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Prof. Dr. Ir. Aé.

LUKAU NKODI
Economiste – Informaticien
Professeur Ordinaire
_______________________________________

MACROECONOMIE

Cours dispensé en Version provisoire


L2/SCF et STAT 2019-2020
________________________ _______________________
II

PREAMBULE

Ces notes, rédigées à la hâte, constituent tout juste un aide-mémoire. L’assistance


au cours s’avère indispensable pour les compléter.

Les étudiants doivent, à chaque instant, se rappeler que tout sujet traité dans les
exposés oraux est un événement élémentaire équiprobable du domaine de définition de la
matière de l’examen.1

En plus de notions enseignées en Economie politique, ce cours intègre une importante


théorie sur les fonctions de production.

Toute reproduction, même partielle, de ce texte doit revêtir l’autorisation préalable


de son auteur.

Les étudiants qui auraient des problèmes ou des questions à débattre et surtout les
problèmes de parallélisme à faire entre ce cours et celui de Microéconomie peuvent
contacter les assistants du Professeur.

1
Le titulaire de ce cours est Docteur en Sciences Economiques de l’Université Libre de Bruxelles depuis le 14
juillet 1983, Ingénieur-Concepteur en Informatique de la première promotion du Ministère des Finances en
Janvier 1977, Agrégé de l’Enseignement Moyen du Degré Supérieur depuis 1974 et Breveté en Docimologie
et Pédagogie Universitaire depuis 1982.
1

INTRODUCTION
1.- Objectif du cours.
L’objectif de ce cours est d’amener l’étudiant à se familiariser avec les principaux
instruments d’analyse utilisés par les techniques d’approche totalitaire de l’économie, c’est-
à-dire celles qui considèrent l’économie d’un Etat comme un tout différent de l’ensemble
des parties, les agents économiques comme des entités macrosociales ou groupes
macrosociaux, l’ensemble de la société comme un corps humain doté des membres en
interdépendance permanente, les différentes disciplines scientifiques comme des branches
complémentaires d’une science de la société.

2.- Objet du cours.


Ce cours est centré sur l’étude des principaux outils de l’analyse macroéconomique,
c’est-à-dire des schémas d’explication du problème économique dans ses deux aspects de
production et de répartition au niveau de la collectivité nationale dans sa globalité.

3.- Plan du cours.


Ce cours est scindé en quatre parties consacrées respectivement aux généralités, aux
instruments, à l’équilibre de courte période et au déséquilibre de moyenne période.

Les généralités sont traitées dans trois chapitres abordant, à tour de rôle, la définition
de la macroéconomie, les concepts de base et le survol des principaux agrégats.

Les instruments dont la liste n’est pas exhaustive, sont étudiés dans quatre chapitres
relatifs, respectivement aux comptes nationaux, aux fonctions de production, de
consommation et au multiplicateur et accélérateur.

Dans le cadre de l’équilibre de courte période, nous nous bornerons essentiellement


aux modèles keynésiens simplifiés et aux généralités sur l’inflation.

Tandis que le survol du déséquilibre de moyenne période se basera sur les modèles
à double déficit.
2

1ère partie : GENERALITES.

Chapitre 1 : DEFINITION DE LA MACROECONOMIE.


Section 1 : EN TANT QUE BRANCHE DE L’ECONOMIE.
Les manuels décrivent habituellement l’économie comme une science humaine dont
l’objet est l’étude des moyens par lesquels des ressources rares sont utilisées pour satisfaire
des fins concurrentes. Ce problème de l’utilisation des ressources existantes limitées pour
satisfaire des besoins humains infinis se pose aussi bien au niveau individuel (micro) qu’à
celui de l’ensemble de la collectivité (macro). Cette systématisation des réalités permet de
subdiviser l’analyse économique en deux branches sans frontière étanche, à savoir : la
microéconomie et la macroéconomie.

La microéconomie étudie les comportements des agents économiques individuels


supposés rationnels (producteurs et consommateurs) ainsi que les relations qui s’établissent
entre eux à l’occasion des échanges. La macroéconomie s’attache à l’étude des grandeurs
globales appelées agrégats c’est-à-dire des groupes d’éléments qui ignorent les différences
entre les agents économiques et même entre les biens. C’est le cas du volume total de
l’emploi, de la production ou de la consommation.

Le pont entre ces deux branches sans frontière étanche est jeté par l’analyse de
l’équilibre général et la théorie de l’optimum (𝑊𝑒𝑙𝑓𝑎𝑟𝑒 𝑒𝑐𝑜𝑛𝑜𝑚𝑖𝑐𝑠) qui utilisent les outils de
l’analyse microéconomique (décideurs, biens individuels, …) pour résoudre le problème
d’organisation de l’économie dans son ensemble (marché ou plan). La théorie de l’optimum
a pour objet l’évaluation, dans le sens de la désirabilité sociale, des différents états de
l’économie.

Section 2 : EN TANT QUE TECHNIQUE (ou METHODE)


D’ANALYSE.
En tant que technique d’analyse des faits et des interdépendances secteurs, la
macroéconomie constitue un puissant instrument de politique économique, dans la mesure
où elle dispose des moyens d’investigation et de schématisation adaptés à l’évolution des
phénomènes économiques.

En effet, la connaissance des lois et des mécanismes économiques fondamentaux


permet aux décideurs (𝑝𝑜𝑙𝑖𝑐𝑦 𝑚𝑎𝑘𝑒𝑟𝑠) de déterminer rationnellement les actions
susceptibles de donner à l’univers économique et social une configuration acceptable dans
un délai déterminé.

L’analyse macroéconomique est donc une méthode de raisonnement pour aborder


certains problèmes économiques dont l’origine est globale et qui touchent l’ensemble de la
collectivité nationale.
3

Section 3 : GENESE.
La science économique est une science humaine et les faits démontrent que le
phénomène humain est par nature complexe. En effet, l’activité économique a pour objectif
primordial la répartition des ressources rares entre des besoins alternatifs et concurrents en
vue d’obtenir le maximum de satisfaction.
Boisguillebert (1646-1714) est, à notre avis, l’un des pionniers de l’analyse
macroéconomique moderne bien avant Quesnay, Marx, Keynes et autres. Il fut le premier
à relever les interdépendances économiques à différents niveaux : entre professions, entre
régions, entre classes sociales, entre les intérêts individuels et l’intérêt général, entre
diverses périodes économiques. Il fut également le premier à discerner la différence entre
un flux et un stock, entre un bien final et un bien intermédiaire, entre capital fixe (machines)
et capital circulant (semences), entre flux réels (flux de biens et services) et flux monétaires.
Ce magistrat de Rouen avait adopté une approche macroéconomique dans l’étude des prix,
de la consommation privée et publique, des relations entre revenu, production et dépenses,
etc.
Boisguillebert se trouvait dans une phase de l’analyse économique où celle-ci n’était
pas encore indépendante de l’analyse sociale, éthique, politique, etc. c’est ainsi que les
interrelations entre le social, la politique et l’économique sont continuellement fréquentes
dans ses écrits. Son analyse de la société demeure macro-économique : pour lui, les agents
économiques ne sont pas des individus considérés isolément mais, plutôt, des groupes
macro-sociaux.
Le problème de la détermination du niveau d’équilibre macro-économique a suscité
des graves controverses dans l’histoire de la pensée économique, à cause de son importance
théorique et politique. En effet, les classiques comme David Ricardo (1772-1823), John
Stuart Mill (1806-1873), Alfred Marshall (1842-1924), Edgeworth et Arthur Cecil Pigou
(1877-1959) conseillaient le "laisser-faire" en politique économique, parce que à leurs yeux,
compte tenu de l’hypothèse de concurrence parfaire, la situation normale de l’économie
n’était rien d’autre que le plein emploi de toutes les ressources économiques, travail y
compris. Mais, en démontrant qu’un équilibre de sous-emploi est possible, John Maynard
Keynes (1883-1946) justifiait d’une certaine façon l’intervention de l’Etat dans l’économie ;
ce qui ne manque pas de compliquer le schéma théorique de détermination de l’équilibre
macroéconomique.
La macroéconomie est donc née en tant qu’instrument de la politique économique,
science qui vise généralement à coloniser l’avenir, c’est-à-dire à gouverner les forces
économiques et sociales de manière telle que l’univers économique et social prenne une
configuration voulue par nous.
En effet, la production, l’accumulation et la consommation des biens et services
exigent chaque jour un nombre incalculable de décisions individuelles. S’il fallait analyser
chacune d’elles avant de proposer une solution à chaque problème que pose l’utilisation des
ressources rares, l’économiste serait totalement incapable de proposer une quelconque
mesure de politique économique. C’est pour cette raison que la simplification s’impose ; on
simplifie en réduisant les millions de produits et d’agents économiques en un nombre
raisonnable de catégories relativement homogènes qu’on appelle "agrégats".
L’étude de la macroéconomie se fait généralement en quatre étapes :
1°) étude des instruments utilisés ;
2°) détermination du niveau d’équilibre macroéconomique ;
3°) élévation du niveau d’équilibre macroéconomique et ;
4°) étude des variations du niveau d’équilibre et des fluctuations économiques.
4

Section 4 : QUELQUES AXIOMES.


A.- Prix

« Tout objet économique a un prix », c’est-à-dire une valeur unitaire qu’on peut
représenter par un nombre rationnel non négatif pour exprimer le taux de conversion (ou
de substitution) socialement reconnu d’une unité physique de cet objet économique choisi
comme numéraire.
Ce prix peut être un « prix du marché » (la valeur résulte de la confrontation offre-
demande sur le marché), un « prix administré » (la valeur résulte d’une décision unilatérale
d’un agent économique) ou un « prix imputé » (la valeur est reconstituée par un calcul
économique rationnel).
L’observation selon laquelle il n’existe pas quelque chose comme un repas gratuit
exprime un principe fondamental de la science économique. En effet, nous pensons souvent
que certaines ressources sont si abondantes qu’elles peuvent satisfaire tous les besoins
possibles ; c’est le cas de l’air et de l’eau par exemple ; mais, même dans ce cas, une
décision de répartition doit être prise lorsque l’on reconnaît que certaines activités polluent
l’air et l’eau. Si nous conduisons davantage d’automobiles et produisons plus d’acier, nous
disposerons de moins d’air et d’eau purs. Même si ce problème est résolu par l’utilisation de
convertisseurs par catalyse ou tout autre moyen technique, les ressources utilisées dans ces
installations de contrôle de la pollution doivent être distraites (détournées) d’autres
utilisations possibles. Il existe dès lors un coût d’opportunité, et donc un prix.
Le prix constitue un outil d’allocation des ressources rares. C’est par conséquent un
instrument privilégié de politique économique. Le problème économique peut d’ailleurs être
défini comme un problème de détermination des quantités (production) et des prix
(répartition) optimaux, c’est-à-dire assurant un équilibre aussi bien microéconomique
(échanges sur les marchés) que macroéconomique (balance matérielle).

B.- Existence

« Tout objet économique a une existence connue au cours du temps », c’est-à-dire


que la trace d’un objet économique n’est en principe jamais perdue. On sait où, quand et
comment il naît ; les mutations géographiques et juridiques qu’il subit pendant son
existence ; où, quand et comment il disparaît.

C.- Création-destruction

« Aucun objet économique ne peut être créé par voie autre que celle de la production
et aucun objet économique ne peut être détruit par une voie autre que celle de la
consommation ».
5

Chapitre 2 : CONCEPTS DE BASE


1.- AGENTS ECONOMIQUES
Les agents économiques sont les individus, groupes d’individus ou organismes qui
constituent des centres de décisions et d’action économiques.

2.- SITUATION ECONOMIQUE


La situation économique ou état de l’économie est l’ensemble des flux de biens et
services entre les individus, les entreprises et le reste du monde (2). C’est une spécification
particulière des activités et des ressources de l’économie, c’est-à-dire que chaque état est
caractérisé par une allocation bien précise des ressources et une certaine distribution des
bénéfices de l’activité économique (3).
Bien que l’économiste ne puisse pas toujours dire comment passer d’un état à un
autre, des mesures de politique économique sont souvent capables de modifier la situation
existante. Mais, il est important de savoir si ce changement est, ou non, désirable, d’autant
plus qu’en général, le passage d’un état à un autre a pour conséquence de favoriser les uns
et de défavoriser les autres. Il s’agit là d’un problème de choix essentiellement politique.

3.- STOCK ET FLUX


Un stock est une grandeur relevée à un moment donné. Il correspond au niveau
d’une variable observée à une date déterminée. Exemple : les grandeurs enregistrées dans
un bilan au 31 décembre d’une année.
Un flux est une grandeur se rapportant à une période (année, trimestre). C’est
l’expression d’une quantité par unité de temps. Exemple : les grandeurs enregistrées dans
les comptes.

4.- TAUX DE CROISSANCE : C’est un pourcentage par unité de temps exprimant


le taux de variation relative d’une variable dans le temps.
5.- MODELE
Un modèle est une simplification conceptuelle des relations réelles pour, à la fois,
l’analyse théorique et la formulation de la politique. Un modèle économique demeure une
version hautement abstraite d’une économie réelle (4). C’est une maquette, "une
représentation abstraite des lois gouvernant un ou plusieurs phénomènes économiques par
un système cohérent de relations mathématiques".
Un modèle ne reprend que les relations les plus significatives entre grandeurs
économiques. C’est pourquoi, la principale exigence à formuler envers n’importe quel
modèle est qu’il soit capable d’expliquer les traits caractéristiques des processus
économiques tels que nous les trouvons dans la réalité (5). Pour paraphraser François

2
NDONGO, Complément de MACRO, L2/ECO, UNAZA, 1974, p. 5.
3
FRANK, M., Théorie Economique des Finances Publiques, Vol. 1, PUB, 1976, p. 60.
4
LUKAU NKODI, PRAGMAZ : un Modèle de Projection des Agrégats Macroéconomiques Zaïrois , thèse de
doctorat en Sciences Economiques, Université Libre de Bruxelles, Juillet 1983, p. 12.
5
PEROUX, cité par LUKAU dans PRAGMAZ, op. cit., p. 12.
6

Perroux, nous dirons que "les modèles constituent l’expression la moins mauvaise de la
rationalité économique".

6.- EQUILIBRE ECONOMIQUE


C’est l’égalité de l’offre et de la demande. En macroéconomie, on parle de l’offre
globale et de la demande globale. L’équilibre global suppose la réalisation simultanée de :
1°) l’équilibre de l’offre et de la demande de travail ; 2°) l’équilibre de l’offre et la demande
de monnaie, et 3°) l’égalité de l’épargne et de l’investissement ex-ante.

7.- ANALYSE DE PERIODES (6)


Dans l’analyse de périodes, le temps, considéré comme flux, est divisé en périodes
successives de durée constante, prises comme unités de temps. Une variable, (par exemple
l’output), est alors écrite 𝑌𝑡 pour les périodes 𝑡 = 0, 1, 2, 3, … Si le modèle est dynamique,
c’est-à-dire s’il contient des variables à des dates différentes, les conditions du modèle se
réduisent à une équation, par rapport à une variable choisie, qui est essentiellement une
équation aux différences.
Exemple : Si l’Output 𝑌𝑡 est supposé répondre à la demande antérieure 𝑍𝑡−1, la
condition de flux du modèle est 𝑌𝑡 = 𝑍𝑡−1 ; la condition posée par définition est :
𝑍𝑡 = 𝐶𝑡 + 𝐼𝑡 c’est-à-dire que par définition la demande globale comprend la demande pour
la consommation 𝐶𝑡 et la demande pour l’investissement 𝐼𝑡 . Et on peut compléter ce
modèle par les relations fonctionnelles 𝐶𝑡 = 𝑐𝑌𝑡 𝑒𝑡 𝐼𝑡 = 𝐴, 𝐴 étant une constante quel que
soit 𝑡. La réduction à une équation en 𝑌𝑡 s’effectue comme suit :
𝑌𝑡 = 𝑍𝑡−1 = 𝐶𝑡−1 + 𝐼𝑡−1 = 𝑐𝑌𝑡−1 + 𝐴
et le résultat est une équation aux différences du premier ordre :
𝑌𝑡 − (1 – 𝑠)𝑌𝑡−1 = 𝐴 𝑎𝑣𝑒𝑐 (𝑠 = 1 − 𝑐) (I)
On a supposé que la consommation ex-ante et les demandes d’investissement sont réalisées
ex-post, comme les achats, sans retard.

8.- ANALYSE CONTINUE


Dans l’analyse continue, le temps s’écoule sans discontinuité et chaque variable est
prise comme une fonction du temps, continue et différentiable. Par exemple, l’Output s’écrit
à l’instant 𝑡 : 𝑌(𝑡) ; ce qui signifie que 𝑌(𝑡) est la quantité produite par unité de temps et
que (approximativement) le montant de l’output pour chacun des intervalles de temps ∆𝑡
est 𝑌(𝑡). ∆𝑡. Il suffit habituellement d’écrite 𝑌 pour la variable et de sous-entendre la
dépendance de 𝑡. Les conditions d’un modèle dynamique se ramènent alors à une équation
qui est essentiellement une équation différentielle.

Pour illustrer ceci, l’exemple précédent peut être transposé sous la forme continue
correspondante. La condition de flux pour le retard de l’output doit être exprimée à l’aide
des différentielles et la forme la plus simple est :
𝑑𝑌⁄𝑑𝑡 = 𝜆(𝑍 − 𝑌), 𝜆 étant une constante positive. Cette condition exprime l’hypothèse
selon laquelle les producteurs réagissent sous l’influence d’un déficit courant (𝑍 − 𝑌) de

6
ALLEN, R., G. D., Théorie Macroéconomique, une étude mathématique, Librairie Armand Colin, Paris,
1969, p.4.
7

l’output par rapport à la demande, en accroissant l’output dans une proportion () de cette
différence. La condition posée par définition est encore : 𝑍 = 𝐶 + 𝐼 et les relations
fonctionnelles sont 𝐶 = 𝑐𝑌 et 𝐼 = 𝐴. On suppose à nouveau que la consommation (ou
l’investissement) ex ante de la relation fonctionnelle est réalisée, de même que les achats
ex post. Il s’ensuit la réduction à une équation en Y :
(1⁄𝜆)(𝑑𝑌⁄𝑑𝑡) = 𝑍 – 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 – 𝑌 = 𝑐𝑌 + 𝐴 – 𝑌 = 𝐴 – 𝑠 avec 𝑠 = 1 – 𝑐, c’est-à-dire :
1 𝑑𝑌
. + 𝑠𝑌 = 𝐴
𝜆 𝑑𝑡
(II)
qui est une équation différentielle du 1 ordre.
er

9.- CHOIX ENTRE LES DEUX ANALYSES


S’il s’agit de mener une étude théorique de la macroéconomie, la commodité
mathématique nous oblige à opter pour l’analyse continue car la solution d’une équation
différentielle s’obtient plus rapidement et sous une forme plus simple que celle d’une
équation aux différences. Dans notre exemple, les deux équations (I) et (II) donnent des
résultats presque identiques obtenus rapidement à partir d’une valeur initiale 𝑌0 quelconque.
Ces solutions sont : (I) 𝑌𝑡 = 𝐴⁄𝑠 + (𝑌0 − 𝐴⁄𝑠)(1 − 𝑠)𝑡 et (II) 𝑌 = 𝐴⁄𝑠 + (𝑌0 −
𝐴⁄𝑠)𝑒 −𝑠𝜆𝑡
.
Toutes deux convergent uniformément vers le niveau stationnaire 𝑌 = 𝐴⁄𝑠 quand
0 < 𝑠 < 1 et  < 0.
Dans les applications empiriques, la commodité économique nous oblige à opter pour
l’analyse des périodes dans la mesure où les unités économiques, que ce soient des individus
ou des firmes, pensent et font des prévisions en termes de périodes. On peut aussi observer
que les données de la vie réelle se présentent sous forme périodique, par exemple
mensuellement ou annuellement. Le facteur temps est ainsi artificiellement découpé pour
fournir des statistiques.

10.- VALEUR AJOUTEE


C’est la différence entre la valeur des biens et services produits et la valeur des biens
et services utilisés au cours du processus de production des entreprises :
𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑎𝑗𝑜𝑢𝑡7𝑒(𝑉. 𝐴. ) = 𝑂𝑢𝑡𝑝𝑢𝑡 – 𝐼𝑛𝑝𝑢𝑡. En d’autres termes, la V.A. désigne
l’augmentation de valeur qu’une entreprise apporte, par la combinaison des facteurs (K et
L), aux biens et services consommés pour sa production. Elle correspond donc à l’écart entre
la valeur de la production totale et la consommation intermédiaire.
La valeur ajoutée nationale représente la somme des V.A. de toutes les entreprises
de la nation. Ainsi, la contribution d’une entité au développement économique d’un pays,
quantifiée en termes de croissance de la production nationale, se mesure-t-elle en unités de
valeur ajoutée.
La valeur ajoutée correspond également à ce que l’entreprise dépense en revenus du
travail et du capital (V.A. = YL + YK). YK comprend les intérêts, les dividendes, les loyers
et les tantièmes.
La propriété des valeurs ajoutées est d’être « additives », c’est-à-dire que leur somme
a une signification : PIB ; ce qui n’est pas le cas pour les productions brutes.
8

Chapitre 3 : PRINCIPAUX AGREGATS


1.- PRODUIT INTERIEUR BRUT (PIB)
C’est la valeur de l’activité productive réalisée à l’intérieur des frontières d’un pays au
cours d’une période donnée (en général, une année). Le PIB est la production issue des
agents économiques intérieurs c’est-à-dire des personnes qui sont présentes sur le territoire
national. Ce produit est brut parce qu’il prend en compte les charges supportées par les
producteurs pour couvrir l’usure du capital (= Amortissements).

Le PIB peut se calculer de trois façons :


1°) en considérant les valeurs ajoutées par les entreprises ; c’est l’optique de production :
𝑃𝐼𝐵 = ∑ 𝑉. 𝐴. ;
2°) en appréhendant la demande finale ; c’est l’optique des dépenses :
𝑃𝐼𝐵 = 𝐶 + 𝐺 + 𝐼 + (𝑋 – 𝑀);
3°) en termes revenus ; c’est l’optique des revenus :
𝑃𝐼𝐵 = 𝑌 = 𝑊 + 𝐼𝑛 + 𝑇 + 𝑃+= 𝑆𝑎𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 + 𝐼𝑛𝑡é𝑟ê𝑡𝑠 + 𝑇𝑎𝑥𝑒𝑠 + 𝑃𝑟𝑜𝑓𝑖𝑡𝑠.

2.- PRODUIT NATIONAL BRUT (PNB)


Il existe deux modes de détermination de la production d’un pays ; l’optique
territoriale ou domestique et l’optique nationale. Le PIB se rattache à la première optique et
le PNB à la seconde. Le PNB désigne donc la valeur de l’activité productive réalisée par les
facteurs de production nationaux. C’est la valeur totale des biens et services produits par
des nationaux au cours d’une période déterminée (en général, une année).

Tout comme le PIB, le PNB est un agrégat normalisé, c’est-à-dire un ensemble


d’objets économiques qui ont au moins un caractère commun et qui est calculé de manière
à rendre possible les comparaisons entre pays. Pour calculer le PNB, on part du PIB auquel
on ajoute le revenu des facteurs venant du reste du monde (RDM) et duquel on soustrait le
revenu des facteurs versés au RDM.

Comme pour le PIB, le passage du coût des facteurs au prix du marché s’effectue
moyennant la prise en compte des impôts indirects (𝑇𝑖 ) nets de subventions. En d’autres
termes, le PNB au coût des facteurs est égal au PNB au prix du marché augmenté des
subventions et diminué des impôts indirects. Tout comme pour le PIB, le passage du produit
brut au produit net se réalise par la déduction des amortissements (A).

3.- REVENU NATIONAL (𝑌) (7)


Par définition, le revenu national équivaut au produit national net au coût des
facteurs : PIB - revenu net des facteurs du RDM – impôts indirects nets. C’est la somme
des revenus perçus par les agents économiques au cours d’une période déterminée
(généralement, un an). C’est aussi un agrégat normalisé. Il est calculé avant le paiement
des impôts sur le revenu ou impôts directs (𝑇𝑑 ).

7
Le symbole ‘’Y’’ vient de la lettre initiale ‘’𝑖𝑛𝑐𝑜𝑚𝑒’’ qui signifie ‘’revenu’’ en anglais.
9

Le revenu national est généralement divisé en deux catégories : 1°) Les revenus du
travail qui comprennent les salaires et traitements bruts (avant déduction des cotisations
sociales des travailleurs), les prestations sociales et les cotisations sociales des employeurs ;
2°) Les revenus de la propriété et de l’entreprise qui vont respectivement aux particuliers,
aux sociétés et aux administrations.

Les revenus font également l’objet d’une ponction de la part de l’Etat en ce sens qu’ils
sont en principe taxables dans tous les pays. Si l’on déduit les impôts directs du revenu
national, on obtient un agrégat de première importance appelé Revenu National Disponible
(𝑌𝑑 ).

4.- DEPENSE NATIONALE (DN)


C’est l’ensemble des emplois des biens et services effectués par les agents
économiques au cours d’une période donnée. Elle est calculée à partir de trois éléments :
1°) le revenu national (Y) ; 2°) les impôts indirects nets des subventions (Ti) ; et 3°) le
revenu net global provenant du reste du monde (YR).

La somme de ces trois éléments (Y + Ti + YR) donne la dépense nationale nette


(DNN). Si l’on y ajoute les amortissements, on obtient la dépense nationale brute (DNB).
La dépense nationale est généralement étudiée à partir de deux agrégats : la consommation
(C) et l’investissement (I) : DN = C + I.

5.- CONSOMMATION (C)


La consommation d’un bien est la quantité utilisée (par usure ou par destruction)
pour satisfaire directement les besoins des agents économiques intéressés. Elle ne
contribue pas à l’accroissement de la production.

La consommation nationale comprend les dépenses des ménages ou consommation


privée (C) et les dépenses de fonctionnement des administrations publiques ou
consommation publique (G) (8).

6.- INVESTISSEMENT (I)


L’investissement national est donné par la formation brute de capital fixe (F.B.C.F),
c’est-à-dire la somme des additions apportées annuellement au patrimoine national en biens
d’équipement. La formation brute de capital comprend la formation brute de capital fixe
(F.B.C.F.) et l’accroissement des stocks.

Pour obtenir l’investissement net, il suffit de déduire de l’investissement brut


l’amortissement qui représente l’usure du capital (𝐼𝑛 = 𝐼𝑏 − 𝐴).

8
Le symbole ‘’G’’ vient de l’initiale de Gouvernement, en anglais, 𝐺𝑜𝑣𝑒𝑟𝑛𝑚𝑒𝑛𝑡.
10

7.- BALANCE DES PAIEMENTS


C’est un compte qui enregistre les transactions de la nation avec le reste du monde
(RDM). Il décrit l’état des règlements (engagements et créances) entre les agents intérieurs
(présents sur le territoire national) et les agents étrangers (appartenant au reste du Monde).

Structure de la balance des paiements

RUBRIQUES MOUVEMENTS SOLDES


D C D C
1.- Opérations courantes
1.1. Balance commerciale porte sur les
marchandises et les biens matériels M X
1.2. Opérations sur les biens invisibles :
BALANCE DE BASE

échanges de services sur le plan


international : Achats Ventes
- transport
- assurances
- tourisme
-𝑌𝐾 (intérêts, dividendes, loyers, tantièmes) Payés reçus
-𝑌𝐿 (travailleurs allant travailler dans un
autre pays)
2.- Opérations en capital Prêts Emprunts
2.1. Long terme public
2.2. Long terme privé
3.- Dons (transferts unilatéraux nets)⋆ Accordés Reçus
4.- Financement du solde de la balance de base Prêts Emprunts
4.1. Court terme privé
4.2. Court terme public M X
4.3. Or et devises
Sources : HPE-I, p. 42 ; Théorie monétaire II, p. 1 ; MACRO I, pp. 78-80 et 59-60.
∗ Les transferts sont des opérations accomplies sans que naisse une créance ou une dette
pour l’économie.

Les principales composantes de la balance des paiements sont les exportations (X)
et les importations (M) des biens et services (au sens large). Leur différence (X - M)
correspond à la dette extérieure ou déficit du commerce extérieur (𝐺𝑥 ) (9). En effet, les flux
des biens et services formant la balance de base sont doublés par des flux financiers
(rubriques 2, 3 et 4) d’un solde équivalent.

Si la balance des biens et services (balance de base) est positive, son solde
correspond à une créance acquise par la nation sur l’étranger (RDM) ; les titres de créance
étant globalement désignés sous l’appellation de devises étrangères. Les avoirs extérieurs

9
La lettre G vient de l’initiale du mot anglais ‘’Gap’’ qui signifie Déficit (ou écart). 𝐺𝑥 désigne le déficit des
exportations (‘’Exports Gap’’ ou ‘’Trade Gap’’).
11

(𝐴𝑣𝑒𝑥) représentent la totalité des devises étrangères disponibles à un moment donné.


C’est donc un stock résultant de l’accumulation des flux de devises étrangères.

Le solde de la balance des paiements, s’il est positif, est identique à l’accroissement
des avoirs extérieurs ; c’est le prêt net au reste du monde. Si ce solde est négatif, on parle
d’emprunt net au reste du monde. Le prêt net au reste du monde est donc égal aux devises
étrangères acquises au cours d’une période donnée. Ce flux de devises étrangères acquises
correspond à la différence entre les placements (sorties) et les emprunts (entrées) des
capitaux à l’étranger. On distingue les capitaux à long terme de ceux à court terme
(mouvements monétaires et or).

Le terme déséquilibre de la balance des paiements est très souvent associé à un solde
débiteur établi après enregistrement des exportations et importations des biens et services
ainsi que des capitaux à long terme. Ce solde doit obligatoirement donner lieu à des entrées
nettes de capitaux à court terme.

8.- DEMANDE FINALE (𝐷𝐹) : 𝐷𝐹 = 𝐶 + 𝐺 + 𝐼 + 𝑋

C = Consommation privée c’est-à-dire la valeur des biens et services consommés par les
particuliers (ménages) ;
G = Consommation publique comprenant les traitements des fonctionnaires, les pensions
ainsi que les achats de biens et services par l’Etat ;
I = Investissements : achats de biens de capital fixe ou biens de production durables, c’est-
à-dire utilisables pendant plusieurs années (au moins deux) uniquement comme
facteurs de production. Exemple : outils, machines, bâtiments, ouvrages d’art, etc. ;
X = Exportations de biens et services.

9.- EPARGNE (S)


L’épargne d’une entité économique, qu’elle soit micro ou macro-économique, se
définit résiduellement ; c’est l’excédent des recettes courantes sur les dépenses courantes,
c’est-à-dire le solde du compte des opérations courantes. Elle peut être positive, nulle
ou négative ; dans ce dernier cas, on parle de déficit courant.
L’épargne nationale se définit comme la somme des épargnes des entreprises, des
particuliers et de l’Etat.

10.- POPULATION ACTIVE


C’est l’ensemble des personnes valides et en âge d’être employées dans une
économie, c’est-à-dire l’ensemble des personnes qui, sur un territoire donné, peuvent
concourir à la production des biens et services.
La population active est généralement étudiée pour connaître le niveau de l’emploi
et le marché du travail.
Le renouvellement et l’expansion de la population active sont des phénomènes
essentiellement démographiques et donc extra-économiques (10).

10
DUPREZ, C., MACRO I, p. 13.
12

2ème partie : LES INSTRUMENTS.

Chapitre 4 : LES COMPTES NATIONAUX.


Section 1 : CARACTERISTIQUES GENERALES DES
AGREGATS
1.- Les grandeurs macroéconomiques ou agrégats11 :
(a) résultent d’un groupement d’éléments hétérogènes, ce qui :
 exclut de les saisir par simple comptage ;
 contraint de les exprimer en unités monétaires, l’unité monétaire étant le seul
commun dénominateur des éléments composants ;
 leur confère un caractère conventionnel ;
(b) mais sont traités néanmoins comme des grandeurs homogènes, c’est-à-dire qu’on ne
retient que la caractéristique commune aux différentes composantes de l’agrégat
considéré et qu’on ignore délibérément leurs particularités propres. Par exemple,
les composantes de la consommation privée ont en commun de contribuer au bien-
être matériel de la population ;
(c) comme toute grandeur économique, peuvent être des stocks ou des flux. La
dimension d’un stock est une valeur V et celle d’un flux est une valeur par unité de
temps 𝑉𝑇 −1.
N.B.- Les deux membres d’une relation doivent nécessairement avoir la même dimension.

2.- Les grandeurs macroéconomiques peuvent être définies :


 par une description (consommation privée, revenu national) ;
 par rapport à d’autres grandeurs et notamment par résidu : 𝑆 = 𝑌 − 𝐶, c’est-
à-dire par une relation de définition.

Les relations de définition de base entraînent d’autres relations de nature implicite :


𝑌 = 𝐶 + 𝑆 𝑜𝑢 𝐶 = 𝑌 − 𝑆. Il s’ensuit que les grandeurs macroéconomiques se définissent les
unes par rapport aux autres et forment un ensemble articulé ou intégré. Les comptes
nationaux constituent un tel ensemble articulé, supposant un degré d’agrégation très poussé
contrairement, par exemple, aux tableaux d’input-output dont les grandeurs procèdent
d’une agrégation moins radicale.

