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Licence des études fondamentales

Semestre 3
Module : Problèmes Economiques et Sociaux
Filière Sciences Economiques et Gestion
Tronc Commun, Section : A et C

Préparé par : M. EL MATAOUI Rachid & Mme. BETTAH Mounia


Enseignants-chercheurs
FSJES-Agdal, UMV
Année universitaire : 2023-2024
PLAN DU COURS

Chapitre Introductif .............................................................................................................. 3


1. Science économique .................................................................................................. 3
2. Problème économique ............................................................................................... 4
Chapitre 1 : Croissance économique et développement ...................................................... 6
1. Notion de croissance économique : Soubassements conceptuels et théoriques ........ 6
2. Développement économique : notions et mesures .................................................. 18
Chapitre 2 : Inflation et chômage ...................................................................................... 20
1. Inflation, définition, causes, mesures, conséquences et solutions ........................... 20
2. Activité, emploi et chômage : définitions des principaux concepts ........................ 24
Chapitre 3 : Pauvreté et inégalités ..................................................................................... 30
1 Pauvreté ................................................................................................................... 30
2 Inégalités .................................................................................................................. 34

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Chapitre Introductif
La performance économique d’un pays dépend de plusieurs facteurs à la fois endogènes et
exogènes qui peuvent être analysés par l’étude des indicateurs traditionnels que sont la croissance
du PIB, le taux de chômage, le taux d’inflation, la croissance de la production industrielle ou la
balance commerciale ;

De surcroit, le niveau de vie est un élément clé de la performance économique dans la mesure où
toute activité économique devrait avoir pour objet d’améliorer le niveau de vie des individus. Ainsi,
l’économie devrait être, également, au service du social.

Cependant, les études empiriques et les rapports montrent que les performances économiques de
certains pays s’accompagnent souvent d’importantes dégradations des conditions de vie de leur
population comme conséquence d’une répartition inégale des fruits de cette amélioration
économique. Cela se manifeste par la montée du chômage, de la pauvreté et des inégalités au niveau
des couches sociales et au niveau spatial.

Au Maroc, et à l’instar de nombreux PVD, l’Etat s’est engagé à appliquer des Programmes
d’Ajustement Structurels en contrepartie du rééchelonnement de sa dette. Ces politiques d’origine
libérale, axées sur une réduction du rôle de l’Etat, la déréglementation, la libération du commerce
extérieur, la réduction des dépenses de l’Etat ont permis d’obtenir des résultats positifs sur le plan
macro-économique. Toutefois, le prix payé a été lourd surtout sur le plan social avec notamment
une hausse importante du coût de la vie, une aggravation du chômage et par conséquent un
appauvrissement de la population.

Ainsi ce module a pour objectif de décrire certaines manifestations des problèmes économiques
qui affectent le développement des économies, aussi bien des pays développés que des pays en voie
de développement ;

Plus précisément, il vise à initier les étudiants à la compréhension :

 Du système économique d’une manière générale, de son évolution et ses


implications sur le plan économique et social ;
 Des grands problèmes économiques et sociaux contemporains : leur nature et leurs
impacts ;
 Les mesures d’ordre structurelles et/ou conjoncturelles menées par l’Etat pour faire
face à ces problèmes.

Mais avant cela, une présentation des principes de base fera l’objet de ce chapitre introductif.

1. Science économique
L’économie pourrait être définit en tant que « … discipline des sciences sociales qui étudie
comment des ressources rares sont employées pour la satisfaction des besoins des Hommes vivants
en Société. Elle s’intéresse d’une part aux opérations essentielles que sont la production, la
distribution et la consommation des biens et, d’autres part, aux institutions et aux activités ayant

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pour objet de faciliter ces opérations ». E. Malinvaud, Leçons de théorie microéconomique, Dunod
(1968).

Elle est également considérée comme « l’étude de la manière dont les individus, les entreprises et
les gouvernements effectuent des arbitrages au sein de notre société. Les arbitrages sont inévitables
car les biens, les services et les ressources désirés sont inévitablement rares ». Joseph E. Stiglitz,
prix Nobel d’économie (2001).

2. Problème économique
Ainsi, à partir de ces définitions on peut retenir les points clé suivants :
 Les agents économiques évoluent dans un environnement où les ressources sont rares et
leurs besoins sont illimités.
 Ce problème, dit économique, va les obliger à faire des choix économiques en fonction
de leurs préférences. Leur finalité est la satisfaction de leurs besoins.
 Un choix économique correspond à un arbitrage fait par un agent économique, tenant
compte d’un calcul économique et de ses préférences. Ce choix est rationnel afin de pouvoir
maximiser sa satisfaction.

Les besoins « illimités » des agents peuvent être répartis en :


 Besoins primaires : Correspondent à des exigences naturelles, dont la satisfaction est
considérée comme nécessaire à la survie à savoir : les besoins physiologiques (exemples :
se nourrir, se vêtir) et les besoins de sécurité (exemples : se loger, la santé).
 Besoins secondaires : Sont des besoins considérés comme indispensables dans une société
donnée ou à une époque donnée. Leur satisfaction permet d'assurer un niveau et un style de
vie adaptés au niveau de développement de la société en question (exemple : avoir un
ordinateur) ;
 Besoins individuels : Ils sont individuels si l’agent économique utilise ses propres
ressources pour les satisfaire.
 Besoins collectifs : Ils sont collectifs lorsqu’ils sont satisfaits par les services publics et
partagés par toute une société, comme les hôpitaux publics, routes, éclairage public…

Chaque agent économique dispose des ressources qu’il va utiliser pour satisfaire ses besoins. Ces
ressources sont rares, c’est-à-dire en quantité limitée, et peuvent être soit budgétaires (salaires,
profit…) ou naturelles (pétrole, gaz naturel…).
L’écart entre les besoins illimités des agents et les ressources limitées crée ce qu’on appelle « un
problème économique » qui oblige :

 Le ménage à choisir ce qu’il va consommer, donc la nature de son « panier de biens » ;


 L’entreprise à déterminer sur quels facteurs de production elle va investir ;
 L’État à déterminer sur quel poste de dépense affecter ses ressources.

Le problème économique correspond donc aux choix économiques (ou arbitrages) que les agents
économiques doivent effectuer dans le cadre de leurs fonctions.

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 Types de problèmes/enjeux économiques et sociaux
 Court terme Vs long terme : Exemples de problèmes de court terme : désordre monétaire,
inflation → politiques de type conjoncturelle (ex : politique monétaire). Pour les problèmes
de long terme on peut citer : croissance, chômage, croissance démographique → politiques
structurelles (ex : développement des infrastructures, éducation, ...).

 Exogènes Vs endogènes : Certains problèmes sont exogènes, c’est-à-dire qui viennent de


l’extérieur (exemple : crises financières, économiques ou sanitaires, chocs pétroliers, chocs
démographiques, ...), d’autres sont endogènes : créés par les gouvernements ou par les
politiques économiques par exemple : déficits publics, problèmes environnementaux, etc.

 Les enjeux macroéconomiques : le carré magique de Nicholas Kaldor (1908-1986) a pour


sommets les quatre enjeux de la politique macroéconomique d’un Etat, qui visent à atteindre
un équilibre intérieur et extérieur, à savoir : le taux de croissance, le solde de la balance
commerciale, le taux d’inflation et le taux de chômage. Ce carré est qualifié de « magique
» car, selon Kaldor, il est impossible de réaliser ces quatre objectifs simultanément. En
effet, par exemple, il n’est pas possible d’avoir en même temps un faible taux de chômage
et un taux d’inflation faibles. Ces deux attributs étant négativement corrélés (selon la courbe
de Phillips).

 Les enjeux de développement : avoir des institutions et niveau de gouvernance de bonne


qualité, réaliser des politiques économiques de moyen long terme, atteindre la stabilité
macroéconomique, garantir un développement durable en faisant face aux défis
environnementaux…etc.
 Les enjeux sociaux : réduction de la pauvreté, de la précarité et des inégalités (entre couches
sociales et entre régions) , réalisation du bienêtre …etc.

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Chapitre 1 : Croissance économique et développement
L’évolution économique se mesure, usuellement, par la croissance du PIB qui s’accompagne par
l’amélioration globale du niveau de vie de la population avec les retombées du développement ;
Cette croissance a généré historiquement deux catégories de pays : Les pays développés (PD) et
les pays en voie de développement (PVD).
L’origine de cette distinction est la révolution industrielle. Puisque les pays actuellement
développés avaient vécu du 19ème siècle lors de cette révolution des transformations structurelles
caractérisées par une forte croissance et un développement irréversible tandis que les pays qui n’ont
pas connus cette révolution sont classés dans la catégorie des pays sous-développés.

1. Notion de croissance économique : Soubassements conceptuels et théoriques


1.1. Définition
Perroux « Décrit la croissance économique comme une augmentation soutenue pendant une ou
plusieurs longues périodes de production globale exprimer en terme réel » ; Il s’agit d’un
accroissement des quantités réelles avec modifications des structures à long terme ;
Plus simplement, on définit la croissance comme une augmentation à long terme de PIB
s’accompagne de transformations structurelles.

1.2. Caractéristiques de la croissance


Trois éléments se caractérisent la croissance :
 C’est un mouvement soutenue ascendant sur une longue période. On parle d’un trend de
croissance (ex : la révolution industrielle qui s’étale sur tout le 19ème siècle) ;
 C’est un phénomène irréversible (non réversible) et auto entretenue, même s’il y a des
périodes de moindre croissance, le retour en arrière est impossible car chaque
transformation provoque une autre ;
 La croissance produit des modifications structurelles au niveau des différents secteurs
(mode de vie, secteurs d’activités, moyennes de production…).

