Vous êtes sur la page 1sur 87

Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de Management

Cours de croissance & Développement Approfondi


Pour Statisticiens Economistes-Licence et Master

Durée : 20 heures

Prof Albert HONLONKOU


PLAN INDICATIF DU COURS

1. Profil des étudiants

Ce cours est destiné aux étudiants en classe de licence et master (Statisticiens et Planificateurs
Economistes). Etant donné la cible visée, le cours a une orientation plus qualitative que
quantitative. Une connaissance moyenne des calculs différentiels suffirait.

2. Objectifs du cours

A la fin de ce cours, les étudiants devraient être capables:


- définir les concepts de consommation privée des ménages, d’investissements public et
privé, de dépenses du gouvernement, d’épargnes privée, publique et nationale, de sécurité
sociale, chômage, de sous-emplois visible et invisible, migration, environnement,
développement ;
- discuter des déterminants de l’investissement ;
- exposer les différents modèles et différentes théories de la croissance ;
- discuter les différentes théories du développement ;
- discuter des déterminants du développement ;
- évaluer les mesures du développement.

3. Approche pédagogique

- explication magistrale du contenu d’un support de cours


- Exercices d’application
- jeux de rôle

4. Evaluations

- Jeu de rôles
- une note médiane des devoirs de maison

5. Lectures recommandées pour aller loin

Ouvrages
- Abraham-Frois G. (1991) : Dynamique économique, 7è édition. Précis Dalloz.
- Branson W. H. (1989): Macroeconomics. Theory and policy. Happer & Row,
publishers, New York.
- De Janvry A. & E. Sadoulet (2016) : Development Economics. Theory and Practice.
- Dornbusch R. et S. Fischer (1994): Macroeconomics. 6th ed. McGraw-Hill, Inc. New
York.
- Gillis, M., Perkins, D. H., Roemer, M. and Snodgrass D. R. (1996): Economie du
développement, Nouveaux Horizons, De Boeck Université.
- Henin P. Y. (1981) : Macrodynamique. Fluctuations et croissance. 2è édition.
Economica, Paris.
- Mankiw G. N. (1999) : Macroéconomie. De Boeck Université.
- Ray, Debraj (1998) : Development economics, Princiton University Press
- Samuelson P. (1967) : L’économique. Armand Colin. 3è tirage. T1 & T2.
- Thirlwall, A. P. (1983) : Growth and development with special reference to
developing economies. Macmillan Education Ltd.

Périodiques/ articles

- Dasgupta, P. S., “on the concept of optimum population”, reviw of Economic Studies,
vol. 36, N° 3, Jul. 1969, PP. 295-318.
- Hagen, E. E., “Population and economic growth”, American Economic Review, vol.
49, N° 3, june 1959, PP. 310-327.
- Lachaal L. (1998) : Production structure characteristics and adaptations of productivity
growth measures : a survey. Cahiers d’économie et de sociologies rurales. N° 42.
- Lewis A. L., “A review of economic development”, American Economic Review, vol.
55, N° 1/2, Mar. 1965, PP. 1-16.
- Mellor and Johnston, Role of agriculture in development.
- Ranis G. and J. C. H. Fei, “A theory of economic development”, American Economic
Review, vol. 51, N° 4, sep. 1961, PP. 533-565.

6. Résumé du cours

Ce cours est divisé en deux parties. Dans une première partie, nous rappelons les fondements
de l’analyse macroéconomique de l’épargne et de la consommation (chapitre 1). Dans le
chapitre 2, nous passons en revue les fondements théoriques de l’investissement et en déduit
les déterminants. Les théories de la croissance, ses déterminants et les avancées empiriques
actuelles sont présentées au chapitre 3. La première partie du cours se termine par l’analyse du
chômage et l’inflation dans la littérature économique (chapitre 4). Dans le chapitre 5, nous
abordons les déterminants des inégalités et de la pauvreté.
Dans la seconde partie du cours, nous tentons une définition du développement et essayons de
présenter les typologies internationales des pays selon leur niveau de développement (chapitre
5). Dans le chapitre 6, nous présentons dans les déterminants du développement. Les questions
de modèles de développement, de financement et d’évaluation du développement sont
brièvement abordés dans le chapitre 7.

7. Contenu du cours

Chapitre 1 : Rappels macroéconomiques : Consommation, épargne, investissement, dépenses


publiques, importations, exportations, balance des capitaux

Chapitre 2 : Fondements théoriques et déterminants de l’investissement

Chapitre 3 : Théories et déterminants de la croissance économique (historique-Adam Smith,


Ricardo, Karl Marx, modèle IS-LM, Modèle de Solow, Croissance endogène)

Chapitre 4 : Concepts et mesures de l’emploi (population active, inactive, chômage et


déterminant de l’emploi)

Chapitre 5 : Concepts et mesures de l’inégalité et pauvreté (Indice d’inégalité et pauvreté,


déterminants de l’inégalité et de la pauvreté)

Chapitre 6 : Concepts et mesures de la population (déterminants de la croissance


démographique)
Chapitre 7 : Concepts du capital humain et mesure de l’éducation (déterminants de la
performance de l’éducation)

Chapitre 8 : concepts et mesure du capital sanitaire (déterminants de la performance sanitaire)

Chapitre 9 : concepts et mesures de la migration (déterminants de la migration et les approches


théoriques de la migration dans le processus du développement)

Chapitre 10 : concepts et mesures de l’environnement (analyse de la courbe environnementale


de Kuznets)

Chapitre 11 : concepts et mesures de l’institution (déterminants de l’institution et théories


institutionnelles)

Chapitre 12 : concepts de développement (indicateurs et objectif du développement, Etat du


développement économique, histoire de la pensée, politique de développement (commerce
international, stratégies d’industrialisation, financement du développement, programmes
infrastructurels, politique démographique, renforcement des capacités, migration, services
financiers aux pauvres, programme d’assistance sociale et ciblage, développement durable et
gestion de l’environnement, politiques éducatives et de santé, politiques agricoles, l’aide au
développement, innovations institutionnelles, rôle de l’Etat, politiques spécifiques aux ménages
agricoles).

8. Brève présentation de l’enseignant

Albert HONLONKOU est Ingénieur Agro-Economiste, Docteur en économie ; Maître-de


Conférences Agrégé d’Economie à l’Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de
Management (ENEAM), il intervient également dans les Facultés des Sciences Economiques
et de Gestion (FASEG), à la Faculté des Sciences Agronomiques, à l’Ecole Nationale
d’Administration et de Magistrature-ENAM et à l’Ecole Polytechnique de l’Université
d’Abomey-Calavi. Matières enseignées : micro-économie, Croissance et Développement,
Analyse économique et financière des projets, Evaluation des Politiques Publiques, Economie
de l’environnement et des ressources naturelles, Economie de la Démocratie, méthodes de
recherche en sciences économiques.
INTRODUCTION

“…Thus the representative firm is in a sense an average firm…Thus the history of individual
firm cannot be made in the history of the industry any more than the history of an individual
man can be made into the history of individuals and the aggregate production for a general
market is the outcome of the motives which induces individual producers to expand or contract
their production. It is just here that our device of a representative firm comes to aid”. (Alfred
Marshall, 8th edition).

Le développement est relatif au bien-être humain. Celui-ci est multidimensionnel. A cause de


cette multi-dimensionnalité, le développement comporte des arbitrages et est donc difficile.
Cependant, nous sommes obligés d’adopter une définition du développement pour pouvoir en
faire un diagnostic (analyse positive) et élaborer un programme de développement (analyse
normative). L’analyse normative implique des choix personnels, idéologiques et sociaux.
Les sept dimensions du développement considéré en général sont :
1) Le revenu et la croissance du revenu
2) La réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire
3) La réduction des inégalités et de l’injustice sociale
4) La réduction de la vulnérabilité aux chocs
5) La satisfaction et l’amélioration des besoins humains de base en santé et en éducation
6) L’utilisation durable des ressources
7) La qualité de la vie au sens large/bonheur.

On peut donc définir le développement comme à l’amélioration du bien-être humain. Par


conséquent, le rôle de l’économie de développement est d’expliquer pourquoi le progrès vers
le développement est si inégal et d’indiquer ce qu’il faut faire pour améliorer la situation en
termes de réalisation des objectifs de développement (durables).
Deux questions se posent : Quels sont les objectifs de développement durable ? Couvrent-ils
les sept dimensions citées plus haut ?

Une question empirique importante : la croissance économique permet-elle d’atteindre tous les
objectifs ?
Les études empiriques montrent que la croissance économique est un faible déterminant du
progrès vers le développement global. Ce qui suggère la nécessité d’interventions plus directes
telles que des programmes de protection sociale et la fourniture ciblée de biens publics pour
satisfaire les besoins humains de base.

Comme le développement est multidimensionnel et les pays hétérogènes en termes de


conditions et de niveau de développement, la vision du développement doit différer selon les
pays. Celle-ci doit être fondée sur un diagnostic et les priorités établies, une stratégie de
développement formulée assignant des rôles spécifiques au marché, à l’Etat et à la société civile.

