansion du volume de prêts émis par les institutions financières déplace la courbe de
demande de réserves vers la droite (et vice-versa)
- Une variation des besoins de liquidités : Le fait que les institutions financières
s’attendent à une forte augmentation des retraits accroît la demande de réserves. Fournir
des fonds aux déposants exige des liquidités, justement ce que les réserves fournissent.
- La modification de la base de dépôts : La demande de réserves est proportionnelle à
la valeur totale des soldes de comptes bancaires (la base de dépôts). Les institutions
financières veulent maintenir un niveau de réserves désirées de 2% à 3% de la valeur des
dépôts , soit en espèce dans leurs coffres, soit en espèces déposées à la BCE. Une expansion
de la valeur des dépôts bancaires déplace donc la courbe de demande de réserves vers la
droite.
- La variation de la quantité de réserves obligatoires : Bien qu’elles utilisent
rarement ce pouvoir, les autorités monétaires pourraient imposer un pourcentage de
réserves obligatoires.

E. Le marché du financement à un jour : l’offre et la


fourchette cible du financement à un jour
L’offre de réserves vient de la Banque centrale européenne. Cependant, nous pouvons
remarquer que sa courbe a une forme particulière (forme de S). La branche centrale est
verticale et indique la quantité de
réserves nécessaires pour équilibrer
le marché du financement à un jour
au taux directeur souhaité. Pour
bien savoir pourquoi la courbe
d’offre de réserves a une forme
particulière, il faut comprendre le
rôle de la Banque centrale
européenne et la fourchette cible du
taux du financement à un jour.
Pour faciliter la gestion du marché du financement à un jour, la BCE a mis en place des
incitatifs visant à garder le taux du financement à un jour bien stable autour du taux visé. La
banque utilise donc une fourchette opérationnelle qui délimite le taux cible du financement à
un jour. La largeur de cette fourchette est fixé à 50 point de base (0,50%), avec le taux cible
comme point médian.

MACROÉCONOMIE !87
Ainsi, une banque qui s’attend à terminer la journée avec des réserves excédentaires a le
choix : soit elle dépose ses fonds excédentaires à la BCE au taux directeur moins 25 points de
base, soit elle tente de prêter ses excédents à une autre institution financière au taux directeur,
une option bien plus avantageuse. De son coté, une banque qui pense terminer la journée à
court de liquidités a également le choix : soit elle cherche à emprunter des réserves auprès de
la BCE au taux officiel d’escompte, c-à-d au taux directeur plus 25 points de base, soit elle
tente d’emprunter du financement à une autre institution financière au taux directeur, un
choix bien plus économique.
Finalement, comme elle verse toujours des intérêts au taux équivalent à la limite inférieure de
la fourchette opérationnelle et prête toujours des fonds au taux qui correspond à la limite
supérieur, la BCE établit une valeur plancher et une valeur plafond au taux de financement à
un jour ; elle met ainsi en place les incitatifs nécessaires pour que les institutions financières se
prêtent mutuellement leurs réserves excédentaires au taux directeur. De plus, si le taux du
marché s’éloigne du taux cible, la Banque peut intervenir pour corriger cette situation.

F. L’équilibre sur le marché du financement à un jour


L’équilibre du marché du financement à un jour se situe à l’intersection des courbes
d’offre et de demande de réserves. Le taux d’équilibre se trouve lui aussi à ce point. En
achetant ou en vendant des obligations au gouvernement, la banque centrale européenne
déplace la partie verticale de la courbe d’offre et détermine ainsi la quantité de réserves que
les banques détiennent. Ces transactions sont appelées opérations d’open market, des
échanges (achats ou ventes) de titres, en particulier de titres publics (bons d’état), entre la
Banque centrale européenne et les institutions financières visant à faire varier les réserves
bancaires (ou les soldes de règlement) et à modifier ou à soutenir le taux des fonds à un jour.
Cela permet de déplacer la courbe d’offre et donc de maintenir un tarde financement à un
jour précis. Comment?
- Achats : pour augmenter les réserves bancaires; déplacement vers la droite.
- Ventes : pour diminuer les réserves bancaires, qui déplace la courbe d’offre vers la gauche
car les institutions paient les obligations avec leurs réserves, donc diminution de celles-ci.

MACROÉCONOMIE !88
G. L’influence de la banque centrale européenne sur la masse
monétaire et le taux d’inflation
Pourquoi la Banque centrale européenne ne peut-elle pas contrôler directement la masse
monétaire ou le taux d’inflation ? La Banque centrale européenne détermine la quantité des
réserves bancaires ; et ces dernières ne font pas partie de la masse monétaire. Toutefois, il faut
comprendre que la masse monétaire augmente lorsque les institutions financières consentent
de nouveaux prêts et cela grâce à la création de monnaie par les banques commerciales vue
précédemment.
À long terme, le taux d’inflation est à peu près égal au taux de croissance de la masse
monétaire moins le taux de croissance du PIB réel. Dès lors, lorsque la banque centrale
européenne relève le taux cible des financement à un jour, les taux d’intérêt que les ménages
et les entreprises paient sur leurs emprunts ont également tendance à augmenter. Par
conséquent, un taux de financement à un jour plus élevé réduit le taux de croissance des prêts
aux ménages, ralentit la croissance de la masse monétaire et fait baisser l’inflation.
Inversement, un taux de financement à un jour plus bas augmente le taux de croissance des
prêts aux ménages, accélère la croissance de M2 et fait monter l’inflation.

H. La relation entre le taux directeur de financement à un


jour et le taux d’intérêt réel à long terme
La gestion des réserves bancaires permet à la BCE d’influer non seulement sur le taux du
financement à un jour, l’offre de monnaie et l’inflation, mais aussi sur le taux d’intérêt réel à
long terme, car :
Taux d’intérêt réel = Taux d’intérêt nominal − Taux d’inflation
Les décisions d’investissement des entreprises sont basées sur le taux d’intérêt réel à long
terme (calculé comme le taux d’intérêt réel, mais avec les valeurs passée à long terme). Pour
comprendre l’effet potentiel du taux cible du financement à un jour sur le taux d’intérêt réel à
long terme, il faut aussi penser au taux d’intérêt réel auquel on s’attend au moment où le prêt
est consenti, et qui peut être différent du taux d’intérêt réel effectif à échéance du prêt. Il est
donc utile de distinguer le taux d’intérêt réel effectif et le taux d’intérêt réel anticipé :
- Taux d’intérêt réel effectif : Taux d’intérêt nominal moins le taux d’inflation effectif
Taux d’intérêt réel effectif = Taux d’intérêt nominal − Taux d’inflation effectif
L’inflation effective est l’inflation qui a effectivement eu lieu dans une période de temps
donnée. Le taux réel effectif est le taux nominal accepté au moment du prêt (2017) - le taux
d’inflation observé durant la période écoulée (2017 à 2027).
- Taux d’intérêt réel anticipé : Taux d’intérêt nominal moins le taux d’inflation anticipé
Taux d’intérêt réel anticipé = Taux d’intérêt nominal − Taux d’inflation anticipé
On appelle anticipations d’inflation les prévisions des agents économiques quant au taux
d’inflation. Lorsqu’ils prêtent ou qu’ils empruntent de l’argent, les prêteurs et les

MACROÉCONOMIE !89
emprunteurs en quête d’optimisation se fient au taux d’intérêt réel anticipé ; ils ne savent
pas encore ce que sera le taux d’inflation effectif.
Une baisse du taux cible du financement à un jour signifie que les institutions financières
peuvent emprunter des réserves à un taux d’intérêt inférieur sur le marché du financement à
un jour. Comme leur coût d’emprunt diminue, elles commencent elles aussi à offrir ds prêts à
des taux d’intérêt plus bas. Cela signifie que l’offre de crédit des institutions se déplace vers la
droite. En outre, le taux d’intérêt nominal à long terme baisse parce qu’en fait, un prêt à long
terme est composé de nombreux prêts à court terme. Lorsque le taux cible du financement à
un jour descend, consentir le premier prêt de 1an devient moins cher pour l’institution
financière. De plus, un changement du taux cible du financement à un jour n’est
généralement pas inversé avant plusieurs années, les autres années du prêt sont alors touchées.
Le taux nominal à long terme va du coup dans la même direction.

Si les anticipations d’inflation ne changent pas et


que les taux d’intérêts nominaux baissent, le taux
d’intérêt réel baisse aussi. Par conséquent, une
baisse du taux cible du financement à un jour
réduit le taux d’intérêt nominal à long terme et le
taux d’intérêt réel à long terme anticipé. Si les
anticipations d’inflation changent, l’analyse
devient plus compliquée, mais même alors, le
taux d’intérêt réel à long terme anticipé diminue
souvent en réponse à une baisse du taux cible du financement à un jour.
Partout dans le monde les banques centrales ont depuis longtemps compris l’importance
d’ancrer les anticipations d’inflation, cela améliore la transmission d’un changement de taux
cible du financement à un jour
aux taux d’intérêt à plus long
terme et favorisent l’atteinte des
objectifs de la banque centrale

MACROÉCONOMIE !90
Chapitre 12 : Les fluctuations à
court terme
1. Notions clés :
- Les récessions sont des périodes (d’au moins deux trimestres consécutifs) durant lesquelles le
PIB réel baisse.
- Les fluctuations économiques ont trois grandes caractéristiques : la covariance, la faible
prévisibilité et la persistance du taux de la croissance économique.
- Les fluctuations économiques se produisent en raison des chocs technologiques, de
changement dans les sentiments et de facteurs financiers ou monétaires.
- La rigidité des salaires à la baisse et les effets multiplicateurs amplifient les chocs
économiques.
- Les booms économiques sont les périodes d’expansion du PIB associées à une augmentation
de l’emploi et à une diminution du chômage.

2. Les fluctuations économiques et les cycles économiques


Toute économie, dans n’importe quel pays, même les plus développés, connait une croissance
qui varie. Il y a de bons et de moins bons moments. On appelle fluctuations
économiques (ou cycles économiques) les changements à court terme du taux de
croissance du PIB réel.
Dans le graphique ci-contre, on peut voir la
courbe orange représentant le PIB tendanciel,
c’est-à-dire ce que serait le niveau de PIB réel si
on pouvait éviter les fluctuations économiques et
maintenir un taux de croissance de PIB par
habitant assez stable pendant une période
prolongée. Le taux de croissance du PIB
tendanciel accélère ou ralentit quelque peu au
cours des décennies en fonction des variations
du taux de croissance moyen de la population et de la technologie. En fait, une telle
économie, exempte de fluctuations, est impossible. Les fluctuations économiques font partie
de la vie ; les politiques gouvernementales peuvent les atténuer, mais pas les empêcher
totalement.

MACROÉCONOMIE !91
Dans le graphique ci-contre, on peut assister à deux
gros écarts par rapport au PIB tendantiel : lors de la
grande Dépression (années 30, énorme chute du PIB)
ainsi que lors de la seconde guerre mondiale
(économie poussée à bloc par les dépenses militaires,
grand saut de PIB).
En économie, on appelle « Booms » les périodes de
croissance positive du PIB et « ralentissements »,
« contractions » ou « récessions » les périodes de croissance négative du PIB. Une expansion
économique commence à la fin d’une récession et se poursuit jusqu’au début de la récession
suivante?

MACROÉCONOMIE !92
A. Les caractéristiques des fluctuations économiques
Les fluctuations économiques ont trois grandes caractéristiques :
- La covariance de nombreuses variables macroéconomiques agrégées;
- La faible prévisibilité des fluctuations;
- La persistance du taux de croissance économique.

LA COVARIANCE De nombreuses variables macroéconomiques agrégées croissent ou se


contractent ensemble durant les booms et les récessions économiques. Les économistes
appellent ce phénomène la « covariance ».

MACROÉCONOMIE !93
UNE FAIBLE PRÉVISIBILITÉ La deuxième grande caractéristique des fluctuations
économiques est leur faible prévisibilité. Si on regarde à nouveau l’encadré 12.3, on voit que
les dépressions et expansions sont toujours différentes les unes des autres (en longueur et
intensité). Ainsi, il est clair que même avec tous les outils possibles à disposition, il est
impossible de prévoir précocement une récession ou une expansion. Les économistes parlent
de « faible prévisibilité » plutôt que d’« imprévisibilité » parce qu’en utilisant des techniques
statistiques sophistiquées, on peut tout de même arriver à une faible capacité prédictive. Dans
l’Etat actuel de la science économique, il est généralement possible de prédire la fin d’une
récession un mois ou deux avant le fait, mais il est pratiquement impossible de prédire la fin
d’une récession, ou d’une expansion dès le début de cette expansion ou récession. Il est
important de prendre ce facteur en compte car avant, on pensait que les fluctuations étaient
régulières, ce qui est faux !

