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AMRI Mehdi Les métiers de l’économiste IHEC Sousse 2LMFBA

Chapitre 2 : Les outils à disposition de l'économiste

Introduction

L'économie est aujourd'hui une branche à part entière des sciences sociales ainsi que l'objet
d'études approfondie, analysant précisément la richesse à l'échelle d'une société : comment et
par qui est-elle produite ? Comment est-elle distribuée et répartie ? Qui la consomme ? Ce sont
les premières questions auxquelles un économiste doit savoir répondre. En tant qu'expert en
sciences économiques, un économiste doit en effet savoir interpréter les données financières,
économiques, sociales et politiques afin de fournir des éléments d'analyse et de compréhension
d'une situation économique. Son diagnostic est central car il oriente les décisions prises par la
suite, qu'elles soient entrepreneuriales, ou qu'elles concernent la mise en œuvre des politiques
économiques. Dans le but de valoriser son expertise, un économiste se spécialise souvent dans
l'une des branches de la science économique. Son étude peut alors porter sur la macroéconomie,
la microéconomie, l'économétrie, l'étude du marché du travail, notamment de l'élasticité de
l'emploi. Sa spécialisation peut aussi intervenir sur une variante de l'économie : financière,
monétaire, budgétaire, institutionnelle, sanitaire, européenne, environnementale..., alors quels
sont les outils utilisés par les économistes pour ces différents métiers ?
En fait, plusieurs outils sont mis à la disposition de l’économiste à savoir :

1. La modélisation

Comme les différentes sciences, la science économique essaie d’adopter une démarche pour
expliquer les phénomènes économiques. Une facette de la démarche consiste en l’utilisation de
la modélisation. La modélisation signifie une schématisation représentative de la réalité
économique. Il faut dire que la réalité est tellement complexe qu’aucun modèle ne peut la
cerner. Cela implique que n’importe quel modèle se base sur des hypothèses, choisit une partie
de la réalité afin de l’expliquer. Cette explication passe bien évidemment à travers la réduction
de la réalité à quelques relations entre différentes variables. Il s'ensuit qu'un modèle économique
est « un système abstrait dont la fonction est de représenter la réalité de façon très simplifiée,
mais formalisée, ou de permettre l'étude d'un phénomène réel. » (Dictionnaire d'économie et
sciences sociales, Nathan Paris, 1993).

Nous rencontrons plusieurs modèles dans les différentes branches de l’économie. Par exemple
: le modèle de croissance économique, le modèle d’équilibre général, le modèle d’offre et de
demande sur un marché concurrentiel, le modèle de Ricardo en commerce international, etc.

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Les modèles sont utiles pour différentes raisons :

 La modélisation permet d’identifier les éléments (variables et phénomènes) d’un


processus économique.
 La modélisation permet d’expliquer (même partiellement) l’évolution et la tendance
d’une variable (un phénomène) par l’influence d’autres variables (phénomènes). Donc,
la modélisation permet d’identifier les relations (de cause à effet par exemple) existantes
entre les différentes variables. Nous parlons de variables expliquées (endogènes) et de
variables explicatives (exogènes).

 La modélisation permet de franchir le pas pour utiliser les statistiques et établir les
relations empiriquement et non pas uniquement théoriquement.
 La modélisation permet la simulation économique. Il s’agit d’une manière de
reproduction pour observer le fonctionnement de phénomènes économique à l’aide d’un
modèle. C’est reproduire artificiellement un système (vu l’impossibilité de reproduire
la réalité économique en laboratoire) pour expérimenter les comportements possibles de
ses éléments.
 La modélisation aide à la prévision. Cette dernière vise à estimer, par le biais de
différentes méthodes, l’évolution future des différentes variables économiques telles
que le PIB (le produit intérieur brut), le chômage, l’inflation, les exportations, les
finances publiques, la croissance économique, le taux de change, etc. Pour parvenir à
établir des prévisions à court terme, les économistes utilisent des modèles
économétriques, la méthode Delphi, l’expérience, etc.
 La modélisation est un appui à l’action de politique économique. Lorsque les décideurs
possèdent les résultats d’une modélisation économique, cela peut les aider à prendre des
décisions en connaissance de cause. Mais, il faut prendre toutes les précautions
nécessaires lors de l’interprétation des résultats de la modélisation, car tout modèle est
réducteur et ne peut en aucun cas cerner la réalité économique dans sa complexité.
Cependant, la modélisation reste d’une grande utilité chez les économistes dans leurs
démarches scientifiques.