Figure 1: Evolution de la croissance mondiale depuis le 19eme siècle

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1.3. Notions associées à la croissance
La croissance est une notion qui porte à confusion et qui ne faut pas confondre avec ses
éléments constitutifs. Ainsi les distinctions suivantes s’imposent :
 L’expansion : qui est une phase ascendante du cycle économique alors que la croissance
est un mouvement ascendant de longue période (le trend) qui peut être constituée de période
d’expansion et de période de récession ;
 Le progrès technique : qui est le moteur de la croissance, il a un caractère multiple car il
contient l’idée d’avancée, d’aller en avant mais aussi une idée de propagation (Ex :
l’informatique qui modifie toutes les façons de travail et permet de diffuser ou de propager
le progrès technique en toutes les branches) et aussi présent l’idée d’amélioration
(meilleures conditions de travail et de vie).
 Le développement : est le corollaire de la croissance c'est-à-dire qui l’accompagne. Il
comprend toutes les transformations démographiques, politiques, économiques, et sociales
que la croissance a entraînées. La croissance n’est pas le développement : Développement
= croissance économique + changement structurel impliquant la participation de tous les
hommes dans l'économie.
 Le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une
population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit
réel et global (François Perroux) (1962).
 Le développement : est le corollaire de la croissance c'est-à-dire qui l’accompagne. Il
comprend toutes les transformations démographiques, politiques, économiques, et sociales
que la croissance a entraînées. La croissance n’est pas le développement : Développement
= croissance économique + changement structurel impliquant la participation de tous les
hommes dans l'économie.
 Le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une
population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit
réel et global (François Perroux) (1962).
1.4. Types de croissance
 La croissance effective : La croissance effective est la croissance observée au cours d’une
période donnée : elle varie pour des raisons conjoncturelles d’une année sur l’autre, et l’on
peut également l’observer en tendance, à l’aide du taux de croissance annuel moyen qui
donne le trend de croissance sur longue période.
 La croissance potentielle : Contrairement à la croissance effective, la croissance potentielle
ne s’observe pas directement, mais résulte d’une estimation économique, à partir des
données dont on dispose sur le volume de facteurs de production, du travail et du capital
dont on dispose, et sur la productivité des facteurs. C’est la croissance maximale
qu’atteindrait l’économie, au cours d’une période donnée, si elle utilisait intégralement les
facteurs disponibles, autrement dit sans chômage et en utilisant au mieux les capacités de
production. L’écart entre la croissance potentielle et la croissance effective est très utile
pour saisir les cycles économiques.

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Figure 2: Effets des variations de la croissance effective Vs potentielle

 La croissance intensive : obtenue par une utilisation plus rationnelle et plus efficace des
forces productives avec des quantités des facteurs de production inchangées. L’organisation
du travail est également améliorée et la main d’œuvre plus qualifiée… Par conséquent, la
production augmente plus rapidement que le volume des facteurs de production utilisés.
 La croissance extensive : est obtenue par une augmentation quantitative des facteurs de
productions (le capital, travail) intégrés au sein du processus productif. Ce type de
croissance économique a prédominé durant des siècles. Les quantités de facteurs de
production (travail, terres exploitées) utilisées augmentaient en fonction des besoins
alimentaires des populations. Cette croissance extensive n’a toutefois pas entraîné une
amélioration significative du niveau de vie des populations ;
 La croissance inclusive : ou la croissance pro-pauvre est une croissance qui réduit les
problèmes des personnes vulnérables et des plus défavorisés et bénéficie à tout le monde.
C’est une croissance économique qui crée des opportunités pour tous les segments de la
population et qui distribue les dividendes de la prospérité accrue, tant en termes monétaires
que non monétaires, équitablement à travers l’ensemble de la société.
 La croissance exogène : La théorie de la croissance exogène, développée par Robert
Solow, soutient que la croissance économique provient principalement des facteurs
externes à la production. Il s'agit notamment du progrès technique dont on ne connait pas
la source (résidu). L'autre facteur exogène est la croissance démographique qui explique
une plus faible partie de la croissance et le développement du facteur travail. Le progrès
technique et le taux de croissance de la population sont exogènes à ce modèle. Certains
économistes estiment qu'ils sont comme "tombé du ciel", ils ne sont pas de nature
économique. Les entreprises et l'Etat n'ont que très peu d'impact sur la croissance. Seul
l'investissement permet d'impacter le facteur capital et la croissance, mais à moindre
mesure.
 La croissance endogène : La théorie de la croissance endogène renvoie à l'ensemble des
théories de la croissance économique qui cherchent à expliquer la croissance économique
par des variables endogènes, c'est-à-dire internes au modèle, au système économique lui-
même. C'est l'économiste Paul Romer qui est à l'origine de cette théorie développée en
1986. Pour les théoriciens de la croissance endogène, la productivité globale n'est pas un «
résidu », mais doit être expliquée par les comportements des agents économiques qui
accumulent différentes sortes de capitaux (technique, public, technologique, institutionnel.)
qui, de plus, profitent à tous (externalités positives) favorisant l'émergence de rendements

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croissants ; dès lors la croissance peut s'entretenir indéfiniment, quatre facteurs influent sur
le taux de croissance économique, à savoir les rendements croissants grâce aux gains
d'échelle, l'intervention judicieuse de l'Etat, notamment par l'investissement dans des
infrastructures, la recherche-développement ou innovation, activité à rendement croissant
et la connaissance, ou capital humain, qui s'accumule.
1.5. Facteurs de croissance selon les différents modèles théoriques
La croissance a fait l’objet de plusieurs analyses théoriques afin de faire ressortir les
caractéristiques des économies ayant réussies à réaliser des performances économiques
notables ;
Ainsi les modèles théoriques de croissance appartiennent respectivement à quatre
principaux courants de pensées : L’analyse classique, keynésienne, néo-classique, et les
théories de la croissance endogène (Tableaux 1 et 2). On examinera ici principalement le
modèle néoclassique de SOLOW (théorie de croissance exogène) et les modèles de
croissance endogène.

Tableau 1: Theories de croissance selon les classiques et les keynesiens

Tableau 2: Theories de croissance exogène et endogène

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1.5.1. Modèle néoclassique de croissance exogène de SOLOW
Le modèle de Solow vise à expliquer la croissance économique grâce à ses déterminants
que sont l'accumulation du capital et le facteur travail. Puisque le rendement des facteurs
est décroissant et parce qu'il arrive un moment où la dépréciation du capital est plus forte
que son augmentation, toute économie atteint à un moment un point où toute augmentation
des facteurs de production n'engendrera plus d'augmentation de la production par tête. Ce
point correspond à l'état stationnaire, où chaque économie est censée converger à terme.
Solow note, toutefois, que cette prédiction de son propre modèle est irréaliste. En effet, un
facteur jusque-là ignoré, le progrès technique, accroît la productivité des facteurs, et booste
la croissance. Ce progrès technique empêche une stagnation à l'état stationnaire et repousse
les frontières de l'économie. Sur le long terme, donc, la croissance provient du progrès
technique.

Figure 3: Rôle du progrès technique

Ainsi, la croissance économique s'explique, selon Solow, par trois paramètres : les premiers
sont l’accroissement des deux principaux facteurs de production-à savoir le capital (K) et
le travail (L) et le troisième le progrès technologique (A).
Soit Q = F(K,L) = A*Kα * Lβ une fonction de production de type Cobb Douglass ;

Alpha (α) et Béta sont des coefficients pour indiquer la proportion de K et de L que l’on va
utiliser pour produire.

Le progrès technique c'est tout ce qui permet d’accroître la production sans que la quantité
de facteurs de production utilisée varie. Cependant il considéré selon la théorie néoclassique
comme exogène ou comme donnée « tombé du ciel ».
 Limites du modèle néoclassique dans l’analyse de la croissance
Expliquer les écarts de revenus entre pays riches et pays pauvres est l’une des questions de
base de la littérature empirique consacrée à la croissance.
Partant d’une fonction de production néoclassique, présentée précédemment, la croissance
peut découler de la variation des facteurs (travail L et capital K) ou de celle de la
productivité (A). Au départ, certains analystes de la croissance, comme Harrod et Domar,
considéraient l’accumulation du capital comme facteur indispensable à la croissance.
Ensuite, Solow (1956) a montré dans ses travaux que l’accroissement des facteurs de
production traditionnels n’expliquait qu’une part modeste de la croissance de la production

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et que le facteur « A », appelé résidu de Solow, est celui qui explique la part la plus
importante.
Toutefois, ce terme résiduel, qui représente une grande part de la croissance, reste
inexpliqué par le modèle de la croissance exogène de Solow. De plus, l’hypothèse de
convergence entre les pays à revenu élevé par habitant qu’annonçait ce modèle ne s’est pas
concrétisée à l’échelle mondiale.
La remise en question du modèle de Solow a donné lieu à de nombreuses analyses des
facteurs des divergences de croissance entre pays. Dans ce contexte, la théorie de la
croissance endogène, développée par de nombreux économistes comme Lucas, Romer,
McKinnon et Shaw, Barro, Schumpeter, North, Aghion et Howitt, Acemoglu et
Robinson…, a émergé. Elle avait pour objectif de pallier les insuffisances des modèles de
croissance exogène à expliquer une croissance stable à l’équilibre en précisant les
conditions nécessaires pour garantir une croissance à long terme.
1.5.2. Les théories de la croissance endogène
Les théories de la croissance endogène qui ont vu le jour dans les années quatre-vingt, visent
à donner une explication à la croissance économique à travers le caractère cumulatif de la
croissance ou en s’interrogeant pourquoi certains pays ne parviennent pas à amorcer un
processus de croissance et demeurent alors dans une trappe à sous-développement.
A la différence du modèle de Solow, les modèles de croissance endogène font l’hypothèse
que les rendements sont croissants (grâce aux externalités) et considèrent que le progrès
technique est endogène, c’est-à-dire qu’il dépend du comportement des agents.
Autrement dit, tout comme chez Solow, le progrès technique génère de la croissance
économique, mais en retour cette dernière est également susceptible de générer du progrès
technique.
Il y a plusieurs modèles de croissance endogène, on présente ici ceux de : Robert Lucas ;
Paul Romer, Robert Barro, Joseph Schumpeter et Douglas North.
 Robert Lucas
Robert Lucas (prix Nobel en 1995) souligne l’importance du capital humain pour la
croissance.
Un travailleur devient plus productif lorsqu’il accumule des connaissances et des
compétences, or celles-ci ne s’usent pas : le capital humain est un facteur cumulatif, qui
présente des rendements croissants. Donc un cercle vertueux est à l’œuvre : plus les
individus obtiennent de nouvelles connaissances et compétences, plus ils sont capables
d’acquérir de nouvelles connaissances de compétences.
En accumulant du capital humain, un individu est capable d’innover, de créer des idées, un
savoir et des savoir-faire qui n’existaient pas auparavant.
 Paul Romer
IL met l’accent sur la recherche-développement, c’est-à-dire l'accumulation de capital
technologique ;
Pour une entreprise, les dépenses en R &D lui permettent d’accroître sa productivité et
d’innover. Et grâce aux externalités, elles profitent également aux autres entreprises. Donc

