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GESTION
Économie Politique :
Macroéconomie
Louis Kennis
Antoine Roex
JOUSTEN. A
Bloc 1 Quadri 2
MACROÉCONOMIE !1
Chap. 1 : Principe et applications
1. Notions clés
- L’économie est l’étude des choix que font les individus
- L’économie comporte trois grands principes :
- Volonté des individus d’optimiser leur bénéfice, ils essayent de privilégier l’option qui
leur apportera le plus grand bénéfice net, compte tenu de l’information dont ils disposent
- Tendance des systèmes économiques à tendre vers naturellement vers l’équilibre,
situation dans laquelle personne n’a avantage à changer son propre comportement
- L’empirisme, type d’analyse qui s’effectue à l’aide de données qu’utilisent les
économistes pour tester des théories et déterminer la cause de phénomènes ou
évènements
2. Le champ de l’économie
A. Les agents et ressources économiques
- L’agent économique est un individu ou un groupe d’individu qui fait des choix.
- Les ressources sont rares si elles sont disponibles en quantité insuffisante, compte tenu
des besoins des agents économique
- La rareté décrit le fait que les besoins illimités ne peuvent être comblés dans un monde où
les ressources sont limitées
Nous pouvons donc en conclure une définition de l’économie. L’économie est la science qui
étudie les choix des agents économiques aux prises avec la rareté ainsi que la façon dont ces
choix influent sur la société
MACROÉCONOMIE !2
C. La microéconomie et la macroéconomie
L’économie est divisée en deux grands domaine d’études :
- La microéconomie : étude des choix que font les individus, les ménages, les entreprises et
les gouvernements, ainsi que des conséquences de ces choix sur les prix, l’allocation des
ressources et le bien-être d’autres agents.
- La macroéconomie : étude des phénomènes économiques globaux comme le taux de
croissance de l’économie nationale, le taux d’inflation ou encore le taux de chômage.
4. L’optimisation
A. Compromis et contraintes budgétaires
Pour comprendre l’optimisation il faut comprendre ce qu’est un compromis. Un agent
économique fait un compromis lorsqu’il doit renoncer à une chose pour en obtenir une
autre.
Pour décrire les compromis, les économistes se servent de la notion de contrainte
budgétaire, qui est la gamme de biens ou de services qu’un consommateur peut se
permettre d’acquérir tout en respectant son budget
B. Le cout d’opportunité
Le coût d’opportunité est la meilleur option à laquelle il faut renoncer lorsqu’on fait un
choix. Pour faciliter l’analyse du cout d’opportunité, il est possible de lui attribuer une valeur
en argent. Le cout d’opportunité de notre temps représente au moins le bénéfice net qu’on
pourrait tirer d’une heure de travail. Mais si une autre option est choisie à la place du travail
alors la valeur de cette option est plus élevée que celle du travail.
MACROÉCONOMIE !3
C. L’analyse coût-bénéfice
L’analyse cout-bénéfice est une méthode de calcul qui consiste à additionner les coûts et
les bénéfices en utilisant une unité de mesure commune. Grâce à cette technique il est possible
de trouver l’option qui a le bénéfice net le plus élevé. Pour un économiste, analyse cout-
bénéfice et optimisation sont synonymes. Choisir l’option qui rapporte le plus grand bénéfice
net est comme faire un choix optimal. L’analyse cout-bénéfice est donc une analyse
normative.
5. L’équilibre
L’équilibre est donc la situation dans laquelle tous les agents économiques optimisent
simultanément leurs choix de sorte qu’individuellement, personne n’a avantage à modifier son
propre comportement. Ou plutôt la situation ou personne n’a l’impression qu’un changement
de son propre comportement lui serait profitable. (exemple de la file d’attende p. 14)
Cependant, dans un équilibre peut apparaitre un passager clandestin. Le passager
clandestin est une personne qui profite d’un bénéfices, d’un bien-être sans en payer le cout.
(exemple du colocataire p.14)
6. L’empirisme
Les économistes vérifient
leurs idées à l’aide de
données, on appelle cela
l’empirisme. Cependant,
il arrive que les théories ne
soit pas vérifiée, il faut donc
remonter à la case départ et
élaborer de meilleures
théories. C’est ainsi que la
science avance. Pour tout
cela, il faut aussi
comprendre la cause des
évènements. On appelle
cela la causalité. Mais
parfois, il est difficile de
distinguer la cause et l’effet
et il ne faut pas les
confondre.
MACROÉCONOMIE !4
Chap. 2 : méthodes économiques
1. Notions clés
- Un modèle est une description simplifiée de la réalité
- Les économistes se servent de données pour évaluer la performance des modèles et
comprendre comment le monde fonctionne
- Une corrélation entre deux variables ne suppose pas nécessairement une relation de cause à
effet
- L’expérimentation aide les économistes à établir l’existence de relations de cause à effet
entre des variables.
- La recherche en économie se concentre sur les questions importantes pour la société
auxquelles on peut répondre en se servant de modèles et de données.
2. La méthode scientifique
La méthode scientifique est un processus continu que suivent les économistes et autres
scientifiques pour mettre au point des modèles qui décrivent le monde et pour vérifier ces
modèles à l’aide de données.
Les économistes ne s’attendent pas à ce que ce processus leur révèle le « véritable » modèle de
la réalité car le monde est bien trop complexe. Cependant, ils cherchent à repérer des
modèles qui leur sont utiles pour mieux comprendre les grands principes qui gouvernent le
monde. Ces modèles peuvent être vérifié à l’aide de l’analyse empirique.
A. Modèles et données
Un modèle est une description ou un représentation simplifiée de la réalité. Parfois les
économistes appellent cela une « théorie ». Donc un modèle simple et utile est plus important
qu’un modèle parfaitement fidèle à la réalité.
Tous les modèles scientifiques font des prédictions qu’on peut vérifier à l’aide de données. Les
données sont des faits, des mesures ou des statistiques qui décrivent le monde. De ces
données il est possible de créer des preuves empirique, constituées d’un ensemble de faits
établis par des observations et des mesures, qui sont utilisés pour tester un modèle.
Les économistes considèrent que leurs prédictions se rapportant à un modèle sont des
hypothèses. Les hypothèses sont des prédictions (habituellement fondées sur un modèle)
qui peuvent être confirmées ou infirmées à l’aide de données.
MACROÉCONOMIE !5
3. Causalité et corrélation
C’est une erreur de penser que la corrélation signifie la causalité. En effet, il y a causalité
lorsqu’une chose influe directement sur l’autre. C’est le rapport de cause à l’effet qu’elle
produit. C’est différent pour une corrélation. Une corrélation est le rapport entre deux
choses qui sont en relation l’une avec l’autre : lorsque l’une change, l’autre change également.
Il y a un certain rapport qui pourrait avoir l’air de cause à effet, mais une corrélation peut
exister en l’absence d’une cause.
Les corrélations sont d’ailleurs composées de variables. Une variable est un facteur qui est
susceptible de prendre valeurs différentes. Il est cependant dans certains cas qu’il y ait
présence de variables omises. Une variable omise est une variable qui a été exclue d’une
étude possiblement par inadvertance, et qui, une fois incluse, explique la corrélation entre les
deux variables à l’étude.
Un autre problème nous empêche de distinguer la corrélation de la causalité, la causalité
inverse. Il y a causalité inverse lorsque la perception d’un effet précède celle de sa cause.
(exemple p. 30)
L’un des moyens d’établir l’existence d’une relation de cause à effet est l’expérimentation.
L’expérimentation est une méthode contrôlée qui permet d’isoler une relation de cause à
effet entre des variables. Pour mener de telles études, les chercheurs forment un groupe au
hasard de témoin. Cette technique est appelée la randomisation, l’affectation aléatoire des
sujets d’une étude, soit à un groupe expérimental, soit à un groupe témoin.
Une autre façon d’étudier les données selon une expérience dite « naturelle ». Une
expérience naturelle est une étude empirique dans laquelle un processus ou un événement
indépendant de la volonté du chercheur qui entraine un répartition (quasi) aléatoire des sujets
entre des groupes expérimentaux et des groupes témoins
MACROÉCONOMIE !6
Chap. 3 : L’optimisation
1. Notions clés
- Lorsqu’ils choisissent la meilleure option réalisable, les agents économiques optimisent
leur choix
- L’optimisation en absolu est le calcul du bénéfice net total de différentes options pour
choisir la meilleure
- L’optimisation à la marge est le calcul du changement du bénéfice net lorsqu’on passe
d’une option à une autre et qu’on utilise des comparaisons à la marge pour choisir la
meilleure option
- L’optimisation en absolu et l’optimisation à la marge donnent des réponses identiques
3. Optimisation en absolu
Afin de trouver l’optimum, la meilleur option réalisable, il faut :
- Transposer tous les couts et bénéfices en une unité de mesure commune
- Calculer le bénéfice net total de chacune des possibilités
- Choisir l’option qui offre le bénéfice net le plus élevé
Pour vérifier les modèles économiques on peut utiliser la statistique comparative. La
statistique comparative est une méthode de comparaison des résultats économique avant
et après la modification de certaines variables économique
MACROÉCONOMIE !7
4. Optimisation à la marge
L’analyse coût-bénéfice qui porte sur la différence entre une option réalisable et la prochaine
option réalisable s’appelle l’analyse marginale. L’analyse marginale compare les
conséquences de l’ajout d’une unité à quelque chose.
L’analyse marginale ne change jamais la réponse finale à la question « Quelle est l’option
optimale? », mais elle change la façon d’aborder la question de l’optimisation.
Cependant, pour optimiser à la marge, il faut calculer le cout marginal. Le cout marginal
est le cout additionnel généré par le passage d’une option réalisable à la prochaine option
réalisable.
Grace au cout marginal et selon le principe d’optimisation à la marge, le choix de
l’option réalisable optimale est le plus avantageux, alors qu’y renoncer est désavantageux.
L’optimisation à la marge se fait donc en trois étapes :
- Transposer tous les coûts et bénéfices en une unité de mesure commune
- Calculer les conséquences marginales du passage d’une option à la suivante
- Appliquer le principe d’optimisation à la marge en choisissant la meilleure option, soit celle
qui tend à améliorer la situation si on l’adopte, et à la détériorer si on y renonce
MACROÉCONOMIE !8
Chap. 4 : L’offre et la demande
1. Notions clés
- Sur un marché parfaitement concurrentiel, tous les vendeurs vendent un bien ou un
service identique (condition 1), et aucun acheteur ni aucun vendeur ne peut à la seul influer
sur le prix du marché de ce bien ou ce service
- La courbe de demande illustre la relation entre le prix du marché et la quantité de biens
demandée par les acheteurs
- La courbe d’offre illustre la relation entre le prix du marché et la quantité de biens
fournies par les vendeurs
- Le prix d’équilibre concurrentiel est le prix auquel la quantité demandée est égale à la
quantité offerte
- Lorsque les prix ne peuvent pas fluctuer librement, l’égalité entre la quantité demandée et
la quantité offerte ne peut plus se faire sur le marché
2. Les marchés
Le terme marché désigne un groupe d’agents économiques qui échangent un bien ou un
service, ainsi que les règles et les modalités de leurs échanges.
Ces modalités d’échangent comprennent notamment le prix qui joues le rôle d’un mécanisme
de sélection en encourageant les échanges commerciaux entre des vendeurs qui produisent
des biens à un faible coût et des acheteurs qui accordent à ces biens une grande valeur.
Si tout les vendeurs et tous les acheteurs utilisent le même prix, celui-ci s’appelle le prix du
marché. Sur un marché parfaitement concurrentiel, (1) tous les vendeurs vendent un
bien ou un service identique, et (2) aucun acheteur ni aucun vendeur ne peut à lui seul influer
sur le prix du marché de ce bien ou de ce service. Cela signifie donc que les acheteurs et
vendeurs sont des preneurs de prix. Un preneur de prix est un acheteur ou un vendeur qui
accepte le prix du marché. Donc l’acheteur ne peut négocier un prix plus bas et le vendeur ne
peut négocier un prix plus élevé.
MACROÉCONOMIE !9
3. Comment les acheteurs se comportent-ils?
Supposons que les acheteurs sont des preneurs de prix. Nous nous concentrons ici sur la
relation entre le prix d’un bien et la quantité de ce bien que les acheteurs sont prêts à acheter.
La quantité demandée est la quantité d’un bien ou d’un service que les consommateurs
sont prêts à acheter à un prix donné.
Grâce à ces données il est possible de construire un barème de demande, un tableau qui
indique la quantité demandée d’un bien ou d’un service pour chaque niveau de prix, toute
choses étant égales par ailleurs1
B. La disposition à payer
Le terme disposition à payer désigne le prix le plus élevé qu’un acheteur accepte de payer
pour acquérir une unité marginale d’un bien. Selon le concept de la valeur marginale
décroissante, plus la consommation d’un bien augmente et plus le montant qu’on est prêt à
payer pour acquérir une unité additionnelle de ce bien est bas.
1en latin ceteris paribus, signifie qu’à part la variable d’intérêt, toutes les autres variables restent ou sont
maintenues constantes
MACROÉCONOMIE !10
D. Les déplacements de la courbe de demande
La courbe de demande se déplace lorsque l’un ou l’autre des cinq facteurs importants suivants
change :
- Les gouts et les préférences : tout simplement une modification de ce qu’on aime ou
de ce à quoi on attache de la valeur
- Le revenu et la richesse :
- Pour un bien normal l’augmentation du revenu déplace la courbe de demande vers la
droite
- Pour un bien inférieur l’augmentation du revenu déplace la courbe de demande vers la
gauche
- L’accessibilité et le prix des biens substituts et des biens compléments :
- Deux biens sont des biens substituts lorsque la diminution du prix de l’un déplace la
courbe de demande de l’autre vers la gauche
- Deux biens sont des biens compléments lorsque la diminution du prix de l’un déplace
la courbe de la demande de l’autre vers la droite
- Le nombre d’acheteurs et la taille du marché : Si augmentation (resp. diminution)
du nombre de consommateur, la courbe de demande se déplace vers la droite (resp. gauche)
- Les anticipations des acheteurs
MACROÉCONOMIE !11
4. Comment les vendeurs se comportent-ils?
Comme pour les acheteurs, la quantité offerte est la quantité d’un bien ou d’un service que
les vendeurs sont prêts à vendre à un prix donné.
Grâce à ces données il est possible de construire un barème d’offre, un tableau qui indique
la quantité demandée d’un bien ou d’un service pour chaque niveau de prix, ceteris paribus
B. La disposition à vendre
Le terme disposition à vendre désigne le prix le plus bas qu’un vendeur est prêt à accepter
pour vendeur une unité additionnelle d’un bien ; il équivaut au cout marginal de production
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5. L’équilibre de l’offre et de la demande
Sur un marché en équilibre concurrentiel, le prix du marché est celui où la quantité offerte est
égale à la quantité demandée. L’équilibre concurrentiel est le point où la courbe d’offre
et la demande se croisent. Le prix qui correspond à cet équilibre est le prix d’équilibre
concurrentiel, soit le prix auquel la quantité offerte est égale à la quantité demandée. C’est
un prix d’équilibre, car chaque unité offerte à ce prix sur le marché trouve un acheteur. La
quantité qui est au point d’intersection est la quantité d’équilibre concurrentiel, soit la
quantité qui correspond au prix d’équilibre concurrentiel.
Equilibre concurrentiel
MACROÉCONOMIE !13
Lorsque le prix du marché est supérieur au prix d’équilibre concurrentiel, la quantité offerte
dépasse la quantité demandée, ce qui crée une offre excédentaire.
Equilibre concurrentiel
MACROÉCONOMIE !14
A. Les déplacements de la courbe en situation d’équilibre
MACROÉCONOMIE !15
Chap. 5 : La richesse des nations
1. Notions clés
- La macroéconomie est l’étude de l’activité économique agrégée2
- Le Système des comptes économiques nationaux est conçu pour calculer le produit
intérieur brut (PIB), qui mesure la production économique agrégée
- Le PIB peut être mesuré selon trois méthodes qui donnent toutes le même résultat :
Production = Dépenses = Revenus
- Le PIB a ses limites, aussi bien en tant que mesure de l’activité économique qu’en tant que
mesure du bien-être économique
- Les économistes utilisent les indices de prix pour mesurer le taux d’inflation et pour
distinguer le PIB nominal du PIB réel (qui, lui, est calculé en prix constants)
MACROÉCONOMIE !16
3. Les comptes économiques nationaux
Pour mesurer l’activité économique agrégée, on peut tenir compte de plusieurs facteurs :
- La production : Le produit intérieur brut (PIB) est donc la valeur marchande totale des
biens et services finals produits dans un pays au cours d’une période donnée. On parle de
biens et services finals, c’est-à-dire que les composants qui sont assemblés pour faire un
produit final ne sont pas comptés séparément, car ce serait un double comptage, dans le cas
d’une production de voitures par exemples, on ne compte pas les pièces séparées mais la
voiture complète. Le PIB est une mesure de la production et non de ventes. Autrement dit,
toute chose produite est comptée dans le PIB, bien qu’elle ne soit pas vendue à un client.
- Les dépenses : Autre façon de calculer le PIB, donnant la même réponse que par la
production, ce qu’un pays dépense. Mais si certains bien ne sont pas vendus, et donc pas
compté dans les dépenses des ménages, que se passent-ils? Ces biens ont été acheté par des
entreprises et donc leur dépense de ces bien correspondent aussi et le résultat reste égal.
- Les revenus : Intéressons nous plutôt à ce que les ménages gagnent, leurs revenus. Le
calcul donnera toujours la même solution car chaque euro gagné par l’entreprise doit soit
être redistribué en salaire ou gardé pour l’entreprise, c’est grâce à la somme des deux que
nous trouvons le PIB. La valeur totale des revenus doit donc forcément être égale à la valeur
totale des revenus des travailleurs et des propriétaires de l’entreprise.
Tout ces façons de calculer le PIB donne le même résultat. On a donc :
Production = Dépenses = Revenus
On appelle « identité » cette équivalence nécessaire. Deux variables sont liées par une
identité lorsqu’elles sont définies d’une manière qui les rend mathématiquement identiques.
Examinons de plus près le Système des comptes économiques nationaux.
MACROÉCONOMIE !17
Le plus remarquable en ce qui concerne ces quatre types de transactions, ou « flux », est
qu’elles doivent toutes avoir exactement la même valeur marchande totale. C’est là que le
Système des comptes économiques entre en jeu.
MACROÉCONOMIE !18
C. Le PIB selon la méthode des dépenses
Les comptes économiques nationaux selon la méthode des dépenses mesurent les achats de
biens et de services produit à l’intérieur du pays. Ces achats relèvent de l’une ou l’autre des
catégories suivantes :
- La consommation (C) : Valeur marchande totale des biens et services de consommation
qu’achètent tous les ménages du pays à l’exception des dépenses en construction
résidentielle
- L’investissement (I) : Valeur marchande du nouveau capital physique acheté par les
ménages et les entreprises du pays. Il ne s’agit que de l’investissement privé. Ce capital
physique comprend les maisons, les stocks, les infrastructures et les équipements. Cependant
cela ne tient pas en compte les investissements financiers comme les actions et obligations
- Les dépenses publiques (G) : Valeur marchande totale des achats publics de biens et
services. Pour les besoins de la comptabilité nationale, la catégorie des dépenses publiques
exclut les paiements de transfert et les intérêts payés sur la dette publique car elles
représentent des paiements à d’autres agents économiques, lesquels utiliseront ces
paiements pour acheter des biens et services. Cela évite donc le double comptage, ce sont
plutôt des transferts que des dépenses.
- Les exportations (EX) : Valeur marchande totale de tous les biens et services produits au
pays et vendus à des ménages, entreprises et administrations publiques de l’étranger.
- Les importations (IM) : Valeur marchande totale de tous les biens et services produits à
l’étranger et vendus à des ménages, entreprises et administrations publiques du pays. Ceci
fait donc double comptage avec avec les trois premières catégories, mais cela permet
justement à le soustraire du calcul du PIB car les importations ne créent aucune valeur dans
le pays.
Nous sommes maintenant prêt à comprendre comment le PIB se calcule à l’aide des
dépenses. Prenons Y comme symbole du PIB. Nous avons donc :
Y = C+ I + G + EX - IM
Cette identité qui décompose le PIB
est si important qu’elle porte un nom :
l’identité des comptes
économiques nationaux. Notons
également que EX - IM correspond à
la balance commerciale du pays, soit
les exportations nettes. Si EX dépasse
IM on parle d’excédent commercial,
dans le contraire on parle de déficit
commercial.
MACROÉCONOMIE !19
D. Le PIB selon la méthode des revenus
On distingue deux grandes catégories de revenus :
- Les revenus du travail : Revenus payés aux gens pour leur travail. Cela comprend donc
les salaires, les honoraires, les prestations de maladie et les prestations de retraite. Mais elle
inclut également toutes les autres formes de rémunération directe ou indirecte (ex : voiture
de société)
- Les revenus du capital : Revenus ou bénéfices réalisés par les propriétaires d’un capital
physique (ex : maison) ou d’un capital financier (ex : actions et obligations). Cette catégorie
inclut également d’autres nombre éléments comme les dividendes versé aux actionnaires, les
intérêt payés aux prêteurs, les bénéfices non répartis des sociétés, les loyers versés aux
propriétaires et même l’avantage de vivre dans sa propre maison.
Bien qu’il y aie deux catégories, une personne peut recevoir à la fois des revenus du travail et
du capital en même temps.
MACROÉCONOMIE !20
B. Le production domestique
Le calcul du PIB ne tient pas compte des productions domestiques (si on cultive des fleurs, le
bouquet qu’il en résulte ne sera pas tenu en compte alors que si on l’avait acheté chez le
fleuriste, il aurait été pris en compte).
La non-prise en compte de la production domestique est une énorme faille, mais les
spécialistes n’ont pas encore trouvé de moyens de le calculer.