LA PERSISTANCE DU TAUX DE CROISSANCE La troisième grande caractéristique des


fluctuations économiques est la persistance. Même si les récessions commencent et se
terminent de manière assez imprévisible, la croissance économique n’est pas aléatoire. Si elle
est en croissance, l’économie continuera probablement à croître le trimestre suivant. De
même, si elle se contracte, elle va probablement continuer à se contracter le trimestre suivant.
Donc, si l’économie est en récession ce trimestre, le pari le plus sûr est qu’elle le sera encore
au prochain trimestre. On observe donc une certaine persistance du taux de croissance
économique.

B. La grande dépression
On appelle Grande Dépression (ou Grande
Crise) la forte contraction qui a débuté en 1929. Le
terme dépression désigne décrit généralement
une récession prolongée accompagnée d’un taux de
chômage de 20% ou plus.
La Grande dépression respecte les trois principales
caractéristiques des fluctuations économiques. On
peut notamment voir la covariance sur ces
graphiques. Cette dépression répond également à
la caractéristique de la faible prévisibilité et même
de l’imprévisibilité. En effet, elle a été une surprise
totale pour bon nombre d’entreprises, économistes
et décideurs. Enfin, la Grande Dépression possédait
très certainement la troisième caractéristique des
fluctuations économiques : une grande persistance.
De fait, la période de croissance négative du PIB a
duré quatre ans, de 1929 à 1933.

MACROÉCONOMIE !94
3. L’équilibre macroéconomique et les fluctuations
économiques
A. Le travail et les fluctuations de la demande
Revenons un moment au marché du travail.
On a vu dans le chapitre 9 que l’intersection
des courbes de demande et d’offre de travail
déterminent l’équilibre du marché du travail.
Nous partirons d’un marché du travail où les
salaires sont flexibles et nous verrons
comment la rigidité des salaires à la baisse
amplifie l’effet des déplacements de la courbe
de demande de travail, et par conséquent, les
fluctuations économiques.
Le graphique (a) de l’encadré 12.6, qui se
concentre sur un marché du travail où les
salaires sont flexibles, fait penser à cette
relation en montrant les courbes
d’offre et de demande de travail
ainsi que leur intersection.
L’équilibre de marché du travail,
qui s’établit au salaire et au niveau
d’emploi correspondant au point
d’intersection de la courbe d’offre
du travail et de la courbe de
demande de travail, servira de base
pour construire un modèle de
fluctuations économiques.
Les fluctuations de l’emploi
correspondent à des changements
dans ce équilibre du marché du
travail, et les fluctuations du PIB
réel de l’emploi sont liées. Le
graphique (a) illustre ces liens en
décrivant un déplacement de la
courbe de demande vers la gauche,
qui réduit la quantité offerte de
travail d’équilibre. Avant le début
de la récession, l’équilibre initial est
au point «1: avant la récession ».

MACROÉCONOMIE !95
Après un choc économique qui a déplacé la courbe de demande de travail vers la gauche, le
nouvel équilibre, qui correspond à un salaire plus bas et à une quantité demandée de travail
moindre, est au point « 2: récession ».
Le graphique (b) représente la fonction de production globale. Le capital physique et la
technologie étant gardés constants, cette courbe montre la relation entre l’emploi et le PIB. ce
graphique montre que, lorsque l’emploi diminue (déplacement vers la gauche de la courbe de
demande), il en va de même du PIB réel (moins de travail pour produire des biens et services).
L’emploi et le PIB réel augmentent et diminuent donc ensemble, ce qui st une autre
illustration de la covariance des agrégats économiques.
En pratique, la chute du PIB réel pourrait dépasser ce qu’on montre au gaphique (b) parce
que la baisse de l’emploi entraine d’autres variations économiques. La mise à pieds d’un
travailleur rend moins productif le capital physique qu’utilisait ce travailleur, ce qui amène les
entreprises à fermer des usines et à mettre l’équipement au rancart. On appelle « taux
d’utilisation de la capacité » le taux d’utilisation du capital physique, et les récessions
s’accompagnent généralement d’une réduction de l’utilisation des capacités.
Lorsque les salaires sont rigides à la baisse, les entreprises ne peuvent pas réduire la salaires à
cause des restrictions contractuelles ou refusent de le faire en raison de problèmes moraux qui
en résulteraient. Elles finissent donc par licencier davantage de travailleurs que si les salaires
étaient flexibles à la baisse. Avec les salaires rigides à la baisse, un déplacement vers la gauche
de la courbe de demande de travail se traduit par une baisse de l’emploi encore plus
important que lorsque les salaires sont flexibles. Avec des salaires rigides à la baisse, la
récession est plus profonde, et le mouvement le long de la fonction de production agrégée est
encore plus prononcé qu’avec des salaires flexibles, comme dans le graphique (c).
Les salaires rigides à la baisse entrainent du chômage. Au salaire du marché, qui est le salaire
rigide à la baisse, le nombre de travailleurs prêts à travailler dépasse le nombre d’emplois que
les entreprises sont prêtes à offrir.
Les déplacements de la courbe d’offre de travail peuvent aussi entrainer des variations de
l’emploi et du chômage, mais ces variations résultent surtout de fluctuations dans la demande
de travail. Pour comprendre pourquoi la nature de l’équilibre macroéconomique, il faut
comprendre pourquoi la demande de travail fluctue.

MACROÉCONOMIE !96
B. Les causes des fluctuations
LA THÉORIE DES CYCLES RÉELS met l’accent sur la variation de la productivité et de la
technologie. On peut l’expliquer par les chocs technologiques. Quand la RD (rech. et
dével.) amène des entreprises à inventer des produits qui ont une plus grande valeur, la valeur
du produit marginal du travail augmente, ce qui pousse les entreprises à étendre leurs
activités, et donc, selon toute probabilité, à accroitre leur demande de travail. Les entreprises
cherchent aussi à accroitre leur capacité de production, ce qui augmente l’investissement dans
l’ensemble de l’économie. Ces changements finissent par hausser le revenu des ménages
(l’emploi augmente, le salaire augmente, le profit accru des entreprises enrichit les
actionnaires). Ainsi, les ménages consomment davantage de biens et services. Certains types
d’améliorations technologiques peuvent accroitre la demande de travail ainsi que l’activité
économique agrégée, y compris l’investissement et la consommation. Comme vu aux
chapitres 6 et 7, le taux de procès technologique est la cause de la variation à long terme de la
croissance économique, et des percées technologiques peuvent entrainer une augmentation
rapide de la production d’une industrie donnée. Cependant, les théories purement
technologiques ont du mal à expliquer les récessions, où le PIB réel baisse - la « régression
technologique », où les capacités technologiques reculeraient, étant une cause peu plausible
des récessions.
Cependant, le taux de progrès technologique joue un rôle clé dans la variation à long terme
de la croissance économique. On sait que les pays qui mettent constamment au point de
nouvelles technologies ou qui importent les technologies de pointe d’autres pays atteignent
des taux de croissance élevés. Le progrès technologique est donc un déterminant très
important des fluctuations à long terme de la croissance, même si ce n’est pas le principal
moteur des récessions.
Cette théorie souligne aussi l’importance de la variation du prix des intrants, et en particulier
du prix du pétrole. On peut considérer une augmentation du prix du pétrole comme une
diminution de la productivité des entreprises qui utilisent le pétrole. Presque toutes les
entreprises en utilisent, car c’est une énergie essentielle. Ainsi, lorsqu’il y a un choc pétrolier,
cela a un effet comparable à celui des changements technologiques. Les variations du prix du
pétrole (les hausses aussi) pouvant être soudaines et fortes, ce facteur peut expliquer certaines
récessions.
LA THÉORIE KEYNÉSIENNE met l’accent sur la variation des anticipations. Keynes a
développé une « théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ». Il croyait en
l’influence de ce qu’il appelait « les esprits animaux » (facteurs psychologiques qui
modifient l’humeur des consommateurs et des entreprises, et qui influent ainsi sur la
consommation, l’investissement et le PIB). Selon lui, les esprits animaux peuvent varier
considérablement dans une économie, même si les caractéristiques fondamentales sous-
jacentes de l’économie ont relativement peu changé.
En fait, les esprits animaux sont un ensemble d’un phénomène plus large que les économistes
appellent les « sentiments » qui sont des changements dans les anticipations concernant

MACROÉCONOMIE !97
l’activité économique et dans l’incertitude réelle ou perçue que vivent les entreprises. Ces
changements se traduisent par des fluctuations de la consommation des ménages et de
l’investissement des entreprises. Ces changements se traduisent par des fluctuations de la
consommation des ménages et de l’investissement des entreprises.
Imaginons qu’une entreprise anticipe une faible demande de leurs produits. Ce pessimisme
aura un effet sur la demande de travail (à la baisse). Ce changement entraine une baisse
d’investissement de l’entreprise, et donc une baisse du PIB (par rapport à l’équation).
Cependant, les autres composantes de cette même équation peuvent compenser cette perte
d’investissement.
Par ailleurs, lorsqu’une entreprise devient pessimiste et réduit son emploi et son
investissement, les ménages sont peu enclins à augmenter leur consommation, car ils risquent
davantage de perdre leur emploi. La consommation se déplace donc dans le même sens que
l’investissement. Au final, cela risque tout de même de réduire le PIB (voir graphique 12.6).
L’effet est le même si ce sont les ménages qui deviennent pessimistes : ils réduisent leur
dépenses courantes pour économiser en prévision. Cette réduction de la consommation
diminue la demande de produits de nombreuses entreprises et déplace vers la gauche la
courbe de demande de travail de celles-ci.
Tout ceci nous amène à un autre élément de la théorie de Keynes, la possibilité qu’un choc
mineur sur l’économie déclenche des effets en cascade qui finissent par causer une
contraction beaucoup plus importante. On appelle « multiplicateurs » les mécanismes qui
font qu’un choc économique initial est amplifié par des effets en cascade. Les effets en cascade
vont amplifier le choc initial, qu’il soit bon ou mauvais. Une bonne nouvelle économique,
même mineure, peut entrainer une cascade d’effets bénéfiques à mesure que les
consommateurs augmentent leur demande de biens et services, et que les entreprises y
répondent en déplaçant leur courbe de demande de travail vers la droite, ce qui multiplie
l’effet de la nouvelle initiale.
Le fonctionnement des multiplicateurs comporte un élément de « prophétie
autoréalisatrice », puisque l’anticipation d’un événement entraine des actions qui font que
cet événement se produit. (exemple, on anticipe une faible demande, on réduit l’emploi, donc
on provoque cette diminution de l’emploi qu’on a anticipée). Ce phénomène s’explique par le
fait que les sentiments peuvent être de puissants catalyseurs de changement économique. Ce
phénomène met aussi en évidence le fait qu’un changement des anticipations créé par les
esprits animaux peut se révéler « rationnel »: lorsque les ménages et les entreprises deviennent
pessimistes sur l’économie, celle-ci se contracte en raison de leur comportement pessimiste, de
sorte que le pessimisme finit par se justifier.
LES THÉORIES FINANCIÈRES ET MONÉTAIRES mettent l’accent sur la variation
des prix et des taux d’intérêt. les facteurs monétaires sont une des forces qui activent les cycles
économiques. On sait que la masse monétaire influe sur le PIB nominal. Typiquement, une
baisse du PIB nominal qui résulte d’une forte réduction de la masse monétaire n’affecte pas
seulement le niveau général des prix, mais aussi le PIB réel. Dans ce cas, les variations de la
masse monétaire influent aussi sur les cycles économiques.

MACROÉCONOMIE !98
Pour illustrer comment les facteurs monétaires entrainent des fluctuations du PIB réel,
imaginons un scénario dans lequel la politique une politique de contraction monétaire
entraine une forte baisse de la masse monétaire.
La baisse de masse monétaire fait baisser les niveau des prix, comme le prédit la théorie
quantitative de la monnaie. Une baisse du niveau général des prix réduit l’emploi à cause de
la rigidité des salaires à la baisse. En effet, une baisse du niveau général des prix signifie que
les entreprises ont réduit le prix de leur production en diminuant la valeur du produit
marginal du travail. Chaque entreprise a donc besoin d’un moins grande quantité de travail
pour un salaire donné. En d’autres termes, une baisse du prix de la production déplace la
courbe de demande de travail vers la gauche. Si les salaires baissaient autant que les prix de
leur production, les entreprises emploieraient autant de travailleurs qu’avant. Cependant,
avec des salaires rigides à la baisse, les salaires ne baissent pas, et les entreprises qui veulent
optimiser leur profit doivent plutôt réduire le nombre de travailleurs qu’elles emploient.
De plus, une politique de contraction monétaire fait monter le taux d’intérêt réel. or, on sait
que le taux d’intérêt réel est le prix qu’une entreprise paie pour un autre de ses intrants : son
capital physique. Une hausse du taux d’intérêt d’équilibre augmente donc encore les couts de
production. Comme le travail a besoin du capital physique, l’augmentation du cout de ce
capital physique amène les entreprises a utiliser moins de travail, ce qui signifie un
déplacement vers la gauche de la courbe de demande du travail.
Les perturbations du fonctionnement du marché du crédit entrainent aussi des fluctuations
économiques. Nous avons vu comment l’offre et la demande de crédit déterminent le taux
d’intérêt d’équilibre et la quantité de crédit dans l’économie. Les perturbations du marché du
crédit diminuent l’investissement et la consommation, ce qui réduit le PIB réel et l’emploi.
Ainsi, un déplacement vers la gauche de la courbe d’offre de crédit déplace les courbes de
demande de travail des entreprises vers la gauche.