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a. Exemple n° 1 de modélisation : la concurrence pure et parfaite

Offre et demande sur un marché de concurrence pure et parfaite :

Les économistes ont eu l’habitude de modéliser le fonctionnement d’un marché quelconque par
le jeu de l’offre et la demande. Ils utilisent un modèle de référence théorique qui est « le marché
en concurrence pure et parfaite ». Ce marché se caractérise par les hypothèses suivantes :

 L’atomicité de l’offre et de la demande (plusieurs offreurs et plusieurs demandeurs) ;


cela veut dire que les consommateurs et les producteurs pris individuellement n’ont pas
d’influence sur le prix (qui est considéré comme exogène) ;
 Les consommateurs et les producteurs doivent agir individuellement (pas de collusion);
 Le marché est libre (libre entrée et sortie du marché);
 Le marché est transparent (information parfaite) : les participants ont une connaissance
parfaite des prix proposés sur le marché et des caractéristiques des produits ;
 Le produit est homogène;
 Mobilité parfaite des facteurs de production (travail et capital).

Si ces conditions sont remplies, le mécanisme de fixation des prix est la confrontation de l’offre
et de la demande (loi de l’offre et de la demande). Nous parlons dans ce cas d’équilibre sur le
marché de concurrence pure et parfaite. Cet équilibre est obtenu par la confrontation de l’offre
et de la demande sur le marché. On aboutit à une quantité et à un prix dit d’équilibre.

Graphiquement, nous présentons l’équilibre du marché comme suit.

La droite D représente la demande des consommateurs (demandeurs) et la droite O représente


la courbe d’offre des producteurs (offreurs). L’équilibre sur ce marché est atteint lorsque les
quantités offertes et demandées sont égales. Cette situation permet de déterminer un prix

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d’équilibre "P éq" sur l’axe des ordonnées et une quantité d’équilibre "Q éq" sur l’axe des
abscisses.

b) Exemple n° 2 de modélisation : le circuit économique

L'économie est constituée de millions de personnes engagées dans de nombreuses activités


d'achat, de vente, de travail, de fabrication, et ainsi de suite. Pour comprendre comment
l'économie fonctionne, nous devons trouver un moyen pour simplifier notre réflexion sur toutes
ces activités. En d'autres termes, nous avons besoin d'un modèle qui explique, en termes
généraux, comment l'économie est organisée et comment les participants à l’activité
économique interagissent les uns avec les autres. Pour y parvenir, les économistes utilisent une
manière simple pour représenter l’organisation économique. Il s’agit du circuit économique.
On le définit comme un schéma synthétique montrant les relations économiques entre les
différents agents dans une économie.

Les opérations économiques sont représentées par des flux : mouvements de biens, de services
ou de monnaie. Ce sont le résultat des échanges entre des agents à l’occasion d’une opération
et pendant une période de temps donnée. Il existe deux types de flux :

 Les flux réels ou physiques : biens et services échangés.


 Les flux financiers ou monétaires : monnaie échangée.

Il faut se rappeler que les différentes opérations économiques se déroulent sur un marché :
marché des biens et services, marché des facteurs de production (capital, travail, etc.). En
contrepartie de toute opération impliquant un échange de bien ou de prestation de service, il y
a l’équivalent monétaire. Voici deux circuits économiques d’une économie formée par 2 et 3
agents.

