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Appel à communication

COLLOQUE INTERNATIONAL
« Les logiques et la portée des modèles
économiques : vers un éclairage du
modèle du Maroc »

- Le 22 et 23 Mars 2018
Colloque international
« Les logiques et la portée des modèles économiques : vers un éclairage du modèle du Maroc »

 CONTEXTE
La dernière décennie a connu la survenance d’une importante crise financière qui n’a pas
manqué d’impacter la sphère réelle de l’économie et de donner lieu à une récession économique
d’une ampleur grave et étendue.

Comme il en est souvent avec les crises qui suscitent des changements, celle de la fin de la
première décennie du millénaire a donné lieu à une profonde réflexion sur la pertinence des
modèles économiques adoptés dans les pays touchés. Bien plus, elle a ravivé les débats sur les
questions de durabilité de la croissance, de développement et a notamment remis sur la scène de
la question de la répartition (Piketty (2013)) par exemple, qui a traité de l’aggravation des
inégalités dans des pays pourtant industrialisés et des plus riches.

Cette remise en cause des schémas selon lesquels fonctionnent les économies est justifiée
par des enjeux politiques certes mais elle est légitimée aussi par les déséquilibres sociaux
persistants et que la crise mentionnée n’a fait qu’exacerber. Maintenant dans le cas de pays en
développement comme le Maroc, la problématique est plus systémique puisqu’elle s’inscrit dans
la durée.

L’histoire de la pensée économique est pourtant riche en références et repères analytiques


qui pourraient inspirer les décideurs : Rostow (1962) avait établi un premier schéma des étapes de
la croissance par lesquelles, selon un déterminisme implicite, les Etats devaient passer et réussir
leur développement. Kuznets (1955) avec sa courbe en U inversé était venu répondre aux
détracteurs de la croissance, qui s’inquiétaient des limites qu’elle connait en laissant se
développer des inégalités et persister des poches de pauvreté : il a ainsi expliqué que les
économies passent certes par une phase où la croissance engendre une aggravation des inégalités,
mais la courbe atteint un seuil au-delà duquel la croissance les atténue et les richesses produites
profitent de plus en plus à toutes les composantes de la société.

Plus tard, Lucas (1988) et Romer (1986) expliquent comment par la diffusion d’externalités
positives, le capital humain favorise l’amélioration de la productivité et par suite la croissance
économique et les IDE avec les transferts de technologies qu’ils supposent. Barro (1991) a
procédé aux premières vérifications empiriques de ces théories. L’intérêt de ces théories de la
croissance endogène est double du point de vue des axes de notre colloque : car si l’on considère

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l’éducation par exemple, elle apparait à la fois comme facteur de développement mais aussi
comme indicateur permettant de mesurer l’étendue des inégalités.

Plus récemment J. Stiglitz (2008) a alimenté une réflexion sur « le nouveau modèle
économique inédit de la Chine » et les raisons de son succès. Citons également l’ouvrage collectif
publié par la Banque mondiale en 2012 sous la direction de Justin Yifu Lin et dont les
contributeurs sont nombreux dont Anne Krueger, Joseph Stiglitz…, des auteurs connus depuis
plus de 40 ans par leurs travaux sur les stratégies de développement et de croissance.

Dans cet ouvrage volumineux et exhaustif, consacré à la « nouvelle économie


structuraliste », les auteurs sont revenus sur plusieurs aspects aussi divers que le financement de
l’économie, les stratégies industrielles et la spécialisation des économies, le rôle de l’Etat dans les
changements structurels…Évoquons enfin les débats suscités par la parution des travaux de
Piketty (2013) sur les inégalités inhérentes aux dynamiques différenciées des rémunérations des
facteurs travail et capital.

Ces travaux cherchent à élucider les facteurs du développement et les mécanismes de la


répartition des fruits de la croissance, condition de la stabilité de celle-ci.

Le débat en vigueur au Maroc n’échappe naturellement pas à ces questionnements. Ainsi


les réalités économiques et surtout leur traduction sociale interpellent plusieurs sphères :

- Celles des chercheurs académiques qui travaillent sur les données et tentent de
comprendre ce qui dans les comportements des agents économiques explique que la
croissance observée parvient à atténuer les taux de pauvreté mais sans annihiler la
précarité ni la persistance des inégalités. Ces dernières telles qu’appréhendées par des
indicateurs comme que le coefficient de Gini, montrent les limites les plus
inquiétantes du modèle économique marocain ; en effet ce coefficient stagne autour
39,51, or il est admis que le seuil d’intolérance sociale est de 42.
- Celles des institutions publiques : voir les travaux du HCP, les rapports du Conseil
Économique et Social et de l’Environnement ou encore de l’Observatoire National du
Développement Humain. La banque centrale (Bank Al Maghrib) recèle également

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Le graphique fourni en annexe de cette note de présentation du colloque, donne l’évolution du taux de pauvreté au
Maroc ainsi que les niveaux du coefficient de Gini.

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des informations et analyses ; et la politique monétaire qu’elle met en œuvre agit pour
une part non négligeable sur la conjoncture. Il y a également les divers départements
ministériels.
- Celles des autorités politiques, soucieuses de la stabilité sociale et de l’amélioration du
bien-être.

