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L’objectif de ce cours est de donner aux étudiants les éléments de base concernant la
théorie de la décision et l’évaluation médico-économique. Il ne s’agit pas de présenter en
détails les outils et éléments techniques afin de former des économistes de la santé mais bien
de faciliter et de permettre la compréhension des articles présents dans la littérature
concernant l’évaluation médico-économique.
Pour atteindre cet objectif le cours est construit en différentes parties : la première est
un cours d’introduction à la théorie de la décision. La deuxième partie présente les outils du
calcul économique en santé. La troisième partie propose des cas pratiques construits sous
forme de travaux dirigés afin que les étudiants puissent vérifier que les concepts sont bien
acquis.
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Rationalité d’une relation de préférence :
Implication :
Exemple : On considère deux paniers de fruits contenant des pommes, des poires et des
clémentines. Un individu rationnel préfère strictement les poires aux pommes et les
clémentines aux poires. Ce même individu doit choisir entre ces deux paniers. Le premier
contient 5 pommes, 6 poires et 4 clémentines. Le second contient 3 pommes, 10 poires et 2
clémentines. Par la détermination d’une fonction d’utilité, il s’agit de définir le choix que
l’individu va faire entre les deux paniers.
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3. De la décision individuelle au choix social
Jusqu’à présent le cadre d’analyse sur lequel s’est basé ce cours portait sur l’échelle
individuelle. L’analyse de décision peut également porter sur une échelle collective ou
agrégée, c’est-à-dire sur la façon dont un groupe prend une décision (par exemple, dans un
contexte électif) ou, et c’est ce qui nous intéresse particulièrement ici, lorsqu’un planificateur
prend une décision pour un collectif.
5) Absence de dictature :
Dans ce cadre, il peut y avoir des tensions dont l’exemple le plus évident en santé
publique actuellement est le confinement. Lorsqu’un gouvernement dans n’importe quel pays
décide de confiner ou pas, il fait un arbitrage entre les intérêts de différents acteurs car pour
certains d’entre eux le sanitaire prévaut sur l’économique et, inversement, pour d’autres,
l’économique est plus important que le sanitaire. À partir de là, le planificateur doit faire un
arbitrage prenant en compte de façon plus ou moins importante le nombre de morts, la
saturation des hôpitaux et la situation économique et sociale.
Objectif sanitaire :
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Objectif économique (Robbins, 1931) :
Comparaison et optimisation :
Le problème des contradictions entre les différents acteurs et l’opposition de leurs logiques
respectives :
Il est dès lors question d’évaluer les efficiences associées à différents protocoles.
Évidemment, cela ne peut se faire que par comparaison en vertu des critères théoriques
précédemment définis. La notion d’efficience, au même titre que l’utilité, n’est donc pas
absolue mais relative. On ne considère pas qu’une intervention en tant que telle soit efficiente,
elle est dite efficiente lorsqu’elle l’est davantage que les autres possibilités. Encore une fois,
parmi ce qu’il peut faire, le planificateur choisit ce qu’il préfère et en l’occurrence son critère
de décision est basé sur l’efficience.
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Évaluation des coûts :
Une fois les coûts et les résultats évalués, on peut alors déterminer à quel type
d’évaluation médico-économique on va recourir.
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Différents types d’évaluation :
1) Minimisation des coûts :
2) Analyse coût-efficacité :
3) Analyse coût-utilité :
4) Analyse coût-bénéfice/coût-avantage :
5) Analyse coût-conséquence :
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Analyses de sensibilité et robustesse des résultats :
Commentaire introductif :
Clinique
MSP
Rien
Conclusion :
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Cas 3 : Recommande « Rien »
Conclusion :
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Source : Wait (2003).
Veillez à caractériser les différences d’appréhension des coûts au sein de ces études et à en
expliquer les causes potentielles.
Pour cet exercice, il est demandé de lire le texte (disponible sur le moodle) de
Baudouin et al. (2015).
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1) À quel enjeu sanitaire le protocole proposé par cette étude vise-t-il à répondre ?
2) Pour quelles raisons les auteurs n’ont-ils considéré que les coûts directs ?