Circuit économique simple avec deux agents : ménages et entreprises

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Pour lire correctement ce schéma, les traits pleins représentent les flux dits réels (de biens et
services) et les traits en pointillés représentent les flux monétaires (flux d’argent).

Circuit économique avec 3 agents : ménages, entreprises et Etat

Nous pouvons aussi inscrire sur le circuit les variables ou les montants représentant les
différentes relations entre les agents. Le circuit suivant, tiré d’une publication de l’OFS (Office
fédéral de la statistique), montre bien ce cas.

Remarque

Il faut distinguer entre flux et stock. En économie, le terme stock a deux sens :

 Les quantités des biens stockés au sein d’une entreprise par exemple. On y trouve les
matières premières, les produits semi-finis et les produits finis.
 Dans son deuxième sens, il signifie l’état d’une variable qui s’oppose à la notion de flux.
Par exemple, le stock de capital d’une économie. Dans ce sens, il existe une relation
fondamentale entre le stock et le flux :

Stocks en t = stocks en t-1 + flux entrants – flux sortants


et
Flux net = flux entrants – flux sortants

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Schématiquement, pour distinguer entre flux et stock, on fait appel à la parabole de la baignoire
: l’eau qui coule du robinet représente le flux et l’eau se trouvant dans la baignoire représente
le stock à un moment donné. Pour mesurer le flux, il faut fixer deux points : un point de départ
et un point d’arrivée.

2. Les mathématiques

L’utilisation des mathématiques en sciences économiques est courante. C’est à partir du XVIIIe
siècle qu’on a commencé à formaliser les sciences économiques par le recours à l’utilisation
des fonctions mathématiques pour étudier le comportement et les relations des variables
économiques, par exemple la fonction de demande. Par la suite, les économistes ont eu de plus
en plus recours aux outils mathématiques dans leur démarche, en particulier, à partir de la
révolution marginaliste et les années qui ont suivi. Les outils les plus couramment utilisés par
les économistes à ce stade des études sont : les fonctions, les graphiques, les dérivées, le calcul
différentiel, l’optimisation sous ou sans contrainte et le calcul matriciel. Tous ces outils font
partie d’un cours de mathématiques pour économiste (y compris dans notre université). Les
exemples dans ce domaine ne manquent pas.

3. La courbe de Lorenz

La courbe de Lorenz est une représentation graphique de la fonction de répartition d’une


variable quelconque. Elle est utilisée par les économistes, notamment, pour mesurer les
inégalités de distribution des richesses (comme les revenus, la fortune personnelle, etc.). Elle
permet de représenter une fonction de répartition reliant des proportions de la population aux
parts des richesses détenues par ces proportions. D’une autre manière, elle permet de relier les

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parts X de la population aux parts Y de la richesse détenue par la population. Elle est représentée
toujours dans le plan (0,0) et (1,1) et se situe en dessous de la diagonale (qui désigne la situation
d’égalité parfaite). Plus la courbe est proche de cette diagonale, plus la répartition est égalitaire.
En revanche, plus elle est éloignée de cette diagonale, plus la distribution est inégalitaire. Les
cas extrêmes sont 1) la courbe de Lorenz se confond avec la diagonale (parfaite égalité), et 2)
la courbe de Lorenz se confond avec l’axe horizontal et au point 1 elle se confond avec l’axe
vertical (parfaite inégalité). Un point quelconque (comme le point A) de la courbe s’interprète
de la manière suivante : 40% des revenus sont détenus par 20% de la population totale.

4. Indice de Gini

L'indice de Gini est un coefficient qui synthétise l’inégalité de la distribution de la richesse au


sein d’une population par exemple. Il prend des valeurs entre 0 et 1 (ou 0 et 100). Plus l’indice
est proche de 0, plus la distribution est égalitaire et inversement. Entre 0 et 1 (ou 0 et 100),
l'inégalité est d'autant plus forte que l'indice de Gini est élevé. Il se calcule en général à partir
de la courbe de Lorenz. Il est égal au rapport entre la surface limitée par la diagonale et la courbe
de Lorenz et toute la surface en dessous de la diagonale (le triangle).