En théorie microéconomique, on suppose en général qu’il y a plein emploi des ressources. Dans
ce cadre, l’utilisation d’une ressource pour une production se fait nécessairement au détriment
d’une autre production. L’accent est donc mis sur la détermination des prix relatifs et
l’allocation des ressources rares à des fins concurrentes dans l’optique de maximiser le bien-
être des agents économiques. Par contre, les macro-économistes mettent l’accent sur le niveau
d’utilisation des ressources (par exemple le niveau d’emploi du travail disponible) et le niveau
général des prix (on parle de stabilisation de l’économie). En outre, ils sont préoccupés par la
question de connaitre les déterminants du taux de croissance des ressources et du niveau de leur
utilisation en vue d’accroître le revenu des populations et le bien-être global.
L’accent de la microéconomie classique sur l’allocation des ressources rares en vue de
leur meilleure utilisation suppose implicitement que le plein emploi, c’est-à-dire la rareté des
ressources, est l’état normal de l’économie. En effet, si l’économie opère à un niveau plus bas
que le plein emploi des ressources disponibles (auquel cas le coût d’opportunité d’une
production additionnelle est presque nul), on peut produire plus en réduisant simplement le
sous-emploi des ressources. Dans une économie où il existe des ressources oisives (par exemple
une économie où il existe un chômage massif), on peut douter facilement de la pertinence de
l’application de la microéconomie classique dans la résolution de certains problèmes
économiques.
Avec la grande dépression des années 30 et la publication de la Théorie Générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de Keynes en 1936, la macroéconomie moderne s’est
développée comme une structure analytique pour comprendre les causes des grandes
fluctuations de l’emploi, parfois prolongées. Ainsi, de 1950 à 1970, l’analyse
macroéconomique postkeynésienne a presque exclusivement mis l’accent sur les fluctuations
de l’emploi expliquées par les fluctuations de la demande agrégée. Ce qui a permis de prévenir
de telles fluctuations et de permettre à l’économie d’opérer à un niveau proche de celui du plein
emploi. A quelques exceptions près, les résultats attendus ont été atteints.
Puis vint le choc pétrolier de 1973 et une dépression profonde qui a entraîné le
déplacement de l’offre agrégée qui résulta en un taux de chômage élevé coexistant avec un taux
d’inflation élevée. Cette possibilité était largement ignorée par l’ancienne macroéconomie dont
les présupposés sont cohérents avec la courbe traditionnelle de Philips (arbitrage entre
l’inflation et le chômage). Ce changement des sources des fluctuations a modifié l’agenda de la
macroéconomie qui s’est déplacé vers l’étude de l’offre pour compléter l’étude antérieure de la
demande agrégée.
Une conséquence importante du développement de la macroéconomie moderne et du
retour à l’économie de l’offre est la restauration de l’importance de la microéconomie classique.
Il en est résulté la Synthèse Néoclassique, pour employer l’expression de Paul Samuelson. Si
l’économie opère à un niveau de plein emploi de certaines ressources, la théorie de l’allocation
des ressources rares devient alors pertinente et importante même en macroéconomie. Un autre
résultat d’une maîtrise relative de la théorie de détermination du revenu est l’examen des
questions dynamiques qui permettent de déplacer l’économie d’un niveau initial d’équilibre
vers un sentier de croissance à long terme.
Pour passer de ces explications théoriques aux prescriptions de l’amélioration de
l’amélioration du bien-être des populations, l’on a recours à l’économie de développement dont
le défi est double :
- formuler des théories économiques pour mieux expliquer les composantes clés du
développement et,
- recommander des politiques économiques pour mieux résoudre les problèmes du
développement.

Cependant, pour être utile aux pays en développement, une bonne partie de la théorie
économique conventionnelle doit être adaptée pour répondre aux conditions prévalant dans ces
pays et plusieurs hypothèses de base des modèles économiques conventionnels doivent être
abandonnées.

Dans un premier temps, le cours s’attellera à réaliser et à expliquer une synthèse du débat actuel
sur la croissance et les fluctuations de l’économie en répondant aux quatre questions suivantes :
1) Quels sont les déterminants de la demande agrégée. Les théories de la consommation et
de l’investissement permettront de répondre à cette question.

2) Qu’est ce qui détermine le sentier (niveau et taux de croissance) du produit global et du


produit individuel ? les théories de la croissance permettent de répondre à cette question.

3) Comment expliquer les fluctuations des niveaux de l’emploi et du revenu ? les théories
sur les cycles économiques permettent de répondre à cette question.

4) Qu’est-ce que le développement et qu’est ce qui explique les différences de


développement entre pays ? Les chapitres sur les concepts et les déterminants du
développement permettront de répondre à cette question.
CHAPITRE 1 : CONSOMMATION ET EPARGNE

Introduction
La production nationale est distribuée aux ménages sous forme de revenu. Les ménages utilisent
ce revenu pour acheter et consommer une part de cette production. Le reste du revenu disponible
après la consommation (après les impôts) est épargné. Les dépenses de consommation
représentent une très grande part de la dépense privée des ménages dans les pays en
développement (plus de 60%). Aussi, connaître ses déterminants est capital pour une analyse
économique à court et long terme. Le rôle de l’épargne, fraction du revenu non dépensé est
aussi important puisque l’épargne finance une grande partie de l’investissement domestique
dans beaucoup de pays en développement. Puisqu’il existe un lien étroit entre le taux d’épargne
et le taux de croissance économique dans le temps et selon les pays (voir chapitre sur la
croissance économique), comprendre les déterminants de l’épargne et de la consommation peut
ouvrir la voie à des mesures concrètes de politique économique destinées à accroître les niveaux
de vie des habitants d’un pays.
Ce chapitre est structuré de la manière suivante :
I.1. Définitions et mesures des concepts de base
I.2. Equation de comportement, d’identité et d’équilibre
I.3. Questions d’analyse
I.4. Théories et modèles d’analyse
I.1. Concept et mesures de la consommation et de l’épargne

1.1.1- Le revenu du ménage


Le revenu est le total des flux de rémunérations annuelles des ménages. Ces rémunérations
proviennent de plusieurs sources : travail (salaires), entreprises (dividendes, bénéfices),
propriétés (rentes), gouvernement (allocations, transferts), privés (dons, transferts). Au niveau
macroéconomique, le revenu global Y* net des impôts et taxes (T) est appelé revenu disponible
Y. Soit Y= Y* -T.

1.1.2- Consommation et dépenses de consommation


La consommation, d’une manière générale, est l’emploi d’un bien ou d’un service pour la
satisfaction d’un besoin. La consommation finale des ménages (notée C) est consommation
annuelle de biens et services par les ménages. Elle comptabilise aussi bien les biens
domestiques que les biens importés.
On distingue également :
- La consommation intermédiaire est l’utilisation intégrale d’un bien ou d’un service dans un
processus de production ;
- la consommation ou dépenses des administrations publiques notée en général G ;
- la consommation de capital fixe, encore amortissement économique mesure la perte de valeur
subie par les biens d’équipements durables utilisés dans le processus de consommation ou de
production et, en contrepartie, la fraction des ressources qui équilibre cette perte de valeur.
Il convient de distinguer la consommation finale des ménages et les dépenses de consommation.
Les dépenses de consommation sont les acquisitions de biens et services en vue de la
consommation. Elles constituent des stocks de biens alors que la consommation est un flux
périodique (généralement annuel) de consommation. Par exemple, lorsque vous construisez ou
acquerrez une maison, achetez une voiture ou un réfrigérateur, la tranche annuelle de
consommation ne peut être tout le bien acquis. Dans ces cas, la CCF annuelle est comptabilisée
comme consommation finale des ménages.
Munis des concepts de revenu (Y) et de consommation (C), nous pouvons maintenant définir
deux notions essentielles : la propension moyenne à consommer (PMC) et la propension
marginale à consommer (PmC).
La PMC est la proportion du revenu disponible qui est consommée. Soit PMC = C/Y.
La PmC est la proportion de la variation du revenu disponible qui est consommée. Soit :
PmC= C/Y.

1.1.3- Epargne
Fondamentalement, l’épargne notée S est la partie du revenu non consacrée à la consommation
immédiate. Pour Keynes, l’épargne est l’excès du revenu sur la consommation (John Maynard
Keynes). Autrement dit, l’épargne est un résidu, un phénomène passif et non pas un acte
volontaire d’abstinence. Du point de vue de la comptabilité nationale, on distingue deux formes
d’épargne : l’épargne brute et l’épargne nette. L’épargne brute est la variation aux
amortissements près subie par la valeur du patrimoine des agents économiques au cours de la
période considérée. L’épargne nette est l’épargne brute diminuée de l’amortissement du capital
fixe.

1.2. Equation de comportement, d’identité et d’équilibre


1.2.1. Equations de comportement
En 1936, Keynes dans son livre « La Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie
» a fait l’hypothèse que la consommation courante C est fonction du revenu disponible (Y’–T)
où Y’ est le revenu courant et T le niveau des taxes. De même, constatant que certains ménages
consomment quand bien même ils ne disposent d’aucun revenu, Keynes conclut qu’il existe
une consommation incompressible C0 qui ne dépend pas du revenu. Ainsi Keynes postule que :
C  c(Y 'T )  C0  cY  C 0 où Y  Y 'T (1)
Avec 0 < c < 1
On constate immédiatement que « c » est la propension marginale à consommer (PmC=c). C0
est la consommation autonome ou incompressible.
La fonction de consommation de court terme de Keynes est représentée au graphique 1.1 où la
consommation est présentée en ordonnées et le revenu disponible en abscisses.