Section 2 : GENESE DE LA COMPTABILITE NATIONALE.


La comptabilité nationale a été inventée par des statisticiens qui n’avaient pas accès
aux comptes des entreprises ni à ceux de la branche d’activité. Stone (statisticien,
professeur à Cambridge, disciple de Keynes) a imaginé de diviser l’économie nationale en
trois secteurs et tenant compte du reste du monde, d’examiner pour la nation et l’étranger
un compte courant et un compte en capital. Cela faisait huit comptes. Pour simplifier, on
a regroupé les trois comptes « capital » de la nation en un seul compte, et le reste du monde
également ; ce qui donne :

11
DUPREZ, C., MACRO I, pp. 1-2.
13

Compte courant Compte capital


Entreprises (1) Compte de la
SECTEURS Particuliers (ménages) (2) Nation (4)
Etat (3)
Reste du Monde (5)

On est resté avec cinq comptes dont on ne va examiner que trois.

1.- Compte des particuliers.

On peut étudier, pour l’ensemble des particuliers, les dépenses et les recettes.

2.- Compte courant de l’Etat (au sens large).

3.- Compte capital de la Nation


14

Section 3 : PRINCIPES DE BASE DE LA COMPTABILITE


NATIONALE.
1.- Notion de comptes nationaux.

On convient d’appeler comptes nationaux, l’ensemble intégré de grandeurs


macroéconomiques :
 reflétant à la fois l’activité économique d’une nation au cours d’une période (flux) et
le patrimoine de cette nation à la fin de la période (stocks) ;
 procédant d’une agrégation consistant essentiellement dans le regroupement des
agents économiques selon qu’ils sont producteurs ou consommateurs, la distinction
introduite au niveau des agents producteurs étant fort sommaire.

Les comptes nationaux, données macroéconomiques, reposent sur l’agrégation des


agents économiques (ménages, firmes, institutions), des facteurs de production que ces
agents détiennent, des flux entre les ensembles agrégés, et des stocks, résultats de
l’accumulation des flux.

2.- Comptabilité nationale.

On retient l’expression comptabilité nationale pour le sous-ensemble des comptes


nationaux relatifs aux flux ; c’est ce sous-ensemble qui correspond à l’information statistique
la plus couramment disponible.
La comptabilité nationale, qui est une méthode d’enregistrement systématique des
faits économiques quantifiés, fournit généralement le cadre habituel de représentation
chiffrée de l’équilibre macroéconomique.
L’objet premier de la comptabilité nationale est de donner une description
quantitative et une synthèse comptable des faits qui caractérisent l’activité économique et
financière d’une nation.

3.- Principes comptables.

1°. A l’instar de la comptabilité de l’entreprise, la comptabilité nationale se tient en partie


double, c’est-à-dire qu’elle décompose l’opération qui fait l’objet d’enregistrement en
une prestation et une contre-prestation. La prestation indique comment l’Agent
bénéficiaire s’est procuré une ressource, tandis que la contre-prestation montre
l’utilisation qui en est faite par l’Agent payeur.
2°. Dans cette comptabilité en partie double, l’équilibre d’un compte, c’est-à-dire l’égalité
des emplois et des ressources, est une nécessité comptable qu’il faut toujours
respecter. Si l’équilibre n’est pas immédiat, il sera chaque fois assuré par l’inscription
en ressources ou en emplois, selon le cas, d’un solde correspondant à la différence
qui se dégage entre les deux parties d’un compte.
3°. Si un agent économique ou un secteur institutionnel donné peut accuser, selon le
cas, un excédent de ressources ou un excédent des emplois, il s’avère globalement
que le total des ressources sera toujours égal au total des emplois. Ce principe
d’équilibre aura comme corollaire que la capacité de financement des uns
compensera le besoin de financement des autres.
15

4°. Afin de réduire le nombre d’enregistrements et le nombre de comptes à tenir, on


utilise le principe de compte ECRAN qui consiste à faire transiter le flux entre deux
agents quelconques par un compte RELAIS enregistrant les opérations de même
nature quelle que soit leur origine ou destination. Un autre avantage de ce principe
est de faire apparaître les comptes opérations qui sont distincts des comptes
agents12.

Illustration du principe de compte Ecran.


Supposons que nous ayons une centaine d’Agents différents et une centaine d’opérations
différentes ; la comptabilisation consisterait ici à refléter les échanges par type d’opérations
entre les Agents.

A.- SANS COMPTE ECRAN B.- AVEC COMPTE ECRAN


Payeurs Bénéficiaires Payeurs Bénéficiaires
1 1 1 1
2 2 2 2
3 3 3 3

⋮ ⋮ ⋮ ⋮
50 50 50 50

⋮ ⋮ ⋮ ⋮
100 100 100 100

Figure 1 : Comptes sans et avec écran

Si l’on cherche à enregistrer l’ensemble des transactions figurées dans la partie A, on


aura 100 × 100 = 10.000. L’on s’intéresse cependant à savoir par exemple combien l’Agent
2 a acheté des produits agricoles mais non pas s’ils ont été produits par l’Agent 34 ou l’agent
55. Par ailleurs, on aimerait savoir combien l’Agent 44 a produit des biens agricoles en tout
mais non savoir s’il les a vendus à l’Agent 4 ou l’Agent 22.

4.- Bases des critères d’agrégation des agents économiques.

Les agents économiques sont groupés en secteurs ; les critères d’agrégation sont
basés sur les distinctions suivantes :
(i) - agents nationaux (résidant dans ou situés sur le territoire national) ;
- agents étrangers : secteur du reste du monde.
(ii) Pour les agents nationaux :
- agents consommateurs : secteur des particuliers ;
- agents producteurs des biens et services.
(iii) Pour les agents producteurs :
- ceux qui cèdent des biens et services à titre onéreux : secteur des entreprises ;
- ceux qui cèdent des services à titre gratuit : secteur de l’Etat.

12
Un agent économique est une personne physique ou morale pouvant être considérée comme centre de
décision économique.
16

On assimile aux particuliers, les institutions privées sans but lucratif au service des
ménages (clubs sportifs, syndicats, etc.).
On distingue dans le secteur des entreprises :
 les entreprises privées : sociétés de capitaux, sociétés de personnes et indépendants
(ou entreprises individuelles) ;
 les entreprises publiques qui sont contrôlées à des degrés divers par les pouvoirs
publics ; n’y sont comprises que les institutions vendant des biens et services même
si elles sont couramment en déficit (SNELL, REGIDESO,…).
On distingue dans le secteur de l’Etat :
 le pouvoir central (départements ministériels) ;
 les pouvoirs subordonnés (provinces et communes) et
 la sécurité sociale.

5.- Facteurs de production.

La production suppose la mise en œuvre de facteurs de production : le travail, le


capital et la terre. Considérés sous l’angle technologique, les facteurs de production sont le
travail et le capital fixe. Considérés sous l’angle des agents détenteurs des facteurs, ce
sont le travail et la propriété. On les agrège selon que leurs détenteurs les mettent à la
disposition des agents producteurs nationaux (E et Etat) ou étrangers (R).
On peut envisager le produit de l’activité des facteurs de production :
 dont les détenteurs sont des agents nationaux, sans se préoccuper de savoir si les
agents producteurs qui les mettent en œuvre sont nationaux ou étrangers ; c’est le
produit national ;
 qui sont mis en œuvre par des agents producteurs intérieurs (autochtones et
résidents), sans se préoccuper de savoir si leurs détenteurs sont des agents
nationaux ou étrangers ; c’est le produit intérieur.

6.- Catégories de flux.


Les flux sont des grandeurs se rapportant à une unité de temps (𝑉𝑇 −1 ) qu’on
enregistre dans des comptes. On distingue les catégories suivantes :
(i) Opérations courantes et en capital fixe :
− Achats et ventes des biens et services, et par extension, des services de capital fixe
(𝐴𝑐ℎ, 𝑉𝑒𝑛, 𝐼𝑏, 𝐴) ;
− Rémunération des facteurs de production :
∗ Travail : salaires ;
∗ Propriété : dividendes, revenus extérieurs, et pour les particuliers, les intérêts
− Transferts, résultant de décisions unilatérales :
∗ Allocations d’assistance (P : sécurité sociale, E : subventions, R : dons) ;
∗ Impôts indirects et impôts directs, et pour l’Etat, les intérêts.
(ii) Opérations financières :
Génératrices des créances et des dettes :
− doublant toutes les opérations courantes (sauf si internes à un secteur: 𝐼𝑏𝐸, 𝐴𝐸, 𝐴𝐺) ;
− doublant d'autres opérations financières (transformation de créances et de dettes :
actions ou obligations contre monnaie : 𝑀𝑜𝑛, 𝑎𝑐𝑡, 𝑜𝑏, contre Devises).
(iii) Flux résiduels : − soldes des opérations courantes : SE, SG, SP ;
− soldes des opérations en capital fixe : IE, IG ;
− soldes des opérations financières.
17

7.- Catégories de stocks.

Les stocks sont des grandeurs mesurées à un moment donné (V) enregistrées dans
des bilans. Ils résultent de l'accumulation des flux résiduels : la variation d'un stock a la
dimension d'un flux (𝑉𝑇 −1 ). On distingue :
(i) Les stocks réels de capital fixe déprécié, accumulation des flux résiduels des opérations
en capital fixe : 𝐾𝑑 𝐸𝑡 = ∑𝑡𝑖=1 𝐼𝐸𝑖 𝑜𝑢 ∆𝐾𝑑 𝐸 = 𝐼𝐸𝑡 ; 𝐾𝑑 𝐺𝑡 = ∑𝑡𝑖=1 𝐼𝐺𝑖 𝑜𝑢 ∆𝐾𝑑 𝐺 = 𝐼𝐺𝑡 ∙
(ii) Les stocks financiers, accumulation des soldes des opérations financières :
𝐶𝑎𝑝𝑎𝑐𝑡 = 𝑃𝑜𝑟𝑡𝑎𝑐𝑡 = ∑𝑡𝑖=1 𝐴𝑐𝑡𝑖 ; 𝐷𝑝𝑢𝑏𝑡 = 𝑃𝑜𝑟𝑡𝑜𝑏𝑡 = ∑𝑡𝑖=1 𝑜𝑏𝑖 ; 𝐴𝑣𝑒𝑥𝑡 = ∑𝑡𝑖=1 𝐷𝑒𝑣𝑖 ∙
(iii) Les épargnes cumulées, accumulation des soldes des opérations courantes :
𝑅𝑒𝑠𝑡 = ∑𝑡𝑖=1 𝑆𝐸𝑖 ; ∑𝑡𝑖=1 𝐷é𝑓𝐺𝑡 = ∑𝑡𝑖=1 𝑆𝐺𝑖 ; 𝑆𝑃𝑡 = ∑𝑡𝑖=1 𝑆𝑃𝑖 ∙

8.- Stocks d'inventaires.

Les secteurs producteurs ne vendent ni ne cèdent la totalité de leur production brute


et ne mettent pas en œuvre non plus la totalité de leurs approvisionnements (𝑀𝑏𝑠 𝑜𝑢 𝐴𝑐ℎ𝐺).
En effet, il existe des décalages et par conséquent des stocks (au sens du mot anglais
"inventories" et non par opposition à "flux") de matières premières et de produits dont il
faut enregistrer les variations (∆𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘𝑠 ∶ 𝑎𝑐𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘𝑠).

La valeur ajoutée définie comme :


𝑉𝑎𝑙 𝑎𝑗 = 𝑃𝑟𝑜𝑑𝑏 − 𝑏𝑖𝑒𝑛𝑠 𝑒𝑡 𝑠𝑒𝑟𝑣𝑖𝑐𝑒𝑠 𝑢𝑡𝑖𝑙𝑖𝑠é𝑠 𝑒𝑡 𝑝𝑟𝑜𝑣𝑒𝑛𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙 ′ 𝑒𝑥𝑡é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟,
doit alors, en termes d'achats et de ventes, s'écrire: 𝑉𝑎𝑙 𝑎𝑗 = 𝑉𝑒𝑛𝑡𝑒𝑠 + ∆𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘𝑠 − 𝐴𝑐ℎ𝑎𝑡𝑠.

On pourrait imaginer de tenir un compte "magasin" analogue au compte des


opérations en capital fixe, pour les E et éventuellement pour l'Etat, alimenté, c'est-à-dire
débité, par 𝑀𝑏𝑠 𝑜𝑢 𝐴𝑐ℎ 𝐺 et par les biens produits, crédité des approvisionnements mis en
œuvre et des ventes aux autres secteurs, le solde, ∆stocks, donnant par accumulation, un
actif réel stock.

On se contente d'enregistrer ∆stocks qui, regroupé avec la formation (brute ou nette)


de capital fixe, constitue la formation intérieure (brute ou nette) de capital, et d'ajouter aux
bilans la valeur des stocks. Le PIB sous l'optique dépenses doit donc s'écrire: 𝑃𝐼𝐵 = 𝐶 +
𝐺 + 𝐼𝑏 + ∆𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘𝑠 + 𝑋 − 𝑀.

9.- Formes des facteurs de la propriété.

Les modalités de flux financiers sont plus diversifiées que les seuls flux de Monnaie,
Actions, Obligations et Devises. Les formes de mise à disposition des facteurs de la propriété
au bénéfice des agents producteurs nationaux ou étrangers, comprennent aussi :
18

Placements Revenus
− Obligations…………………………………………………... − Intérêt
Au − Prêts hypothécaires……………………………………… − Intérêt
bénéfice − Dépôts en banque………………………………………… − Intérêt
des − Propriété d'habitations………………………………… − Loyer net(1)
entreprises − Propriété d'entreprises individuelles………− Revenu de l'entreprise

− Bons du Trésor……………………………………………. − Intérêt


De l'Etat
− Dépôts aux CCP……………………………………………. − Néant

− Liquidités……………………………………………………. − Intérêt
− Titres………………………………………………………… − Dividendes, intérêt
De R − Or…………………………………………………………………. – Néant
− Participation dans les entreprises individuelles – Bénéfices
− Biens immeubles………………………………………….. − Loyer net.

Ces variétés de placements appellent deux remarques :


1°.- Les immeubles d'habitation, même occupés par leurs propriétaires, sont assimilés à des
entreprises qui produisent des services de logement (composante de la consommation
privée) et rémunèrent les propriétaires par un loyer, toutes charges déduites.
2°.- La propriété d'entreprises individuelles suppose que les "indépendants", qui les dirigent
et les possèdent fournissent non seulement un facteur propriété, mais aussi un facteur
travail. Leur revenu rémunère donc l'un et l'autre sans qu'il soit possible de faire la part
de chacun d'eux ; c'est le Revenu de l'Entreprise qui est de nature hybride.

Le revenu national se décompose donc en : − Rémunérations des salariés,


− Revenu de la propriété et − Revenu de l'entreprise.

10.- Subventions.

Les subventions, transferts aux entreprises en difficulté, sont assimilées à des impôts
indirects négatifs, le PIB sous l'optique des revenus s'écrivant alors :
𝑃𝐼𝐵 = 𝑌 + 𝐴 + (𝑇𝑖 − 𝑆𝑖𝑏𝑣).

Section 4 : DECOUPAGE COMPTABLE DE LA VIE ECONOMIQUE.

1.- Finalité de l'activité économique.

Ramenant l'activité économique à l'essentiel, on peut dire que :


 la finalité de l'activité économique consiste à produire des biens et services destinés
à la consommation ;
 la production suppose la mise en œuvre de facteurs de production : le travail, le
capital et la terre ; et
 la consommation des biens et services produits suppose un système de répartition
qui peut être basé sur un strict égalitarisme, ou sur la considération des besoins de
chacun (justice distributive, communisme), ou sur la participation des individus à
l'activité productive (facultés contributives, capitalisme).
19

2.- Subdivisions du secteur productif.

La comptabilité nationale (CN) divise le système productif en quatre parties : 1°)


l'agriculture, 2°) les mines et la métallurgie, 3°) le transport, et 4°) les autres secteurs
(Industries manufacturières, Bâtiments et travaux publics, Eau et électricité, Commerce et
services.).

3.- Equilibre des ressources et des emplois.

PIB + M = Ressources = CFM + CFA + 𝐼𝑡𝑜𝑡𝑎𝑢𝑥 + X = Emplois

C° Finale C° Finale Investisse Exporta


Importations ment +
des des tions
Ménages Administra ∆stocks
tions
PIB + M = C + G + I + X
Offre globale Demande globale

4.- Catégories d'opérations.

La CN distingue trois catégories homogènes d'opérations économiques: 1°) les


opérations sur les biens et services, 2°) les opérations de répartition et 3°) les opérations
financières.

5.- Catégories d'agents économiques.

Il y en a cinq, à savoir : 1°) les entreprises non financières, 2°) les administrations,
3°) les institutions financières, 4°) les ménages et 5°) le reste du monde.

6.- Enchaînement des agrégats domestiques et nationaux.

Produit intérieur brut


+ Revenu des facteurs venant du RDM
− Revenu des facteurs versé au RDM

= Produit national brut (PNB)


− Amortissements
− Impôts indirects

= Revenu national (Y)


− Impôts directs

= Revenu national disponible (𝑌𝑑 )


20

Section 5 : UTILISATION DES MODELES EN C. N.


L'analyse économique s'effectue couramment sur des cas simplifiés. On utilise des
modèles de façon à dégager ce qui, dans la réalité économique, traduite en agrégats, relève
des comportements des agents économiques ou seulement des définitions, c'est-à-dire des
conventions de langage.

Les différentes variantes des comptes nationaux sont généralement examinées à


travers quatre modèles : celui de l'âge des cavernes, celui de l'industrialisation, celui du
commerce extérieur et celui des services publics.

On pose l'hypothèse que les prix ne varient pas au cours de la période considérée,
les grandeurs sont donc exprimées à prix constants.

Pour construire un modèle, il faut choisir certaines catégories d'agents avec leurs
opérations, définir les variables macro-économiques et établir une relation entre ces
variables.

Un modèle est un jeu de relations de définition et de relations de comportement,


c'est-à-dire un système d'équations dont la solution fixe la valeur des différentes variables
endogènes, celle-ci étant des grandeurs autres que celles déterminées en dehors du modèle
ou variables exogènes.

Les relations de définition sont nécessairement satisfaites par la solution du modèle


puisqu'elles expriment des conventions terminologiques et des hypothèses faites à propos
de certaines caractéristiques de l'économie.

Les relations de comportement traduisent des contraintes d'ordre psychologique,


technologique et institutionnel, imposées à l'économie ou fixées par des décisions de
politique économique.

Les principales relations de comportement sont la fonction de production, la fonction


de consommation et les fonctions de politique économique.

Le modèle peut être statique en ce sens que toutes les grandeurs ont trait à la même
période, ou dynamique lorsque les grandeurs se rapportent à des périodes différentes.
21

Chapitre 5 : FONCTION DE PRODUCTION.

Section 1 : GENERALITES.
1.- Notion.

Il y a équilibre macroéconomique lorsqu'est réalisée l'égalité de l'offre et de la


demande globales. La macro-économique s'intéresse plus particulièrement au
comportement de deux termes de l'égalité. L'étude de l'offre passe nécessairement par
celle de la production car la plupart de biens offerts doivent presque toujours être fabriqués.
Produire, c'est transformer des ressources ou combiner des facteurs de production
en vue d'obtenir des éléments susceptibles de satisfaire les besoins des hommes.
Quand on cherche à étudier la production d'un bien, la première idée qui vient à
l'esprit est de relier la quantité produite aux facteurs utilisés. Intuitivement, on essaie donc
d'établir une relation de dépendance, une liaison technique, entre le niveau de la production
et les facteurs consommés au cours de l'opération.
Pour décrire ce lien et exprimer que la quantité y d'un bien dépend des quantités
employées de chacun des facteurs 𝑥1 , 𝑥2 , 𝑥3 , ⋯ , 𝑥𝑛 , on écrit : 𝑦 = 𝑓(𝑥1 , 𝑥2 , 𝑥3 , ⋯ , 𝑥𝑛 ).
Nous obtenons ainsi une fonction qui définit l'output résultant de certaines quantités
données d'inputs. Cette relation a reçu le nom de FONCTION DE PRODUCTION.
La fonction de production est donc la relation qui existe entre la quantité produite
d'un bien et les quantités de facteurs qui ont contribué à sa production. Elle tend à
formaliser, au niveau d'une unité de production, l'éventail des modalités selon lesquelles la
quantité produite résulte des quantités des éléments mis en œuvre. C'est une fonction
continue établissant une relation entre la quantité produite et une quelconque combinaison
des quantités d'éléments mis en œuvre13.
Remarquons cependant que la fonction de production ne se limite pas à une seule
technique de production ni même à une seule combinaison de facteurs nécessaires à la
production d'un bien. C'est l'ensemble des combinaisons des facteurs qui, compte tenu des
connaissances techniques du moment et de l'information des producteurs, permettent de
produire un ou plusieurs biens donnés.
C'est la propriété d'additivité des valeurs ajoutées qui permet de déduire une fonction
de production de l'économie nationale de celle des branches qui la composent. Cette
fonction exprime la capacité de production de l'économie compte tenu des stocks moyens
des facteurs, disponibles à l'intérieur des frontières, au cours d'une année donnée14.
Une fonction de production suppose qu'il n'y a pas de gaspillage de facteurs, c'est-à-
dire que, pour une consommation donnée de facteurs, la production maximum est réalisée15.
Les fonctions de production macroéconomiques peuvent se concevoir à 2 niveaux :
1°) au niveau de toute l'économie nationale : 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿, 𝑇), (I)
2°) au niveau d'une branche d'activité i : 𝑄𝑖 = 𝐹(𝐾𝑖 , 𝐿𝑖 , 𝑇𝑖 ) ; (II)
avec Q = produit ou production, K = capital (capital fixe à l'état neuf),
L = travail (main-d'œuvre disponible) et T = terre (ressources naturelles).

13
Pour la définition de la fonction de production, voir DUPREZ, Macro II, sec. III, pp. 5 ; VAN OMMESLAGHE,
Micro I, pp. 1-14 ; NDONGO, Complément de Macro, pp. 15.
14
DUPREZ, Macro I, pp. 8.
15
VAN OMMESLAGHE, Micro I, pp. 1-14.
22

N.B. : Etant donné que Q exprime la valeur ajoutée brute, on remplace généralement
cette quantité par le revenu réel (revenu à prix constants) 16 dans les fonctions de
production, c'est-à-dire : 𝑄 = 𝑌 = 𝐹(𝐾, 𝐿, 𝑇). Cette expression, comme l'expression (I) est
généralement appelée "fonction globale de production".
Cette forme globale est la plus utilisée en Analyse macroéconomique parce qu'elle
permet de déterminer :
 le produit réalisable en une année à l'aide des facteurs disponibles, c'est-à-dire la
capacité de production ou 𝑄𝑚𝑎𝑥 (𝑌𝑚𝑎𝑥 ) ;
 les quantités de facteurs requises pour réaliser une production donnée en une année.
Les variables de la fonction de production s'expriment sous forme de stocks, c'est-à-
dire de niveau moyen au cours de la période considérée, ou sous forme de flux de services
de facteurs. Ainsi, le capital fixe (K) sera exprimé sous forme de stock (𝐾𝑛) ou de flux de
consommation de capital (Amortissement) ; le travail (L) sera exprimé sous forme de stock
de travailleurs disponibles (population active) ou utilisés (emploi) ou sous forme de leurs
prestations (travailleurs/an ou heures prestées/an) ; la terre (T) sera exprimée sous forme
d'un stock (superficie disponible ou utilisée en km2 ou en ha).

2.- Hypothèses simplificatrices.

La transposition de la fonction de production du niveau de l'entreprise à celui de


l'économie nationale soulève des problèmes qu'on ne peut résoudre qu'en adoptant des
hypothèses simplificatrices. Les hypothèses de base sont les suivantes :
1°.- On travaille dans le cadre d'une économie nationale sans relations avec le Reste du
Monde ; ce qui permet d'exclure les importations (𝑀𝑏𝑠 ).
2°.- On ne retient que les facteurs physiques fondamentaux : capital fixe (K), travail (L) et
terre (T). On réduit donc le nombre de facteurs de production par élimination des
consommations intermédiaires.
3°.- On néglige les facteurs pléthoriques. – Lorsqu'un facteur de production est relativement
si abondant qu'il ne peut constituer un goulot d'étranglement limitant l'activité
productive et qu'il est dès lors partiellement inutilisé, il peut être omis de la fonction de
production. – Dans les pays en sous-emploi chronique et ayant une surabondance de
terre (labour and land surplus economies), la fonction de production généralement
retenue est 𝑌 = 𝐹(𝐾). Ce type de fonction cesse d'être valable dès que les facteurs
éliminés cessent d'être pléthoriques.
4°.- La forme la plus courante 𝑄 = 𝑌 = 𝐹(𝐾, 𝐿) suppose la surabondance des ressources
naturelles (T) ou, ce qui revient au même, une adaptabilité de l'appareil de production
à une éventuelle rareté de ce facteur : importations des ressources manquantes ou
insuffisantes, adoption de technologies de substitution (construction en hauteur,
amélioration des rendements à l'ha), extension des surfaces cultivables par
assèchement ou irrigation des terres jusque-là incultes, etc.
5°.- On suppose que les facteurs de production sont homogènes, c'est-à-dire qu'il n'y a qu'un
seul type de travail (par exemple, même qualification des travailleurs et donc même
rendement) et le stock de capital comprend des machines de même génération ou de
même millésime17 et de même qualité.

16
Condition d'agrégation des quantités de biens et services de nature différente.
17
Millésime n. m. Année qui figure comme date sur les monnaies, les médailles, etc. ∥
Numéro d'une année civile.
23

6°.- Sauf pour le cas de coefficients fixes de production, on suppose que le facteur capital
est malléable, c'est-à-dire qu'une unité de capital peut être combinée avec n'importe
quelle quantité de travail.
7°.- Le problème de la combinaison des facteurs est abordé de la même façon qu'en
Microéconomie :
a) Dans l'hypothèse d'une combinaison variable des facteurs, on cherche à déterminer
la combinaison optimale des facteurs pour obtenir une production désirée.
b) Dans l'hypothèse d'une combinaison fixe des facteurs, on fait jouer la loi des
rendements constants en fonction de l'échelle de la production, c'est-à-dire que toute
variation du volume de la production résulte d'une variation proportionnelle des
quantités de facteurs employés (exemple : pour doubler la production, il faut doubler
tous les facteurs employés).
8°.- L'hypothèse des coefficients variables de production est adoptée en tenant compte de
la distinction entre courte et longue période.
a) Un facteur est fixe lorsque sa quantité ne peut être rapidement modifiée pour
répondre à une demande qui requiert une variation immédiate de la production. Le
facteur de production généralement pris pour fixe en courte période est le capital (K).
b) Un facteur est variable lorsque sa quantité peut être modifiée sans délai pour
répondre à une demande qui requiert une variation immédiate de la production. C'est
généralement le facteur travail (L) qui est pris pour facteur variable en courte période.
c) − En courte période, la variation de la production ne résulte que de la modification
des
quantités des facteurs variables.
− En longue période, un même volume de production peut être obtenu à partir de
plusieurs combinaisons de facteurs parce que tous les facteurs sont variables.
9°.- La prise en compte du progrès technique revient à introduire le facteur temps dans la
fonction c'est-à-dire à admettre que, toutes choses égales ailleurs, et en particulier les
quantités de facteurs traditionnels mis en œuvre, la quantité produite augmente du seul
fait de l'écoulement du temps. On peut utiliser une fonction de la forme : 𝑌 = 𝐹(𝐾, 𝐿, 𝑡)
où t = temps.

3.- Validité des fonctions de production.

Les fonctions de production ne sont valables que si elles possèdent certaines


caractéristiques qui rendent leur utilisation possible. Ces caractéristiques ont trait :
1°) au domaine de variation des variables explicatives, 2°) au comportement de la fonction
choisie, 3°) aux produits marginaux des facteurs de production, 4°) à la séparabilité de la
fonction, 5°) à l'homogénéité de la fonction, et 6°) à sa qualité d'être classique
(𝑤𝑒𝑙𝑙 − 𝑏𝑒ℎ𝑎𝑣𝑒𝑑).

A.- Domaine de variation des variables explicatives.


La fonction 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿) n'est définie que pour des valeurs non négatives et finies de
K et L. La variable dépendante Q doit donc être non négative et finie dans les limites des
domaines de variation de K et L. En effet, une production négative ou une utilisation
négative des facteurs de production n'ont pas de sens. Pour que cette fonction soit valable,
il faut donc que : 0 ≤ 𝑄 ≤ +∞ 𝑝𝑜𝑢𝑟 0 ≤ 𝐾 ≤ +∞ 𝑒𝑡 0 ≤ 𝐿 ≤ +∞.
Il y a deux cas limites :
 les technologies sans équipement : 𝑄 = 𝐹(𝐿) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑄 > 0 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝐾 = 0 𝑒𝑡 0 < 𝐿 <
+∞ ;
24

 les technologies entièrement automatisées :


𝑄 = 𝐹(𝐾) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑄 > 0 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝐿 = 0 𝑒𝑡 0 < 𝐾 < +∞.

B.- Comportement de la fonction de production.

Pour faciliter le raisonnement mathématique, les fonctions de production sont


généralement choisies de façon à être continues et différentiables aux deux premiers ordres.
La continuité permet d'obtenir un nombre infini de combinaisons possibles des facteurs et
la différentiabilité permet de préciser les notions de produits marginaux (ou productivités
marginales).

C.- Produits marginaux.


Le produit marginal d'un facteur est l'accroissement de l'output résultant de la mise
en œuvre d'une unité supplémentaire de cet input (facteur), la quantité utilisée de l'autre
facteur restant inchangée. Il s'agit donc de la dérivée partielle de la fonction de production
par rapport au facteur considéré, c'est-à-dire :
𝜕𝐹
= 𝐹𝐾 ∶ 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡 𝑚𝑎𝑟𝑔𝑖𝑛𝑎𝑙 𝑜𝑢 𝑒𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑢 𝑐𝑎𝑝𝑖𝑡𝑎𝑙 𝑒𝑡
𝜕𝐾
𝜕𝐹
= 𝐹𝐿 ∶ 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡 𝑚𝑎𝑟𝑔𝑖𝑛𝑎𝑙 𝑜𝑢 𝑒𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑢 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙.
𝜕𝐿
Les dérivées premières de la fonction de production sont réputées ne jamais prendre
des valeurs négatives ni être croissantes. On dit couramment que les produits marginaux
sont positifs et décroissants, c'est-à-dire que le produit augmente dès qu'un des facteurs
augmente, mais de moins en moins à mesure que la quantité de ce facteur est plus élevée
(la quantité de l'autre facteur demeurant inchangée). Cela revient à imposer que
𝜕2 𝐹 𝜕2 𝐹
𝐹𝐾 , 𝐹𝐿 > 0 𝑒𝑡 𝐹𝐾𝐾 , 𝐹𝐿𝐿 < 0 (𝑎𝑣𝑒𝑐 𝐹𝐾𝐾 = 𝜕𝐾2 , 𝐹𝐿𝐿 = ) et donc que la fonction F soit dérivable
𝜕𝐿2
deux fois (que 𝐹𝐾 𝑒𝑡 𝐹𝐿 soient des fonctions de K et de L).
On impose donc à la fonction de production les restrictions suivantes:
(I) 0 ≤ 𝐹 < +∞, (II) 0 ≤ 𝐹𝐾 , 𝐹𝐿 < +∞ 𝑠𝑎𝑢𝑓 𝐹𝐾 = 𝐹𝐿 = 0)18, (III) −∞ ≤ 𝐹𝐾𝐾 , 𝐹𝐿𝐿 ≤ 019

D.- Séparabilité et signification économique des hypothèses.