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Tableau : Indice de Gini publié par la Banque mondiale pour certains pays

Source : BM, 2018.

5. Les graphiques

a-Graphique avec une variable

Nous présentons ici à titre illustratif la courbe de trajectoire (l’évolution) du PIB suisse à travers
le temps (entre 1990 et 2017).

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Nous pouvons même mettre plusieurs courbes ensemble pour autant qu’elles ont une même
échelle. De nouveau, nous recourons aux chiffres du tableau ci-dessus et allons représenter les
deux séries de la Suisse : PIB et consommation des ménages.

b) Graphique camembert

Un camembert se présente comme un disque. Il est découpé par des rayons, c'est-à-dire des
segments partant du centre vers la périphérie. Plusieurs zones apparaissent, chacune délimitée
par deux rayons et un arc de cercle : elles sont appelées secteurs angulaires. En général, on
remplit chaque secteur angulaire d'une couleur différente, ou d'une teinte de gris différente.
Chaque secteur angulaire est associé à une valeur des données. Une légende explique à quelle
couleur est associée quelle donnée. La représentation de nombres négatifs est impossible avec
ce type de diagramme.

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c Histogramme

L’histogramme est une représentation graphique d’une ou de plusieurs variables (ayant le même
axe) sous forme de bâtons, barres, ou en tuyaux. L'histogramme est composé de colonnes de
hauteurs variables mises l’une à côté de l’autre. L'ordonnée (axe Y ou vertical) reçoit les valeurs
et l'abscisse (axe X ou horizontal) les catégories.

Graphiquement, si nous prenons les valeurs de la série du PIB suisse, nous obtenons le résultat
suivant :

d - Le graphique à deux variables (ou diagramme)

Le plus simple des graphiques à plusieurs variables est celui qui utilise deux variables. Le but
de ce graphique est la mise en relation de deux variables : une sur l’axe des ordonnées (ou des
Y ou l’axe vertical) et l’autre sur l’axe des abscisses (ou des X ou l’axe horizontal).
Mathématiquement parlant, la relation est du type : Y = f(X). Y est une fonction de X. La
représentation de cette fonction peut donner lieu à différents types de graphiques :

 Graphique de nuage de points (lorsqu’il s’agit de valeurs discrètes).


 Graphique présentant une courbe (droite ou une forme quelconque).

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e - Graphique présentant une courbe (droite ou une forme quelconque)

Le deuxième type de graphe utilisé est un graphique représentant une courbe


continue dans un plan XY. La continuité signifie qu’à tout point de l’abscisse de
l’axe des abscisses correspond une image (valeur de Y) et une seule. Avec ce type
de graphique nous pouvons nous poser la question non seulement sur la nature de la
relation mais aussi sur l’impact de la variation d’une variable sur l’autre. Autrement
dit, si X varie de ∆X (= quantité quelconque) quel sera la variation de Y, c’est-à-dire
∆Y, tous les autres facteurs susceptibles d’influencer Y sont considérés constants.
Nous parlons dans ce cas de la pente de la courbe qui n’est autre que le rapport des
variations des deux variables lorsqu’elles sont infinitésimales (très petites variations)
: la pente d′une courbe = ∆Y / ∆X

 Courbe particulière : la droite

Pour illustrer ce concept, nous utilisons une courbe simple : une droite. La pente de la droite est
par définition constante. Par exemple, Y = a X + b. La droite qui sera représentée graphiquement
a pour pente le paramètre a et l’ordonnée à l’origine (lorsque X = 0) le paramètre b.