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un cercle vertueux est à l’œuvre : en innovant, une entreprise permet aux autres entreprises
d’innover. Donc, un cercle vertueux est à l’œuvre : en innovant, une entreprise permet aux
autres entreprises d’innover.
 Robert Barro
Il met l’accent sur le rôle joué par l’investissement public, c’est-à-dire, l’accumulation de
capital public, dans la croissance.
Pour Barro, les infrastructures publiques (routes, aéroports, éclairage public, réseau de
distribution d’eau, etc.) stimulent la productivité des agents privés et par conséquent
l’activité.
Avec la croissance, l’Etat prélève davantage de taxes et d’impôts, donc il peut financer de
nouvelles infrastructures. Donc, un cercle vertueux est à l’œuvre : l’investissement public
favorise la croissance et la croissance favorise en retour l’investissement public.
 Joseph Schumpeter : Le rôle des innovations
L'innovation est au cœur de la croissance au sein du modèle de croissance endogène basé
sur la thèse schumpétérienne de la destruction créatrice. Celle-ci est le processus
économique continu par lequel l'irruption sur les marchés d'innovations défie les entreprises
déjà implantées et conduit les moins productives à disparaître. Par ce processus, le système
économique se renouvelle et génère une croissance économique de long terme.
 Douglas North : La nouvelle économie institutionnelle
Les modèles développés sur la base de la théorie de la croissance endogène se limitent sur
des variables économiques pour expliquer les écarts de croissance entre les pays.
Seulement, ces variables économiques ne réussissent pas à expliquer pourquoi certains pays
à bas revenus sont incapables à amorcer le " rattrapage économique " prédit par la théorie.
Ce qui a poussé les théoriciens de la croissance endogène à intégrer la dimension
institutionnelle -ou l’intervention publique- pour stimuler la production d’externalités
positives et tenter de justifier les écarts de production entre les pays. Cette dimension a été
représentée par la démocratie chez Barro (1996), par le respect des droits de propriété chez
Clague, Keefer et Olson (1996) et par l’instabilité politique chez Alesina et Perotti (1994).
Parallèlement un nouveau courant qui est la Nouvelle Economie Institutionnelle (ou
l’économie néo-institutionnelle) a été initié par les travaux d’Oliver E. Williamson (1975)
qui se focalisait, surtout, sur l’importance de la gouvernance au sein de l’entreprise. Cette
approche microéconomique des institutions a été ensuite étendue, par les travaux de
Douglass North, à l’analyse des facteurs de la croissance et du développement. Depuis les
travaux de North, l’importance du rôle des institutions a été de plus en plus démontrée dans
la littérature. Ainsi, Rodrik, Subramanian et Trebbi (2002) expliquent qu’« une attribution
similaire en termes de géographie, d’ouverture commerciale et de dotation en ressources
naturelles, ne conduit pas nécessairement à un niveau comparable du revenu. Les écarts
observés ont été, notamment, expliqués par les divergences institutionnelles ».
Acemoglu, Johnson et Robinson (2004) confirment ces résultats en montrant que l’écart de
croissance entre les pays est dû, principalement, à la différence dans la garantie des droits
de propriété dans ces pays.

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D’autres travaux ont, également, soulevé la relation forte et positive qui existe entre les
indicateurs institutionnels et la performance économique dans les pays de leurs
échantillons, tels que Kormendi et Meguire (1985), Scully (1988), Grier et Tullock (1989),
Barro (1996) et Helliwell (1994) et Isham, Kaufman et Pritchett (1997), Barro (1991) et
Londregan et Poole (1992) ...etc. Globalement, ces travaux montrent que la qualité des
institutions prime sur tout le reste.
1.6. Les mesures quantitatives de la croissance
1.6.1. Le PIB
La croissance économique est mesurée par l’évolution du produit intérieur brut (PIB)
exprimée sous la forme d’un taux de croissance (t) : t = (PIB n - PIB n-1 )/PIB n-1 × 100
Ce taux est un instrument d’analyse économique qui permet d’analyser à la fois l’évolution
d’une même économie dans le temps (comparaison de deux périodes successives) et
également d’effectuer des comparaisons internationales (comparaison de deux économies
différentes).
Exemple, l’arrêté des comptes nationaux de l’année 2021 fait ressortir une croissance de
l’économie nationale à 7,9% après une profonde récession de 7,2% en 2020 due en
particulier à la crise sanitaire.
Il y a trois façons de concevoir le PIB d’une économie :
 Optique production (ou offre) : mesure la création de richesse et sa destruction en termes
de consommation intermédiaire au cours du processus de production. Et la valeur ajoutée,
donc générée, mesure la richesse effectivement mise à la disposition de l’économie par le
système productif.
 Selon cette optique, le PIB au prix du marché est la somme des valeurs ajoutées brutes de
toutes les unités productrices résidentes, augmentée des impôts nets de subventions sur
les produits pendent une période donnée.
Opérations (en MDH) 2020 2021
Produit intérieur brut (approche production) 1152477 1274727
Valeur ajoutée aux prix de base 1 036049 1 143497
+ Impôts sur les produits 130539 151990
- Subventions sur les produits -14111 -20760

 Optique dépense : montre comment est utilisée la richesse crée par le PIB ;
Selon cette optique le PIB au prix du marché est égal à la somme des emplois finaux de
biens et de services (dépenses de consommation finale, formation brute de capital fixe
(ou investissement public et privé), variation des stocks et exportations moins
importations de biens et services).

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Opérations (en MDH) 2020 2021
Produit intérieur brut (approche demande) 1152477 1274727
Dépenses de consommation finale 904448 1 003 632
+ Formation brute de capital 331648 389193
+ Exportations de biens et services 354895 423003
- Importations de biens et services 438514 541101

 Optique revenu : permet de mettre en évidence comment la production crée est répartie
entre les salariés, les entreprises et l’État.
Selon cette optique, le PIB au prix de marché est la somme de l’ensemble de la
rémunération des salariés, des autres impôts nets de subventions sur la production et les
importations et de l'excédent brut d'exploitation (plus le revenu mixte brut).

Opérations (en MDH) 2020 2021


Produit intérieur brut (approche revenu) 1152477 1274727
Rémunérations de salariés 382503 405174
+ Excédent brut d’exploitation et revenu
644852 728871
mixte brut
+ Impôts sur la production et les
140425 162719
importations
- Subventions -15303 -22037

Pour mesurer l’évolution de la production au cours du temps, on doit tenir compte de


l’influence des prix sur cette évolution ;
On procède à l’élimination de l’effet de la hausse des prix. On calcul alors le PIB réel au
prix constant.
L’économiste s’intéresse à deux mesures du niveau des prix :
 Le Déflateur de PIB (𝑫𝑫𝒕𝒕 𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷) : suppose que l’augmentation du PIB nominal est due à
l’inflation ce qui veut dire que le PIB réel soit inchangé :
𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝒕𝒕 𝒏𝒏𝒏𝒏𝒏𝒏𝒏𝒏𝒏𝒏𝒏𝒏𝒏𝒏 (𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗)
𝑫𝑫𝒕𝒕 𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷 =
𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝒕𝒕 𝒓𝒓é𝒆𝒆𝒆𝒆 (𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗𝒗)
 L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) est l'instrument de mesure de l'inflation. Il
permet d'estimer, entre deux périodes données, la variation moyenne des prix d’un
panier des biens consommés par le ménage.
Les facteurs primaires de la croissance sont :

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 Le capital : représente les investissements nets définies par la comptabilité nationale
sous le terme de FBCF, se sont à la fois les actifs physiques (matériel, bâtiment,) et les
actifs immatériels (logiciels, brevets …) ;
 Le travail : la main d’œuvre qui est de plus en mois rémunérée en tenant compte de sa
qualification. Il est mesuré en effectif ou en heures de travail.
La productivité, qualifié dans le langage courant par le rendement, permet de mesurer
l’efficacité des facteurs de production. Elle est représentée par le rapport entre la production et
les moyens mis en œuvre pour produire.
𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷
𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷é 𝒅𝒅𝒅𝒅 𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕 =
𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕 𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆é𝒔𝒔 (𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆𝒆)

𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷
𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷é 𝒅𝒅𝒅𝒅 𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕 =
𝑵𝑵𝑵𝑵𝑵𝑵𝑵𝑵𝑵𝑵𝑵𝑵𝑵𝑵 𝒅𝒅′ 𝒉𝒉𝒉𝒉𝒉𝒉𝒉𝒉𝒉𝒉𝒉𝒉 𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕𝒕é𝒆𝒆𝒆𝒆

𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷
𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷é 𝒅𝒅𝒅𝒅 𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄 =
𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪𝑪 𝒖𝒖𝒖𝒖𝒖𝒖𝒖𝒖𝒖𝒖𝒖𝒖é𝒔𝒔