Le problème est qu’un nombre énorme de choses sont produites à domicile (la cuisine, le
ménage, la garde des enfants) et sont de ce fait non-comptabilisées dans le calcul du PIB.
(Voir exemples page 107).
C. L’économie souterraine
Il est logique que cette branche ne puisse pas être tenue en compte car l’économie souterraine
concerne l’ensemble des agents qui « cachent » volontairement leurs salaires et revenus afin
d’éviter de payer des impôts. Ils peuvent également cacher ces revenus pour éviter de payer
une pension alimentaire ou parce qu’on n’a pas de permis de travail. Il s’agit donc de
l’ensemble des transactions cachées délibérément aux statisticiens. L’économie souterraine
concerne également l’ensemble des activités illicites (drogue, prostitution…).
Malgré tout, certains pays ont décidé de commencer à comptabiliser ces activités dans leur
calcul de PIB.
MACROÉCONOMIE !21
quand même les salaires des autochtones qui travaillent dans cette usine. Le PNB
comptabilise donc uniquement ce qui « appartient » au pays. Comment calculer ce PNB?
PNB = PIB + Production à l’étranger du capital et du travail du pays - Production au pays du capital et du
travail étranger
F. Le temps libre
L’exclusion des loisirs est une autre faille du système du PIB. Pourtant, la plupart des gens ont
du temps libre. La comparaison de deux pays peut donc être faussé lorsqu’un des deux pays
travaillent énormément et profite de peu temps libre. Le but de la vie est de maximiser son
bien-être et non son revenu, le PIB calcule donc la valeur des biens et services, mais pas si
elles contribuent au bonheur humain.
MACROÉCONOMIE !22
5. Réel et nominal
Même si loin d’être parfait, le PIB est un outil utile pour calcul l’évolution de la croissance
économique. Cependant, il faut dissocier l’augmentation du PIB due à l’inflation de
l’augmentation du PIB due à l’augmentation de la quantité et de la qualité des biens et
services produits. Pour ce faire, on distingue le PIB nominal et le PIB réel.
Le PIB nominal est la valeur marchande totale de la production calculée au prix courant de
chaque unité produite. C’est simplement la mesure courante dont nous parlons depuis le
début. À coté de ça, le PIB réel résume la valeur marchande totale des biens et services finals
produits au cours d’une année donnée, en utilisant les prix d’une année de base qui peut être
différente de l’année où ces biens et services ont été produits. On garde donc un prix de base
pour un même bien ou service, même si son prix a augmenté. Cela permet de voir la réelle
croissance entre deux années. Le concept de croissance du PIB réel permet de se concentrer
sur ce qui est vraiment intéressant, à savoir combien l’économie produit à divers moments,
sans que les variations de prix viennent brouiller la comparaison.
On peut bien comprendre cela avec l’exemple d’une économie fictive qui vend des Ford et des
Toyota d’une année à une autre.
MACROÉCONOMIE !23
On se retrouve donc avec deux taux de croissance différent, dont il faut ensuite faire la
moyenne. En tenant compte du taux de croissance moyen et du niveau du PIB à l’année n-1
aux prix de n-1, on peut ensuite calcule le PIB réel de l’année n comme ceci :
(1 + taux de croissance moyen calculé précédemment) . Production de l’année n-1 selon les prix de n-1
On peut voir cela grâce à ces tableaux présentant l’exemple sur un pays fictif. Le premier
tableau représente la production aux prix courant en 2014 et 2015. Si on calculait la
croissance à l’aide du PIB nominal on calculerait une baisse de la croissance de 8%, alors que
la vérité serait plutôt une augmentation. Le deuxième tableau résume les informations
trouvées comme le PIB nominal de chaque année ou le PIB réel et même la croissance
d’après le PIB réel. La meilleure estimation est donc la moyenne des deux pourcentages
trouvés. De plus cette méthode élimine le problème du poids relatif.
B. Le déflateur du PIB
Le déflateur du PIB est égal à 100 fois le PIB nominal divisé par le PIB réel de la même
année ; c’est une mesure de la façon dont les prix des biens et services produits dans un pays
ont augmenté depuis l’année de base. On peut le calculer comme ceci :
PIB nominal
! Déflateur du PIB = ⋅100
PIB réel
Le numérateur montre donc ce qu’il couterait d’acheter tout ce qui est produit au pays à
l’année n aux prix de n. Le dénominateur montre ce qu’il en couterait pour acheter tout ce
qui produit au pays à l’année n aux prix de n-1. On peut également calculer le pourcentage
de variation du déflateur du PIB d’année en année. Il se calcule comme ceci :
Déflateur du PIB de n − Déflateur du PIB de l'année de base
!
Déflateur du PIB de l'année de base
MACROÉCONOMIE !24
C. L’indice des prix à la consommation (IPC)
L’indice des prix à la consommation (IPC) est égal à 100 fois le ratio du cout à l’achat
d’un panier de biens et services de consommation donné aux prix d’une année donnée divisé
par le cout à l’achat du même panier de biens et services de consommation donné aux prix de
l’année de base. Voici sa formule :
Coût à l'achat d'un panier de biens et services
de consommation donné au prix de l'année n
! IPC de l'année n = ⋅100
Coût à l'achat d'un panier de biens et services
de consommation donné au prix de l'année de base
MACROÉCONOMIE !25
D. L’inflation
Le taux d’inflation est le taux d’augmentation des prix calculé comme l’augmentation en
pourcentage de l’indice des prix d’année en année. Pour calculer l’inflation il suffit
d’appliquer cette formule avec comme indice le déflateur du PIB ou l’IPC au choix :
Indice des prix de l'année n - Indice des prix de l'année n-1
! Taux d'inflation à l'année n =
Indice des prix de l'année n-1
Comme on a peu le voir plus haut, le choix de l’indice n’a pas un grand effet sur le taux
d’inflation. L’IPC a tout de même plus de pertinence pour le consommateur typique.
On peut utiliser cette formule simple pour exprimer tout prix historique en dollars d’une
année plus récente.
MACROÉCONOMIE !26
Chap. 6 : Les revenus agrégés
1. Notions clés
- Le revenu par habitant — ou PIB par habitant — varie considérablement selon le pays
- On peut comparer les disparités de revenus entre les pays en utilisant le PIB par habitant au
taux de change courant ou, mieux, mesuré en parité de pouvoir d’achat (PPA)
- La fonction de production agrégée relie le PIB d’un pays à son stock de capital, à l’efficacité
totale des heures de travail à sa technologie
- Les disparités de PIB par habitant entre les pays résultent en partie de différences dans le
capital physique par travailleur et le capital humain, mais les différences liées à la
technologie et à l’efficacité de la production sont encore plus déterminantes
Pour comparer deux pays il ne faut cependant pas oublier de tout remettre dans la même
devise. Ainsi on peut calculer et comparer le revenu par habitant de tous les pays. Cependant
les économies privilégient un autre outil qui améliore la comparaison du revenu par habitant
dans divers pays : la parité du pouvoir d’achat (PPA). En effet, le PIB par habitant ne prend
pas en compte le cout de la vie dans un pays, c’est pourquoi le PPA est une meilleure façon de
comparer des pays. Plus précisément, la parité de pouvoir d’achat (PPA) établit le cout
d’un panier de biens et services représentatif dans chaque pays et corrige le PIB de manière
qu’une même somme permette d’acheter ce panier de biens et services dans chaque pays.
Cela donne donc un bien meilleur portrait de la véritable situation de chaque pays
MACROÉCONOMIE !27
B. Les inégalités dans le revenu par habitant
Comme le montre le graphique ci dessus on peut constater de très grandes disparités entre les
pays. C’est encore plus simple de dégager des constats sur la map-monde qui montre les
revenus par habitant partout dans le monde.
D. La productivité
On appelle productivité la valeur des biens et services que génère un travailleur en un
heure de travail. La productivité mesure donc également le revenu par heure de travail. Pour
comprendre les énormes différences de revenu par habitant entre les pays, il faut regarder du
côté de la production. Plus précisément, il faut étudier les facteurs qui rendent le travail
beaucoup plus productif dans certains pays que dans d’autres.
MACROÉCONOMIE !28
plus, les gens ne se soucient pas que de leur revenu, mais aussi des loisirs, de la santé, de la
sécurité publique, etc. On sait pourtant que le PIB ne prend pas cela en compte.
Néanmoins, le revenu peut nous apprendre bien des choses sur le niveau de vie. De plus, l’une
des choses qui nous intéressent est de savoir si beaucoup vivent dans une extrême pauvreté,
c’est pourquoi le seuil de pauvreté a été créé. Le seuil de pauvreté de 1,25$ US par jour
par personne est une mesure de la pauvreté absolue utilisée par les économistes et autres
spécialistes des sciences humaines pour comparer l’ampleur de la pauvreté dans divers pays.
MACROÉCONOMIE !29
3. La productivité et la fonction de production agrégée
A. Les écarts de productivité
La productivité diffère selon les pays pour trois grandes raisons :
- Le capital humain : ensemble des aptitudes, des capacités et de l’expérience qui
permettent à une personne de produire des biens et services ou de créer de la valeur
économique
- Le capital physique : tous les biens utilisés dans la production, y compris les machines et
les bâtiments. On peut agréger cela en une seule mesure, ce qui donne le stock de capital
physique d’une économie, soit la valeur de l’équipement, des structures et de tout autre
intrant (non relié au travail) utilisé pour la production.
- La technologie : une économie qui dispose d’une meilleur technologie utilise plus
efficacement le travail et le capital, et atteint ainsi une plus grande productivité. Elle peut
avoir une meilleur technologie soit parce qu’elle utilise un savoir supérieur dans la
production, soit parce quelle organise la production plus efficacement.
C. Le travail
Le premier facteur de production est le travail. Cependant tous les travailleurs ne sont pas
identiques, certains ont plus de capital humain que d’autres. A cause de cette différence, le
nombre de travailleur est inutile. Il faut connaitre l’efficacité totale des heures de
travail, le produit du nombre total d’heures travaillées dans l’économie et du capital humain
moyen (l’efficacité) des travailleurs qui ont effectué ces heures de travail. On peut calculer
l’efficacité totale des heures de travail, H, en multipliant le nombre total d’heures travaillées
dans l’économie, L, par l’efficacité moyenne, le capital humain moyen des travailleurs, h, soit :
H=L.h
Pour augmenter le travail il faut augmenter les heures de travail ou la productivité moyenne.
MACROÉCONOMIE !30
D. Le capital physique et la terre
Le deuxième facteur de production est le capital physique, désigné par K. Une économie avec
d’avantage de capital fait augmenter le PIB de ce pays.
Le troisième facteur de production est la terre. Cependant pour faciliter l’analyse nous
considérerons la terre comme capital physique, surtout que la terre et les ressources naturelles
peuvent être incluses dans le stock de capital physique
MACROÉCONOMIE !31
4. Le rôle et les déterminants de la technologie
A. La technologie
Une meilleure technologie permet à une économie
d’augmenter sa production avec les mêmes intrants. On
peut le voir notamment sur le graphique à droite. Avec
une meilleure technologie, l’économie produit donc
d’avantage de PIB à tous les niveaux de stock de capital.
Notre étude de fonction était donc juste. Ce qui joue sur le
PIB sont le travail, le capital physique et la technologie
C. L’entrepreneuriat
L’entrepreneuriat est un des éléments
qui expliquent les différences entre les
pays. Nous étudierons cependant ceci au
chapitre 8.
MACROÉCONOMIE !32
Chapitre 7 : La croissance
économique
1. Notions clés
- La croissance économique mesure l’augmentation du PIB réel par habitant dans le temps,
en d’autres mots, l’amélioration du « niveau de vie ».
- Le PIB par habitant élevé qu’affichent aujourd’hui de nombreux pays résulte de la
croissance économique rapide qu’ont connue ces pays au cours des deux derniers siècles.
- Une croissance économique soutenue s’appuie sur le progrès technologique.
- La différence considérable dans le taux de croissance historique des diverses économies sont
en grande partie à l’origine des écarts actuels de leurs PIB par habitant.
- La croissance économique est un puissant outil de réduction de la pauvreté.
MACROÉCONOMIE !33
Si on choisit deux dates, t et t+1, et qu’on représente le PIB par habitant de ces deux dates
par yt et yt+1 respectivement, le taux de croissance du PIB par habitant entre ces deux dates
est :
yt+1 − yt
! Taux de croissancet , t +1 =
yt
B. La croissance exponentielle
Dans la notion de croissance économique, nous pouvons parler de la croissance
exponentielle, qui décrit le processus par lequel une quantité croît à un taux à peu près
constant. C’est comme cela car l’augmentation de la valeur d’une variable (soit yt+1 - yt dans
les termes de l’équation précédente) est proportionnelle à sa valeur courante (yt dans les
termes de l’équation précédente). La croissance exponentielle résulte du fait que la
nouvelle croissance repose sur la croissance passée et ses effets composés. Cela
signifie qu’après un certain nombre d’années de croissance, des différences relativement
modestes de taux de croissance se cumulent pour produire de grandes différences de revenu
(PIB) par habitant.
La nature exponentielle de la croissance économique est une des principales explications des
immenses écarts de PIB par habitant entre les pays (Chap.6).
ATTENTION ! Pour calculer une croissance sur autant d’année, il faut, pour chaque année
se baser sur le résultat de l’année précédente, et non sur le résultat du tout début (voir
exemple livre p. 154-155). De plus, lors de la mise en place du graphique, il est impératif
d’utiliser une échelle verticale proportionnelle ! (voir exemple page 155 dernier paragraphes
pour de meilleures explications). Si l’échelle n’est pas proportionnelle, il peut y avoir une
perception « d’accélération » dans l’augmentation du PIB, alors que le graphique du PIB est
censé augmenter de façon constante, vu que le taux de croissance est constant. En d’autres
mots, un taux de croissance constant se traduit par une droite sur une échelle proportionnelle.
Il est important de bien penser qu’une différence de 1 petit % dans le taux de croissance d’un
pays par rapport à un autre peut avoir un effet énorme, à long terme, sur le PIB par habitant
de ce pays, par rapport à celui de l’autre pays. La différence peut être énorme.
MACROÉCONOMIE !34
C. Les modèles de croissance
La croissance exponentielle peut expliquer les différences actuelles énormes entre les PIB par
habitant des pays. Les pays riches ont connu une croissance continuelle sur les 200 dernières
années, alors que ce n’est pas le cas dans les pays pauvres.
Pour comparer les différents modèles de croissance de différents pays, il faut tenir compte de
beaucoup de choses, comme les événements historiques notamment (guerres, crises
économiques, etc.).
- On appelle croissance de rattrapage le processus de croissance par lequel des pays
relativement pauvres augmentent leurs revenus agrégés en tirant parti des technologies
disponibles, en augmentant leur épargne, et en améliorant l’efficacité des heures de travail.
C’est surtout par une transition sectorielle, soit en réduisant la main-d’oeuvre du secteur
agricole pour la diriger vers la production manufacturière, par exemple, qu’un pays comme
le Japon est parvenu à augmenter son taux de croissance et donc, son PIB car ces mesures
ont permis d’augmenté de façon énorme la productivité du pays.
- On appelle croissance soutenue le processus où le taux de croissance est positif et
relativement stable durant une longue période.
MACROÉCONOMIE !35
Vu que le gouvernement prélève des impôts dont le montant agrégé, net des transferts, est T,
la partie du revenu national dont les ménages disposent pour consommer (ce qu’on appelle
« le revenu disponible ») est Y - T. La partie du revenu disponible qui n’est pas consommée est
appelée « épargne agrégée », S. On peut donc écrire Y = C + S + T, ce qui implique qu’il
faut respecter l’égalité suivante :
C+I+G+X-M=C+S+T
En isolant l’investissement, on a :
I = S + (T - G) - (X - M)
L’investissement du pays sera donc plus faible que l’épargne seulement si le gouvernement fait
un déficit ou si le pays a un surplus commercial. A l’inverse, l’investissement sera plus élevé
que l’épargne si le gouvernement a un surplus budgétaire (T - G) ou si le pays accuse un
déficit commercial. Cependant, comme vu précédemment, la majeure partie de
l’investissement est rendue possible que grâce à l’épargne. Pour simplifier la chose, supposons
un pays fermé, sans exportation ni importation, sans administration publique. On suppose
donc que :
G=T=X=M=0
Dès lors, l’identité des comptes économique nationaux devient :
Y=C+I
En d’autres termes, dans une économie fermée sans gouvernement, le revenu national est égal
à la somme de la consommation agrégée et de l’investissement agrégé. Et comme le
gouvernement ne prélève pas d’impôts, le revenu disponible est alors égal à Y, ce qui établit
une autre identité :
Y=C+S
Ces deux identités permettent d’établir que, dans un pays sans commerce extérieur ni
gouvernement, l’investissement agrégé vient de l’épargne agrégée, ce qui s’exprime par
l’égalité:
I=S
Interprétée différemment, cette relation signifie que toutes les ressources que les ménages
décident d’épargner serviront à des entreprises qui les transformeront en investissement. Par
conséquent, un pays avec un taux d’épargne élevé investit beaucoup d’argent, augmente
rapidement son stock de capital physique et, par la fonction de production agrégée, accroît
plus rapidement son PIB. Pour déterminer si une économie augmentera son stock de capital
physique et à quel rythme elle le fera, il faut comprendre les décisions d’épargne des ménages.
MACROÉCONOMIE !36
A. L’optimisation: le choix entre l’épargne et la
consommation
Pour comprendre la division du PIB d’un pays entre consommation et investissement, il faut
étudier ce qui conduit les ménages à épargner. Or, l’épargne équivaut à ne pas consommer
aujourd’hui afin de pouvoir consommer plus dans le futur. Il s’agit d’un exemple
d’optimisation da la part des individus et ménages. Chaque ménage a ses priorités et ses
besoins qui influent sur la décision d’épargner ou non.
Comme dans tout problème d’optimisation, les prix influent sur les choix. Dans ce cas-ci, le
prix pertinent est le taux d’intérêt qui permet au ménages d’évaluer ce que va leur rapporter
leur épargne. Un taux d’intérêt plus élever poussera les ménages à plus épargner. Aussi, les
anticipations des ménages quant à un salaire plus élevé ou à la hausse des impôts se
répercutent sur la décision d’épargner. Ainsi, les ménages qui s’attendent à une augmentation
rapide de leur revenu peuvent avoir moins de raisons d’épargner pour financer leurs
consommation future ou en prévision des mauvais jours. Inversement, s’ils s’attendent à des
hausses d’impôts, les ménages peuvent décider d’épargner davantage pour pouvoir payer ces
impôts en temps voulu sans réduire leurs consommation future.
C’est par ces compromis qu’on définit le taux d’épargne de l’économie, c’est-à-dire la
fraction du revenu qui est épargnée. En tenant compte de l’épargne des ménages ainsi que des
sommes rendues disponibles par les entreprises, les administrations publiques et les échanges
commerciaux, on peut calculer combien d’épargne totale est disponible dans un pays pour
financer l’investissement, les déficits gouvernementaux ou prêter à l’étranger.
Epargne totale
! Taux d'épargne =
PIB
MACROÉCONOMIE !37
Si l’accumulation de capital physique ne suffit pas à expliquer la croissance soutenue, qu’en
est-il de l’autre facteur de production, le travail? Comment amplifier l’efficacité des heures de
travail (H) d’une économie? Peut-on augmenter le PIB de façon constante en augmentant
simplement le capital humain?
Considérons d’abord l’augmentation de la main-d’oeuvre, c-à-d. la proportion de la
population qui participe au processus de production. A certains moments de leur
développement, des pays peuvent jouir, temporairement, de circonstances favorables à une
augmentation du nombre d’heures de travail. Cela se produit notamment quand le taux de
natalité diminue tandis que l’espérance de vie augmente. Il y a alors pendant environs 30 ans,
peu de personnes âgées et peu de jeunes également, ce qui entraine qu’un grande proportion
de la population est disponible pour travailler. On appelle ce phénomène « Dividende
démographique ».
Il y a donc une limite à la proportion de gens qui peuvent travailler. De plus, même si tous les
facteurs de production ainsi que la technologie restent constants, chaque travailleur
supplémentaire augmentera de moins en moins le PIB en raison du produit marginal
décroissant du travail.
On peut aussi augmenter l’efficacité des heures de travail en accroissant le capital humain des
travailleurs. Encore une fois, cela accroitra le PIB, mais ils ne généreront pas, à eux seuls, une
croissance soutenue.
Il faut donc se tourner vers une autre composante afin d’assurer une croissance soutenue. Il
s’avère que cette composante, c’est la technologie, et en particulier, les progrès des savoirs
techniques utilisés dans la production.
MACROÉCONOMIE !38
On l’aura compris, il y a une belle symétrie entre notre traitement des différences de PIB par
habitant de divers pays et les différences de PIB à divers moments. Dans les deux cas, le stock
de capital physique et l’efficacité des heures de travail jouent un rôle important, mais ils ne
suffisent pas à expliquer les différences majeures. C’est plutôt la technologie qui jour LE rôle
déterminant.
MACROÉCONOMIE !39
Même si la croissance démographique permet d’augmenter la production agrégée de
nourriture, les rendements marginaux décroissants de la production agricole font en sorte que
la progression de la nourriture, elle, n’est pas exponentielle. Ainsi, selon Malthus, si une
nouvelle technologie permet une augmentation de production de nourriture et du niveau de
vie au-delà du seuil de subsistance, alors plus d’enfants survivront et procréeront à leur tour,
entrainant une pression supplémentaire sur la quantité de nourriture disponible. Ainsi, la
croissance démographique ramène toujours le revenu par habitant au revenu de subsistance.
L’inverse se passe aussi lorsque le revenu descend en-dessous du seuil de subsistance car il y
aurait des guerres ou famines, qui feraient augmenter le revenu par habitant, vu qu’il y a
moins de monde pour une même quantité de nourriture.