La pente d′une courbe droite = ∆Y / ∆X = a

Le paramètre a pu prendre différentes valeurs (négative, positive ou nulle). Mathématiquement


parlant, la pente correspond à la dérivée première d’une fonction. Dans le cas d’une droite, la
pente est la même en tout point. Cependant, elle est en général variable suivant la position du
point dans la courbe.

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 Courbe quelconque

En science économique, nous utilisons les courbes de différentes formes et allures en plus des
droites. Le calcul de la pente n’est pas le même que dans le cas d’une droite. Dans le cas d’une
courbe quelconque, la pente varie selon les points de la courbe. Pour y parvenir, il faut tracer la
tangente au point désigné (par exemple le point A dans le graphique suivant). Après, nous
choisissons deux points sur la droite tangente (C et D) qui nous permettent de calculer la pente
au point A. De nouveau, la pente de la courbe au point A est égale à la dérivée première calculée
en ce point.

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L’utilisation des dérivées en science économique a un sens bien précis. L’analyse à la marge
ou marginale fait appel à la notion de dérivée car cela signifie que nous travaillons avec des
variations très petites (infinitésimales).

6. Les statistiques

A partir du XVIIIe siècle, les économistes ont commencé à se servir des statistiques comme
outil d’analyse des phénomènes économiques. Différents auteurs ont contribué au
développement des mathématiques et des probabilités qui a permis une avancée importante
dans l’utilisation de la statistique. L’utilisation de la statistique dans les sciences économiques
facilite les tâches suivantes :

*La description des données

Décrire les données peut se faire de plusieurs manières sous forme de tableaux, de graphiques,
de cartes ou sous d’autres formes. Dans la description des données, nous trouvons généralement
les indicateurs synthétiques :

 Valeurs centrales : la moyenne, le mode, la médiane, les quartiles.


 De dispersion : variance, écart-type, étendue, valeurs maximale et minimale, Kurtosis
(coefficient d’aplatissement de la distribution), Skewness (coefficient d’asymétrie de la
distribution).

*L’inférence statistique

Le développement des probabilités a donné un appui au développement de la statistique


inférentielle. Le but de la manœuvre est qu’à partir d’un échantillon aléatoire d’une population,
nous essayons de comprendre les caractéristiques de cet échantillon et de généraliser ce résultat
à la population, avec bien évidemment une marge d’erreur. Les statisticiens agissent de la sorte
car ils ne peuvent pas traiter directement avec la population. Comme l’échantillon est aléatoire,
nous faisons appel aux probabilités pour calculer la marge d’erreur. Une grande partie de
l’inférence statistique s’appuie sur les tests statistiques (test de Soudent, de Fisher, de Chi 2,
...). La statistique étudie certaines caractéristiques : caractères ou variables d'un ensemble fini
appelé échantillon (tiré aléatoirement d’une population). Les éléments de l’échantillon étudié
(ou de la population) sont appelés individus.

*L’analyse des séries statistiques

Les économistes utilisent deux types de données :

* Les séries transversales (Cross section en anglais) : ce sont des données de plusieurs
individus pris en même temps (à un point donné du temps : une date, une année, etc.). Par
exemple : la taille d’un échantillon d’une population mesurée à une date précise. Un autre
exemple : les notes d’économie à l’examen de juin 2011 de la classe de 1ère année Bachelor.

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*Les séries chronologiques ou temporelles (Time series en anglais) : ce sont des


séries dont les valeurs sont prises à différentes dates et concernent le même individu. Par
exemple : le PIB suisse de 1990 à 2017 est une série temporelle. En revanche, le PIB des pays
membres de l’Union européenne en 2017 est une série transversale.