1.6.2. Différence entre le PIB le RNB et le RNDB


Le revenu national brut (RNB) tient compte, en plus des flux contenus dans le PIB, les revenus
nets en provenance de l’extérieurs :
RNB = PIB + revenu de la propriété nette en provenance de l’extérieur
Le revenu national brut disponible (RNBD) constitue le revenu global de la nation obtenu par
la somme du PIB, des transferts courants nets en provenance de l’extérieur. Le RNDB est affecté
à des fins de consommation finale nationale et à l’épargne nationale (CN+SN).
RNBD = RNB + transferts courants des non-résidents- transferts courants aux non résident
Opérations 2020 2021 2022

Produit intérieur brut 1152477 1274727 1330158


Revenu de la propriété net en provenance de l’extérieur -11018 -17606 -18929

Revenu national brut 1141459 1 257 121 1311229


Transferts courants nets en provenance de l’extérieur 81200 105776 124889
Revenu national brut disponible 1222659 1362897 1436118

1.7. Limites des mesures quantitatives de la croissance et proposition de mesures de


la qualité de la croissance

La crise économique et financière de 2008 a remis à l’ordre du jour les interrogations sur la
finalité de la croissance. Le début des années 1970 avait amorcé le débat, quand le Club de
Rome alertait sur « les limites à la croissance » (rapport Meadows, 1972). En effet, le PIB permet
de calculer le taux de croissance économique d’un pays. Cependant, cet indicateur, souvent

15
interprété comme un indice de progrès économique et social, reste une mesure comptable de la
valeur ajoutée de la production (flux) d’un pays et soulève plusieurs limites :
 Il ne tient pas compte des aspects qualitatifs de la croissance (capital humain,
institutionnel, ...)
 Il ne tient pas compte des inégalités sociales (PIB par habitant ou par tête) ;
 Il sous-estime la production car :
- certaines activités se réalisent hors marché. Elles ne sont pas comptabilisées.
Exemple : le travail domestique ou le bénévolat ;
- d’autres activités bien qu’elles se réalisent au sein du marché ne sont pas
correctement ou pas du tout comptabilisées. Exemples : économie informelle ou
économie illégale.
Pour viser une croissance « soutenable » ou « de qualité », il est nécessaire de mesurer non plus
seulement la progression du PIB, mais aussi le legs social, environnemental et productif que
nous ferons aux générations suivantes.
Plusieurs organisations internationales ont tenté d’analyser et de mesurer la qualité de la
croissance. Parmi ces travaux, celui du FMI (Mlachila. M, Tapsoba.R et Tapsoba.S 2014, 2015)
qui propose un indicateur de la qualité de la croissance, dont la valeur s’échelonne de 0 à 1, pour
un échantillon de 90 pays en développement entre 1990 et 2011. Cet indice composite de la
qualité de la croissance « IQC » agrège deux principales composantes : la nature intrinsèque de
la croissance (vigueur, stabilité, diversification, orientation vers l’extérieur) et sa dimension
sociale, c’est-à-dire les bénéfices sociaux escomptés.
De leurs part, les conclusions de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi sur la mesure du progrès
social proposent sept indicateurs susceptibles d’accompagner le PIB dans un tableau de bord de
la qualité de la croissance française : l’évolution des stocks d’actifs productifs, physiques et
incorporels, rapportés au PIB ; la proportion de titulaires d’un diplôme supérieur au brevet des
collèges parmi les 25 à 64 ans ; la proportion artificialisée du territoire ; l’empreinte carbone
française annuelle, importations incluses ; le rapport entre les revenus détenus par le cinquième
le plus riche de la population et ceux détenus par le cinquième le plus pauvre ; la dette publique
nette rapportée au PIB ; enfin, la dette extérieure nette rapportée au PIB.

16
1.8. Analyse de la croissance de l’économie nationale

Figure 4: Evolution de la croissance de l’économie marocaine depuis les années 80

Après avoir enregistré une croissance vigoureuse au début des années 2000, l’économie nationale
a vu sa capacité à créer de la richesse s’essouffler progressivement. Notant que le rythme de
croissance de l’économie marocaine est, ainsi, passé de 4,7% en moyenne annuelle sur la période
2000-2010 à 3,4% entre 2010-2019. Après une récession profonde en 2020 (-7,2%) sur fond des
retombées de la crise sanitaire, l’année 2021 a été marquée par une reprise soutenue de l’activité
économique avec un taux de croissance du PIB s’établissant à 7,9%. Ce rebond est le résultat d’une
forte hausse de 17,8% de l’activité agricole, suite à une compagne agricole exceptionnelle, et d’un
bon comportement des activités non agricoles (+6,6%).

La diversification de la base productive et la tertiairisation croissante de l’économie nationale ont


favorisé une réduction significative de la volatilité de la croissance économique. Mesurée par
l’écart-type, la volatilité du PIB a affiché une nette baisse, passant de 5,5 au titre des années 90 à
1,4 entre 2010 et 2019.

 Analyse des éléments de l’offre

Sur le plan sectoriel, parallèlement à un taux de croissance moyen de 2,3% de l’économie nationale
durant la période 2015-2021, la valeur ajoutée du secteur primaire, représentant 12,5% de la valeur
ajoutée totale durant la même période, a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 2,8%.

S’agissant de la valeur ajoutée du secteur secondaire, représentant 28,6% de la valeur ajoutée totale
durant la période 2015-2021, elle a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 2,2%. En
parallèle, le secteur tertiaire, qui représente 57,5% du total des valeurs ajoutées, a enregistré une
croissance annuelle de 1,9% sur la même période.

 Contribution des éléments de la demande finale à la croissance économique

Les composantes de la demande intérieure ont affiché un dynamisme continu depuis 2000, tirées,
principalement, par les dépenses de la consommation finale qui restent le principal moteur de la
croissance économique.

17
Cette performance est à mettre, essentiellement, à l’actif des dépenses de
consommation finale des ménages qui représentent 59,2% du PIB en moyenne entre 2015 et 2021
et qui restent le principal moteur de la croissance économique nationale.

En deuxième position des contributeurs à la croissance se situent les exportations de biens et


services qui ont réalisé une hausse de 8,7% en 2021 avec une contribution de 2,7 points au PIB.
Cette contribution a été, toutefois, complètement absorbée par la contribution négative des
importations (-4,5%), ce qui s’est traduit par une contribution négative des échanges extérieurs à
la croissance de l’ordre de 1,8 point.

De son côté, la formation brute de capital fixe a réalisé une bonne performance de 9,3% en 2021.
Grâce à ce dynamisme, sa contribution à la croissance économique ressort à 2,4 points. En somme,
la contribution de l’investissement brut (FBCF augmenté des variations des stocks) ressort à 3,8
points.

2. Développement économique : notions et mesures


Le développement est une notion qualitative et sa mesure demeure complexe. Elle résulte
généralement d’une comparaison entre pays développé et pays en développement.
Historiquement, la réflexion sur le développement a pris une importance particulière depuis déjà
plus d’un demi-siècle, notamment, depuis l’enclenchement du processus de décolonisation
touchant l'Asie et l'Afrique après la seconde guerre mondiale. Cet intérêt s’est aussi manifesté
par l’avènement d’un nouvel ordre économique mondial avec la création des institutions de
Bretton Woods, à savoir le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, et d’une
nouvelle donne géopolitique avec la guerre froide.
En effet, de nombreux pays en développement, devenus indépendants dans les années 50 et 60,
ont cherché à construire leurs propres modèles de développement en se dotant de capitaux et
des financements extérieurs pour réaliser les investissements nécessaires au développement de
leurs économies et pour pallier à l’insuffisance de l’épargne. La suraccumulation improductive
et les crises de dette, qui en résultent, ont poussé ces pays à adopter des politiques courtermistes
en mettant l’accent sur la stabilité des équilibres macroéconomiques et la libéralisation de leurs
marchés dans le cadre des Plans d’Ajustement Structurels imposés, depuis le début des années
1990, par les institutions de Bretton Woods.
Ces plans se sont largement inspirés du consensus de Washington, reposent sur un ensemble de
prescriptions – notamment, la mise en place d’une politique macro-économique saine, la
libéralisation des échanges, l’intégration effrénée dans l’économie mondiale, etc - en s’inspirant
du modèle néo-libéral prônant le moins l’Etat.
C'est à partir de 1998 qu'il est apparu évident pour de nombreux économistes que le consensus
de Washington soulevait plus de problèmes qu'il n'en réglait. Parmi ces économistes figure
Joseph Stiglitz qui a remis en cause ce consensus dans une série de conférences publiées sous
l’intitulé « Joseph Stiglitz and the World Bank — The Rebel Within » en soulignant ses risques
sur la stabilité sociale.
Dans ce sens, J. Stiglitz a indiqué, dans le cadre de la conférence d’Helsinki (1998), la nécessité
d’élargir les objectifs du développement pour intégrer les questions sociales : amélioration de la
santé et de l’éducation, développement soutenable, équitable — assurant que tous les groupes

18
sociaux bénéficient du développement — et démocratique, assurant une participation de chacun
au processus de décision. C’est ainsi que le concept du développement humain apparait pour la
première fois dans le rapport de 1990 du PNUD qui considérait les individus, pour la première
fois depuis l’émergence de l'économie du développement, comme la véritable richesse des
Nations.
2.1. Indicateur du développement humain
L’IDH intègre trois facteurs :
 L’espérance de vie à la naissance, car elle est significative des conditions de vie à
venir des individus et de leur accès à la médecine ;
 Le niveau d’éducation, qui détermine l’autonomie tant professionnelle que sociale
de l’individu ;
 Le revenu national brut par habitant, révélateur du niveau de vie des individus et
ainsi de leur accès à la culture, aux biens et services, aux transports…
En 2021, le Maroc a été classé 123ème dans l’Indice de développement humain sur 189
pays classés, avec un score de 0,683, qui le place dans la catégorie des pays à
«développement humain moyen »
2.2. Environnement, enjeu de développement durable
Le développement durable suppose un mode d’organisation basé sur 3 piliers essentiels :
 La qualité environnementale des activités humaines pour limiter les impacts
environnementaux, préserver les écosystèmes et les ressources naturelles à long terme ;
 L’équité sociale pour garantir à tous les membres de la société un accès aux ressources et
services de base pour satisfaire les besoins de l’humanité, réduire les inégalités et maintenir
la cohésion sociale ;
 L’efficacité économique en diminuant l’extrême pauvreté et en garantissant l’emploi du
plus grand nombre dans une activité économique dignement rémunérée. L’économie
durable est une gestion saine des activités humaines sans préjudices pour l’Homme ou pour
l’environnement.