C
C(Y)
C2

C1

Y
Graphique 1.1 : Fonction de
Y1consommationY2
de Keynes

Le graphique 1.1 montre que quand le revenu disponible Y augmente, les individus dépensent
un pourcentage de plus en plus faible de leur revenu pour la consommation. Les individus
épargnent ainsi un pourcentage de plus en plus élevé de leur revenu. Le rapport C/Y est la
propension moyenne à consommer (PMC). C’est la pente d’une droite partant de l’origine à un
point de la fonction de consommation pour lequel la moyenne est calculée. La pente de la
fonction de consommation elle-même est constante et est appelée propension marginale à
consommer (PmC). Sur le graphique, on voit clairement que PmC est plus petit que PMC.
Si la PMC diminue quand le revenu augmente, la consommation supplémentaire (marginale)
induite par l’accroissement de revenu d’une unité doit être plus petite que C/Y. Keynes en
déduit qu’il s’agit d’un comportement typique des consommateurs qui veut que quand le revenu
diminue, ceux-ci protègent leur consommation standard en ne réduisant pas sensiblement leur
consommation dans la même proportion que la baisse du revenu. Inversement, ils
n’accroîtraient pas leur consommation proportionnellement à une hausse du revenu.

1.2.2. L’identité
En comptabilité, en finance et en économie, une identité est une égalité qui doit être vraie quelle
que soit la valeur de ses variables.

Partant de l’identité C+S=Y, on peut montrer facilement que S = sY –C0. Avec s= 1-c =
propension marginale à épargner
- Le revenu disponible doit être égal à la consommation plus l’épargne, soit :
Y=C+S
Supposons une économie fermée sans Etat. Une économie fermée est une économie qui
n’entretienne pas de relation avec le reste du monde (l’extérieur). En conséquence, X=0 et M=0,
ou encore, la balance commerciale est nulle (X-M=0). Une économie sans Etat est une
économie sans les dépenses publiques et les taxes (G=0 et T=0). Ainsi, on a :
On suppose maintenant une économie fermée avec Etat. Dans ce cas, les dépenses publiques
(G) et les taxes (T) peuvent être non nulles et positives.

Une économie ouverte avec Etat. Une économie ouverte avec Etat est une économie qui
entretienne des relations avec le reste du monde. Nous supposons que les exportations (X) et
les importations (M) peuvent être non nulles et positives.

1.2.3. L’équilibre
Un équilibre en macroéconomique est une situation de l’ensemble du système économique qui
n’est pas susceptible de se modifier sauf en cas de chocs exogènes, comme la hausse des prix
de l’énergie, ou la modification du comportement des agents. Pour étudier l’équilibre entre
l’épargne et l’investissement, on se réfère l’identité comptable.
I.3. Question d’analyse
Quel est l’effet du revenu sur le niveau de consommation des ménages au Bénin ?
Quels sont les déterminants du niveau d’épargne des ménages de la Commune de Cotonou ?
Quels sont les facteurs explicatifs des dépenses de consommation des ménages d’Abomey-
Calavi ?
Comment varie le niveau de consommation des ménages du village de Gbédranfo suite à une
augmentation du niveau de revenu de ses derniers ?
I.4. Modèle de base
1.4.1. Fonction de consommation keynésienne
Cependant, l’acceptation de la théorie selon laquelle PmC < PMC et que quand le revenu
augmente, la PMC diminue a abouti à une impasse dans les années 40. Il était observé que si la
consommation suit cette tendance, le ratio de la dépense de consommation au revenu devrait
décroître lorsque le revenu réel augmente.
C I G
Si Y = C+I+G, alors 1    (2)
Y Y Y
L’équation (2) est la condition d’une croissance équilibrée du revenu réel Y. Comme il n’y a
aucune raison pour que augmente quand l’économie se développe alors devrait croître pour
compenser la baisse de quand Y augmente afin de maintenir la demande de plein emploi. Ainsi
après la deuxième guerre mondiale où l’on anticipe une baisse des dépenses publiques, G/Y
pourrait même baisser entraînant une baisse de la demande globale et une stagnation de
l’économie. Contrairement à ce qui est attendu, on a constaté à la fin de la 2è guerre mondiale
aux Etats-Unis une hausse excessive de la demande privée des biens de consommation et une
expansion de l’économie.
Une explication plausible de cette expansion de la demande privée est que pendant la guerre,
sous le de régime de rationnement des biens, beaucoup de consommateurs avaient converti leur
revenu supplémentaire en actifs (bons de trésor) accumulant du coup une épargne forcée. A la
fin de la guerre, le surplus d’actifs a contribué à accroître la demande des biens de
consommation. Ces faits suggèrent que les actifs physiques (la richesse) ont tout comme le
revenu un effet sur la consommation.
1.4.2. TRAVAUX DE KUZNETS
Simon Kuznets publia en 1946 une étude sur les comportements de consommation et d’épargne
d’avant la 2ème guerre. Deux résultats importants sont extraits de cette étude :

- le 1er résultat de son étude fait apparaître qu’en moyenne, en longue période la PMC =
C/Y ne présente aucune tendance à la baisse et que la propension marginale à consommer tend
à égaler la PMC à mesure que le revenu augmente. Ceci revient à dire que la fonction de
consommation de long terme est une droite passant par l’origine.
- Le 2e résultat est que les années où la PMC était en dessous de la fonction de
consommation de long terme correspondent aux périodes de Boom économique et les années
où la PMC est au-dessus de la fonction de consommation de long terme correspondent aux
périodes de récession économique (voir graphique 1.2)
La PMC varie donc inversement avec le revenu selon les cycles de fluctuations économiques.
Pour la courte période correspondant au cycle des affaires, les études empiriques montreraient
une fonction de consommation de court terme qui est une fonction du revenu avec une pente
comme celle indiquée sur le graphique 1.1.

C Fonction de consommation de Long Terme Pmc=PMC

Fonction de conso de CT Pmc < PMC

PMC<1
Boom Economique

PMC=1
récession Zone d’épargne
PMC>1 45°

Zone de désépargne
Y
Graphique 1.2 : Fonction de consommation de court et de Long
terme
I.5. PRINCIPALES THEORIES DE LA FONCTION DE CONSOMMATION

Nous passons en revue trois théories à savoir la théorie du revenu permanent, la théorie du cycle
de vie et la théorie du revenu relatif pour expliquer les différences entre les fonctions de
consommation de CT et de LT.

1.5.1 – Théorie du revenu permanent de Friedman


Cette hypothèse relie la consommation courante à une mesure du revenu permanent ou revenu
moyen disponible au cours de la vie. Elle a été proposée par Friedman en 1957.
Dans sa forme la plus simple, la théorie du revenu permanent (TRP) postule que l’objectif du
ménage est de maintenir un sentier de consommation parfaitement stable (dans ce cas Ct =
constante) en répartissant les ressources acquises au cours de la vie de façon égale sur la période
de la vie de l’individu.
La consommation du ménage pour chaque période est égale à son revenu permanent Yp qui
peut être défini comme une valeur annuité (paiement régulier et périodique) correspondant à la
somme des actifs détenus par le ménage et la valeur présente actualisée des revenus courants et
futurs (anticipés). De façon formelle, Yp est obtenu comme le niveau de revenu qui donne au
ménage la même valeur présente de ses ressources acquises au cours de la vie. Il est donné par
l’équation de la contrainte budgétaire inter-temporelle. Pour une vie qui s’étend sur deux
périodes, nous avons:
Yp Y 'T
Yp   (1  r)A 0  (Y1 'T1 )  2 2 (3)
1 r 1 r
 1  r  Y 'T 
Où Yp   (1  r)A0  (Y1 'T1 )  2 2 
 2  r  1 r 

r= taux d’intérêt, A0 = actif hérité au temps 0, Yi = revenu de la période i et Ti = impôt de la


période i.
Si de plus, le stock initial des actifs est nul (A0=0) et si le taux d’intérêt est nul (r=0), le revenu
permanent devient une moyenne exacte des revenus disponibles présent et futur :
Yp  (Y1 'T1 )  (Y2 'T2 )/2

La différence entre le revenu courant et le revenu permanent est généralement définie comme
le revenu transitoire. Comme par hypothèse C1=Yp, l’épargne (à la période 1) n’est rien d’autre
que la composante transitoire du revenu disponible courant.