On appelle cela le cycle malthusien, un cycle dans lequel l’augmentation des revenus
agrégés accroit le revenu par habitant au-delà du revenu de subsistance, ce qui entraine une
croissance démographique qui, à son tour, exerce une pression sur les ressources et ramène le
revenu au revenu initial.
Cependant, au même moment on a assisté à une diminution de la fécondité au fur et à
mesure de l’industrialisation. On appelle cela la transition démographique, qui est un
processus qui a à la fois des causes économiques et sociales. Cette transition de la ruralité vers
l’urbanisation a requis un niveau de scolarité plus élevé et long, avec une population mieux
qualifiée, mais elle est surtout essentielle dans le sens où elle a permis aux économistes de
l’époque de rompre avec le cycle malthusien. C’est un élément essentiel de la croissance
moderne.
C. La révolution industrielle
La transition démographique n’a cependant pas été capable d’amorcer la croissance soutenue
à elle seule. Une autre composante est à tenir en compte. La révolution industrielle
désigne l’arrivée, en Grand-Bretagne, de nombreuses machines et méthodes de production,
d’abord dans le textile, puis dans d’autres secteurs. La révolution industrielle a permis l’apport
de nouveaux changements techniques et technologiques plus stables et plus rapides. Ce sont
ces changements qui ont permis l’arrivée d’une croissance soutenue.
La révolution industrielle est un processus graduel. Elle est importante à la fois en tant
qu’événement (première utilisation des changements technologiques de manière coordonnée
dans la production), mais aussi comme point de départ de la vague d’industrialisation qui s’est
propagée dans d’autres pays, amenant la croissance soutenue, et donc, la richesse que nous
connaissons aujourd’hui. C’est à partir de cette période que l’innovation et l’application des
nouvelles technologies dans la production de biens et services sont devenues plus généralisées.
Les données disponibles suggèrent donc que les progrès technologiques sur lesquels se fonde
la croissance soutenue qu’on observe aujourd’hui sont apparus en Grande-Bretagne à la fin
du XVIIIe siècle (R.I.).
MACROÉCONOMIE !40
D. La croissance et la technologie depuis la R.I.
Sur les 250 dernières années, un grand nombre de progrès technologiques sont apparus
(chemin de fer, avions, médicaments, la plomberie…). Ces progrès sont issus de la croissance
exponentielle du savoir et de la technologie acquise depuis la révolution industrielle. L’une des
principales ressources de cette croissance est la RD (recherche et développement) que les
entreprises, universités et gouvernements utilisent pour améliorer cette base de connaissances.
Notre niveau de vie actuel est, dans une large mesure, le rendement sur cet investissement de
la RD.
A. Croissance et inégalités
Plusieurs raisons peuvent pousser une société à se préoccuper des inégalités. Certains peuvent
souhaiter vivre dans une société plus juste où il n’y a pas de grandes disparités dans le niveau
de vie des citoyens. On peut aussi penser que des inégalités accrues conduisent à une plus
grande polarisation sociale ou même à une plus grande incidence de la criminalité dans la
société.
On a parlé jusqu’ici du PIB par habitant, mais en réalité, le revenu par habitant d’un pays à
un moment précis n’est pas le revenu de tous les habitants de ce pays au même moment. Il
faut tenir compte de la répartition des revenus dans une société donnée.
Ces inégalités provoquent l’apparition de la pauvreté (équivalent de 1,25$ US par personne,
par jour) qui entraine de graves difficultés sur le plan économique, mais également sur le plan
de la santé et des problèmes sociaux. Il est important de distinguer « inégalité » et
« pauvreté » (voir rubrique choix-conséquences, page 175).
MACROÉCONOMIE !41
B. Croissance et pauvreté
Les pays qui ont un PIB plus élevé ont moins d’habitants sous le seuil de pauvreté. De plus, on
assiste ces 10 dernières années à une relation négative entre la croissance et la pauvreté.
Cependant, cette relation négative ne
prouve pas que l’augmentation du revenu
par habitant est la cause directe du recul
de la pauvreté, mais cette corrélation
renforce la conviction de nombreux
économistes que la croissance économique
est l’un des moyens les plus efficaces
contre la pauvreté. Attention, rien n’est
garanti ! On ne pourra dire que la
croissance économique réduit la pauvreté
que si elle n’est pas accompagnée d’un
accroissement des inégalités.
MACROÉCONOMIE !42
6. Annexe - Le modèle de croissance de Solow
Afin d’étudier ce qui détermine la croissance du PIB, les économistes utilisent le modèle de
Solow, présentons ce modèle.
MACROÉCONOMIE !43
B. L’équilibre stationnaire dans le modèle de Solow
On peut maintenant calculer la situation naturelle où le stock de capital physique de l’an
dernier et celui de maintenant sont égaux:
! K maintenant = K l'an dernier = K
Dans une telle situation, on parle d’équilibre stationnaire (ou statique), un équilibre
économique dans lequel le stock de capital physique reste constant. Comme la notion
classique de l’équilibre, l’offre est égale à la demande, mais l’équilibre stationnaire exige en
plus que le stock de capital physique reste constant entre les deux moments.
Pour trouver cet équilibre, on peut reprendre l’équation de l’accumulation du stock de capital
physique formulée plus haut. Pour que le stock ne change pas, l’investissement doit toujours
compenser la dépréciation de ce même capital. Cet investissement doit donc être égal à une
fraction « d » du stock de capital physique, ainsi :
!I =d×K
En effet, dans un équilibre stationnaire, l’équation de capital physique devient :
! K = (1− d) × K + I. Si on résout l’équation, on obtient : ! I = d × K.
Ainsi, pour que le stock de capital physique
d’une économie reste constant, la valeur
de l’investissement doit être égale à la
valeur comptable nette du stock de capital
physique déprécié, c’est-à-dire au taux de
dépréciation de l’économie, « d »,
multiplié par le stock de capital physique,
« K ».
A présent, unissons les divers ingrédients
du modèle Solow pour trouver l’équilibre
stationnaire.
MACROÉCONOMIE !44
Ce graphique nous montre deux économies dont
toutes les composantes sont pareilles, sauf le taux
d’épargne qui est différent. L’économie qui a le
taux d’épargne le plus élevé, s’ > s, est représentée
par la courbe vert foncé, et celle dont les taux
d’épargne est le plus bas , s, par la courbe vert
pâle. Le graphique montre que, si le taux de
dépréciation est le même, l’équilibre stationnaire
de l’économie qui a le taux d’épargne le plus élevé
est plus à droite et plus haut. Cela correspond à un
stock de capital physique plus grand et donc, un
PIB plus élevé.
De même, une meilleure technologie et une
meilleure utilisation du capital humain signifie
également que la même quantité de capital
physique donne un PIB plus élevé.
On peut exercer la même analyse avec la technologie : Une meilleure technologie augmente
le « A » dans la fonction de production agrégée. Cette meilleure technologie peut résulter
d’un savoir accru mis au service de la production ou d’une plus grande efficacité de la
production. Dans les deux cas, elle entraine un changement de la fonction de production
agrégée (comme le graphique 7A.3, sauf que c’est l’efficacité totale des heures de travail qui
change et non le taux d’épargne). Les conséquences sont aussi pareilles. Le stock de capital
physique de l’équilibre stationnaire augmente et le niveau du PIB à ce même équilibre
augmente par la même occasion.
MACROÉCONOMIE !45
Pour mieux saisir cette notion, examinons le graphique ci dessous. L’équilibre se situe à
l’intersection entre la courbe bleue et la courbe verte qui représente le niveau
d’investissement.
Imaginons qu’une grande partie du capital physique de cette économie est détruite, par une
guerre par exemple. Le stock de capital physique de l’économie peut être alors définit par
l’équation « K0 < K* ». Supposons aussi que rien d’autre ne change; la fonction de
production agrégée, le taux d’épargne, l’efficacité des heures de travail et la technologie
restent les mêmes. Même si une seule variable a changé, l’économie n’est plus dans un
équilibre stationnaire, puisque le capital physique n’est pas remplacé au même rythme qu’il se
déprécie. Comme le capital physique est égal à K0 et que l’efficacité des heures de travail n’a
pas changé, le PIB donné par la fonction de production agrégée reste à Y0. L’épargne totale
correspond donc au point étiqueté « s x Y0 » sur l’axe vertical du graphique. Cependant, ce
graphique indique aussi clairement qu’à ce nouveau point (K0; s x Y0), l’investissement égale
exactement la dépréciation du capital physique. Au-dessus de la droite, l’investissement ne fait
pas que reconstituer le capital physique déprécié, il dépasse la dépréciation.
L’évolution de l’équilibre dynamique est représentée par les flèches vertes; l’équilibre part au
point (K0;Y0) et suit l’évolution de l’économie vers le point (K*;Y*). Cela met en évidence à la
fois le fait qu’un équilibre dynamique correspond à une évolution, montrant le comportement
de l’économie au fil du temps ainsi que le résultat clé: un tel équilibre dynamique ramène
l’économie vers l’équilibre stationnaire (K*;Y*). Notons aussi que si on avait hérité d’un stock
de capital plus élevé, l’investissement serait moindre que la dépréciation (puisque la courbe
verte est plus basse que la droite bleue, à droite de K*) et le stock de capital diminuerait
progressivement pour rétablir l’équilibre stationnaire.
MACROÉCONOMIE !46
E. Les sources de la croissance dans le modèle de Solow
Le graphique ci-dessous montre que ni l’augmentation du taux d’épargne ni l’accumulation
du capital physique ne peuvent engendrer une croissance soutenue. Ce graphique montre
qu’avec des niveaux donnés d’efficacité totale des heures de travail et de technologie, il y a
une limite au PIB qu’on peut obtenir en augmentant l’épargne — un PIB maximal —
puisque on ne peut jamais dépasser un taux d’épargne de 100%. Cette limite détermine le
niveau du PIB au-delà duquel l’économie ne peut plus se développer (Ymax) avec une fonction
de production agrégée et une efficacité totale des heures de travail données.
L’existence de ce PIB maximal, Ymax, signifie qu’il n’est pas possible d’obtenir une croissance
soutenue en se consentant d’accroitre l’épargne. En effet, une économie qui croit à un rythme
constant finirait forcément par atteindre et dépasser n’importe quel PIB fixe, comme Ymax. Si
une économie peut accroitre son PIB, une augmentation du taux d’épargne ne peut pas
générer une croissance soutenue.
MACROÉCONOMIE !47
Ces progrès technologiques se produisent le long de la droite de l’équilibre stationnaire. Selon
le modèle de Solow, pour que la croissance soit soutenue, le rapport entre le PIB et le stock de
capital physique doit rester constant à mesure que l’économie croit. En chaque point, on a :
s×Y = d × K
! K s
⇔ = = Constante
Y d
MACROÉCONOMIE !48
Chap. 8 : Pourquoi les pays ne
sont-ils pas tous développés?
1. Notions clés
- Les causes immédiates de la prospérité font le lien entre la prospérité et la quantité relative
d’intrants (le capital physique, le capital humain et la technologie) dont les pays disposent.
Les causes fondamentales de la prospérité, elles, expliquent pourquoi les pays affichent
d’importantes différences pour ce qui est de la quantité des intrants dont ils disposent.
- On distingue trois grandes hypothèses sur les causes fondamentales de la prospérité :
l’hypothèse géographique, l’hypothèse culturelle et l’hypothèse institutionnelle.
- Les institutions économiques inclusives et extractives influent sur le développement
économique.
- La destruction créatrice est inhérente à la croissance économique qui résulte du
changement technologique.
- L’existence des renversements de situation appuie l’hypothèse institutionnelle selon laquelle
les institutions économiques sont la première cause fondamentale de la prospérité (ou de la
pauvreté) des peuples.
MACROÉCONOMIE !49
A. La géographie
Selon l’hypothèse géographique, ce sont les différences géographiques climatiques et
écologiques qui expliquent les grandes disparités de richesse qu’on observe entre les pays.
Beaucoup de grands penseurs ont défendu l’hypothèse de la géographie. L’un de ses grands
partisans a été le célèbre philosophe français Montesquieu, selon qui le climat était un
déterminant clé de l’effort au travail. Alfred Marshall, économistes, était également partisan
de cette hypothèse. Cependant, pour lui, la vigueur dépendait en partie des « qualités de la
race ».
Ces idées quant à l’effet du climat sur la vigueur et l’effort au travail sont dépassées. Mais
d’autres version sont toujours populaires, comme la détermination de la technologie
disponible en fonction des caractéristiques géographiques, en particulier dans l’agriculture.
Si la géographie est la première cause fondamentale de la prospérité, les pays pauvres du
monde ont peu de raisons d’espérer une amélioration importante de leur niveau de vie. Ils
sont défavorisés de manière permanente et ne rattraperont pas le retard. Cependant, les
versions de l’hypothèse géographique ne sont pas toute aussi pessimistes. Des investissements
à grande échelle dans la technologie des transports ou dans l’éradication des maladies
endémiques peuvent pallier en partie ces désavantages géographiques.
B. La culture
Selon l’hypothèse culturelle, les sociétés réagissent différemment aux incitatifs parce que
leur expérience propre, leurs enseignements religieux, la force de leurs lien familiaux ou leurs
normes sociales tacites différent. Ainsi, certaine sociétés ont des valeurs qui encouragent
l’investissement, le travail acharné et l’adoption de nouvelles technologies, tandis que les
valeurs d’autres sociétés favorisent la superstition, incitent à la méfiance envers les nouvelles
techniques et découragent le dur labeur.
Certaines personnes, comme Max Weber, soutenaient que les valeurs protestantes se
traduisent par l’augmentation de l’ardeur au travail, de l’épargne et des revenus. D’autres
mettent en avant la culture anglo-saxonne considérée comme favorable à l’investissement et à
l’adoption de nouvelle technologies, contrairement à la culture espagnole et portugaise
souvent moins dynamique. Samuel Huntington a lui inventé le terme « choc des civilisations »
pour décrire le conflit entre l’Occident et l’Islam.
La culture n’est évidemment pas immuable. Les cultures peuvent changer, mais très
lentement.
MACROÉCONOMIE !50
C. Les institutions
Les institutions sont les règles officielles et officieuses qui régissent l’organisation d’une
société, notamment ses lois et ses règlements. Cette définition englobe trois caractéristiques
qui définissent les institutions :
- Elles sont conçues par des personnes qui agissent en tant que membres d’une société
- Elles exercent des contraintes sur les comportements humains
- Elles façonnent les comportement en établissant des mesures incitatives. Elles modifient
donc les incitatifs
L’hypothèse institutionnelle soutient que les différences dans la façon dont les humains
ont choisi d’organiser leurs sociétés — différences qui façonnent les incitatifs auxquels sont
exposés les individus et les entreprises — sont à l’origine des différences dans la prospérité
relative de ces sociétés. En résumé l’hypothèse institutionnelle repose sur le raisonnement
suivant :
- Des sociétés différentes ont généralement des institutions différentes
- Ces institutions différentes créent différents types d’incitatifs
- Les incitatifs influent sur la propension des sociétés à accumuler des facteurs de production
et à adopter de nouvelles technologies
MACROÉCONOMIE !51
3. Les institutions et le développement économique
Le droit de propriété permet à des citoyens de détenir des biens comme des entreprises,
des maisons, des voitures, etc., sans craindre que le gouvernement ou quelqu'un d’autre les en
prive arbitrairement
MACROÉCONOMIE !52
cette entrée. Elles ont donc tendance à soutenir des entreprises inefficaces et à empêcher les
entrepreneurs qui ont de nouvelles idées d’entrer dans les bons secteurs d’affaire, et les
travailleurs de travailler dans les métiers et professions où ils pourraient le mieux exercer leurs
compétences.
Les graphiques ici l’illustre bien. Dans les graphiques, la courbe de rendement de
l’entreprenariat. L’axe vertical indique le rendement, et l’axe horizontal, le nombre
d’entrepreneurs qui ont au moins le taux de rendement indiqué (ou plus). Ici, le cout
d’opportunité correspond, par exemple, à l’argent que les entrepreneurs gagneraient s’ils
choisissaient un autre métier. Si le rendement de l’entrepreneuriat, selon qu’il est inférieur ou
supérieur au cout d’opportunité, déterminera si l’entrepreneur se lance ou non en affaires.
Comme on peut le voir, les institutions économiques extractives permettent beaucoup moins
d’entrepreneuriat donc moins de création d’entreprise, moins de progrès technologique, un
rendement moindre de l’éducation et de l’accumulation de capital, et donc, un PIB moindre.
MACROÉCONOMIE !53
On retire deux effets possibles des institutions économiques extractives :
- En précarisant le droit de propriété et en limitant la protection juridique, les institutions
extractives rendent l’entrepreneuriat moins rentable et déplacent la courbe de rendement de
l’entrepreneuriat vers la gauche.
- En érigeant des barrières à l’entrée d’une profession ou d’une activité, elles rendent cette
dernière plus couteuse et déplacent vers le haut la courbe du cout d’opportunité.
MACROÉCONOMIE !54
4. L’aide étrangère est-elle la solution à la pauvreté dans le
monde
Beaucoup d’Occidentaux pensent que, autant que possible, on devrait prendre des mesures
pour améliorer la vie de centaines de millions de personnes qui vivent dans la pauvreté. Au
sein de la communauté internationale, bien des gens ont fondé beaucoup d’espoir dans l’aide
au développement. Mais ce type d’aide étrangère a-t-il été efficace pour réduire la pauvreté
dans le monde?
La réponse est étonnement non. Pourquoi en est-il ainsi? Lorsqu’on utilise l’économique pour
comprendre le fonctionnement de l’aide étrangère et les difficultés rencontrées, cette
conclusion se révèle tout à fait logique, et ce, pour trois raisons :
- Le PIB par habitant peut augmenter et la croissance économique peut se déclencher si on
accroît notablement le capital physique, le capital humain ou la technologie d’un pays. Or,
le montant de l’aide étrangère accordée aux pays même les plus pauvres n’est pas suffisant
pour produire une augmentation importante du capital physique ou du niveau de scolarité
de la population. De plus, cet argent n’a généralement aucun effet notable sur la
technologie du pays ou l’efficacité de sa production.
- Une grande partie de l’aide étrangère n’est même pas investie dans l’éducation ou dans de
nouvelles technologies. A cause de problèmes liés à la corruption et à l’économie politique,
l’argent donné aux gouvernements ou à d’autres organisations dans les pays pauvres est
souvent détourné par des fonctionnaires corrompus. Seulement 15% en moyenne de
l’argent donné atteint sa destination.
- Si la pauvreté résulte d’institutions économiques extractives dans de nombreux pays du
monde, alors l’aide étrangère, qui passe par ces mêmes institutions, ne réglera pas ses causes
fondamentales. Dans certains cas, cet argent risque de renforcer ou d’enrichir ces dictateurs.
Cependant ceci ne signifie pas que l’aide est mauvaise ou inutile. Cela dit, si on veut
améliorer durablement les conditions de vie des populations des pays pauvres du monde, on
doit aussi consacrer de l’énergie à concevoir des politiques qui s’attaquent aux causes
fondamentales de la pauvreté, comme les institutions extractives.
MACROÉCONOMIE !55
Chapitre 9 : Emploi et chômage
1. Notions clés :
- La population en âge de travailler se divise en trois catégories : les travailleurs qui ont un
emploi, ceux qui sont au chômage, ceux qui ne font pas partie de la population active.
- Le taux d’emploi et les salaires sont déterminés par la demande de travail des entreprises,
l’offre de travail des travailleurs et diverses rigidités salariales.
- Le chômage frictionnel existe parce qu’il faut du temps à un chômeur pour se renseigner sur
le marché du travail et se trouver un nouvel emploi.
- Le chômage structurel existe parce que la rigidité salariale empêche la quantité demandée
de travail d’égaler la quantité offerte.
- Le chômage cyclique correspond a la différence entre le taux de chômage observé et sa
moyenne à long terme.
MACROÉCONOMIE !56
à la maison), les étudiants à temps plein, les personnes handicapées (pas dispo pour avoir un
emploi), les retraités, les travailleurs découragés (pas de travail + n’en cherchent pas ou
plus).
Par ailleurs, on définit un chômeur comme Population inactive
étant une personne sans emploi rémunéré, Population active occupée
Population active au chômage
disponible pour travailler et qui satisfait au
moins une des trois conditions suivantes :
- Avoir directement cherché un nouveau 6%
travail dans les 4 semaines précédentes; 32 %
- Être en mise à pied temporaire, mais
s’attendre à reprendre le même emploi (dans
le bâtiment par exemple);
- Avoir trouvé un nouvel emploi qui débute 62 %
dans les 4 semaines ou moins.
La population active est donc la somme des
personnes occupées et des chômeurs :
! Population active = Travailleurs occupés + Chômeurs
Ces équations sont les différentes méthodes utilisées pour mesurer le chômage, cependant,
beaucoup de données échappent à ces calculs, comme les travailleurs découragés (personnes
en âge de travailler et sans emploi qui voudraient avoir un emploi, mais qui ont renoncé à en
chercher un) et les travailleurs sous-employés (travailleurs dans des conditions économiques
difficiles qui cherchent à augmenter leurs heures de travail mais ne le peuvent pas. Ils sont en
chômage partiel mais pas comptés dans le calcul du taux de chômage).
MACROÉCONOMIE !57
C. Les tendances du taux de chômage
Quand l’économie fluctue, le taux de chômage
aussi, mais dans le sens opposé. Lorsque le PIB
réel diminue, le taux de chômage tend à
augmenter, et la hausse est encore plus forte
lorsque l’économie entre en récession. Au
contraire, lorsque l’économie tourne bien et
que le PIB augmente, le chômage a tendance à
diminuer, cependant, un certain chômage est
inévitable, même si l’économie tourne bien.