C. Les multiplicateurs et les fluctuations économiques


Les effets multiplicateurs évoqués quand nous
avons parlé des changements de sentiments
peuvent amplifier les effets des chocs
économiques, que ces chocs proviennent de
changements liés à la technologie, aux
sentiments ou aux marchés financiers.
L’encadré 12.9 illustre les effets multiplicateurs
sur les salaires et l’emploi lorsque les salaires
sont flexibles. L’offre de travail est représentée
par la courbe rouge, celle de demande par la
bleue. Au départ, l’économie se situe au point d’équilbre étiqueté « 1 : avant la récession ».
Un choc déplace la courbe de demande de travail vers la gauche. L’économie se situe donc
dans un nouvel équilibre temporaire situé au point « 2 : après le choc ». Il s’agit d’un équilibre

MACROÉCONOMIE !99
temporaire car il ne tient pas compte des
effets multiplicateurs. La première vague de
licenciements amène les chômeurs à réduire
leur consommation de biens et services, ce
qui pousse les entreprises qui fournissaient
ces biens et services à réduire leur demande
de travail. Cette réduction amène un autre
déplacement de la courbe de demande de
travail vers la gauche, ce qui amène
l’économie à l’équilibre de récession étiqueté « 3 : Creux ». Il s’agit du point le plus bas atteint
par le PIB réel au cours d’une récession. Ce graphique illustre donc deux déplacements de la
courbe de demande de travail : le choc initial, ainsi que le déplacement causé par les
licenciements causés par le choc initial, qui tient compte des effets multiplicateurs.
En principe, il pourrait y avoir d’autres déplacements vers la gauche de la courbe de demande
de travail après la dernière ronde mise à pied. En pratique, les économies finissent par se
stabiliser, et la spirale vers le bas, par s’arrêter. Cette stabilisation peut être due, par exemple,
au fait que de nouvelles entreprises remplacent les anciennes qui ont fait faillite. Si une
entreprise n’a pas une demande suffisante pour rester rentable, le capital physique et humain
qu’elle employait sera réaffecté à d’autres entreprises, principalement à celles qui ont des
activités différentes. L’arrivée de ces nouvelles entreprises stoppe le déplacement vers la
gauche de la courbe de demande de travail, et, éventuellement, commence à la déplacer vers
la droite.
La boucle de rétroaction du multiplicateur illustré dans
l’encadré 12.8 fait abstraction de plusieurs mécanismes
importants dans une économie moderne. L’encardé
12.10 ajoute certains de ces mécanismes et donne une
image plus complète des facteurs qui multiplient l’effet du
choc récessionniste. Ces mécanismes comprennent la
baisse du prix des actifs financiers, comme les cours des
actions et des obligations, ainsi que du prix des maisons;
une augmentation des défauts de paiement, qui affaiblit les bilans des banques; la hausse du
taux de faillite des ménages, qui entraine des défauts de paiement dans divers types de crédit à
la consommation, notamment les prêts sur cartes de crédit; la hausse du taux de faillite des
courtiers, qui force les prêteurs à absorber les pertes considérables; et la baisse du niveau
d’intermédiation financière à mesure que les banques deviennent plus réticentes à accorder
de nouveaux prêts, ou incapables de le faire, même à leurs anciens clients. Tous ces
mécanismes créent des effets multiplicateurs additionnels, et font baisser la consommation et
l’investissement, ce qui diminue encore la demande de travail. La diminution de la demande
de travail réduit encore l’emploi et le PIB, ce qui affaiblit davantage l’économie et entraine
d’autres rondes d’effets multiplicateurs.

MACROÉCONOMIE !100
D. L’équilibre à court terme avec des multiplicateurs et des
salaires à la baisse
On obtient une image plus complète des chocs récessionnistes si on combine la rigidité des
salaires à la baisse et les multiplicateurs. Ces deux ingrédients amplifient l’effet des variations
de la demande de travail sur l’emploi. Voici comment :
- Un choc initial déplace la courbe de demande de travail vers la gauche.
- La rigidité des salaires à la baisse amène les entreprises à s’adapter à ce choc initial en
réduisant fortement l’emploi plutôt qu’en réduisant plus faiblement à la fois l’emploi et les
salaires.
- Les multiplicateurs font que la courbe de demande de travail se déplace encore davantage
vers la gauche.
Ce graphique illustre ces trois éléments. Avant
les chocs, l’équilibre de l’économie se situe au
point 1. Le choc initial déplace cet équilibre
jusqu’au point 2, point d’équilibre temporaire.
Comme on suppose que les salaires sont rigides
à la baisse, les entreprises ne peuvent modifier
que l’emploi. Sous l’effet des multiplicateurs, la
courbe de demande de travail se déplace
encore davantage vers la gauche, et l’économie
se retrouve finalement au point d’équilibre 3. L’effet combiné de la rigidité des salaires à la
baisse et des multiplicateurs a amplifié l’effet de contraction du choc récessionniste initial.
Sans cette rigidité des salaires et les multiplicateurs, le déplacement initial vers la gauche de la
courbe de demande de travail aurait amené l’économie au point d’équilibre A. Avec cette
rigidité et les multiplicateurs, l’économie se déplace jusqu’au point 3, qui correspond à une
réduction d’emploi beaucoup plus importante que celle du point A.

E. L’équilibre à moyen terme : reprise partielle et reprise


complète
Beaucoup de forces, certaines axées sur le marché et d’autres sur des politiques
gouvernementales, tendent à inverser les effets d’une récession en 2 à 3 ans. On qualifie cet
horizon de « moyen terme » pour le distinguer du court terme, qui dure quelques trimestres.
On distingue deux mécanismes de reprise :
- Ceux où la courbe de demande de travail se déplace vers la droite grâce aux forces du
marché.
- Ceux ou la courbe de demande de travail se déplace vers la droite grâce à des politiques
gouvernementales expansionnistes.

MACROÉCONOMIE !101
FORCES DU MARCHÉS :
- La demande de travail reprend en partie lorsque
les entreprises ont écoulé leurs stocks. Ainsi, après
un boom excessif dans la construction
d’habitations, le besoin de nouvelles habitations
diminue, ce qui déplace la courbe de demande de
travail vers la gauche. Cependant, le stock de
maisons invendues finit par s’épuiser, et la
construction de nouvelles maisons commence à
reprendre, ce qui ramène la courbe de demande
de travail vers la droite. Ce phénomène s’applique à toute entreprise qui détient un
inventaire de biens invendus. Dans tous les domaines ou les entreprises détiennent des
stocks, ceux-ci ne durent pas éternellement, et, quand ils s’épuisent, la firme augmente
généralement sa production. Le graphique ci-dessus illustre un déplacement vers la droite
de la courbe de demande de travail.
- La demande de travail reprend en partie lorsque des avancées technologiques incitent les
entreprises à étendre leurs activités.
- La demande de travail reprend en partie lorsque le système bancaire se remet, et que les
entreprises financières sont de nouveau capables d’utiliser le crédit pour financer leurs
activités. La disponibilité du crédit déplace la courbe de demande de travail vers la droite.

POLITIQUES GOUVERNEMENTALES EXPANSIONNISTES :


- La banque centrale peut utiliser la politique
monétaire pour déplacer la courbe de demande de
travail vers la droite. L’abaissement des taux
d’intérêts stimule a la fois l’investissement des
entreprises et la consommation des ménages.
- La courbe de demande se déplace vers la droite
lorsque l’inflation augmente le prix des biens et
services produits par des entreprises. Cette hausse
de prix rend la production, et donc la hausse de
l’emploi, plus rentable pour un salaire donné, ce
qui déplace la courbe de demande de travail vers la
droite. Le graphique (a) de l’encadré 12.13 illustre
les conséquences de ce déplacement causé par
l’inflation.
Avec des salaires rigides à la baisse, ce déplacement
vers la droite de la courbe de demande de travail
entraine un déplacement du point A au point B, ce
qui correspond à une reprise partielle de l’emploi.

MACROÉCONOMIE !102
Remarque : Qu’en est-il de l’offre de travail? Comme l’inflation augmente le prix de la
production, un salaire donné permettra une consommation moindre. Tant que les salaires
restent rigides à la baisse, ce déplacement de l’offre de travail est sans effet : l’emploi se situe
à l’intersection de la courbe de demande de travail et de la droite horizontale qui représente
les salaires rigides à la baisse et fixés au-dessus du salaire d’équilibre du marché, les
déplacements de la courbe de demande de travail qui résultent de l’inflation augmentent
l’emploi.
Cette analyse révèle aussi à partir de quand les déplacements de la courbe d’offre de travail
commenceront à avoir un effet. Si les déplacements en question sont assez importants, et
qu’ils entrainent une inflation assez forte, le salaire d’équilibre du marché grimpe au-dessus
du niveau fixé par la rigidité à la baisse des salaires. Comme sur le graphique (b), une fois ce
salaire d’équilibre atteint, de nouvelles hausses de l’inflation déplacent de manière égale la
courbe de demande de travail et la courbe d’offre de travail vers le haut; le salaire
d’équilibre du marché augmente, mais l’emploi restera inchangé.
- Le gouvernement utilise aussi la politique budgétaire (dépenses publiques et les impôts) pour
déplacer la courbe de demande de travail vers la droite. La hausse des dépenses
gouvernementales augmente la demande pour les biens et services que produisent les
entreprises, déplaçant la courbe de demande pour les biens et services que produisent les
entreprises, déplaçant la courbe de
demande de travail vers la droite. La
réduction des impôts laisse aux
entreprises et aux consommateurs un
revenu après impôts plus élevé, ce qui
accroit leur pouvoir d’achat, augmente
la demande pour les produits des
entreprises et déplace ainsi la courbe
de demande de travail vers la droite.

MACROÉCONOMIE !103
MACROÉCONOMIE !104
4. Modéliser les expansions
Etudions à présent les booms économiques. Une différence importante entre les déplacements
vers la droite et ce que notre analyse a révélé sur les déplacements vers la gauche est que, dans
le cas des déplacements vers la droite, il n’y a pas de rigidité des salaires. En effet, si les
travailleurs sont rarement disposés à accepter des réductions salariales, comme nous l’avons
souligné au chapitre 9, cette réticence n’a pas d’équivalent pour les augmentations salariales.
Il n’y a donc pas de rigidité des salaires à la hausse. Pour cette raison, dans l’encadré 12.15,
après le déplacement vers la droite de la courbe de demande de travail, l’emploi varie le long
d’une courbe d’offre de travail.
Bien que l’effet du déplacement vers la droite de la courbe de demande de travail ne soit pas
accru par des rigidités salariales, les effets multiplicateurs sont bien présents et amplifient le
déplacement initial. Cette demande de travail accrue tend à augmenter les revenus des
ménages et incite ces derniers à consommer davantage, ce qui déclenche une autre ronde
d’effets multiplicateurs et déplace la courbe de demande de travail encore plus à droite
(12.15).
Les booms économiques ont aussi un
côté sombre. Si l’économie est proche
du plein-emploi et fonctionne à plein
rendement (taux de chômage faible, les
entreprirent emploient l’essentiel de leur
capacité) avant le début de l’expansion,
les possibilités de croissance économique
seront relativement limitées. Le cas
échéant, l’optimisme ou d’autres
facteurs qui pourraient avoir déclenché le
boom risquent de se renverser si les choses tournent moins bien que prévu et que la rentabilité
est moindre que celle attendue. Un tel renversement enchaine précisément le genre de
déplacement de la demande de travail vers la gauche que nous avons analysé. Ces
déplacements vers la gauche ont tendance à créer des effets multiplicateurs néfastes et
pourraient plonger l’économie dans une récession plutôt que de la ramener doucement vers
un degré d’activité soutenable où les rendements réalisés sont conformes aux attentes qui ont
justifié l’investissement.
Ce côté sombre des booms économiques est un des plus grands défis que les décideurs
politiques aient à relever. La prudence leur dicterait d’essayer de tempérer les booms
économiques pour limiter les effets néfastes de leur éventuel renversement. Cependant,
comme l’augmentation de l’emploi et la réduction du chômage qui accompagnent les booms
économiques contribuent à la popularité des décideurs, ces derniers sont enclins à laisser aller
les booms économiques et même à les favoriser (surtout si les élections approchent).