S1  (Y1  T1 )  Yp (4)
Le revenu permanent Yp est un revenu moyen anticipé que l’individu espère raisonnablement
compte tenu de sa qualification, de son expérience et de sa fortune (les emprunts sont
déterminés par les revenus anticipés). Ce revenu n’est pas directement observable. Le revenu
transitoire Ytr ou aléatoire est fondé sur des gains positifs (bénéfices non prévus, heures
supplémentaires, etc..) ou sur des pertes (dépenses de maladie, réduction d’activités en-dessous
du temps normal) qui viennent s’ajouter au revenu permanent ou s’en déduire. De la même
façon, la consommation a deux composantes : une composante permanente Cp qui correspond
aux dépenses normales liées au mode de vie et une composante transitoire Ctr fondée sur des
dépenses accidentelles ou aléatoires. Pour Friedman, seules les dépenses de consommation
permanentes sont liées au revenu permanent. En effet, il est raisonnable de supposer que dans
le long terme, les gains imprévus compensent les pertes inattendues si bien que le revenu est
finalement limité au revenu permanent. On peut ainsi affirmer qu’une variation du revenu
courant ne peut modifier la consommation Cp que si elle amène les agents à estimer de nouveau
leur revenu permanent, c’est-à-dire si cette variation de revenu est permanente (Quelles en sont
les implications en matière de politique fiscale ?).
On peut donc écrire :
y  y p  y tr

C  C p  C tr
On suppose que les revenus permanent et transitoire sont indépendants. Il en est de même des
consommations permanentes et transitoires. Les moyennes des consommations et des revenus
transitoires sont supposées nulles.
Cp
Cp  ay p avec a 
yp

0<a≤ 1 a=PMC = Pmc


(Comment la théorie du revenu permanent explique les contradictions empiriques du test du
modèle keynésien ?)

1.5.2- LA THEORIE DU CYCLE DE VIE


La théorie du cycle de vie (TCV) est une approche du comportement de la consommation et de
l’épargne proposée pour la première fois par Modigliani et Brumberg en 1954 et par Ando et
Modigliani en 1963. La TCV postule que les individus adaptent leur consommation dans le
temps en prenant en compte les variations anticipées de leurs ressources induites par leur niveau
d’instruction, leur âge et les taux de rendement attendus de leur épargne (Voir Graphique 1.3).

FCFA y
Désépargne
C
Emprunt/
désépargne Epargne

Age moyen ou vie active

Retraite
Jeune âge

t
t N T
Graphique 1.3 : Hypothèse du cycle de vie

Au cours de la 1ère partie de sa vie, un individu type gagne relativement peu et consomme
relativement plus que ses revenus. En conséquence, sa consommation est supérieure à ses
revenus et donc il emprunte et désépargne. Comme le revenu augmente avec le niveau
d’instruction et l’âge, l’individu atteint un point où il n’a plus besoin d’emprunter. Au-delà de
ce point l’épargne devient positive. Cependant au-delà d’un certain âge, le revenu commence
par baisser. La consommation augmentant à un taux plus faible, l’épargne continue à augmenter
pendant un moment puis commence aussi à baisser. Une fois l’âge de la retraite atteint, le revenu
baisse à un niveau en dessous de la consommation. Si la réduction du revenu n’est pas anticipée,
la consommation baisse brutalement au moment de la retraite (voir la vie de certains retraités).
Si au contraire la baisse des ressources est parfaitement anticipée, la consommation ne décline
pas et est maintenue stable. S’il y a relativement plus de vieilles, jeunes ou pauvres gens dans
la population considérée, la propension moyenne à consommer tendra à être élevée. Pour les
personnes à revenu élevé ou à mi-parcours de leur cycle de vie, la PMC tendra à être faible.

1.5.3- LA THEORIE DU REVENU RELATIF

Le modèle développé par Duesenberry en 1949 diffère considérablement des modèles présentés
jusque-là. L’analyse de Duesenberry est basée sur la théorie des revenus relatifs. L’idée est que
la décision du consommateur ne dépend pas seulement du niveau absolu de son revenu actuel
mais aussi de sa situation relativement à son environnement social (effet de démonstration)
d’une part, et au revenu perçu dans le passé( effet cliquet).

Duesenberry définit la fonction d’utilité comme :


C C C 
U  U 0 ,......, t ,........ T  (5)
 R0 Rt RT 
Où, les Rt sont les moyennes pondérées des dépenses de consommation du reste de la
population. Cela signifie que l’utilité augmente seulement quand la consommation de l’agent
augmente relativement à la moyenne.
Puisque les préférences des consommateurs sont interdépendantes, la consommation confère
un certain statut social et il est nécessaire d’insister désormais sur la dimension sociale du
phénomène de la consommation. Dans la recherche d’un niveau et d’un genre de vie sans cesse
plus élevé, les biens ne sont plus consommés seulement pour leur utilité fonctionnelle mais
possèdent également une utilité indirecte, celle de la valeur du ‘‘signe distinctif’’. Au fur et à
mesure que le revenu s’élève, on observe un effet de démonstration dans les différentes classes
de revenu, ce qui tend à accroître le volume global de la consommation.

Ainsi le ratio C/Y d’un individu dépendra de sa position dans la distribution du revenu. Un
agent avec un revenu en-dessous de la moyenne aura un ratio C/Y élevé parce qu’il essaierait
de maintenir élevée sa consommation standard par rapport à la consommation moyenne
nationale. Par contre, un individu avec un revenu moyen au-dessus de la moyenne aura un ratio
C/Y bas parce qu’il affecte une proportion relativement faible de son revenu à l’achat d’un
panier standard de biens.
Ceci peut expliquer les résultats en coupes transversales (Pmc < PMC) et en séries longues de
C/Y. Si le revenu augmente dans le temps alors que la distribution relative du revenu est stable,
il n’y a aucune raison pour que C/Y change. Quand les individus gagnent plus de revenus dans
le temps, ils peuvent accroître proportionnellement leur consommation pour maintenir le même
ratio entre leur consommation et la moyenne nationale.
La deuxième hypothèse de Duesenberry est que la consommation courante n’est pas
simplement influencée par le niveau de revenu absolu relatif mais également par le niveau de
consommation atteint dans les périodes précédentes. Il est plus difficile pour une famille de
réduire un niveau de consommation déjà atteint que de réduire la portion de revenu épargné sur
n’importe qu’elle période. Ce qui veut dire que le ratio S/Y de l’épargne au revenu dépend du
niveau du revenu courant relativement au niveau de revenu le plus élevé atteint dans le passé.
La combinaison du comportement du consommateur de court terme et de long terme est appelée
effet cliquet (graphique 1.4).
Comme le revenu augmente tout au long de cette période, C et Y croissent le long de la fonction
de long terme avec un ratio C/y constant. Si à un point (Co, Yo ) par exemple, le revenu chute
et l’économie entre en récession, C et Y diminuent le long de la fonction de court terme C0C0
avec une pente donnée par la Pmc. Le retour du revenu à son niveau d’avant récession qui est
également le niveau le plus élevé dans la période précédente se fera le long de (C0C0) pour
atteindre le point (C0, y0) où le rythme de croissance rejoint la fonction de long terme. Si une
autre récession survient en (C1, y1), la consommation et le revenu augmenteraient le long de
C1C1 avant d’atteindre (C1, Y1) où la croissance reprend selon la fonction de long terme.
L’effet cliquet naît du fait que la consommation baisse moins vite que le revenu ne chute et
croît moins vite que le revenu n’augmente dans le long terme.

Fonction de LT

C1 C1
C1

C0
C0
C0

y
y0 y1

Graphique 1.4 : L’effet cliquet en consommation

I.6. DETERMINANTS DU NIVEAU ET DU TAUX D’EPARGNE


Le déterminant classique de l’épargne connu est le revenu. Mais on peut mentionner bien
d’autres déterminants.
1.6.1. Taux d’intérêt
Qu’adviendra-t-il de l’épargne d’un individu quand le taux d’intérêt augmente ? (Graphique
1.5). Dans un premier temps, sa contrainte budgétaire entre deux périodes se modifie et devient
B’C au lieu de BC. Si l’individu n’épargne pas du tout, le taux d’intérêt n’aura pas d’effet sur
sa consommation. Il se contentera de consommer son revenu durant sa vie active et ne mettra
rien de côté pour sa retraite. Mais pour tout autre choix, il pourra consommer davantage pendant
sa retraite. En fait la hausse du taux d’intérêt a deux effets : un effet-revenu et un effet
substitution.
Quand l’individu est un épargnant, des taux d’intérêt élevés améliorent son niveau de vie.
Comme il dispose de plus de moyens, il va consommer plus aujourd’hui c'est-à-dire qu’il va
réduire son épargne. Il s’agit de l’effet-revenu. Mais la rémunération de son épargne c'est-à-
dire sa consommation différée va augmenter. Pour chaque franc mis de côté, il obtiendra plus
de consommation pour sa retraite. Cela l’incite à consommer moins et donc à épargner plus.
C’est l’effet-substitution. Les effets de substitution et de revenu jouent en sens inverse et créent
un effet net ambigu. L’un ou l’autre peut dominer. Une hausse du taux d’intérêt peut entraîner
plus ou moins d’épargne. Le panel b de la figure 1.5 donne le niveau d’épargne pour chaque
niveau de taux d’intérêt réel.
Dépense Taux
période 2
(C° future) Contrainte budgétaire avec d’intérêt
B’ taux d’intérêt élevé (r)