MACROÉCONOMIE !58
3. L’équilibre sur le marché du travail
Pour étudier comment se déterminent l’emploi et le chômage, il faut d’abord comprendre le
fonctionnement du marché du travail. L’offre et la demande y jouent un rôle au premier plan.
A. La demande de travail
Sur le marché du travail, les ménages offrent du travail, et les entreprises en demandent. Les
entreprises sont du côté de la demande parce qu’elles ont besoin d’embaucher des travailleurs
pour assurer la production.
Ces entreprises essaient de maximiser leur profit, c’est-à-dire d’obtenir le plus grand écart
possible entre les recettes et les coûts. Elles doivent donc choisir la quantité de travail qui
produit le profit le plus élevé possible, et donc comparer les recettes que rapporte un
travailleur avec ce qu’il en coûte pour l’employer. (+ exemple de la coiffeuse page 225 si non-
compréhension).
Malheureusement, les entreprises doivent composer avec le produit marginal décroissant du
travail. Le produit marginal décroissant du travail moindre signifie que chaque travailleur
supplémentaire génère un produit marginal moindre que celui qui généré par les travailleurs
embauchés avant lui.
De plus, les entreprises embauchent des travailleurs jusqu’à
ce que l’ajout d’un travailleur supplémentaire ne puisse plus
augmenter son profit. L’entreprise continue à embaucher
des travailleurs tant que les recettes que lui rapporte un
travailleur de plus est au moins aussi élevé que le coût
d’employer ce travailleur. Comme la valeur du produit
marginal diminue à mesure que le nombre de travailleurs
employés augmente, la courbe a une pente négative.
Si elle emploie moins de travailleurs que la quantité optimale, l’entreprise peut augmenter son
profit en embauchant davantage de travailleurs, parce que les recettes qu’ils rapportent (la
valeur de leur produit marginal) sont supérieures à ce qu’il en coûte de les employer (le salaire
du marché). De même, si elle emploie plus de travailleurs que la quantité optimale,
l’entreprise peut augmenter son profit en licenciant des travailleurs, parce que les recettes
qu’ils rapportent sont moins élevées que ce qu’il en coûte de les employer.
Dès lors, l’entreprise qui maximise son profit emploiera la quantité de travail à laquelle la
valeur du produit marginal du travail est égale au salaire du marché. Si le salaire du marché
varie, la quantité demandée de travail se déplace le long de la courbe qui décrit la valeur du
produit marginal. Autrement dit, l’entreprise fait varier le nombre de travailleurs
qu’elle emploie pour que la valeur du produit marginal soit égale au salaire. La
courbe de demande du travail montre comment la quantité demandée de travail varie selon le
salaire.
MACROÉCONOMIE !59
B. Les déplacements de la courbe de demande du travail
La courbe de demande de travail illustre la relation entre
la quantité demandée de travail et le salaire. Un
mouvement le long de la courbe de demande de travail se
produit lorsque le salaire varie sans qu’aucune variable
économique autre que la quantité demandée de travail
change. Cependant, de nombreux facteurs entrainent un
déplacement de cette même courbe vers la gauche ou la
droite.
- Une variation du prix du bien ou du service : Lorsque le prix diminue, la valeur du
produit marginal des travailleurs baisse également. Peu importe le salaire du marché,
l’entreprise emploie moins, entrainant un déplacement vers la gauche de la courbe.
- Une variation de la demande du bien ou du service : Une baisse de la demande
réduit la valeur du produit marginal des employés. Une baisse de la demande entraine une
activité moindre au sein de l’entreprise. Cette baisse entraine un déplacement de la courbe
de demande de travail vers la gauche.
- Le progrès technologique : Lorsque la valeur du produit marginal du travail augmente,
la courbe de demande du travail se déplace vers la droite. Le progrès technologique et, plus
généralement, l’accroissement de la productivité déplacent la courbe de demande de travail
vers la gauche.
- Une variation des couts de production : Les entreprises utilisent le travail et d’autres
facteurs de production, comme les édifices, les machines et les outils pour produire des
biens/services. Lorsque le cout de ces autres facteurs diminue, les entreprises en achètent
davantage. Cela augmente la valeur du produit marginal du travail et déplace donc la
courbe de demande du travail vers la droite.
Comment tracer cette courbe de demande pour l’ensemble du marché ?
Après avoir tracé la courbe de demande de travail de chaque industrie sur un marché, il suffit
de les additionner toutes, afin de former la courbe de demande de travail de l’ensemble du
marché, soit « la courbe de demande de travail agrégée ». Il faut également prendre en
compte des effets d’entrainement entre les différentes industries, entre les entreprises, entre les
travailleurs.
MACROÉCONOMIE !60
C. L’offre de travail
La courbe d’offre du travail illustre la relation entre la quantité offerte de travail et le
salaire. Comme la courbe de demande du travail, la courbe d’offre du travail découle du
principe d’optimisation. Dans ce cas, les travailleurs répartissent leur temps de façon optimale
entre le travail rémunéré, les loisirs et d’autres activités, notamment la production
domestique. Lorsque le salaire du marché est plus élevé, il est logique que les travailleurs
consacrent davantage de temps au travail rémunéré. Ainsi, on voit que plus le salaire
augmente, plus la quantité d’offre de travail augmente aussi. Ainsi, cette courbe d’offre a une
pente ascendante (positive).
MACROÉCONOMIE !61
E. L’équilibre dans un marché du travail concurrentiel
L’équilibre dans un marché du travail concurrentiel se
situe à l’intersection entre la courbe d’offre de
demande du travail de ce marché. Au salaire
d’équilibre concurrentiel, w*, la quantité offerte de
travail est égale à la quantité demandée. Si le salaire
dépasse w*, la quantité offerte de travail dépasse celle
demandée, ce qui exerce une pression à la baisse sur
le salaire. Si le salaire est en deçà de w*, la quantité
demandée de travail dépasse la quantité offerte, ce qui
exerce une pression à la hausse sur le salaire. Par conséquent, w* est le seul salaire qui égalise
la quantité offerte de travail et la quantité demandée de travail. On appelle cette quantité de
travail d’équilibre « emploi d’équilibre » (L*).
On appelle le salaire d’équilibre concurrentiel le salaire d’équilibre du marché. Il s’agit
du salaire auquel chaque travailleur qui veut un emploi peut finir par en trouver un, parce
que la quantité demandée de travail correspond à la quantité offerte. C’est ce qui distingue le
salaire d’équilibre du marché du salaire qui résulte d’une rigidité salariale empêchant le
salaire de varier pour que la quantité demandée de travail équivaille la quantité offerte. Une
telle rigidité peut entrainer du chômage si le salaire est trop élevé. Le graphique correspond à
une représentation d’un marché du travail sans frictions, ce qui signifie que les entreprises
peuvent instantanément embaucher et licencier des travailleurs. Les travailleurs et les
entreprises possèdent toutes les informations nécessaires les uns sur les autres et le salaire
s’adapte instantanément pour équilibrer le marché.
MACROÉCONOMIE !62
5. La recherche d’emploi et le chômage frictionnel
Jusqu’ici, notre analyse reposait sur un marché à l’équilibre et sans frictions, alors qu’en
réalité, ce marché contient plein de ces frictions car les entreprises n’ont pas tout les éléments
à disposition afin d’avoir « le marché du travail parfait », sans chômage. Comme chaque
personne a ses compétences, ses habiletés, ses expériences et ses préférences propres, trouver
la bonne adéquation entre un chômeur et un travailleur n’est pas simple. Or, ce processus de
recherche d’emploi (ensemble des activités qu’entreprennent les travailleurs pour trouver
un emploi qui leur convient) est très long et peut être très couteux (obligation de quitter ses
proches, si emploi localisé très loin, déménagement….).
Les frictions existent car chacun (entreprises et travailleurs) ne possède pas les informations
suffisantes (ou suffisamment complètes) sur les éléments du marché du travail. On appelle
donc chômage frictionnel le chômage qui résulte d’une information imparfaite sur les
emplois disponibles ainsi que du temps qu’exige le processus re recherche d’emploi. C’est un
peu comme sur « le marché amoureux », ou il faut du temps avant de trouver la bonne
personne. Dans ce cas, la personne à la recherche sera considérée comme au « chômage
amoureux ».
Remarque : Lorsque l’économie subit des changements structurels plus importants, il faut
plus de temps et d’efforts aux personnes au chômage pour se trouver un nouvel emploi.
MACROÉCONOMIE !63
A. Les lois sur le salaire minimum
Dans la plupart des pays, la législation fixe un salaire minimum. Ces planchers salariaux
peuvent empêcher le salaire du marché de descendre jusqu’au salaire à l’équilibre du marché
qui égalise quantité offerte et demandée de travail dans certains segments du marché du
travail.
Les lois sur le salaire minimum sont un
exemple de politique qui crée des gagnants
et des perdants. Les couts et bénéfices du
salaire minimum font l’objet de vifs débats,
car plusieurs groupes sociaux soutiennent
qu’il faudrait hausser le salaire minimum
pour lutter contre la pauvreté. Ils pensent
alors aux gagnants, c’est-à-dire aux
travailleurs qui obtiennent des emplois à
des salaires supérieurs au salaire qui égalise
quantité demandée et offerte. Cependant,
les chômeurs qui voudraient travailler, mais
qui ne peuvent pas trouver d’emploi au
salaire w y perdraient, de même que les entreprises qui devraient alors payer un salaire plus
élevé que le salaire d’équilibre.
Si le salaire minimal engendre un certain chômage structurel, il ne peut en être la seule
cause. Même si il augmente le cout de certains emplois, le salaire minimum augmente aussi le
revenu que les commercent retirent de ces emplois, ce qui limite les pertes d’emplois
qu’entraine le salaire minimum. Actuellement, le salaire minimum n’a qu’un effet modeste
sur le marché du travail.
MACROÉCONOMIE !64
C. Le salaire d’efficience et le chômage
Dans un marché du travail exempt de toute friction, payer un salaire supérieur à celui du
marché ne serait pas la solution optimale. En d'autres mots, cela ne maximiserai pas les profits
de l'entreprise. Dans un tel marché, l’entreprise saurait tout sur ses travailleurs et sur ce qu’ils
font au travail. Dans ce milieu idéal, Elle n'aurait pas à verser à ses travailleurs davantage que
le salaire du marché pour obtenir leur travail. Par contre, dans les marchés réels où les
travailleurs peuvent relâcher leurs efforts au travail, payer davantage que le salaire du marché
peut être avantageux pour l’entreprise. En payant un salaire supérieur à celui que les
travailleurs étaient prêts à accepter, nous parvenons à augmenter la productivité et la
rentabilité de notre entreprise. On appelle le salaire d’efficience le salaire supérieur à celui
que les travailleurs sont prêts à accepter. Il accroît la productivité des travailleurs et améliore
la rentabilité de l'entreprise.
Le salaire d’efficience accroît la productivité et la rentabilité des entreprises pour plusieurs
raisons. Premièrement, le salaire d'efficience réduit le roulement de personnel. Travailler sur
une chaîne de montage est monotone, de sorte que le roulement de travail est relativement
élevé. Or, recruter et former constamment de nouveaux travailleurs est couteux pour
l'entreprise. Si ils reçoivent de leur employeur davantage que le salaire du marché, les
travailleurs sont plus motivés à garder leur emploi, car ils savent qu'ils devront accepter un
salaire plus bas s'ils vont travailler ailleurs. Deuxièmement, la peur de perdre un emploi bien
rémunéré motive les employés à travailler plus fort et à augmenter leur production horaire.
Troisièmement, il se peut que les travailleurs, reconnaissants de recevoir un salaire supérieur
au salaire du marché, rendent à leur employeur son apparente générosité en travaillant
davantage. Enfin, le salaire d’efficience améliore la qualité du bassin de travailleurs qui
souhaitent travailler dans cette entreprise.
Comme le salaire minimum et la négociation collective, le salaire d’efficience crée une forme
de rigidité salariale. Et, comme précédemment, cette rigidité de salaire fait que la quantité
offerte de travail > quantité demandée et engendre donc du chômage structurel.
MACROÉCONOMIE !65
Comme dans les autres formes de rigidité salariale, la rigidité des salaires à la baisse maintient
les salaires au-dessus de celui d'équilibre, ce qui entraîne du chômage structurel.
Supposons qu'au départ, le marché du travail se trouve
dans un équilibre concurrentiel et qu'il est exempt de
chômage. Ensuite, la courbe de demande du travail se
déplace vers la gauche parce que l'économie ralentit. Si
le salaire est flexible, le déplacement vers la gauche
amène le marché du travail a un nouvel équilibre (point
F) où le salaire d'équilibre est wF et la quantité
demandée de travail est LF. À ce nouveau point
d'équilibre, la quantité offerte de travail est égale à la
quantité demandée, Et le chômage reste toutefois à 0.
Cependant, si il est rigide, le salaire ne descend pas au niveau du nouvel équilibre du marché,
il reste à son niveau initial. Cette rigidité des salaires à la baisse fait que la quantité offerte de
travail, qui est encore à L1, dépasse la quantité demandée descendue à L2, ce qui entraîne du
chômage (structurel). Cette rigidité à la baisse est une des causes de la fluctuation du
chômage.
MACROÉCONOMIE !66
Si le taux de chômage naturel a des composantes à la fois frictionnelles et structurelles, il en va
de même du chômage cyclique. En période de récession, moins d'entreprises cherchent à
embaucher, ce qui augmente la difficulté pour les travailleurs de trouver un emploi
convenable et accroît donc le chômage frictionnel. De plus, en présence de rigidité des salaires
à la baisse, le déplacement vers la gauche de la courbe de demande de travail en période de
récession accroît le chômage structurel parce que les salaires rigides restent au-dessus du
salaire d'équilibre du marché.
MACROÉCONOMIE !67
Chap. 10 : Le marché du crédit
1. Notions clés
- Le marché du crédit met en relation les emprunteurs (qui demandent des fonds prêtantes ou
du crédit) et les épargnants (qui offrent des fonds retables ou du crédit).
- L’équilibre du marché du crédit détermine le taux d’intérêt réel.
- Les institutions financière ont trois fonctions clés : trouver des possibilités de prêts rentables,
utiliser des dépôts à court terme pour faire des placements à long terme, et gérer les risques.
- Les institutions financières deviennent insolvables lorsque la valeur de leur passif dépasse la
valeur de leur actif.
MACROÉCONOMIE !68
B. Le taux d’intérêt nominal et le taux d’intérêt réel
Le cout annuel réel de votre prêt n’est pas seulement le taux d’intérêt nominal que vous payer,
c’est le taux d’intérêt réel. Le taux d’intérêt réel, r, est le taux d’intérêt nominal moins le
taux d’inflation. Le taux d’inflation mesures la perte de valeur de 1€ attribuable du niveau
général des prix.
La relation entre le taux d’intérêt nominal et le taux d’intérêt réel est très semblable à la
relation entre la croissance du PIB nominal et celle du PIB réel. Pour convertir la croissance
du PIB nominal en croissance du PIB réel, il faut soustraire le taux d’inflation de la croissance
du PIB nominal. La même logique s’applique à la relation entre le taux d’intérêt nominal et le
taux d’intérêt réel :
Taux d’intérêt réel = Taux d’intérêt nominal - Taux d’inflation
Autrement dit , ! r = i − π . Les économistes appellent cette relation l’« équation de Fisher ».
Pourquoi des agent économique en quête d’optimisation utiliseraient-ils le taux d’intérêt réel
lorsqu’ils pensent au cout économique d’un prêt? Si vous emprunter 1€ pour un an, vous
devrez rembourser 1+i€ dans un an. Lorsqu’il y a de l’inflation, l’euro emprunté (et dépensé)
au début de l’année n’aura pas le même pouvoir d’achat lorsque vous le rembourserez à la fin
de l’année. En fait, pour maintenir le pouvoir d’achat de l’euro emprunté, il faudra
rembourser 1€ + π ! dans un an puisque le taux d’inflation est π ! . Penser que l’euro
remboursé à la fin de l’année a le même pouvoir d’achat que le dollar emprunté en début
d’année serait une erreur. Les agents économiques en quête d’optimisation savent qu’ils
doivent comparer ce qu’ils remboursent à la fin de l’année à ce qu’ils ont emprunté au début
de l’année, autrement dit, qu’ils doivent tenir compte de l’inflation. Essentiellement le prix
réel du prêt est la différence entre ce que l’emprunteur rembourse (1 + i) et la valeur corrigée
pour l’inflation du 1€ emprunté initialement (1 + ! π ) :
! (1+ i) − (1+ π ) = i − π
MACROÉCONOMIE !69
- Lorsque a pente de la courbe de demande de crédit est plate, la quantité demandée de
crédit ne varie pas tellement en réponse à la variation du taux d’intérêt réel
- Lorsque la pente de la courbe de demande de crédit est abrupte, la quantité demandée de
crédit est plus sensible à la variation du taux d’intérêt réel
Bien que l’axe des y porte le nom des taux d’intérêts réels, presque tous les prêts sont
consentis à un taux d’intérêt nominal. Cependant, dans les décisions d’optimisation, c’est le
taux d’intérêt réel implicite qui importe. Lorsqu’on utilise la courbe de demande de crédit, il
faut bien distinguer les mouvements le long de la courbe de demande de crédit et les
déplacements de toute la courbe de demande de crédit. De nombreux facteurs peuvent
déplacer la courbe de demande de crédit :
- Les changements dans la perception des occasions d’affaires pour les
entreprises : Les entreprises empruntent pour financer leur expansion. Si d’autres
entreprises observent une expansion et, toutes choses égales par ailleurs, elles augmenteront
leur demande de crédit à un taux d’intérêt réel donné, la courbe de demande de crédit du
marché (ou courbe de demande de crédit agrégée) se déplacera aussi vers la droite.
- Les changements dans les préférences ou dans les anticipations des
ménages : Les ménages empruntent pour diverses raisons. Si leurs préférences changent
ou qu’ils souhaitent consommer davantage de biens et services, alors ils emprunteront
davantage. De même, si ils sont plus optimistes quant à leur avenir.
- Les changements dans la politique économique du gouvernement : Les
emprunts du gouvernements sur le marché du crédit peuvent varier considérablement d’une
année à l’autre. Ceci est dû au déficit fiscal des Etats. Enfin, les politiques fiscales du
gouvernement peuvent également déplacer la courbe de demande de crédit. Parfois, le
gouvernement stimule l’investissement en capital physique en baissant les impôts sur les
bénéfices des sociétés ou en subventionnant directement l’investissement en capital
physique, ce qui déplace la courbe de demande de crédit du marché vers la droite.
MACROÉCONOMIE !70
D. Les décisions d’épargne
Les institutions financières accordent du crédit aux entreprises et aux ménages qui souhaitent
emprunter. Mais où prennent-elles les fonds qu’elles prêtent? Ces fonds proviennent d’autres
agents économiques qui ont des excédents et qui font des dépôts dans les banques. Les
institutions financières servent donc d’intermédiaires entre les épargnants et les emprunteurs.
Concentrons nous maintenant sur les épargnants. Ils ont des fonds qu’ils sont prêts à prêter
parce qu’ils préfèrent les dépenser plus tard. Ils pourraient cacher leur argent sous un matelas,
mais cela ne rapporte pas d’intérêts.
MACROÉCONOMIE !71
- Les changements dans les motifs d’épargne des ménages : Les ménages
épargnent pour diverses raisons, mais ces raisons changent avec le temps, ce qui déplace la
courbe d’offre de crédit. Cela peut être une anticipation de périodes économiques difficiles
ou les tendances démographiques.
- Les changements dans les motifs d’épargne des entreprises : Une entreprise fait
un profit si ses dépenses, y compris la rémunération de ses employés, sont moins élevées que
ses recettes. Certaines entrepris redistribuent ces bénéfices aux actionnaires, mais d’autres
entreprises les épargnent pour de futurs investissements. L’importance des bénéfices non
répartis varie donc au fil du temps.
MACROÉCONOMIE !72
Le marché du crédit fonctionne comme tous les autres marchés, pouvant rencontrer une offre
ou une demande excédentaire et dont le point d’équilibre est l’intersection de la courbe
d’offre de crédit et celle de demande. Le marché du crédit joue un rôle social clé. En
permettant aux épargnants de prêter leur épargne excédentaire aux emprunteurs, le marché
du crédit améliore donc l’allocation des ressources dans l’économie.
MACROÉCONOMIE !73
A. L’actif et le passif dans le bilan d’une institution financière
La meilleure façon de comprendre ce que font les institutions financières est de regarder le
bilan consolidé d’une banque qui résume à la fois son actif et son passif. L’actif comprend ses
investissements, les montants que lui doivent les emprunteurs. Le passif, quant à lui,
comprend ses dettes envers ses déposants et autres prêteurs.
L’ACTIF L’actif d’une institution financière se compose de divers éléments qu’on peut
regrouper est trois catégories :
- Les réserves bancaires : constituées du numéraire (billets et pièces) que l’institution financière
garde dans ses coffres ainsi que de ses réserves déposées
- Les actifs liquides : actifs sans risque auxquels l’institution financière peut avoir accès
immédiatement. Un actif est sans risque si sa valeur ne varie pas de jour en jour, et il est
liquide s’il peut être converti en espèces rapidement et facilement, avec peu ou pas de perte
de valeur
- Les actifs à long terme : prêts que l’institution financière a consentis aux ménages et aux
entreprises, ainsi que d’autres éléments comme la valeur de ses immeubles
LE PASSIF ET LES CAPITAUX PROPRES Il existe quatre catégories divisant le passif et les
capitaux propres :
- Les dépôts à vue : fonds « prêtés » à la banque par les déposants et auxquels ils peuvent
accéder sur demande à tout moment en retirant de l’argent à un guichet automatique ou au
comptoir de leur institution financière, en payant par chèque ou en utilisant une carte de
débit pour régler un achat
- Les emprunts à court terme : prêts à court terme que l’institution financière a obtenus d’autres
institutions financières. Ces prêts doivent être remboursés dans l’année qui suit, et beaucoup
sont des prêts à un jour que l’institution financière doit rembourser le lendemain.