7. L’économétrie

Au début du XXe siècle, une discipline se développe et donne du poids à la relation entre les
sciences économiques et la statistique. Il s’agit de l’économétrie. L’analyse économique se base
sur des représentations théoriques analysant les comportements des acteurs économiques ainsi
que les relations économiques. Les hypothèses théoriques sont à la base de l’analyse
économique. Comment vérifie-t-on la véracité et le réalisme de ces hypothèses ? C’est le rôle
de l’économétrie. Il s’agit de la mise en application des méthodes statistiques aux observations
des phénomènes économiques. En effet, l’économétrie est un ensemble d’outils et de méthodes
statistiques appliqués à l’économie. Elle permet :

 De tester les théories économiques en les confrontant à la réalité (les statistiques),


 D’évaluer les grandeurs et les paramètres représentant les relations économiques, par
exemple : évaluer l’impact d’une variable sur autre dans le long terme.

La démarche économétrique consiste à :

 Prendre comme point de départ une théorie économique ou une hypothèse,


 Traduire cette théorie ou hypothèse en modèle permettant de les confronter aux
observations réelles,
 Confirmer ou infirmer la validité de la théorie ou de l’hypothèse par les résultats et les
tests statistiques, et finalement
 Évaluer les valeurs des paramètres et des grandeurs si la théorie n’est pas invalidée dans
l’étape précédente.

8. La prévision économique

La prévision économique est un domaine important des sciences économiques. Elle est utile à
l’ensemble des acteurs économiques, en particulier les entreprises et l’Etat. Les entreprises ont
besoin de voir un peu plus loin pour planifier les investissements futurs et les prises de décisions
de gestion. L’Etat a besoin de prévision pour pouvoir mettre en place des politiques
économiques appropriées. Les méthodes de prévision sont de deux catégories : les méthodes
qualitatives et les méthodes quantitatives.

8.1. Méthodes quantitatives

Les méthodes quantitatives reposent sur l’extrapolation de la demande dans le temps en utilisant
les données des consommations passées. Ci-dessous, nous présentons une liste non exhaustive
des méthodes quantitatives :

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 Méthode quantitative simple (prise en compte de la demande actuelle plus ou moins un


certain pourcentage) ;
 Méthode des moyennes glissantes (moyenne de la demande réelle de (n) périodes
antérieures les plus récentes) ;
 Méthode de lissage exponentiel (ou moyenne pondérée par des coefficients exponentiels
sur une période) ;
 Méthode de la tendance (projection linéaire, exponentielle, logarithmique ou
polynomiale de la tendance passée. A partir des simulations, on choisit celle qui s’adapte
le mieux à l’allure de la demande) ;
 Méthode de décomposition (décomposition du résultat des prévisions en tendance,
saisonnalité, effets aléatoires) ;
 Méthode de régression et corrélation (utilisation combinée de la droite des moindres
carrés et de la corrélation avec une variable de dépendance).

Toutes ces méthodes de prévision ne sont pas exclusives. Elles peuvent être combinées pour
diminuer les incertitudes et renforcer la fiabilité des résultats.

8.2. Méthodes qualitatives

C’est une méthode qui utilise des données subjectives. Les résultats de cette démarche
dépendent du jugement personnel, de l’expérience et de l’expertise des personnes fournissant
les prévisions. Les opinions des personnes questionnées (vendeurs, consommateurs, cadres,
experts, employés, supporters, ...) jouent un rôle fondamental.

Les méthodes qualitatives sont donc des méthodes non quantifiables. Elles sont essentiellement
basées sur l’opinion, la comparaison et le jugement. Nous pouvons recenser les méthodes
suivantes :

 La méthode de sondage : avec ce procédé nous sondons les opinions des différents
acteurs (enquêtes auprès des vendeurs, distributeurs des produits, des consommateurs,
etc.) ;
 La méthode de comparaison (ou analogie historique) : prévision par comparaison avec
des produits similaires vendus dans le passé ;
 La méthode Delphi : il s’agit de poser des questions à différents experts. Le retour est
la réponse à une série de questions par un panel d’experts ;
 Les études de marché (application d’un questionnaire par exemple aux consommateurs
éventuels afin d’anticiper sur les changements du marché).

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