19
Chapitre 2 : Inflation et chômage
L’objectif d’assurer l’expansion et le plein emploi sans inflation engendre souvent le
problème de la stabilité des prix.
Dans cette situation le chômage constitue alors comme un moyen de régulation de l’inflation
salariale.
1. Inflation, définition, causes, mesures, conséquences et solutions
1.1. Définition
L’inflation est une augmentation générale et durable des prix. C’est-à-dire elle concerne
tous les prix et non pas uniquement ceux de quelques produits et services.
Cette augmentation est prolongée dans le temps, c’est-à-dire qu’elle n’est pas passagère ou
accidentelle.
La déflation se caractérise par le gain du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par
une baisse générale et durable des prix.
La désinflation est la baisse de l’inflation (une baisse du taux d’accroissement du niveau
moyen des prix). Le taux d’inflation baisse tout en restant strictement positif.
La stagflation est la situation d'une économie qui souffre simultanément d’une croissance
économique faible ou nulle et d'une forte inflation souvent accompagnées d’une
augmentation du taux de chômage.
Le phénomène de l'hyperinflation correspond à une inflation excessivement élevée et
incontrôlable (lorsque les prix augmentent de plus de 50% par mois).
1.2. Les causes :
Il existe quatre principaux facteurs à l’origine de l’inflation :
 L’inflation monétaire :
 L’inflation apparaît lorsque le stock de monnaie circulant dans l’économie est trop élevé
par rapport à la quantité de biens et services offerts ;
 Dans ce cas, un excès de masse monétaire créé par les banques commerciales ou par le
financement du déficit public par la banque centrale est à l’origine de l’inflation ;
 Cette dernière est donc traduite par un manque de confiance en la monnaie. Sur les
marchés financiers, le manque de confiance en une monnaie se traduit par la chute de
son cours de change.
 L’inflation par la demande :
 Dans ce cas, la quantité des biens demandés est supérieure à la quantité de biens offerts,
une hausse des prix est inévitable pour rétablir l’équilibre dans une économie de
marché;
 Plus le déséquilibre est important, plus l'inflation par la demande est forte. Cette hausse
des prix peut intervenir sur plusieurs mois ou années avant que l'offre n'augmente pour
répondre à la demande.

20
 Les entreprises mettent en place des programmes d’investissement pour augmenter leur
production et augmentent leurs effectifs ce qui contribue à stimuler l’activité
économique et la demande globale des ménages. Toutefois, tant que les quantités créées
ne parviennent pas à s’adapter à la demande globale, la hausse des prix perdure ;
 Des facteurs psychologiques interviennent dans le développement de l’inflation par la
demande. Il s’agit principalement des anticipations à la hausse des prix ;
 Un pouvoir d’achat supplémentaire issu d’un surcroît de liquidités fourni par une
déthésaurisation ou par une création de monnaie à l’occasion de créances émises sur
l’économie.
 L’inflation importée :
 L'inflation importée est provoquée par une baisse de la valeur de la monnaie d'un pays.
Plus la monnaie se déprécie sur le marché des changes, plus le prix des importations est
élevé ;
 Avec de l'inflation importée, les coûts de productions sont plus importants pour les
entreprises qui répercutent le plus souvent cette hausse sur le prix de vente des biens ou
services vendus ;
 La dépréciation d’une monnaie par rapport au dollar ou aux autres principales devises
de facturation du commerce mondial génère une hausse du prix des produits importés.
Ce phénomène peut être lié à une importante augmentation des cours des produits
énergétiques et matières premières sur les marchés mondiaux.
 L’inflation par les coûts :
 La hausse du prix de fabrication qui provient généralement d’une hausse du coût des
matières premières ou bien des salaires pèse sur les coûts de production des entreprises;
 L’inflation par les coûts peut conduire à une spirale inflationniste. L’augmentation du
coût des matières premières pèse sur les coûts de production des entreprises ;
 L’inflation par les coûts peut conduire à une spirale inflationniste. Pour préserver leurs
marges bénéficiaires, les entreprises sont incitées à augmenter leurs prix. Cette hausse
des prix se répercute directement sur le niveau des salaires qui s’accroît à son tour. S’en
suit ensuite une nouvelle hausse des prix…
1.3. Mesures de l’inflation
Pour mesurer l’évolution de la production au cours du temps, on doit tenir compte de
l’influence des prix sur cette évolution. On procède à l’élimination de l’effet de la hausse
des prix. On calcul alors le PIB réel ou au prix constant.
L’économiste s’intéresse à deux mesures du niveau des prix :
 L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) est l'instrument de mesure de
l'inflation. Il permet d'estimer, entre deux périodes, le coût d’un panier fixe de biens et
de services payé par une population cible en se référant à une année de base.
𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷 𝒅𝒅𝒅𝒅 𝒍𝒍′ 𝒂𝒂𝒂𝒂𝒂𝒂é𝒆𝒆 𝒆𝒆𝒆𝒆 𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄𝒄
IPC = *100
𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷 𝒅𝒅𝒅𝒅 𝒍𝒍′ 𝒂𝒂𝒂𝒂𝒂𝒂é𝒆𝒆 𝒅𝒅𝒅𝒅 𝒃𝒃𝒃𝒃𝒃𝒃𝒃𝒃

21
Et l’inflation de l’année en cours se mesure par la variation de son IPC (en %) par rapport
à l’année précédente.
𝑰𝑰𝑰𝑰𝑰𝑰 (𝒏𝒏)−𝑰𝑰𝑰𝑰𝑰𝑰(𝒏𝒏−𝟏𝟏)
L’inflation de l’année(n) = ( ) *100
𝑰𝑰𝑰𝑰𝑰𝑰 (𝒏𝒏−𝟏𝟏)

- Exemple :
Soit un ménage X achète 4 unités de pain, 3 kilos de tomates et 6 kilos de fromages. Les
prix de ces biens en 2020, 2021 et 2022 (exprimés en DH) sont indiqués dans le tableau ci-
dessous :

Année Prix du pain Prix de kg tomate Prix de kg fromage

2020 1 2 10

2021 2 4 20

2022 3 4 25

Si on considère 2021 comme année de base. Calculer


 L’IPC de 2022 et de 2020 ;
 Le taux d’inflation entre 2020 et 2021 et entre 2021 et 2022.
- Réponse :
 L’IPC de 2020 et de 2022 ;

Année Prix du Prix de kg Prix de kg Coût du panier IPC


pain tomate fromage annuel (en DH)

2020 1 2 10 4*1+3*2+6*10 =70 50


2021 2 4 20 4*2+3*4+6*20= 140 100
2022 3 4 25 4*3+3*4+25*6=174 124

 Le taux d’inflation entre 2020 et 2021 et entre 2021 et 2022.


- Entre 2020 et 2021 le taux d’inflation est : (100/50-1)*100 =100%;
- Entre 2021 et 2022 le taux d’inflation est : (124/100-1)*100 = 24%.
 Et le Déflateur de PIB (𝑫𝑫𝒕𝒕 𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷𝑷) qui mesure les variations de prix dans tous les aspects de
l'économie, contrairement à l'IPC, qui analyse uniquement les dépenses de consommation.
Le déflateur du PIB est calculé à partir des évolutions du PIB nominal et du PIB réel en se
référant à une année de base.
𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏 𝐧𝐧𝐧𝐧𝐧𝐧𝐧𝐧𝐧𝐧𝐧𝐧𝐧𝐧(𝐭𝐭)
𝐋𝐋𝐋𝐋 𝐃𝐃é𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟 𝐝𝐝𝐝𝐝 𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏(𝐭𝐭) =
𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏 𝐫𝐫é𝐞𝐞𝐞𝐞(𝐭𝐭)

22
Et l’inflation de l’année en cours résulte de la variation (en %) son déflateur du PIB par
rapport à l’année précédente.
𝐃𝐃é𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟 𝐝𝐝𝐝𝐝 𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏(𝐭𝐭) − 𝐃𝐃é𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟 𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚é𝐞𝐞 𝐝𝐝𝐝𝐝 𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏(𝐭𝐭 − 𝟏𝟏)
𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈𝐈(𝐭𝐭) = ∗ 𝟏𝟏𝟏𝟏𝟏𝟏
𝐃𝐃é𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟𝐟 𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚é𝐞𝐞 𝐝𝐝𝐝𝐝 𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏𝐏(𝐭𝐭 − 𝟏𝟏)
- Exemple :
Soit trois produits, les Motos, la viande et l’imprimantes avec leurs quantités et prix
correspondants en 2021 et 2022. Si on considère 2021 comme année de base, calculer à
partir du déflateur du PIB le taux d’inflation.

2021 2022
Produits
Qté Prix Qté Prix
Motos 18 3300 21 3750
Viande 1800 1,5 1800 1,8
Imprimantes 9 1350 9 1275

- Réponse
2021 2022
Année de base 2021
PIB nominal 74250 93465
PIB réel 74250 84150
Déflateur du PIB 1 1,11
Taux d'Inflation en % 11,07

 Différence entre l'IPC et le déflateur du PIB


Ils couvrent des ensembles différents de biens et services :
 L’IPC tient compte des prix d’un panier représentatif de biens et services achetés par
les consommateurs (y compris les biens et services de consommation importés) ;
 Le déflateur du PIB tient compte du prix de tous les biens et services finaux produits
dans le pays ;
Ils sont construits différemment :
 L’IPC repose sur un panier fixe de biens et services
 Le panier change pour le déflateur du PIB.