MACROÉCONOMIE !105
MACROÉCONOMIE !106
Chap. 13 : Les politiques
macroéconomique contra-
cycliques
1. Notions clés
- Les politiques contracycliques tentent d’aplanir les fluctuations économiques et, par
conséquent, la croissance du taux d’emploi, du PIB et des prix.
- La politique monétaire contracyclique aplanit les fluctuations économique en influant sur
les réserves bancaires et les taux d’intérêt.
- Une politique monétaire expansionniste accroît les réserves bancaires et abaisse les taux
d’intérêt. Une politique monétaire restrictive réduit les réserves bancaires et augmente les
taux d’intérêt.
- La politique budgétaire contra cyclique aplanit les fluctuations économiques en influant sur
les dépenses publiques ainsi que sur les impôts (terme qui inclut les taxes).
- Une politique budgétaire expansionniste augmente les dépenses publiques et diminue les
impôts. Une politique budgétaire restrictive diminue les dépenses publiques et augmente les
impôts

2. Le rôle des politiques contracycliques dans les fluctuations


économiques
Les politiques contracycliques tentent d’atténuer les fluctuations économiques et
d’aplanir la croissance du taux d’emploi, du PIB et des prix. Durant une récession, une
politique expansionniste vise à contrer le ralentissement de l’économie en déplaçant la courbe
de demande de travail vers la droite et en donnant de l’expansion à l’activité économique
(PIB). Inversement, on recourt parfois à une politique restrictive pour ralentir la croissance
économique quand elle est trop rapide ou quand l’économie surchauffe.
On distingue deux grand types de politiques contracyclique :
- La politique monétaire contracyclique, conduite par la banque centrale qui tente
d’atténuer les fluctuations économiques en influant sur les réserves bancaires et sur les taux
d’intérêt.
- La politique budgétaire contracyclique, qui passe par le pouvoir législatif et qui est
promulguée par le pouvoir exécutif qui vise à atténuer les fluctuations économiques en
influant sur les dépenses publiques et sur les impôts.

MACROÉCONOMIE !107
Ces deux politiques s’appliquent dans des circonstances différentes, mais elles ont des
caractéristiques communes. En cas de récession, on utilise l’une et l’autre pour stimuler
l’économie en déplaçant la courbe de demande vers la droite. S’il s’agit d’une expansion qui
s’emballe, on utilise l’une et l’autre pour ralentir l’économie en déplaçant la courbe de
demande de travail vers la gauche.
On peut voir sur ces graphiques qu’à partir de
l’équilibre initial, le choc déplace la courbe de
demande de travail vers la gauche, réduisant
l’emploi et le PIB, ce qui mène au point du creux,
où l’emploi et les salaires sont plus bas. Une
politique expansionniste réussie protège l’économie
du plein effet de la récession en déplaçant la courbe
de demande de travail vers la droite, le point de
reprise partielle.
Lorsque les salaires sont rigide à la baisse, la
récession a des conséquences plus lourdes sur
l’emploi. Sur le graphique (b), la courbe de
demande de travail pendant le creux est
exactement la même qu’en (a), mais la baisse de
l’emploi du point 1 au 2 est maintenant bien plus
grande qu’en (a). Cet écart s’explique par le fait
qu’aucun déplacement vers la gauche de la courbe
de demande de travail ne peut être absorbé par une
baisse des salaires.
Les salaires rigides à la baisse signifient aussi que la politique contracyclique est relativement
plus efficace. On peut le voir que l’augmentation de la quantité d’emploi est plus élevé en (b)
qu’en (a). La politique agit sur l’emploi avec autant de force parce que, dans ce cas, il n’y a pa
d’effet sur les salaires. Une politique expansionniste atténue la gravité d’une récession, mais
parfois les décideurs politiques utilisent une politique restrictive qui freine la croissance
économique lors d’un boom. Pourquoi? En fait, dans bien des situations, les effets néfastes sur
le PIB et sur l’emploi ne sont que les effets secondaires de l’atteinte d’un autre objectif de
politique économique. Ainsi, lorsque l’inflation est toujours au dessus de son taux, la BCCE
relie les taux d’intérêt pour freiner l’emprunt, ce qui ralentit la croissance de la masse
monétaire et abaisse le taux d’inflation. La hausse des taux d’intérêt déplace la courbe de
demande de travail vers la gauche et réduit donc l’emploi. Dans d’autres cas, la politique
contracyclique peut cibler directement une expansion économique. Laissées à elles-mêmes,
ces expansions peuvent finir par conduire à une grave récession parce que les anticipations
optimistes peuvent imploser soudainement. Dans certains cas, on recourt à une politique
restrictive afin de réduire les risques de contraction extrême en essayant de contenir
l’économie pour prévenir sa surchauffe. Un tel résultat s’obtient en exerçant une pression
graduelle vers la gauche sur la courbe de demande de travail.

MACROÉCONOMIE !108
3. La politique monétaire contracyclique
La BCE répond aux contractions économiques en adoptant une politique monétaire
expansionniste, politique qui accroît la quantité de réserves bancaires et abaisse les taux
d’intérêt. La BCCE influe sur les taux d’intérêt à court terme, particulièrement sur le taux du
financement à un jour. Lorsqu’elle veut stimuler l’économie, la BCE abaisse les taux d’intérêt
à court terme, ce qui fait habituellement baisser les taux d’intérêt à long terme. Un baisse des
taux d’intérêt à long terme incite donc les ménages à acheter davantage de biens durables
parce qu’un taux d’intérêt moindre signifie qu’un prêt pour l’achat d’u bien durable coute
moins cher. Pour satisfaire cette augmentation de la demande de biens durables des ménages,
les entreprises embauchent davantage de travailleurs. De même, une baisse des taux d’intérêt
à long terme pousse les entreprises à augmenter
leur investissement en immeubles et en biens
d’équipement, car le cout du financement sera
moindre. Les entreprises ont besoin de
travailleurs pour construire et exploiter ces
nouvelles usines, ce qui déplace la courbe de
demande de travail vers la droite. De diverses
façons, la politique monétaire expansionniste
déplace la courbe de demande de travail des
entreprises vers la droite et augment l’emploi.

A. Influer sur le taux de financement à un jour


Nous avons vu que la BCE fait des opérations
d’open market pour augmenter ou réduire les
réserves que ces dernières détiennent. Ces
opérations influent sur le taux du financement à
un jour. Comme on peut le voir, l’augmentation
de l’offre des réserves bancaires à la disposition
des institutions financière diminue le taux du
financement à un jour. (Voir exemple p. 346-367)

Ce deuxième graphique montre l’évolution du


taux cible du financement à un jour au Canada
avant, pendant. et après la récession de
2008-2009. On voit très clairement que la BCE
voulait mener une politique monétaire
expansionniste pour contrer la chut de l’activité
économique.

MACROÉCONOMIE !109
B. Les autres instruments de la BCE
Voici une liste d’autres instruments qui agissent pour la plupart sur l’offre de réserves
bancaires de la BCE :
- La modification de la quantité de réserves obligatoires : Ce pouvoir est peu
utilisé, mais théoriquement, la BCE peut changer le pourcentage de réserves obligatoires
(actuellement de 0%). Une augmentation de ce taux augmenterait les réserves et donc
diminuerait le taux de financement à un jour.
- La fourchette cible du taux du financement à un jour : Les banques empruntent et
prêtent peu souvent à la limite de la fourchette, préférant normalement se prêter et
s’emprunter des fonds entre elles, mais le fait qu’elle existe assure un taux plancher et un
taux plafond pour les réserves bancaires.
- L’assouplissement quantitatif : Il y a assouplissement quantitatif lorsque la banque
centrale crée une grande quantité de réserves bancaires pour acheter des obligations à long
terme, ce qui donne à la fois une augmentation de l’offre de réserves bancaires et une baisse
du taux d’intérêt sur les obligations à long terme.
Les banques centrales trouvent parfois d’autres moyens d’accroitre l’offre de crédit pendant
les crises financières. Elles créent des canaux de crédit spécialisés qui augmentent les prêts sur
le marché du crédit et stimulent indirectement la demande de biens et services ainsi que la
demande de travail.
Cependant le tableau reste incomplet, plusieurs facteurs importants influent sur la façon dont
la banque centrale utilise ces instruments.

C. Anticipations, inflation et politique monétaire


L’efficacité de la politique monétaire dépend des anticipations relatives aux taux d’intérêt et à
l’inflation. Rappelons que le taux du financement à un jour est le taux d’intérêt annualisé sur
les prêts à un jour que les institutions financières se consentent mutuellement. Cependant, le
taux d’intérêt qui compte dans les décisions d’investissement des consommateur et des
entreprises est le taux d’intérêt réel à long terme anticipé :
Taux d’intérêt réel à long terme anticipé = Taux d’intérêt nominal à long terme
- Taux d’inflation à long terme anticipé
Pour abaisser le taux réel à long terme, la BCE doit soit réduire le taux d’intérêt nominal à
long terme, soit influer sur les anticipation du taux d’inflation à long terme (ou les deux). Pour
ce faire, elle peut annoncer qu’elle poursuivra sa politique monétaire expansionniste —
autrement dit, qu’elle gardera le taux du financement à un jour bas, exerçant ainsi des
pressions à la hausse sur l’inflation, et ce, durant une longue période.
Un taux du financement à un jour bas équivaut souvent à ce que le taux d’intérêt nominal à
long terme reste bas lui aussi.

MACROÉCONOMIE !110
Une analyse similaire s’applique aux anticipations relatives à l’inflation à long terme. Compte
tenu de leur effet sur le taux d’intérêt réel à long terme, la banque centrale peut vouloir créer
des anticipations inflationnistes quand cela est possible. Plus précisément, elle peut promettre
de mener une politique monétaire expansionniste durant plusieurs années. Si le marché croit
en cette promesse, les anticipations inflationnistes vont se renforcer, ce qui fera baisser le taux
d’intérêt réel à long terme anticipé si le taux d’intérêt nominal ne mont pas avec l’inflation
dans un rapport de un pour un.

D. La politique monétaire restrictive : la maitrise de l’inflation


Une politique monétaire expansionniste peut menacer la cible d’inflation de la BCE.
Normalement, l’augmentation des réserves bancaires permet aux institutions financières de
consentir davantage de prêts. Ces prêts circulent dans l’économie et reviennent dans le
système bancaire sous forme de dépôts. L’augmentation des dépôts bancaires accroit la
quantité de monnaie dans l’économie (M2). Selon la théorie quantitative de la monnaie, à
long terme, le taux d’inflation sera égal au taux de
croissance de M2 moins le taux de croissance du PIB
réel. Une croissance trop rapide de M2 représente donc
un risque de hausse du taux d’inflation. Plus
précisément, lorsque le taux d’inflation menace de
grimper de manière important et persistant au-dessus de
son taux cible de 2%, la BCE recourt à une politique
monétaire restrictive, qui ralentit la croissance des
réserves bancaires, relève les taux d’intérêt, réduit
l’emprunt, freine la croissance de la masse monétaire et
abaisse le taux d’inflation.
La politique monétaire restrictive fonctionne comme la politique monétaire expansionniste,
mais dans le sens contraire. La BCE réduit les réserves bancaires pour augmenter le taux du
financement à un jour. Elle peut aussi essayer de modifier les anticipations relatives à sa
politique monétaire à long terme en amenant les ménages et les entreprises à anticiper des
mesures plus restrictives. Essentiellement, la BCE peut accélérer ou freiner le moteur de la
politique monétaire. Lors d’une récession, la Banque recourt à des mesures de politiques
monétaire expansionniste pour compenser en partie la contraction de l’économie. Lors d’un
boom, surtout s’il est inflationniste, la BCE applique une politique monétaire restrictive pour
freiner l’inflation. Dans les deux cas, la BCE joue un rôle contracyclique : elle agit à contre-
courant des tendances économiques dominantes.
Maitriser l’inflation n’est pas toujours facile. Une fois que l’inflation est élevée, le public
commence à anticiper un taux d’inflation élevé, et la banque centrale a du mal à regagner sa
confiance en matière de lutte à l’inflation. Les banques centrales s’efforcent de protéger leur
réputation en maintenant l’inflation à un taux de 2%.

MACROÉCONOMIE !111
E. La borne inférieure des taux d’intérêts nominaux
Quand un taux d’intérêt descend jusqu’à 0%, les économistes disent qu’il atteint la « borne
inférieure des taux d’intérêt nominaux », ce qui signifie que le zéro est une limite que les taux
d’intérêt nominaux ne peuvent pas franchir. C’est ce qui s’est passer avec le Japon, comme on
peut le voir sur le graphique.
Pour le comprendre, il suffit d’imaginer à quel point un taux d’intérêt nominal négatif serait
incongru : l’emprunteur rembourserait moins d’argent qu’il en a emprunté. Prêter de l’argent
à un taux d’intérêt négatif serait évidemment une très mauvaise affaire pour les institutions
financières, qui préféreraient de loin garder l’argent dans leurs coffres. Lorsque le taux
d’inflation est faible ou négatif, ce qui a été le cas au Japon depuis le début des années 1990,
la borne inférieure du zéro devient problématique pour la politique monétaire.
Lorsque le taux d’intérêt nominal est coincé à 0% ou juste au-dessus et que le taux d’inflation
est négatif, le taux d’intérêt réel est positif. Ainsi, un taux d’intérêt nominal de 0% et un taux
d’inflation prévu de -1% signifient un taux d’intérêt réel anticipé de 1%. Si le taux d’inflation
continue à baisse, le taux d’intérêt réel va augmenter, ce qui fera patauger l’investissement et
déplacera la courbe de demande de travail vers la gauche.