1°.- Séparabilité de la fonction de production.
Il est intéressant que la fonction de production puisse se séparer en une somme ou
un produit de deux fonctions, soit :
𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿) = 𝐹1 (𝐾) + 𝐹2 (𝐿) ∶ 𝐻𝑦𝑝𝑜𝑡ℎè𝑠𝑒 𝑑′𝑎𝑑𝑑𝑖𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é 𝑜𝑢 𝑏𝑖𝑒𝑛
𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿) = 𝐹1 (𝐾) × 𝐹2 (𝐿) ∶ 𝐻𝑦𝑝𝑜𝑡ℎè𝑠𝑒 𝑑𝑒 𝑑𝑖𝑣𝑖𝑠𝑖𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡é.
La forme choisie n'a pas d'importance puisque la forme multiplicative peut toujours
se ramener à la forme additive par transformation logarithmique, c'est-à-dire :
𝐿𝑜𝑔𝑄 = 𝐿𝑜𝑔𝐹1 (𝐾) + 𝐿𝑜𝑔𝐹2 (𝐿).
2°.- Signification économique des hypothèses.
a) Additivité.
Cette hypothèse signifie que si 𝐹𝐾 𝑒𝑡 𝐹𝐿 définissent des productions possibles, alors
𝑄 = 𝐹1 (𝐾) + 𝐹2 (𝐿) est une production possible. En effet, on peut toujours réaliser 𝐹(𝐾, 𝐿)

18
𝐹𝐾 = 𝐹𝐿 = 0 impliquerait l'impossibilité d'accroître le produit puisque l'on aurait
𝑑𝑄 = 𝑑𝐹 = 𝐹𝐾 𝑑𝐾 = 𝐹𝐿 𝑑𝐿 = 0 ; cette éventualité doit être éliminée.
19
Avec 𝐹𝐾 𝑒𝑡 𝐹𝐿 fonctions de K et L, on écarte le cas particulier où 𝐹𝐾 𝑒𝑡 𝐹𝐿 sont des constants (positives) et
où, par conséquent, 𝐹𝐾𝐾 = 𝐹𝐿𝐿 = 0, et aussi celui où on aurait 𝐹𝑘 𝑜𝑢 𝐹𝐿 = 0.
25

en réalisant indépendamment 𝐹1 (𝐾) 𝑒𝑡 𝐹2 (𝐿), sauf si 𝐹1 (𝐾) + 𝐹2 (𝐿) ne peuvent être mis en
œuvre simultanément.

b) Divisibilité.
Cette hypothèse signifie que si 𝐹1 (𝐾) définit une production possible et 𝐹2 (𝐿) un
nombre compris entre 0 et 1, alors 𝑄 = 𝐹1 (𝐾) × 𝐹2 (𝐿) définit aussi une production possible.
Elle suppose que toute opération productive peut être fractionnée et réalisée à petite échelle
sans modifier les proportions entre inputs et outputs. Ceci ne doit cependant pas être pris
au pied de la lettre, car il existe presque toujours un seuil en dessous duquel l'opération ne
peut être réalisée dans des conditions identiques.
c) Séparabilité.
Cette hypothèse permet d'obtenir, à partir des fonctions microéconomiques sous-
jacentes de la technologie ou des fonctions séparables pour les différentes branches de
l'économie, une fonction de toute l'économie par simple agrégation. Cela veut dire qu'en
ayant 𝑄𝑖 = 𝐹𝑖 (𝐾𝑖 , 𝐿𝑖 ) = 𝐹1,𝑖 (𝐾𝑖 ) + 𝐹2,𝑖 (𝐿𝑖 ) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑖 = 1, 2, ⋯ , 𝑛, on arrive à 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿) =
𝐹1,𝑖 (𝐾𝑖 ) + 𝐹2,𝑖 (𝐿𝑖 ) où les expressions 𝐹1,𝑖 (𝐾𝑖 ) 𝑒𝑡 𝐹2,𝑖 (𝐿𝑖 ) sont des moyennes (pas
nécessairement arithmétiques) des facteurs K et L mis en œuvre dans n branches.

E.- Homogénéité des fonctions de production.


1°.- Rappel.
Une fonction est dite homogène de degré r si elle est multipliée par 𝜆𝑟 lorsque
chacune des variables indépendantes est multipliée par la constante positive λ, c'est-à-dire
lorsque la relation suivante 𝐹(𝜆𝐾, 𝜆𝐿) = 𝜆𝑟 𝐹(𝐾, 𝐿) est vérifiée pour tout nombre réel λ≥0.
2°.- Propriétés des fonctions homogènes.
a) D'une manière générale, l'accroissement de la fonction sera :
− plus que proportionnel à la variation des variables indépendantes lorsque le degré de
cette fonction est supérieur à 1;
− proportionnel à la variation des variables indépendantes lorsque le degré de cette
fonction est égale à 1 ; dans ce cas, la fonction est dite linéaire homogène ;
− moins que proportionnel à la variation des variables indépendantes lorsque le degré de
cette fonction est inférieur à 1.
b) Les dérivées premières d'une fonction homogène de degré r sont des fonctions
homogènes de degré r-1.
c) Les fonctions homogènes satisfont à l'identité d'Euler d'après laquelle "la somme des
produits de chaque dérivée partielle par la variable correspondante est un multiple de la
fonction homogène, le facteur multiplicateur étant le degré de la fonction en question".
Cela signifie que si nous avons une fonction homogène 𝐹(𝑥, 𝑦) de degré r, l'identité
d'Euler (ou théorème d'Euler) sera vérifiée si : 𝑥𝐹𝑥′ (𝑥, 𝑦) + 𝑦𝐹𝑦′ (𝑥, 𝑦) = 𝑟𝐹(𝑥, 𝑦) quels que
soient x et y. Dans le cas de la fonction 𝐹(𝐾, 𝐿), la forme générale (pour tout r) du
théorème d'Euler s'écrit : 𝐹𝐾 𝐾 + 𝐹𝐿 𝐿 = 𝑟𝐹 = 𝑟𝑄.

3°.- Signification économique des propriétés mathématiques des fonctions


homogènes.
Les fonctions homogènes permettent de définir les rendements à l'échelle de
production.
a) Une fonction de production 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿) est homogène de degré r si pour λ quelconque,
on vérifie la relation : 𝐹(𝜆𝐾, 𝜆𝐿) = 𝜆𝑟 𝑄.
b) Si la fonction de production est homogène, les rendements seront :
 constants à l'échelle pour r = 1,
26

 croissants à l'échelle pour 𝑟 > 1,


 décroissants à l'échelle pour 𝑟 < 1.
c) Si la fonction de production est de degré 1, donc linéaire homogène (ou homothétique),
ses dérivées partielles de premier ordre sont des fonctions homogènes de degré nul. Or,
ces dérivées partielles sont l'expression mathématique des productivités marginales des
facteurs de production. Il en résulte que ces productivités marginales restent inchangées
lorsque les quantités utilisées desdits facteurs varient dans la même proportion. Soit la
fonction de production linéaire homogène 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿). Appliquons à K et L une variation
égale à λ. Les dérivées premières ou produits marginaux des facteurs auront pour
expressions : 𝐹𝐾′ (𝐾, 𝐿) = 𝐹𝐾′ (𝜆𝐾, 𝜆𝐿) 𝑒𝑡 𝐹𝐿′ (𝐾, 𝐿) = 𝐹𝐿′ (𝜆𝐾, 𝜆𝐿). Cet exemple montre que
les productivités marginales ne peuvent varier que si l'on modifie la combinaison de K et
L dans le processus de production, c'est-à-dire si la proportion de K et L change. De
même, si les facteurs de production varient dans la même proportion, le rapport des
productivités marginales reste inchangé. Et comme le rapport des productivités
marginales définit le taux marginal de substitution entre les facteurs K et L, il en résulte
que ce dernier ne change pas lorsque K et L varient dans la même proportion.
d) Lorsque la fonction de production est homogène et que le facteur multiplicateur λ est
égal à 1, l'identité d'Euler a pour expression : 𝐾𝐹𝐾′ + 𝐿𝐹𝐿′ = 𝑄 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝜆 = 1. Cela signifie
que si l'on rémunère les facteurs de production à leurs productivités marginales, le produit
se répartit exactement entre eux sans surplus ni déficit. C'est la règle de "l'épuisement
du produit".
e) La fonction de production linéaire homogène à deux variables K et L est équivalente à
une fonction de production à une variable en "termes par tête". Soit une fonction de
production 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿). Cette fonction est linéaire si 𝐹(𝜆𝐾, 𝜆𝐿) = 𝜆𝐹(𝐾, 𝐿) = 𝜆𝑄 pour
tout λ > 0. Posons 𝜆 = 𝐿−1 = 1⁄𝐿. La fonction de production devient :
𝐹(𝐾𝐿−1 , 1) = 𝐿−1 𝐹(𝐾, 𝐿) = 𝐿−1 𝑄 c'est-à-dire 𝐹(𝐾, 𝐿) = 𝐿𝐹(𝐾𝐿−1 , 1) = 𝐿𝑓(𝐾𝐿−1 ). Si nous
posons : 𝐿−1 𝑄 = 𝑞 𝑒𝑡 𝐾𝐿−1 = 𝑘, nous obtenons une fonction de production simplifiée :
𝑞 = 𝑓(𝑘). Le rapport 𝑄 ⁄𝐿 est généralement interprété comme la production par tête ou
la production horaire d'un ouvrier et le rapport 𝐾 ⁄𝐿 représente le capital par tête.
L'analyse économique recourt à la fonction de production en "termes par tête" et plus
généralement aux fonctions de production linéaires homogènes en raison de leur
simplicité. Toutefois, quelle que soit la forme adoptée, les variables Q, K, L, q et k doivent
prendre des valeurs non négatives et finies pour qu'on puisse les utiliser en analyse
économique.

F.- Caractère classique des fonctions de production.

Une fonction de production est dite classique (𝑤𝑒𝑙𝑙 𝑏𝑒ℎ𝑎𝑣𝑒𝑑) lorsque le produit
marginal du capital décroît de façon continue de +∞ à 0 pour K croissant de 0 à +∞, c'est-
à-dire
𝑠𝑖 𝑙𝑖𝑚 𝐹𝐾 = +∞, 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑙𝑖𝑚 𝐹𝐾𝐾 = −∞ ; et
𝐾=0 𝐾=0
𝑠𝑖 lim 𝐹𝐾 = 0, 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 lim 𝐹𝐾𝐾 = 0.
𝐾=+∞ 𝐾=+∞

La fonction de production classique par excellence est la Cobb-Douglas :


𝑌 = 𝐴𝐾 𝑎 𝐿1−𝑎 où A est le coefficient de dimension qui dépend des unités de mesure
employées et a est une constante comprise entre 0 et 1. C'est une fonction de production
linéaire homogène qui satisfait à l'identité d'Euler ; elle est donc homogène de degré 1. Si
l'on répartit la rémunération de K et L selon leur productivité marginale, le produit total est
27

épuisé et se trouve réparti dans les proportions a et 1-a. Comme a est une constante, cette
répartition est également constante.

𝐹𝐾 𝐹𝐾𝐾

0 K
0 K

Figure 2.b
Figure 2.a

4.- Rappel de la notion d'isoquante.

Quand on considère une fonction de production à deux facteurs, K et L, on peut


trouver un ensemble de combinaisons possibles de deux facteurs qui permettent de produire
la même quantité du bien Q. La fonction de production qui répond à cette hypothèse peut
alors s'écrire : 𝑄0 = 𝐹(𝐾, 𝐿) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑄0 = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒.
En se référant à un système d'axes coordonnés et d'isoquants ou d'iso-produits, c'est-à-dire
un ensemble de courbes qui sont le lieu de toutes les combinaisons de K et L qui aboutissent
à un niveau donné de production, on a :

K
Isoquants

Figure 3

𝑄2
𝑄1
𝑄0
0 L

Etant donné que l'augmentation des quantités de K et L permet d'obtenir une


production plus importante, plus une isoquante est éloignée de l'origine, plus elle représente
un niveau élevé de production, c'est-à-dire 𝑄2 > 𝑄1 > 𝑄0 .
28

La pente de la tangente en un point quelconque de l'isoquant est donnée par le


rapport 𝑑𝐾 ⁄𝑑𝐿 qui mesure le taux auquel L doit être substitué à K ou K à L pour maintenir
un même niveau de production.
Par définition, le rapport − 𝑑𝐾 ⁄𝑑𝐿 est le taux de substitution technique entre les
facteurs de production K et L. Ce taux, mesuré en un point quelconque de l'isoquant, est
égal au rapport des productivités marginales des facteurs en ce même point.
Pour le démontrer, il suffit de former la différentielle totale de la fonction de
𝜕𝑄 𝜕𝑄
production 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿), soit : 𝑑𝑄 = 𝜕𝐿 𝑑𝐿 + 𝜕𝐾 𝑑𝐾, 𝜕𝑄⁄𝜕𝐿 𝑒𝑡 𝜕𝑄⁄𝜕𝐾 étant les
productivités marginales de L et de K. Le long de l'isoquant, la différentielle totale de la
fonction de production est nulle parce que la quantité produite Q est constante.
𝜕𝑄 𝜕𝑄 𝜕𝑄⁄𝜕𝐿
Donc, 𝑑𝐿 + 𝑑𝐾 = 0, d'où : = −𝑑𝐾 ⁄𝑑𝐿.
𝜕𝐿 𝜕𝐾 𝜕𝑄⁄𝜕𝐾

Section 2 : ETUDE SYSTEMATIQUE DES FONCTIONS DE


PRODUCTION.
1.- Fonction de production dans l'hypothèse des coefficients fixes de
production.
A.- Notion.
Une combinaison productive fixe veut dire que la substitution entre facteurs est
impossible. Même si les entrepreneurs peuvent décider du volume de la production, c'est
la technique qui impose la combinaison des facteurs. On est donc en présence d'une
fonction de production à facteurs complémentaires. La production est donc liée à chaque
facteur par une relation distincte et ces relations impliquent une fixité de la proportion entre
facteurs (constance). La variation de l'output exige une variation proportionnelle des
quantités des inputs. Ce qui signifie que les rendements sont constants en fonction de
l'échelle de production.

B.- Expression de la fonction de production à coefficients fixes.


Admettons que la production d'un bien nécessite l'utilisation d'un montant déterminé
de capital (K) et d'heures de travail (L). On peut alors écrire :
1
(I) 𝐾 = 𝛼𝑄 𝑜𝑢 𝑄 = 𝛼 𝐾 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛼 = 𝑐𝑜𝑒𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑐𝑎𝑝𝑖𝑡𝑎𝑙,
1
(II) 𝐿 = 𝛽𝑄 𝑜𝑢 𝑄 = 𝛽 𝐿 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛽 = 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é 𝑑𝑢 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙, ou encore
𝐾 𝐿
(III) 𝑄 = 𝛼 = 𝛽 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛼 𝑒𝑡 𝛽 = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒𝑠 𝑝𝑜𝑠𝑖𝑡𝑖𝑣𝑒𝑠.
Les expressions (I) et (II) ne sont compatibles que si:
𝐾 𝛼
(IV) 𝐿 = 𝛽 = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒.

C.- Représentation graphique.


1°.- Cas d'une seule technique de production.
Traçons une carte d'isoquantes. L'unique technique de production y sera représentée
par le segment OR issu de l'origine et dont le coefficient angulaire serait 𝛼⁄𝛽 c'est-à-dire
le rapport constant qui doit exister entre K et L. Les isoquants seront des segments en
pointillés se coupant orthogonalement aux points A, B, C, … qui correspondent aux
différentes valeurs de Q, parce que la quantité d'un des facteurs restant constante,
l'accroissement de l'autre facteur n'entraîne aucune production supplémentaire (c'est-à-dire
29

que le produit marginal de ce facteur est nul). En définitive, les isoquantes seront réduites
aux points A, B, C, … Elles sont punctiformes.

K R

A
𝛼ൗ
𝛽
O L
Figure 4

2°.- Cas de plusieurs techniques possibles de production.


Il peut exister différentes techniques de production possibles qui se caractérisent
chacune par un rapport constant K/L. On peut alors choisir les techniques qui permettent
d'atteindre un même niveau de production.
Sur la carte des isoquantes, on aura les segments 𝑂𝑅1 , 𝑂𝑅2 , 𝑂𝑅3 , ⋯ , 𝑂𝑅𝑛 issus de
l'origine et représentant chacun une technique de production, c'est-à-dire des combinaisons
fixes de K et L. Les points A, B, C, … représentent, chacun, une combinaison de K et L
permettant de produire une même quantité de biens et services.
La ligne brisée qui joint tous ces points n'est pas une isoquante ordinaire car aucune
combinaison correspondant à un point entre A et B, B et C, … n'est possible. Mais la
multiplication des techniques de production aura pour effet de rapprocher la ligne brisée de
l'isoquante normale.
K 𝑅1 𝑅2 𝑅3

A 𝑅𝑛−1

B
C 𝑅𝑛
D
E
O L
Figure 5

3°.- Remarque.
Le rapport 𝛼⁄𝛽 est une constante qui indique la proportion selon laquelle K et L
doivent être combinés dans la production. Ce rapport étant fixe, toute quantité excédentaire
de K ou de L reste inutilisée. Cela étant, on peut représenter la fonction de production
𝐾 𝐿
sous la forme 𝑄 = min(𝛼 , 𝛽) pour dire que la production s'établira à un niveau défini par
30

la quantité disponible du facteur relativement rare. Si K est le facteur relativement rare et


si K/α est le minimum du capital disponible, la production sera donnée par l'expression 𝑄 =
𝐾/𝛼, tout excédent de travail restant impayé. Techniquement parlant, il ne peut y avoir
excès simultané de K et de L. Mais l'excès d'un seul de ces facteurs est concevable.

2.- Fonction de production dans l'hypothèse des coefficients


variables de Production.
A.- Coefficients variables en courte période.
1°.- Forme de la fonction de production.
L'analyse repose sur une convention : "en courte période, le capital K est un facteur
fixe et le travail L est le facteur variable". La forme de la fonction de production est donc
la suivante : 𝑄 = (𝐾0 , 𝐿) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝐾0 = 𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑐𝑎𝑝𝑖𝑡𝑎𝑙. Le travail est le seul facteur
modifiable (embauche de nouveaux travailleurs, augmentation des heures de travail,
licenciements, réduction de la durée de travail, etc.).
Dès lors, en courte période, les variations de la production dépendent uniquement
des variations de la quantité de travail utilisée. Et la production maximum est atteinte
lorsque le plein-emploi du travail L est atteint. Puisque L est le seul facteur déterminant
du niveau de la production globale, la fonction de production peut s'écrire : 𝑄 = 𝜑(𝐿) avec
𝜑(𝐿) = 𝐹(𝐾0 , 𝐿). Remarquons que dans notre hypothèse, le capital K est traité comme un
stock de biens d'équipements et le travail L comme un simple flux de services utilisés par
les entreprises.

2°.- Représentation graphique de la relation entre Q et L.

Traçons un système d'axes coordonnés avec L en abscisse et Q en ordonnée.


Traçons-y ensuite les courbes de produit total Q, de la productivité moyenne du travail Q/L
et de la productivité marginale du travail 𝐹𝐿 , en supposant que la fonction soit continue et
dérivable (figure 6)20.
Q M

𝑃1
Q

𝑃0
N Figure 6

𝑄ൗ
𝐿
𝑃2 𝑃3
O 𝐹𝐿 L

De par la loi de la productivité marginale décroissante, les trois courbes vont d'abord
s'élever, passer par un maximum, puis décroître à mesure de l'augmentation du facteur
variable L dans la production.
Les trois courbes ont des caractéristiques particulières :

20
Voir LUKAU, N., Cours de Microéconomie, L1/STAT, ISS-KIN, chapitre 1, figure 1.3.
31

a.- La courbe de productivité marginale du travail 𝐹𝐿 passe par un maximum au point 𝑃0


correspondant au point d'inflexion où la tangente à Q est la plus forte. En effet, il existe
un point d'inflexion lorsque la dérivée seconde de la fonction s'annule (𝐹𝐿𝐿 ) = 0. Le
maximum 𝑃0 de la productivité marginale 𝐹𝐿 , dérivée première du produit total,
correspond donc à un point d'inflexion puisqu'en un maximum la dérivée première est
égale à zéro.
b.- La courbe de productivité marginale passe par la valeur zéro au point 𝑃3 qui correspond
au point M, maximum de la courbe du produit total Q, c'est-à-dire là où la pente de la
tangente à Q est nulle. Or, la dérivée de Q s'annule quand cette courbe passe par un
maximum ; et la productivité marginale se définit précisément par cette dérivée
𝐹𝐿 (= 𝑄𝐿 ). Elle est donc égale à zéro.
c.- La courbe de productivité marginale 𝐹𝐿 coupe le courbe du produit moyen Q/L au point
N qui correspond au maximum de Q/L. En effet, la courbe Q/L passe par un maximum
𝑢 ′ 𝑢′ 𝑣−𝑢𝑣 ′ 𝑄 ′ 𝑄𝐿 ∙𝐿−𝑄
lorsque sa dérivée s'annule, soit (dérivée d'un quotient : (𝑣 ) = ) : (𝐿 ) = =
𝑣2 𝐿2
𝑄𝐿 𝐿 𝑄 𝑄
0 ; 𝑑′𝑜ù ∶ = 𝐿2 𝑒𝑡 𝑄𝐿 = 𝐿 . Comme 𝑄𝐿 représente la productivité marginale et Q/L
𝐿2
la productivité moyenne, ces deux valeurs sont égales lorsque Q/L est maximum. A
bien observer le graphique, on se rend compte que :
i) la partie située à gauche de 𝑃1 𝑃2 se caractérise par un produit moyen du travail
croissant. Cette croissance de Q/L signifie que le facteur fixe K est surabondant par
rapport à L, ce qui correspond à un gaspillage et donc à un produit marginal positif.
ii) la partie située à droite de 𝑀𝑃3 se caractérise par une production décroissante et un
produit marginal négatif. L'utilisation d'unités de travail supplémentaires entraîne
une baisse de la production.
iii) la partie comprise entre 𝑃1 𝑃2 𝑒𝑡 𝑀𝑃3 correspond seule à une activité économique
rationnelle. Nous pouvons donc légitimement ramener l'activité macroéconomique
de la fonction de production à l'intérieur de cette zone où le produit marginal est
positif mais décroissant lorsque L augmente.

3°.- Barrière du plein emploi.


Pour réduire le champ de l'analyse, il nous suffit de déplacer les axes vers la droite
de n'y retenir que la portion de la courbe du produit total comprise entre 𝑃1 𝑃2 𝑒𝑡 𝑀𝑃3 .
Comme le capital K est un facteur fixe, la production maximum réalisable ne dépend
que de la quantité du travail L disponible. Mais, en courte période et en économie fermée,
il faut tenir compte de la barrière de plein-emploi.
Q
𝑄1
Limite de l'emploi maximum

𝑄2
Barrière de plein-emploi

𝑄3
Zone de suremploi
sous-emploi
Zone de

O 𝐿3 𝐿2 𝐿1 L

Figure 7
32

Il y a trois limites à l'accroissement de la quantité de L employée en courte période


dans une économie fermée.

a) La limite de l'emploi maximum qui est d'ordre physico-technique.


On ne l'atteint qu'exceptionnellement (période de guerre). C'est le nombre d'heures
de travail qui correspond à l'effort maximum de la population nationale. Cette limite est
atteinte lorsque tous les citoyens, sans distinction d'âge, de sexe ou de condition sociale,
travaillent pendant tout le temps qu'on ne consacre pas au sommeil et à l'alimentation. On
aura un emploi maximum égal à 𝑂𝐿1 correspondant à la production la plus élevée compte
tenu de la technique 𝑂𝑄1 .
b) La barrière de plein-emploi qui est une limite d'ordre psycho-sociologique.
C'est le nombre d'heures de travail que la population accepte de fournir compte tenu
des loisirs, des congés payés, de l'éducation des enfants, de la retraite des personnes âgées
et du salaire réel en vigueur. Le plein-emploi est dès lors représenté par 𝑂𝐿2 et la production
correspondante par 𝑂𝑄2 .
c) Le chômage frictionnel.
Le chômage frictionnel réduit légèrement la quantité de travail disponible,
théoriquement déterminée par la barrière du plein-emploi. La limite de plein-emploi est
difficile à déterminer avec précision car il existe toujours un chômage involontaire et même
structurel qui réduit la quantité de travail à 𝑂𝐿3 et la production correspondante à 𝑂𝑄3 .
En définitive, si la quantité de travail utilisée est inférieure à 0𝐿3 , on est en situation
de sous-emploi et si elle est supérieure à 𝑂𝐿3 , on est en situation de suremploi.

B.- Coefficients variables en longue période.


Nous savons qu'il n'y a pas de facteur fixe en longue période. Si nous gardons
l'hypothèse selon laquelle le travail (L) et la capital (K) sont combinés selon des proportions
variables, nous pouvons obtenir un même volume de production à l'aide de différentes
combinaisons des deux facteurs. Cela signifie qu'un intrant peut être substitué à l'autre de
manière à obtenir un volume constant de production. Dès lors, le problème à résoudre est
celui de la substitution entre facteurs.
De plus, si on fait varier simultanément les deux intrants dans la même proportion,
la combinaison des facteurs restera constante, mais le volume de la production variera.
Dans ce cas, le problème à résoudre est celui des rendements en fonction de l'échelle de
production.

1°.- Substitution entre facteurs


La variabilité de la combinaison des facteurs signifie qu'un même volume de
production peut être obtenu à l'aide de plusieurs combinaisons de L et K ; ce qui suppose
qu'un facteur est substituable à l'autre dans le processus technique pour aboutir à un niveau
constant de production.
Les problèmes qui intéressent le plus l'analyse économique sont ceux de la
détermination de l'élasticité de substitution, c'est-à-dire de la variation relative de la
combinaison des facteurs due à une variation relative donnée du taux marginal de
substitution.
33

a) Taux marginal de substitution technique (TMST).


i) Détermination du TMST.
De l'ensemble des combinaisons possibles de K et L, retenons seulement celles qui
conduisent à un même niveau de production. La fonction globale de production s'écrira dès
lors : 𝑄0 = 𝐹(𝐾, 𝐿) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑄0 = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒.
Soit un système d'axes coordonnés où nous portons L en abscisses et K en ordonnées.
En joignant les points qui ont L et K aboutissant à un même volume de production 𝑄0 , nous
obtenons une isoquante ou courbe d'égale quantité qui n'est autre qu'une courbe qui
représente le lieu de toutes les combinaisons de K et L entraînant un même niveau de
production 𝑄0 . Lors que nous posons l'hypothèse de la continuité de la fonction de
production, nous arrivons à une infinité de combinaisons.
K
𝐾1 𝑇1

Figure 8
𝑇2
𝐾2 𝑄0

O 𝐿1 « 𝐿2 L

Le volume de production 𝑄0 peut être atteint à l'aide d'une faible quantité de travail
𝑂𝐿1 et d'une forte quantité de capital 𝑂𝐾1 . On peut aussi l'atteindre à l'aide d'une forte
quantité de travail 𝑂𝐿2 et d'une faible quantité de capital 𝑂𝐾2 .
A l'aide de cette isoquante, on peut déterminer le taux auquel K peut être substitué
à L ou L à K pour maintenir le rapport technique entre facteurs. Ce taux est mesuré par la
valeur absolue de la pente de la tangente en un point quelconque de l'isoquante, soit 𝑑𝐾/𝑑𝐿.
Comme la pente est négative, le TMST est défini par la quantité − 𝑑𝐾 ⁄𝑑𝐿.

ii) Propriétés du TMST.


1°°) Le TMST est égal au rapport des productivités marginales des facteurs, soit :
𝜕𝑄⁄𝜕𝐿 𝜕𝑄 𝜕𝑄
𝑇𝑀𝑆𝑇𝐿𝐾 = 𝜕𝑄⁄𝜕𝐾 𝑜ù 𝜕𝐿 𝑒𝑡 𝜕𝐾 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡𝑠 𝑚𝑎𝑟𝑔𝑖𝑛𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝐿 𝑒𝑡 𝐾.
2°°) Le TMST diminue à mesure de la substitution d'un facteur à l'autre . En substituant
progressivement L à K, on augmente l'emploi du facteur travail en même temps qu'on
diminue l'emploi du facteur capital. Or, l'association d'une quantité croissante de travail
s'accompagne d'une baisse progressive du produit marginal du travail quand on se trouve
dans une zone excluant tout gaspillage. Ceci reste vrai quand une quantité croissante de L
est associée à une quantité décroissante de K. Et pour des raisons analogues, le produit
𝜕𝑄⁄𝜕𝐿
marginal de K augmente. Dès lors, 𝑇𝑀𝑆𝑇𝐿𝐾 = 𝜕𝑄⁄𝜕𝐾 diminue parce que le numérateur
baisse alors que le dénominateur augmente. Quand on se réfère au graphique, on constate
que plus L utilisé est faible, plus est forte la pente de la tangente en un point quelconque
de l'isoquant. C'est pour cette raison que les isoquantes accusent une convexité vers
l'origine du système d'axes.
34

iii) Signification économique de la forme des isoquantes.


En faisant en sorte que les extrémités de l'isoquant tendent asymptotiquement ver
les axes coordonnés, on suppose que la substitution entre facteurs est toujours possible,
c'est-à-dire que le TMST n'est jamais nul. Mais, le fait que le TMST diminue à mesure de la
substitution de L à K signifie que la productivité marginale du facteur travail diminue mais
en restant positif.
En d'autres termes, les deux conditions de substituabilité entre facteurs sont les
suivantes :
1°°) L'activité doit se dérouler dans une zone excluant tout gaspillage par surabondance
d'un facteur.
2°°) Le produit marginal de chaque facteur est positif mais décroissant lorsque la quantité
employée de l'intrant augmente. La décroissance des produits marginaux des deux
facteurs est illustrée par le fait que les dérivées secondes sont négatives. Cette
𝜕𝑄 𝜕𝑄 𝜕2 𝑄 𝜕2 𝑄
condition de traduit par les relations suivantes : > 0; > 0 𝑒𝑡 <0; < 0.
𝜕𝐿 𝜕𝐾 𝜕𝐿2 𝜕𝐾2

b) Elasticité de substitution.
Elle est définie par la variation relative du rapport K/L à la variation du TMST, c'est-
à-dire la variation en pourcentage du rapport K/L provoquée par une variation en
pourcentage donnée du TMSTLK.
L'élasticité de substitution permet de dire dans quelle mesure une modification du
rapport des productivités marginales des facteurs entraîne une modification de la
combinaison de ces mêmes facteurs.
Pour un produit donné, Q = Q0, on a : 𝑑𝑄 = 𝑑𝐹 = 𝐹𝐾 𝑑𝐾 + 𝐹𝐿 𝑑𝐿 = 0 ; d'où :
𝐹𝐿 𝑑𝐾
= − 𝑑𝐿 = 𝑅 = 𝑇𝑀𝑆𝑇𝐿𝐾 . Par définition, l'élasticité de substitution ε est donnée par :
𝐹𝐾
𝑑𝐾𝐿−1
𝐾𝐿−1 𝑑𝑙𝑜𝑔𝐾𝐿−1 𝑑𝑙𝑜𝑔𝐾𝐿−1
𝜀= 𝑑𝑅 = = 𝑑𝑙𝑜𝑔𝐹 . Ce qui peut également s'écrire, en posant 𝐾𝐿−1 = 𝑘 ∶
𝑑𝑙𝑜𝑔𝑅 𝐿 ⁄𝐹𝐾
𝑅
𝑑𝑘⁄𝑘 𝑑𝑘 𝑅
𝜀 = 𝑑𝑅⁄𝑅 = 𝑑𝑅 × 𝑘 . Remarquons que :
i) 𝜀 > 0 parce que le TMSTLK et le rapport K/L varient dans le même sens.
ii) 𝜀 > 1 𝑠𝑖 𝑑𝑅 ⁄𝑅 < 𝑑𝑘⁄𝑘 , 𝜀 = 1 𝑠𝑖 𝑑𝑅 ⁄𝑅 = 𝑑𝑘⁄𝑘 , 𝑒𝑡 𝜀 < 1 𝑠𝑖 𝑑𝑅 ⁄𝑅 > 𝑑𝑘⁄𝑘 .

2°.- Rendements à l'échelle de production.


a) Généralités.
Partons de la fonction de production 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿). Faisons varier K et L dans les
mêmes proportions mais en gardant le rapport K/L constant. Il est clair que la production
totale Q variera c'est-à-dire qu'à une utilisation plus importante de K et L correspondra une
plus grande production et inversement.

Traçons un système d'axes coordonnés en portant L en abscisse et K en ordonnée.


Portons y une série d'isoquantes 𝑄1 , 𝑄2 , 𝑄3 , ⋯ , 𝑄𝑛 ∙ Etant donné qu'un accroissement de K
et L entraîne un accroissement de Q, plus une isoquante est éloignée de l'origine, plus elle
représentera un niveau élevé de production, c'est-à-dire 𝑄𝑛 > 𝑄3 > 𝑄2 > 𝑄1 . Sur cette
même série d'isoquantes, traçons deux segments issus de l'origine 𝑂𝑅1 𝑒𝑡 𝑂𝑅2 pour définir
deux rapports K/L constants ou deux techniques de production.
35

N.B.- Le long du vecteur 𝑂𝑅1 , le rapport (𝐾 ⁄𝐿)1 = 𝑡𝑔𝛼1 = 𝑐𝑡𝑒.


- Le long du vecteur 𝑂𝑅2 , le rapport (𝐾 ⁄𝐿)2 = 𝑡𝑔𝛼2 = 𝑐𝑡𝑒. 21

Sur les points A, B, C, …, N, des productions 𝑄1 , 𝑄2 , 𝑄3 , … , 𝑄𝑛 sont réalisées à partir


𝑂𝐾 𝑂𝐾 𝑂𝐾
des combinaisons 𝑂𝐾1⁄𝑂𝐿1 , 𝑂𝐾2 ⁄𝑂𝐿2 , ⋯ , 𝑂𝐾𝑛 ⁄𝑂𝐿𝑛 𝑡𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑂𝐿 1 = 𝑂𝐿 2 = ⋯ = 𝑂𝐿 𝑛 ∙
1 2 𝑛

K 𝑅1
Figure 9
𝐾4 N

𝐾3 C 𝑅2
𝐾2 B 𝑁′
𝐾1 A 𝐶′ 𝑄𝑛

𝐵 𝑄3
𝛼1 𝐴′
𝛼2 𝑄2
𝑄1

O 𝐿1 𝐿2 𝐿3 𝐿4 𝐿

Figure 9
Le déplacement le long d'un isoquant correspond à une production constante et à
une combinaison variable de facteurs, parce que l'isoquante est le lieu des différentes
combinaisons des facteurs K et L ou des différents rapports K/L qui permettent d'aboutir à
un même niveau de production. Au revers, un segment issu de l'origine définit une
combinaison constante des facteurs. Dès lors, le déplacement le long d'un tel segment
(𝑂𝑅1 𝑒𝑡 𝑂𝑅2 ) correspond à un rapport K/L constant et une production variable.