W(1+r
) E0
Contrainte budgétaire initiale
E1

C
(a) (b)
Salaire Dépense période épargne
(W) 1 (C° courante)

Figure3.9 : Relation entre le niveau d’épargne et le taux d’intérêt

Le niveau des taux d’intérêt permet également d’arbitrer entre différentes formes de placement
(théorie keynésienne). ;
1.6.2. Taux d’inflation
- Si les ménages sont des créditeurs nets, une augmentation du taux d’inflation peut
réduire la valeur réelle de leurs actifs (richesse), même si elle est suivie d’une hausse
proportionnelle du taux d’intérêt nominal. Pour compenser cet effet de richesse négatif, les
ménages peuvent augmenter leur taux d’épargne.
- L’inflation : A court terme, l’inflation contribue à diminuer l’épargne. On accélère les
achats avant une future hausse des prix. A long terme, elle contribue à accroître l’épargne. On
désire conserver le pouvoir d’achat de ses encaisses pour des consommations futures lorsque
l’inflation se sera estompée ;

La variabilité de l’inflation (proxy de la stabilité macroéconomique) peut aussi affecter


l’épargne dans deux sens opposés :

- Dans la mesure où, il augmente l’incertitude du revenu futur, un degré élevé de la


variabilité des prix peut conduire à une augmentation du taux d’épargne, conséquence du motif
de l’épargne de précaution.
- Un taux d’inflation très variable associé à une plus grande incertitude du taux d’intérêt
réel (ou le rendement de l’épargne) peut avoir un effet dépressif sur la propension à épargner
par l’augmentation de la consommation par effet d’anticipation.

1.6.3. Epargne publique


L’une des caractéristiques du modèle de revenu permanent est que le comportement de
l’épargne est directement influencé par les évaluations par les ménages de leurs profils de
revenus et de consommation. Une variable clé qui affecte ces évaluations est la politique du
gouvernement, en particulier l’épargne ou la désépargne publique. Trois arguments majeurs
expliquent comment l’épargne publique induit des variations compensatrices de l’épargne
privée. Y= C+I+G=C+S+T, S= (Y-T)-C, I-S=T-G
- Point de vue conventionnel : une baisse de l’épargne publique (provenant d’une
réduction d’impôts ou d’une augmentation du financement de la dépense publique par émission
de titres) tendra à accroître la consommation et à réduire l’épargne des ménages myopes (ceux
qui ne se soucient que du présent) en déplaçant la charge de l’impôt des générations présentes
vers les générations futures. En conséquence une baisse de l ‘épargne publique entraînera une
baisse de l’épargne nationale.
- Point de vue Keynésien : une désépargne publique temporaire plus élevée augmentera
la consommation et le revenu, en présence de capacités de productions sous-utilisées,
proportionnellement à l’inverse de la propension marginale à épargner, comme le prédit l’effet
multiplicateur standard. A son tour, le revenu plus élevé augmentera l’épargne privée. Le fait
que cette augmentation de l’épargne privée est suffisamment grande ou non pour compenser
la baisse initiale de l’épargne publique ne peut être a priori déterminé.
- Le point de vue ricardien (neutralité ricardienne): dans la mesure où les individus sont
rationnels et prévoyants, ils se rendront compte qu’une hausse permanente de la dépense
publique ou une réduction des impôts aujourd’hui (ou de façon équivalente, une augmentation
de la désépargne publique) doit être financée tôt ou tard. Par conséquent, ils augmenteront leur
épargne d’un montant équivalent d’où le terme d’équivalence Ricardienne (Barro,1974, 1989).
De la même façon, ce point de vue prédit qu’une augmentation du déficit budgétaire
(désépargne) provenant d’une réduction des impôts n’aura pas d’effets sur le taux d’épargne
national car l’épargne privée augmentera d’un montant équivalent par anticipation des
engagements d’impôts futurs. L’hypothèse ricardienne est bâtie sur des bases irréalistes car elle
n’intègre pas entre autres les contraintes de liquidité.

1.6.4. Dette extérieure


Si la charge de la dette extérieure du secteur public se dégrade soudainement (résultat par
exemple d’une augmentation du service de la dette provenant d’une hausse des taux d’intérêt
internationaux ou d’une dévaluation/dépréciation de la monnaie locale), le secteur privé peut
anticiper une hausse significative de l‘imposition dans le futur. L’effet de substitution associé
à de telles anticipations tendra à favoriser la consommation courante aux dépens de l’épargne
alors que l’effet de revenu devrait tendre à réduire la consommation sur toutes les périodes. Par
conséquent, un niveau élevé de la dette peut réduire le taux d’épargne nationale.

1.6.5. Sécurité sociale, pension et assurance

Les plans formels de pension publique et de sécurité sociale peuvent potentiellement réduire le
taux d’épargne privée à travers trois canaux :
- Redistribution du revenu en faveur des personnes âgées (faible PMS) ;
- Réduction du besoin d’épargne pour la retraite (à moins que ces plans soient
accompagnés d’une réduction de l’âge à la retraite)
- Freinage du besoin d’épargne de précaution pour couvrir l’éventualité de vivre plus
longtemps qu’espéré.

L’impact des bénéfices accrus de la sécurité sociale sur l’épargne nationale peut aussi dépendre
de l’effet que ces changements peuvent avoir sur l’épargne publique. Dans le cas où le système
de sécurité sociale est un système de répartition, l’épargne publique n’augmentera pas
directement pour compenser une baisse induite de l’épargne privée. Des études empiriques
suggèrent que des augmentations des pensions publiques entraînent une baisse de l’épargne
privée et nationale et que cette baisse est moins élevée que la hausse totale des bénéfices des
pensions (Mackenzie et al 1997).

En principe, les individus devraient voir leurs contributions aux fonds de pension privés comme
un parfait substitut aux autres formes d’épargne. Mais en pratique, les individus ne semblent
pas prendre totalement en compte leurs contributions aux pensions dans la détermination de
leur comportement d’épargne. Il en résulte que l’introduction des fonds de pensions privés est
souvent accompagnée d’une augmentation des taux d’épargne nationaux (Helzmann, 1997).

Enfin, la disponibilité accrue des différentes formes d’assurance : les assurances de santé, de
responsabilité civile, de chômage, de faillite personnelle, peut aussi influencer le comportement
d’épargne. Etant donné que les plans d’assurance limitent les dépenses attendues pour des
contingences et des urgences, ils tendent à réduire les effets de l’incertitude du revenu et donc
le besoin d’une épargne de précaution.

On peut donc affirmer que le cadre institutionnel peut contribuer au niveau d’épargne à travers
les systèmes de retraite et de protection sociale.

1.6.6. Termes de l’échange


Dans une économie ouverte, les variations des termes de l’échange peuvent aussi affecter
l’épargne (terme de l’échange = variation du prix relatif des exportations d’un pays en termes
de ses importations). Ceci est décrit à travers l’effet Harberger-Laursen-Heltzer (HLM) qui
prédit une relation positive entre les variations (transitoires) des termes de l’échange et
l’épargne à travers leur effet positif sur la richesse et le revenu. En d’autres termes, une variation
adverse transitoire des termes de l’échange entraînera une baisse du niveau du revenu courant
plus grande que la baisse du revenu permanent, entraînant une baisse de l’épargne. Au contraire,
une détérioration permanente des termes de l’échange, dans la mesure où elle conduit à une
réduction concomitante à la fois du revenu courant et du revenu permanent, n’aura aucun effet
sur l’épargne (pourquoi ?). Un autre effet est celui d’inclinaison de la consommation. Une
augmentation du revenu global et du prix (suite à une détérioration des termes de l’échange,
hausse du prix des biens importés) entraîne une hausse du taux d’intérêt de la consommation
(taux d’intérêt réel mesuré en termes du prix du panier de consommation) augmentant par ce
biais le coût de la consommation courante par rapport à la consommation future et entraînant
les agents à différer la consommation dans le futur et à épargner plus aujourd’hui.

1.6.7. Approfondissement financier

Le développement financier peut affecter directement et indirectement l’épargne. Dans la


mesure où l’amélioration de l’intermédiation financière entraînera une réduction du coût de
l’intermédiation, elle augmentera le rendement de l’épargne. Dans le même temps, l’efficacité
accrue du processus d’intermédiation financière entraîne une expansion de l’investissement et
stimule le taux de croissance économique. L’augmentation du revenu se traduira aussi par une
augmentation de l’épargne. Dans le cas où la libération financière entraîne une hausse de l’offre
de crédits en faveur des ménages qui étaient auparavant confrontés aux contraintes de crédits,
l’épargne privée peut baisser.