5) Sur la base des résultats indiqués par les auteurs, comment caractériser la stratégie
proposée ?
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6) Quelles autres limites que celles avancées par les auteurs peuvent-elles être soulignées ?
1) D’après le contexte dans lequel s’inscrit le sujet de cette étude, pourquoi serait-il
intéressant de mettre en place des mesures de dépistage organisé ?
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4) Quelles conclusions sont-elles tirées quant aux stratégies de dépistage ?
Chaque année, les autorités sanitaires lancent une campagne de vaccination gratuite pour la
population afin de lutter contre une épidémie. Cette fois-ci, un nouveau vaccin (C) vient
compléter les deux autres usuellement utilisés pour cette campagne (A et B). Les autorités
souhaitent, afin de faire des économies d’échelle, n’utiliser qu’un seul vaccin parmi les trois à
disposition pour la prochaine campagne de vaccination. Le tableau ci-dessous indique les
informations importantes à connaitre sur ces trois vaccins :
Les autorités souhaitent déterminer quel vaccin est le plus adéquat pour la campagne de
vaccination à venir. Pour cela, elles engagent un cabinet indépendant pour mener un sondage
auprès du grand public sur le consentement aux vaccins et pour faire une évaluation médico-
économique. Il s’agit de déterminer ce qui sera le plus efficient à faire.
1) Parmi les personnes sondées, un individu estime (à partir des informations qu’il a vu dans
les médias) qu’il préfère strictement le vaccin A au vaccin B, qu’il préfère strictement le vaccin
B au vaccin C qui est lui-même strictement préféré au vaccin A. Dans la mesure du possible,
tentez de représenter ces préférences par une fonction d’utilité. (1 point)
D’après ce qui est exprimé dans l’énoncé, le profil de préférences exprimé par l’individu
concerné est le suivant : A ≻ B ; B ≻ C ; C ≻ A . On constate que ce profil ne respecte pas le
principe de transitivité voulant, selon les deux premiers termes du profil, que A ≻ C . En ce
sens, les préférences de l’individu ne sont pas rationnelles et il n’est donc pas possible de
les exprimer sous la forme d’une fonction d’utilité.
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La caractérisation de l’optimum social se confronte à deux obstacles dans le cadre de la
théorie de la décision : le mode de prise de décision pour le définir (unanimité, consensus,
majorité…) et la possibilité de le définir nécessitant le respect des cinq critères présentés
par Arrow en 1951 (universalité, monotonie des préférences, indépendance des options
non pertinentes, souveraineté des individus et absence de dictature) qu’on ne peut pas tous
satisfaire dès lors qu’il y a strictement plus de deux choix (ce qui est le cas ici).
3) À quoi sert-il de mener une évaluation médico-économique dans ce cas ? (1,5 point)
4) Parmi les données dont dispose le cabinet au sein du tableau ci-dessus, la prise de décision
peut-elle se baser sur la présence d’une stratégie dominante ? Pourquoi ? Sur quel autre
concept faudrait-il éventuellement se baser ? (1,5 point)
Les coûts intangibles correspondent au poids psychologique pesant sur les individus
impliqués dans le protocole médical considéré. En l’occurrence, la participation à la
vaccination suppose un consentement à celle-ci et donc un faible niveau (voire une
absence) d’hésitation vaccinale. En sachant que l’objectif d’une campagne de vaccination
repose sur la diffusion la plus massive d’une protection immunitaire, le sondage peut
indiquer au cabinet d’expertise le niveau de confiance placé par l’échantillon (supposé
représentatif) dans chaque vaccin, ce dernier permettant d’approximer l’anxiété générée
par chacune des options vaccinales au sein de la population. En ce sens, il apparaît
pertinent de considérer ces coûts intangibles dans l’évaluation médico-économique. Dans le
même temps, on peut juger que cette estimation est trop approximative pour être
pertinente et que cela créerait vainement de la complexité. Comme toujours, ce type de
choix relève d’un arbitrage entre exhaustivité, précision et faisabilité.