Globalement, on distingue trois grands modèles2 :

(1) Le modèle « public - individualiste » qui caractérise les pays du nord de l’Europe. Les
pouvoirs publics y garantissent un certain niveau de vie pour tous : les politiques
publiques y jouent en effet un grand rôle de redistribution qui atténue fortement les
inégalités et accroît les possibilités de tendance à l’égalisation des chances
d’épanouissement dans la société, avec notamment l’accès généralisé à l’éducation et une
santé de qualité. Dans ce modèle, le bien-être des individus relève essentiellement des
préoccupations des autorités publiques qui ne se « déchargent pas » sur les familles ou les
réseaux communautaires ou sociaux.
(2) Le modèle « familialiste méditerranéen » qui se traduit par un rôle dévolu aux membres
de la famille ou aux acteurs de l’économie solidaire, pour pallier les défaillances du
secteur public (pour l’accès aux soins par exemple) ; ce modèle prévaut dans les pays en
développement. Dans ce modèle le rôle redistributif des finances publiques n’est souvent
pas performant et de ce fait ne favorise pas la rupture de la transmission intergénérations
de la pauvreté et des inégalités.
(3) Le modèle à prévalence de « responsabilité partagée ». La logique sous-jacente à ce
modèle consiste à trouver un équilibre entre le rôle dévolu à la famille ou aux réseaux
communautaires et celui dévolu aux pouvoirs publics, à des degrés divers et avec des
modalités différenciées ; il s’agit par exemple des cas de la France, du Royaume-Uni et de
l’Allemagne.

2
Cette classification nous a été inspirée lors de la préparation du chapitre « articulation modèle économique et
modèle social au Maroc » destiné à paraître dans le rapport 2017 de l’ONDH (Observatoire National du
Développement Humain) sur le développement humain.

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 OBJECTIFS DU COLLOQUE
Dans ce contexte, la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales Aïn Chock
de l’Université Hassan II - Casablanca, organise un colloque les 22 et 23 Mars 2018, en vue de
nourrir le débat public au Maroc et de contribuer à la compréhension des questions soulevées plus
haut, voire à alimenter les décideurs en repères utiles pour les stratégies qu’ils établissent. Le
colloque est ouvert à des contributions relatives à l’expérience de divers pays et notamment la
Malaisie, la Corée, le Brésil, la Chine…

Nous souhaitons que l’esprit des communications soient « policy oriented » et de ce fait,
traitent :

a) De modèles économiques, au sens de stratégies et de politiques cohérentes mises en


œuvre dans divers pays,

b) De politiques qui semblaient solidement définies mais qui ont abouti à des résultats
décevants ; quels facteurs expliquent ces échecs ?,

c) D'approches théoriques permettant de comprendre les mécanismes d’articulation des


stratégies et de leurs impacts.

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 AXES DU COLLOQUE
Les communications mettront l’accent sur les questions suivantes, mais le comité
scientifique recevra toute autre soumission de thèmes récurrents relatifs au concept de modèle
économique :

- Analyse de l’histoire des réformes au Maroc et ailleurs, avec une analyse des raisons
de leurs réussites et limites.
- Analyse du poids et des manifestations des déséquilibres économiques et sociaux.
- Liens entre croissance économique et emploi dans divers pays, quels enseignements ?
- Liens entre investissement et emploi, idem.
- Politique monétaire et ses interactions avec la croissance : les conditions de
financement de l’économie.
- Politique budgétaire et les incitations ou blocages qu’elle comporte.
- Rôle différencié des indicateurs de la compétitivité au sens large (cf. les rapports du
World Economic Forum) pour la croissance : par exemple, le poids du contexte
judiciaire.
- Croissance, inégalités et pauvreté.
- Rôle de l’éducation dans la réduction des inégalités économiques.
- Contribution de l’amélioration de la santé à la croissance.
- Place de l’art et de la culture dans le développement et la croissance.
- Analyses et enseignements de l’histoire économique de pays comparables au Maroc
au début des années 70 et ayant émergé depuis.

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 COMITÉ SCIENTIFIQUE

Abdeljaouad EZRARI Khalid ECHCHEHDI EL OUAZZANI


Abdellatif KOMAT Larbi JAÏDI
Abdellatif MAZOUZ M’Hamed SAGOU
Abdelmajid IBNRISSOUL Marco ZUPI
Abdelwahad GOURCH Martine AUDIBERT
Abdeouahad M’DAGHRI ALAOUI Michaël GOUJON
Ahmed GHAZALI Mohamed BERRADA
Azzouz TNIFASS Mohamed DOUIDICH
Brahim KETTANI Mohamed FOUZI MOURJI
Claudio ARAUJO Salah KOUBAA
El Bachir KOUHLANI Simona SAFARIKOVA
Jacky MATHONNAT Thami GHORFI
Jean-François BRUN Yasser YEDDIR TAMSAMANI

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COMITÉ D’ORGANISATION

Abdellatif KOMAT Mohamed FOUZI MOURJI Oumaima AMEGRISSI


Amine GASSEME Mohamed MOSLIH Salah KOUBAA

CALENDRIER
Lancement de l’appel à communications 5 Décembre 2017
Date limite de réception des propositions de communications, sous forme
4 Février 2018
de résumés des questions à traiter
Réponse du comité scientifique 15 Février 2018
Réception des versions finales des communications 10 Mars 2018
Colloque 22 et 23 Mars 2018

CONTACTS
Les propositions de communication devront être envoyées à :

fmourji@gmail.com ; oamegrissi@gmail.com ou salah.koubaa@etude.univcasa.ma

RÉFÉRENCES
- Kuznets S. (1955) « Economic Growth and Income Inequality », American Economic
Review.
- Piketty T. (2013) « Le capital au XXIème siècle », Éditions du Seuil.
- Rostow W. (1962) « Les étapes de la croissance économiques », Paris : Éditions du Seuil.
- Stiglitz Joseph E. (2008) « China: Towards a new model of development », China
Economic Journal, Vol. 1, No. 1, February 2008, 33–52.
- Yifu Lin Justin (2012) « New Structural Economics: A Framework for Rethinking
Development and Policy », World Bank.

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