Malheureusement, la forte dépendance des institutions financières aux dettes à court terme
crée une certaine fragilité dans le système financier
- La dette à long terme : dette qui doit être remboursée dans un an ou plus. Généralement, pour
une institution financière, le passif à long terme est très faible par rapport à l’actif à long
terme. Ceci comporte un risque pour la banque
- Les capitaux propres : correspond à la différence entre l’actif et le passif d’une institution
financière. Cette différence est égale à la valeur estimée de l’entreprise, ou la valeur totale
des actions de l’institution financière
On peut voir un exemple de
bilan d’une banque ici à
droite.
MACROÉCONOMIE !74
4. Les fonctions des institutions financières
Le bilan que nous venons d’étudier permet de dégager trois fonctions interreliées que les
institutions financières assument en tant qu’intermédiaire financiers :
- Les institutions financières trouvent des possibilités de prêts rentables
- Les institutions financières transforment leurs éléments de passif à court terme en actif à
long terme ; c’est ce qu’on appelle la « transformation des échéances »
- Les institutions financières gèrent le risque en utilisant des stratégies de diversification et en
transférant des déposants à leurs actionnaires et, dans certains cas, au gouvernement
MACROÉCONOMIE !75
C. La gestion du risque
Les institutions financières gèrent le risque de deux façons. Premièrement, elles diversifient
leur portefeuille : une institution financière n’investit pas seulement dans une chose, mais dans
un ensemble de placements très diversifié. Ceci réduit le risque parce qu’il est peu probable
que tous les placements de l’institution financière aient un mauvais rendement en même
temps. Deuxièmement, elle transfert du risque aux actionnaires et, en dernier recours au
gouvernement par l’intermédiaire de la BCB (Banque Centrale Belge). En effet, une perte ne
se fera pas ressentir auprès des épargnants, mais auprès des actionnaires comme on peut le
voir dans le bilan, cela réduira les capitaux propres.
Des institutions gouvernementales sont également la pour contrôler la solvabilité des banques.
Si une institution financière doit faire faillite, l’UE et le gouvernement peuvent soit procéder à
la fermeture de l’institution financière en position précaire et payer l’assurance-dépôts
promise aux déposants, ou piloter le transfert de propriété de l’institution. Si le premier
scénario s’applique, l’UE garantit les dépôts dans les institutions financières jusqu’à
concurrence de 100 000€ par déposant. Cependant, les autorités privilégient le deuxième
scénario : elles s’organisent pour qu’une banque en bonne santé financière prenne
rapidement le contrôle de la banque en faillite. Les actionnaires initiaux perdent tout dans la
manoeuvre, néanmoins le lendemain de la prise de contrôle, la banque ouvre ses portes
comme d’habitude, parfois sous un autre nom, on peut même parfois ne pas s’en apercevoir.
Toutes ces manoeuvres ont évidemment un coût. Dans la plupart des cas, le passif de
l’institutions financière en faillite dépasse la valeur de son actif. En termes techniques,
l’institutions financières en faillite est insolvable. Par contre, l’institution financière qui
prend son contrôle, elle, est solvable, ce qui signifie que la valeur de son actif dépasse celle
de son passif. Pour reprendre les opérations de l’institution financière en faillit, la nouvelle
institution en bonne santé financière a besoin d’un incitatif financier, que les autorités
gouvernementales lui fourniront.
MACROÉCONOMIE !76
D. Les ruées bancaires
Comme vu précédemment, les banques ont tendance à transformer leurs passifs à court
terme en actifs à long terme. Lors d’une ruée bancaire, une fraction importante des déposants
essaie de retirer ses dépôts en même temps. L’institution financière peut donc avoir du mal à
réunir les fonds nécessaires pour ces retraits. De plus, plus la rumeur selon laquelle elle risque
de manquer de liquidités s’amplifie, plus les déposants essaient de faire des retraits dans
l’espoir d’obtenir le peu d’argent qu’il reste. C’est donc un cercle vicieux. On peut donc
définir la ruée bancaire comme un vent de panique qui entraine la multiplication des
retraits dans une ou plusieurs institutions financières. Les ruées bancaires ont un cout
économique. Elles peuvent obliger une institution financière à liquider prématurément ses
actifs à long terme non liquide. Cela signifie parfois l’abandon ou la liquidation inefficace
d’investissement à long terme en capital physique. De plus, comme les institutions financières
sont des acteurs clés sur le marché du crédit, cela perturbe le bon fonctionnement du marché
du crédit.
MACROÉCONOMIE !77
MACROÉCONOMIE !78
Chap. 11 : Le système monétaire
1. Notions clés
- La monnaie remplit trois fonctions clés : elle sert à la fois de moyen d’échange, de réservoir
de valeur et d’unité de compte.
- La monnaie est détenue pour effectuer des transaction, par précaution et pour spéculer
- En recevant des dépôts et en prêtant aux entreprises et aux ménages, le secteur bancaire est
capable de créer de la monnaie.
- La théorie quantitative de la monnaie prédit la relation entre la masse monétaire, la
vélocité, les prix et le PIB réel.
- La théorie quantitative de la monnaie prédit que le taux d’inflation sera égal au taux de
croissance monétaire moins le taux de croissance du PIB réel.
- La Banque centrale européenne a comme objectif principal de maintenir l’inflation basse,
stable et prévisible.
- La Banque centrale européenne accepte les dépôts (les réserves) des institutions financières.
- Le fait que la Banque centrale européenne gère les réserves du système financier lui permet
d’influer sur trois choses : (1) les taux d’intérêt à court terme, par l’intermédiaire du taux du
financement à un jour ; (2) la masse monétaire et le taux d’inflation ; et (3) les taux d’intérêt
réels à long terme.
2. La monnaie
La monnaie est l’actif que les agents économiques utilisent pour mener à bien les
transactions liées aux biens et services produits dans le monde.
MACROÉCONOMIE !79
B. Les différents types de monnaie
Avant, la monnaie avait une valeur intrinsèque, c’est-à-dire qui valait quelque chose en elle-
même. Aujourd’hui, nous utilisons une monnaie fiduciaire qui est un instrument financier
qui a valeur de monnaie légale par décret gouvernemental sans que cette valeur repose sur un
bien physique, comme l’or ou l’argent. Elle comprend les pièces et les billets de banque. (Cela
élimine le risque de contre-façon). La monnaie fiduciaire a donc une valeur nominale plus
élevée que sa valeur intrinsèque. On parle aussi de monnaie scripturale, soit la monnaie
qui n’est pas matérialisée par un billet ou par une pièce mais inscrite dans les comptes
bancaires. N’importe quel objet peut-être utilisé comme monnaie fiduciaire, mais le risque de
contrefaçon est considérable. C’est pour cela que le gouvernement règle le problème en
créant lui même de la monnaie difficile et illégale à contre-faire.
C. La masse monétaire
Il existe plusieurs définitions de la masse monétaire, mais la plus utilisée est M2 :
- M1 : Somme de la monnaie fiduciaire et des dépôts à vues
- M2 : M1 + les comptes d’épargne et les dépôts à terme d’une durée inférieure ou égale à
deux ans ainsi que les dépôts remboursables avec un préavis inférieur ou égal à 3 mois.
Selon cette définition, la masse monétaire se compose principalement de dépôts dans divers
comptes bancaires.
- M3 : M2 + les dettes qui présentent un degré élevé de liquidité et une garantie de prix
élevée (placements monétaires, titres de créance d’une durée initiale inférieure ou égale à
deux ans)
- M4 : M3 + certains titres du marché monétaire (billets de trésorerie et bons du trésor)
Quand on passe de M1 au M4, on va du plus liquide au moins liquide.
MACROÉCONOMIE !80
La demande de monnaie M1 va dépendre :
- Positivement, des revenus et de la richesse : plus les revenus (ou la richesse) sont
élevés et plus les agents économiques voudront réaliser des transactions et garder de la
monnaie par précaution
- Négativement, des taux d’intérêt : plus les taux d’intérêt sont élevés plus il est coûteux
(coût d’opportunité) de détenir de la monnaie plutôt que d’autres actifs qui rapportent des
intérêts.
MACROÉCONOMIE !81
B. La théorie quantitative de la monnaie
Commençons par étudier la relation entre la masse
monétaire et le PIB nominal. Comme le montre le
graphique à droite, le ration monétaire du PIB nominal
est égal à 0,5 en moyenne, et semble à peu près stable
sur une très longue période. Cela signifie que pour 1€
de PIB nominal, il y a environ 0,5€ de masse monétaire.
On peut voir sur le graphique également que le ratio de
numéraire hors banque est très faible. En effet, pour 1€
de PIB nominal, il y a seulement 0,04€ de numéraire hors banque. Voyons comment calculer
le ratio de la masse monétaire au PIB nominal :
Masse monétaire (M2)
! = Ratio stable
PIB nominal
La théorie quantitative de la monnaie postule que ce ration est parfaitement constant à
long terme. Si on postulé que le ratio de ces deux variables est constant à long terme, alors le
numérateur et le dénominateur tendront à afficher le même taux de croissance. Par exemple,
si la masse monétaire augmente de 10%, le PIB nominal tendra aussi croître 10%, puisque le
ration de la masse monétaire au PIB nominal reste constant. Et donc, cela implique que sur le
long terme le taux de croissance du PIB nominal équivaut au taux de croissance de M2
En revenant à l’équation fondamentale page précédente et en décomposant le taux de
croissance du PIB nominal en taux d’inflation et taux de croissance du PIB réel, si on
remplace le taux de croissance du PIB nominal par le taux d’inflation plus le taux de
croissance du PIB réel, on constate que :
Taux d’inflation + Taux de croissance du PIB réel = Taux de croissance de M2
Autrement dit :
Taux de croissance de M2 - Taux de croissance du PIB réel = Taux d’inflation
Cette équation implique que l’inflation équivaut à l’écart entre le taux de croissance de la
masse monétaire et le taux de croissance du PIB réel
MACROÉCONOMIE !82
4. L’inflation
Inflation : Hausse des prix.
Déflation : Baisse des prix (inflation négative). (donc l’argent d’aujourd’hui vaut plus que
celui d’hier)
Hyperinflation : Lorsque le niveau général des prix double en trois ans.
MACROÉCONOMIE !83
C. Le coût social de l’inflation
L’inflation génère des coûts sociaux :
- Un taux d’inflation élevé crée des coûts logistiques : Si l’inflation fait changer
beaucoup de fois les prix sur une courte période, il est difficile pour les entreprises de
prévenir les consommateurs. On parle de coût de menu qui est le coût des changements de
prix.
- Un taux d’inflation élevé fausse les prix relatifs : Prenons l’exemple de deux
quotidiens. Au départ, ils se vendent tout deux à 1€, mais par la suite, à cause de l’inflation,
un des deux quotidiens décident d’augmenter les prix à 2€. Celui-ci va rapidement perdre
de la clientèle, et l’autre, quant à lui, vend sans faire de bénéfice. Il cédera par la suite de
monter à sont tour le prix de son quotidien, mais cela prendra du temps. Dès lors, cela a un
coût pour l’économie en réduisant l’activité économique.
- L’inflation conduit parfois à des politiques contre-productives, comme le
contrôle des prix : Si le prix devient trop bas il y aura une économie souterraine. Si trop
élevé par contre il n’y aura pas assez de demande
MACROÉCONOMIE !84
5. La Banque centrale
A. La banque centrale et les objectifs de la politique
monétaire
La banque centrale est l’institution gouvernementale qui supervise les institutions
financières (en Europe réparti entre différents acteurs), influe sur certains taux d’intérêt clés
et, indirectement, détermine la masse monétaire ; ensemble, ces activités constituent ce qu’on
appelle la politique monétaire.
La banque centrale européenne a comme objectif principal de maintenir l’inflation basse,
stable et prévisible sur le long terme. Dès lors, on parle de stabilité des prix.
MACROÉCONOMIE !85
C. Les réserves bancaires
Pour rappel, les réserves d’une institution financière comprennent les dépôts qu’elle fait à la
banque centrale et le numéraire qu’elle détient dans ses coffres. Même si elles ne font pas
partie de M2, les réserves bancaires peuvent influer sur cette masse monétaire. Les réserves
bancaires représentent donc les liquidités des banques, autrement dit, des fonds qu’elles
peuvent utiliser immédiatement pour faire des transactions. Une institution financière a assez
de liquidités si elle dispose de fonds suffisants pour mener ses activités. A tout moment, une
institution financière peut avoir à composer avec un manque de liquidités. Cette institution
financière peut aussi avoir besoin de fonds pour consentir de nouveaux prêts ou encore pour
rembourser d’autres banques à qui elle a emprunté de l’argent.
Les liquidités sont les fonds disponibles dans l’immédiat pour effectuer des transactions. On
appelle d’ailleurs réserves désirées les liquidités (généralement 2% à 3% de la valeur de
leurs dépôts à vue) que les institutions financières désirent garder à la banque centrale pour
remplir leurs obligations financières courantes.
Pour avoir des fonds supplémentaires, une institution financière peut emprunter des fonds
auprès d’autres institutions financières. C’est à ce moment que le marché du financement à
un jour entre en jeu. Le marché du financement à un jour est le marché où les
institutions financières se prêtent et s’empruntent mutuellement des réserves, généralement
pour 24 heures, d’où le terme marché des fonds à un jour. De même le taux cible du
financement à un jour est le taux d’intérêt auquel la Banque centrale européenne souhaite
voir les institutions financières se prêter et s’emprunter mutuellement des fonds sur le marché
du financement à un jour. Aussi appelé taux directeur de la Banque centrale européenne.
MACROÉCONOMIE !86
Quatre raisons expliquent ce déplacement :
- Une expansion ou une contraction économique : Les institutions financières doivent
obtenir des liquidités pour pouvoir accorder de nouveaux prêts à leurs clients. Les réserves
fournissent des liquidités qui peuvent être utilisées pour financer ces prêts. Par conséquent,
une expansion du volume de prêts émis par les institutions financières déplace la courbe de
demande de réserves vers la droite (et vice-versa)
- Une variation des besoins de liquidités : Le fait que les institutions financières
s’attendent à une forte augmentation des retraits accroît la demande de réserves. Fournir
des fonds aux déposants exige des liquidités, justement ce que les réserves fournissent.
- La modification de la base de dépôts : La demande de réserves est proportionnelle à
la valeur totale des soldes de comptes bancaires (la base de dépôts). Les institutions
financières veulent maintenir un niveau de réserves désirées de 2% à 3% de la valeur des
dépôts , soit en espèce dans leurs coffres, soit en espèces déposées à la BCE. Une expansion
de la valeur des dépôts bancaires déplace donc la courbe de demande de réserves vers la
droite.
- La variation de la quantité de réserves obligatoires : Bien qu’elles utilisent
rarement ce pouvoir, les autorités monétaires pourraient imposer un pourcentage de
réserves obligatoires.
MACROÉCONOMIE !87
Ainsi, une banque qui s’attend à terminer la journée avec des réserves excédentaires a le
choix : soit elle dépose ses fonds excédentaires à la BCE au taux directeur moins 25 points de
base, soit elle tente de prêter ses excédents à une autre institution financière au taux directeur,
une option bien plus avantageuse. De son coté, une banque qui pense terminer la journée à
court de liquidités a également le choix : soit elle cherche à emprunter des réserves auprès de
la BCE au taux officiel d’escompte, c-à-d au taux directeur plus 25 points de base, soit elle
tente d’emprunter du financement à une autre institution financière au taux directeur, un
choix bien plus économique.
Finalement, comme elle verse toujours des intérêts au taux équivalent à la limite inférieure de
la fourchette opérationnelle et prête toujours des fonds au taux qui correspond à la limite
supérieur, la BCE établit une valeur plancher et une valeur plafond au taux de financement à
un jour ; elle met ainsi en place les incitatifs nécessaires pour que les institutions financières se
prêtent mutuellement leurs réserves excédentaires au taux directeur. De plus, si le taux du
marché s’éloigne du taux cible, la Banque peut intervenir pour corriger cette situation.
MACROÉCONOMIE !88
G. L’influence de la banque centrale européenne sur la masse
monétaire et le taux d’inflation
Pourquoi la Banque centrale européenne ne peut-elle pas contrôler directement la masse
monétaire ou le taux d’inflation ? La Banque centrale européenne détermine la quantité des
réserves bancaires ; et ces dernières ne font pas partie de la masse monétaire. Toutefois, il faut
comprendre que la masse monétaire augmente lorsque les institutions financières consentent
de nouveaux prêts et cela grâce à la création de monnaie par les banques commerciales vue
précédemment.
À long terme, le taux d’inflation est à peu près égal au taux de croissance de la masse
monétaire moins le taux de croissance du PIB réel. Dès lors, lorsque la banque centrale
européenne relève le taux cible des financement à un jour, les taux d’intérêt que les ménages
et les entreprises paient sur leurs emprunts ont également tendance à augmenter. Par
conséquent, un taux de financement à un jour plus élevé réduit le taux de croissance des prêts
aux ménages, ralentit la croissance de la masse monétaire et fait baisser l’inflation.
Inversement, un taux de financement à un jour plus bas augmente le taux de croissance des
prêts aux ménages, accélère la croissance de M2 et fait monter l’inflation.
MACROÉCONOMIE !89
emprunteurs en quête d’optimisation se fient au taux d’intérêt réel anticipé ; ils ne savent
pas encore ce que sera le taux d’inflation effectif.
Une baisse du taux cible du financement à un jour signifie que les institutions financières
peuvent emprunter des réserves à un taux d’intérêt inférieur sur le marché du financement à
un jour. Comme leur coût d’emprunt diminue, elles commencent elles aussi à offrir ds prêts à
des taux d’intérêt plus bas. Cela signifie que l’offre de crédit des institutions se déplace vers la
droite. En outre, le taux d’intérêt nominal à long terme baisse parce qu’en fait, un prêt à long
terme est composé de nombreux prêts à court terme. Lorsque le taux cible du financement à
un jour descend, consentir le premier prêt de 1an devient moins cher pour l’institution
financière. De plus, un changement du taux cible du financement à un jour n’est
généralement pas inversé avant plusieurs années, les autres années du prêt sont alors touchées.
Le taux nominal à long terme va du coup dans la même direction.
MACROÉCONOMIE !90
Chapitre 12 : Les fluctuations à
court terme
1. Notions clés :
- Les récessions sont des périodes (d’au moins deux trimestres consécutifs) durant lesquelles le
PIB réel baisse.
- Les fluctuations économiques ont trois grandes caractéristiques : la covariance, la faible
prévisibilité et la persistance du taux de la croissance économique.
- Les fluctuations économiques se produisent en raison des chocs technologiques, de
changement dans les sentiments et de facteurs financiers ou monétaires.
- La rigidité des salaires à la baisse et les effets multiplicateurs amplifient les chocs
économiques.
- Les booms économiques sont les périodes d’expansion du PIB associées à une augmentation
de l’emploi et à une diminution du chômage.
MACROÉCONOMIE !91
Dans le graphique ci-contre, on peut assister à deux
gros écarts par rapport au PIB tendantiel : lors de la
grande Dépression (années 30, énorme chute du PIB)
ainsi que lors de la seconde guerre mondiale
(économie poussée à bloc par les dépenses militaires,
grand saut de PIB).
En économie, on appelle « Booms » les périodes de
croissance positive du PIB et « ralentissements »,
« contractions » ou « récessions » les périodes de croissance négative du PIB. Une expansion
économique commence à la fin d’une récession et se poursuit jusqu’au début de la récession
suivante?
MACROÉCONOMIE !92
A. Les caractéristiques des fluctuations économiques
Les fluctuations économiques ont trois grandes caractéristiques :
- La covariance de nombreuses variables macroéconomiques agrégées;
- La faible prévisibilité des fluctuations;
- La persistance du taux de croissance économique.
MACROÉCONOMIE !93
UNE FAIBLE PRÉVISIBILITÉ La deuxième grande caractéristique des fluctuations
économiques est leur faible prévisibilité. Si on regarde à nouveau l’encadré 12.3, on voit que
les dépressions et expansions sont toujours différentes les unes des autres (en longueur et
intensité). Ainsi, il est clair que même avec tous les outils possibles à disposition, il est
impossible de prévoir précocement une récession ou une expansion. Les économistes parlent
de « faible prévisibilité » plutôt que d’« imprévisibilité » parce qu’en utilisant des techniques
statistiques sophistiquées, on peut tout de même arriver à une faible capacité prédictive. Dans
l’Etat actuel de la science économique, il est généralement possible de prédire la fin d’une
récession un mois ou deux avant le fait, mais il est pratiquement impossible de prédire la fin
d’une récession, ou d’une expansion dès le début de cette expansion ou récession. Il est
important de prendre ce facteur en compte car avant, on pensait que les fluctuations étaient
régulières, ce qui est faux !
B. La grande dépression
On appelle Grande Dépression (ou Grande
Crise) la forte contraction qui a débuté en 1929. Le
terme dépression désigne décrit généralement
une récession prolongée accompagnée d’un taux de
chômage de 20% ou plus.
La Grande dépression respecte les trois principales
caractéristiques des fluctuations économiques. On
peut notamment voir la covariance sur ces
graphiques. Cette dépression répond également à
la caractéristique de la faible prévisibilité et même
de l’imprévisibilité. En effet, elle a été une surprise
totale pour bon nombre d’entreprises, économistes
et décideurs. Enfin, la Grande Dépression possédait
très certainement la troisième caractéristique des
fluctuations économiques : une grande persistance.
De fait, la période de croissance négative du PIB a
duré quatre ans, de 1929 à 1933.