1.6.8. Epargne des entreprises


L’intérêt jusque-là porté exclusivement à l’épargne des ménages est justifié par le fait que dans
plusieurs pays en développement, les taux d’épargne privée sont essentiellement déterminés par
le comportement des ménages. Cependant, dans d’autres pays, l’épargne des entreprises (part
du profit non distribué) peut aussi être significative et peut répondre à des variables différentes
de celles qui affectent les décisions des ménages. Le résultat dépend dans ce cas des réponses
des ménages aux niveaux plus élevés de l’épargne des entreprises. Si les entreprises conservent
plus de gains, les ménages peuvent épargner moins d’un montant correspondant. L’étude de
Lopez- Méjia et Ortega (1988) a trouvé en effet qu’en Colombie, des périodes de forts (faibles)
taux d’épargne des entreprises étaient suivies de périodes de bas (hauts) taux d’épargne des
ménages. Les variations des dividendes n’ont aucun effet sur la consommation privée (c’est-à-
dire qu’elles n’affectent que l’épargne) car les agents réalisent que les variations de leur revenu
sont compensées par une baisse du même montant de la valeur des firmes qu’ils détiennent.

1.6.9. Autres facteurs influençant l’épargne


De même, concernant l’épargne globale, les facteurs démographiques (le taux de croissance de
la population en particulier) sont des déterminants du taux d’épargne global (épargne
globale/revenu global). De même, certains épargnent pour laisser un héritage à leurs enfants.
C’est donc un motif de patrimoine qui constitue le déterminant ici. On peut parallèlement
soulever le motif de précaution comme un autre déterminant de l’épargne. C’est une épargne
qui sert de réserve en cas de difficultés ou d’imprévus. On peut finalement épargner aussi pour
un objectif précis : acheter une maison ou assurer une bonne scolarité à son enfant. On parlera
d’épargne ciblée.
Le patrimoine ou la richesse initiale détermine le taux d’épargne de l’individu. Nous avions vu
que les individus épargnent en vue d’accumuler des actifs ou de la richesse. Si brusquement, il
y avait accroissement de la richesse de quelqu’un, par héritage, l’individu éprouvera le besoin
d’épargner moins et le taux d’épargne va diminuer. Une hausse des actifs réels réduit donc
l’épargne pour un niveau donné du revenu disponible.
Pour Modigliani, l’âge de l’épargnant détermine son taux d’épargne selon la théorie du cycle
de vie.

I.7. EXERCICES D’APPLICATION

A.
1. La propension moyenne à consommer sera-t-elle plus faible ou plus élevée pendant la
période de récession ou de dépression ?
2. Expliquer pourquoi les grands voleurs ou joueurs qui ont réussi peuvent vivre très bien,
même en période de vache maigre.
3. Supposons que le revenu permanent soit calculé comme une moyenne des revenus
obtenus ces cinq dernières années ; soit :
YP = (Y + Y-1+Y-2 +Y-3 +Y-4)/5
Supposons également que la consommation soit donnée par C= 0,9YP
a) si tu as gagné 200 000 F CFA par an durant ces dix dernières années, quel est ton revenu
permanent ?
b) supposons que l’année suivante t+1, tu gagnes 300 000 F CFA, quel est ton nouveau
revenu permanent ?
c) quelle est ta consommation cette année et l’année suivante
d) quelles sont tes propensions marginales à consommer de court et de long terme ?
e) représenter graphiquement ton revenu permanent à partir de l’année t+1 en supposant
que tu gagnes à partir de cette année-là 300 000 F CFA.

B.

1. Les démographes d’un pays prévoient une hausse de la part des personnes âgées dans la
population au cours des 20 prochaines années. Que nous dit le modèle du cycle de vie quant à
l’impact de cette évolution démographique sur le taux d’épargne national ?

2. Une recherche a montré que les personnes âgées sans enfant désépargnent à peu près au
même rythme que celles qui ont des enfants. Quelles peuvent être les implications de cette
observation dans la tentative d’expliquer pourquoi les gens âgés ne désépargnent pas autant que
le prédit le modèle du cycle de vie ?

3. Quelles peuvent être les implications du type de système de sécurité sociale (répartition ou
solidarité ; capitalisation) en terme d’accroissement de l’épargne nationale ? Dans quel cas un
traitement fiscal favorable peut-il avoir plus d’impact ?
CHAPITRE 2 : DETERMINANTS DE L’INVESTISSEMENT

L’investissement se définit comme l’accroissement du stock de capital ou le remplacement d’un


stock de capital vieilli ou détérioré. Il peut s’agir d’investissements de remplacement ;
d’investissements de capacité qui sert, pour un niveau de technique constant, à augmenter les
quantités produites ; ou d’investissements de productivité qui sert à économiser du travail pour
pallier à la pénurie de main d’œuvre ou au renchérissement des taux de salaire dû peut-être à
des charges sociales trop élevées.
Bien qu’il représente une composante faible de la demande globale, l’investissement est un
élément important de la croissance. C’est une composante de la demande en même temps qu’il
sert à augmenter le stock de capital, donc la capacité de production, augmentation sans laquelle
le bien-être de la population ne peut être amélioré de façon continue. Dans ce chapitre, nous
traitons des points suivants :

II.1. DEMANDE D’INVESTISSEMENT ET TAUX D’INTERET


II.2. EFFICIENCE MARGINALE DE L’INVESTISSEMENT
II.3.DEMANDE D’INVESTISSEMENT ET CROISSANCE DE LA PRODUCTION
A – Stock de capital d’équilibre
B) Fonction de demande d’investissement
C – Accélérateur et politique de stabilisation
II.4. THEORIE q DE L’INVESTISSEMENT
II.5. LAGS DANS LA DEMANDE D’INVESTISSEMENT
II.6. INCERTITUDE ET IRREVERSIBILITE
II.7. AUTRES DETERMINANTS DE L’INVESTISSEMENT
II.8. EXERCICES

II.1. RELATION ENTRE LA DEMANDE D’INVESTISSEMENT ET LE TAUX


D’INTERET

Intuitivement, il est facile d’accepter que le taux d’intérêt est un déterminant du niveau
d’investissement planifié dans la mesure où pour investir, une entreprise doit, soit emprunter,
soit utiliser ses fonds propres. Dans un cas comme dans l’autre, le coût des fonds utilisés peut
être mesuré par le taux d’intérêt que l’entrepreneur paie ou abandonne en ne faisant pas un
placement financier.
L’un des critères de décision en matière d’investissement dans un projet est la valeur actuelle
nette des revenus futurs générés. L’utilisation du critère de la Valeur Actuelle Nette (VAN)
pour le choix d’un projet revient à comparer la somme des flux de revenus actualisés au coût I
du projet. L’actualisation est faite en utilisant un taux d’actualisation r ; soit pour un
investissement à réaliser au temps 0:

R1 R2 Rn
VAN 0   I  R0    .... 
(1  r ) (1  r ) 2
(1  r ) n

Par exemple, si un individu A doit retourner R1= 104 UM à un individu B dans un an, B doit
décider de combien ces 104UM valent maintenant. Si B sait qu’il peut placer son argent dans
une institution financière et gagner 4% d’intérêt dans un an, il verra que 104UM dans un an
valent aujourd’hui pour lui 100UM. Ainsi, il accepterait de prêter 100UM pour obtenir 104UM
dans un an. C’est sa manière d’évaluer des paiements futurs au présent. Mathématiquement, on
peut écrire :
VAN0 =104/(1,04)=R1/(1+r)
Si l’argent doit être retourné dans deux ans, on a : R2/(1+r)² = 104/(1+r)² ; soit:
R2=VA2= R2/(1+r)² ; avec VA = Valeur actuelle ou actualisée.
Par un raisonnement similaire, on peut montrer qu’un paiement dans « n » années à partir du
temps 0 vaut au temps 0 :

R0=VA= Rn/(1+r)n. (2).

Ainsi plus le délai de paiement s’allonge, moins l’individu B doit débourser aujourd’hui pour
obtenir un revenu donné dans le futur.

Pour un certain nombre de raisons, on peut constater facilement que cette présentation simplifie
la réalité en ce qui concerne les revenus d’un projet. Tout d’abord, les revenus futurs (Rt) sont
des revenus anticipés, donc incertains, qui changent en fonction du cycle des affaires. De plus,
une entreprise fait face à plusieurs taux d’intérêt sur le marché monétaire (action, obligation,
placement bancaire, etc.). Si l’offre de fonds d’investissement n’est pas limitative, les
entrepreneurs investissent dans tout projet à VAN positive. Supposons que le coût par projet
soit constant. Pour un taux d’intérêt r0 donné, la VAN est une fonction inverse du niveau
d’investissement global I puisque les investisseurs vont investir dans les projets dans l’ordre
décroissant de leur rentabilité jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de projets rentables. C’est cela qui
est montré au graphique 2.1.

VAN/
Projet

I0 I
Graphique 2.1: VAN/projet en fonction du niveau d’investissement planifié

Pour réaliser le graphique 2.1, on choisit les investissements efficients. Si VAN(I1) > VAN (I2)
et I2 > I1, l’investissement I2 ne fait pas partie de l’ensemble de projets efficients.
L’investissement I2 est alors écarté.