F. Les compromis de la politique monétaire


Beaucoup de banques centrales fixent le taux du financement à un jour d’une manière que
décrit sommairement la formule suivante, aussi appelée « règle de Taylor » :
Taux du financement à un jour = Taux cible du financement à un jour à long terme
+ 0,5 (taux d’inflation - taux cible d’inflation)
+ 0,5 (écart de production en points de pourcentage)
Cette équation relie le taux du financement à un jour à son objectif à long terme (environ
3,5%), au taux d’inflation, au taux cible d’inflation et à l’écart de production en points de
pourcentage. L’écart de production est :
PIB − PIB tendanciel
! Ecart de production =
PIB tendanciel

Un écart de production de -5 signifie que l’économie est de 5% inférieur à la tendance.


Rappelons que le PIB tendanciel est une version aplanie du PIB effectif. Souvent, on utilise le
PIB potentiel — autrement dit, le PIB qui pourrait être atteint si le travail et le stock de
capital étaient entièrement utilisés dans la production — au lieu du PIB tendanciel.

MACROÉCONOMIE !112
Il importe de préciser les deux parties de la règle de Taylor :
- Selon cette règle, la banque centrale relève le taux du financement à un jour en fonction du
taux d’inflation. Un taux d’inflation plus élevé l’amène à relever le taux du financement à
un jour, ce qui réduit la stimulation de l’économie. Plus précisément, selon cette formule,
pour une cible d’inflation donnée, chaque augmentation de 1 point de pourcentage du taux
d’inflation se traduira par une augmentation de 0,5 point de pourcentage du financement à
un jour.
- La règle de Taylor dit aussi que plus l’écart de production est important, plus la banque
centrale hausse le taux du financement à un jour. Un écart de production plus important —
en d’autres termes, une économie plus forte — amène la banque centrale à relever le taux
du financement à un jour, ce qui réduit le degré de stimulation. Selon cette formule, chaque
augmentation de 1 point de pour pourcentage de l’écart de production se traduira par une
augmentation de 0,5 point de pourcentage du taux du finance à un jour
La règle de Taylor n’est qu’une règle générale. La politique monétaire est autant un art
qu’une science — les décideurs doivent se servir de leur intuition et de leur sagesse, et non se
fier aveuglément à une formule. Cela dit, la règle de Taylor est un bon point de départ pour
leurs délibérations et un résumé sommaire mais utile des compromis auxquels les banques
centrales se sont livrée dans les passé.

4. La politique budgétaire contracyclique


Jusqu’ici, nous nous sommes concentrés sur la politique monétaire contracyclique, qui est
menée par la banque centrale et qui vise à aplanir les fluctuations économiques en influant les
taux d’intérêt. L’autre Tye de politique contracyclique est la politique budgétaire
contracyclique, qui est adoptée par le pouvoir législatif et promulguée par le pouvoir exécutif
et qui vis à aplanir les fluctuations économiques en influant sur les dépenses publiques et les
impôts.
La politique budgétaire expansionniste recourt à l’augmentation des dépenses
publiques et à la baisse des impôts pour accélérer le taux de croissance du PIB réel. Comme la
politique monétaire expansionniste, elle déplace la courbe de demande de travail vers la
droite. La politique budgétaire restrictive recourt à la diminution des dépenses
publiques et à la hausse des impôts pour réduire le taux de croissance du PIB réel. Comme la
politique monétaire restrictive, elle déplace la courbe de demande de travail vers la gauche.

MACROÉCONOMIE !113
A. La politique budgétaire au cours du cycle économique :
composantes automatiques et discrétionnaires
La politique budgétaire a des composantes automatiques et des composantes
discrétionnaires :
- Les composantes contracyclique automatiques : mesures de politique budgétaire
qui annulent automatiquement une partie des fluctuations économiques. Ces composantes
automatiques ne nécessitent aucune action délibérée de la part du gouvernement. Ainsi,
l’impôt sur le revenu perdu diminue automatiquement durant une récession puisque les
chômeurs paient alors moins d’impôt sur leur revenu. De plus, les dépenses publiques
augmentent automatiquement durant les récessions, puisque les paiements des transfert du
gouvernement augmentent nécessairement. Moins ils ont d’autres revenus, plus les ménages
reçoivent des paiements de transfert.
Ces mécanismes budgétaires contracycliques automatiques sont souvent appelés
stabilisateurs automatiques parce qu’ils agissent automatiquement pour aplanir les
fluctuations économiques. Ces transferts aident les ménages à traverser des temps difficiles,
et stimulent le PIB en permettant à des millions de ménages de dépenser davantage durant
les récessions.
- Les composantes contracycliques discrétionnaires : mesures de politique
budgétaire que les décideurs adoptent délibérément en réponse aux fluctuations
économiques. Dans la plupart des cas, ces mesures consistent en un ensemble de hausses de
dépenses ciblées ou de baisses d’impôts temporaires pour atténuer les difficultés
économiques et stimuler le PIB.
Les graphiques à droit montre l’effet d’une
récession sur les finances publiques. Ces
récessions créent des déficits. De tels
déficits ont de conséquences. Quand le
gouvernement emprunte de l’argent pour
payer ses factures, il oblige implicitement
les futurs contribuables à rembourser les
dettes qu’il a contractées. Le principe de
la politique budgétaire contracyclique est
que l’augmentation des dépenses
publiques et la diminution des impôts
jouent un rôle utile dans les récessions en
accroissant les dépenses des ménages, des
entreprises et des gouvernements. Cela se
traduit par une augmentation de la
demande de travail qui déplace la courbe
de demande de travail vers la droite.

MACROÉCONOMIE !114
B. L’analyse de la politique budgétaire basée sur les dépenses
Commençons par l’identité des comptes économiques nationaux :
! Y = C + I + G + EX − IM
Pour commencer notre analyse de la politique budgétaire, supposons que la variation des
dépenses publiques ne modifie aucun des autres termes du coté droit de l’équation :
! (Y + 1) = C + I + ( G + 1) + EX − IM

Si on divise la variation du PIB par la variation des dépenses publiques, on obtient ce qu’on
appelle le multiplicateur des dépenses publiques. Si les dépenses publiques
augmentent de 1€ et font augmenter le PIB de m€, alors le multiplicateur des dépenses
publiques est :
m€
! mG =
1€
Puisqu’on a supposé que la hausse de 1€ des dépenses publiques n’augmentait aucune autre
composante du coté droit de l’équation, il faut que l’augmentation du PIB soit aussi 1€.
Autrement dit, on doit avoir ici ! m = 1. Si ! mG = 1 , une augmentation de 1€ des dépenses
publiques augmente la demande de biens et services des entreprises, déplace la courbe de
demande de travail vers la droit et accroit le PIB de 1€.
On a supposé que rien d’autre que les dépenses publiques ne change du coté droit de
l’équation, mais ce n’est pas toujours le cas. En fait, des dépenses publiques additionnelles
pourraient entrainer une augmentation de la consommation des ménages. En effet, des
dépenses publiques additionnelles pourraient stimuler l’activité économique, ce qui
augmenterait l’emploi et le salaire net, et accroitrait ainsi la consommation des ménages.
Dans ce scénario, les dépenses publiques accrues ont un effet multiplicateur qui déplace la
courbe de demande de travail vers la droite et amplifie l’effet des dépenses publiques sur
l’emploi et le PIB. Supposons que l’effet multiplicateur augmente la consommation des
ménages. On a donc :
! (Y + 2 ) = ( C + 1) + I + ( G + 1) + EX − IM

Ici le multiplicateur des dépenses publiques serait donc :


2€
!m = =2
1€
Cela signifie que, si la hausse des dépense publiques de 1€ accroit la consommation de 1€, le
PIB augmente de 2€ à chaque augmentation de 1€ des dépenses publiques.
Les partisans de la politique budgétaire basée sur les dépenses ont tendance à croire que le
multiplicateur des dépenses publiques est compris entre 1 et 2. Pour décrire implicitement cet
effet multiplicateur, ils évoquent les « retombées économiques » associées à leur projet
d’investissement public.

MACROÉCONOMIE !115
Il y effet d’éviction lorsque l’augmentation des dépenses publiques détourne partiellement
ou même entièrement les dépenses des ménages et des entreprises. Le gouvernement a besoin
d’emprunter afin d’augmenter ces dépenses. Cet emprunt augmente donc le taux d’intérêt sur
le marché du crédit, ce qui entraine un réallocation de l’épargne passant des emprunteurs
privés au gouvernement. S’il devient trop cher pour les consommateurs et les entreprises,
l’investissement privé risque de baisser lorsque le gouvernement augmente ses dépenses. Dans
ce scénario, l’investissement privé est « évincé » par l’emprunt du gouvernement, et les
dépenses publiques contracycliques ne déplacent pas la courbe de demande de travail des
entreprises vers la droit parce que l’effet expansionniste des dépenses publiques additionnelles
est annulé par l’effet de contraction causé par la baisse de l’investissement privé.
! = C + ( I − 1) + ( G + 1) + EX − IM . Dans ce cas, le multiplicateur des dépenses
Exemple : Y

publiques est : ! mG =
( −1€ + 1€) = 0
1€
Les détracteurs de la politique budgétaire contracyclique insistent sur l’importance de l’effet
d’éviction et croient que le multiplicateur des dépenses publiques est bien en dessous de 1 et
pourrait même se situer près de 0. Des autres composantes que l’investissement peuvent être
touchées comme la consommation, ou les exportations du au cout de la devise (cf. Chap. 15).
Malheureusement, nous n’avons pas de certitude envers quelle version de l’augmentation des
dépenses publiques est vraie. Si on tient compte des effets multiplicateurs et de l’effet
d’éviction, le multiplicateur des dépenses publiques se situe probablement entre 0 et 1,5 selon
l’état de l’économie. Si l’économie fonctionne bien, il est probable que l’effet d’éviction soit
soit considérables. Mais, ce qui est intéressant, c’est de savoir ce qu’on peut espérer du
multiplicateur des dépenses publiques lorsque l’économie se contracte. Si le taux d’intérêt est
déjà au plus bas alors, l’augmentation des dépenses publiques n’aura qu’un faible effet
d’éviction sur la consommation et l’investissement.
La plupart des économistes approuvent certaines dépense publiques additionnelles lors d’une
profonde récession, mais cette position reste assez controversés.

C. L’analyse de la politique budgétaire basée sur les impôts


Une politique budgétaire expansionniste peut aussi être mise en oeuvre en réduisant les
impôts. Supposons une diminution de 1€ d’impôt, le multiplicateur d’impôt est donc de 1 :
1€
! (Y + 1) = ( C + 1) + I + G + EX − IM ⇔ =1
1€
Mais une baisse d’impôt de 1€ n’augmente pas forcément le PIB de 1€. Si elle l’augment de
! m€ le multiplicateur des impôts est :
m€
! mT =
1€

MACROÉCONOMIE !116
La hausse de la consommation peut avoir des effets multiplicateurs, avec un effet domino :
augmentation de la consommation, augmentation du revenu des entreprises, augmentation
du nombre d’entreprises qui embauchent des travailleurs, augmentation du revenu des
ménages et nouvelle augmentation de la consommation. De plus, un baisse de l’impôt sur le
revenu peut amener les travailleurs à offrir davantage de travail parce que leur salaire après
impôts a augmenté. Cela déplace a courbe d’offre du travail vers la droite. Nous avons donc
par exemple :
2€
! (Y + 2 ) = ( C + 1+ 1) + I + G + EX − IM ⇔ mT = =2
1€
Par ailleurs, les réductions d’impôts peuvent produire un effet d’éviction comme celui
précédemment décrit. Comme les consommateurs essaient de dépenser davantage, les
ressources qui auraient été consacrées à l’investissement sans la baisse d’impôt risquent d’être
détournées vers la consommation :
! (Y + 1) = ( C + 2 ) + ( I − 1) + G + EX − IM

De même, comme les consommateurs essaient de dépenser davantage, les biens et services
additionnels peuvent venir d’une augmentation des importations, ce qui réduira les
exportations nettes :
! (Y + 1) = ( C + 2 ) + I + G + EX − ( IM + 1)

Si l’effet d’éviction est important, le multiplicateur des impôts est également réduit de façon
notable. Dans les deux derniers cas ! mT = 1.