A ce niveau, le problème posé est celui de savoir comment réagit la production Q


lorsque K et L sont multipliés par un même coefficient. En d'autres termes, comment varie
Q lorsqu'on s'éloigne de l'origine le long d'un vecteur issu de O c'est-à-dire le long de
𝑂𝑅1 𝑜𝑢 𝑂𝑅2 ? Nous tombons ici dans le problème des rendements à l'échelle dans leurs
relations avec l'élasticité de substitution. Trois solutions sont concevables :
i) ∆𝑄 > ∆𝐾 = ∆𝐿 → 𝑟𝑒𝑛𝑑𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑡𝑠,
ii) ∆𝑄 = ∆𝐾 = ∆𝐿 → 𝑟𝑒𝑛𝑑𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑠, 𝑒𝑡
iii) ∆𝑄 < ∆𝐾 = ∆𝐿 → 𝑟𝑒𝑛𝑑𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑑é𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑡𝑠.
b) Expression des rendements à l'échelle.
Partons de la fonction 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿). Cette fonction est homogène de degré r si, pur
tout nombre réel positif λ, on vérifie la relation 𝐹(𝜆𝐾, 𝜆𝐿) = 𝜆𝑟 𝐹(𝐾, 𝐿) = 𝜆𝑟 𝑄. De même,
la fonction de production est homogène de degré r si la production est multipliée par 𝜆𝑟
lorsque la quantité de chacun des inputs est multipliée par la constante positive λ.

21
Cte = constante.
36

Nous savons que les fonctions homogènes vérifient l'identité d'Euler selon laquelle la
somme des produits de chaque dérivée partielle par la variable correspondante est un
multiple de la fonction de production, soit 𝐾𝐹𝐾 + 𝐿𝐹𝐿 = 𝜆𝐹(𝐾, 𝐿) quels que soient K et L.
Lorsque 𝜆 = 1, l'identité d'Euler s'écrit 𝐾𝐹𝐾 + 𝐿𝐹𝐿 = 𝐹(𝐾, 𝐿) = 𝑄. De même, en élevant λ à
une certaine puissance r, on arrive à : 𝐾𝐹𝐾 + 𝐿𝐹𝐿 = 𝜆𝑟 𝐹(𝐾, 𝐿) = 𝜆𝑟 𝑄.
De cela, on tire que les rendements à l'échelle sont : i) croissants pour r>1, ii)
décroissants pour r<1, constants pour r=1 et dans ce cas, on a :
𝐹(𝜆𝐾, 𝜆𝐿) = 𝜆1 𝐹(𝐾, 𝐿) = 𝜆𝐹(𝐾, 𝐿). On qualifie alors la fonction de production de linéaire
homogène, c'est-à-dire que la production s'accroît dans la même proportion que les
quantités d'inputs utilisés.
Comme signalé dans les hypothèses de départ, l'analyse économique retient surtout
le cas des fonctions linéaires homogènes à cause de leur simplicité. Retenons en première
analyse l'hypothèse des rendements constants à l'échelle. Sur le graphique (figure 8), des
intervalles égaux pris sur le segment 𝑂𝑅1 issu de l'origine (AB = BC = CN ou A'B' = B'C' =
C'N') représentent des accroissements égaux de la production.

3°.- Rendements constants à l'échelle et élasticité de substitution.


Partons de la fonction de production linéaire homogène 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿). La fonction de
production linéaire et homogène est équivalente à une fonction à une variable en termes
"par tête". Nous pouvons donc ramener la fonction 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿) sous la forme :
𝐾 𝐿 𝐾 𝐾 𝐾 𝐾
𝑄 = 𝐿𝐹 ( 𝐿 , 𝐿) = 𝐿𝐹 ( 𝐿 , 1) 𝑜𝑢 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑄 = 𝐿𝑓 ( 𝐿 ) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑓 ( 𝐿 ) = 𝐹 ( 𝐿 , 1) ; ce qui conduit à :
𝑄 𝐾
= 𝑓 ( 𝐿 ).
𝐿
𝑄
Ainsi formulé, le rapport (= 𝑞)apparaît comme une fonction d'une seule variable
𝐿
𝐾 𝑄
(= 𝑘). En fait, le rapport représente la production par tête ou la production horaire d'un
𝐿 𝐿
𝐾 𝑄 𝐾
ouvrier et le rapport représente le capital par tête. En posant = 𝑞 𝑒𝑡 = 𝑘, nous
𝐿 𝐿 𝐿
obtenons une forme simplifiée de la fonction de production, soit 𝑞 = 𝑓(𝑘). Cherchons à
présent à savoir ce que deviennent les productivités marginales et le TMSTLK.
a) Productivité marginale de K : Elle est définie par la dérivée partielle 𝑑𝑄/𝑑𝐾. Dans la
𝑑𝑞
formule simplifiée, elle devient : 𝑞𝑘 = 𝑓 ′ .
b) Productivité marginale de L : Elle est obtenue par la différence entre la production
par tête et la contribution du capital à la production. Or, la production par tête vaut : 𝑞 =
𝑓(𝑘) et la contribution de K à la production est égale au capital par tête (k) pondéré par son
produit marginal 𝑓 ′ (𝑘). Donc : 𝑃𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é 𝑚𝑎𝑟𝑔𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒 𝑑𝑒 𝐿 = 𝑓 − 𝑘𝑓 ′ .
c) Taux marginal de substitution technique (TMSTLK) : Il est défini par le rapport des
𝑓−𝑘𝑓 ′
produits marginaux de L et de K, soit, en posant 𝑇𝑀𝑆𝑇𝐿𝐾 = 𝑅, on a : 𝑇𝑀𝑆𝑇𝐿𝐾 = 𝑅 = ∙
𝑓′
𝑑𝑘 𝑅
d) Elasticité de substitution (ε) : Elle est définie par la formule : 𝜀𝑘ൗ = 𝑑𝑅 × 𝑘 ∙
𝑅
N.B.- ε est positive parce que les productivités marginales des deux facteurs sont positives,
c'est-à-dire 𝑓 ′ et (𝑓 − 𝑘𝑓 ′ ), alors que la dérivée seconde 𝑓 ′′ est négative étant donné
que le produit marginal est décroissant.

En effet, il a été dit plus haut que l'une des conditions de substituabilité entre facteurs
est que le produit marginal soit positif mais décroissant lorsque la quantité employée de
l'input augmente et que la décroissance était illustrée par le fait que les deux dérivées
secondes sont négatives, c'est-à-dire 𝜕𝑄⁄𝜕𝐿 > 0 𝑒𝑡 𝜕 2 𝑄⁄𝜕𝐿2 < 0 ; 𝜕𝑄⁄𝜕𝐾 >
2 ⁄ 2
0 𝑒𝑡 𝜕 𝑄 𝜕𝐾 < 0.
37

On a donc une fraction ayant un numérateur positif et un dénominateur négatif.


Compte tenu du signe −, on conclut que l'élasticité de substitution est positive c'est-à-dire
𝜀 > 0.

3.- Fonction de production de Cobb-Douglas.

C’est l’une des fonctions de production les plus utilisées en analyse économique. Elle
a été proposée par Charles W. Cobb, mathématicien-économiste, et le sénateur Paul H.
Douglas, statisticien-économiste, en 1928 sous sa forme à rendements constants (22), pour
exprimer le comportement de la production manufacturière américaine entre 1899 et 1922.
La forme à rendements quelconques a été publiée par Douglas (23) en 1948.
Cette fonction a pour expression générale : 𝑄 = 𝐴𝐾 𝛼 𝐿𝛽 où A = coefficient de
dimension constant dépendant des unités de mesure employées ;  et  = paramètres
positifs qui représentent les élasticités de la production Q par rapport à K et L. Ils
indiquent dans quelle mesure Q réagit aux variations de K et de L.
En incorporant la constante A dans les unités de mesure choisies, on simplifie la
formule qui devient alors : Q = F (K, L) = K L . Cette expression est telle que
F (K, L) =  + F (K, L). Cela signifie qu’on est en présence d’une fonction homogène
de degré (+). Les rendements à l’échelle sont donc : - croissants si +  1 ; -
décroissants si + < 1, et - constants si + = 1.
L’hypothèse la plus généralement adoptée est celle des rendements constants à
l’échelle, c’est-à-dire le cas de (+ =1) qui donne  =1 - . Cette hypothèse est très
commode parce qu’on a une fonction qui n’a plus qu’un paramètre () dont la valeur est
comprise entre 0 et 1. C’est pour cette raison que la Cobb-Douglas est généralement écrite
sous la forme : Q = K  L1- avec 0<  < 1.
Pour étudier les caractéristiques de cette fonction, on peut recourir à la forme par
𝑄 𝐾𝛼 𝐿1−𝛼 𝐾 𝛼 𝐿
tête, soit : = = ( 𝐿 ) 𝑐𝑎𝑟 𝐿1−𝛼 = ; d'où 𝑓 = 𝑘𝛼. .
𝐿 𝐿 𝐿𝛼
Si la fonction de production est linéaire homogène, donc lorsque les rendements sont
constants à l'échelle, l'élasticité de substitution est égale à l'unité si cette fonction est de la
forme 𝑄 = 𝐾 𝛼 𝐿1−𝛼 .

D.- Remarque.
La Cobb-Douglas est généralement exprimée sous une forme logarithmique. On part
de sa forme générale 𝑄 = 𝐾 𝛼 𝐿𝛽 ; puis, on prend les logarithmes des grandeurs et on passe
aux différentielles. On écrit alors, en prenant (𝛼 + 𝛽) = 1 :
𝐿𝑜𝑔𝑄 = 𝛼𝐿𝑜𝑔𝐾 + (1 – 𝛼)𝐿𝑜𝑔𝐿. En passant aux différentielles, on arrive à :
𝜕𝐿𝑜𝑔𝑄 𝜕𝐿𝑜𝑔𝑄 𝜕𝐿𝑜𝑔𝑄 𝜕𝐿𝑜𝑔𝑄
𝑑𝐿𝑜𝑔𝑄 = 𝛼 𝜕𝐿𝑜𝑔𝐾 𝑑𝐿𝑜𝑔𝐾 + (1 − 𝛼) 𝜕𝐿𝑜𝑔𝐿 𝑑𝐿𝑜𝑔𝐿 avec 𝜕𝐿𝑜𝑔𝐾 𝑒𝑡 𝜕𝐿𝑜𝑔𝐿 = élasticités partielles
de Q par rapport à K et L.
On utilise aussi la formule (ℎ𝑦𝑝𝑜𝑡ℎè𝑠𝑒 : 𝜀𝑄ൗ = 𝜀𝑄ൗ = 1) :
𝐾 𝐿
𝑑𝐿𝑜𝑔𝑄 = 𝛼𝑑𝐿𝑜𝑔𝐾 + (1 − 𝛼)𝑑𝐿𝑜𝑔𝐿 avec 𝑑𝐿𝑜𝑔𝑄 = 𝑄 −1 𝑑𝑄 ; 𝑑𝐿𝑜𝑔𝐾 = 𝐾 −1 𝑑𝐾 𝑒𝑡
𝑑𝑄 𝑑𝐾 𝑑𝐿
𝑑𝐿𝑜𝑔𝐿 = 𝐿−1 𝑑𝐿. On peut donc écrire : 𝑄 = 𝛼 𝐾 + 𝛽 𝐿 . En remplaçant "d" par "∆" c'est-
∆𝑄 ∆𝐾 ∆𝐿
à-dire les différentielles par des différences, on a : =𝛼 +𝛽 où
𝑄 𝐾 𝐿

22
Cobb, C.W. and Douglas, P.C., “A theory of production”, American Economic Review, Suppl. Vol. XVIII,
March 1928, pp. 139 - 168.
23
DOUGLAS, P.C., ‘’Are the Laws of production ?’’, American Economic Review, vol. XXXVIII,
March 1948.
38

∆𝑄 ∆𝐾
= 𝑡𝑎𝑢𝑥 𝑑 ′ 𝑎𝑐𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑄, = 𝑡𝑎𝑢𝑥 𝑑 ′ 𝑎𝑐𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑢 𝑐𝑎𝑝𝑖𝑡𝑎𝑙 𝑢𝑡𝑖𝑙𝑖𝑠é et
𝑄 𝐾
∆𝐿
= 𝑡𝑎𝑢𝑥 𝑑′ 𝑎𝑐𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛 𝑑𝑒 𝑙 ′ 𝑒𝑓𝑓𝑒𝑐𝑡𝑖𝑓𝑑𝑒𝑠 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑜𝑢 𝑑𝑒𝑠 ℎ𝑒𝑢𝑟𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑒𝑠𝑡é𝑒𝑠.
𝐿

N.B.- La Cobb-Douglas est la seule fonction homogène à admettre une élasticité de


substitution unitaire.

E.- Estimation.
Cobb et Douglas ont établi des séries chronologiques de Q, K et L dans l’industrie
manufacturière américaine pour la période de 1899 à 1922. Ensuite, ils ont calculé les
logarithmes de ces variables et la relation qui les liait, soit :
𝑙𝑜𝑔 𝑄 = 𝑙𝑜𝑔 𝐴 +  𝑙𝑜𝑔 𝐾 + (1 − ) 𝑙𝑜𝑔 𝐿. Ceci est l’équation d’un plan. Cobb et
Douglas ont effectué l’ajustement statistique par la méthode des moindres carrés et ont
trouvé  = 0,25. Ils ont ensuite testé la validité de ce résultat par le calcul d’intervalle de
confiance. Ce résultat permet d’attribuer 25% du produit au capital et 75% au travail.

F.- Lacunes de la Cobb-Douglas :


1°.- Cobb et Douglas ont élaboré leur fonction sur base des statistiques des années de plein-
emploi. La formule n’est donc valable que dans cette optique.
2°.- Cette fonction ne fait aucune place au progrès technique ; ce qui oblige de l’incorporer
soit dans K, soit dans L.
3°.- La formule de 1928 : 𝑄 = 𝐾 𝛼 𝐿1−𝛼 suppose la loi des rendements constants ; ce qui est
faux. Il existe de grands marchés et on y réalise des économies. Donc, il existe une loi des
rendements croissants. C’est d’ailleurs en partie pour cela qu’on a créé le Marché Commun.
4°.- La formule de 1948 : Q = AK L à rendements variables fait disparaître la lacune de
rendements constants. Mais, estimés par moindres carrés, ses résultats sont moins précis ;
l’intervalle de confiance est plus vaste à cause de la colinéarité de K et L.

4.- Fonction de production ACMS ou CES.


La fonction ACMS ou CES est la famille des fonctions homogènes de degré r, qui
admettent une élasticité de substitution constante (24). Cette élasticité constante est par
conséquent la propriété exclusive de l’ACMS dans l’ensemble des fonctions homogènes.
Proposée en 1961 par Arrow, Chenery, Minhas et Solow (25) sous la forme d’une
fonction à rendements constants, elle a ultérieurement été généralisée pour un degré
quelconque d’homogénéité (quelconque dans les limites imposées par la non-croissance des
produits marginaux). Ces quatre économistes américains ont élaboré la CES lors des études
sur l’activité non agricole américaine (U.S. non farm output) pour la période de 1929 à 1949.
Cette fonction est aussi couramment utilisée que la Cobb-Douglas. Elle a la particularité de
rendre compte des cas où l’élasticité de substitution est différente de 1.
𝑟

Son expression générale est : 𝑄 = 𝐹 = 𝛾 𝑟 [𝛼𝐾 −𝛽 + (1 − 𝛼)𝐿−𝛽 ] 𝛽 .
1
−𝛽 −𝛽
Sa forme à rendements constants (linéaire) est : 𝜙 = 𝛾[𝛼𝐾 −𝛽
+ (1 − 𝛼)𝐿 ]
1

et sa forme par tête est : 𝑓 = 𝛾[𝛼𝑘 −𝛽 + (1 − 𝛼)] 𝛽

24
CES = Constant Elasticity of Substitution
𝐴𝐶𝑀𝑆 = 𝐴𝑟𝑟𝑜𝑤, 𝐶ℎ𝑒𝑛𝑒𝑟𝑦, 𝑀𝑖𝑛ℎ𝑎𝑠 𝑎𝑛𝑑 𝑆𝑜𝑙𝑜𝑤.
25
ARROW, K.J., CHENERY, H.B., MINHAS, B.S., and SOLOW, R.S., ‘’Capital-labor Substitution and
Economic Efficiency’’, Revlew of Economics and Statistics, XLIII, 3, August 1961, pp. 225-48.
39

Les quatre paramètres de F sont :


1°) le paramètre d’efficience 𝛾 𝑟 qui mesure l’efficience des facteurs pour ,  et r donnés
(26) ;
2°) le paramètre des rendements d’échelle, r ou degré de la fonction ;
3°) le paramètre de substitution  qui n’est qu’une « transformation » de l’élasticité de
1 1
substitution 𝜀 = 1+𝛽 𝑜ù 𝛽 = 𝜀 − 1 ; 𝑒𝑡
4°) le paramètre de distribution , qui répartit le produit entre les facteurs à l’intermédiaire
des rémunérations qui leur sont allouées.
Nous nous limitons à l’étude de la CES originale à rendements constants. En posant
𝛾 = 1, on obtient la fonction linéaire homogène (r = 1) suivante : 𝜙 = [𝛼𝐾 −𝛽 +
1

(1 − 𝛼)𝐿−𝛽 ] 𝛽
Celle-ci n’a que deux paramètres  et  dont les domaines de définition sont :
0    1 et -1    +.
Les caractéristiques de cette fonction sont étudiées en utilisant la forme par tête :
1
−𝛽 −
𝑓 = [𝛼𝑘 + (1 − 𝛼)] 𝛽
.

5.- Relation de la Cobb-Douglas avec l'ACMS.


La Cobb-Douglas est la seule fonction homogène à admettre une élasticité de
substitution unitaire. On peut la retrouver à partir de la double hypothèse 𝜀𝑘⁄𝑅 = 1.
La Cobb-Douglas constitue donc un cas limite de l'ACMS où 𝛽 = 0.
6.- Propriétés de la Cobb-Douglas.
La fonction Cobb-Douglas (𝜀 = 1, 𝛽 = 0) est la seule ACMS27
1°) à admettre des rendements croissants sans restriction de l'intervalle admissible de la
proportion des facteurs ;
2°) dont la forme générale est multiplicative (ou additive en les log) et la forme par tête,
par conséquent, homogène ;
3°) dont, dès lors, le produit marginal de chaque facteur est proportionnel à son produit
moyen : 𝐹𝐾 = 𝑟𝛼𝐾 𝑟𝛼−1 𝐿𝑟(1−𝛼) = 𝑟𝛼𝐹𝐾 −1 ; 𝐹𝐿 = 𝑟(1 − 𝛼)𝐾 𝑟𝛼 𝐿𝑟(1−𝛼)−1 = 𝑟(1 − 𝛼)𝐹𝐿−1 ;
𝜙𝐾 = 𝑓 ′ = 𝛼𝑘 𝛼−1 = 𝛼𝑓𝑘 −1 = 𝛼𝜑𝐾 −1 ;
ϕ𝐿 = (𝑓 − 𝑘𝑓 ′ ) = (1 − 𝛼)𝑘 𝛼 = (1 − 𝛼)𝑓 = (1 − 𝛼)𝜑𝐿−1
(le produit marginal du travail étant égal au produit moyen du travail lorsque le degré
1
d'homogénéité atteint sa limite supérieure 𝑟 = (1−𝛼) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛼 < 0.5).
4°) dont, ce qui revient au même, les élasticités partielles du produit par rapport aux facteurs
(ainsi que l'élasticité du produit par tête par rapport au capital par tête si la fonction est
𝜕𝑙𝑜𝑔𝐹 𝐹
à rendements constants) sont constantes : 𝜀𝐹⁄𝐾 = 𝜕𝑙𝑜𝑔𝐾 = 𝐹𝐾𝐾−1 = 𝑟𝛼 ;
𝜕𝑙𝑜𝑔𝐹 𝐹 𝜕𝑙𝑜𝑔𝑓 𝑓′
𝜀𝐹⁄𝐿 = 𝐿
= 𝐹𝐿−1 = 𝑟(1 − 𝛼) ; 𝜀𝑓⁄𝑘 = 𝜕𝑙𝑜𝑔𝑘 = 𝑓𝑘 −1 = 𝛼 ; et donc si 𝐹 = 𝑒 𝛿𝑡 𝐾 𝑟𝛼 𝐿𝑟(1−𝛼) ,
𝜕𝑙𝑜𝑔𝐿
𝑑𝐹 1 𝑑𝐾 1 𝑑𝐿 1
dont le taux de croissance du produit = 𝛿 + 𝑟𝛼 𝑑𝑡 𝐾 + 𝑟(1 − 𝛼) 𝑑𝑡 𝐿 résulte du taux
𝑑𝑡 𝐹
de croissance du progrès technique et de ceux des facteurs, ces derniers intervenant
avec un poids constant identique à leur exposant.
5°) dont le taux marginal de substitution est proportionnel à la proportion des facteurs (et
alors, l'élasticité de substitution nécessairement unitaire) ;

26
Pour plus de détails, voir DUPREZ, MACRO II, Sec. III, pp. 30-31.
27
DUPREZ, R., MACRO II, section III, pp. 50-51.
40

6°) à être "classique" (ou well behaved) sous sa forme à rendements constants, c'est-à-dire
dont la dérivée de la forme par tête décroît de façon continue de +∞ à 0 (prend toutes
les valeurs de +∞ à 0), lorsque le capital par tête croît de 0 à +∞, soit
lim 𝑓 ′ = +∞, 0 ; lim 𝑓 ′′ = −∞, 0. Ce qu'on vérifie pour 𝑓 ′ = 𝛼𝑘 𝛼−1 ,
𝑘=0,+∞ 𝑘=0,+∞
′′
𝑓 = 𝛼(1 − 𝛼)𝑘 (avec 0 < 𝛼 < 1) et dont le caractère exclusif (propre) à la Cobb-
𝛼−2

Douglas (dans la famille des ACMS car il existe d'autres fonctions classiques), résulte de
l'homogénéité de la fonction par tête ; et aussi
7°) pour laquelle les parts du produit revenant aux facteurs, dans l'hypothèse de
maximisation du profit en concurrence pure et parfaite, sont constantes et identiques
aux exposants des facteurs ; on trouve, selon que les rendements sont décroissants ou
constants,
𝜌𝐾 𝜌 1 𝐹 𝜔𝐿 𝜔 1 𝐹𝐿
= −1
= 𝐾−1 = 𝜀𝐹⁄𝐾 = 𝑟𝛼 𝑜𝑢 𝛼 ; = −1
= −1 = 𝜀𝐹⁄𝐿 = 𝑟(1 − 𝛼) 𝑜𝑢 1 − 𝛼.
𝑝𝑄 𝑝 𝐹𝐾 𝐹𝐾 𝑝𝑄 𝑝 𝐹𝐿 𝐹𝐿
8°) qui, sous sa forme à rendements constants et parce qu'elle est alors classique, conduit
nécessairement à une valeur d'équilibre de la proportion des facteurs, dans l'hypothèse
de maximisation du profit en concurrence parfaite, quel que soit le taux de
rémunération fixé de façon exogène, pour l(un ou l'autre facteur , quel que soit 𝜔 =
𝜔∗ 𝑜𝑢
𝜌 = 𝜌∗ .

7.- Cas limites de la CES28.

La particularité de la CES est, par définition, la constance de son élasticité de


1
substitution déterminée à partir des valeurs du paramètre β par la formule 𝜀 = 𝛽+1.
La CES admet trois cas limites. On les dégage en constatant que la fonction à
rendements constants ϕ est la moyenne d'ordre –β des facteurs K et L.
1
L'expression [𝑎𝑥 𝑏 + (1 − 𝑎)𝑦 𝑏 ]𝑏 𝑎𝑣𝑒𝑐 0 ≤ 𝑎 ≤ 1 est, par définition, la moyenne
d'ordre b de x et de y. Cette moyenne est d'ordre 1 ou arithmétique, d'ordre 0 ou
géométrique, d'ordre −1 ou harmonique, d'ordre −∞, selon que 𝑏 = 1, 0, −1 𝑜𝑢 − ∞.
1
−𝛽 −𝛽
Les cas limites de la CES sont ceux pour lesquels 𝜙 = [𝛼𝐾 + (1 − 𝛼)𝐿 ] est la −𝛽

moyenne arithmétique, géométrique ou d'ordre −∞, soit pour −𝛽 = 1, 0 𝑜𝑢 − ∞ et donc


pour 𝛽 = −1, 0, +∞ ; ils correspondent, par conséquent, aux valeurs extrêmes admises pour
𝛽, −1 𝑒𝑡 + ∞, et au cas où 𝛽 est nul.

A.- Cas de la substituabilité parfaite.


1°.- Définition.
Pour 𝛽 = −1, on a immédiatement que 𝜙 = 𝛼𝐾 + (1 − 𝛼)𝐿 ; d'où :
(1−𝛼) (1−𝛼) 1 1
𝑓 = 𝛼𝑘 + (1 − 𝛼) ; 𝐹 = [𝛼𝐾 + (1 − 𝛼)𝐿]𝑟 ; 𝑅 = 𝛼 𝑘𝛽+1 = 𝛼 𝑒𝑡 𝜀𝑘⁄𝑅 = 𝛽+1 = 0 = +∞.

De même que l'ACMS est la seule fonction à élasticité de substitution constante (CES),
le cas limite pour 𝛽 = −1 est la seule fonction homogène à élasticité de substitution infinie
(les facteurs sont dits infiniment ou parfaitement substituables) ou, ce qui revient au même,
la seule fonction homogène pour laquelle le taux marginal de substitution est constant. Ce
cas est également appelé 𝒇𝒐𝒏𝒄𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒆 𝑩𝒂𝒓𝒏𝒂.
2°.- Propriétés.

28 1
Si 𝜀𝑘⁄𝑅 = est variable, on a des fonctions VES (Variable Elasticity of Substitution) qui ne sont étudiées
𝛽+1
ici.
41

La parfaite substituabilité des facteurs (𝜀 = +∞, 𝛽 = −1) fait de la fonction de Barna,


la seule ACMS : - qui exclut l'éventualité des rendements croissants quelle que soit la
proportion des facteurs ; - dont les produits marginaux sont constants dès que les
rendements sont constants; - dont le taux marginal de substitution est constant (et dès lors,
l'élasticité de substitution nécessairement infinie).

B.- Cas de l'élasticité unitaire.


1°.- Définition : Pour 𝛽 = 0, on retrouve la 𝒇𝒐𝒏𝒄𝒕𝒊𝒐𝒏 𝑪𝒐𝒃𝒃 − 𝑫𝒐𝒖𝒈𝒍𝒂𝒔.
2°.- Limites supérieures du degré d'homogénéité.
1−𝛼 1−𝛼 1
Pour 𝛽 = 0, lim 𝑟𝐾 = 1 + 𝛼 (𝛽 + 1)𝑘𝛽 = 1 + 𝛼 = 𝛼 ;
𝛽=0
𝛼 𝛼 1
lim 𝑟𝐿 = 1 + 1−𝛼 (𝛽 + 1)𝑘 −𝛽 = 1 + 1−𝛼 = 1−𝛼 ; c'est-à-dire que les
𝛽=0
deux limites supérieures de r sont constantes et indépendantes de k, que celle qu'il y a lieu
1 1
de retenir est 𝑙𝑖𝑚 𝑟𝐾 ou 𝑙𝑖𝑚 𝑟𝐿 selon que 𝛼 ⋛ 1−𝛼 ou que 𝛼 ⋛ 1 − 𝛼 ou encore, selon que
1
𝛼 ⋛ 0.5. Admettant qu'on ait 𝛼 < 0.5, on aura 0 < 𝑟 ≤ 1−𝛼 < 2 et pour 𝛼 = 0.25, on a :
1
0 < 𝑟 ≤ 1−𝛼 < 1.33.
La fonction Cobb-Douglas admet donc des rendements croissants sans aucune
restriction quant à la proportion des facteurs.

3°.- Propriétés : (voir Relation Cobb-Douglas et ACMS).

C.- Cas de la complémentarité des facteurs.

1°.- Définition.
Pour 𝛽 = +∞, on est conduit , comme pour 𝛽 = 0, à une indétermination, cette fois
de la forme 𝜙 = 00 . Cette indétermination est levée en recourant à la forme par tête (𝑓) et
à la forme par unité de capital (𝜙𝐾 −1 ). Les manipulations mathématiques29 conduisent à
trouver : 𝑓 = 𝑚𝑖𝑛(𝑘, 1) ; d'où 𝜙 = 𝑚𝑖𝑛(𝐾, 𝐿) et 𝐹 = 𝑚𝑖𝑛(𝐾 𝑟 , 𝐿𝑟 ).
L'éventualité de 𝑘 ⋚ 1 𝑜𝑢 𝐾 ⋚ 𝐿 ne peut se concevoir qu'au niveau des facteurs
disponibles 𝐾 ∗ 𝑜𝑢 𝐿∗ ; en termes de facteurs utilisés, on a nécessairement que
𝑓 = 𝑘 = 1, 𝜙 = 𝐾 = 𝐿, 𝐹 = 𝐾 𝑟 = 𝐿𝑟 . Les facteurs disponibles ne peuvent qu'être supérieurs
ou égaux aux facteurs utilisés : 𝐾 ∗ ≥ 𝐾, 𝐿∗ ≥ 𝐿 ; dès lors, si 𝐾 ∗ ≶ 𝐿∗ , nécessairement la
capacité de production s'écrit : 𝜙 = 𝐾 ∗ = 𝐾 = 𝐿 < 𝐿∗ ou 𝜙 = 𝐾 ∗ < 𝐿∗ ;
𝜙 = 𝐿∗ = 𝐿 = 𝐾 < 𝐾 ∗ ou 𝜙 = 𝐿∗ < 𝐾 ∗ .
Cette fonction a été utilisée par WALRAS, LEONTIEFF et HARROD-DOMAR30. C'est la
seule fonction ACMS compatible avec l'idée de chômage d'un des facteurs si le rapport de
complémentarité n'est pas satisfait.
2°.- Propriétés.
a.- La complémentarité correspond à une forme dégénérée de l'ACMS et à une valeur limite
de la proportion des facteurs 𝑘 = 1, en-deçà et au-delà de laquelle la fonction n'est plus
dérivable à gauche et à droite, mais se sépare en deux branches : 𝐹 = 𝐾 𝑟 pour 0 ≤ 𝑘 <
1, et 𝐹 = 𝐿𝑟 pour 1 < 𝑘 ≤ +∞. Ces deux branches, chacune pour le domaine de variation
de la proportion des facteurs qui lui est impartie,
 excluent l'éventualité des rendements croissants;

29
Pour les détails, voir DUPREZ, R., MACRO II, section III, pp.40.
30
Tous les cas limites ont été étudiés avant la fonction synthétique qu'est l'ACMS.
42

 admettent, dans leur forme à rendements constants, un produit marginal du seul


facteur en cause, identique au produit moyen du même facteur et égal à l'unité 𝜙𝐾 =
𝜙𝐾 −1 = 1 ; 𝜙𝐿 = 𝜙𝐿−1 = 1 ;
 impliquent une élasticité du produit par rapport au facteur en cause, constante et
𝜕𝑙𝑜𝑔𝐹 𝐹
égale au degré d'homogénéité de la fonction, 𝑟 ≤ 1 : 𝜀𝐹⁄𝐾 = 𝜕𝑙𝑜𝑔𝐾 = 𝐹𝐾𝐾−1 = 𝑟 ; 𝜀𝐹⁄𝐿 =
𝜕𝑙𝑜𝑔𝐹 𝐹 𝐿
= 𝐹𝐿−1 =𝑟;
𝜕𝑙𝑜𝑔𝐿
 excluent toute substituabilité des facteurs dès le moment que le produit est fonction
d'un seul facteur. Le taux marginal de substitution est nul pour la branche 𝐹 = 𝐾 𝑟
avec 0 ≤ 𝑘 < 1 puisque forcément 𝐹𝐿 = 0, alors que 𝐹𝐾 = 𝑟𝐾 𝑟−1 ∶ on ne peut
substituer L à K ; mais le taux marginal de substitution est infini pour la branche 𝐹 =
𝐿𝑟 avec 1 < 𝑘 ≤ +∞, puisque forcément 𝐹𝐾 = 0, alors que 𝐹𝐿 = 𝑟𝐿𝑟−1 ∶ on ne peut
substituer K à L. On a 𝑅 = 0 𝑒𝑡 𝑅 = +∞ ; d'où l'élasticité de substitution est
nécessairement nulle.
b.- Si la proportion des facteurs est strictement égale à l'unité (𝑘 = 1), la fonction s'écrit
indifféremment 𝐹 = 𝐾 𝑟 ou 𝐹 = 𝐿𝑟 puisque 𝐾 = 𝐿 ; elle
 admet l'éventualité de rendements croissants sans limite supérieure du degré
d'homogénéité ;
 implique que les facteurs soient dans un rapport de complémentarité constant et
égal à l'unité.
c.- La forme valable pour 0 ≤ 𝑘 ≤ +∞, 𝐹 = 𝑚𝑖𝑛(𝐾 𝑟 , 𝐿𝑟 ) ; 𝜙 = 𝑚𝑖𝑛(𝐾, 𝐿) ; 𝑓 = 𝑚𝑖𝑛(𝑘, 1) fait
de cette fonction la seule ACMS qui impose de distinguer les facteurs disponibles des
facteurs utilisés ; si les facteurs disponibles ne sont pas dans le rapport prescrit de
complémentarité, 𝑘 = 1,
 la capacité de production dépend du facteur rare K si 𝐾 ∗ < 𝐿∗ ou si 0 ≤ 𝑘 < 1 ; ou du
facteur rare L si 𝐿∗ < 𝐾 ∗ ou 1 < 𝑘 ≤ +∞ ;
 inévitablement, même si la pleine capacité de production est atteinte, l'autre facteur
qui est pléthorique, L ou K, est partiellement inutilisé, partiellement en chômage : la
proportion des facteurs, rigidement fixée à l'unité, interdit de substituer le facteur
pléthorique au facteur rare.
d.- Il n'est pas essentiel que le rapport de complémentarité des facteurs soit égal à l'unité,
mais bien qu'il soit constant ; il en est de même, pour les produits moyens des facteurs,
si la fonction de production est à rendements constants. On aboutit nécessairement à
𝑘 = 1, si on dérive la fonction de l'ACMS
𝑟

𝐹 = lim [𝛼𝐾 −𝛽 + (1 − 𝛼)𝐿−𝛽 ] 𝛽
= min(𝐾 𝑟 , 𝐿𝑟 ) ou
𝛽=+∞
𝑟

𝐹 = lim 𝛾 𝑟 [𝛼𝐾 −𝛽 + (1 − 𝛼)𝐿−𝛽 ] 𝛽
= 𝛾 𝑟 min(𝐾 𝑟 , 𝐿𝑟 ) = 𝑚𝑖𝑛(𝛾 𝑟 𝐾 𝑟 , 𝛾 𝑟 𝐿𝑟 )
𝛽=+∞
selon qu'on aménage ou non l'unité du produit pour avoir 𝛾 = 1. Mais cette forme de la
complémentarité des facteurs suppose implicitement un aménagement des unités des
facteurs de façon que ceux-ci aient le même paramètre d'efficience. Pour les unités
habituelles des facteurs, on obtient normalement des paramètres différents ; retenant
1 𝑟
(𝜅) pour le capital et 𝜋 𝑟 pour le travail, on écrit la fonction
1 𝑟
𝐹 = 𝑚𝑖𝑛 [(𝜅) 𝐾 𝑟 , 𝜋 𝑟 𝐿𝑟 ] et le rapport de complémentarité des facteurs, c'est-à-dire la
1 𝑟
proportion des facteurs pour laquelle 𝐹 = (𝜅) 𝐾 𝑟 = 𝜋 𝑟 𝐿𝑟 , est 𝑘 = 𝜅𝜋.
43

e.- Si la fonction est à rendements constants, κ est le coefficient moyen de capital (COR),
inverse du produit moyen du capital (utilisé), et π le produit moyen du travail (utilisé),
1
avec 𝜋 , coefficient moyen du travail :
1 1
𝐹 = 𝜙 = min [𝜅 𝐾, 𝜋𝐿] ; 𝜙𝐾 −1 = 𝜅 ; 𝜙𝐿−1 = 𝜋 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑘 = 𝜅𝜋.