MACROÉCONOMIE !94
3. L’équilibre macroéconomique et les fluctuations
économiques
A. Le travail et les fluctuations de la demande
Revenons un moment au marché du travail.
On a vu dans le chapitre 9 que l’intersection
des courbes de demande et d’offre de travail
déterminent l’équilibre du marché du travail.
Nous partirons d’un marché du travail où les
salaires sont flexibles et nous verrons
comment la rigidité des salaires à la baisse
amplifie l’effet des déplacements de la courbe
de demande de travail, et par conséquent, les
fluctuations économiques.
Le graphique (a) de l’encadré 12.6, qui se
concentre sur un marché du travail où les
salaires sont flexibles, fait penser à cette
relation en montrant les courbes
d’offre et de demande de travail
ainsi que leur intersection.
L’équilibre de marché du travail,
qui s’établit au salaire et au niveau
d’emploi correspondant au point
d’intersection de la courbe d’offre
du travail et de la courbe de
demande de travail, servira de base
pour construire un modèle de
fluctuations économiques.
Les fluctuations de l’emploi
correspondent à des changements
dans ce équilibre du marché du
travail, et les fluctuations du PIB
réel de l’emploi sont liées. Le
graphique (a) illustre ces liens en
décrivant un déplacement de la
courbe de demande vers la gauche,
qui réduit la quantité offerte de
travail d’équilibre. Avant le début
de la récession, l’équilibre initial est
au point «1: avant la récession ».
MACROÉCONOMIE !95
Après un choc économique qui a déplacé la courbe de demande de travail vers la gauche, le
nouvel équilibre, qui correspond à un salaire plus bas et à une quantité demandée de travail
moindre, est au point « 2: récession ».
Le graphique (b) représente la fonction de production globale. Le capital physique et la
technologie étant gardés constants, cette courbe montre la relation entre l’emploi et le PIB. ce
graphique montre que, lorsque l’emploi diminue (déplacement vers la gauche de la courbe de
demande), il en va de même du PIB réel (moins de travail pour produire des biens et services).
L’emploi et le PIB réel augmentent et diminuent donc ensemble, ce qui st une autre
illustration de la covariance des agrégats économiques.
En pratique, la chute du PIB réel pourrait dépasser ce qu’on montre au gaphique (b) parce
que la baisse de l’emploi entraine d’autres variations économiques. La mise à pieds d’un
travailleur rend moins productif le capital physique qu’utilisait ce travailleur, ce qui amène les
entreprises à fermer des usines et à mettre l’équipement au rancart. On appelle « taux
d’utilisation de la capacité » le taux d’utilisation du capital physique, et les récessions
s’accompagnent généralement d’une réduction de l’utilisation des capacités.
Lorsque les salaires sont rigides à la baisse, les entreprises ne peuvent pas réduire la salaires à
cause des restrictions contractuelles ou refusent de le faire en raison de problèmes moraux qui
en résulteraient. Elles finissent donc par licencier davantage de travailleurs que si les salaires
étaient flexibles à la baisse. Avec les salaires rigides à la baisse, un déplacement vers la gauche
de la courbe de demande de travail se traduit par une baisse de l’emploi encore plus
important que lorsque les salaires sont flexibles. Avec des salaires rigides à la baisse, la
récession est plus profonde, et le mouvement le long de la fonction de production agrégée est
encore plus prononcé qu’avec des salaires flexibles, comme dans le graphique (c).
Les salaires rigides à la baisse entrainent du chômage. Au salaire du marché, qui est le salaire
rigide à la baisse, le nombre de travailleurs prêts à travailler dépasse le nombre d’emplois que
les entreprises sont prêtes à offrir.
Les déplacements de la courbe d’offre de travail peuvent aussi entrainer des variations de
l’emploi et du chômage, mais ces variations résultent surtout de fluctuations dans la demande
de travail. Pour comprendre pourquoi la nature de l’équilibre macroéconomique, il faut
comprendre pourquoi la demande de travail fluctue.
MACROÉCONOMIE !96
B. Les causes des fluctuations
LA THÉORIE DES CYCLES RÉELS met l’accent sur la variation de la productivité et de la
technologie. On peut l’expliquer par les chocs technologiques. Quand la RD (rech. et
dével.) amène des entreprises à inventer des produits qui ont une plus grande valeur, la valeur
du produit marginal du travail augmente, ce qui pousse les entreprises à étendre leurs
activités, et donc, selon toute probabilité, à accroitre leur demande de travail. Les entreprises
cherchent aussi à accroitre leur capacité de production, ce qui augmente l’investissement dans
l’ensemble de l’économie. Ces changements finissent par hausser le revenu des ménages
(l’emploi augmente, le salaire augmente, le profit accru des entreprises enrichit les
actionnaires). Ainsi, les ménages consomment davantage de biens et services. Certains types
d’améliorations technologiques peuvent accroitre la demande de travail ainsi que l’activité
économique agrégée, y compris l’investissement et la consommation. Comme vu aux
chapitres 6 et 7, le taux de procès technologique est la cause de la variation à long terme de la
croissance économique, et des percées technologiques peuvent entrainer une augmentation
rapide de la production d’une industrie donnée. Cependant, les théories purement
technologiques ont du mal à expliquer les récessions, où le PIB réel baisse - la « régression
technologique », où les capacités technologiques reculeraient, étant une cause peu plausible
des récessions.
Cependant, le taux de progrès technologique joue un rôle clé dans la variation à long terme
de la croissance économique. On sait que les pays qui mettent constamment au point de
nouvelles technologies ou qui importent les technologies de pointe d’autres pays atteignent
des taux de croissance élevés. Le progrès technologique est donc un déterminant très
important des fluctuations à long terme de la croissance, même si ce n’est pas le principal
moteur des récessions.
Cette théorie souligne aussi l’importance de la variation du prix des intrants, et en particulier
du prix du pétrole. On peut considérer une augmentation du prix du pétrole comme une
diminution de la productivité des entreprises qui utilisent le pétrole. Presque toutes les
entreprises en utilisent, car c’est une énergie essentielle. Ainsi, lorsqu’il y a un choc pétrolier,
cela a un effet comparable à celui des changements technologiques. Les variations du prix du
pétrole (les hausses aussi) pouvant être soudaines et fortes, ce facteur peut expliquer certaines
récessions.
LA THÉORIE KEYNÉSIENNE met l’accent sur la variation des anticipations. Keynes a
développé une « théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ». Il croyait en
l’influence de ce qu’il appelait « les esprits animaux » (facteurs psychologiques qui
modifient l’humeur des consommateurs et des entreprises, et qui influent ainsi sur la
consommation, l’investissement et le PIB). Selon lui, les esprits animaux peuvent varier
considérablement dans une économie, même si les caractéristiques fondamentales sous-
jacentes de l’économie ont relativement peu changé.
En fait, les esprits animaux sont un ensemble d’un phénomène plus large que les économistes
appellent les « sentiments » qui sont des changements dans les anticipations concernant
MACROÉCONOMIE !97
l’activité économique et dans l’incertitude réelle ou perçue que vivent les entreprises. Ces
changements se traduisent par des fluctuations de la consommation des ménages et de
l’investissement des entreprises. Ces changements se traduisent par des fluctuations de la
consommation des ménages et de l’investissement des entreprises.
Imaginons qu’une entreprise anticipe une faible demande de leurs produits. Ce pessimisme
aura un effet sur la demande de travail (à la baisse). Ce changement entraine une baisse
d’investissement de l’entreprise, et donc une baisse du PIB (par rapport à l’équation).
Cependant, les autres composantes de cette même équation peuvent compenser cette perte
d’investissement.
Par ailleurs, lorsqu’une entreprise devient pessimiste et réduit son emploi et son
investissement, les ménages sont peu enclins à augmenter leur consommation, car ils risquent
davantage de perdre leur emploi. La consommation se déplace donc dans le même sens que
l’investissement. Au final, cela risque tout de même de réduire le PIB (voir graphique 12.6).
L’effet est le même si ce sont les ménages qui deviennent pessimistes : ils réduisent leur
dépenses courantes pour économiser en prévision. Cette réduction de la consommation
diminue la demande de produits de nombreuses entreprises et déplace vers la gauche la
courbe de demande de travail de celles-ci.
Tout ceci nous amène à un autre élément de la théorie de Keynes, la possibilité qu’un choc
mineur sur l’économie déclenche des effets en cascade qui finissent par causer une
contraction beaucoup plus importante. On appelle « multiplicateurs » les mécanismes qui
font qu’un choc économique initial est amplifié par des effets en cascade. Les effets en cascade
vont amplifier le choc initial, qu’il soit bon ou mauvais. Une bonne nouvelle économique,
même mineure, peut entrainer une cascade d’effets bénéfiques à mesure que les
consommateurs augmentent leur demande de biens et services, et que les entreprises y
répondent en déplaçant leur courbe de demande de travail vers la droite, ce qui multiplie
l’effet de la nouvelle initiale.
Le fonctionnement des multiplicateurs comporte un élément de « prophétie
autoréalisatrice », puisque l’anticipation d’un événement entraine des actions qui font que
cet événement se produit. (exemple, on anticipe une faible demande, on réduit l’emploi, donc
on provoque cette diminution de l’emploi qu’on a anticipée). Ce phénomène s’explique par le
fait que les sentiments peuvent être de puissants catalyseurs de changement économique. Ce
phénomène met aussi en évidence le fait qu’un changement des anticipations créé par les
esprits animaux peut se révéler « rationnel »: lorsque les ménages et les entreprises deviennent
pessimistes sur l’économie, celle-ci se contracte en raison de leur comportement pessimiste, de
sorte que le pessimisme finit par se justifier.
LES THÉORIES FINANCIÈRES ET MONÉTAIRES mettent l’accent sur la variation
des prix et des taux d’intérêt. les facteurs monétaires sont une des forces qui activent les cycles
économiques. On sait que la masse monétaire influe sur le PIB nominal. Typiquement, une
baisse du PIB nominal qui résulte d’une forte réduction de la masse monétaire n’affecte pas
seulement le niveau général des prix, mais aussi le PIB réel. Dans ce cas, les variations de la
masse monétaire influent aussi sur les cycles économiques.
MACROÉCONOMIE !98
Pour illustrer comment les facteurs monétaires entrainent des fluctuations du PIB réel,
imaginons un scénario dans lequel la politique une politique de contraction monétaire
entraine une forte baisse de la masse monétaire.
La baisse de masse monétaire fait baisser les niveau des prix, comme le prédit la théorie
quantitative de la monnaie. Une baisse du niveau général des prix réduit l’emploi à cause de
la rigidité des salaires à la baisse. En effet, une baisse du niveau général des prix signifie que
les entreprises ont réduit le prix de leur production en diminuant la valeur du produit
marginal du travail. Chaque entreprise a donc besoin d’un moins grande quantité de travail
pour un salaire donné. En d’autres termes, une baisse du prix de la production déplace la
courbe de demande de travail vers la gauche. Si les salaires baissaient autant que les prix de
leur production, les entreprises emploieraient autant de travailleurs qu’avant. Cependant,
avec des salaires rigides à la baisse, les salaires ne baissent pas, et les entreprises qui veulent
optimiser leur profit doivent plutôt réduire le nombre de travailleurs qu’elles emploient.
De plus, une politique de contraction monétaire fait monter le taux d’intérêt réel. or, on sait
que le taux d’intérêt réel est le prix qu’une entreprise paie pour un autre de ses intrants : son
capital physique. Une hausse du taux d’intérêt d’équilibre augmente donc encore les couts de
production. Comme le travail a besoin du capital physique, l’augmentation du cout de ce
capital physique amène les entreprises a utiliser moins de travail, ce qui signifie un
déplacement vers la gauche de la courbe de demande du travail.
Les perturbations du fonctionnement du marché du crédit entrainent aussi des fluctuations
économiques. Nous avons vu comment l’offre et la demande de crédit déterminent le taux
d’intérêt d’équilibre et la quantité de crédit dans l’économie. Les perturbations du marché du
crédit diminuent l’investissement et la consommation, ce qui réduit le PIB réel et l’emploi.
Ainsi, un déplacement vers la gauche de la courbe d’offre de crédit déplace les courbes de
demande de travail des entreprises vers la gauche.
MACROÉCONOMIE !99
temporaire car il ne tient pas compte des
effets multiplicateurs. La première vague de
licenciements amène les chômeurs à réduire
leur consommation de biens et services, ce
qui pousse les entreprises qui fournissaient
ces biens et services à réduire leur demande
de travail. Cette réduction amène un autre
déplacement de la courbe de demande de
travail vers la gauche, ce qui amène
l’économie à l’équilibre de récession étiqueté « 3 : Creux ». Il s’agit du point le plus bas atteint
par le PIB réel au cours d’une récession. Ce graphique illustre donc deux déplacements de la
courbe de demande de travail : le choc initial, ainsi que le déplacement causé par les
licenciements causés par le choc initial, qui tient compte des effets multiplicateurs.
En principe, il pourrait y avoir d’autres déplacements vers la gauche de la courbe de demande
de travail après la dernière ronde mise à pied. En pratique, les économies finissent par se
stabiliser, et la spirale vers le bas, par s’arrêter. Cette stabilisation peut être due, par exemple,
au fait que de nouvelles entreprises remplacent les anciennes qui ont fait faillite. Si une
entreprise n’a pas une demande suffisante pour rester rentable, le capital physique et humain
qu’elle employait sera réaffecté à d’autres entreprises, principalement à celles qui ont des
activités différentes. L’arrivée de ces nouvelles entreprises stoppe le déplacement vers la
gauche de la courbe de demande de travail, et, éventuellement, commence à la déplacer vers
la droite.
La boucle de rétroaction du multiplicateur illustré dans
l’encadré 12.8 fait abstraction de plusieurs mécanismes
importants dans une économie moderne. L’encardé
12.10 ajoute certains de ces mécanismes et donne une
image plus complète des facteurs qui multiplient l’effet du
choc récessionniste. Ces mécanismes comprennent la
baisse du prix des actifs financiers, comme les cours des
actions et des obligations, ainsi que du prix des maisons;
une augmentation des défauts de paiement, qui affaiblit les bilans des banques; la hausse du
taux de faillite des ménages, qui entraine des défauts de paiement dans divers types de crédit à
la consommation, notamment les prêts sur cartes de crédit; la hausse du taux de faillite des
courtiers, qui force les prêteurs à absorber les pertes considérables; et la baisse du niveau
d’intermédiation financière à mesure que les banques deviennent plus réticentes à accorder
de nouveaux prêts, ou incapables de le faire, même à leurs anciens clients. Tous ces
mécanismes créent des effets multiplicateurs additionnels, et font baisser la consommation et
l’investissement, ce qui diminue encore la demande de travail. La diminution de la demande
de travail réduit encore l’emploi et le PIB, ce qui affaiblit davantage l’économie et entraine
d’autres rondes d’effets multiplicateurs.
MACROÉCONOMIE !100
D. L’équilibre à court terme avec des multiplicateurs et des
salaires à la baisse
On obtient une image plus complète des chocs récessionnistes si on combine la rigidité des
salaires à la baisse et les multiplicateurs. Ces deux ingrédients amplifient l’effet des variations
de la demande de travail sur l’emploi. Voici comment :
- Un choc initial déplace la courbe de demande de travail vers la gauche.
- La rigidité des salaires à la baisse amène les entreprises à s’adapter à ce choc initial en
réduisant fortement l’emploi plutôt qu’en réduisant plus faiblement à la fois l’emploi et les
salaires.
- Les multiplicateurs font que la courbe de demande de travail se déplace encore davantage
vers la gauche.
Ce graphique illustre ces trois éléments. Avant
les chocs, l’équilibre de l’économie se situe au
point 1. Le choc initial déplace cet équilibre
jusqu’au point 2, point d’équilibre temporaire.
Comme on suppose que les salaires sont rigides
à la baisse, les entreprises ne peuvent modifier
que l’emploi. Sous l’effet des multiplicateurs, la
courbe de demande de travail se déplace
encore davantage vers la gauche, et l’économie
se retrouve finalement au point d’équilibre 3. L’effet combiné de la rigidité des salaires à la
baisse et des multiplicateurs a amplifié l’effet de contraction du choc récessionniste initial.
Sans cette rigidité des salaires et les multiplicateurs, le déplacement initial vers la gauche de la
courbe de demande de travail aurait amené l’économie au point d’équilibre A. Avec cette
rigidité et les multiplicateurs, l’économie se déplace jusqu’au point 3, qui correspond à une
réduction d’emploi beaucoup plus importante que celle du point A.
MACROÉCONOMIE !101
FORCES DU MARCHÉS :
- La demande de travail reprend en partie lorsque
les entreprises ont écoulé leurs stocks. Ainsi, après
un boom excessif dans la construction
d’habitations, le besoin de nouvelles habitations
diminue, ce qui déplace la courbe de demande de
travail vers la gauche. Cependant, le stock de
maisons invendues finit par s’épuiser, et la
construction de nouvelles maisons commence à
reprendre, ce qui ramène la courbe de demande
de travail vers la droite. Ce phénomène s’applique à toute entreprise qui détient un
inventaire de biens invendus. Dans tous les domaines ou les entreprises détiennent des
stocks, ceux-ci ne durent pas éternellement, et, quand ils s’épuisent, la firme augmente
généralement sa production. Le graphique ci-dessus illustre un déplacement vers la droite
de la courbe de demande de travail.
- La demande de travail reprend en partie lorsque des avancées technologiques incitent les
entreprises à étendre leurs activités.
- La demande de travail reprend en partie lorsque le système bancaire se remet, et que les
entreprises financières sont de nouveau capables d’utiliser le crédit pour financer leurs
activités. La disponibilité du crédit déplace la courbe de demande de travail vers la droite.
MACROÉCONOMIE !102
Remarque : Qu’en est-il de l’offre de travail? Comme l’inflation augmente le prix de la
production, un salaire donné permettra une consommation moindre. Tant que les salaires
restent rigides à la baisse, ce déplacement de l’offre de travail est sans effet : l’emploi se situe
à l’intersection de la courbe de demande de travail et de la droite horizontale qui représente
les salaires rigides à la baisse et fixés au-dessus du salaire d’équilibre du marché, les
déplacements de la courbe de demande de travail qui résultent de l’inflation augmentent
l’emploi.
Cette analyse révèle aussi à partir de quand les déplacements de la courbe d’offre de travail
commenceront à avoir un effet. Si les déplacements en question sont assez importants, et
qu’ils entrainent une inflation assez forte, le salaire d’équilibre du marché grimpe au-dessus
du niveau fixé par la rigidité à la baisse des salaires. Comme sur le graphique (b), une fois ce
salaire d’équilibre atteint, de nouvelles hausses de l’inflation déplacent de manière égale la
courbe de demande de travail et la courbe d’offre de travail vers le haut; le salaire
d’équilibre du marché augmente, mais l’emploi restera inchangé.
- Le gouvernement utilise aussi la politique budgétaire (dépenses publiques et les impôts) pour
déplacer la courbe de demande de travail vers la droite. La hausse des dépenses
gouvernementales augmente la demande pour les biens et services que produisent les
entreprises, déplaçant la courbe de demande pour les biens et services que produisent les
entreprises, déplaçant la courbe de
demande de travail vers la droite. La
réduction des impôts laisse aux
entreprises et aux consommateurs un
revenu après impôts plus élevé, ce qui
accroit leur pouvoir d’achat, augmente
la demande pour les produits des
entreprises et déplace ainsi la courbe
de demande de travail vers la droite.
MACROÉCONOMIE !103
MACROÉCONOMIE !104
4. Modéliser les expansions
Etudions à présent les booms économiques. Une différence importante entre les déplacements
vers la droite et ce que notre analyse a révélé sur les déplacements vers la gauche est que, dans
le cas des déplacements vers la droite, il n’y a pas de rigidité des salaires. En effet, si les
travailleurs sont rarement disposés à accepter des réductions salariales, comme nous l’avons
souligné au chapitre 9, cette réticence n’a pas d’équivalent pour les augmentations salariales.
Il n’y a donc pas de rigidité des salaires à la hausse. Pour cette raison, dans l’encadré 12.15,
après le déplacement vers la droite de la courbe de demande de travail, l’emploi varie le long
d’une courbe d’offre de travail.
Bien que l’effet du déplacement vers la droite de la courbe de demande de travail ne soit pas
accru par des rigidités salariales, les effets multiplicateurs sont bien présents et amplifient le
déplacement initial. Cette demande de travail accrue tend à augmenter les revenus des
ménages et incite ces derniers à consommer davantage, ce qui déclenche une autre ronde
d’effets multiplicateurs et déplace la courbe de demande de travail encore plus à droite
(12.15).
Les booms économiques ont aussi un
côté sombre. Si l’économie est proche
du plein-emploi et fonctionne à plein
rendement (taux de chômage faible, les
entreprirent emploient l’essentiel de leur
capacité) avant le début de l’expansion,
les possibilités de croissance économique
seront relativement limitées. Le cas
échéant, l’optimisme ou d’autres
facteurs qui pourraient avoir déclenché le
boom risquent de se renverser si les choses tournent moins bien que prévu et que la rentabilité
est moindre que celle attendue. Un tel renversement enchaine précisément le genre de
déplacement de la demande de travail vers la gauche que nous avons analysé. Ces
déplacements vers la gauche ont tendance à créer des effets multiplicateurs néfastes et
pourraient plonger l’économie dans une récession plutôt que de la ramener doucement vers
un degré d’activité soutenable où les rendements réalisés sont conformes aux attentes qui ont
justifié l’investissement.
Ce côté sombre des booms économiques est un des plus grands défis que les décideurs
politiques aient à relever. La prudence leur dicterait d’essayer de tempérer les booms
économiques pour limiter les effets néfastes de leur éventuel renversement. Cependant,
comme l’augmentation de l’emploi et la réduction du chômage qui accompagnent les booms
économiques contribuent à la popularité des décideurs, ces derniers sont enclins à laisser aller
les booms économiques et même à les favoriser (surtout si les élections approchent).