23
1.4. Conséquences de l’inflation
L’inflation peut engendrer plusieurs conséquences à la fois économiques et sociales :
• Sur le pouvoir d’achat des ménages : Si les prix augmentent plus vite que les
salaires, cela entraîne une baisse de la quantité de biens et services qu’un ménage
peut acheter (effet négatif sur les ménages);
• Sur la rentabilité des entreprises produisant les biens de première nécessité dont la
demande est inélastique par rapport à la hausse des prix (effet positif sur les
entreprises);
• L’inflation peut pénaliser la compétitivité d’une économie et le commerce extérieur
dans la mesure où les produits importés peuvent devenir plus chers que les produits
domestiques (effet négatif sur la compétitivité extérieure de l’économie nationale) ;
• L’inflation peut pénaliser l’épargne en entraînant une perte de valeur des sommes
épargnées et en diminuant le taux de rendement ;
• L’investissement est encouragé par le fait que l’inflation pénalise l’épargne oisif ;
• L’investissement s’oriente vers les activités à rentabilité immédiate (à cause des
facilités de financement et l’anticipation de la hausse des prix) ;

1.5. Solutions
La lutte contre l’inflation dépend forcément de sa nature :
• Si l’inflation est d’origine monétaire, donc il fallait limiter la masse monétaire à
travers une politique restrictive de la banque centrale et une augmentation des taux
d’intérêt (et donc limiter l’octroi des crédits) ;
• Si l’inflation est due à l’excès de la demande, il fallait freiner la demande (augmenter
le taux d’imposition des ménages) et stimuler l’offre (stimuler les importations) ;
• Si l’inflation a pour origine les coûts, il faut limiter le coût de travail ou stimuler les
gains de productivité ou baisser les charges sociales qui pèsent sur les salaires.
2. Activité, emploi et chômage : définitions des principaux concepts
2.1. Concepts, définitions et classifications
La population totale est répartie entre la population active et la population inactive :
• La population active : comprend toutes les personnes constituant la main d’œuvre
disponible pour la production de biens et services. Elle est composée de la population
active occupée (actifs occupés) et de la population active en chômage (chômeurs) :
• Population active occupée : comprend toutes les personnes participant à la production de
biens et de services, ne serait-ce que pour une heure, pendant une brève période de
référence, et toutes les personnes pourvues normalement d'un emploi, mais absentes de
leur travail ;
• Population active en chômage : est constituée des personnes âgées de 15 ans et plus, qui
n'ont pas une activité professionnelle et qui cherchent activement ou passivement un
emploi ;
• Population inactive : toute personne qui n'est ni active occupée, ni en chômage. Les
personnes inactives sont classées selon la cause de leur inactivité ("type d'inactivité") :

24
 Jeune, enfant : (-15 ans n'exerçant pas un travail et ne fréquentant pas un établissement
d'enseignement ou de formation) ;
 Écolier ou étudiant (personne dont la principale préoccupation est la fréquentation
d'un établissement d'enseignement ou de formation) ;
 Femme au foyer (femme âgée de 10 ans et plus dont l'occupation consiste à exercer
des travaux ménagers pour le compte de son ménage) ;
 Retraité (toute personne dont la principale source de revenu est une retraite) ;
 Rentier (toute personne vivant principalement des revenus de la rente provenant de ses
propriétés) ;
 Infirme ou malade : toute personne ne travaillant pas et ne cherchant pas à travailler
à cause d'une maladie chronique ou d'une infirmité mentale ou physique ;
 Vieillard : toute personne âgée de 60 ans et plus dont la vieillesse est la principale
cause de son inactivité et qui ne peut être classé ni comme rentier, ni comme retraité) ;
 Autre inactif : toute personne âgée de 15 ans et plus dont le type d'inactivité ne
coïncide pas avec les modalités suscitées et qui n'est pas disposée à travailler ;
 Rentier (toute personne vivant principalement des revenus de la rente provenant de ses
propriétés) ;
 Infirme ou malade : toute personne ne travaillant pas et ne cherchant pas à travailler
à cause d'une maladie chronique ou d'une infirmité mentale ou physique;
 Vieillard : toute personne âgée de 60 ans et plus dont la vieillesse est la principale
cause de son inactivité et qui ne peut être classé ni comme rentier, ni comme retraité) ;
 Autre inactif : toute personne âgée de 15 ans et plus dont le type d'inactivité ne
coïncide pas avec les modalités suscitées et qui n'est pas disposée à travailler.

2.2. L’activité

L’activité au sein d’une économie est appréhendée par le taux d’activité. Il indique la part
des personnes actives dans la population totale. Il est calculé en rapportant l'effectif des actifs
à celui de la population totale.

65
60 58,4
55 50,9
49,6
50
43,6 45,3
45
42,3
40
35
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

National Urbain Rural

Figure 5: Evolution du taux d'activité au Maroc

Source : HCP

D’après ce graphique, on peut observer une baisse du taux d’activité à la fois au niveau
national et par milieu d’activité. La baisse la plus prononcée est celle enregistrée en milieu
rural en passant de 58,4% en 2010 à 50,9% en 2021. Cette baisse ne provient pas uniquement

25
de la faible participation des femmes au marché du travail mais aussi de l’augmentation du
taux de scolarisation des jeunes de 15-24 ans.

100

80 40,4 40,8 42,2 43,1 44,9 45,7 45,8


60
9,4 9,8 10,8 10,4 10,5 10,8 11,2
40 11,2 11,3 11,7 12 12 12,1 11,7
20 39 38 35,1 34,4 32,5 31,3 31,2
0
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
L'agriculture, forêt et la pêche L'industrie y compris l'artisanat BTP Les services

Figure 6: Structure de la population active occupée par secteur d'activité (en %)


Source : HCP
La tertiarisation de l’économie marocaine se manifeste clairement au niveau du marché du
travail qui détient une part relativement importante de la population active occupée. En effet,
la part du secteur tertiaire a augmenté de 40,4% en 2015 à 45,8% en 2021, suivi par le secteur
primaire, qui a même vu sa part baisser de 39% à 31,2%. Quant au secteur secondaire
(industrie) sa part est restée, presque stable aux alentours de 11,7%.
A noter, que le secteur tertiaire reste dominé par la branche du commerce, suivie par les
services sociaux fournis à la collectivité, ensuite les services liés au transport et
communications.
2.3. L’emploi :
L’emploi, désigne l’utilisation d’un individu par un autre individu ou par une institution
visant à la réalisation d’un travail particulier en contrepartie d’un salaire ou autre
rémunération ;
La définition de l’emploi exclut les personnes exerçant une activité non rémunérée, telles que
les femmes au foyer ou les travailleurs bénévoles. Par contre, y sont inclus les travailleurs
indépendants, qui en représentent une part considérable ;
Le taux d'emploi exprime la part de la population active occupée dans la population totale en
donnant une idée sur la capacité des structures productives à utiliser les ressources humaines
du pays.
2021 39,7
2020 39,4
2019 41,6
2018 41,7
2017 41,9

38 38,5 39 39,5 40 40,5 41 41,5 42

Figure 7: Taux d'emploi au niveau national (en %)

Source : HCP

Le taux d’emploi a augmenté de 39,4% à 39,7% au niveau national. Toutefois, le taux


d’emploi demeure inférieur au niveau enregistré avant la pandémie (41,6% en 2019).

26
2.4. Le chômage
Le concept du chômage, est fondé sur un critère à trois conditions :
- Sans travail ;
- À la recherche d'un travail ; c'est à dire qui ont pris des dispositions appropriées pour
chercher un emploi ;
- Disponible pour travailler.
Le taux de chômage exprime la part des chômeurs dans la population active âgée de 15 ans et
plus.
Ce taux est obtenu par le rapport de l'effectif des chômeurs à celui des actifs âgés de 15 ans et
plus.

Taux de chômage = Population active en chômage/Population active (15 ans et +) x 100


Le taux de chômage au Maroc est passé à 12,3% en 2021, contre 11,9% en 2020 sous l’effet
de la crise sanitaire. Par diplôme, les gens ayant un niveau supérieur trouvent des difficultés
de s’insérer rapidement sur le marché de l’emploi avec 25,9%. Ce qui interpelle sur l’efficacité
des réformes du système éducatif du Maroc visant à réussir une bonne adéquation formation-
emploi.

Figure 8: Le taux de chômage par diplôme

Source : HCP

2.5. Lien entre inflation et chômage : l’arbitrage de Phillips


En 1958, l’économiste néo-zélandais Alban William Phillips (1914 -1975) publie un article
dans lequel il met en évidence une relation inverse entre le taux d’évolution des salaires
nominaux et le taux de chômage au Royaume-Uni sur la période 1861-1957 : plus le taux de
chômage est important, plus l’augmentation des salaires (coût du travail) est faible.
Ainsi, si le chômage est élevé, les travailleurs sont prêts à accepter des emplois moins bien
rémunérés par peur du chômage. Inversement, en période de faible chômage, ils disposent d’un
rapport de force favorable pour négocier leurs salaires à la hausse.
Cette courbe de Phillips est également appelée arbitrage de Phillips. Un gouvernement doit
arbitrer (politique de ciblage) entre chômage et coût du travail.

27
Figure 9 : Courbe de Phillips

SOURCE: Alban W. Phillips, “The Relation between Unemployment and the Rate of Change of Money Wage Rates in the United Kingdom,
1861–1957”

C'est grâce au britannique Richard Lipsey et aux américains Paul Samuelson et Robert Solow
que cette courbe a été réinterprétée pour étudier le lien entre le chômage et l’inflation de
manière générale.