8.- Utilisation des fonctions de production en macroéconomie.


a.- Lorsque les rendements sont constants à l'échelle et l'élasticité de substitution égale
à 1, la fonction de production doit être une Cobb-Douglas de la forme 𝑄 = 𝐾 𝛼 𝐿1−𝛼 .
b.- Lorsque l'élasticité de substitution est égale à 1 mais que les rendements ne sont pas
constants à l'échelle, on emploie la Cobb-Douglas dans sa forme généralisée 𝑄 =
𝐾 𝛼 𝐿𝛽 .
c.- Lorsque les rendements sont constants à l'échelle et si l'élasticité de substitution est
constante mais différente de 1, la fonction de production utilisée est une ACMS de la
1

forme 𝜙 = [𝛼𝐾 −𝛽 + (1 − 𝛼)𝐿−𝛽 ] 𝛽 .
d.- Lorsque les rendements ne sont pas constants et que l'élasticité de substitution est
différente de 1, on recourt à des fonctions plus élaborées tenant compte de la non-
constance des rendements à l'échelle, par exemple une CES généralisée, mais
l'analyse économique a tendance à éviter des semblables complications. La fonction
la plus utilisée est la Cobb-Douglas.

Section 3 : FONCTION DE PRODUCTION ET PROGRES TECHNIQUE.

En statistique, on appelle résidu un supplément qui découle de causes non identifiées.


En économie aussi, il y a parfois des résidus inexpliqués qui auraient même quelques liens
de parenté avec le miracle entendu dans le sens d'effet sans cause. En effet, "lorsque
plusieurs causes sont en action, l'effet d'ensemble est supérieur à la somme des effets
séparés". En comptabilité, on constate aussi qu'il existe des surplus, c'est-à-dire que "la
valeur des produits s'accroît plus vite que la valeur des facteurs, mesurées l'une et l'autre à
prix constants" ; autrement dit, "le volume des produits s'accroît plus vite que celui des
facteurs".
Scientifiquement, le miracle est difficile à accepter. Ce surplus comptable que l'on
constate a été attribué au progrès technique. Ce dernier est donc une "dividende du
progrès". Au cours du temps, le progrès technique peut entraîner une modification
continuelle de la fonction de production. Il peut provoquer un accroissement de la
production alors que les quantités de capital et de travail restent constantes. La prise en
compte du progrès technique revient donc à introduire le facteur temps (t) dans la fonction
de production, c'est-à-dire à admettre que, toutes choses égales par ailleurs, et en
particulier les quantités de facteurs mis en œuvre, la quantité produite augmente du seul
fait de l'écoulement du temps : 𝑄 = 𝐹(𝐾, 𝐿, 𝑡).
Le progrès technique revêt ainsi un caractère résiduel en ce sens qu'il est tenu pour
responsable de cette part de la quantité produite que ne peut expliquer la quantité des
facteurs mis en œuvre. Il peut être "neutre" ou "incorporé" (neutral or embodied technnical
progress). Le progrès technique est neutre s'il n'a pas pour effet à lui seul de modifier la
proportion des facteurs mis en œuvre (à l'équilibre et donc dans le cadre d'un modèle). Le
progrès technique est incorporé aux facteurs de production s'il se manifeste par un
perfectionnement des machines ou par une meilleure qualification de la main-d'œuvre.
44

L'expérience acquise en matière de travail peut aussi induire un accroissement de la


productivité. C'est ce qu'on appelle "un progrès technique induit", c'est-à-dire celui qui est
dû à l'apprentissage par la pratique (learning by doing).
1.- Progrès technique neutre.
Deux économistes anglais se sont particulièrement attachés à l'étude de ce type de
progrès : J. R. HICKS et R.F. HARROD31
A.- Neutralité au sens de HICKS.
La version la plus simple est celle de la neutralité au sens de Hicks : le progrès
technique est réputé affecter de la même façon toutes les composantes du facteur capital
et du facteur travail, dont l'efficacité s'accroît selon une même fonction du temps.
Hicks a donc fait remarquer que le progrès technique peut agir sur les deux facteurs
à la fois et laisser inchangé le rapport des produits marginaux c'est-à-dire le taux marginal
de substitution technique. Ce progrès s'applique également, et de la même manière, à
toutes les ressources en hommes et en machines utilisées couramment. Pour employer une
comparaison bien connue, un tel progrès technique représente "le savoir-faire technique
tombant comme la manne du ciel"32 (windfall profit). Il a pour effet de multiplier la fonction
de production par un facteur qui croît d'une période à l'autre.
La fonction de production peut s'écrire : 𝑄 = 𝜙(𝐾, 𝐿, 𝑡) = 𝐴(𝑡)𝐹(𝐾, 𝐿) = 𝑒 𝑚𝑡 𝐹(𝐾, 𝐿)
où A(t) représente l'indice du progrès au cours du temps ; m le taux constant de croissance
de l'efficacité des facteurs ; t le temps ; la variable t est introduite explicitement pour
permettre à la fonction de production tout entière de varier avec le temps ; Q, K, et L sont
des variables continues au cours du temps ; F est une fonction donnée continue et
différentiable considérée souvent comme une fonction linéaire et homogène des variables
K et L, ce qui est le cas des rendements d'échelle constants. Dans ce cas,
𝑄 = 𝐹[𝐴(𝑡)𝐾, 𝐴(𝑡)𝐿] = 𝐴(𝑡)𝐹(𝐾, 𝐿) 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝐴(𝑡) > 0.
B.- Neutralité au sens de HARROD.
Pour Harrod, le progrès technique est neutre lorsqu'il a pour effet de ne pas modifier
le rapport K/Q dans le temps. La seule chose qui change est la demande de travail mesurée
en unités efficaces : 𝐿̅ = 𝐴(𝑡)𝐿 = 𝑒 𝑚𝑡 𝐿. Pour obtenir la demande en unités naturelles
(hommes) à confronter à la force de travail, qui constitue l'offre, nous écrivons : 𝐿 = : 𝐿̅𝑒 −𝑚𝑡 .
L'existence du progrès technique réduit la demande de travail. Ceci résulte du fait que le
progrès technique est supposé être du type "labour augmenting" c'est-à-dire "générateur
de force de travail"33.
La fonction de production devient : 𝑄 = 𝐹[𝐾, 𝐴(𝑡)𝐿] = 𝐹(𝐾, 𝐿̅) où 𝐴(𝑡), indice de la
qualité de la main-d'œuvre, s'accroît avec le temps à un taux donné m. L'amélioration de
la productivité du travail équivaut à une augmentation de ce facteur. On peut donc obtenir
un même volume de production en combinant une quantité donnée de K et une quantité
décroissante de L.
C.- Remarque.
La Cobb-Douglas est la seule fonction de production qui obéit à la neutralité à la fois
au sens de HICKS et de HARROD. Au sens de Hicks, on a : 𝑄 = 𝐴(𝑡)𝐾 𝛼 𝐿1−𝛼 = 𝑒 𝑚𝑡 𝐾 𝛼 𝐿1−𝛼 .
Au sens de Harrod, on a : 𝑄 = 𝐾 𝛼 [𝐴(𝑡)𝐿]1−𝛼 = 𝐾 𝛼 [𝑒 𝑚𝑡 𝐿]1−𝛼 = 𝐾 𝛼 𝐿̅(1−𝛼) .
D.- Neutralité au sens de SOLOW.34

31
− HICKS, J. R., 𝑇ℎ𝑒𝑜𝑟𝑦 𝑜𝑓 𝑤𝑎𝑔𝑒𝑠, London, 1932.
− HARROD, R. F., 𝑇𝑜𝑤𝑎𝑟𝑑𝑠 𝑎 𝐷𝑦𝑛𝑎𝑚𝑖𝑐 𝐸𝑐𝑜𝑛𝑜𝑚𝑦, London, 1948.
32
ALLEN, R. G. D., 𝑇ℎé𝑜𝑟𝑖𝑒 𝑚𝑎𝑐𝑟𝑜é𝑐𝑜𝑛𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒 ∶ 𝑢𝑛𝑒 é𝑡𝑢𝑑𝑒 𝑚𝑎𝑡ℎé𝑚𝑎𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒, op.cit., pp. 269.
33
Idem, pp.278.
34
ALLEN, R. G. D., op.cit., pp. 179 et 288 ; DUPREZ, R., MACRO II, section II, pp. 10.
45

Le progrès technique affecte les seules composantes du facteur capital. Il se réalise


à un taux relatif m, donné par des facteurs exogènes. La fonction de production s'écrit :
𝑄 = 𝐹(𝐾 ̅ = 𝐴(𝑡)𝐾 = 𝑒 𝑚𝑡 𝐾. Dans le cas d'une Cobb-Douglas, elle s'écrit : 𝑄 =
̅ , 𝐿) 𝑜ù 𝐾
̅ 𝐿
𝐾 𝛼 1−𝛼
= [𝑒 𝐾]𝛼 𝐿1−𝛼 . L'économiste américain Solow a considéré 𝐴(𝑡) comme un indice
𝑚𝑡

d'efficacité économique fonction de la qualité des machines. Les unités efficaces de capital
̅ désignent donc le nombre de machines pondéré par leur qualité.
𝐾
2.- Progrès technique incorporé.
L'effet du progrès technique sur un facteur de production est d'accroître la
productivité marginale de ce facteur. S'il n'agit que sur le capital, il est évident que la
productivité marginale de K augmentera plus que la productivité marginale de L. Dans ce
cas, les entrepreneurs ont intérêt à utiliser plus de capital que de travail, en termes relatifs.
Un progrès qui incite à utiliser plus de capital est dit : "capital-using" (utilisateur de capital)
ou "labour-saving" (générateur d'économies de travail). Au revers, un progrès qui entraîne
une productivité du travail supérieure à la productivité marginale du capital est "labour-
using" (utilisateur de travail) ou "capital-saving" (générateur d'économies de capital).
A regarder les choses en face, un progrès technique neutre est difficilement
acceptable car il équivaudrait à un effet sans cause. Le progrès technique ne tombe pas
comme "la manne du ciel", sur tous les hommes et toutes les machines, mais seulement sur
certains types d'équipement en capital et certains éléments de la force de travail. Le progrès
technique incorporé affecte différemment les diverses composantes des ou du facteur
auquel il bénéficie. On peut valablement imaginer que le progrès technique incorporé aux
composantes d'un facteur est d'autant plus considérable que ces composantes sont les plus
récentes.
Les modèles dans lesquels figurent de telles fonctions sont dits "à générations"
(vintage models), en ce sens qu'on est conduit à distinguer les générations successives de
facteurs dont l'efficacité est croissante par hypothèse. Dans une analyse de périodes, les
générations successives correspondent à des intervalles égaux de temps, d'une ou de
plusieurs années.
Considérons le progrès technique incorporé au capital (Solow). Par hypothèse, le
stock de capital est composé de différentes générations de machines. Chaque génération
consiste en un ensemble homogène de machines produites pour être mises en service à
une période donnée ; les générations successives se rattachent à une suite de périodes. Il
est nécessaire d'utiliser deux variables de temps : l'une (t) pour le temps dans son sens
habituel et l'autre (τ) pour indiquer la date de mise en service des générations de machines
en usage au temps t.
Il est supposé que le progrès technique est incorporé dans les nouvelles machines
ou dans les dernières générations de machines en fonctionnement (par opposition aux
anciennes machines existantes). Dès lors, toute opération d'investissement introduit le
progrès technique dans l'économie, qu'elle concerne un investissement de remplacement
ou un investissement nouveau. Donc, le simple fait de remplacer des équipements usagés
par des équipements neufs suffit à augmenter la productivité du capital; et du fait de cette
hétérogénéité du capital, l'analyse de l'investissement doit se faire en termes de FBCF et
non de la seule FNCF (formation nette de capital fixe).
Concernant le facteur travail, on utilise des hommes de "génération' différentes
répartis selon l'âge et la formation. Les hommes de la dernière génération, par exemple
ceux qui ont été récemment formés, sont supposés plus productifs que ceux des générations
précédentes. Le progrès technique est naturellement incorporé dans la formation des
hommes qui constituent la force de travail dans la période actuelle, par opposition à la
formation de ceux de la période précédente. Comme l'amélioration de l'éducation concerne
46

surtout les nouveaux venus sur le marché de l'emploi, E. F. DENISON évalue la contribution
de l'enseignement à la croissance en tenant compte de la structure par âge de la population
active. Notons cependant que les hommes étant perfectibles, la main-d'œuvre peut encore
s'adapter au progrès par recyclage, ce qui exclut l'existence de couches figées de
travailleurs.
Si, dans la construction d'un modèle à générations, on choisit, pour toutes les
générations, la fonction Cobb-Douglas à rendements constants et avec un seul paramètre,
on aura : 𝑄𝜏 = 𝑒 𝜆𝜏 𝐾𝜏𝛼 𝐿1−𝛼
𝜏 . Cette fonction donne l'output 𝑄𝜏 à partir d'un input travail L et
d'un nombre de machines 𝐾𝜏 de la génération τ, quand celles-ci sont nouvelles. Si on tient
compte du progrès technique au taux m, (jusqu'au temps τ ), le coefficient λ doit être pris
sous la forme 𝜆 = 𝑚(1 − 𝛼) quand on envisage le cas de la neutralité de Harrod, et sous la
forme 𝜆 = 𝑚𝛼 dans le cas de celle de Solow.
3.- Progrès technique induit.
Le succès appelle le succès et chaque amélioration en appelle d'autres. Plus on
produit, plus on accumule de l'expérience, et l'expérience elle-même conduit à une
amélioration de productivité. C'est le phénomène de l'accélération du progrès ou du
caractère cumulatif de la croissance. L'existence de ce phénomène permet naturellement
de relier le rythme de croissance de la productivité au rythme de croissance du produit
national.
L'économiste norvégien MENDERHAUSEN a modifié la Cobb-Douglas en faisant
intervenir le progrès technique induit, c'est-à-dire résultant d'une amélioration portant sur
le mode de combinaison des facteurs : 𝑄 = 𝐴𝐾 𝛼 𝐿𝛽 𝑒 𝑚𝑡 où 𝑒 = 2,71828 = base des
logarithmes népériens, t = temps, m = une constante qui exprime le taux annuel de progrès
technique, α, β = constantes indépendantes du temps. Dans cette formule, le progrès
technique paraît être un facteur autonome et le fait qu'il soit induit permet de faire de la
constante m une fonction du niveau du PNB, c'est-à-dire 𝑚 = 𝑚(𝑄) ou d'une autre variable
statistique telle que le rapport capital-produit (K/Q) ou le rapport capital-travail (K/L).
Calcul du taux de croissance : 𝑄 = 𝐴𝐾 𝛼 𝐿𝛽 𝑒 𝑚𝑡 , fonction de MENDERHAUSEN (CMEG, pp.105)
𝑑𝑄 𝑑𝐾
𝑑𝑙𝑜𝑔𝑄 𝑑𝑙𝑜𝑔𝐾 𝑑𝑙𝑜𝑔𝐿 𝑑𝑡 𝑄 𝐾
𝑙𝑜𝑔𝑄 = 𝑙𝑜𝑔𝐴 + 𝛼𝑙𝑜𝑔𝐾 + 𝛽𝑙𝑜𝑔𝐿 + 𝑚𝑡𝑙𝑜𝑔𝑒 ; =𝛼 +𝛽 + 𝑚 𝑑𝑡 ; =𝛼 +
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑑𝐿
𝐿
𝛽 𝑑𝑡 + 𝑚 ; 𝑞 ′ = 𝛼𝑘 ′ + 𝛽𝑙 ′ + 𝑚 où 𝑞 ′ = taux de croissance du produit ; 𝑘 ′ = taux de
croissance de K ; 𝑙 ′ = taux de croissance de L ; 𝑚 exprime le rythme de nouveaux
investissements.
N.B.− Une fonction de production signifie que la production est au maximum égale à ce que
permettent les facteurs de production.
− La fonction de MENDERHAUSEN simplifiée 𝑄 = 𝐴𝐾 𝛼 𝐿1−𝛼 𝑒 𝑚𝑡 dont le taux de
croissance est 𝑞 ′ = 𝛼𝑘 ′ + (1 − 𝛼)𝑙 ′ + 𝑚 a été adoptée par le CEE.
47

Chapitre 6 : FONCTION DE CONSOMMATION


L’équilibre macroéconomique suppose la confrontation de l’offre et de la demande
globales. L’offre est assimilée à la production dont l’outil d’analyse est la fonction de
production étudiée au chapitre précédent. La demande globale (DG) comprend la demande
des biens de consommation (C) et la demande des biens d’investissement (I). On peut donc
écrire : DG = C + I.
En analyse macroéconomique, on identifie la production au revenu global (Y). On
suppose aussi que les agents économiques divisent leurs revenus (perçus à l’occasion de la
production) en deux parties dont l’une est consacrée à l’achat de biens de consommation
(C) et l’autre est épargnée (S). On peut donc écrire : Y = C + S et S = Y – C.
Ces deux dernières égalités nous montrent clairement que les propositions relatives
à la consommation sont d’application à l’épargne et on peut dire que « étudier la fonction
de consommation équivaut à étudier la fonction d’épargne ».
Le présent chapitre comprend trois sections traitant respectivement des notions
liminaires, de la fonction Keynésienne de consommation et des autres fonctions de
consommation.

Section 1 : NOTIONS LIMINAIRES


1.- Fonction de consommation
La fonction de consommation indique la manière selon laquelle les particuliers (ou
ménages) déterminent la valeur de leurs achats de biens et services, c’est-à-dire la valeur
de la consommation privée. On suppose que leur décision dépend de leurs revenus de
l’année, identiques ici au revenu national. D’où 𝐶𝑡 = 𝐶(𝑌𝑡 ).

2.- Définition des ménages


Selon le Système européen des comptes économiques intégrés, le secteur ménages
comprend toutes les unités qui, à titre de fonction principale, consomment des biens et
services, et dont les ressources principales sont constituées par les rémunérations des
facteurs de production et par des transferts (35).

3.- Définition de la consommation privée


Suivant le Système normalisé de comptabilité nationale publié par l’OCDE, la
consommation privée est égale à la valeur des dépenses courantes effectuées par les
particuliers pour l’achat à des fins privées de biens et de services, augmentée de la valeur
nette des dons en nature reçus du reste du monde (36).
On entend par « dépenses courantes », toutes les dépenses afférentes à l’achat de
biens, quelle qu’en soit la durabilité, à l’exception des terres (terrains) et bâtiments
(logements) dont les achats sont comptabilisés dans la formation brute de capital fixe.
On entend par « achat à des fins privées », l’utilisation des biens et des services
achetés pour la satisfaction des besoins humains individuels.

35
POELMANS J., Cours d’analyse et Prévisions de consommation, P.U.B., Bruxelles, 1978-1979, p. 3.
36
POELMANS, J., op. cit., pp. 8.
48

4.- Revenu disponible des ménages


On appelle « Revenu disponible des particuliers ou ménages »(𝑌𝑑 ), les ressources
dont disposent les particuliers après qu’ils se soient libérés de leurs obligations fiscales. D’où
la formule : 𝑌𝑑𝑡 = 𝑌𝑃𝑡 + 𝑅𝑡 − 𝑇𝑑 𝑃𝑡 avec 𝑌𝑃𝑡 = 𝑆𝑎𝑙𝑡 + 𝐷𝑖𝑣𝑡 + 𝑖𝑡 ; dans laquelle : YP =
Revenu des particuliers ; R = Transferts (dons) reçus du reste du monde ; i = Intérêt de la
dette publique ; 𝑇𝑑 𝑃 = Impôts directs payés par les particuliers ; Sal = Salaires ; et 𝐷𝑖𝑣 =
Dividendes. On a donc : 𝑌𝑑𝑡 = 𝐶𝑡 + 𝑆𝑃𝑡 𝑐𝑎𝑟 𝑆𝑃𝑡 = 𝑌𝑃𝑡 + 𝑅𝑡 − 𝐶𝑡 − 𝑇𝑑 𝑃𝑡 . Le revenu
disponible est donc celui que les particuliers partagent entre dépenses de consommation et
épargne. C’est la variable indépendante des fonctions de consommation keynésiennes 𝐶𝑡 =
𝑓(𝑌𝑑𝑡 ).

5.- Déterminants de la consommation


Il est très difficile de recenser tous les facteurs objectifs et subjectifs qui sont à la
base de la décision de consommation. Les dépenses des particuliers sont influencées par
une série de facteurs dont les théoriciens de la consommation privée s’accordent à penser
que les principaux sont :
1°) Le revenu disponible des particuliers qui représente la contrainte budgétaire. Cette
variable explicative a été mise en évidence, il y a plus d’un siècle, par ENGEL et ses disciples
lors de l’élaboration des premières théories de la consommation. Elle a été largement
confirmée par les études qui, depuis 1945, se sont basées sur des données
macroéconomiques. Le revenu disponible résulte de l’addition des revenus composés
principalement de salaires, rémunérations, revenus de la propriété et de l’entreprise dont
sont déduits les impôts directs et les contributions à la sécurité sociale.
2°) L’évolution des prix est l’un des facteurs auxquels les consommateurs sont les plus
sensibles. Elle joue un rôle au niveau des loyers et de la consommation d’énergie, des
transports et des communications et aussi de la rubrique tabac. Lorsque le niveau général
de prix augmente, on épargne moins. Les ménages anticipent l’inflation au profit de la
consommation. D’où un coefficient de prix positif.
3°) Le temps est dans certains cas retenu comme variable explicative complexe (qui
recouvre plusieurs facteurs). Parmi les facteurs spécifiques dont l’évolution est intimement
liée au temps, on peut citer : la modification des habitudes de consommation, l’influence
des progrès technologiques, l’évolution des modes de vie, l’impact des associations de
consommateurs, etc.

Section 2 : FONCTION KEYNESIENNE DE CONSOMMATION


Cette relation constitue une des contributions les plus importantes et les plus durables
de Keynes : « La loi psychologique fondamentale, dont nous sommes qualifiés de dépendre
avec une grande confiance fondée à la fois sur notre connaissance de la nature humaine et
sur les faits détaillés observés, est que les hommes sont disposés, selon une règle et en
moyenne, à augmenter leur consommation lorsque leur revenu s’accroît, mais pas dans les
mêmes proportions que l’accroissement de leur revenu » (37).
On sait donc que lorsque le revenu réel augmente et que le niveau de vie s’élève, la
satisfaction des besoins courants de consommation devient moins urgente, et les ménages
ont tendance à ne pas dépenser tout le revenu supplémentaire. Pour simplifier, on admet
qu’en général, les accroissements de consommation sont inférieurs à ceux des revenus. Ce

37
Keynes J.M., Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt de la monnaie, chapitre 8, cité par
DUPREZ R., MACRO I, Sec. II, p. 139.
49

qui nous permet d’affirmer que la courbe représentative de la fonction de consommation a


une pente inférieure à 1. Cette pente de la fonction de consommation exprime les variations
de la consommation résultant des variations du revenu. Elle met en évidence le concept de
« propension marginale à consommer ».

1.- Propension marginale à consommer


C’est le rapport qui existe entre la variation de la demande des biens de
consommation et la variation du revenu qui l’a engendrée, c’est-à-dire C/Y = c. Si on
admet que la fonction est continue et dérivable, on exprime la propension marginale à
consommer par 𝑐 = 𝑑𝐶 ⁄𝑑𝑌.
La propension marginale à consommer (𝑝𝑚𝑐) est donc égale à la pente de la courbe
de la fonction de consommation en un point quelconque de cette courbe. Elle est comprise
entre 0 et 1 pour tout Y parce que nous savons qu’en en règle générale les accroissements
de consommation sont inférieurs aux accroissements de revenus, c’est-à-dire 0< c =C
/Y< 1 pour tout Y  0.
Si Y = Revenu national, cette expression mathématique de la « loi psychologique
fondamentale » (0 < 𝑝𝑚𝑐< 1) qui se retrouve dans la plupart des manuels d’économie,
n’est strictement valable que si l’économie est fermée, n’est pas dotée de services publics
et si les entreprises distribuent la totalité de leurs bénéfices. Il est préférable de donner à
cette expression une forme qui tient compte du fait que le revenu pris en considération par
les consommateurs est leur revenu disponible 𝑌𝑑 , éventuellement différent du revenu
national Y. On a : C = c (𝑌𝑑 ) avec 0 < C/𝑌𝑑 < 1.

2.- Fonction d’épargne


De la fonction de consommation, on tire immédiatement la fonction d’épargne. Car
tout revenu qui n’est pas dépensé en achats de biens de consommation est supposé
épargné : 𝑆𝑃 = 𝑌𝑑 − 𝐶 = 𝑌𝑑 − 𝐶(𝑌𝑑 ) 𝑒𝑡 ∆SP = ∆Yd − ∆C. D’où : ∆𝑆𝑃⁄∆𝑌𝑑 = 1 − ∆𝐶 ⁄∆𝑌𝑑 =
1 – 𝑐 = 𝑠. Il résulte de ces manipulations mathématiques que l’épargne est également
fonction du revenu disponible : 𝑆𝑃 = 𝑆𝑃(𝑌𝑑 ) 𝑎𝑣𝑒𝑐 0 < 𝑠 = ∆𝑆⁄∆𝑌𝑑 < 1, ∀𝑌𝑑 ≥ 0.
L’expression ∆𝑆⁄∆𝑌𝑑 désigne la propension marginale à épargner (pms) qui est le
complément à l’unité de la 𝑝𝑚𝑐.

3.- Fonctions à court terme


Les investigations statistiques montrent qu’à court terme :
1°) en première approximation et sous réserve de fonctions de consommation plus
élaborées, la 𝑝𝑚𝑐 est constante ∆𝐶 ⁄∆𝑌𝑑 = 𝑐 𝑎𝑣𝑒𝑐 0 < 𝑐 < 1 de telle sorte que la fonction
de consommation est linéaire ;
2°) le terme indépendant est positif ; d’où 𝐶 = 𝑎 + 𝑐𝑌𝑑 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑎 > 0, 0 < 𝑐 < 1. La fonction
d’épargne correspondant s’écrit : 𝑆𝑃 = 𝑌𝑑 − (𝑎 + 𝑐𝑌𝑑 ) 𝑜𝑢 𝑆𝑃 = −𝑎 + (1 − 𝑐)𝑌𝑑 et
sachant que S/Y = 1 – c = s, on peut écrire : 𝑆𝑃 = −𝑎 + 𝑠𝑌𝑑 avec c + s = 1.

Pour la Belgique des années 1967 à 1970, les différentes études ont abouti à une
moyenne de la 𝑝𝑚𝑐 de l’ordre de 0,80 ; d’où s = 0,20. Selon Keynes, l’élasticité de la
consommation par rapport au revenu varie entre 0 et 1 :
0 < (C/Y)(Y/C) = 𝑝𝑚𝑐 ⁄𝑝𝑀𝑐 < 1.
50

4.- Propensions moyennes :


La propension moyenne à consommer (𝑝𝑀𝑐) et la propension moyenne à épargner
(𝑝𝑀𝑠) se définissent comme le rapport au revenu disponible de la consommation privée ou
de l’épargne des particuliers ; on a par conséquent :
𝑝𝑀𝑐 = 𝐶 ⁄𝑌𝑑 = (𝑎 + 𝑐𝑌𝑑 )⁄𝑌𝑑 = 𝑎⁄𝑌𝑑 + 𝑐 et 𝑝𝑀𝑠 = 𝑆𝑃⁄𝑌𝑑 = (−𝑎 + 𝑠𝑌)𝑑 ⁄𝑌𝑑 = − 𝑎⁄𝑌𝑑 + 𝑠.

5.- Représentation graphique :


Les relations entre les trois flux 𝐶, 𝑆𝑃 et 𝑌𝑑 , les propensions marginales et moyennes
c, s, C/𝑌𝑑 et SP/𝑌𝑑 peuvent être mises en évidence graphiquement. On trace, pour la
commodité, la « droite à 45° » (fig. 6.1), lieu des points pour lesquels l’abscisse est égale à
l’ordonnée (38). L’intersection de la « droite à 45° » et de la « droite de consommation »
donne la valeur du revenu disponible pour laquelle C = 𝑌𝑑 et S = 0 ; pour tout revenu
inférieur, on a C 𝑌𝑑 et SP < 0 ; pour tout revenu supérieur, on a C< 𝑌𝑑 et SP  0.

C Figure 6.1.
45°

𝐶 = 𝑌𝑑

𝛼 𝛾 𝛽
0 𝛿 𝑆𝑃 = 0 𝑌𝑑
𝑡𝑔𝛼 = 0.8
−𝑎 𝑡𝑔𝛽 = 0.2

L’existence d’un terme indépendant positif dans la fonction de consommation peut


s’interpréter comme une indication qu’en deçà d’une certaine valeur de 𝑌𝑑 , celle pour
laquelle 𝑌𝑑 = 𝐶, les consommateurs désépargnent (SP < 0), c’est-à-dire qu’ils empruntent

38
La « droite à 45° » n’est la bissectrice de l’angle formé par les axes coordonnés que si on adopte la
même échelle pour les deux axes, ce qui n’est pas indispensable.
51

pour « défendre leur standard de vie ». Cette valeur particulière de 𝑌𝑑 correspond à une
sorte de minimum vital (39), dont le niveau tend à augmenter dans le temps ; lorsque le
revenu disponible croît − ce qu’il fait généralement à long terme − la droite de
consommation à court terme s’élève (parallèlement à elle-même ou non), de même que son
ordonnée à l’origine 𝑎, et son intersection avec la droite de 45°. La forme 𝐶 = 𝑎 + 𝑐𝑌𝑑 n’est
donc valable que pour un intervalle de temps limité.
En effet, de façon générale, les modèles keynésiens sont des modèles à court terme,
conduisant à déterminer le niveau que les différentes grandeurs exprimées en termes réels
(à prix constants) atteindront en un ou deux ans, voire en moins d’un an (en un semestre
ou trimestre). Il en résulte que les relations de comportement qui figurent dans ces modèles
sont elles-mêmes des relations valables à court terme, c’est-à-dire pour un nombre réduit
de périodes − quatre ou cinq ans, 16 à 20 trimestres − et qu’elles ne sont pas censées
refléter des comportements qui se maintiendraient invariablement durant un nombre plus
élevé de périodes, c’est-à-dire à long terme.
Lorsque 𝑌𝑑 = 0, 𝐶 = 𝑎 > 𝑂 à court terme. Cela signifie que les agents économiques
continuent à consommer bien qu’ils n’aient plus de revenus. Dans une économie
monétarisée, ce phénomène n’est explicable que s’il existe une épargne et un stock de biens
produits au cours des périodes précédentes. Tant que le revenu reste nul, l’existence d’une
consommation a de valeur positive correspond à une épargne négative -a. C’est une
situation caractéristique de la courte période.
Le niveau de consommation a s’appelle consommation autonome parce qu’il
correspond à un minimum incompressible indépendant du revenu. Remarquons que
l’existence d’une consommation autonome et d’un minimum incompressible lié à une
épargne antérieure n’a pas de signification en longue période. Cela veut dire que 𝑎 = 0 en
longue période et la fonction de consommation a pour expression : 𝐶 = 𝑐𝑌𝑑 . Considérant la
fonction de consommation à court terme et pour 𝑌𝑑 croissant, on note que : - la 𝑝𝑀𝑐 décroît
et tend vers la𝑝𝑚𝑐 ; - la 𝑝𝑀𝑠 croît et tend vers la 𝑝𝑚𝑠. Cela apparaît dans la figure 6.1
puisque : 𝑝𝑀𝑐 = 𝐶 ⁄𝑌𝑑 = 𝑡𝑔𝛾 et 𝑝𝑀𝑠 = 𝑆𝑃⁄𝑌𝑑 = 𝑡𝑔𝛿 et que pour 𝑌𝑑 → +∞, 𝛾 → 𝛼, 𝛿 → 𝛽.