MACROÉCONOMIE !105
MACROÉCONOMIE !106
Chap. 13 : Les politiques
macroéconomique contra-
cycliques
1. Notions clés
- Les politiques contracycliques tentent d’aplanir les fluctuations économiques et, par
conséquent, la croissance du taux d’emploi, du PIB et des prix.
- La politique monétaire contracyclique aplanit les fluctuations économique en influant sur
les réserves bancaires et les taux d’intérêt.
- Une politique monétaire expansionniste accroît les réserves bancaires et abaisse les taux
d’intérêt. Une politique monétaire restrictive réduit les réserves bancaires et augmente les
taux d’intérêt.
- La politique budgétaire contra cyclique aplanit les fluctuations économiques en influant sur
les dépenses publiques ainsi que sur les impôts (terme qui inclut les taxes).
- Une politique budgétaire expansionniste augmente les dépenses publiques et diminue les
impôts. Une politique budgétaire restrictive diminue les dépenses publiques et augmente les
impôts
MACROÉCONOMIE !107
Ces deux politiques s’appliquent dans des circonstances différentes, mais elles ont des
caractéristiques communes. En cas de récession, on utilise l’une et l’autre pour stimuler
l’économie en déplaçant la courbe de demande vers la droite. S’il s’agit d’une expansion qui
s’emballe, on utilise l’une et l’autre pour ralentir l’économie en déplaçant la courbe de
demande de travail vers la gauche.
On peut voir sur ces graphiques qu’à partir de
l’équilibre initial, le choc déplace la courbe de
demande de travail vers la gauche, réduisant
l’emploi et le PIB, ce qui mène au point du creux,
où l’emploi et les salaires sont plus bas. Une
politique expansionniste réussie protège l’économie
du plein effet de la récession en déplaçant la courbe
de demande de travail vers la droite, le point de
reprise partielle.
Lorsque les salaires sont rigide à la baisse, la
récession a des conséquences plus lourdes sur
l’emploi. Sur le graphique (b), la courbe de
demande de travail pendant le creux est
exactement la même qu’en (a), mais la baisse de
l’emploi du point 1 au 2 est maintenant bien plus
grande qu’en (a). Cet écart s’explique par le fait
qu’aucun déplacement vers la gauche de la courbe
de demande de travail ne peut être absorbé par une
baisse des salaires.
Les salaires rigides à la baisse signifient aussi que la politique contracyclique est relativement
plus efficace. On peut le voir que l’augmentation de la quantité d’emploi est plus élevé en (b)
qu’en (a). La politique agit sur l’emploi avec autant de force parce que, dans ce cas, il n’y a pa
d’effet sur les salaires. Une politique expansionniste atténue la gravité d’une récession, mais
parfois les décideurs politiques utilisent une politique restrictive qui freine la croissance
économique lors d’un boom. Pourquoi? En fait, dans bien des situations, les effets néfastes sur
le PIB et sur l’emploi ne sont que les effets secondaires de l’atteinte d’un autre objectif de
politique économique. Ainsi, lorsque l’inflation est toujours au dessus de son taux, la BCCE
relie les taux d’intérêt pour freiner l’emprunt, ce qui ralentit la croissance de la masse
monétaire et abaisse le taux d’inflation. La hausse des taux d’intérêt déplace la courbe de
demande de travail vers la gauche et réduit donc l’emploi. Dans d’autres cas, la politique
contracyclique peut cibler directement une expansion économique. Laissées à elles-mêmes,
ces expansions peuvent finir par conduire à une grave récession parce que les anticipations
optimistes peuvent imploser soudainement. Dans certains cas, on recourt à une politique
restrictive afin de réduire les risques de contraction extrême en essayant de contenir
l’économie pour prévenir sa surchauffe. Un tel résultat s’obtient en exerçant une pression
graduelle vers la gauche sur la courbe de demande de travail.
MACROÉCONOMIE !108
3. La politique monétaire contracyclique
La BCE répond aux contractions économiques en adoptant une politique monétaire
expansionniste, politique qui accroît la quantité de réserves bancaires et abaisse les taux
d’intérêt. La BCCE influe sur les taux d’intérêt à court terme, particulièrement sur le taux du
financement à un jour. Lorsqu’elle veut stimuler l’économie, la BCE abaisse les taux d’intérêt
à court terme, ce qui fait habituellement baisser les taux d’intérêt à long terme. Un baisse des
taux d’intérêt à long terme incite donc les ménages à acheter davantage de biens durables
parce qu’un taux d’intérêt moindre signifie qu’un prêt pour l’achat d’u bien durable coute
moins cher. Pour satisfaire cette augmentation de la demande de biens durables des ménages,
les entreprises embauchent davantage de travailleurs. De même, une baisse des taux d’intérêt
à long terme pousse les entreprises à augmenter
leur investissement en immeubles et en biens
d’équipement, car le cout du financement sera
moindre. Les entreprises ont besoin de
travailleurs pour construire et exploiter ces
nouvelles usines, ce qui déplace la courbe de
demande de travail vers la droite. De diverses
façons, la politique monétaire expansionniste
déplace la courbe de demande de travail des
entreprises vers la droite et augment l’emploi.
MACROÉCONOMIE !109
B. Les autres instruments de la BCE
Voici une liste d’autres instruments qui agissent pour la plupart sur l’offre de réserves
bancaires de la BCE :
- La modification de la quantité de réserves obligatoires : Ce pouvoir est peu
utilisé, mais théoriquement, la BCE peut changer le pourcentage de réserves obligatoires
(actuellement de 0%). Une augmentation de ce taux augmenterait les réserves et donc
diminuerait le taux de financement à un jour.
- La fourchette cible du taux du financement à un jour : Les banques empruntent et
prêtent peu souvent à la limite de la fourchette, préférant normalement se prêter et
s’emprunter des fonds entre elles, mais le fait qu’elle existe assure un taux plancher et un
taux plafond pour les réserves bancaires.
- L’assouplissement quantitatif : Il y a assouplissement quantitatif lorsque la banque
centrale crée une grande quantité de réserves bancaires pour acheter des obligations à long
terme, ce qui donne à la fois une augmentation de l’offre de réserves bancaires et une baisse
du taux d’intérêt sur les obligations à long terme.
Les banques centrales trouvent parfois d’autres moyens d’accroitre l’offre de crédit pendant
les crises financières. Elles créent des canaux de crédit spécialisés qui augmentent les prêts sur
le marché du crédit et stimulent indirectement la demande de biens et services ainsi que la
demande de travail.
Cependant le tableau reste incomplet, plusieurs facteurs importants influent sur la façon dont
la banque centrale utilise ces instruments.
MACROÉCONOMIE !110
Une analyse similaire s’applique aux anticipations relatives à l’inflation à long terme. Compte
tenu de leur effet sur le taux d’intérêt réel à long terme, la banque centrale peut vouloir créer
des anticipations inflationnistes quand cela est possible. Plus précisément, elle peut promettre
de mener une politique monétaire expansionniste durant plusieurs années. Si le marché croit
en cette promesse, les anticipations inflationnistes vont se renforcer, ce qui fera baisser le taux
d’intérêt réel à long terme anticipé si le taux d’intérêt nominal ne mont pas avec l’inflation
dans un rapport de un pour un.
MACROÉCONOMIE !111
E. La borne inférieure des taux d’intérêts nominaux
Quand un taux d’intérêt descend jusqu’à 0%, les économistes disent qu’il atteint la « borne
inférieure des taux d’intérêt nominaux », ce qui signifie que le zéro est une limite que les taux
d’intérêt nominaux ne peuvent pas franchir. C’est ce qui s’est passer avec le Japon, comme on
peut le voir sur le graphique.
Pour le comprendre, il suffit d’imaginer à quel point un taux d’intérêt nominal négatif serait
incongru : l’emprunteur rembourserait moins d’argent qu’il en a emprunté. Prêter de l’argent
à un taux d’intérêt négatif serait évidemment une très mauvaise affaire pour les institutions
financières, qui préféreraient de loin garder l’argent dans leurs coffres. Lorsque le taux
d’inflation est faible ou négatif, ce qui a été le cas au Japon depuis le début des années 1990,
la borne inférieure du zéro devient problématique pour la politique monétaire.
Lorsque le taux d’intérêt nominal est coincé à 0% ou juste au-dessus et que le taux d’inflation
est négatif, le taux d’intérêt réel est positif. Ainsi, un taux d’intérêt nominal de 0% et un taux
d’inflation prévu de -1% signifient un taux d’intérêt réel anticipé de 1%. Si le taux d’inflation
continue à baisse, le taux d’intérêt réel va augmenter, ce qui fera patauger l’investissement et
déplacera la courbe de demande de travail vers la gauche.
MACROÉCONOMIE !112
Il importe de préciser les deux parties de la règle de Taylor :
- Selon cette règle, la banque centrale relève le taux du financement à un jour en fonction du
taux d’inflation. Un taux d’inflation plus élevé l’amène à relever le taux du financement à
un jour, ce qui réduit la stimulation de l’économie. Plus précisément, selon cette formule,
pour une cible d’inflation donnée, chaque augmentation de 1 point de pourcentage du taux
d’inflation se traduira par une augmentation de 0,5 point de pourcentage du financement à
un jour.
- La règle de Taylor dit aussi que plus l’écart de production est important, plus la banque
centrale hausse le taux du financement à un jour. Un écart de production plus important —
en d’autres termes, une économie plus forte — amène la banque centrale à relever le taux
du financement à un jour, ce qui réduit le degré de stimulation. Selon cette formule, chaque
augmentation de 1 point de pour pourcentage de l’écart de production se traduira par une
augmentation de 0,5 point de pourcentage du taux du finance à un jour
La règle de Taylor n’est qu’une règle générale. La politique monétaire est autant un art
qu’une science — les décideurs doivent se servir de leur intuition et de leur sagesse, et non se
fier aveuglément à une formule. Cela dit, la règle de Taylor est un bon point de départ pour
leurs délibérations et un résumé sommaire mais utile des compromis auxquels les banques
centrales se sont livrée dans les passé.
MACROÉCONOMIE !113
A. La politique budgétaire au cours du cycle économique :
composantes automatiques et discrétionnaires
La politique budgétaire a des composantes automatiques et des composantes
discrétionnaires :
- Les composantes contracyclique automatiques : mesures de politique budgétaire
qui annulent automatiquement une partie des fluctuations économiques. Ces composantes
automatiques ne nécessitent aucune action délibérée de la part du gouvernement. Ainsi,
l’impôt sur le revenu perdu diminue automatiquement durant une récession puisque les
chômeurs paient alors moins d’impôt sur leur revenu. De plus, les dépenses publiques
augmentent automatiquement durant les récessions, puisque les paiements des transfert du
gouvernement augmentent nécessairement. Moins ils ont d’autres revenus, plus les ménages
reçoivent des paiements de transfert.
Ces mécanismes budgétaires contracycliques automatiques sont souvent appelés
stabilisateurs automatiques parce qu’ils agissent automatiquement pour aplanir les
fluctuations économiques. Ces transferts aident les ménages à traverser des temps difficiles,
et stimulent le PIB en permettant à des millions de ménages de dépenser davantage durant
les récessions.
- Les composantes contracycliques discrétionnaires : mesures de politique
budgétaire que les décideurs adoptent délibérément en réponse aux fluctuations
économiques. Dans la plupart des cas, ces mesures consistent en un ensemble de hausses de
dépenses ciblées ou de baisses d’impôts temporaires pour atténuer les difficultés
économiques et stimuler le PIB.
Les graphiques à droit montre l’effet d’une
récession sur les finances publiques. Ces
récessions créent des déficits. De tels
déficits ont de conséquences. Quand le
gouvernement emprunte de l’argent pour
payer ses factures, il oblige implicitement
les futurs contribuables à rembourser les
dettes qu’il a contractées. Le principe de
la politique budgétaire contracyclique est
que l’augmentation des dépenses
publiques et la diminution des impôts
jouent un rôle utile dans les récessions en
accroissant les dépenses des ménages, des
entreprises et des gouvernements. Cela se
traduit par une augmentation de la
demande de travail qui déplace la courbe
de demande de travail vers la droite.
MACROÉCONOMIE !114
B. L’analyse de la politique budgétaire basée sur les dépenses
Commençons par l’identité des comptes économiques nationaux :
! Y = C + I + G + EX − IM
Pour commencer notre analyse de la politique budgétaire, supposons que la variation des
dépenses publiques ne modifie aucun des autres termes du coté droit de l’équation :
! (Y + 1) = C + I + ( G + 1) + EX − IM
Si on divise la variation du PIB par la variation des dépenses publiques, on obtient ce qu’on
appelle le multiplicateur des dépenses publiques. Si les dépenses publiques
augmentent de 1€ et font augmenter le PIB de m€, alors le multiplicateur des dépenses
publiques est :
m€
! mG =
1€
Puisqu’on a supposé que la hausse de 1€ des dépenses publiques n’augmentait aucune autre
composante du coté droit de l’équation, il faut que l’augmentation du PIB soit aussi 1€.
Autrement dit, on doit avoir ici ! m = 1. Si ! mG = 1 , une augmentation de 1€ des dépenses
publiques augmente la demande de biens et services des entreprises, déplace la courbe de
demande de travail vers la droit et accroit le PIB de 1€.
On a supposé que rien d’autre que les dépenses publiques ne change du coté droit de
l’équation, mais ce n’est pas toujours le cas. En fait, des dépenses publiques additionnelles
pourraient entrainer une augmentation de la consommation des ménages. En effet, des
dépenses publiques additionnelles pourraient stimuler l’activité économique, ce qui
augmenterait l’emploi et le salaire net, et accroitrait ainsi la consommation des ménages.
Dans ce scénario, les dépenses publiques accrues ont un effet multiplicateur qui déplace la
courbe de demande de travail vers la droite et amplifie l’effet des dépenses publiques sur
l’emploi et le PIB. Supposons que l’effet multiplicateur augmente la consommation des
ménages. On a donc :
! (Y + 2 ) = ( C + 1) + I + ( G + 1) + EX − IM
MACROÉCONOMIE !115
Il y effet d’éviction lorsque l’augmentation des dépenses publiques détourne partiellement
ou même entièrement les dépenses des ménages et des entreprises. Le gouvernement a besoin
d’emprunter afin d’augmenter ces dépenses. Cet emprunt augmente donc le taux d’intérêt sur
le marché du crédit, ce qui entraine un réallocation de l’épargne passant des emprunteurs
privés au gouvernement. S’il devient trop cher pour les consommateurs et les entreprises,
l’investissement privé risque de baisser lorsque le gouvernement augmente ses dépenses. Dans
ce scénario, l’investissement privé est « évincé » par l’emprunt du gouvernement, et les
dépenses publiques contracycliques ne déplacent pas la courbe de demande de travail des
entreprises vers la droit parce que l’effet expansionniste des dépenses publiques additionnelles
est annulé par l’effet de contraction causé par la baisse de l’investissement privé.
! = C + ( I − 1) + ( G + 1) + EX − IM . Dans ce cas, le multiplicateur des dépenses
Exemple : Y
publiques est : ! mG =
( −1€ + 1€) = 0
1€
Les détracteurs de la politique budgétaire contracyclique insistent sur l’importance de l’effet
d’éviction et croient que le multiplicateur des dépenses publiques est bien en dessous de 1 et
pourrait même se situer près de 0. Des autres composantes que l’investissement peuvent être
touchées comme la consommation, ou les exportations du au cout de la devise (cf. Chap. 15).
Malheureusement, nous n’avons pas de certitude envers quelle version de l’augmentation des
dépenses publiques est vraie. Si on tient compte des effets multiplicateurs et de l’effet
d’éviction, le multiplicateur des dépenses publiques se situe probablement entre 0 et 1,5 selon
l’état de l’économie. Si l’économie fonctionne bien, il est probable que l’effet d’éviction soit
soit considérables. Mais, ce qui est intéressant, c’est de savoir ce qu’on peut espérer du
multiplicateur des dépenses publiques lorsque l’économie se contracte. Si le taux d’intérêt est
déjà au plus bas alors, l’augmentation des dépenses publiques n’aura qu’un faible effet
d’éviction sur la consommation et l’investissement.
La plupart des économistes approuvent certaines dépense publiques additionnelles lors d’une
profonde récession, mais cette position reste assez controversés.
MACROÉCONOMIE !116
La hausse de la consommation peut avoir des effets multiplicateurs, avec un effet domino :
augmentation de la consommation, augmentation du revenu des entreprises, augmentation
du nombre d’entreprises qui embauchent des travailleurs, augmentation du revenu des
ménages et nouvelle augmentation de la consommation. De plus, un baisse de l’impôt sur le
revenu peut amener les travailleurs à offrir davantage de travail parce que leur salaire après
impôts a augmenté. Cela déplace a courbe d’offre du travail vers la droite. Nous avons donc
par exemple :
2€
! (Y + 2 ) = ( C + 1+ 1) + I + G + EX − IM ⇔ mT = =2
1€
Par ailleurs, les réductions d’impôts peuvent produire un effet d’éviction comme celui
précédemment décrit. Comme les consommateurs essaient de dépenser davantage, les
ressources qui auraient été consacrées à l’investissement sans la baisse d’impôt risquent d’être
détournées vers la consommation :
! (Y + 1) = ( C + 2 ) + ( I − 1) + G + EX − IM
De même, comme les consommateurs essaient de dépenser davantage, les biens et services
additionnels peuvent venir d’une augmentation des importations, ce qui réduira les
exportations nettes :
! (Y + 1) = ( C + 2 ) + I + G + EX − ( IM + 1)
Si l’effet d’éviction est important, le multiplicateur des impôts est également réduit de façon
notable. Dans les deux derniers cas ! mT = 1.
Les détracteurs du recours aux baisses d’impôts pour compenser les contraction économiques
à court terme soulignent que les consommateurs soucieux d’optimiser leur bien-être peuvent
ne pas dépenser immédiatement en bonne partie de la baisse d’impôts. Autrement dit, il est
possible que la consommation n’augmente pas beaucoup suite à la baisse d’impôts. Pourquoi
les ménages se comporteraient-ils ainsi?
- Si la consommation a des rendements décroissant, les consommateurs peuvent essayer
d’optimiser leur bien-être en répartissant leurs dépenses additionnelles sur une plus longue
période plutôt que de consommer en une seule fois la totalité de la baisse d’impôts.
- Les consommateurs peuvent se dire que le gouvernement devra augmenter les impôt dans
l’avenir afin de payer pour la baisse d’impôts actuelle. Cette hausse d’impôts anticipée peut
les amener à épargner la baisse d’impôts actuelle pour être en mesure de payer la hausse
d’impôts à venir.
La tendance à épargner le montant de la baisse d’impôts sera particulièrement forte chez les
consommateurs riches qui n’ont pas de raison urgente de la dépenser immédiatement pour
consommer. Les économistes estiment que le multiplicateur des impôts se situe entre 0 et 2.
MACROÉCONOMIE !117
D. Les politiques budgétaire qui ciblent directement le
marché du travail
Lorsque de nombreux travailleurs ont perdu leur emploi et se retrouvent au chômage, les
gouvernement adoptent des politiques visant à atténuer les conséquences néfastes de cette
situation. Par exemple, le gouvernement pourrait prolonger la période d’admissibilité au
programme d’assurance emploi lors d’une récession. Des règles d’admissibilité à l’assurance
emploi plus généreuses ont des effets complexes sur le marché du travail. L’allongement
atténue les difficultés des chômeurs et leur donne plus de temps pour trouver un emploi qui
correspond à leurs compétences. Cependant, cette mesure réduit la nécessité de trouver un
nouvel emploi rapidement et fait augmenter le taux de chômage naturel. De plus, ce
déplacement de la courbe d’offre de travail vers la gauche réduit l’emploi, toutes choses égales
par ailleurs.
Par contre en augmentant le revenu des chômeurs, la prolongation de la période
d’admissibilité soutient les dépenses des ménages et limite ainsi les effets multiplicateurs
néfastes d’une baisse de l’emploi ; elle accroit la consommation des ménages ce qui déplace la
courbe de demande de travail vers la droite. Compte tenu de tout cela la prolongation des
prestations dde chômage a probablement un effet limité sur l’emploi total et sur le PIB.
Cependant, à court terme, il s’agit d’une bonne mesure.
Un autre type de politique budgétaire réduisant
le chômage durant les récessions consiste à
subventionner les salaires, ce qui favorise la
création d’emplois. Les subvention salariales
peuvent aussi être adéquates lorsque les mesures
de politiques monétaires et budgétaire
traditionnelles sont peu efficaces dans la lutte
contre le chômage. On peut voir cela sur le
graphique à droite.
MACROÉCONOMIE !118
5. Les politiques à la frontière du monétaire et du budgétaire
Certaines politiques contracycliques combinent les effets budgétaires et monétaires ; c’est le
cas des dépenses publiques qui visent à influer sur l’offre de crédit.
(Voir exemple TARP p. 365)
MACROÉCONOMIE !119
Chap. 14 : La macroéconomie et
le commerce international
1. Notions clés
- Le commerce international permet aux pays de se concentrer sur les activités dans
lesquelles ils détiennent un avantage comparatif.
- La Belgique a un avantage comparatif dans le secteur produits minéraux ainsi que dans le
secteur des machines et appareils.
- Le compte courant englobe les flux internationaux des exportations, des importations, des
paiements de revenu de facteurs et des transferts.
- Si son compte courant est déficitaire, un pays donne à ses partenaires commerciaux des
reconnaissances de dette financière. Si son compte courant est excédentaire, ce pays reçoit
de ses partenaires commerciaux des reconnaissances de dette financière.
- Au cours des dernières décennies, l’économie s’est mondialisée.