Si le taux d’intérêt du marché est r0, alors le niveau d’investissement global serait I0. Si le taux
d’intérêt r augmente, la VAN va diminuer. Cela s’explique par le déplacement de la courbe
(2.1) vers l’origine réduisant I0, c’est à dire le niveau d’investissement planifié ; ceci donne le
modèle simple d’investissement (3) :

I
I = I(i) avec 0 (3)
i
La courbe correspondante est donnée par le graphique 2.2.
I

I1

I0

i1 i0 i

Graphique 2.2. : Représentation de la fonction d’investissement

Le critère de la VAN est donc un critère rationnel de choix des investissements. Cependant, les
analyses macro-économiques modernes montrent que cette fonction simple de demande
d’investissement n’est pas une bonne représentation des déterminants complexes de
l’investissement dans le monde réel.

II.2) EFFICIENCE MARGINALE DE L’INVESTISSEMENT

Un autre critère suggéré par KEYNES pour la prise de décision d’investissement est l’efficience
marginale de capital. L’efficience marginale m d’un projet est la valeur du taux d’intérêt qui
annulerait la VAN de ce projet ; soit :
𝑅
𝑉𝐴𝑁0 = −𝐼 + ∑𝑛𝑗=0 (1+𝑚)
𝑗
𝑗 = 0
(4)

m est en fait le taux de rentabilité interne (TRI) ou le taux interne de rentabilité (TIR) du projet
d’investissement. Quand la taille du projet d’investissement s’accroît, cela veut dire que nous
sommes obligés d’exécuter des projets de moins en moins rentables, donc de TRI plus faible.
On pourrait ainsi noter que la demande d’investissement est la courbe qui donne le niveau
d’investissement total en fonction de m.

La courbe d’offre de fonds prêtables est composée de plusieurs portions. 1) Jusqu’à un certain
niveau d’investissement, le taux d’intérêt est plus ou moins constant et faible. Cela correspond
à l’utilisation des fonds propres des entreprises dont le coût d’opportunité est le taux de
placement sans risque. . L’étape de financement des investissements par fonds propres (bénéfice
+ amortissement – dividende) peut être considérée comme l’étape du taux d’intérêt constant
selon DUESSENBERRY ; 2) Ensuite, après l’épuisement des fonds propres, les entreprises ont
recours aux fonds extérieurs auxquels les investisseurs affectent un taux d’intérêt plus élevé
que celui des fonds propres parce que ces fonds externes représentent une dette fixe et diluent
le contrôle des promoteurs sur leur entreprise.

Le graphique 2.3 donne les représentations de la demande d’investissement et de l’offre de


fonds en fonction de l’EMC. L’intersection de la courbe d’offre et de la courbe de demande
d’investissement donne le niveau d’investissement optimum I0. À gauche d’I0, tous les projets
ont une valeur actuelle nette positive. À droite d’I0, tous les projets ont une valeur actuelle nette
négative.
i

i, m

I0 I

Graphique 2.3: fonctions d’offre et de demande d’investissement planifié

Ce graphique nous montre que l’entreprise peut faire face à plus d’un taux d’intérêt. Le taux
d’intérêt qui prévaut dépend de l’étendue de l’investissement. Si le profit s’accroît, l’épargne
de l’entreprise augmente et la partie horizontale de la courbe d’offre peut être plus étendue ; ce
qui accroît le niveau d’investissement. La baisse des profits a l’effet contraire.

Le plus grand défaut du critère d’efficience marginale du capital est qu’il ne donne pas toujours
le même classement des projets que le critère de la VAN présenté comme un critère de choix
rationnel des investissements (II.1). Intuitivement, on peut deviner que si nous avons deux
projets dont l’un présente les plus grands flux de revenus dans un futur lointain alors que l’autre
présente des flux de revenu plus faibles mais venant plus tôt, le premier aurait une VAN plus
élevée pour de faibles taux d’actualisation et le second serait plus avantageux pour des taux
d’actualisation plus élevés. Ce problème s’explique par le fait que la VAN est fonction du taux
d’actualisation alors que l’EMC en est indépendante. Ainsi, pour qu’une entreprise obtienne un
bon classement des projets en termes de coût d’opportunité, elle doit calculer la VAN pour
chaque projet avec le taux d’actualisation pertinent.

Exemple :
Année Casflow (1) Cashflow(2)
0 -1000 -1000
1 400 -200
2 400 100
3 400 500
4 400 1000
5 400 1000
TRI 29% 22%
VAN(5%) 731,79 938,37
VAN(20%) 196,24 76,26

Application

Montrer que si une firme se finance par une combinaison de fonds internes, d’obligations et
d’actions, alors l’I est fonction des profits et des liquidités de la firme.
II.3. DEMANDE D’INVESTISSEMENT ET CROISSANCE DE LA PRODUCTION

A – Le stock de capital d’équilibre

En se basant sur les hypothèses de rationalité habituelle, le capital est utilisé jusqu’à ce que ce
que l’égalité (5) soit réalisée, c’est-à-dire que la productivité physique du capital est égal au
coût réel du capital. Cette égalité permet de déterminer le stock du capital d’équilibre.
Pt I  iPt I 1  ( Pt I  Pt I 1 )
YK  (5)
Pt

Le numérateur de l’expression (5) est le coût d’utilisation du capital (Ct). C’est une rente de
location implicite (Pour louer un matériel à quelqu’un, quels sont les éléments de coûts que
vous prendriez en compte ?).

YK = Productivité physique marginale de capital,


Pt I = Prix par unité de capital utilisé pendant la période t,
Pt I = Dépréciation par unité de capital utilisé pendant la période t,
iPt I 1 = Charge financière en prenant le stock de capital unitaire évalué en début de période,
( Pt I - Pt I 1 ) = Gain de capital depuis le début de période,
Pt = Prix du bien produit au temps t.

Ainsi l’équation (5) stipule que le stock de capital doit être utilisé jusqu’à ce que le produit
marginal du capital égale le coût réel d’utilisation.
C
Soit : YK ( Lt , K t )  t  ct : (6)
Pt

A partir de l’équation (6), en utilisant une fonction de production Cobb-Douglas, on peut


déduire que le stock de capital d’équilibre (KE) dépend de la production, du coût d’utilisation
du capital et du prix du produit, avec :

E K E K E K E
K E
K (Y , C , P),  0,  0, 0
Y P C (7)

Application : Trouver la fonction du stock de capital d’équilibre dans le cas d’une fonction de
production Cobb-Douglas donnée par : Y=AkαL1-α
APPLICATION

En comptabilité, l’amortissement est considéré comme le coût d’utilisation du capital. A quelle


condition, cette mesure est –elle valable ?

B) Fonction de demande d’investissement


L’investissement brut est donné par l’expression : It = Kt+1 - Kt + δKt
L’investissement de remplacement est donné par l’expression : Ir = δ Kt
Dans l’hypothèse d’absence de retards (lags) dans le processus d’ajustement du stock de
capital réalisé au stock de capital désiré, l’investissement net est donné par l’expression :
In= Kt+1 - Kt= ∆𝐾 𝐸

Dans ce cas, l’investissent net dépend des variations du stock de capital d’équilibre tandis que
l’investissement de remplacement dépend du niveau du stock de capital courant. En prenant
une fonction de production de type Cobb-Douglas, on a :

𝛼𝑃𝑌 𝛼𝑌
In= ∆𝐾 𝐸 = ∆ ( ) = ∆(𝐶/𝑃)
𝐶

Si nous supposons que C/P est plus ou moins constant, on peut alors écrire que :
𝛼
𝐼 𝑛 = (𝐶/𝑃)∆𝑌 (8)

L’équation (8) montre clairement que dans le long terme, sans variation perceptible de C/P,
c’est la croissance de la production ou de la demande qui nous donne le niveau d’investissement
net. Cette relation entre la variation de la production et l’investissement net résume le principe
de l’accélérateur. Celui-ci nous suggère que lorsque l’on a besoin d’accroître l’investissement
net, l’on a besoin d’une croissance de la variation (donc d’une accélération) de la production.
Il introduit une relation dynamique de base dans le modèle économique. Si l’on suppose
également que l’investissement net est égal à l’épargne nette qui est-elle-même une fraction de
la production, nous pouvons poser également que In = sY, avec s = taux d’épargne. Nous
aboutissons ainsi à la relation de croissance de base donnée par :

∆𝑌 𝑠
= 𝛼𝑃/𝐶 (9)
𝑌

Comme l’investissement accroît l’offre de production à travers la croissance du stock de capital


tout en demeurant également associé à la demande par l’effet multiplicateur, l’équation (9)
donne le taux de croissance de la production qui maintiendrait l’offre égale à la demande.
Nous nous rappelons que :

I  I n  I r  K E   K

Donc en général, nous pouvons écrire l’équation d’investissement brut telle que donnée par
l’expression :

I  K E (Y , C , P )   K (9)

On aboutit, avec une fonction de production Cobb-Douglas et les hypothèses acceptées jusque-
là, à :

I Y   K
C/P (10)
Cette équation (10) met encore en évidence la relation de l’accélérateur.

C – Relation d’accélérateur et politique de stabilisation


La relation d’accélération dans la fonction d’investissement telle que montrée précédemment
pose une difficulté intéressante en matière de politique de stabilisation conjoncturelle. Cette
difficulté est illustrée par le graphique 2.4. Dans ce graphique, on observe trois périodes
d’investissement : 0 à t1, t1 à t2 et t2 à une période indéterminée.