6.- Problèmes statistiques :


1°) La relation C= C(Y) part de l’hypothèse que la consommation d’une période ne dépend
que du revenu réel brut de cette même période. 2°) Elle ne retient que la consommation
des ménages. 3°) Elle néglige l’action des prix relatifs des différents biens et services
consommés, par simple souci de commodité, ainsi que l’influence du niveau général des
prix, en définissant la fonction en termes réels, c’est-à-dire en volume ou à prix
constants.

Section 3 : AUTRES FONCTIONS DE CONSOMMATION


1.- Séparation des consommations en deux groupes (S. KUZNETS)
Aux yeux de l’Américain Simon KUZNETS, la fonction de consommation ne s’applique
qu’aux classes à faibles revenus parce que l’exiguïté de leur budget les contraint à étudier
soigneusement la répartition de tout revenu supplémentaire entre consommation et
épargne. Par contre, l’épargne est presque automatique dans les classes aisées parce que
les besoins les plus importants sont satisfaits.
KUZNETS (Prix Nobel) a été le premier à appliquer la relation linéaire

39
𝐶 = 𝑌𝑑 est à l’origine de la prise en compte du panier de la ménagère dans le calcul du SMIG
(Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti).
52

𝐶𝑡 = 𝛼⁄(1 − 𝛽) + 𝛽 ⁄(1 − 𝛽) 𝐼𝑡 , qui est la forme réduite du modèle structurel créé par le
système d’équations linéaires simultanées ci-après : 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 et 𝐶 = 𝛼 + 𝛽𝑌, aux Etats-Unis
pour la période de 1866 à 1929. Il a ensuite effectué des analyses cross-section sur le
comportement des ménages. Il a constaté des variations de la 𝑝𝑚𝑐 en cross-section même
sur des courtes périodes. Et de plus il a trouvé que la 𝑝𝑚𝑐à CT < 𝑝𝑚𝑐 à LT. DUESENBERRY
et MODIGLIANI ont expliqué ce résultat par l’effet d’habitudes (40). La séparation des
consommations peut facilement entrer dans la fonction du type C = C(Y). Il suffit pour cela
d’admettre que la propension marginale à consommer décroît quand le revenu augmente.

2.- Répartition du revenu national (N. KALDOR)


Pour l’Anglais Nicolas KALDOR (41), la fonction globale de consommation traduit le
comportement de l’ensemble des consommateurs. Mais, on sait que chaque agent
économique a une propension marginale à consommer qui lui est propre et donc une
fonction de consommation qui ne ressemble à aucune autre. Cela signifie que la fonction
globale de consommation n’est qu’une moyenne pondérée des fonctions individuelles, les
coefficients de pondération étant donnés par leurs revenus respectifs.
Dès lors, même si le revenu global reste inchangé, toute modification de la répartition
des revenus entraîne nécessairement une modification de la fonction globale de
consommation. Etant donné que les couches à faibles revenus ont une propension
marginale à consommer plus élevée que les titulaires de hauts revenus, on admet
généralement que la redistribution du revenu national en faveur des groupes déshérités et
au détriment des classes aisées entraîne une augmentation de la consommation globale.
Pour tenir compte de ce phénomène, on peut recourir à deux méthodes : 1°) répartir le
revenu national entre ménages, entreprises et administrations publiques ; 2°) répartir le
revenu national entre salaires et profits, comme le fait N. KALDOR.
La méthode la plus simple est celle de KALDOR, c’est-à-dire Revenu National (Y) =
Salaires (W) + Profits (P) ; soit symboliquement : Y = P + W et W = Y – P. Si
1°) a = 𝑝𝑚𝑠 des titulaires des profits et b = 𝑝𝑚𝑠 des titulaires des salaires,
2°) on admet que a et b sont des constantes positives comprises entre 0 et 1,
3°) on admet que la 𝑝𝑚𝑠 des titulaires de profits est supérieure à celle des titulaires de
salaires, soit 0 < b < a < 1,
4°) s = 𝑝𝑚𝑠 de la communauté 0 < s < 1, on arrive à ceci : puisque l’épargne globale 𝑆 =
𝑠𝑌 est la somme de l’épargne prélevée sur les profits et de l’épargne prélevée sur les
salaires, on peut écrire : 𝑆 = 𝑠𝑌 = 𝑎𝑃 + 𝑏𝑊 = 𝑎𝑃 + 𝑏(𝑌 − 𝑃) ; d’où l’on tire :
𝑠 = 𝑆⁄𝑌 = (𝑎 − 𝑏)(𝑃⁄𝑌) + 𝑏.
On constate que la 𝑝𝑚𝑠 de la communauté dépend de la part des profits dans le
revenu global. On peut simplifier la formule en supposant que toute l’épargne provient des
profits, ce qui revient à dire que la propension à épargner des salaires est nulle, c’est-à-dire
que 0 < a < 1 et b = 0. Ceci conduit à la fonction classique d’épargne :
𝑆 = 𝑠𝑌 = 𝑎𝑃 𝑒𝑡 𝑠 = 𝑎(𝑃⁄𝑌). Contrairement à la tradition keynésienne qui veut que l’épargne
constitue un résidu, ici l’épargne est prédéterminée et les sommes consacrées aux achats
de consommation, un résidu. C’est le cas des ménages qui remboursent par priorité des
emprunts hypothécaires relatifs à leur logement.

40
WEISERBS, D., Exposés réalisés dans le cadre du cours de Techniques Econométriques et Méthodes
quantitatives de Victor GINSBURGH, 20/10/1978, ULB, 1978-1979, Notes manuscrites.
41
KALDOR N, « Economic Growth and the Problem of Inflation », Economica, August-November, 1989.
53

3.- Prise en compte de la conjoncture (Modigliani)


Le chercheur italien Modigliani (42) signale que si un ménage augmente sa
consommation de 𝑥 lorsque son revenu augmente de 𝑦, il est peu probable que ce même
ménage laissera sa consommation de 𝑥 lorsque son revenu diminuera de 𝑦. Dès lors, il
recommande de ne pas utiliser à l’échelle de la nation la même fonction de consommation
pour les périodes de récession et pour les périodes d’expansion.

4.- Théorie du revenu permanent (Friedman)


Pour Milton Friedman (43), il y a une stricte proportionnalité entre consommation et
revenu, à condition de retenir les valeurs prévues et non les dépenses et recettes de l’année
considérée. Le coefficient de proportionnalité varie selon qu’il s’agit d’une couche sociale
aisée ou d’une couche peu aisée. Mais qu’est-ce que Friedman entend par valeurs prévues ?
A son sens, chaque ménage a une certaine idée de ce que devrait être son revenu et sa
consommation à une certaine époque. Ces revenus et consommation prévus, c’est ce qu’il
appelle revenu permanent 𝑌𝑝 et consommation permanente 𝐶𝑝 . Ceci lui permet de définir
une loi de consommation très simple : 𝐶𝑝 = 𝑐𝑌𝑝 ∙ C’est une théorie très audacieuse qu’on ne
peut tester que si on peut statistiquement estimer les valeurs permanentes 𝐶𝑝 et 𝑌𝑝 .
Pour évaluer 𝑌𝑝 , par exemple, on peut extrapoler le trend moyen constaté sur les
années précédentes. Friedman a proposé d’estimer ce revenu permanent par la somme
pondérée des revenus antérieurs. Son modèle peut donc s’écrire 𝐶𝑡 = 𝑎 + 𝑏𝑌𝑡 avec 𝑌𝑡 =
revenu permanent. KOYCK a proposé la fonction 𝐶𝑡 = 𝛽1 𝑌𝑡 + 𝛽2 𝐶𝑡−1 qui signifie que 𝐶𝑡 =

𝑘 ∫0 𝑒 −𝜏 𝑌𝑡−𝜏 𝑑𝜏. Les coefficients de pondération 𝑘 décroissent géométriquement selon
l’éloignement du revenu dans le passé. L’augmentation du revenu permanent est estimée
par le ménage en tenant compte de l’écart entre le revenu réel de l’année en cours et le
revenu permanent de l’année précédente.

5.- Revenu et milieu social ou revenu absolu et revenu relatif


(I.S. Duesenberry)
Duesenberry (44) fait remarquer que la consommation d’un ménage dépend de son
revenu dans la seule mesure où ce revenu gouverne le milieu où il vit. Il s’agit de l’effet de
démonstration sociale qui fait que le ménage a tendance à s’assurer un niveau de vie
comparable à celui du groupe et à épargner peu, voire à faire une épargne négative.
Cette hypothèse du revenu relatif (Relative Income Hypothesis) a été trouvée vers
1947–1949 simultanément par Duesenberry et Modigliani. Elle part des recherches de
Kuznets avec la fonction Ct = 0 + 1Yt + 2𝑌𝑡0 dans laquelle 𝑌𝑡0 désigne le revenu maximum
perçu dans la période antérieure. Cette théorie du revenu relatif est fondée sur l’hypothèse
de l’inertie des habitudes selon laquelle les ménages ont acquis des habitudes de
consommations liées à leur revenu antérieur le plus élevé (𝑌𝑡0 ).
Selon la théorie du revenu relatif de DUESEMBERRY, la consommation d‘un ménage
est déterminée (influencée) par sa position dans la distribution des revenus. Elle (C t) est
fonction du niveau relatif du revenu de l’année et des revenus passés. Si le revenu croît
chaque année, alors le revenu de pointe perçu antérieurement, c’est le revenu de l’année
précédente (𝑌𝑡0 = 𝑌𝑡−1).

42
Voir NDONGO, Complément de MACRO, op.cit., pp. 69.
43
FRIEDMAN M., A Theory of the consumption function, Princeton University Press, 1957.
44
DUESENBERRY, I.S., Income, Saving and the Theory of consumer Behavior, Havard University Press,
1949. N.B. : La théorie de Keynes est basée sur l’hypothèse du revenu absolu.
54

Plusieurs fonctions ont été estimées sur base de la théorie de DUESENBERRY.


Certaines ont inclus la consommation de pointe antérieure parmi les variables explicatives
de la consommation actuelle. Elles insistent toute sur l’effet de cliquet et sur l’irréversibilité
des habitudes, c’est-à-dire que les ménages s’ajustent graduellement (accélérateur flexible)
car on ne revient jamais au niveau de consommation antérieur. En cas de hausse ou de
baisse du revenu, le budget du ménage subit des ajustements progressifs en fonction de
l’ampleur du changement ∆𝐶 = 𝑟(𝑌 ⋆ − 𝑌).

6.- Hypothèse du cycle de vie (Modigliani)


Selon Modigliani (45), le comportement d’un individu est fonction de son âge.
Lorsqu’on fait une analyse cross-section, la pondération variera suivant l’âge et le type de
revenu (travail, propriété,…). Soit A = âge, L = travail (Labour), e = attendu (espéré), W =
richesse (Wealth), N = moment de la pension, T = fin de la vie. La fonction de
consommation s’écrit : 𝐶𝑡𝐴 = 𝑘𝑡𝐴 [(𝑌𝐿𝐴 )𝑡 + (𝑁 − 𝐴)(𝑌𝐿𝑒 ) 𝐴 + 𝑊𝑡−1
𝑇 ].
Cette fonction peut
également faire apparaître le revenu attendu de la population quand il y a une menace de
chômage. Après agrégation, on peut écrire : 𝐶𝑡 = 𝛽1 𝑌𝐿 + 𝛽2 𝑌𝐿𝑒 + 𝛽3 𝑊𝑡−1.

7.- Retards d’adaptation et prévisions (KLEIN)


Klein suppose que la consommation dépend de l’ensemble de la chronique des
revenus passés. Ceux-ci interviennent avec les pondérations d’autant plus faibles que ces
revenus sont éloignés dans le passé. Il prend des pondérations en progression géométrique
de raison b inférieure à 1, et son modèle s’écrit : Ct = a0 + a1 i bi𝑌𝑡−𝑖 avec a0 et a1 =
constantes. Pour prendre en considération le revenu de la période t (= 𝑌𝑡 ) et les habitudes
de consommation qui se fixent à Ct-1, Klein écrit sa fonction : Ct = a0 (1 - b) + a1Yt + bCt-1∙

8.- Généralisation de la fonction à retards échelonnés


Nous savons que la consommation peut être influencée par le revenu des périodes
précédentes et/ou par le revenu anticipé des périodes à venir. En effet, les salariés sont
payés à terme échu ; beaucoup de propriétaires ne touchent leurs loyers qu’à la fin du mois
et les actionnaires et obligataires ne touchent leurs dividendes et intérêts qu’en fin d’exercice
social. Cela veut dire qu’au cours d’une période, ils dépensent le revenu de la période
précédente.
De plus, un consommateur qui sait qu’il y aura une augmentation de son revenu à la
fin de la période en cours peut accroître sa consommation au point d’aller quelquefois
emprunter. Pour tenir compte de l’influence du revenu de la période écoulée sur la
consommation de la période en cours, on peut écrire la fonction de la consommation de la
manière suivante : Ct = C (𝑌𝑡−1 ). Si nous généralisons cette expression sur un ensemble de
périodes passées, nous pouvons écrire : 𝐶𝑡 = 𝐶(𝑌𝑡−1 , 𝑌𝑡−2 , 𝑌𝑡−3 , ⋯ , 𝑌𝑡−𝑛 ), chaque revenu
passé exerçant une influence d’autant moins forte qu’il est éloigné dans le passé.
Si nous considérons une fonction linéaire de courte période, nous pouvons écrire :
𝐶𝑡 = 𝑎 + 𝑐1 𝑌𝑡−1 + 𝑐2 𝑌𝑡−2 + 𝑐3 𝑌𝑡−3 + ⋯ + 𝑐𝑛 𝑌𝑡−𝑛 . Il est évident que si tous les revenus des
périodes passées sont égaux, nous retrouvons une formulation très simple de la forme :
𝐶 = 𝑎 + 𝑐𝑌 où c = c1 + c2 + c3 + … + 𝑐𝑛 . Si nous reprenons l’hypothèse de Duesenberry
selon laquelle la consommation est fonction du revenu le plus élevé atteint dans le passé et
du revenu de la période en cours, on arrive à une fonction de consommation de la forme :
𝐶𝑡 = 𝑏𝑌𝑡0 + 𝑐𝑌𝑡 où 𝑌𝑡0 = revenu le plus élevé atteint dans le passé, 𝑌𝑡 = revenu de la période
en cours, b et c = propensions marginales à consommer. Si le revenu croît d’une période à

45
ANDO, A., and MODIGLIANI, F., A Life Cycle Hypothesis of Saving, 1963.
55

l’autre, 𝑌𝑡0 représente nécessairement le revenu de la période précédente 𝑌𝑡−1 et la fonction


devient : 𝐶𝑡 = 𝑏𝑌𝑡−1 + 𝑐𝑌𝑡 où 𝑏𝑌𝑡−1 remplace la constante a de la fonction linéaire C = a
+𝑐𝑌.

9.- Fonction de consommation de longue période


Nous procédons à la représentation graphique de la fonction de consommation dans
l’hypothèse d’un revenu croissant d’une période à l’autre. Ayons un système d’axes
coordonnés et portons respectivement C et Y en ordonnées et en abscisses. Si nous
considérons une série de courtes périodes, nous aurons des courbes représentant la
consommation (C1, C2, C3, …) qui vont se situer à des niveaux de plus en plus élevés étant
donné qu’il y a accroissement continu de la valeur de a.
La pente de ces courbes c’ est la propension marginale à consommer. Si nous
joignons les valeurs successives de la consommation qui correspondent aux diverses valeurs
du revenu, nous obtenons une courbe inclinée CLT qui représente la fonction de
consommation de longue période.

CLT

C3

𝑎3 𝐶2

𝑎2
C1

𝑎1

45°
0 Y
Figure 6.3.

10.- Théorie d’ajustement des stocks (Houthakker)


Cette théorie est basée sur les travaux de Houthakker et Taylor (1970). Elle tient
compte de l’hypothèse d’irréversibilité totale des habitudes étudiée par Duesenberry et
Modigliani que Pierre Massé qualifie de ‘’religion des situations acquises’’ car
sociologiquement l’on constate que les gens défendent un standing acquis jusqu’au
désespoir. C’est en effet difficile à un type habitué à rouler en Mercedes d’accepter de rouler
en Renault 4 lorsque son revenu diminue. La première hypothèse retenue par ces auteurs
est donc que les décisions de consommation d’un individu sont influencées par le
comportement antérieur.
56

La deuxième hypothèse est que la consommation est aussi fonction du stock existant
d’un bien donné. Car, contrairement à la situation économique normale, la pénurie perlée
pousse à la constitution de stocks. Sachant que le revenu est indépendant du bien qu’on
consomme, ces auteurs ont construit pour chaque bien i, l’équation de comportement ci-
après : 𝑞𝑖 = 𝛼𝑖 + 𝛽𝑖 𝑆𝑖 + 𝛾𝑖 𝑦 dans laquelle : qi = consommation d’un bien i, y = revenu, Si
= valeur du stock du bien i que l’individu veut atteindre compte tenu des habitudes acquises,
i < 0 pour les biens durables et i  0 pour les biens non durables.
Les auteurs supposent donc que les ménages ont, pour chaque bien, un niveau désiré
de consommation auquel ils vont essayer de s’ajuster progressivement. Le problème de la
quantification de S se résout par comptage. Ainsi, s’il s’agit des vêtements, comptez-les et
donnez-leur un poids proportionnel à leur usure.
La deuxième relation fonctionnelle est une équation d’état 𝑆𝑖̇ = 𝑞𝑖 − 𝛿𝑖 𝑆𝑖 dans
laquelle 𝑆𝑖̇ = variation du stock du bien i. L’estimation du modèle issu de la combinaison des
équations d’état et de comportement pour 130 catégories de biens a permis aux auteurs de
constater que : 1°) 𝑝𝑚𝑐𝐶𝑇 < 𝑝𝑚𝑐𝐿𝑇 pour les biens non durables, et 2°) 𝑝𝑚𝑐𝐶𝑇 > 𝑝𝑚𝑐𝐿𝑇 pour
les biens durables. En considérant tous les biens comme non durables, c’est-à-dire sujets
à la formation d’habitudes, les auteurs ont abouti à la fonction de consommation 𝐶 = 𝛼 +
𝛽𝑆 + 𝛾𝑌. Mais, l’épargne (E) est fonction des biens durables : E = Y - C  E = - - S +
(1 - ) Y.

11.- Lois de Engel et structure de la consommation


Le consommateur choisit la structure de ses dépenses en fonction de son budget.
Cette relation, mise en évidence par Engel et ses disciples lors de l’élaboration des premières
théories de la consommation, a été, depuis 1945, largement confirmée par les études basées
sur des données macroéconomiques.
Il a ainsi été constaté que l’accroissement des revenus entraînant une diminution de
la part des dépenses de consommation consacrée à l’alimentation (nourriture) ; la part
correspondant à l’habillement et au logement ne semble pas varier systématiquement en
fonction des revenus ; par contre, la part prise par les autres dépenses (transports, soins
médicaux, loisirs et services divers) augmente sensiblement avec la hausse des rentrées
budgétaires.
Les lois de Engel concernent essentiellement les dépenses de nourriture :
1857 : « Plus le revenu est faible, plus grande est la proportion de la dépense totale qui doit
être consacrée à la nourriture ».
Version 1895 : « Plus pauvre est une famille, d’autant plus grande doit être la part de la
dépense totale consacrée à la nourriture ».
1882 : « En même temps que la proportion de la dépense-nourriture augmente, la
nourriture elle-même devient plus médiocre à mesure qu’on passe à des revenus plus
faibles, c’est-à-dire que la dépense pour la nourriture diminue « en valeur absolue ».
1895 : « Plus un individu, une famille, une nation est pauvre, d’autant plus élevé sera le
pourcentage de son revenu consacré à ses besoins physiques (1°.- logement, etc…),
et dans celui-ci la plus grande part sera consacrée aux dépenses de nourriture ».
Formulation de Halbwachs : « Plus le revenu est élevé, plus petite est la proportion de
dépenses consacrées à la nourriture, mais ces dépenses augmentent en même temps en
valeur absolue ».
57

Chapitre 7 : MULTIPLICATEUR ET ACCELERATEUR.


Section 1 : MULTIPLICATEUR STATIQUE.
1.- Notion liminaire.

Parmi les objectifs de l'analyse macroéconomique, il y a la détermination du niveau


auquel s'établit l'équilibre global, c'est-à-dire l'équilibre entre l'offre et la demande globales
ou l'égalité de l'épargne et de l'investissement. Pour une économie fermée sans services
publics, l'équation de l'équilibre macroéconomique s'écrit : 𝑌 = 𝐷 = 𝐶 + 𝐼 où Y = produit
ou revenu réel assimilé à l'offre globale, D = demande globale, C = consommation et
I = investissement.

Etant donné que la consommation peut s'écrire : 𝐶 = 𝑎 + 𝑐𝑌, l'équation d'équilibre


devient : 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 = 𝑎 + 𝑐𝑌 + 𝐼 (1). C'est la fonction de demande globale. De cette
équation, on peut tirer : 1°) 𝑌 − 𝑐𝑌 = 𝑎 + 𝐼 ; 2°) 𝑌(1 − 𝑐) = 𝑎 + 𝐼 ;
1
3°) 𝑌 = 1−𝑐 (𝑎 + 𝐼) (2). Cette dernière relation nous permet d'affirmer que le produit
réel Y est déterminé par : 1°) la propension marginale à consommer c ; 2°) la consommation
autonome a ; 3°) et l'investissement I qui est aussi considéré comme une grandeur
autonome, c'est-à-dire qui ne dépend pas du niveau du revenu Y.

Puisque 1 − 𝑐 = 𝑠 (propension marginale à consommer), le niveau d'équilibre du


produit national est aussi donné par 𝑌 = (𝑎 + 𝐼)⁄𝑠. Si nous prenons en compte d'autres
composantes autonomes de la demande globale, par exemple les dépenses
gouvernementales G et/ou les exportations X, elles joueraient le même rôle que celui de la
consommation autonome a et de l'investissement autonome I. Ceci s'applique aussi aux
fonctions de consommation non linéaires.

2.- Concept.
1 𝑎+𝐼
L'équation 𝑌 = 1−𝑐 (𝑎 + 𝐼) = représente une fonction linéaire dont la forme
𝑠
générale est 𝑦 = 𝑎𝑥, c'est-à-dire une fonction dans laquelle 1⁄(1 − 𝑐) est une constante
telle que 0 < 𝑐 < 1 et le terme (𝑎 + 𝐼) une variable indépendante. Cela signifie que toute
modification de a et/ou de I entraîne nécessairement une variation du revenu réel Y. Mais,
il n'est pas sûr que la variation de la variable autonome et celle du revenu seront d'égale
ampleur.

Pour nous en rendre compte, étudions l'équilibre production – consommation –


épargne en fonction du niveau d'investissement considéré comme une donnée. Admettons
que pour une quelconque raison indépendante du niveau du revenu Y, les entreprises
décident d'investir plus. Que se passera-t-il ? Il est certain que la variation de
l'investissement va entraîner une variation du revenu réel par suite d'une demande
supplémentaire des biens d'équipement.
1
Ceci nous permet d'écrire : 𝑌 + ∆𝑌 = (𝑎 + 𝐼 + ∆𝐼) (3).
1−𝑐
58

1
Puisque l'équilibre de départ était donné par 𝑌 = (𝑎 + 𝐼), nous pouvons dégager
1−𝑐
l'accroissement du revenu réel en soustrayant cette dernière équation de (3). Cela conduit
1 1
à : ∆𝑌 = 1−𝑐 ∆𝐼 𝑜𝑢 ∆𝑌 = 𝑠 ∆𝐼. Etant donné que c est inférieur à l'unité, le terme 1⁄(1 − 𝑐)
a une valeur supérieure à 1. Dès lors, la variation de Y que résulte d'une variation autonome
de l'investissement est plus importante que la variation de cet investissement. C'est pour
1
cette raison que le terme 1−𝑐 est appelé multiplicateur simple. On le représente
∆𝑌 1 1
généralement par la lettre k. Cela permet d'écrire : 𝑘 = = 1−𝑐 = 𝑠 .
∆𝐼

3.- Remarques.
1°.- Toute variation autonome d'une composante de la demande globale peut entraîner
une variation plus que proportionnelle du revenu. L'essentiel est que cette variation
ne soit pas provoquée par un changement du revenu lui-même (qu'elle ne soit pas
induite). C'est ainsi qu'on peut parler d'un multiplicateur de l'investissement, de la
consommation et du commerce extérieur. Tout dépend du phénomène que l'on veut
mettre en relief, et donc, de la nature du multiplicande. Toutefois, quel que soit le
phénomène étudié, la valeur du multiplicateur simple k reste la même. Celle-ci se
trouve automatiquement déterminée dès que la propension marginale à consommer c
est connue.
2°.- Plus la 𝑝𝑚𝑐 est élevée, plus petite est la valeur du dénominateur, et donc plus grande
est la valeur du multiplicateur k. A la limite, si la 𝑝𝑚𝑐 tend vers 1, le multiplicateur
tend vers l'infini, c'est-à-dire que la variation autonome d'un élément de la demande
finale (ex. ∆I) provoquerait une modification du revenu ∆Y telle qu'on ne pourra
atteindre aucune situation d'équilibre. A l'inverse, une 𝑝𝑚𝑐 égale à 0 donne un
multiplicateur k = 1 et conduit à ∆Y = ∆I.
3°.- Si on suppose que l'investissement global comprend une partie autonome 𝐼𝑎 et une
partie induite 𝐼𝑖 liée au revenu Y par une relation du type 𝐼𝑖 = 𝑏𝑌 où b = propension
marginale à investir, on arrive à 𝐼 = 𝐼𝑎 + 𝐼𝑖 = 𝐼𝑎 + 𝑏𝑌 qui conduit à une équation
d'équilibre du type 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 = 𝑎 + 𝑐𝑌 + 𝐼𝑎 + 𝑏𝑌. La variation de la seule fraction
autonome de l'investissement ∆𝐼𝑎 entraînera une modification du revenu ∆Y qui sera
1 ∆𝑌 1
donnée par ∆𝑌 = 1−𝑐−𝑏 ∆𝐼𝑎 . Le multiplicateur vaudra 𝑘 = ∆𝐼 = 1−𝑐−𝑏 ∙ L'expression
𝑎
1 1
est appelée multiplicateur composé par opposition au multiplicateur simple ∙
1−𝑐−𝑏 1−𝑐
4°.- On peut énoncer un principe général qui dit que " toute variation autonome de la
demande D entraîne une variation du revenu Y dont l'ampleur dépend de la valeur de
la propension marginale à dépenser d dans l'ensemble économique considéré ", de
∆𝑌 1
manière à avoir ∆𝐷 = 1−𝑑 ∙ Notez que la propension marginale à dépenser est la
somme des propensions marginales de tous les agents économiques à dépenser en
achats de biens de consommation ou en biens d'investissement.
5°.- Le concept de multiplicateur décrit un mécanisme qui repose sur des quantités évaluées
à prix constants (Y, C, I), c'est-à-dire que l'accroissement du produit national
correspond à une augmentation effective de la production de biens et services et non
à une augmentation nominale liée à la hausse des prix.
6°.- La valeur effective du multiplicateur peut varier avec les caractéristiques des groupes
de consommateurs engagés dans son mécanisme et avec la nature des produits
demandées, c'est-à-dire avec les branches d'activités considérées. C'est ainsi que pour
mieux décrire le mécanisme de multiplication, on utilise les tableaux d'input-output du
59

type Leontief. L'utilisation de ce type de tableaux a permis de substituer le


"multiplicateur matriciel" ou "multiplicateur multisectoriel" au multiplicateur global.
7°.- Tel qu'on l'a défini, le multiplicateur est un concept statique. Il n'explique pas le
processus par lequel l'économie arrive à un nouvel équilibre après modification d'un
élément autonome de la demande globale. Pour mieux cerner la réalité, il faut donc
procéder à une analyse dynamique du multiplicateur.

Section 2 : MULTIPLICATEUR DYNAMIQUE.


1.- Généralités.

Supposons que la 𝑝𝑚𝑐 reste constante de période en période et que cette propension
est la même pour tous les consommateurs. Supposons en outre qu'il y ait un accroissement
autonome de l'investissement, ∆I. Ces nouvelles dépenses entraîneront une variation égale
de revenu pour les agents économiques qui en bénéficient (les producteurs de biens
d'équipement, par exemple). Cet accroissement de revenu va, à son tour, entraîner un
accroissement de revenu des producteurs de biens de consommation qui vont bénéficier
des dépense des producteurs de biens d'équipement en biens de consommation. Mais cette
augmentation sera inférieure à l'accroissement de l'investissement si la 𝑝𝑚𝑐 est inférieure
à 1.

Ce deuxième accroissement engendrera une augmentation du revenu d'autres agents


qui vont bénéficier des dépenses du second groupe. Ce processus de génération de la
production et du revenu peut se poursuivre par réaction en chaîne, jusqu'à l'infini et par
ondes successives. Mais la 𝑝𝑚𝑐 étant inférieure à 1, chaque nouvel accroissement de
revenu sera plus petit que le précédent et au bout d'un certain nombre de périodes, les
accroissements deviendront insignifiants.

Toutefois, il n'est pas certain que les choses se passent si automatiquement. Il peut
exister des décalages dans le temps entre le moment de la perception du revenu et le
moment de sa dépense. Ce décalage est appelé "Décalage de Robertson". Il implique une
fonction de consommation de la forme 𝐶𝑡 = 𝑎 + 𝑐𝑌𝑡−1 . Il peut exister aussi un délai entre le
moment où s'exprime la demande et le moment où la production s'accroît pour s'y adapter.
Ce délai s'appelle "𝐷é𝑐𝑎𝑙𝑎𝑔𝑒 𝑑𝑒 𝐿𝑢𝑛𝑑𝑏𝑒𝑟𝑔". Il implique que la production Q ou le revenu Y
d'une période dépend de la demande de la période précédente : 𝑄𝑡 𝑜𝑢 𝑌𝑡 = 𝐷𝑡−1 .

2.- Multiplicateur et décalage de Robertson46.

Soit 𝑌0 = revenu national de la période de base. S'il se produit un accroissement


autonome de l'investissement pendant la période 1, le revenu de cette période 1 sera :
𝑌1 = 𝑌0 + ∆𝐼 où 𝑌1 = revenu de la période 1, 𝑌0 = revenu de la période de base, et
∆I = variation de I qui devient revenu des producteurs de biens d'équipement. Cette formule
peut s'écrire aussi 𝑌1 − 𝑌0 = ∆𝐼.

Compte tenu de la 𝑝𝑚𝑐, les dépenses supplémentaires que vont effectuer les
producteurs de biens d'investissement seront égales à 𝑐∆𝐼. Ce sera l'augmentation de

46
ROBERTSON, D., Banking Policy and the Price Level, London, 1926.
60

revenu des producteurs de biens de consommation. Au deuxième temps ou au bout de la


deuxième période, le revenu global sera donc de 𝑌2 = 𝑌1 + 𝑐∆𝐼 = 𝑌0 + ∆𝐼 + 𝑐∆𝐼.