Deux justifications la sous-tendent :

1/ le coût du travail étant en général le coût de production le plus important des entreprises,
toute augmentation de ce coût peut se répercuter sur les prix de vente ;

2/ les économistes considèrent que le taux de chômage constitue un indicateur


(quoiqu’imparfait) de l’état de la demande globale dans l’économie. Plus le chômage est faible,
plus on peut penser que l’économie est en « bonne santé » et que la demande de biens de
consommation et de biens de production (l’investissement) est relativement élevée. Cette forte
demande peut créer des pressions inflationnistes si l’offre n’arrive pas à suivre.

 Limite de l’arbitrage de Phillips: La stagflation

Cependant, dans les pays de l’OCDE, les années 1970 se caractérisèrent en moyenne par une
augmentation du taux de chômage et du taux d’inflation. On baptisa rapidement ce phénomène
de « stagflation », témoignant de la coexistence quasi-inédite dans les pays développés d’une
forte inflation et de périodes de ralentissement ou de stagnation économique.

28
 Court terme Vs long terme: la contestation monétariste
Selon Edmund Phelps (1967) et Milton Friedman la courbe de Phillips présente une pente négative à court
terme et devient verticale à moyen-long terme. Le chômage devient indépendant de l’inflation, il atteint un
niveau incompressible, qualifié de « naturel » ou NAIRU « taux de chômage non accélérateur d’inflation ».

29
Chapitre 3 : Pauvreté et inégalités
1 Pauvreté
Sont considérées pauvres toutes les personnes dont les dépenses de consommation sont
inférieures au seuil de pauvreté.
1.1. La pauvreté : concepts et définitions
 La pauvreté alimentaire se réfère à un panier de biens et services alimentaires
permettant le minimum requis en calories, calculé en appliquant la norme (Le
minimum requis en calories par individu et par jour) adaptée à la structure de la
population ;
 La pauvreté absolue dont le seuil est calculé en majorant celui de la pauvreté
alimentaire du coût d’une dotation minimale de biens et services non alimentaires.
La dotation retenue à cet effet est celle réalisée par les ménages qui ne satisferaient
leurs besoins alimentaires que lorsqu'ils leur consacraient le total de leur budget.
 La pauvreté relative dont le seuil est obtenu en majorant celui de la pauvreté
alimentaire du coût d’une dotation plus conséquente de biens et services non
alimentaires. Cette dotation retient la moyenne des dépenses non alimentaires
réalisées par les ménages qui atteignent effectivement le minimum alimentaire
requis ;
 La vulnérabilité appréhende la fraction de la population qui est au-dessus du seuil
de la pauvreté relative, mais qui risque de se trouver en deçà de ce seuil si des aléas
de différentes sortes affectent leur situation économique et sociale (tout ménage
dont la dépense totale se situe entre le seuil de la pauvreté relative et 1,5 fois ce
seuil;
 La pauvreté multidimensionnelle qui s’appuie sur la construction d’un indice
composite du bien-être qui distribue les ménages selon leur degré de privation qui
cumule simultanément un nombre de privations supérieur au seuil de pauvreté en
termes de santé, d’éducation et des conditions de vie.

1.2. La pauvreté dans le monde

Des millions de personnes vivent toujours sous le seuil de pauvreté absolue (1,90 $ par jour).
Aujourd’hui, entre 75 et 95 millions de personnes supplémentaires pourraient vivre dans
l'extrême pauvreté en 2022 par rapport aux projections pré-covid, en raison des effets
persistants de la pandémie.
Plus de 60% des personnes vivant dans l’extrême pauvreté sont des femmes. Les femmes
sont surreprésentées au bas de l’échelle économique, dans des emplois moins valorisés
financièrement et socialement, et avec des conditions de travail précaires.
Selon ONU Femmes, alors que le taux d’extrême pauvreté devait baisser d’ici 2030, il va
finalement augmenter à cause de la crise du Covid, impactant plus fortement les femmes. 47
millions de femmes ont déjà basculé sous le seuil d’extrême pauvreté à cause de la pandémie
de Covid-19.
Les projections montrent que l’écart de pauvreté entre les femmes et les hommes va se
creuser dans les dix prochaines années, en particulier pour la tranche d’âge 25-34 ans.

30
Autrement dit, sans actions urgentes, il y aura plus de pauvres en 2030 qu’en 2020, à cause
de la pandémie du Covid19. La majorité de ces pauvres seront toujours des femmes

40
30 29,1
20
10 8,4
0

Figure 10 : Ratio de la population pauvre (en %) disposant de moins de 1,90 $ par jour (2011 PPA)

Source : Banque Mondiale

1.3. La pauvreté nationale et régionale

Au Maroc, et selon une étude élaborée par la Banque mondiale (1994), le sous-emploi est la
principale cause de la pauvreté" et que "le chômage est étroitement lié à la pauvreté". Le pays
a globalement connu une faible croissance économique, de surcroît mal répartie dans le temps
(grande volatilité), et entre les classes de la population. Les quelques taux de croissance
positifs significatifs obtenus durant certaines années ne pouvaient en aucun cas dissimuler sa
faiblesse globale ni son faible impact en matière de réduction de la pauvreté.
On distingue plusieurs types de pauvreté dont la pauvreté alimentaire, absolue, relative et
multidimensionnelle.
Pour la pauvreté alimentaire, elle se réfère à un panier de biens et services alimentaires
permettant le minimum requis en calories, calculé en appliquant la norme recommandée par
la FAO et l’OMS
Entre 2019 -2021, 2,1 millions de personnes souffraient de malnutrition contre 1,6 million
entre 2018-2020 au niveau national. La prévalence de la sous-alimentation par rapport à la
population totale a atteint un taux de 5,6% entre 2019 et 2021 contre 4,4% entre 2018 et 2020
La pauvreté absolue dont le seuil est calculé en majorant celui de la pauvreté alimentaire du
coût d’une dotation minimale de biens et services non alimentaires. La dotation retenue à cet
effet est celle réalisée par les ménages qui ne satisferaient leurs besoins alimentaires que
lorsqu'ils leur consacraient le total de leur budget. Le taux de pauvreté absolu est la proportion
des individus dont la dépense annuelle moyenne par personne se situe au-dessous de ce seuil.
Au Maroc, le taux de la pauvreté et de la vulnérabilité absolue a diminué de 38,1% en 2001
à 8,5% en 2019.

31
Pour la pauvreté relative (considérée une forme d’inégalités de revenu) qui se mesure par
référence au poids démographique des personnes à faible revenu dans la répartition du revenu
de toute la population, est fixée au seuil de pauvreté à 50% du revenu médian par tête (6 830
DH) 1 .
En 2019, la part des personnes à faible revenu est de 12,7% à l’échelle nationale, 6,8% en
milieu urbain et 22,9% en milieu rural. Au total, 4,5 millions de personnes sont pauvres à
titre de pauvreté relative, dont les deux tiers (66,4%) résident en milieu rural. Il ressort donc,
que la pauvreté) relative au Maroc est un phénomène rural.
Au niveau régional, le rythme de baisse de la pauvreté est plus prononcé entre 2001 et 2014
parmi les régions les plus pauvres en début de période.
Le taux de pauvreté est plus élevé que la moyenne nationale dans les régions du Drâa-
Tafilalet (14,6%), de Béni-Mellal-Khénifra (9,3%), de Marrakech-Safi (5,4%), de l’Oriental
(5,3%), de Fès-Meknès (5,2%) et du Souss-Massa (5,1%).
Ces régions (6 parmi 12 régions) regroupent 74% de l’ensemble de la population pauvre.

Figure 11 : pauvreté nationale et régionale

Source : HCP

Le taux de pauvreté multidimensionnelle donne la proportion des personnes pauvres,


cumulant un nombre de privations supérieur au seuil de pauvreté - au moins 30% des
privations élémentaires auxquelles sont exposés les ménages -. Il exprime le rapport du
nombre des pauvres au nombre total de la population.
Il a connu, comme le taux de la pauvreté monétaire, un fort déclin au fil des années. Entre
2004 et 2014, le taux de pauvreté multidimensionnelle a remarquablement diminué, à hauteur
de 67,2%, à l’échelle nationale, passant de 25,0% à 8,2%.
En milieu urbain, elle a baissé de 78% en passant de 9,1% à 2,0% et de 60% en milieu rural,
passant de 44,6% à 17,7%.

1
Pour l’OCDE, tout individu ayant un revenu inférieur à 50% du revenu médian est considéré comme pauvre à titre
de la pauvreté relative. Cette approche considère que la pauvreté est un phénomène relatif à chaque société, autrement
dit, la pauvreté est envisagée comme un produit d’inégalité : sont pauvres les personnes ou les ménages dont le niveau
de vie est inférieur à celui des autres membres de la société

32
Ces écarts entre les deux milieux de résidence montrent que la pauvreté multidimensionnelle,
à l’instar de la pauvreté monétaire, demeure principalement un phénomène rural : 85,4% de
la population en situation de pauvreté multidimensionnelle réside dans l’espace rural.
50 44,6
40

30 25
20,2
17,7
20
9,1 9,8 8,2
10
2,3 2
0
2004 2011 2014

Rural Urbain Ensemble

Source : HCP
Selon le HCP, la décomposition de la pauvreté multidimensionnelle par domaine de privation
renseigne sur les sources à l’origine de ce phénomène. La privation en termes de scolarisation des
adultes explique à elle seule 34% de la pauvreté au niveau national. La non-scolarisation des
enfants contribue à hauteur de 21,3% à l’Indice de la Pauvreté Multidimensionnel. Dans l’ensemble
les déficits en termes d’éducation expliquent un peu plus de la moitié de la pauvreté
multidimensionnelle (55,3%). Quant aux privations en termes d’accès aux infrastructures sociales
de base, elles expliquent 19,7% de la pauvreté multidimensionnelle. Cette contribution s’élève à
14,1% pour les privations en termes de conditions d’habitat et à 10,9% en termes de santé.
Education des adultes
Rural 34,4 20,5 8,7 21,2 15,3
Education des enfants
Urbain 36,8 24,0 24,5 9,7 5,0
Santé

Ensemble 34,0 21,3 10,9 19,7 14,1 Accès à l'eau, à l'électricité et à


l'aissinissement

Source: HCP, RGPH 2004 & 2014

1.4. Conséquences de la pauvreté


 Sur la croissance économique :
La pauvreté peut freiner la croissance économique, car les populations pauvres ont moins de
pouvoir d’achat pour consommer des biens et des services, ce qui peut réduire la demande
économique globale. En outre, les populations pauvres sont souvent dépendantes des aides
sociales et des soins de santé gratuits ou subventionnés, ce qui peut augmenter les coûts
sociaux pour les gouvernements.