Les détracteurs du recours aux baisses d’impôts pour compenser les contraction économiques
à court terme soulignent que les consommateurs soucieux d’optimiser leur bien-être peuvent
ne pas dépenser immédiatement en bonne partie de la baisse d’impôts. Autrement dit, il est
possible que la consommation n’augmente pas beaucoup suite à la baisse d’impôts. Pourquoi
les ménages se comporteraient-ils ainsi?
- Si la consommation a des rendements décroissant, les consommateurs peuvent essayer
d’optimiser leur bien-être en répartissant leurs dépenses additionnelles sur une plus longue
période plutôt que de consommer en une seule fois la totalité de la baisse d’impôts.
- Les consommateurs peuvent se dire que le gouvernement devra augmenter les impôt dans
l’avenir afin de payer pour la baisse d’impôts actuelle. Cette hausse d’impôts anticipée peut
les amener à épargner la baisse d’impôts actuelle pour être en mesure de payer la hausse
d’impôts à venir.
La tendance à épargner le montant de la baisse d’impôts sera particulièrement forte chez les
consommateurs riches qui n’ont pas de raison urgente de la dépenser immédiatement pour
consommer. Les économistes estiment que le multiplicateur des impôts se situe entre 0 et 2.

MACROÉCONOMIE !117
D. Les politiques budgétaire qui ciblent directement le
marché du travail
Lorsque de nombreux travailleurs ont perdu leur emploi et se retrouvent au chômage, les
gouvernement adoptent des politiques visant à atténuer les conséquences néfastes de cette
situation. Par exemple, le gouvernement pourrait prolonger la période d’admissibilité au
programme d’assurance emploi lors d’une récession. Des règles d’admissibilité à l’assurance
emploi plus généreuses ont des effets complexes sur le marché du travail. L’allongement
atténue les difficultés des chômeurs et leur donne plus de temps pour trouver un emploi qui
correspond à leurs compétences. Cependant, cette mesure réduit la nécessité de trouver un
nouvel emploi rapidement et fait augmenter le taux de chômage naturel. De plus, ce
déplacement de la courbe d’offre de travail vers la gauche réduit l’emploi, toutes choses égales
par ailleurs.
Par contre en augmentant le revenu des chômeurs, la prolongation de la période
d’admissibilité soutient les dépenses des ménages et limite ainsi les effets multiplicateurs
néfastes d’une baisse de l’emploi ; elle accroit la consommation des ménages ce qui déplace la
courbe de demande de travail vers la droite. Compte tenu de tout cela la prolongation des
prestations dde chômage a probablement un effet limité sur l’emploi total et sur le PIB.
Cependant, à court terme, il s’agit d’une bonne mesure.
Un autre type de politique budgétaire réduisant
le chômage durant les récessions consiste à
subventionner les salaires, ce qui favorise la
création d’emplois. Les subvention salariales
peuvent aussi être adéquates lorsque les mesures
de politiques monétaires et budgétaire
traditionnelles sont peu efficaces dans la lutte
contre le chômage. On peut voir cela sur le
graphique à droite.

E. Le gaspillage de fonds publics et les délais de transmission


de la politique économique
Les administrations publiques financent fréquemment des projets inefficaces uniquement
pour mousser leur popularité auprès de leurs électeurs. Les dépenses publiques perdent
encore plus d’efficacité lorsque des centaines de milliards de dollars de nouvelles dépenses du
gouvernement doivent être dépensés rapidement. De plus, beaucoup des projets qui ont le
rendement social le plus élevé sont déjà financé, ce qui augmente la probabilité qu’un
nouveau projet ne soit pas socialement souhaitable. Un autre déterminant de l’efficacité des
politiques basées sur les dépenses publiques est le délai entre le moment où on les adopte et
celui ou on les met en oeuvre. Malgré cela, les mesures fondées sur les dépenses publiques
restent des stratégies fort utiles.

MACROÉCONOMIE !118
5. Les politiques à la frontière du monétaire et du budgétaire
Certaines politiques contracycliques combinent les effets budgétaires et monétaires ; c’est le
cas des dépenses publiques qui visent à influer sur l’offre de crédit.
(Voir exemple TARP p. 365)

MACROÉCONOMIE !119
Chap. 14 : La macroéconomie et
le commerce international
1. Notions clés
- Le commerce international permet aux pays de se concentrer sur les activités dans
lesquelles ils détiennent un avantage comparatif.
- La Belgique a un avantage comparatif dans le secteur produits minéraux ainsi que dans le
secteur des machines et appareils.
- Le compte courant englobe les flux internationaux des exportations, des importations, des
paiements de revenu de facteurs et des transferts.
- Si son compte courant est déficitaire, un pays donne à ses partenaires commerciaux des
reconnaissances de dette financière. Si son compte courant est excédentaire, ce pays reçoit
de ses partenaires commerciaux des reconnaissances de dette financière.
- Au cours des dernières décennies, l’économie s’est mondialisée.
- Les termes de l’échange indiquent le rapport entre l’indice de prix des exportations et celui
des importations. Ils servent à déterminer combien de biens et services un pays peut
importer en faisant appel uniquement aux recettes générées par ses exportations.

2. Pourquoi et comment réalise-t-on des échanges de biens et


services
Qu’il se fasse au pays ou entre pays, le commerce améliore la qualité de vie des habitants en
augmentant l’efficacité de la production., efficacité de l’économie mondiale. Dans les
économies modernes, les biens et services sont produits par des particuliers qui se spécialisent
dans leur production.
Le commerce exploite pour cela, les gains de la spécialisation, c’est-à-dire les gains
économiques que la société réalise lorsque des travailleurs se spécialisent dans des activités
productives particulières; où ils détiennent un avantage comparatif.
Cette spécialisation permet de produire plus que si chacun d’entre nous avait produit les biens
et services par lui-même.

MACROÉCONOMIE !120
A. Avantage absolu et avantage comparatif
Un producteur possède un avantage absolu dans la production d’un bien ou d’un service
s’il peut produire davantage d’unités par heure que les autres producteurs.
Un producteur a un avantage comparatif dans la production d’un bien ou d’un service
quand le coût d’opportunité d’une unité produite par lui est inférieur au coût d’opportunité
d’une unité produite par d’autres producteurs.
Rappelons que le coût d’opportunité répond à la question : « A combien d’unités faut-il
renoncer pour produire une autre idée? ». On doit donc utiliser l’avantage comparatif plutôt
que l’avantage absolu pour déterminer quel travailleur doit être affecté à une tache.
L’une des implications les plus puissantes de l’avantage comparatif est que les prix du marché
amèneront les individus à choisir les métiers et les activités qui correspondent à leur avantage
comparatifs. Cependant, sans commerce, personne ne peut profiter de l’avantage comparatif.
Ce qui veut dire que les gens ont tendance à choisir le métier qui le rapporterait le plus, et le
commerce permet de réaliser le métier où l’on détient son avantage comparatif. (Voir ex. Jobs)

B. L’avantage comparatif et le commerce international


Un même objet est souvent constitué de plusieurs matières premières ou produits semis-finis
qui viennent du monde entier. La spécialisation explique cette multiplication des lieux de
conception et de production. Supposons que les salaires de travailleurs des deux économies
correspondent à la valeur ajoutée qu’ils génèrent. La valeur ajoutée et les prix du marché ne
peuvent donc pas être tels que les travailleurs de plusieurs pays génèrent tous une plus grande
valeur ajoutée dans l’assemblage d’un produit ou qu’ils génèrent tous une plus grande valeur
ajoutée dans la conception de ce produit. Sinon l’économie mondiale ne pourrait pas
produire à la fois les deux biens.

C. L’efficacité : les gagnants et les perdants du commerce


En exploitant l’avantage comparatif, le commerce international accroît l’efficacité de
l’économie mondiale. Les biens et services sont vendus moins chers, ce qui est bénéfique pour
les consommateurs. Les exportateurs ont eux une demande plus forte grâce au commerce, et
vont donc même pouvoir vendre à des prix plus avantageux. Mais les producteurs qui
produisent local et exposés à la concurrence de produits importés moins couteux vont perdre
à cause du commerce.
S’il permet une allocation des ressources plus efficaces et des gains potentiels pour l’ensemble
de la société, le commerce international ne fait pas que des gagnants; il va aussi créer des
perdants. (En Belgique, certains travailleurs moins qualifiés perdent leur emploi à cause du
commerce international ; car d’autres personnes peuvent réaliser ce même travail pour moins
cher.) Il faut donc envisager des politiques de redistribution des gains.

MACROÉCONOMIE !121
D. Barrières commerciales : les tarifs douaniers
Parce que le commerce international crée des gagnants mais aussi des perdants, la plupart des
pays imposent des barrières commerciales, comme des tarifs douaniers qui ont deux aspects :
l’un est de limiter les échanges, l’autre est de générer des revenus fiscaux.
Certains pays en développement utilisent des tarifs douaniers pour augmenter leurs revenus,
parce qu’ils ne disposent pas de systèmes fiscaux adéquats et qu’il leur est plus facile de taxer
l’importation qu’une activité économique intérieure. Les pays développés, eux, recourent aux
tarifs douaniers pour protéger les producteurs nationaux. Les tarifs douaniers sont
généralement bas dans ces pays. Cette protection dont jouissent les industries d’un pays se fait
au détriment des consommateurs car ceux-ci vont payer plus cher ces biens et services qui ne
sont pas exposés à la concurrence. Les pays peuvent aussi utiliser des standards techniques
pour limiter les importations. (≠standards d’émission de CO2).

E. Comment commerce-t-on?
Un pays qui ne commerce avec aucun autre pays est une économie fermée.
Une économie ouverte permet le commerce international, lequel représente importante du
PIB de la plupart des pays.

3. La composition des échanges internationaux


On peut facilement estimer le degré
d’ouverture d’une économie au commerce
international : on mesure soit le rapport
entre les exportations et le PIB, soit le
rapport entre les importations et le PIB.
(Ex : La Belgique va exporter plus dans les
secteurs des produits minéraux et des
machines, qu’importer.)
Les importations se concentrent d’avantage
que les exportations dans les secteurs des produits chimiques, des plastiques et des produits
alimentaires
En d’autres mots, la Belgique a un avantage comparatif dans le secteur produits minéraux
ainsi que dans le secteur des machines et appareils. En effet, quand un pays exporte plus que
ce qu’il importe dans un secteur, il détient un avantage comparatif. Et généralement, un
grand pays a moins besoin de commercer qu’un petit pays.

MACROÉCONOMIE !122
4. La balance des paiements internationaux : Le compte
courant et le compte capital et financier
Il n’est pas nécessaire de vendre autant de biens et services aux personnes à qui on achète des
biens et services. Le commerce bilatéral est rarement équilibré. (ex :En 2015, les importations
de biens en provenance de Chine se chiffraient à 14,7 milliards €, alors que les exportations
belges de biens vers la Chine atteignaient seulement 6,8 milliards €.) Doit-on s’en inquiéter?
Oui si cela perdure car le pays qui importe peut devenir dépendant de l’autre. De plus, d’un
point de vue financier, si on importe toujours plus que ce qu’on exporte, on aura un déficit
continuel sur le LT avec le pays, et ça peut poser problème.

A. Les déficits et les excédents commerciaux


Les exportations nettes (ou balance commerciale) sont les exportations moins les
importations (EX − IM).
Si la balance commerciale d’un pays est positive (EX > IM), on parle d’un excédent
commercial.
Si la balance commerciale d’un pays est négative (EX < IM), on parle d’un déficit
commercial.

B. Les flux financiers internationaux


Le système des comptes internationaux repose sur le concept de résidence, et non sur le
concept de citoyenneté. Deux types de paiements sont à envisager :
1) Paiements de revenus provenant de non-résidents (résidents à l’étranger du pays).
Les résidents peuvent recevoir des paiements (de l’argent) provenant de non-résidents pour 3
raisons :
• Recevoir des paiements pour la vente de biens, pour les exportations
• Recevoir des revenus provenant d’actifs qu’ils possèdent à l’étranger, ce qu’on
appelle des revenus de facteurs (de production) payés par des non-résidents.
(ex : investir dans du capital étranger, et les dividendes que l’on recevra
forment les revenus de facteurs payés par les Non-Résidents)
• Recevoir des transferts provenant de non-résidents ou de gouvernement
étrangers, ce qu’on appelle des transfert provenant de non-résidents. (recevoir
de l’argent de sa famille qui habite à l’étranger)

MACROÉCONOMIE !123
2) Paiements de revenus aux non-résidents.
• Faire des paiements à des non-résidents pour l’achat de biens, ce sont les
importations
• Payer des revenus sur des actifs que des non-résidents possède au pays,
autrement dit « les revenus de facteurs payés des non-résidents »
• Faire des transferts à des non-résidents ou à des gouvernements étrangers,
« les transferts à des non-résidents » (ex : argent qu’un résident canadien
envoie à sa famille en Haïti fait partie des transferts à des non-résidents)

C. Le fonctionnement du compte courant et du compte


capital financier
Le compte courant additionne les divers types de paiements faits à des résidents par des
non-résidents. Il fait la somme des exportations nettes, des revenus de facteurs nets provenant
de l’étranger et des transferts nets des non-résidents aux résidents.