Les bénéficiaires de cette deuxième augmentation de revenu 𝑐∆𝐼 effectueront aussi


des dépenses en biens de consommation. Compte tenu de la 𝑝𝑚𝑐 qui reste constante et
identique pour tous les agents économiques, ces dépenses seront égales à 𝑐(𝑐∆𝐼). Ce sera
l'accroissement de revenu du deuxième groupe de producteurs de biens de consommation.
Dès lors, le revenu global de la troisième période sera de :
𝑌3 = 𝑌2 + 𝑐(𝑐∆𝐼) = 𝑌0 + ∆𝐼 + 𝑐∆𝐼 + 𝑐 2 ∆𝐼. En généralisant, le revenu global de la période sera
de : 𝑌𝑡 = 𝑌0 + ∆𝐼 + 𝑐∆𝐼 + 𝑐 2 ∆𝐼 + ⋯ + 𝑐 𝑡−1 ∆𝐼. En multipliant les deux membres de cette
équation par la 𝑝𝑚𝑐, on obtient : 𝑐𝑌𝑡 = 𝑐𝑌0 + 𝑐∆𝐼 + 𝑐 2 ∆𝐼 + 𝑐 3 ∆𝐼 + ⋯ + 𝑐 𝑡 ∆𝐼. Si maintenant
nous soustrayons 𝑐𝑌𝑡 de 𝑌𝑡 , nous arrivons à : 𝑌𝑡 − 𝑐𝑌𝑡 = 𝑌0 − 𝑐𝑌0 + ∆𝐼 − 𝑐 𝑡 ∆𝐼. De cette
expression, on tire : 𝑌𝑡 − 𝑐𝑌𝑡 = (𝑌0 − 𝑐𝑌0 ) + (∆𝐼 − 𝑐 𝑡 ∆𝐼) ; 𝑌𝑡 (1 − 𝑐) − 𝑌0 (1 − 𝑐) = ∆𝐼(1 − 𝑐 𝑡 ) ;
1−𝑐 𝑡
(𝑌𝑡 − 𝑌0 )(1 − 𝑐) = ∆𝐼(1 − 𝑐 𝑡 ) ; 𝑌𝑡 − 𝑌0 = ∆𝐼.
1−𝑐

Etant donné que c est une fraction, si nous considérons un nombre infinitésimal de
périodes, le terme 𝑐 𝑡 devient très faible et s'annule à la limite. Dès lors, l'accroissement
total du revenu au cours de la série de périodes prises en compte sera donné par
1 1
𝑌𝑡 − 𝑌0 = 1−𝑐 ∆𝐼. Nous retrouvons donc le multiplicateur simple 𝑘 = 1−𝑐 ; mais, il a fallu une
longue série de périodes pour que l'accroissement de I épuise tous ses effets.

Remarque.- La similitude des résultats est due au fait qu'on suppose que l'augmentation
de l'investissement est définitive, en ce sens que l'investissement global se maintient
constamment au même niveau pendant toute la durée du processus. Mais, si
l'investissement global revient à son niveau primitif, l'accroissement de l'investissement ne
durant qu'une période, le revenu des périodes successives sera chaque fois de : 𝑌1 = 𝑌0 +
∆𝐼 ;
𝑌2 = 𝑌1 + 𝑐∆𝐼 − ∆𝐼 = 𝑌0 + ∆𝐼 + 𝑐∆𝐼 − ∆𝐼 = 𝑌0 + 𝑐∆𝐼 ; puisqu'il y a réduction de la demande
globale à ∆𝐼 étant donné le retour de l'investissement au niveau initial.
𝑌3 = 𝑌2 + 𝑐 2 ∆𝐼 − 𝑐∆𝐼 = 𝑌0 + ∆𝐼 + 𝑐∆𝐼 + 𝑐 2 ∆𝐼 − 𝑐∆𝐼 = 𝑌0 + 𝑐 2 ∆𝐼. En généralisant, on arrive à
𝑌𝑡 = 𝑌0 + 𝑐 𝑡−1 ∆𝐼 ; d'où 𝑌𝑡 − 𝑌0 = 𝑐 𝑡−1 ∆𝐼. Lorsque t devient très grand, le terme 𝑐 𝑡−1
s'annule et on a : 𝑌𝑡 − 𝑌0 = 0.

Cela signifie que les effets positifs de l'accroissement d'investissement de la première


période sont compensés par les effets négatifs de la réduction d'investissement de la
deuxième période et la résultante est nulle. En somme, on a une action conjuguée de deux
multiplicateurs : un multiplicateur positif et un multiplicateur négatif. L'effet positif
commence au cours de la première période et décroît dans les périodes qui suivent. L'effet
négatif commence au cours de la deuxième période et décroît progressivement au même
rythme. Mais, étant donné que l'effet négatif est toujours en retard d'une période, sa
puissance est chaque fois plus grande que l'effet positif qui le précède. Au bout du compte,
la somme des effets négatifs nets enregistrés à partir de la seconde période compense l'effet
positif de la première période qu'on avait enregistré seul.
61

3.- Multiplicateur et décalage de 𝐿𝑢𝑛𝑑𝑏𝑒𝑟𝑔47

Dans l'hypothèse du décalage de Robertson, on suppose que la production s'adapte


sans délai aux variations de la demande globale. Mais en réalité, l'augmentation de la
production exige un certain délai (embauche de nouveaux travailleurs, commande de
matières premières, …). De même, la réduction de la demande ne s'accompagne pas d'une
réduction immédiate de la production, surtout lorsque les entrepreneurs croient que cette
réduction n'est que temporaire. Ils constituent généralement des stocks pour amortir une
reprise ultérieure de la demande.
On peut donc légitimement admettre que la production s'adapte à la demande avec
un certain retard, avec un décalage d'une période. On peut, dès lors, écrire 𝑄𝑡 = 𝐷𝑡−1 où
𝑄𝑡 = production de la période t et 𝐷𝑡−1 = demande de la période t-1. Etant donné ce
décalage, il peut y arriver que la demande et la production d'une même période ne soient
pas égales :
1°.- Si la demande est supérieure à l'offre (la production), on aura un excès de demande
valant 𝐷𝑡 − 𝑄𝑡 = 𝐷𝑡 − 𝐷𝑡−1 . Pour y faire face, les entreprises vont puiser dans leurs
stocks de produits finis qui finiront par tomber à un niveau anormalement bas.
2°.- S'il y a excès d'offre (production) sur la demande, on aura une accumulation anormale
des stocks qui va pousser les entreprises à ramener leurs stocks à un niveau normal
au cours de la période suivante.

Notons que la reconstitution des stocks est assimilable à un investissement et la


liquidation des stocks supplémentaires à un désinvestissement. Dans ces conditions, on
peut donc affirmer que l'investissement global d'une période t sera égal à
𝐼𝑡 = 𝐼𝑎 + ∆𝑆𝑡𝑜𝑐𝑘𝑠 = 𝐼𝑎 + (𝐷𝑡−1 − 𝐷𝑡−2 ) où 𝐼𝑡 = investissement total de la période t, 𝐼𝑎 =
investissement autonome, et 𝐷𝑡−1 − 𝐷𝑡−2 = excès de la demande de la période précédente,
lui-même égal à l'accroissement des stocks.

Admettons que :
1°.- la demande de biens de consommation dépend du revenu courant : 𝐶𝑡 = 𝑐𝑌𝑡 ;
2°.- le revenu d'une période s'identifie à la valeur de la production de cette période, c'est-
à-dire pas de décalage entre la production et la distribution des revenus aux travailleurs
: 𝑄𝑡 = 𝑌𝑡 .

Comme 𝑄𝑡 = 𝐷𝑡−1 𝑒𝑡 𝐶𝑡 = 𝑐𝑌𝑡 , on arrive à 𝑌𝑡 = 𝐷𝑡−1 et 𝐶𝑡 = 𝑐𝐷𝑡−1 . Après ces


simplifications, la demande globale de la période t (somme de la consommation et de
l'investissement total de cette période) devient : 𝐷𝑡 = 𝑐𝐷𝑡−1 + 𝐼𝑎 + 𝐷𝑡−1 − 𝐷𝑡−2 . Si 𝐼𝑎 = 𝐼𝑡 ,
on a : 𝐷𝑡 = 𝐷𝑡−1 (1 − 𝑐) − 𝐷𝑡−2 + 𝐼𝑡 et 𝐷𝑡 − 𝐷𝑡−1 (1 − 𝑐) + 𝐷𝑡−2 = 𝐼𝑡

N.B.- Il est évident que le décalage de Robertson et le décalage de Lundberg ne sont


pas mutuellement exclusifs. On peut les reprendre dans un modèle qui aurait pour
hypothèses de base : 𝐶𝑡 = 𝑎 + 𝑐𝑌𝑡−1 (Robertson) et 𝑄𝑡 𝑜𝑢 𝑌𝑡 = 𝐷𝑡−1 (Lundberg).

47
LUNDBERG, E., Studies in the Theory of Economic Expansion, 1937.
62

Section 3 : ACCELERATEUR ET SUPER-MULTIPLICATEUR.


1.- Principe d'accélération.
Dans le paragraphe précédent, nous faisions dépendre l'investissement induit du
niveau du revenu en cours. Nous allons à présent adopter d'autres hypothèses :
 les entreprises s'adaptent avec un certain retard à l'évolution de la situation
économique générale;
 dès lors, on fera dépendre l'investissement induit de la période t du niveau de revenu
de la période antérieure t-1.
Ceci nous permet d'écrire la fonction d'investissement de la période t sous la forme :
𝐼𝑡 = 𝐼𝑎 + 𝑠𝑌𝑡−1 où 𝐼𝑡 = investissement de la période t, 𝐼𝑎 = investissement autonome,
𝑠𝑌𝑡−1 = investissement induit de la période t, 𝑠 = propension marginale à épargner, 𝑌𝑡−1 =
revenu de la période t-1.
On peut adopter une autre hypothèse : faire dépendre l'investissement induit de la
variation du revenu entre les périodes t et t-1, c'est-à-dire entre deux périodes successives.
Dans ce cas, la fonction d'investissement devient : 𝐼𝑡 = 𝐼𝑎 + 𝑠(𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 ) où 𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 =
variation du revenu entre les périodes t et t-1.
Nous savons aussi qu'une production accrue exige un équipement plus important
alors qu'une production constante peut être obtenue à partir des installations existantes.
Ceci veut dire que ce sont les modifications de la demande qui induisent l'investissement
supplémentaire et non pas le niveau de cette demande. Cela permet de définir une relation
qui vise à rendre compte de l'investissement net induit qui seul, représente une
augmentation du stock de capital.
Pour analyser l'investissement net induit, on part d'une hypothèse : il existe une
relation simple entre le stock de capital de la nation (K) et le niveau du produit ou du revenu
global (Y). En clair, on suppose que le stick de capital est un multiple constant du produit
ou du revenu ; ce qui permet d'écrire la relation 𝐾 = 𝜐𝑌 qui rappelle la fonction de
production à coefficients fixes. La constante 𝜐 est appelée coefficient d'accélération parce
que toute variation (anticipée ou constatée) du produit global pousse les chefs d'entreprises
à modifier leur stock de capital, c'est-à-dire à prendre des décisions d'investissement de
𝐾
manière à garder le coefficient de capital ( 𝑌 = 𝜐) constant.
Si nous admettons cette hypothèse qui veut que les chefs d'entreprises cherchent à
respecter la constance du coefficient du capital au cours de chaque période, nous pouvons
écrire : 𝐾𝑡−1 = 𝜐𝑌𝑡−1 𝑜𝑢 𝐾𝑡 = 𝜐𝑌𝑡 s'il s'agit d'un stock de capital et d'un niveau de production
anticipés. Dès lors, au cours d'une période t, les chefs d'entreprises vont effectuer un
investissement net qui va permettre d'amener le stock de capital au niveau désiré, c'est-à-
dire 𝐼𝑡 = 𝐾𝑡 − 𝐾𝑡−1 où 𝐼𝑡 = investissement net induit, représente l'accroissement du stock
de capital entre la période t-1 et la période t. Et puisque 𝐾𝑡 = 𝜐𝑌𝑡 et 𝐾𝑡−1 = 𝜐𝑌𝑡−1 , on peut
écrire 𝐼𝑡 = 𝜐(𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 ).
On peut admettre aussi que les chefs d'entreprises effectuent leurs prévisions
relatives au volume du produit en supposant que l'écart entre ce produit et celui de la
période précédente (𝑌𝑡−1 ) sera égal à l'écart entre le produit de cette même période (t-1)
et celui de la période antérieure (t-2). Cela signifie qu'on aura : 𝑌𝑡 − 𝑌𝑡−1 = 𝑌𝑡−1 − 𝑌𝑡−2 . Ce
qui, en définitive, nous donne une fonction d'investissement induit avec décalage de
périodes, soit : 𝐼𝑡 = 𝜐(𝑌𝑡−1 − 𝑌𝑡−2 ).
63

2.- Super-multiplicateur.
Le principe d'accélération n'explique pas les modifications de l'investissement net
induites par les variations du revenu. Il ne tient pas compte de l'investissement autonome
net ni de l'investissement de remplacement. Mais, puisque les changements du produit
global sont déterminés par l'investissement brut total, on peut encore approfondir l'analyse
en prenant en compte l'investissement brut total et écrire : 𝐼𝑏 = 𝐼𝑛 + 𝐼𝑟 où 𝐼𝑏 =
investissement brut total, 𝐼𝑛 = investissement net, et 𝐼𝑟 = investissement de remplacement.
Et si on admet que l'investissement de remplacement est lié au stock de capital par
une relation proportionnelle, on peut écrire : 𝐼𝑟 = 𝑟𝐾 où 𝑟 = constante comprise entre 0 et
1. Et puisque le stock de capital (𝐾) est lui-même lié au produit global par la relation 𝐾 =
𝜐𝑌, on arrive à 𝐼𝑟 = 𝑟𝜐𝑌. Dans ces conditions, l'équation de l'équilibre macroéconomique
devient : 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 = 𝐶 + 𝐼𝑛 + 𝐼𝑟 . En posant 𝐶 = 𝑎 + 𝑐𝑌, on aboutit à 𝑌 = 𝑎 + 𝑐𝑌 + 𝐼𝑛 +
1
r𝜐𝑌 et 𝑌= (𝑎 + 𝐼𝑛 ).
1−𝑐−𝑟𝜐
Dès lors, toute variation de l'investissement net engendre une variation du produit
1 1
telle que 𝑌 = 1−𝑐−𝑟𝜐 𝐼𝑛 . Le terme 1−𝑐−𝑟𝜐 porte le nom de super-multiplicateur parce que le
fait de retrancher la constante 𝑟𝜐 au dénominateur a pour effet d'accroître le quotient et
par ricochet, le résultat de la multiplication.

Section 4 : MULTIPLICATEUR, MENAGES, EMPLOI ET ETAT.


1.- Généralités.
Tel que nous l'avons étudié, le multiplicateur appelle quelques remarques :
1°.- L'investissement se fait indépendamment de l'action des ménages ;
2°.- Le niveau d'activité ne peut dépasser un certain plafond parce que à force d'augmenter
la production, on crée une épargne qui dépasse les besoins d'investissement et une
demande de biens de consommation inférieure à l'offre ;
3°.- L'investissement est le goulot d'étranglement du système économique. En effet, on ne
peut augmenter la production au-delà d'un certain seuil parce que l'épargne engendrée
n'a pas de débouché.
De ce qui précède, on peut donc conclure que si l'investissement est le seul goulot
d'étranglement, étant donné des besoins d'investissement déterminés, plus la propension à
épargner est faible, plus la production pourra se développer. Il peut toutefois exister le
goulot d'étranglement de la main-d'œuvre qui peut imposer un plafond à la production.
C'est ce qui peut arriver en situation de plein-emploi.
Dès lors, on peut dire qu'il peut y avoir antagonisme entre le niveau de production
maximum que permet la demande d'investissement et le niveau de production maximum tel
que le permet le plein-emploi. Ceci montre qu'il faut être très prudent ans l'utilisation du
multiplicateur. En effet, en situation de plein-emploi, il n'y a pas de multiplicateur qui joue
étant donné que la production ne peut plus progresser. A parler rigoureusement, il n'y a
pas multiplication de la production en volume mais il y a multiplication en valeur. Cela
revient à dire que la production stagne en volume mais augmente en valeur, et le
multiplicateur dégénère en inflation. Au bout du compte, on peut dire que la notion de
multiplicateur n'est valable qu'en situation de chômage ou en cas de difficultés
conjoncturelles de plein-emploi.
Ce qui vient d'être dit a des conséquences très importantes en politique économique.
En effet, en cas de crise ou de dépression où l'on remarque une faiblesse des
investissements privés, il y a lieu d'inciter les ménages à consommer plus et à épargner
moins. Aussi paradoxal que cela paraisse, il faut encourager la consommation car une
64

épargne disponible importante n'aide pas les entreprises à investir puisqu'elle ne sert qu'à
accentuer la dépression en diminuant la demande de biens de consommation.

2.- Multiplicateur et politique budgétaire.

Partons du modèle keynésien 𝑌 = 𝐶 + 𝐼 = 𝐶 + 𝑆. Mais, au lieu de nous arrêter à la


consommation et l'épargne des ménages et à l'investissement des entreprises, introduisons
l'Etat dans le modèle en considérant que celui-ci intervient : 1°) en prélevant des impôts T
et 2°) en dépensant une somme G en achats de biens de consommation et en
investissements collectifs. Notons qu'il peut exister une impasse (déficit budgétaire).
Désignons l'éventuelle impasse par 𝑟 = 𝐺 − 𝑇. Puisque l'Etat prélève une masse d'impôts
T, le revenu disponible des ménages sera donné par 𝑌𝑑 = 𝑌 − 𝑇. Dès lors, la fonction de
𝑑𝐶
consommation sera définie par 𝐶 = 𝑐(𝑌 − 𝑇) avec 𝑐 = 𝑑(𝑌−𝑇) ∙ L'équilibre macroéconomique
sera donné par la relation 𝑌 = 𝐶 + 𝐺 + 𝐼. Mais, puisque I est indépendant de Y, on peut
écrire 𝐼 = 𝐼0 et 𝑌 = 𝑐(𝑌 − 𝑇) + 𝐺 + 𝐼0 (1)
A partir de cette relation, faisons varier la politique fiscale.

A.- Augmentation des dépenses publiques sans les impôts.


Si l'impasse est donnée par 𝑟 = 𝐺 − 𝑇, on aura ∆𝐺 = 𝑟 puisque Δ𝑇 = 0. Dès lors, on
𝑟 𝑐𝑟
tire de (1) : Δ𝑌 = 𝑐Δ𝑌 + Δ𝐺. Ce qui conduit à : Δ𝑌1 = 1−𝑐 et ∆𝐶1 = 1−𝑐. On constate donc
que l'accroissement des dépenses publiques sans variation des impôts a un effet identique
à celui d'un accroissement de l'investissement. Il y a un effet multiplicateur qui vaut l'inverse
de la propension marginale à épargner.

B.- Diminution des impôts sans réduction des dépenses publiques.


Puisque le variation des dépenses publiques est nulle, on aura : Δ𝑇 = −𝑟. De la
𝑐𝑟 𝑐𝑟
relation (1), on tire : Δ𝑌 = 𝑐(Δ𝑌 − Δ𝑇). Ce qui conduit à : Δ𝑌2 = 1−𝑐 et Δ𝐶2 = 1−𝑐 ∙ Il y a
encore effet multiplicateur mais d'importance moindre que dans le cas précédent. Donc,
"la création d'une impasse supplémentaire entraîne un accroissement de la production plus
grand lorsqu'elle résulte d'un accroissement des dépenses que lorsqu'elle provient d'une
diminution des impôts". Dès lors, en cas de dépression, il vaut mieux augmenter les
dépenses publiques que diminuer les impôts.

C.- Accroissement des dépenses publiques à pression fiscale constante.


Le niveau de l'impôt dépend généralement du niveau du revenu et de l'activité
économique. On peut donc écrire 𝑇 = 𝑡𝑌 où t = constante positive. Créons une impasse
par le seul accroissement des dépenses. On arrive aux relations suivantes : Δ𝑇 = 𝑡Δ𝑌,
Δ𝐺 − Δ𝑇 = 𝑟, Δ𝑌 = Δ𝐶 + Δ𝐺 et Δ𝐶 = 𝑐(Δ𝑌 − Δ𝑇).
𝑟 𝑐𝑟
En résolvant le système, on arrive à : Δ𝑌3 = ; Δ𝐶3 = ;
(1−𝑐)(1−𝑡) 1−𝑐
𝑡 𝑡𝑟
Δ𝐺3 = 𝑟 [1 + (1−𝑐)(1−𝑡)] 𝑒𝑡 Δ𝑇3 = (1−𝑐)(1−𝑡) ∙ L'effet sur la consommation reste le
même que dans les deux premiers cas ; mais l'effet multiplicateur sur le niveau d'activité
dépasse celui des cas précédents.
En conclusion, on peut dire qu'en période de dépression, la création d'un déficit
budgétaire est un moyen puissant de relancer l'activité économique, surtout lorsque ce
déficit est créé en augmentant les dépenses gouvernementales plutôt qu'en diminuant
65

l'ensemble des impôts. La reprise entraînera une augmentation des rentrées fiscales qui
vont, en partie, combler l'impasse ainsi créée.

3.- Multiplicateur et politique de plein-emploi.


On sait que les salaires ne baissent pas ou très peu lorsqu'il y a tendance au chômage.
On préfère supprimer les heures supplémentaires et diminuer les horaires plutôt que de
débaucher la main-d'œuvre. On peut donc affirmer qu'il n'existe pas un niveau de plein-
emploi variable avec le salaire proposé aux travailleurs, mais bien "un niveau unique de
salaire en vigueur et un niveau unique de plein-emploi".
Dès lors, si 𝑁𝐸 désigne le niveau de plein-emploi et 𝑌𝐸 le revenu d'équilibre, il n'y aura
plein-emploi que si la production s'établit à 𝑌𝐸 = 𝑌(𝑁𝐸 ). Or, sur le marché des biens et
services, la production s'équilibre au niveau 𝑌0 = 𝐶(𝑌0 ) + 𝐼 avec I donné.
De ce qui précède, nous déduisons que si : 1°) 𝑌𝑂 < 𝑌𝐸 , il y a sous-emploi ;
2°)𝑌𝑂 = 𝑌𝐸 , il y a plein-emploi ; 3°) 𝑌𝑂 > 𝑌𝐸 , il y a suremploi. Quand on pense à l'effet
multiplicateur, on se rend compte que le premier problème de la vie économique est
précisément de faire coïncider le niveau 𝑌𝑂 d'équilibre des biens et services avec le niveau
𝑌𝐸 de plein-emploi, étant donné que ces deux niveaux tendent toujours à ne pas coïncider.
Ce problème dépasse même le cadre économique et débouche sur celui de la justice et de
l'équilibre social et politique. En effet, le fait de tolérer un écart signifie qu'on tolère qu'une
partie de la population ait un revenu normal provenant d'un travail régulier et qu'une autre
partie vive dans la misère parce que sans travail et donc sans revenu pouvant lui assurer
un minimum vital.
Pour lutter contre pareille situation, l'Etat peut : 1°) verser une allocation aux
chômeurs, 2°) créer des emplois factices pour eux (creuser des trous et les boucher), 3°)
créer des emplois d'une certaine utilité collective (grands travaux), 4°) etc.
Le problème est donc de distribuer de l'argent à l'économie (directement aux
chômeurs ou par un autre moyen) dans la mesure où cet argent servira à des dépenses qui
vont induire une hausse de l'activité économique. Remarquons d'ailleurs que les impôts
proportionnels au niveau d'activité constituent un élément stabilisateur de l'économie. En
effet, toute dépression s'accompagne d'une baisse des recettes fiscales. Et si l'Etat crée
une impasse par distribution des allocations de chômage, l'économie tendra à revenir au
niveau d'équilibre, au niveau de plein-emploi. Tout dépend de la puissance de l'effet
multiplicateur. Toutefois, il y a des limites aux impasses budgétaires. De plus, le versement
de l'allocation de chômage n'accroît pas le potentiel futur de production alors que
l'encouragement à la création de nouvelles unités productives a des effets bénéfiques parce
qu'il accroît le potentiel national pour l'avenir.
66

3ème partie : EQUILIBRE DE COURTE PERIODE :


MODELES KEYNESIENS SIMPLIFIES

Chapitre 8 : DETERMINATION DU NIVEAU


D'EQUILIBRE MACROECONOMIQUE
Section 1 : GENERALITES.
1.- C'est un problème de courte période. L'analyse repose sur une hypothèse
fondamentale : la période considérée est si courte que, même si les chefs d'entreprises
décident d'investir, le stock de capital n'aura pas le temps de se modifier sensiblement. On
considère donc que le stock de capital (K) est constant et les principales variables qui
interviennent sont : 1°) le revenu et l'emploi ou 2°) l'épargne et l'investissement.

2.- L'approche est statique. 1°) On s'intéresse à la réalisation de l'équilibre à un moment


ou à une période donnée. 2°) On n'établit pas de lien entre ce moment ou cette période
et les périodes antérieures ou postérieures. 3°) On ne se pose pas la question de savoir si
l'équilibre atteint à un moment donné se maintiendra indéfiniment. 4°) On ne s'intéresse
pas au problème posé par l'accumulation du capital. 5°) On n'analyse pas les tendances à
l'équilibre ou au déséquilibre en longue période.

3.- L'équilibre macroéconomique se définit généralement par l'égalité de l'offre et de la


demande globales (𝑌 = 𝐷) ou par l'égalité de l'investissement et de l'épargne (𝐼 = 𝑆). Mais,
c'est là une définition qui se limite au marché des biens et services. Or, l'égalité de l'offre
et de la demande de biens de consommation et d'investissement implique une égalité de
l'offre et de la demande de monnaie (intermédiaire des échanges de biens et services). De
plus, la production des biens et services offerts et demandés implique l'utilisation par les
entreprises de facteurs de production qui se négocient également sur des marchés. Au plan
macroéconomique et en courte période, la demande des entrepreneurs ne porte que sur un
seul facteur de production, le travail ; car, par hypothèse, le stock de capital reste constant.

4.- De ce qui précède, on peut déduire que l'équilibre macroéconomique est véritablement
général lorsqu'on réalise un triple équilibre : 1°) l'équilibre de l'offre et de la demande du
travail ; 2°) l'équilibre de l'offre et de la demande de monnaie ; et 3°) l'égalité de l'épargne
et de l'investissement "ex ante".

Section 2 : MODELE CLASSIQUE DE L'EQUILIBRE


MACROECONMIQUE.
A.- La demande de travail (𝐿𝑑 ) est une fonction décroissante du taux de salaire réel (𝜔⁄𝑝),
c'est-à-dire que les entreprises n'embaucheront davantage de travailleurs que si le taux de
𝜔
salaire réel diminue. La fonction de demande de travail peut s'écrire : 𝐿𝑑 = 𝐷 ( 𝑝 ) où ω =
taux de salaire nominal et p = niveau général des prix.

B.- L'offre de travail (𝐿𝑂 ) est une fonction croissante du taux de salaire réel (𝜔⁄𝑝). On
suppose donc que les travailleurs ne sont pas sujets à "l'illusion monétaire". Ils ne
67

confondent pas la valeur nominale de la monnaie avec sa valeur réelle et exigent un salaire
𝜔
réel, c'est-à-dire un pouvoir d'achat. La fonction d'offre de travail peut s'écrire : 𝐿𝑂 = 𝑂 ( 𝑝 ).
𝜔 𝜔
C.- L'équilibre du marché du travail est réalisé lorsque 𝐿𝑑 = 𝐿𝑂 ou 𝐷 ( 𝑝 ) = 𝑂 ( 𝑝 ).
On peut le représenter graphiquement (figure 13)
𝜔
𝑝

𝐿𝑂

𝜔 E
(𝑝)
𝐸

𝐿𝑑

0 𝐿𝐸 𝐿𝑂 𝑒𝑡 𝐿𝑑
Figure 13.

Le point d'intersection (E) des courbes d'offre (𝐿𝑂 ) et de demande (𝐿𝑑 ) permet de
déterminer le volume de l'emploi (𝐿𝐸 ) pour lequel 𝐿𝑂 = 𝐿𝑑 et le taux de salaire réel
𝜔
d'équilibre ( 𝑝 ) .
𝐸

D.- En courte période, le stock de capital et l'état de la technique sont considérés comme
constants. Le volume du produit ou revenu réel n'est donc déterminé que par le niveau de
l'emploi : 𝑌 = 𝑌(𝐿). Autrement dit, la détermination du niveau d'équilibre de l'emploi (𝐿𝐸 )
sur le marché du travail permet de fixer automatiquement le niveau du produit ou revenu
réel (Y) de toute l'économie.

2.- Equilibre sur le marché des biens et services.

Si l'on connaît le volume du revenu Y, l'équation d'équilibre sur le marché des biens
et services sera : 𝑌 = 𝐷 = 𝐶 + 𝐼 ou 𝐼 = 𝑌 − 𝐶 = 𝑆 ou encore 𝐼 = 𝑆.

Or, l'investissement, comme toute demande, est une fonction décroissante du prix.
De même, l'épargne, comme toute offre, est une fonction croissante du prix. Le prix est
représenté ici par le taux d'intérêt. On peut donc écrire : 𝐼(𝑖) = 𝑆(𝑖).

3.- Equilibre sur le marché monétaire.

L'équilibre peut être défini à partir de l'équation quantitative de Cambridge (Irving


1
Fisher) : 𝑀 = 𝑘. 𝑝𝑌 où M = offre de monnaie, 𝑘 = 𝑉 = l'inverse de la vitesse de circulation
de la monnaie ou nombre de transactions effectuées par chaque unité de monnaie au cours
d'une période, 𝑝 = niveau général des prix, et Y = revenu global réel.
68

Etant donné que la vitesse de circulation de la monnaie V était considérée comme


1
constante par les classiques, on peut dire que 𝑘 = 𝑉 est aussi une constante.

Section 3 : MODELE KEYNESIEN D'EQUILIBRE


MACROECONOMIQUE.
Marchés Modèle classique Modèle keynésien
Produits 𝐼(𝑖) = 𝑆(𝑖) 𝐼(𝑖) = 𝑆(𝑌)
Monnaie 𝑀 = 𝑘. 𝑝𝑌 𝑀 = 𝑘. 𝑝𝑌 + 𝑝𝑙𝑓(𝑖)48

𝜔 𝜔 𝜔
Travail 𝐷( ) = 𝑂( ) 𝐷 ( ) = 𝑂(𝜔)
𝑝 𝑝 𝑝
𝑎𝑣𝑒𝑐 min 𝜔 = 𝜔0 .

Chez Keynes,
1°) l'épargne dépend du revenu : 𝑆 = 𝑆(𝑌),
2°) la demande de monnaie (M) comprend la demande de transaction (𝑘. 𝑝𝑌) et la demande
spéculative qui est fonction du taux d'intérêt (𝑝𝑙𝑓(𝑖)),
3°) l'offre de travail (𝐿𝑂 ) subit l'illusion monétaire.

Keynes a eu le grand mérite d'expliquer que l'on peut obtenir un équilibre économique
sans plein-emploi de la main-d'œuvre.

48
𝑝𝑙𝑓 = plan de financement (encaisse de spéculation).
69

Chapitre 9 : DESEQUILIBRE DE COURTE PERIODE :


INFLATION
Section 1 : DEFINITION.
Dans notre entendement, l’inflation constitue un phénomène49 de déséquilibre
macroéconomique dû, soit à une hausse de coûts de production, soit à l’existence d’une
demande excédentaire des biens et services, et qui se manifeste par une hausse généralisée
des prix.

Section 2 : SORTES.
On peut classifier les types d’inflation selon les causes ou selon les effets.

1.- Selon l’origine

Selon l’origine, on distingue l’inflation par les coûts (push) et l’inflation par la demande
(pull).

A.- Inflation par les coûts.

Parmi les facteurs de hausse de coûts au niveau d’une entreprise, on peut citer : les
salaires et traitements, la marge bénéficiaire (profit fixé en pourcentage du prix de revient),
les prix d’achats des matières premières et les impôts indirects.

On parle d’inflation importée lorsque la hausse des coûts de production provient de


l’augmentation des prix des intrants industriels achetés à l’étranger.

B.- Inflation par la demande.

L’explication de l’inflation par la demande remonte à Keynes. On se trouve dans une


situation où l’économie essaie d’obtenir plus qu’elle ne consent à produire. Les prix ne sont
pas poussés par les coûts, mais aspirés vers le haut par la demande.

Partons de la balance matérielle de toute économie ouverte définissant l’équilibre


macroéconomique entre l’offre globale et la demande globale : 𝑃𝐼𝐵 + 𝑀 = 𝐶 + 𝐺 + 𝐼 + 𝑋,
expression dans laquelle PIB désigne le produit intérieur brut, M les importations, C la
consommation privée, G la consommation publique, I l’investissement brut correspondant à
la formation brute de capital fixe50 et X les exportations des biens et services51.

49
Fait scientifique, observable.
50
Y compris la variation des stocks.
51
Y compris les transferts unilatéraux nets.
70

Les quatre composantes de la demande globale constituent des causes d’inflation par
la demande :
1°) Une consommation privée (C) trop élevée rend l’épargne (S) insuffisante face
aux besoins d’investissement (I) ; ce qui, en période de plein-emploi, génère
l’inflation ;
2°) Des décisions d’investir (I) trop importantes, suite par exemple à des nouvelles
découvertes, aboutissent au même résultat ;
3°) Idem pour une consommation publique (G) supplémentaire, par exemple, en
temps de guerre ;
4°) Lorsque l’étranger sollicite trop de l’économie nationale, la demande
d’exportation (X) produit un effet similaire.

C.- Combinaison des coûts et de la demande.

Les phénomènes du « push » et du « pull » se manifestent, en général,


alternativement et se renforcent. C’est ce qu’on appelle la « spirale inflationniste ». Dans
le cas de la RDC des années 1990, le pull se manifestait par la consommation publique
(dépenses ordinaires) ; ce qui provoquait une hausse de prix et parallèlement un relèvement
des salaires qui générait le push.