6) Discutez pour chaque type d’évaluation s’il serait ici pertinent d’y recourir ou pas. (2,5
points)
7) Finalement, le cabinet estime que le vaccin C n’est pas abordable par rapport aux deux
autres que l’évaluation médico-économique tient pour équivalents. Est-il pertinent de se
baser sur le sondage d’opinion pour recommander quel vaccin utiliser pour la prochaine
campagne vaccinale ? (1 point)
Précédemment, il a été déterminé qu’il n’y a pas de stratégie dominante parmi les trois
vaccins et l’évaluation médico-économique ne fait pas émerger de stratégie plus abordable
que l’autre entre A et B (seule la stratégie C est exclue). Une façon de décider peut alors
reposer sur l’expression des préférences individuelles pour déterminer au sein de la
population quel vaccin est préféré entre A et B. Ainsi, les autorités auraient une vision plus
claire de l’hésitation vaccinale suscitée par chacune des stratégies considérées et
pourraient choisir de lancer une campagne avec le vaccin qui sera le plus accepté par la
population (et aura donc une diffusion plus large).
3) Au sein du comité scientifique se trouve un économiste de la santé qui devra rédiger une
section du rapport. Sur quel critère d’évaluation de cette politique publique l’économiste de la
santé devra-t-il se baser ? (1 point)
Le rôle de l’économiste de la santé dans cette évaluation interdisciplinaire est de
déterminer quelle option entre légaliser ou ne pas légaliser sera la plus efficiente, c’est-à-
dire celle qui répondra le plus à la coordination entre l’éthique de responsabilité vis-à-vis
des patients/citoyens et le principe de non gaspillage des ressources.
4) Pour chaque type de coûts, discutez s’il est pertinent de les considérer ou pas. (1,5 point)
Les coûts directs renvoient ici aux dépenses sanitaires associées à la légalisation du
cannabis (suivi des addictions, etc.). Les coûts indirects soulèvent les problèmes de perte de
productivité associés à la légalisation (si la consommation augmente, il peut y avoir
davantage de problèmes de concentration, nuisant à la productivité). Les coûts intangibles
renvoient aux problèmes psychologiques (ici, une potentielle augmentation des dépressions
et troubles psy). Donc, il est pertinent de considérer ces trois types de coûts.
6) Considérons les points de vue sur la question d’un consommateur de cannabis à titre
récréatif et d’un médecin comme opposés. Comment gérer cette contradiction ? Est-ce à
l’évaluation médico-économique de le faire ? (1,5 point)
Dans le cadre d’une évaluation médico-économique, il est important de justifier le point de
vue choisi pour l’évaluation car en fonction des types d’acteurs, les résultats de l’évaluation
pourraient ne pas être les mêmes. Une façon de traiter cela ici serait de considérer le point
de vue de l’ensemble de la société pour inclure à la fois l’avis du médecin et du
consommateur de cannabis.
7) Discutez des avantages et des inconvénients à utiliser une analyse coût-conséquences dans
ce cas. (1 point)
Une analyse coût-conséquences est qualitative, elle repose donc sur une liste de coûts et
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d’effets associés aux différentes options considérées sans que cela ne soit quantifié. Dans
notre cas, cela pourrait aider à considérer les aspects difficiles à quantifier, notamment
psychologique de l’augmentation de la consommation de cannabis (plus de problèmes
psychologiques, peut-être plus de sentiment d’insécurité chez certaines personnes).
Cependant, le manque de précision et la subjectivité de cette évaluation nécessite qu’elle
soit complétée par des évaluations quantitatives.
8) Le gouvernement finit par fournir une consigne de vote. Cependant, les ministres sont très
impopulaires. Quel impact cet état de l’opinion publique peut-il avoir sur la monotonie des
préférences (concept que vous définirez) ? (1,5 point)
La monotonie des préférences consiste à ce que l’expression de préférences individuelles
n’ait pas d’incidence contraire sur la fonction de choix social. Or, le gouvernement étant
impopulaire, toute consigne de vote qu’il donnera induira qu’un certain nombre d’électeurs
voudront voter contre l’avis du gouvernement. En ce sens, la monotonie des préférences ne
sera probablement pas respectée.
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