- Les termes de l’échange indiquent le rapport entre l’indice de prix des exportations et celui
des importations. Ils servent à déterminer combien de biens et services un pays peut
importer en faisant appel uniquement aux recettes générées par ses exportations.
MACROÉCONOMIE !120
A. Avantage absolu et avantage comparatif
Un producteur possède un avantage absolu dans la production d’un bien ou d’un service
s’il peut produire davantage d’unités par heure que les autres producteurs.
Un producteur a un avantage comparatif dans la production d’un bien ou d’un service
quand le coût d’opportunité d’une unité produite par lui est inférieur au coût d’opportunité
d’une unité produite par d’autres producteurs.
Rappelons que le coût d’opportunité répond à la question : « A combien d’unités faut-il
renoncer pour produire une autre idée? ». On doit donc utiliser l’avantage comparatif plutôt
que l’avantage absolu pour déterminer quel travailleur doit être affecté à une tache.
L’une des implications les plus puissantes de l’avantage comparatif est que les prix du marché
amèneront les individus à choisir les métiers et les activités qui correspondent à leur avantage
comparatifs. Cependant, sans commerce, personne ne peut profiter de l’avantage comparatif.
Ce qui veut dire que les gens ont tendance à choisir le métier qui le rapporterait le plus, et le
commerce permet de réaliser le métier où l’on détient son avantage comparatif. (Voir ex. Jobs)
MACROÉCONOMIE !121
D. Barrières commerciales : les tarifs douaniers
Parce que le commerce international crée des gagnants mais aussi des perdants, la plupart des
pays imposent des barrières commerciales, comme des tarifs douaniers qui ont deux aspects :
l’un est de limiter les échanges, l’autre est de générer des revenus fiscaux.
Certains pays en développement utilisent des tarifs douaniers pour augmenter leurs revenus,
parce qu’ils ne disposent pas de systèmes fiscaux adéquats et qu’il leur est plus facile de taxer
l’importation qu’une activité économique intérieure. Les pays développés, eux, recourent aux
tarifs douaniers pour protéger les producteurs nationaux. Les tarifs douaniers sont
généralement bas dans ces pays. Cette protection dont jouissent les industries d’un pays se fait
au détriment des consommateurs car ceux-ci vont payer plus cher ces biens et services qui ne
sont pas exposés à la concurrence. Les pays peuvent aussi utiliser des standards techniques
pour limiter les importations. (≠standards d’émission de CO2).
E. Comment commerce-t-on?
Un pays qui ne commerce avec aucun autre pays est une économie fermée.
Une économie ouverte permet le commerce international, lequel représente importante du
PIB de la plupart des pays.
MACROÉCONOMIE !122
4. La balance des paiements internationaux : Le compte
courant et le compte capital et financier
Il n’est pas nécessaire de vendre autant de biens et services aux personnes à qui on achète des
biens et services. Le commerce bilatéral est rarement équilibré. (ex :En 2015, les importations
de biens en provenance de Chine se chiffraient à 14,7 milliards €, alors que les exportations
belges de biens vers la Chine atteignaient seulement 6,8 milliards €.) Doit-on s’en inquiéter?
Oui si cela perdure car le pays qui importe peut devenir dépendant de l’autre. De plus, d’un
point de vue financier, si on importe toujours plus que ce qu’on exporte, on aura un déficit
continuel sur le LT avec le pays, et ça peut poser problème.
MACROÉCONOMIE !123
2) Paiements de revenus aux non-résidents.
• Faire des paiements à des non-résidents pour l’achat de biens, ce sont les
importations
• Payer des revenus sur des actifs que des non-résidents possède au pays,
autrement dit « les revenus de facteurs payés des non-résidents »
• Faire des transferts à des non-résidents ou à des gouvernements étrangers,
« les transferts à des non-résidents » (ex : argent qu’un résident canadien
envoie à sa famille en Haïti fait partie des transferts à des non-résidents)
Le compte courant donne le flux net des paiements faits par des non-résidents à des
résidents.
Le compte capital et financier consigne l’augmentation des actifs au pays détenus par des
non-résidents moins l’augmentation des actifs étrangers détenus par des résidents. Autrement
dit, il enregistre les achats d’actifs que les résidents font auprès de non-résidents et que les
non-résidents font auprès de résidents.
MACROÉCONOMIE !124
Notons que le compte capital et financier (contrepartie du compte courant) est conçu et défini
de manière que ses flux nets compensent les flux nets du compte courant.
Compte courant + Compte capital et financier = 0
Explication : Les non-résidents ont reçu 1670€ de paiements nets, ce qui correspond à un
déficit de compte courant de 1670€. Le compte capital et financier, lui, indique que les
résidents ont cédé aux non-résidents des actifs d’une valeur de 1670€.
Un déficit du compte courant signifie qu’un pays a dépensé plus que ce qu’il a gagné. Il doit
donc fiancer ce déficit en liquidant des actifs financiers qu’il a accumulés ou en empruntant
les fonds qu’ils ne possèdent pas (ou les deux). Un pays peut dépenser davantage que ce qu’il
ne gagne uniquement s’il se trouve un moyen de financer ce supplément de dépenses. Il
obtient ce financement soit en vendant des actifs qu’il possède à des non-résidents, soit en
empruntant des fonds à des non-résidents. Par conséquent, les déficits du compte courant
doivent correspondre aux flux nets du compte capital et financier. L’excédent du compte
capital et financier accroit la dette étrangère du pays.
Un pays qui exporte systématiquement plus que ce qu’il importe va obtenir de + en + de
droits et d’actifs à l’étranger. Et inversement, si on importe plus, les étrangers vont obtenir
plus de droits chez nous.
MACROÉCONOMIE !125
Et inversement si les termes de l’échange diminue, ce qui veut dire que le prix des
exportations a diminué plus que le prix des importations, et donc je peux acheter moins.
L’effet des termes de l’échange sur le pouvoir d’achat dépend de deux choses : l’ampleur et la
variation des termes de l’échange et l’importance du commerce international par rapport au
PIB.
=> Dans quelles circonstances les termes de l’échange s’améliorent-ils en Belgique?
Quand les produits pour lesquels la Belgique est un exportateur net augmentent en prix.
B. Le « mal » hollandais
Le mal hollandais est une situation qui se présente surtout dans les pays qui ont un secteur de
ressources naturelles assez important. Il se crée si le pays va s’hyperspécialiser dans le secteur
d’activité des ressources naturelles, puisque celui-ci fait baisser le secteur manufacturier et
engendre des potes d’emplois (moins de disponibilités pour le travail). En effet, le problème est
que les ressources naturelles sont épuisables, donc n’existe pas sur le LT, et une fois utilisées, le
pays qui aura concentrer son économie sur elles n’aura tout simplement plus d’économie.
Le « mal » hollandais est en soi un processus sain par lequel un pays adapte sa structure
industrielle pour tirer le plus de revenus possible d’un changement dans ses avantages
comparatifs.
MACROÉCONOMIE !126
MACROÉCONOMIE !127
Chapitre 15 : La macroéconomie
en économie ouverte
1. Notions clés
- Le taux de change nominal est le nombre d’unités d’une devise étrangère qu’on peu acheter
avec une unité de la devise nationale.
- Dans un régime de change flexible (ou flottant), l’offre et la demande déterminent le taux de
change nominal sur le marché des changes.
- Les taux de change fixes ou administrés sont déterminés par le gouvernement.
- Le taux de change réel est le prix d’un panier de biens et services produits dans un pays par
rapport à un panier semblable produit à l’étranger, prix qui est exprimé dans une devise
commune. Puisqu’il s’agit d’un prix relatif (celui des biens et services au pays par rapport à
celui des biens et services à l’étranger), c’est le taux de change réel qui influe sur les
exportations nettes d’un pays.
- Une baisse des exportations nettes réduit la demande de travail et le PIB, et peut causer du
chômage.
Plus la valeur de « e » est élevée, plus on peut acheter d’unités d’une devise étrangère avec 1$
CA (pour le canada, par exemple). Quand un taux de change nominal augmente, on dit que
la devise nationale s’apprécie par rapport à cette devise étrangère. Quand un taux de change
nominal descend, on dit que la devise nationale se déprécie par rapport à cette devise
étrangère.
L’appréciation d’une devise ne se fait jamais dans l’absolu : une devise s’apprécie toujours
PAR RAPPORT à une autre.
MACROÉCONOMIE !128
Si on a le prix d’un bien en une certaine devise (disons Y), comment le transformer en notre
devise (Disons X) ?
X
PRIX en X = PRIX enY ×
Y
1
= PRIX enY ×
e
MACROÉCONOMIE !129
Dans un régime de taux de change flexible,
le taux de change est déterminé par
l ‘équilibre du marché des changes; il
correspond donc au taux de change qui
égalise la quantité offerte et la quantité
demandée de dollars canadiens. Le
déplacement vers la droite de la courbe de
demande de dollars canadiens fait monter le
taux de change d’équilibre yuan chinois-
dollar canadien, ce qui signifie que 1$ CA
permet maintenant d’acheter davantage de
yuans chinois. Imaginons une demande accrue pour certains biens au niveau de la Chine,
cela va entrainer une appréciation du dollar canadien par rapport au yuan chinois, comme vu
précédemment. Ainsi, le yuan se déprécie par rapport au dollar canadien.
MACROÉCONOMIE !130
B. Maintenir un taux de change surévalué
L’encadré 15.5 peut laisser croire
qu’il est facile de maintenir un taux
de change fixe. Les autorités
chinoises ont acheté les dollars
américains excédentaires sur le
marché des changes et se sont
constitué des réserves dans cette
devise. En échange, elles ont offert la
quantité nécessaire de yuan au taux
de change fixé. Cette opération est relativement simple à réaliser pour un pays qui possède sa
propre monnaie nationale, comme la Chine. Les pays qui sont « monétairement souverains »
ont le droit d’imprimer ou de créer électroniquement autant d’unités de leur devise qu’ils le
souhaitent. Maintenir un yuan sous-évalué semble donc faisable, du moins à court terme.
Cependant, il n’est pas aussi facile de maintenir un taux de change lorsque votre monnaie est
surévaluée.
Les pays tentent parfois de fixer leur taux de change à un niveau qui surévalue leur propre
monnaie. Pour comprendre pourquoi, prenons l’exemple du Mexique et analysons la taux de
change peso mexicain-dollar américain en respectant la conventions voulant que le taux de
change se mesure en pesos mexicains par dollar américain. Pourquoi le gouvernement
mexicain souhaiterait-il un peso mexicain surévalué et un dollar américain sous-évalué ?
La plupart des pays empruntent régulièrement des fonds à des prêteurs étrangers. Etant
donné l’instabilité relative de la devise intérieure des pays en développement comme le
Mexique, il n’est pas rare que ces prêts internationaux se fassent en dollars américains. Les
emprunteurs mexicains reçoivent donc des dollars américains quand ils contractent des prêts
et, lorsque ces prêts arrivent à terme, ils les remboursent en dollars américains, et non en
pesos mexicains. Pour prendre un exemple chiffré, disons que le gouvernement mexicain doit
1G$ US à des banques américaines. Si le taux de change peso-dollar est de 10, ce qui signifie
qu’il faut 10 pesos pour acheter un dollar, le gouvernement mexicain a besoin de 10G$ MX
pour rembourser sa dette.
Supposons maintenant qu’à un taux de change de 10$ MX par dollar américain, le peso
mexicain est surévalué ( et le dollar sous-évalué), et que le prix d’équilibre du marché dans un
régime de change flexible est plutôt de 20$ MX par dollar américain. Qu’arrive-t-il si le
gouvernement mexicain permet à son peso surévalué de se déprécier? Cette décision a
plusieurs répercussions, dont l’une est que le gouvernement mexicain doit maintenant
renoncer à 20G$ MX plutôt qu’à 10G$ MX pour rembourser sa dette qui est toujours de
1G$ US. Permettre au peso mexicain de se déprécier, et donc au dollar américain de
s’apprécier, a soudainement doublé le nombre de pesos nécessaires pour rembourser la dette
en dollars américains du gouvernement mexicain. Une dépréciation du peso peut donc
MACROÉCONOMIE !131
mettre énormément de pression sur les finances publiques mexicaines et placer les autorités
dans une situation embarrassante.
Un peso surévalué a d’autres avantages pour le Mexique. Ainsi, il réduit le cout en pesos
mexicains que paient les consommateurs mexicains pour importer des marchandises
provenant des USA. En gardant son peso surévalué, le gouvernement mexicain peut donc
maintenir des prix bas et un taux d’inflation faible.
Les pays ont une autre raison de maintenir leur taux de change surévalué : la dépréciation
d’une monnaie est souvent perçue comme un échec des politiques gouvernementales, un
signe de faiblesse du gouvernement ou du pays. Cette dépréciation peut être problématique
pour les politiciens des pays démocratiques, ce qui explique la politique du « dollar fort »
pratiquée par le département du Trésor des USA.
Un taux de change surévalué
peut être soutenu tant que le
pays dispose des réserves en
devises nécessaires mais pas
indéfiniment. Si le taux de
change peso-dollar est trop
faible par rapport au taux de
change que dictent l’offre et la
demande, la demande de dollars
américains reste excédentaire. Cette demande excédentaire continuera a drainer les réserves
de dollars américains des autorités mexicaines qui s’efforcent de maintenir le peso surévalué.
Les forces du marché exercent souvent une pression sur les marché financiers, y compris sur le
marché des changes, ramenant les prix à leur niveau d’équilibre, quoi que le gouvernement
tente de faire. Dans certains cas, cette pression s’exerce progressivement. Dans d’autres, la
pression finit par avoir des répercussions explosives (voir pages 418-419). Un taux de change
surévalué peut être soutenu tant que le pays dispose de réserves en devises nécessaires mais
pas indéfiniment.
MACROÉCONOMIE !132
A. Du taux de change nominal au taux de change réel
De manière générale, pour comparer le prix implicite une devise d’un bien fabriqué dans un
autre pays, et le prix de ce même bien dans cette même devise fabriqué dans notre pays, les
entreprises intéressent au ratio suivant (exemple des jouets page 420):
Si ce ratio est supérieur à 1, le bien dans notre pays est plus cher que ce même bien dans
l’autre pays, et on se fournira pour ce bien dans cet autre pays (import). Si ce ratio est
inférieur à 1, le bien en question est moins cher chez nous, on se fournira donc chez des
fournisseurs du pays. Ce ratio résume deux types d’informations : les prix des biens dans leur
monnaie nationales respectives et le taux de change X—>Y qui permet de convertir en devise
X un bien en devise Y. Le numérateur n’est que le prix que les fournisseurs de notre pays
communiquent à notre entreprise.
Pour calculer le prix de jouet dans l’autre pays en devise de notre pays (X), il faut utiliser cette
équation, comme vu précédemment :
En réunissant ces données et ces deux équations, on a le ratio initial qui s’écrit :
PRIX en devise X pour unbien dans le pays X PRIX en devise X pour unbien dans le pays X
=
PRIX en devise X pour ce mêmebien dans le paysY PRIX en deviseY pour ce mêmebien dans le paysY × 1
e
PRIX en devise X pour unbien dans le pays X × e
=
PRIX en deviseY pour ce mêmebien dans le paysY
Comme ce ratio est au coeur des décisions d’approvisionnement de chaque entreprise, les
économistes l’appellent le taux de change réel. Le taux de change réel d’une devise X est
le rapport entre le prix en X d’un panier de bien et service pour le pays X divisé par le prix en
X du même panier de biens et services à l’étranger.
MACROÉCONOMIE !133
taux de change nominal et réel s’apprécient
et se déprécient conjointement.
Cependant, ce graphique montre aussi qu’il
y a des mouvements du taux de change réel
qui ne sont pas associés à des variations de
taux de change nominal. Ce phénomène
s’observe plus facilement de 1981 à 2003,
période durant laquelle le taux d’inflation
canadien était en moyenne supérieur au
taux d’inflation américain, ce qui fait
augmenter le ratio des prix au Canada, et
des prix aux Etats-Unis. Lorsque les devises
flottent et que les taux d’inflation sont
modestes, la plupart des variations du taux
de change réel s’expliquent par l’évolution
du taux de change nominal, et non par la dynamique des taux d’inflation.
On se souvient que les exportations nettes correspondent aux exportations moins les
importations :
Le graphique de l’encadré 15.10 montre la courbe des exportations nettes, XN(E), qui illustre
la relation entre les exportations nettes (XN) et le taux de change réel (E). Cette courbe a une
pente négative parce que, quand le taux de change réel yuan chinois-dollar américain
s’apprécie (ce qui suppose une valeur E plus élevée), les exportations canadiennes vers la
MACROÉCONOMIE !134
Chine tendent à diminuer, et les importations canadiennes en provenance de Chine tendent à
augmenter.
Notez aussi que, dans ce graphique, il y a un taux de change réel (E*) auquel les exportations
nettes sont égales à 0. Lorsque le taux de change réel est au-dessus de E*, les exportations
nettes sont négatives (déficit commercial), et lorsque le taux de change réel est en-deçà de E*,
les exportations nettes sont positives (excédent commercial). Le taux de change réel ne peut
généralement pas rester au-dessus de E*, parce que les déficits commerciaux importants
tendent à être insoutenables. Un déficit commercial important et persistant amène un pays à
s’endetter auprès de ses partenaires commerciaux internationaux. Tôt ou tard, ces pays
étrangers craindront que ce pays ne soit plus en mesure de remplir ses engagements et ils
commenceront à délaisser
les actifs canadiens sur les
marchés mondiaux, ce qui
entrainera une
dépréciation du taux de
change nominal du dollar
canadien, lequel
descendra de E à E*.
Y = C + I + G + EX − IM
L’appréciation du taux de
change réel réduit les
exportations nettes et fait
baisser le PIB.
Pour illustrer la réaction du
PIB aux variations des
exportations nettes,
supposons que le dollar
canadien s’apprécie et que les
exportations nettes déclinent.
Plus précisément, la
demande étrangère de
MACROÉCONOMIE !135
certains produits canadiens diminue parce que l’appréciation du dollar canadien a rendu les
produits canadiens plus chers pour les étrangers. Cette baisse de la demande de ces produits
déplace vers la gauche la courbe de demande de travail des producteurs dans ce secteur
d’activité. Comme le montre l’encadré 15.12, le déplacement vers la gauche de la courbe de
demande de travail causé par l’appréciation du dollar se traduit par une baisse de l’emploi et
crée une nouvelle cohorte de travailleurs au chômage.
On doit aussi tenir compte des effets multiplicateurs étudiés au chapitre 12. Ainsi, les pertes
d’emplois dans une industrie exportatrice entraînent du chômage, et les nouveaux chômeurs
réduisent leur consommation, ce qui nuit à d’autres industries. Les effets multiplicateurs d’une
baisse des exportations nettes peuvent donc entraîner une contraction de l’économie plus
importante que celle qui aurait résulté du seul effet direct de cette baisse des exportations
nettes.
MACROÉCONOMIE !136
B. Retour sur le mercredi noir
Le scénario qu’illustrent les encartés 15.10 et 15.13 décrit l’économie britannique au début
des années 1990, soit une économie qui tourne au ralenti à cause de la surévaluation de sa
devise. En effet, comme dans l’encadré 15.10, l’économie britannique se situait au taux de
change réel E1 (>E*) et le niveau d’emploi correspondait à L1 comme dans l’encadré 15.13.
Pourquoi les autorités britanniques pensaient-elles pouvoir soutenir la livre malgré la
surévaluation? Et bien car ils croyaient cette surévaluation passagère.
L’optimisme des autorités britanniques n’était pas entièrement infondé. Nous avons déjà
montré comment la baisse du taux de change nominal peut éliminer la surévaluation d’une
devise. Il existe toutefois une autre solution, que le pays ait ou non un régime de change
flexible. A cause de la baisse des exportations nettes illustrées dans l’encadré 15.10, les
entreprises nationales auraient pu réduire leurs prix pour devenir plus concurrentiels sur le
marché mondial. Ce geste aurait du réduire le ratio des prix nationaux au prix étrangers, ce
qui aurait abaissé le taux de change réel du Royaume-Uni. Rappelons que le taux de change
réel est :
PRIX nationaux × e
E=
PRIX étrangers
Une baisse du ratio des prix nationaux aux prix étrangers (si e reste fixe) se serait donc
traduite par une dépréciation du taux de change réel, et donc par un accroissement des
exportations nettes, par une augmentation de la demande de travail et par une hausse du PIB.
En 1992, les autorités britanniques anticipaient une baisse des prix britanniques par rapport
au prix de leurs partenaires commerciaux, ce qui aurait éliminé la surévaluation de la live
sterling et favorisé les exportations de biens et services britanniques. Cependant, de telles
variations des prix mettent beaucoup de temps à se produire, ce que les autorités britanniques
n’ont pas réalisé tout de suite. Quand elles l’ont compris, la surévaluation de la livre sterling
avait déjà considérablement réduit les exportations nettes et entrainé une grave récession. Le
MACROÉCONOMIE !137
taux de change réel montrait peu de signes de dépréciation, et les réserves britanniques de
devises étrangères s’épuisaient, la table était mise pour le Mercredi noir et pour la forte
dépréciation du taux de change nominal de la livre sterling qui s’ensuivit.
Conformément aux modèles présentés dans ce chapitre, la dépréciation de la devise
britannique en ce Mercredi noir a abaissé le taux de change réel de la livre, accru les
exportations nettes britanniques et augmenté d’autant le PIB. En fait, après le Mercredi noir,
l’économie britannique s’est si bien portée (taux d’accroissement annuel de 3,6%) que certains
consommateurs se sont mis à appeler la journée où Soros a fait sauter la banque d’Angleterre
le « Mercredi Blanc ». Le régime de change fixe semble avoir été préjudiciable à l’ économie
britannique, et laisser les forces du marché déterminer le cours de la livre s’est finalement
révélé être la meilleure politique.
MACROÉCONOMIE !138