Le compte courant donne le flux net des paiements faits par des non-résidents à des
résidents.

Le compte capital et financier consigne l’augmentation des actifs au pays détenus par des
non-résidents moins l’augmentation des actifs étrangers détenus par des résidents. Autrement
dit, il enregistre les achats d’actifs que les résidents font auprès de non-résidents et que les
non-résidents font auprès de résidents.

MACROÉCONOMIE !124
Notons que le compte capital et financier (contrepartie du compte courant) est conçu et défini
de manière que ses flux nets compensent les flux nets du compte courant.
Compte courant + Compte capital et financier = 0

Explication : Les non-résidents ont reçu 1670€ de paiements nets, ce qui correspond à un
déficit de compte courant de 1670€. Le compte capital et financier, lui, indique que les
résidents ont cédé aux non-résidents des actifs d’une valeur de 1670€.
Un déficit du compte courant signifie qu’un pays a dépensé plus que ce qu’il a gagné. Il doit
donc fiancer ce déficit en liquidant des actifs financiers qu’il a accumulés ou en empruntant
les fonds qu’ils ne possèdent pas (ou les deux). Un pays peut dépenser davantage que ce qu’il
ne gagne uniquement s’il se trouve un moyen de financer ce supplément de dépenses. Il
obtient ce financement soit en vendant des actifs qu’il possède à des non-résidents, soit en
empruntant des fonds à des non-résidents. Par conséquent, les déficits du compte courant
doivent correspondre aux flux nets du compte capital et financier. L’excédent du compte
capital et financier accroit la dette étrangère du pays.
Un pays qui exporte systématiquement plus que ce qu’il importe va obtenir de + en + de
droits et d’actifs à l’étranger. Et inversement, si on importe plus, les étrangers vont obtenir
plus de droits chez nous.

5. Les termes de l’échange


On appelle termes de l’échange le rapport entre l’indice de prix des exportations et celui
des importations. Ils servent à déterminer combien de biens et services un pays peut importer
en faisant appel uniquement aux recettes générées par ses exportations. Lorsque l’indice
augmente, il y a amélioration des termes de l’échange, sinon il y a détérioration des termes de
l’échange.
Si le prix moyen des exportations augmente plus par rapport au prix moyen des importations,
le pays pourra importer davantage de biens et services avec le même volume d’exportations,
puisque je peux acheter plus grâce à mes exportations. (amélioration des termes de l’échange).

MACROÉCONOMIE !125
Et inversement si les termes de l’échange diminue, ce qui veut dire que le prix des
exportations a diminué plus que le prix des importations, et donc je peux acheter moins.
L’effet des termes de l’échange sur le pouvoir d’achat dépend de deux choses : l’ampleur et la
variation des termes de l’échange et l’importance du commerce international par rapport au
PIB.
=> Dans quelles circonstances les termes de l’échange s’améliorent-ils en Belgique?
Quand les produits pour lesquels la Belgique est un exportateur net augmentent en prix.

B. Le « mal » hollandais
Le mal hollandais est une situation qui se présente surtout dans les pays qui ont un secteur de
ressources naturelles assez important. Il se crée si le pays va s’hyperspécialiser dans le secteur
d’activité des ressources naturelles, puisque celui-ci fait baisser le secteur manufacturier et
engendre des potes d’emplois (moins de disponibilités pour le travail). En effet, le problème est
que les ressources naturelles sont épuisables, donc n’existe pas sur le LT, et une fois utilisées, le
pays qui aura concentrer son économie sur elles n’aura tout simplement plus d’économie.
Le « mal » hollandais est en soi un processus sain par lequel un pays adapte sa structure
industrielle pour tirer le plus de revenus possible d’un changement dans ses avantages
comparatifs.

C. A l’épreuve des faits


Les entreprises comme Nike nuisent-elles à des travailleurs du Vietnam ?
Réponse : Les travailleurs et travailleuses du Vietnam qui fabriquent les chaussures sport Nike
reçoivent des salaires extrêmement bas et travaillent dans des conditions très en deçà des
normes de santé et de sécurité des pays développés. Néanmoins, pour la plupart d’entre eux,
la seule solution de rechange serait le travail dans le secteur agricole, où les salaires sont
encore plus bas et les conditions de travail encore pires.
Autre approche : Sous-payer des personnes dans un pays en voie de développement n’est pas
spécialement négatif car c’est favorable au développement économique. Il faut cependant
faire attention à l’hyperspécialisation qui pourrait engendre une dépendance (cfr mal
hollandais)

MACROÉCONOMIE !126
MACROÉCONOMIE !127
Chapitre 15 : La macroéconomie
en économie ouverte
1. Notions clés
- Le taux de change nominal est le nombre d’unités d’une devise étrangère qu’on peu acheter
avec une unité de la devise nationale.
- Dans un régime de change flexible (ou flottant), l’offre et la demande déterminent le taux de
change nominal sur le marché des changes.
- Les taux de change fixes ou administrés sont déterminés par le gouvernement.
- Le taux de change réel est le prix d’un panier de biens et services produits dans un pays par
rapport à un panier semblable produit à l’étranger, prix qui est exprimé dans une devise
commune. Puisqu’il s’agit d’un prix relatif (celui des biens et services au pays par rapport à
celui des biens et services à l’étranger), c’est le taux de change réel qui influe sur les
exportations nettes d’un pays.
- Une baisse des exportations nettes réduit la demande de travail et le PIB, et peut causer du
chômage.

2. Les taux de change


A. Le taux de change nominal
Le taux de change nominal est le prix de la devise d’un pays en unités de la devise d’un autre
pays. Plus précisément, le taux de change nominal est le nombre d’unités d’une devise
étrangère qu’on peut acheter avec une unité de la devise nationale. Le taux de change
nominal est parfois simplement appelé « taux de change ». Dans ce chapitre, on distinguera le
taux de change réel et nominal. On peut calculer le taux de change nominal (e) par :

unités de devise étrangère


e=
1 unité de devise nationale

Plus la valeur de « e » est élevée, plus on peut acheter d’unités d’une devise étrangère avec 1$
CA (pour le canada, par exemple). Quand un taux de change nominal augmente, on dit que
la devise nationale s’apprécie par rapport à cette devise étrangère. Quand un taux de change
nominal descend, on dit que la devise nationale se déprécie par rapport à cette devise
étrangère.
L’appréciation d’une devise ne se fait jamais dans l’absolu : une devise s’apprécie toujours
PAR RAPPORT à une autre.

MACROÉCONOMIE !128
Si on a le prix d’un bien en une certaine devise (disons Y), comment le transformer en notre
devise (Disons X) ?
X
PRIX en X = PRIX enY ×
Y
1
= PRIX enY ×
e

B. Les taux de change fixes, flexibles et administrés


- Un pays a un taux de change flexible (ou flottant) quand le taux varie sans intervention
gouvernementale, ou presque. Chaque jour, il monte au descend en fonctions des forces du
marché.
- Par ailleurs, un gouvernement peut établir la valeur du taux de change et intervenir pour la
maintenir. Dans ce cas, le pays a un taux de change fixe.
- Il existe un cas intermédiaire, le taux de change administré. Cela signifie que le
gouvernement influe sur ses variations.
Les taux de change fixes ou administrés assurent une plus grande stabilité économique et peu
faciliter le commerce international.

3. Le marché des changes


Le marché des changes est le marché financier mondial ou s’échangent les devises et où se
déterminent les taux de change nominaux. La taille de ce marché est phénoménale. En 2013,
une valeur moyenne de 5345 G$ US par jour s’est échangée sur le marché des changes.
Comment expliquer cela ? Dans les faits, la demande ( et donc aussi l’offre) de devises sur le
marché des changes est une demande (ou une offre) intermédiaire. En effet, cela signifie que
la plupart des négociants qui demandent (ou offrent) une devise sur le marché des changes ne
le font qu’en fonction d’une autre demande. Ainsi, les objectifs fondamentaux du négociant
qui demandent une devise seront :
- d’acheter des biens et services dans cette devise sur le marché international;
- de convertir dans sa propre devise des revenus qui ont été générés à l’étranger;
- d’acheter un actif étranger;
- de spéculer sur les variations de taux de change pour faire un profit.
Puisque toute transaction transfrontalière , qu’elle soit de nature réelle, financière ou
spéculative, implique presque systématiquement un échange de devises à un moment ou un
autre, ce marché atteint nécessairement une taille considérable.
Comme pour les autres marchés, les courbes d’offre et de demande déterminent le prix
d’équilibre, qui est le taux de change d’équilibre sur le marché des changes. L’encadré 15.3
illustre les courbes d’offre et de demande sur le marché des changes.

MACROÉCONOMIE !129
Dans un régime de taux de change flexible,
le taux de change est déterminé par
l ‘équilibre du marché des changes; il
correspond donc au taux de change qui
égalise la quantité offerte et la quantité
demandée de dollars canadiens. Le
déplacement vers la droite de la courbe de
demande de dollars canadiens fait monter le
taux de change d’équilibre yuan chinois-
dollar canadien, ce qui signifie que 1$ CA
permet maintenant d’acheter davantage de
yuans chinois. Imaginons une demande accrue pour certains biens au niveau de la Chine,
cela va entrainer une appréciation du dollar canadien par rapport au yuan chinois, comme vu
précédemment. Ainsi, le yuan se déprécie par rapport au dollar canadien.

A. Comment les gouvernements interviennes-ils sur le


marché des changes?
Comment s’établit l’équilibre lorsque le taux de change n’est pas flexible ? Quand un
gouvernement tente d’influer sur la valeur de son taux de change, les économistes parlent
d’un régime de change administré ou fixe.
La simple annonce d’un taux de change cible a peu ou pas d’effet sur le taux de change qui
s’établit sur le marché des changes.

MACROÉCONOMIE !130
B. Maintenir un taux de change surévalué
L’encadré 15.5 peut laisser croire
qu’il est facile de maintenir un taux
de change fixe. Les autorités
chinoises ont acheté les dollars
américains excédentaires sur le
marché des changes et se sont
constitué des réserves dans cette
devise. En échange, elles ont offert la
quantité nécessaire de yuan au taux
de change fixé. Cette opération est relativement simple à réaliser pour un pays qui possède sa
propre monnaie nationale, comme la Chine. Les pays qui sont « monétairement souverains »
ont le droit d’imprimer ou de créer électroniquement autant d’unités de leur devise qu’ils le
souhaitent. Maintenir un yuan sous-évalué semble donc faisable, du moins à court terme.
Cependant, il n’est pas aussi facile de maintenir un taux de change lorsque votre monnaie est
surévaluée.
Les pays tentent parfois de fixer leur taux de change à un niveau qui surévalue leur propre
monnaie. Pour comprendre pourquoi, prenons l’exemple du Mexique et analysons la taux de
change peso mexicain-dollar américain en respectant la conventions voulant que le taux de
change se mesure en pesos mexicains par dollar américain. Pourquoi le gouvernement
mexicain souhaiterait-il un peso mexicain surévalué et un dollar américain sous-évalué ?
La plupart des pays empruntent régulièrement des fonds à des prêteurs étrangers. Etant
donné l’instabilité relative de la devise intérieure des pays en développement comme le
Mexique, il n’est pas rare que ces prêts internationaux se fassent en dollars américains. Les
emprunteurs mexicains reçoivent donc des dollars américains quand ils contractent des prêts
et, lorsque ces prêts arrivent à terme, ils les remboursent en dollars américains, et non en
pesos mexicains. Pour prendre un exemple chiffré, disons que le gouvernement mexicain doit
1G$ US à des banques américaines. Si le taux de change peso-dollar est de 10, ce qui signifie
qu’il faut 10 pesos pour acheter un dollar, le gouvernement mexicain a besoin de 10G$ MX
pour rembourser sa dette.
Supposons maintenant qu’à un taux de change de 10$ MX par dollar américain, le peso
mexicain est surévalué ( et le dollar sous-évalué), et que le prix d’équilibre du marché dans un
régime de change flexible est plutôt de 20$ MX par dollar américain. Qu’arrive-t-il si le
gouvernement mexicain permet à son peso surévalué de se déprécier? Cette décision a
plusieurs répercussions, dont l’une est que le gouvernement mexicain doit maintenant
renoncer à 20G$ MX plutôt qu’à 10G$ MX pour rembourser sa dette qui est toujours de
1G$ US. Permettre au peso mexicain de se déprécier, et donc au dollar américain de
s’apprécier, a soudainement doublé le nombre de pesos nécessaires pour rembourser la dette
en dollars américains du gouvernement mexicain. Une dépréciation du peso peut donc

MACROÉCONOMIE !131
mettre énormément de pression sur les finances publiques mexicaines et placer les autorités
dans une situation embarrassante.
Un peso surévalué a d’autres avantages pour le Mexique. Ainsi, il réduit le cout en pesos
mexicains que paient les consommateurs mexicains pour importer des marchandises
provenant des USA. En gardant son peso surévalué, le gouvernement mexicain peut donc
maintenir des prix bas et un taux d’inflation faible.
Les pays ont une autre raison de maintenir leur taux de change surévalué : la dépréciation
d’une monnaie est souvent perçue comme un échec des politiques gouvernementales, un
signe de faiblesse du gouvernement ou du pays. Cette dépréciation peut être problématique
pour les politiciens des pays démocratiques, ce qui explique la politique du « dollar fort »
pratiquée par le département du Trésor des USA.
Un taux de change surévalué
peut être soutenu tant que le
pays dispose des réserves en
devises nécessaires mais pas
indéfiniment. Si le taux de
change peso-dollar est trop
faible par rapport au taux de
change que dictent l’offre et la
demande, la demande de dollars
américains reste excédentaire. Cette demande excédentaire continuera a drainer les réserves
de dollars américains des autorités mexicaines qui s’efforcent de maintenir le peso surévalué.
Les forces du marché exercent souvent une pression sur les marché financiers, y compris sur le
marché des changes, ramenant les prix à leur niveau d’équilibre, quoi que le gouvernement
tente de faire. Dans certains cas, cette pression s’exerce progressivement. Dans d’autres, la
pression finit par avoir des répercussions explosives (voir pages 418-419). Un taux de change
surévalué peut être soutenu tant que le pays dispose de réserves en devises nécessaires mais
pas indéfiniment.