2.- Selon les effets.

Selon les effets, les différents qualificatifs associés au concept « inflation » dépendent
du rythme (taux de croissance) et de la durée de la hausse de l’indice général des prix
(indice du coût de la vie).

On distingue principalement l’inflation rampante ou stagflation et l’inflation galopante


ou hyperinflation auxquelles s’ajoute la régflation propre au cas de la RDC des années 1990.

A.- Stagflation.

Selon le Petit Larousse, le concept « stagflation » provient d’une fusion des mots
« stagnation » et « inflation » et désigne la situation économique d’un pays qui souffre
d’inflation sans connaître un développement économique notable.*

B.- Hyperinflation.

Par contre, l’hyperinflation est considérée comme une inflation ouverte ou déclarée
(c’est-à-dire qui provoque des anticipations d’achats) ayant atteint son degré le plus élevé,
estimé en général à plus de 200 % pendant un minimum d’un an.

Certains auteurs vont jusqu’à établir une distinction entre l’inflation chronique et
l’inflation aiguë52. Selon ces auteurs, l’inflation chronique varie de 25 à 50 % par an pendant
un minimum de trois ans ; tandis que l’inflation aiguë est celle qui atteint un minimum de
50 % par an pendant une période de plus ou moins trois années consécutives.

52
Malcom GILLIS, H. Dwish PERKINS, Michael ROEINER et R. Donald SNODGRASS, Economie de
développement, Editions Universitaires, Bruxelles, 1990, pp. 406.
71

C.- Régflation.

Dans le cas de la RDC des années 1990, aucune des épithètes susmentionnées n’est
de trop pour caractériser le processus inflationniste.

Dans la mesure où le pays a connu, au cours des années 1990, une inflation
accompagnée d’une régression économique, le professeur LUKAU de l’ISS-KIN avait enrichi
la base conceptuelle universelle sur l’inflation avec le vocable « régflation »53.

Le concept « régflation » constitue donc un néologisme inventé par nous le 24 mai


1994 au cours d’une conférence tenue à l’Université Libre de Kinshasa. Ce terme, issu de
la fusion des mots « régression » et « inflation » désigne la situation d’un pays qui connaît
une inflation accompagnée d’une régression économique.

Ce concept a été créé par analogie avec son homologue « stagflation » issu, comme
signalé plus haut, de la fusion des mots « stagnation » et « inflation ». Nous avons été
inspiré par la situation concrète de l’économie congolaise qui avait connu, au cours des
années 1990, une régression continue du produit intérieur brut à prix constants
accompagnée d’une hyperinflation chronique.

N.B.- Les étudiants intéressés par le diagnostic statistique de la régflation peuvent se référer
à l’article du professeur cité dans la note infrapaginale.

53
LUKAU Nkodi, « Régflation et gestion des entreprises », Revue de la FASE, UPC-CRIP, 6ème année, n° 6,
2004, pp. 101-139.
72

Chapitre 10 : QUESTIONS-REPONSES ET THEMES


DES TRAVAUX PRATIQUES
Ce chapitre comporte cinq sections intitulées comme suit : 1°) Politique monétaire et
budgétaire, 2°) Chômage et inflation, 3°) PRAGMAZ et régflation, 4°) Questions des
examens antérieurs, et 5°) Thèmes des travaux pratiques.

Section 1 : POLITIQUES MONETAIRE ET BUDGETAIRE54


1. Quels sont les objectifs de ce qu’on appelle encore parfois la “politique de stabilisation’’ ?
Rép. Cette politique est destinée à corriger les déséquilibres macroéconomiques qui sont
généralement d’origine conjoncturelle. Ces déséquilibres peuvent se manifester sur les
marchés nationaux (récession, chômage, inflation) comme sur les marchés internationaux
(variation non désirée du taux de change ou des réserves selon le régime de change en
vigueur).
2. Quels sont les principaux leviers sur lesquels cette politique peut s’appuyer ? Rép. La
politique de stabilisation est composée des mesures budgétaires (dépenses publiques /
impôts) et des mesures monétaires (quantité de monnaie/ taux d’intérêt).
3. Comment expliquer que l’instrument d’intervention privilégié par les autorités ait changé
au cours des années 70 ? Rép. La politique budgétaire était l’élément essentiel de la
politique économique dans les années 1960. Ceci ne s’explique pas seulement par
l’adhésion aux conceptions keynésiennes mais aussi par le régime de change qui était
fixe. Plus globalement, on distingue 3 séries de causes. Il existe des causes techniques
: • politique monétaire (PM) plus souple que la politique budgétaire (PB), • la PM n’exige
pas l’intervention du Parlement mais seulement du gouvernement, • délai d’impact /
d’action de la PM plus court. Il existe des causes économiques : • on craint une création
monétaire systématique pour financer le déficit -> inflation -> nécessité de pratiquer une
politique de désinflation -> chômage, et augmentation de l’endettement public). Il existe
des causes idéologiques : • crainte d’une intervention croissante de l’Etat dans l’activité
économique au détriment des mécanismes de marché (PM moins interventionniste).
4. Quels sont les différents déterminants de l’efficacité relative de la politique budgétaire
par rapport à la politique monétaire ? Rép. Le problème de l’efficacité relative PB/PM
dépend : • du régime de change (fixe vs. flottant) ; • du degré de mobilité des capitaux ;
• du degré de flexibilité des prix (court terme/long terme) ; • du degré de substituabilité
entre les actifs ; • de la nature des mécanismes de transmission des effets de la politique
mise en place (effet de richesse, effet de revenu vs. effet de substitution, effet d’encaisse
réelle).
5. Qu’est-ce que la trappe à la liquidité ? Rép. Lorsque les taux sont très bas, la demande
d’encaisse spéculative formulée par les agents devient virtuellement absolue. En
conséquence, toute injection de monnaie nouvelle tomberait dans une trappe à liquidité,
i.e. qu’elle serait thésaurisée et ne servirait pas à financer les transactions. Donc PM
expansionniste sans effet sur l’investissement.
6. La principale limite de la politique budgétaire réside dans l’existence de différents effets

54
JORGE BRAGA DE MACEDO, Fondements de la politique économique et mondialisation, Cours 8 :
Politiques monétaire et budgétaire et leurs effets sur l’équilibre macroéconomique, Lundi 19 Avril 2004,
jbmacedo@oecd.org
73

d’éviction. Quels sont-ils ? Rép. L’effet d’éviction interne : à capacité de financement


donnée, le déficit budgétaire génère une demande accrue de financement et donc une
hausse du taux d’intérêt. La dépense privée est donc évincée par la dépense publique.
L’effet d’éviction externe : dans le modèle Mundell-Fleming avec forte mobilité des
capitaux, la dépense publique additionnelle peut se traduire non pas par une
augmentation du taux d’intérêt mais par une entrée nette de capitaux venant financer le
besoin de l’Etat. Dans ce cas, le taux d’intérêt domestique reste fixe. Par contre, les
entrées nettes de capitaux provoquent une demande excédentaire de monnaie nationale
et donc une appréciation de celle-ci. La demande excédentaire de biens et services,
générée par le déficit budgétaire et non supprimée par une augmentation du taux
d’intérêt, est alors éliminée par l’appréciation, c’est-à-dire par la baisse de la composante
externe de la demande.
7. Comment relativiser la portée de l’argument lié aux effets d’éviction interne et externe ?
Rép. La nécessité d’une relance budgétaire se manifeste plus particulièrement en période
de ralentissement économique. C’est donc une situation où l’investissement privé et la
demande extérieure sont a priori déjà défaillants. Le risque d’éviction (interne ou externe)
est donc relativement limité.
8. Quelles sont les autres limites à l’efficacité de la politique budgétaire ? Rép. • Le revenu
permanent (Friedman, 1957) : Alors que Keynes relie la consommation au revenu
courant, Friedman considère que les agents décident du montant de leur consommation
en fonction de leur revenu permanent. On rappelle que le revenu permanent correspond
à la somme actualisée de l’ensemble des revenus futurs. Dès lors, les agents sont quasi-
insensibles à une augmentation transitoire de leur revenu courant. Et partant si par suite
d’une relance budgétaire Y augmente, la consommation n’augmentera que de façon
infinitésimale. • Le théorème de l’équivalence ricardienne (Barro, 1990). Si on suppose
que les agents : -endogénéisent de la contrainte budgétaire intertemporelle de l’Etat, -
forment des anticipations rationnelles et -font preuve d’altruisme intergénérationnel.
Barro établit le résultat suivant : Equivalence de Ricardo-Barro : quel que soit le mode de
financement du déficit budgétaire, l’effet sur l’activité est neutre. En effet, tout déficit
public est assimilé à une augmentation future d’impôt (pour financer le service de la
dette) : les agents accroissent alors leur épargne d’un montant équivalent au déficit
budgétaire.

Section 2 : CHOMAGE ET INFLATION55


1. Quelles sont les différences entre la zone Euro et les EU en ce qui concerne le
fonctionnement du marché du travail ? Rép. Les différences entre la zone euro et les
Etats-Unis en ce qui concerne le fonctionnement du marché du travail sont de plusieurs
ordres : -Tout d’abord, la réaction des salaires aux déséquilibres du marché du travail
est plus forte aux Etats-Unis. La demande de travail se trouve donc stimulée en cas de
hausse du chômage. - Ensuite, le partage de l’évolution des revenus est plus favorable
à l’emploi et plus défavorable aux salaires réels aux Etats-Unis qu’en Europe. C’est le
signe d’un moindre pouvoir des insiders, donc d’un marché du travail plus concurrentiel
aux Etats-Unis. -Enfin, le NAIRU est plus faible aux Etats-Unis, ce qui résulte notamment
de la moindre pression fiscale sur les salaires. Dans les phases de forte croissance, le

55
JORGE BRAGA DE MACEDO, Fondements de la politique économique et mondialisation, Cours 9 :
Chômage et Inflation, Lundi 26 Avril 2004, jbmacedo@oecd.org
74

taux de chômage descend jusqu’à 4 % aux Etats-Unis contre 8 % dans la zone euro. Cet
écart peut être rapproché de l’écart énorme entre les taux de cotisations sociales.
2. Comment réduire le chômage structurel à court terme ? Rép. A court terme, les solutions
usuelles sont la baisse des charges sociales et des impôts directs, ainsi que celle des
revenus de remplacement. Le problème est que ces solutions sont très difficilement
applicables, en particulier en période de vieillissement démographique où le besoin de
financement des retraites s’accroît, ou pour des raisons liées à l’équité.
3. Comment réduire le chômage structurel à long terme ? Rép. Dans une logique de long
terme, on peut essayer : - de stimuler l’investissement pour accroître la productivité du
travail, - d’influencer le comportement des syndicats pour qu’ils prennent davantage le
chômage en compte, - de déréglementer le marché des biens pour le rendre plus
concurrentiel, - d’améliorer l’efficacité des processus d’appariement (de matching)
(association des informations de même nature).
4. Quelles sont les implications pour la politique économique des théories du salaire
d’efficience et de insiders-outsiders ? Rép. “(…) C’est une bonne idée de subventionner
le travail, plutôt que le non-travail. Donc (…) de plaider en faveur d’un programme de
subventions, en particulier pour le recrutement de travailleurs à bas salaires. C’est là que
se trouve une bonne partie du chômage. Il peut aussi s’avérer nécessaire de réduire la
plupart des subventions aux chômeurs sous forme des prestations chômage.’’

Section 3 : PRAGMAZ ET REGFLATION


1. Explicitez, en écrivant en majuscules et en soulignant les initiales retenues, le sigle
PRAGMAZ. Rép. PRojection des AGrégats MAcroéconomiques Zaïrois.
2. Que savez-vous de PRAGMAZ ? Rép. C’est un modèle de politique économique qui tente
de coloniser l’avenir pour lui donner une configuration voulue par nous en infléchissant
les tendances spontanées par la fixation des normes et des sentiers de croissance des
agrégats macroéconomiques zaïrois. C’est le premier modèle de planification de la RDC
construit par le professeur LUKAU dans le cadre de sa thèse de doctorat en sciences
économiques défendu à l’Université Libre de Bruxelles le 14 juillet 1983.
3. Qu’est-ce que PRAGMAZ entend par projections ? Rép. Ce sont des calculs conditionnels
indiquant ce qui se passerait si tel ou tel autre jeu d’hypothèses sur les composantes
économiques se vérifiait dans l’avenir.
4. Pourquoi PRAGMAZ estime-t-il le bien-être par la consommation agrégée ? Rép. Parce
que seule la consommation affecte en définitive le bien-être de l’homme.
5. Citez les déterminants de la capacité d’importer d’un pays. Rép. Le niveau des recettes
d’exportations et les apports nets des ressources extérieures.
6. Citez les déterminants de la capacité d’investir d’un pays. Rép. Le niveau de l’épargne
nationale et les apports nets des ressources extérieures.
7. Comment peut-on apprécier la capacité d’importer d’un pays ? Rép. Par le montant des
réserver de change.
8. Donnez la relation fondamentale du modèle à double déficit. Rép. 𝐷𝐸𝑃𝑡 = max{𝐺𝑠𝑡 , 𝐺𝑥𝑡 }
𝑡
où : 𝐺𝑠𝑡 = 𝐼𝑡 − 𝑆𝑡 et 𝐺𝑥𝑡 = 𝑀𝑡 − 𝑋𝑡 . Le symbole DEP (dette extérieure publique) est utilisé
ici pour désigner l’ensemble des ressources extérieures composées des prêts et dons ; il
peut être remplacé par ASS pour désigner l’assistance extérieure. La lettre G vient de
l’anglais « Gap » qui signifie « déficit ». Le déficit de l’épargne Gst (saving gap) montre
l’insuffisance de l’épargne intérieure pour faire face aux besoins d’investissement. Le
déficit des exportations (export gap) ou déficit commercial (trade gap) Gxt montre
l’insuffisance des recettes d’exportations pour couvrir les dépenses d’importations. C’est
75

le plus élevé parmi les deux déficits, appelé déficit dominant, qui détermine le montant
de l’assistance extérieure nécessaire à un PVD.
9. Quel est l’objectif des modèles à double déficit ? Rép. L’objectif des modèles à double
déficit est de déterminer le montant des ressources extérieures nécessaires à un pays,
sous forme de prêts et dons, pour soutenir une croissance auto-entretenue et combler le
déficit dominant de façon que l’économie soit capable de s’autofinancer (fonctionner sans
recours à des ressources externes).
10. Que savez-vous de la régflation ? Rép. C’est un néologisme inventé par le professeur
LUKAU lors d’une conférence tenue à l’Université Libre de Kinshasa le 24 mai 1994 pour
désigner la situation d’un pays qui connaît une inflation accompagnée d’une régression
économique comme cela a été le cas du Zaïre de la première moitié des années 1990.
Le terme régflation est issu de la fusion des mots régression et inflation. Toute économie
en régflation est qualifiée de “régflationniste’’.
11. Comment reconnaît-on la régression économique ? Rép. Par la croissance négative du
PIB.

Section 4 : QUESTIONS DES EXAMENS ANTERIEURS


1. Définissez l’équité. Rép. C’est l’égalité dans la répartition de la consommation entre les
individus au moment présent.
2. Quel est l’objet de la politique économique quantitative ? Rép. C’est l’étude des liaisons
entre les objectifs et les instruments susceptibles des mesures numériques.
3. Citez cinq ressources rares. Rép. La terre, la main-d’œuvre, le capital, les devises
étrangères et l’épargne.
4. Représentez graphiquement le carré magique de la politique économique et dites
comment les entreprises contribuent à sa réalisation. Rép.

Stabilité Plein emploi Les entreprises contribuent à la


des prix du facteur réalisation du carré magique de
travail la politique économique par leur
participation au maintien de
Equilibre du
Croissance l’équilibre macroéconomique de
commerce
économique base.
extérieur

5. Citez les objectifs de politique économiques retenus par Little et Mirrlees dans le cadre
de l’évaluation économique des projets. Rép. La consommation actuelle et future,
l’équité, l’emploi, l’indépendance, la puissance et le prestige.
6. Citez les spécificités du secteur public. Rép. 1°) Un large secteur en partie dirigé par le
pouvoir central ; 2°) un secteur non soumis à l’impératif du profit ; 3°) un secteur ayant
le pouvoir de déroger ou de réglementer les activités des autres secteurs ; 4°) un secteur
ayant un champ d’action beaucoup plus vaste et souple sur le plan financier ; 5°) un outil
d’action collective.
7. Citez, en trois mots, les objectifs de la politique budgétaire. Rép. Allocation, distribution,
stabilisation.
8. Qu’est-ce qu’un bien sous tutelle ? Rép. C’est un bien dont l’Etat cherche à encourager
ou à décourager la consommation.
9. Explicitez le sigle HLM. Rép. Habitation à loyer modéré.
76

10. Qu’entend-t-on par économie externe ? Rép. C’est le fait que l’activité d’un particulier
ou entreprise profite à un autre particulier ou entreprise.
11. Citez les règles qui résument le principe de l’effet compensatoire des finances publiques.
Rép. 1°) Si un chômage règne, il faut accroître le niveau de la demande afin de l’ajuster
à la valeur de l’output (produit) de plein-emploi ; 2°) Si l’inflation sévit, il convient de
réduire le niveau de la demande afin de l’égaler à la valeur de l’output mesurée à prix
courants ; 3°) Si le plein-emploi et la stabilité des prix sont réalisés, il convient de
maintenir le niveau des dépenses monétaires pour éviter chômage et inflation.
12. Citez les instruments de la politique de stabilisation. Rép. la politique budgétaire, la
politique monétaire, la dette publique, le contrôle des salaires et des prix.
13. Citez les cinq classes d’instruments de politique économique. Rép. Les instruments de
politique budgétaire, les instruments de politique monétaire, les instruments de politique
de la dette publique, les interventions directes par la voie d’injonctions ou de
prohibitions, les entreprises publiques.
14. Citez les instruments de la politique budgétaire. Rép. Les impôts directs, les impôts
indirects, les redevances, la vente des biens et services, l’achat des biens et services, le
paiement des subventions et d’allocations sociales.
15. Définissez la substitution aux importations. Rép. C’est le remplacement par une
production locale des biens précédemment importés.
16. Citez les facteurs de base conditionnant la politique monétaire. Rép. La position
technique de la monnaie, les besoins en disponibilités monétaires, et l’organisation du
système bancaire.
17. Citez les déterminants de la position technique de la monnaie. Rép. L’état de la balance
des paiements, le montant des réserves de change, l’endettement intérieur,
l’endettement extérieur global, et les possibilités d’appuis extérieurs.
18. Citez trois mesures de politique économique susceptibles d’améliorer la position
technique de la monnaie. Rép. L’action sur le taux d’intérêt, le contrôle de change,
l’intégration dans une zone monétaire.
19. Citez les conditions d’association de plusieurs pays dans une zone monétaire. Rép. La
stabilité de la définition des parités, la libre circulation des monnaies, la globalisation
des réserves de change, et des structures économiques compatibles.
20. Citez les fonctions traditionnelles des finances publiques. Rép. Procurer les ressources
nécessaires au financement des pouvoirs publics et influencer la répartition et
l’affectation des revenus privés.
21. Citez les trois assiettes (ou matières imposables ou catégories) des impôts directs. Rép.
Les personnes, les sociétés et la propriété.
22. Quelle est la plus grande injustice en matière d’impôt ? Rép. C’est l’inégalité devant la
fraude.
23. Citez les principes qui gouvernent les relations entre l’impôt et l’équité. Rép. Le principe
du bénéfice qui est le fondement de la taxe administrative et le principe des facultés
(ou capacités) contributives qui est le fondement de l’impôt progressif.
24. Définissez la pression fiscale macroéconomique. Rép. C’est l’expression en pourcentage
du rapport entre les recettes fiscales et le PIB.
25. Comment mesure-t-on la croissance économique ? Rép. Par l’augmentation du PIB réel
exprimée en pourcentage.
26. Pourquoi dans les PVD le PIB prime-t-il sur le PNB ? Rép. Parce que les revenus versés
au reste du monde (RDM) sont supérieurs à ceux reçus.
27. Qu’est-ce qu’un pourcentage ? Rép. C’est l’expression d’un nombre dans la base cent.
77

28. Qu’entend-t-on par fiscalité ? Rép. C’est l’ensemble des dispositions juridiques et
administratives relatives à l’impôt.
29. Définissez l’impasse budgétaire. Rép. C’est l’excédent des dépenses sur les recettes
prévues.
30. Citez les acceptions économiques de l’intérêt. Rép. Revenu du capital prêté et coût du
capital emprunté.
31. Qu’est-ce qui justifie le mariage entre la monnaie et le crédit ? Rép. Le crédit crée de
la monnaie et ne peut être octroyé qu’en monnaie.
32. Citez deux instruments de politique économique dont l’un est central et l’autre privilégié.
Rép. Le budget et la fiscalité.
33. Citez, dans l’ordre alphabétique, sept épithètes associables aux sous-ensembles de la
politique économique. Rép. 1. Agricole, 2. Budgétaire, 3. Commerciale, 4. Foncière, 5.
Industrielle, 6. Monétaire, 7. Sociale.

Section 5 : THEMES DES TRAVAUX PRATIQUES


1) La libéralisation des marchés (Assurances, Télécommunications)
2) La politique agricole de la RDC
3) La politique budgétaire de la RDC
4) La politique commerciale (réglementation des échanges extérieurs :
Importations, Exportations) de la RDC
5) La politique d’ajustement structurel (PAS)
6) La politique d’endettement (dette publique56)
7) La politique de change de la RDC
8) La politique de diversification des exportations
9) La politique de l’emploi de la RDC
10) La politique de privatisation des entreprises publiques en RDC
11) La politique de substitution aux importations
12) La Politique des prix de la RDC
13) La politique des revenus de la RDC
14) La politique économique57 de la RDC en 2013 et/ou 2014
15) La politique industrielle de la RDC
16) La politique monétaire de la RDC
17) La politique sociale de la RDC
18) La réforme fiscale
19) La régflation
20) Le DSRP
21) Le partenariat public-privé en RDC

56
Selon la Banque Mondiale (World Bank, Annual Report 1981, pp. 128), la dette extérieure publique désigne
la dette envers des non-résidents, remboursable en devises, biens ou services, d’une durée initiale ou révisée
de plus d’un an, et qui constitue un engagement direct, ou jouit d’une garantie de remboursement d’un
organisme public dans le pays emprunteur.
57
Chercher le Rapport Annuel de la Banque Centrale du Congo pour 2013 et 2014 sous forme électronique.
Consulter Encarta et Internet pour la théorie et les expériences des autres pays.
78

TABLE DES MATIERES


Pages.
PREAMBULE .............................................................................................................................. II
INTRODUCTION ......................................................................................................................... 1
1.- Objectif du cours. .......................................................................................................................... 1
2.- Objet du cours. .............................................................................................................................. 1
3.- Plan du cours................................................................................................................................. 1
1ère partie : GENERALITES. .......................................................................................................... 2
Chapitre 1 : DEFINITION DE LA MACROECONOMIE. ..................................................................... 2
Section 1 : EN TANT QUE BRANCHE DE L’ECONOMIE............................................................................ 2
Section 2 : EN TANT QUE TECHNIQUE (ou METHODE) D’ANALYSE. ....................................................... 2
Section 3 : GENESE. ............................................................................................................................ 3
Section 4 : QUELQUES AXIOMES. ........................................................................................................ 4
A.- Prix ....................................................................................................................................................................... 4
B.- Existence .............................................................................................................................................................. 4
C.- Création-destruction ............................................................................................................................................ 4
Chapitre 2 : CONCEPTS DE BASE ................................................................................................. 5
1.- AGENTS ECONOMIQUES ................................................................................................................ 5
2.- SITUATION ECONOMIQUE ............................................................................................................. 5
3.- STOCK ET FLUX .............................................................................................................................. 5
4.- TAUX DE CROISSANCE.................................................................................................................... 5
5.- MODELE ........................................................................................................................................ 5
6.- EQUILIBRE ECONOMIQUE .............................................................................................................. 6
7.- ANALYSE DE PERIODES .................................................................................................................. 6
8.- ANALYSE CONTINUE ...................................................................................................................... 6
9.- CHOIX ENTRE LES DEUX ANALYSES ................................................................................................. 7
10.- VALEUR AJOUTEE......................................................................................................................... 7
Chapitre 3 : PRINCIPAUX AGREGATS........................................................................................... 8
1.- PRODUIT INTERIEUR BRUT (PIB) ..................................................................................................... 8
2.- PRODUIT NATIONAL BRUT (PNB) ................................................................................................... 8
3.- REVENU NATIONAL (𝑌) .................................................................................................................. 8
4.- DEPENSE NATIONALE (DN) ............................................................................................................. 9
5.- CONSOMMATION (C) ..................................................................................................................... 9
6.- INVESTISSEMENT (I)....................................................................................................................... 9
7.- BALANCE DES PAIEMENTS ........................................................................................................... 10
8.- DEMANDE FINALE (𝐷𝐹)................................................................................................................ 11
9.- EPARGNE (S) ................................................................................................................................ 11
10.- POPULATION ACTIVE ................................................................................................................. 11
2ème partie : LES INSTRUMENTS. ............................................................................................... 12
Chapitre 4 : LES COMPTES NATIONAUX. ................................................................................... 12
Section 1 : CARACTERISTIQUES GENERALES DES AGREGATS ............................................................... 12
1.- Les grandeurs macroéconomiques ou agrégats ................................................................................................. 12
2.- Les grandeurs macroéconomiques peuvent être définies ................................................................................. 12
Section 2 : GENESE DE LA COMPTABILITE NATIONALE........................................................................ 12
1.- Compte des particuliers. .................................................................................................................................... 13
2.- Compte courant de l’Etat ................................................................................................................................... 13
3.- Compte capital de la Nation ............................................................................................................................... 13
Section 3 : PRINCIPES DE BASE DE LA COMPTABILITE NATIONALE. ..................................................... 14
1.- Notion de comptes nationaux ............................................................................................................................ 14
2.- Comptabilité nationale ....................................................................................................................................... 14
3.- Principes comptables ......................................................................................................................................... 14
4.- Bases des critères d’agrégation des agents économiques ................................................................................. 15
5.- Facteurs de production ...................................................................................................................................... 16
79

6.- Catégories de flux ............................................................................................................................................... 16


7.- Catégories de stocks ........................................................................................................................................... 17
8.- Stocks d'inventaires ............................................................................................................................................ 17
9.- Formes des facteurs de la propriété .................................................................................................................. 17
10.- Subventions ...................................................................................................................................................... 18
Section 4 : DECOUPAGE COMPTABLE DE LA VIE ECONOMIQUE .......................................................... 18
1.- Finalité de l'activité économique ....................................................................................................................... 18
2.- Subdivisions du secteur productif ...................................................................................................................... 19
3.- Equilibre des ressources et des emplois............................................................................................................. 19
4.- Catégories d'opérations ..................................................................................................................................... 19
5.- Catégories d'agents économiques ..................................................................................................................... 19
6.- Enchaînement des agrégats domestiques et nationaux .................................................................................... 19
Section 5 : UTILISATION DES MODELES EN C. N.................................................................................. 20
Chapitre 5 : FONCTION DE PRODUCTION .................................................................................. 21
Section 1 : GENERALITES ................................................................................................................... 21
1.- Notion ................................................................................................................................................................. 21
2.- Hypothèses simplificatrices ................................................................................................................................ 22
3.- Validité des fonctions de production ................................................................................................................. 23
4.- Rappel de la notion d'isoquante ........................................................................................................................ 27
Section 2 : ETUDE SYSTEMATIQUE DES FONCTIONS DE PRODUCTION ................................................ 28
1.- Fonction de production dans l'hypothèse des coefficients fixes de production ................................................ 28
2.- Fonction de production dans l'hypothèse des coefficients variables de Production. ....................................... 30
3.- Fonction de production de Cobb-Douglas .......................................................................................................... 37
4.- Fonction de production ACMS ou CES ................................................................................................................ 38
5.- Relation de la Cobb-Douglas avec l'ACMS .......................................................................................................... 39
6.- Propriétés de la Cobb-Douglas. .......................................................................................................................... 39
7.- Cas limites de la CES .......................................................................................................................................... 40
8.- Utilisation des fonctions de production en macroéconomie ............................................................................. 43
Section 3 : FONCTION DE PRODUCTION ET PROGRES TECHNIQUE ...................................................... 43
1.- Progrès technique neutre ................................................................................................................................... 44
2.- Progrès technique incorporé .............................................................................................................................. 45
3.- Progrès technique induit .................................................................................................................................... 46
Chapitre 6 : FONCTION DE CONSOMMATION............................................................................ 47
Section 1 : NOTIONS LIMINAIRES ...................................................................................................... 47
1.- Fonction de consommation ................................................................................................................................ 47
2.- Définition des ménages ...................................................................................................................................... 47
3.- Définition de la consommation privée ............................................................................................................... 47
4.- Revenu disponible des ménages ........................................................................................................................ 48
5.- Déterminants de la consommation .................................................................................................................... 48
Section 2 : FONCTION KEYNESIENNE DE CONSOMMATION ................................................................ 48
1.- Propension marginale à consommer.................................................................................................................. 49
2.- Fonction d’épargne ............................................................................................................................................ 49
3.- Fonctions à court terme ..................................................................................................................................... 49
4.- Propensions moyennes ...................................................................................................................................... 50
5.- Représentation graphique .................................................................................................................................. 50
6.- Problèmes statistiques : ..................................................................................................................................... 51
Section 3 : AUTRES FONCTIONS DE CONSOMMATION ....................................................................... 51
1.- Séparation des consommations en deux groupes (S. KUZNETS) ........................................................................ 51
2.- Répartition du revenu national (N. KALDOR) ..................................................................................................... 52
3.- Prise en compte de la conjoncture (Modigliani) ................................................................................................ 53
4.- Théorie du revenu permanent (Friedman) ......................................................................................................... 53
5.- Revenu et milieu social ou revenu absolu et revenu relatif ............................................................................... 53
6.- Hypothèse du cycle de vie (Modigliani) ............................................................................................................. 54
7.- Retards d’adaptation et prévisions (KLEIN) ........................................................................................................ 54
8.- Généralisation de la fonction à retards échelonnés........................................................................................... 54
9.- Fonction de consommation de longue période ................................................................................................. 55
10.- Théorie d’ajustement des stocks (Houthakker) ............................................................................................... 55
80

11.- Lois de Engel et structure de la consommation ............................................................................................... 56


Chapitre 7 : MULTIPLICATEUR ET ACCELERATEUR.................................................................... 57
Section 1 : MULTIPLICATEUR STATIQUE ............................................................................................ 57
1.- Notion liminaire. ................................................................................................................................................. 57
2.- Concept .............................................................................................................................................................. 57
3.- Remarques ......................................................................................................................................................... 58
Section 2 : MULTIPLICATEUR DYNAMIQUE. ....................................................................................... 59
1.- Généralités ......................................................................................................................................................... 59
2.- Multiplicateur et décalage de Robertson ........................................................................................................... 59
3.- Multiplicateur et décalage de 𝐿𝑢𝑛𝑑𝑏𝑒𝑟𝑔 .......................................................................................................... 61
Section 3 : ACCELERATEUR ET SUPER-MULTIPLICATEUR. .................................................................... 62
1.- Principe d'accélération ...................................................................................................................................... 62
2.- Super-multiplicateur........................................................................................................................................... 63
Section 4 : MULTIPLICATEUR, MENAGES, EMPLOI ET ETAT ................................................................. 63
1.- Généralités ......................................................................................................................................................... 63
2.- Multiplicateur et politique budgétaire ............................................................................................................... 64
3.- Multiplicateur et politique de plein-emploi ....................................................................................................... 65
3ème partie : EQUILIBRE DE COURTE PERIODE : MODELES KEYNESIENS SIMPLIFIES ................... 66
Chapitre 8 : DETERMINATION DU NIVEAU D'EQUILIBRE MACROECONOMIQUE ......................... 66
Section 1 : GENERALITES ................................................................................................................... 66
Section 2 : MODELE CLASSIQUE DE L'EQUILIBRE MACROECONMIQUE. ............................................... 66
2.- Equilibre sur le marché des biens et services ..................................................................................................... 67
3.- Equilibre sur le marché monétaire ..................................................................................................................... 67
Section 3 : MODELE KEYNESIEN D'EQUILIBRE MACROECONOMIQUE .................................................. 68
Chapitre 9 : DESEQUILIBRE DE COURTE PERIODE : INFLATION ................................................... 69
Section 1 : DEFINITION. .................................................................................................................... 69
Section 2 : SORTES. ........................................................................................................................... 69
1.- Selon l’origine ..................................................................................................................................................... 69
2.- Selon les effets. .................................................................................................................................................. 70
Chapitre 10 : QUESTIONS-REPONSES ET THEMES DES TRAVAUX PRATIQUES ............................. 72
Section 1 : POLITIQUES MONETAIRE ET BUDGETAIRE......................................................................... 72
Section 2 : CHOMAGE ET INFLATION ................................................................................................. 73
Section 3 : PRAGMAZ ET REGFLATION ............................................................................................... 74
Section 4 : QUESTIONS DES EXAMENS ANTERIEURS ........................................................................... 75
Section 5 : THEMES DES TRAVAUX PRATIQUES .................................................................................. 77
TABLE DES MATIERES ............................................................................................................... 78

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