33
 Sur la cohésion, l’intégration et la stabilité sociales :
Les populations pauvres sont souvent plus exposées à la criminalité, car elles sont plus
vulnérables aux activités criminelles telles que le vol et le trafic de drogue. Cela peut entraîner
des coûts élevés pour les gouvernements en termes de dépenses liées à la justice pénale et à
la sécurité publique. Les populations pauvres ont également souvent un accès limité à
l’éducation et aux soins de santé, ce qui peut réduire leur capacité à travailler et à être
productives. Cela peut réduire la croissance économique à long terme.
La pauvreté peut même entraîner des niveaux élevés d’instabilité sociale et politique, car les
populations pauvres sont souvent plus susceptibles de se tourner vers la violence et les
activités criminelles pour subvenir à leurs besoins. Cela peut entraîner des coûts élevés pour
les gouvernements en termes de maintien de l’ordre public et de stabilisation politique.
1.5. Mesures visant à réduire la pauvreté
Ces mesures ont concerné principalement :
 Les subventions à la consommation (subvention de la caisse de la compensation pour
stabiliser les prix des produits de base à savoir les produits alimentaires, le gaz butane et
les produits pétroliers). Mais, ces subventions sont pro-classe moyenne et pro-classe
aisée. C’est la classe aisée et qui profite le plus des subventions ;
 Les dépenses d’éducation et de santé : les dépenses publiques au préscolaire, à
l’enseignement fondamental et dans une moindre mesure au collège, privilégient
clairement les moins favorisés alors que les dépenses publiques destinées à
l’enseignement secondaire et supérieur avantagent sans équivoque le groupe le plus aisé.
Pour la santé, la distribution des services s’avère progressive, profitant davantage aux
personnes défavorisées qu’aux personnes aisées même qu’il y a un recours au secteur
privé du fait que les ménages sont peu satisfaits de la quantité et de la qualité des services
de santé du secteur public ;
 Les transferts monétaires qui indiquent un rôle important de la protection sociale et de
la solidarité dans la société. Elles dénotent également le retour en force du rôle
redistributif des institutions publiques et semi-publiques et leur prépondérance dans les
villes en particulier ;
 Disponibilité des services : d’où l’amélioration de la prestation des services a connu une
nette amélioration. L’accès à l'électricité est presque universel, allant de 84,7% à
Eddakhla-Oued-Eddahab à 93,7% à Casablanca-Settat. Le taux de scolarisation des
enfants âgés de 7 à 12 ans est supérieur à 90% dans toutes les régions.
L'approvisionnement en eau potable – branchement au réseau ou accès à une source
d’eau potable- est proche de la couverture totale dans les zones urbaines, mais d’environ
64% dans les zones rurales.

2 Inégalités
Les inégalités des niveaux de vie sont appréhendées par deux types d’indicateurs :
- Le premier est basé sur la mesure des disparités sociales et spatiales de la distribution
du niveau de vie ;
- Le second comporte des indicateurs synthétiques qui permettent de récapituler
l’inégalité relative en une seule valeur.
Entre 2001 et 2014, la progression du niveau de vie a profité à l’ensemble des ménages,
particulièrement aux catégories modestes et intermédiaires.

34
Entre 2001 et 2014, l’évolution de la concentration de la masse des dépenses montre que la
répartition des dépenses est devenue moins inégalitaire :
- Le rapport des parts dans la masse de la dépense totale entre les 10% les plus aisés et
les 10% les plus défavorisés, est passé de 12,2 fois en 2001 et à 11,8 fois en 2014. Cette
réduction est plus conséquente en milieu urbain qu’en milieu rural
- La même situation est enregistrée parmi les 5% les plus pauvres et les 5% les plus
riches, dont le rapport de niveau de vie est passé de 19,3 fois en 2001 en faveur des plus
aisés et à 19,2 fois en 2014 ;
- Les 50% des ménages les moins aisés ont peu amélioré leur part dans la masse totale
des dépenses de 23,4% en 2001 à 24,2 % en 2014 ;
Dans ces conditions, les inégalités sociales, mesurées par l’indice de Gini, ont affiché une
première inflexion de leur tenace rigidité à la baisse, passant de 40,6% en 2001 à 39.5% en
2014. Cette tendance à la baisse s’avère beaucoup plus prononcée dans le milieu urbain que
dans le milieu rural.

2.1. Disparités régionales du niveau de vie


Entre 2001 et 2014, l’évolution du niveau de vie au niveau régional a nettement montré
l’existence d’un processus de convergence entre les 12 régions du Royaume bien que le
rythme de réduction des écarts régionaux n’ait été pas le même pour toutes les régions.
L’approche d’analyse de la convergence consiste à mesurer la réduction de la dispersion du
niveau de vie dans le temps sur la base de deux indicateurs :
 Le coefficient de convergence qui mesure le rythme de retour à la moyenne en
régressant le taux de croissance du niveau de vie sur son niveau ;
 L’écart moyen qui renseigne sur l’évolution de la dispersion de la coupe
transversale.
La significativité des coefficients de convergence indique une tendance confirmée à la
réduction des disparités du niveau de vie entre les différentes régions du Royaume. Elle
indique clairement que le niveau de vie des régions les moins nanties tend à croitre plus
vite que celui des régions les plus nanties.
C’est ainsi que des régions moins nanties comme Drâa-Tafilalet, l’Oriental, Marrakech-
Safi, Fès-Meknès affichent des taux d’accroissement du niveau de vie supérieurs à ceux des
régions qui comptent parmi les plus nanties, telles que Ed Dakhla-Oued Eddahab,
Laayoune-Sakia- El Hamra, Casablanca-Settat, Guelmim-Oued Noun.
Cependant, les régions de Draa-Tafilalt et Béni Mellal, Khénifra sont marquées par un
rythme de convergence remarquablement lent.

35
À cet égard, les régions exhibant un niveau de vie supérieur à la moyenne nationale sont «
Eddakhla oued Eddahab » (28627 DH) ; « Casablanca-Settat » (19006 DH) ; « Laayoune-
Sakia-ElHamra » (17729 DH) ; « Rabat-Salé-Kénitra » (17 717 DH) ; « Tanger-Tetouan-
EL Hoceima » (17082 DH) et la région de l’« Oriental » (15 972 DH). Les autres régions
réalisent une dépense annuelle per capita inférieure à la moyenne nationale particulièrement
au niveau des régions de « Draa-Tafilat » et « Béni Mellal-Khénifra » dont les ménages
connaissent la plus faible dépense annuelle moyenne par tête (respectivement 11 923 DH
et 11 745 DH).
Dans ces conditions, avec un rythme annuel tendanciel de convergence de 4%, il faudrait
24 ans pour que le processus de convergence arrive à réduire les disparités régionales
initiales de moitié. Par ailleurs, entre 2001 et 2014, les inégalités mesurées par l’indice de
Gini, ont baissé dans les régions de "Casablanca-Settat", passant de 43,2% à 39,6%, "Souss-
Massa", de 40,9% à 37,3%, "Marrakech-Safi", de 36,2% à 34,6% et "Béni-Mellal-
Khénifra" de 35,3% à 34,4%.
Les autres régions ont été caractérisées soit par une stagnation des inégalités, c'est le cas
notamment de la région "Tanger-Tétouan-Al Hoceima" (37,0%) ou par une augmentation
dont la plus forte est observée dans les régions du Sud où l'indice de Gini est passé de 35,0%
à 40,2%, et dans la région « Rabat-Salé-Kenitra », de 40% à 44%. Par rapport aux disparités
spatiales, l’écart de niveau de vie entre les deux milieux de résidence urbain et rural semble
marquer une amorce à la hausse : il est passé de 2 fois en 2001 à 1,8 fois en 2007 et à 1,9
fois en 2014.

2.2. Effets de la pandémie COVID-19 sur le niveau de vie des ménages

Entre Octobre 2019 et Décembre 2021, le niveau de vie a annuellement baissé, en terme
réel, de 2,2%, de 2% en milieu urbain et de 2,6% en milieu rural
Selon la catégorie socioprofessionnelle des chefs de ménage, les ouvriers, les commerçants
et les exploitants agricoles sont les plus touchés par les effets de la crise sanitaire avec
respectivement 3,6%, 2,8% et 2,4%

2.3. Une recomposition de la structure de consommation

Sous les effets de la crise sanitaire, les ménages ont fortement réduit les dépenses allouées
aux « Equipements et meubles de maison », marquées par une baisse, aux prix constants, à
raison de 19,1% par an. Les dépenses attribuées aux activités de loisirs ont également
enregistré une baisse annuelle à deux chiffres, soit 14,3%. Cette tendance à la baisse
s’établit à 5,9% pour les dépenses d’habillement, à 2,4% pour les dépenses alimentaires, à
2% pour les dépenses de transport.
En revanche, les dépenses allouées aux « Soins médicaux » et aux « Biens et services de
communication » ont enregistré une hausse annuelle respectivement de 10,9% et 4,6%. Ce
rebond est lié au surcoût de dépense des mesures de précaution pour lutter contre la
propagation de la COVID-19 et à l’intensification des usages des technologies de
communication depuis le début de la crise sanitaire.
Les inégalités sociales, mesurées par l’indice de Gini, ont connu, sur cette période, une
hausse de près de deux points de pourcentage, passant de 38,5% à 40,3% au niveau national,
de 37,2% à 39,1% en milieu urbain et de 30,2% à 31,9% en milieu rural.

36

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