4. Le taux de change réel et les exportations


Jusqu’ici, on a mis l’accent sur le taux de change nominal, c’est-à-dire le taux de change
qu’on voit tous les jours dans le journal et qui égalise la quantité offerte et la quantité
demandée de devises sur le marché des changes. Cependant, c’est le taux de change réel
qui est crucial pour la macroéconomie et le commerce.

MACROÉCONOMIE !132
A. Du taux de change nominal au taux de change réel
De manière générale, pour comparer le prix implicite une devise d’un bien fabriqué dans un
autre pays, et le prix de ce même bien dans cette même devise fabriqué dans notre pays, les
entreprises intéressent au ratio suivant (exemple des jouets page 420):

PRIX en devise X pour unbien dans le pays X


PRIX en devise X pour ce mêmebien dans le paysY

Si ce ratio est supérieur à 1, le bien dans notre pays est plus cher que ce même bien dans
l’autre pays, et on se fournira pour ce bien dans cet autre pays (import). Si ce ratio est
inférieur à 1, le bien en question est moins cher chez nous, on se fournira donc chez des
fournisseurs du pays. Ce ratio résume deux types d’informations : les prix des biens dans leur
monnaie nationales respectives et le taux de change X—>Y qui permet de convertir en devise
X un bien en devise Y. Le numérateur n’est que le prix que les fournisseurs de notre pays
communiquent à notre entreprise.
Pour calculer le prix de jouet dans l’autre pays en devise de notre pays (X), il faut utiliser cette
équation, comme vu précédemment :

En réunissant ces données et ces deux équations, on a le ratio initial qui s’écrit :

PRIX en devise X pour unbien dans le pays X PRIX en devise X pour unbien dans le pays X
=
PRIX en devise X pour ce mêmebien dans le paysY PRIX en deviseY pour ce mêmebien dans le paysY × 1
e
PRIX en devise X pour unbien dans le pays X × e
=
PRIX en deviseY pour ce mêmebien dans le paysY

Comme ce ratio est au coeur des décisions d’approvisionnement de chaque entreprise, les
économistes l’appellent le taux de change réel. Le taux de change réel d’une devise X est
le rapport entre le prix en X d’un panier de bien et service pour le pays X divisé par le prix en
X du même panier de biens et services à l’étranger.

B. Le comouvement des taux de change nominal et réel


L’équation précédente, montre que le taux de change réel dépend en partie du taux de
change nominal et en partie du rapport entre les prix d’un pays X et d’un autre Y. Si les prix
dans le pays X et dans le pays Y ne répondent pas à une variation du taux de change
nominal, le taux de change réel devrait varier dans la même proportion que le taux de change
nominal. C’est ce qui semble se produire à court terme. Toutefois, on n’observe pas la même
chose que l’on observe à long terme. Dans le graphique ci-contre, on voit qu’à court terme, le

MACROÉCONOMIE !133
taux de change nominal et réel s’apprécient
et se déprécient conjointement.
Cependant, ce graphique montre aussi qu’il
y a des mouvements du taux de change réel
qui ne sont pas associés à des variations de
taux de change nominal. Ce phénomène
s’observe plus facilement de 1981 à 2003,
période durant laquelle le taux d’inflation
canadien était en moyenne supérieur au
taux d’inflation américain, ce qui fait
augmenter le ratio des prix au Canada, et
des prix aux Etats-Unis. Lorsque les devises
flottent et que les taux d’inflation sont
modestes, la plupart des variations du taux
de change réel s’expliquent par l’évolution
du taux de change nominal, et non par la dynamique des taux d’inflation.

C. Le taux de change réel et les exportations nettes

On se souvient que les exportations nettes correspondent aux exportations moins les
importations :

Exportations nettes = EXPORTATIONS − IMPORTATIONS

Le graphique de l’encadré 15.10 montre la courbe des exportations nettes, XN(E), qui illustre
la relation entre les exportations nettes (XN) et le taux de change réel (E). Cette courbe a une
pente négative parce que, quand le taux de change réel yuan chinois-dollar américain
s’apprécie (ce qui suppose une valeur E plus élevée), les exportations canadiennes vers la

MACROÉCONOMIE !134
Chine tendent à diminuer, et les importations canadiennes en provenance de Chine tendent à
augmenter.
Notez aussi que, dans ce graphique, il y a un taux de change réel (E*) auquel les exportations
nettes sont égales à 0. Lorsque le taux de change réel est au-dessus de E*, les exportations
nettes sont négatives (déficit commercial), et lorsque le taux de change réel est en-deçà de E*,
les exportations nettes sont positives (excédent commercial). Le taux de change réel ne peut
généralement pas rester au-dessus de E*, parce que les déficits commerciaux importants
tendent à être insoutenables. Un déficit commercial important et persistant amène un pays à
s’endetter auprès de ses partenaires commerciaux internationaux. Tôt ou tard, ces pays
étrangers craindront que ce pays ne soit plus en mesure de remplir ses engagements et ils
commenceront à délaisser
les actifs canadiens sur les
marchés mondiaux, ce qui
entrainera une
dépréciation du taux de
change nominal du dollar
canadien, lequel
descendra de E à E*.

5. Le PIB dans une économie ouverte


Nous allons maintenant analyser les conséquences macroéconomiques des variations du taux
de change réel (appréciation du taux de change réel). Pour comprendre les conséquences de
cette variation, revenons à l’identité des comptes économiques nationaux étudiée au chapitre
5:

Y = C + I + G + EX − IM

L’appréciation du taux de
change réel réduit les
exportations nettes et fait
baisser le PIB.
Pour illustrer la réaction du
PIB aux variations des
exportations nettes,
supposons que le dollar
canadien s’apprécie et que les
exportations nettes déclinent.
Plus précisément, la
demande étrangère de

MACROÉCONOMIE !135
certains produits canadiens diminue parce que l’appréciation du dollar canadien a rendu les
produits canadiens plus chers pour les étrangers. Cette baisse de la demande de ces produits
déplace vers la gauche la courbe de demande de travail des producteurs dans ce secteur
d’activité. Comme le montre l’encadré 15.12, le déplacement vers la gauche de la courbe de
demande de travail causé par l’appréciation du dollar se traduit par une baisse de l’emploi et
crée une nouvelle cohorte de travailleurs au chômage.
On doit aussi tenir compte des effets multiplicateurs étudiés au chapitre 12. Ainsi, les pertes
d’emplois dans une industrie exportatrice entraînent du chômage, et les nouveaux chômeurs
réduisent leur consommation, ce qui nuit à d’autres industries. Les effets multiplicateurs d’une
baisse des exportations nettes peuvent donc entraîner une contraction de l’économie plus
importante que celle qui aurait résulté du seul effet direct de cette baisse des exportations
nettes.

A. Taux d’intérêt, taux de change et exportations nettes


Partons du taux de change réel E1 , comme dans l’encadré 15.10 et supposons qu’une
politique monétaire expansionniste fait baisser le taux d’intérêt au pays. Cette baisse pousse
les étrangers à réduire leurs avoirs en dollars canadiens (rendement moins avantageux pour
eux). Mais, pour ce faire, ils doivent échanger des dollars canadiens contre des euros ou des
dollar américains, par exemple, ce qui accroit l’offre de dollars canadiens. Sur le marché des
changes, l’offre accrue de dollars canadiens déplace la courbe d’offre de dollars vers la droite.
Comme le taux de change canadien est flottant, cette offre accrue de dollars entraine une
dépréciation du dollar canadien, par rapport à l’euro ou au dollar américain.
Dans l’encadré 15.10, cette dépréciation se traduit par une baisse du taux de change réel,
disons de E1 à E*, ce qui fait grimper les exportations nettes de XN1 < 0 à XN = 0. En
résumé, la baisse des taux d’intérêts canadiens entraine, toutes choses égales par ailleurs, une
dépréciation du dollar canadien, une baisse du taux de change réel de la devise canadienne et
une augmentation des exportations nettes canadiennes.
Une politique monétaire restrictive aura évidemment l’effet inverse. Si la banque du Canada
relève le taux d’intérêt du pays, cela rend les actifs en dollars canadiens plus avantageux, ce
qui pousse les étrangers à s’en procurer davantage. L’augmentation des achats d’actifs en
dollars canadiens déplace la courbe de demande de dollars vers la droite, ce qui entraine une
application du taux de change nominal d’équilibre, de sorte que le taux de change réel
s’apprécie également, et que les exportations nettes diminuent.
En résumé, la banque du Canada peut accroitre les exportations nettes en
abaissant les taux d’intérêt au pays, ou elle peut réduire les exportations nettes
en haussant les taux d’intérêt au pays.

MACROÉCONOMIE !136
B. Retour sur le mercredi noir
Le scénario qu’illustrent les encartés 15.10 et 15.13 décrit l’économie britannique au début
des années 1990, soit une économie qui tourne au ralenti à cause de la surévaluation de sa
devise. En effet, comme dans l’encadré 15.10, l’économie britannique se situait au taux de
change réel E1 (>E*) et le niveau d’emploi correspondait à L1 comme dans l’encadré 15.13.
Pourquoi les autorités britanniques pensaient-elles pouvoir soutenir la livre malgré la
surévaluation? Et bien car ils croyaient cette surévaluation passagère.
L’optimisme des autorités britanniques n’était pas entièrement infondé. Nous avons déjà
montré comment la baisse du taux de change nominal peut éliminer la surévaluation d’une
devise. Il existe toutefois une autre solution, que le pays ait ou non un régime de change
flexible. A cause de la baisse des exportations nettes illustrées dans l’encadré 15.10, les
entreprises nationales auraient pu réduire leurs prix pour devenir plus concurrentiels sur le
marché mondial. Ce geste aurait du réduire le ratio des prix nationaux au prix étrangers, ce
qui aurait abaissé le taux de change réel du Royaume-Uni. Rappelons que le taux de change
réel est :

PRIX nationaux × e
E=
PRIX étrangers

Une baisse du ratio des prix nationaux aux prix étrangers (si e reste fixe) se serait donc
traduite par une dépréciation du taux de change réel, et donc par un accroissement des
exportations nettes, par une augmentation de la demande de travail et par une hausse du PIB.
En 1992, les autorités britanniques anticipaient une baisse des prix britanniques par rapport
au prix de leurs partenaires commerciaux, ce qui aurait éliminé la surévaluation de la live
sterling et favorisé les exportations de biens et services britanniques. Cependant, de telles
variations des prix mettent beaucoup de temps à se produire, ce que les autorités britanniques
n’ont pas réalisé tout de suite. Quand elles l’ont compris, la surévaluation de la livre sterling
avait déjà considérablement réduit les exportations nettes et entrainé une grave récession. Le

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taux de change réel montrait peu de signes de dépréciation, et les réserves britanniques de
devises étrangères s’épuisaient, la table était mise pour le Mercredi noir et pour la forte
dépréciation du taux de change nominal de la livre sterling qui s’ensuivit.
Conformément aux modèles présentés dans ce chapitre, la dépréciation de la devise
britannique en ce Mercredi noir a abaissé le taux de change réel de la livre, accru les
exportations nettes britanniques et augmenté d’autant le PIB. En fait, après le Mercredi noir,
l’économie britannique s’est si bien portée (taux d’accroissement annuel de 3,6%) que certains
consommateurs se sont mis à appeler la journée où Soros a fait sauter la banque d’Angleterre
le « Mercredi Blanc ». Le régime de change fixe semble avoir été préjudiciable à l’ économie
britannique, et laisser les forces du marché déterminer le cours de la livre s’est finalement
révélé être la meilleure politique.

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