Pendant la première période qui s’arrête à t1, on a un niveau donné d’output Y correspondant à
un stock de capital d’équilibre K. Au temps t1 le gouvernement accroît les dépenses publiques
G pour stimuler la demande. La production et le stock de capital d’équilibre y répondent en se
déplaçant à des niveaux plus élevés dans la période t2. Etant donné que le stock de capital est
constant avant t1 et après t2, le niveau d’investissement net est nul pour chacune de ces deux
périodes et les niveaux d’investissement de remplacement sont positifs.
Pour que le stock de capital puisse se déplacer à des niveaux plus élevés, l’investissement net
doit être positif pendant la période de transition. On a :

- de 0 à t1, I=Ir ;
- de t1 à t2, I=Ir+In ;
- à partir de t2, I=Ir .

K, Y, I (réel)
KE

I(brut
)
Ir
O
In

t1 t2 t
O O
Graphique 2.4: Schématisation du principe de l’accélérateur d’investissement

Il est clair à partir du graphique 2.4 que dans la première partie de la période de transition,
l’investissement brut croît plus vite que la production. Ainsi, si l’économie croît moins vite
qu’il est nécessaire pour assurer le plein emploi, une politique monétaire ou fiscale pratiquée
pour amener l’économie sur un sentier de croissance de plein emploi court le risque d’entraîner
un dépassement de la croissance de la demande désirée et une surchauffe de l’économie
(inflation par exemple ; n’oubliez pas que l’investissement est une composante de la demande).
Cette croissance excessive et insoutenable de la demande serait due au fait qu’il faille accroître
l’investissement net pour augmenter le stock de capital. Mais après la période initiale de
croissance rapide, l’investissement net va baisser jusqu’à s’annuler à t2 tandis que l’économie
continue de croître pendant cette période.

Comme le principe de l’accélérateur implique un investissement net positif, il ne tient plus en


présence d’un excès de capacité. En effet, dans ce cas, le stock de capital existant est supérieur
au stock de capital d’équilibre. Une croissance de la production aura simplement pour effet
d’accroître le stock de capital d’équilibre qui va s’ajuster à la capacité de production déjà
existante sans investissement net supplémentaire.

On peut donc dire qu’en présence d’excès de capacité substantiel, la politique fiscale va stimuler
la demande sans rencontrer la difficulté d’une demande excessive telle que décrite
précédemment. Cependant, cette qualification du principe de l’accélérateur doit être utilisée
avec précaution. Ce qui apparaît comme un excès de capacité peut être constitué d’équipements
obsolètes incorporant une technologie vieille et non économique qu’il faudra remplacer peu
après le début du processus en adoptant de nouvelles technologies. Ainsi le principe de
l’accélérateur peut se manifester comme une hausse inattendue de l’Investissement de
remplacement.

II.4. THEORIE q DE L’INVESTISSEMENT

Jusque-là, nous avons mis de côté trois aspects importants de la décision d’investissement : 1)
les retards et les coûts d’ajustement inhérents à la sélection et à la mise en œuvre de tout projet
d’investissement en capital ; 2) la formulation des anticipations à propos des coûts et des gains
futurs et 3) la question du risque et de son évaluation par le marché.
Personne n’a pu traiter toutes ces questions en une seule fois. Nous présentons ici une approche
de l’investissement qui espère traiter toutes ces complications de façon unique. C’est la théorie
q de Tobin d’après les travaux de James Tobin et de William Brainard.

A partir de l’équation (5), nous avons :

Pt YK  Pt I (1   )  Pt I 1 (1  r )  0 (11)
Ce qui peut être arrangé pour donner :

[1 /(1  r )][ Pt YK  Pt I (1   )]
1
Pt I 1 (12)

L’expression du membre de gauche de l’équation 12 est le q marginal de Tobin. Le


dénominateur est le coût d’acquisition d’un petit accroissement de capital en période t-1. Le
numérateur est l’accroissement correspondant de la valeur de la firme en période t, ramenée en
valeur de la période t-1 par actualisation. PtYK est l’accroissement de la valeur des ventes et Pt I
(1-  ) est l’accroissement de la valeur du capital de la firme en t. Ainsi le q marginal de Tobin
est le rapport de la variation de la valeur de la firme et du coût du capital additionnel pour un
petit accroissement du stock de capital. Si la firme est en équilibre, la valeur de q est égale à 1
(équation 12). Tous les investissements qui ajoutent plus à la valeur de la firme que leur coût,
auraient été déjà entrepris.
Sous certaines conditions (rendements constants à l’échelle signifiant que les productivités
moyenne et marginale sont proportionnelles), le q marginal égal le rapport de la valorisation
totale de la firme et de la valeur totale de son capital. C’est le Q moyen donné par :

Q = VA/PIK (13)

VA = valeur actuelle.
La valeur de Q a l’avantage d’être directement mesurable, contrairement au coût d’usage ou au
revenu marginal du capital anticipé.

La question que l’on peut se poser maintenant est celle-ci : en quoi la théorie q nous aide
puisqu’elle consiste simplement en une reformulation de la théorie de l’accélérateur flexible
présentée plus haut ?

Pour commencer, il est relativement facile d’introduire les coûts d’ajustement dans le modèle.
L’équation 12 indique que l’on continuera d’investir jusqu’à ce que le q marginal soit égal à 1.
Avec les coûts d’ajustements, nous pouvons en principe dériver une relation entre
l’investissement brut et l’écart entre le q observé et l’unité. Si q > 1, il faudrait investir alors
que si q < 1, il faudrait désinvestir.
Mieux, si nous connaissons le coût de remplacement du capital, alors, nous pouvons constater
la valeur d’une firme sur le marché financier (VA) et calculer directement son Q moyen. Cette
valeur observable incorpore déjà les anticipations du marché en ce qui concerne les rendements
futurs et les ajustements pour le risque. L’économiste n’a plus besoin de faire des hypothèses
controversées à propos de comment les anticipations sont formulées et de comment les
incertitudes sont évaluées, puisque le marché le fait déjà pour lui. La valeur de marché de la
firme tiendrait aussi déjà compte des retards et des coûts d’ajustement de l’investissement.
Ainsi, la théorie q traite de façon convenable les trois problèmes rappelés au début de cette
section, en laissant les autres, c’est-à-dire le marché financier, fournir la solution.
Une utilisation pratique du Q moyen peut être formulée comme suit : pour investir, nous avons
à choisir entre l’acquisition d’un équipement nouveau et l’acquisition d’une nouvelle firme sur
un marché financier. Si le Q de la firme est inférieure à 1, il faudrait mieux acquérir la firme et
utiliser son surplus de capital (désinvestir). Ce qui veut dire que le marché financier aurait
tendance à égaliser les Q entre les firmes de telle sorte qu’elles réagissent de façon similaire
aux chocs agrégés.
Il y a néanmoins deux points à noter : 1) Le lien entre le q marginal et le Q moyen peut être
complexe. Par exemple, supposons qu’il y ait un choc pétrolier qui abaisse le Q moyen du stock
de capital existant. Le même choc peut accroître le q marginal des investissements en biens
capitaux économes en énergie. Dans ce cas, le mouvement du Q moyen serait l’inverse de celui
du q marginal ; 2) On ne maîtrise pas encore très bien l’efficience informationnelle du marché
financier en ce qui concerne qui sait quoi et qui fait quels choix. Les managers qui prennent les
décisions d’investissement d’une firme, comme des membres internes, ne jouent pas
franchement sur le marché financier, mais pour le bien des actionnaires, ils voudront tenir le
marché informé des progrès de la firme. Une conséquence sur l’efficience du marché financier
est que les prix des actions changent de façon très erratique et sont intrinsèquement
imprévisibles. Ainsi, on ne peut pas prédire le Q moyen avec exactitude, et la théorie se révèle
plus un outil descriptif pour expliquer les évènements ex post, qu’un outil prédictif utilisable
pour décider d’un investissement à venir.

II.5. LAGS DANS LA DEMANDE D’INVESTISSEMENT


Supposons qu’une firme décide d’investir dans une nouvelle usine. Elle va choisir celle qui
correspond à un rapport K/L qui lui permet de produire un niveau donné d’output au coût
minimum. Supposons en outre que cet investissement est de type putty-clay, c’est-à-dire
caractérisé par l’existence d’une possibilité de substitution ex ante. Cela veut dire qu’ex ante,
le rapport capital/travail est changeable. Mais ex post, ce rapport est fixe. Quels effets une
variation de la demande et une variation du coût du capital auront-elles sur la production ?
Comme le niveau capital/travail de la firme est fixe ex post, celle-ci peut répondre à une
variation de la demande jugée permanente en augmentant les capacités de son usine, en
l’absence d’excès de capacité. La croissance de la production élève le niveau du stock de capital
d’équilibre de ∆KE et accroît graduellement l’investissement de remplacement de ∆Ir = δ(∆KE).
En courte période, le stock total de capital s’est accru d’un montant égal à l’aire sous In. Comme
il y a maintenant un niveau plus élevé de capital, l’investissement de remplacement s’accroît
de ∆Ir de telle sorte que le sentier de l’investissement brut est donné par la courbe de I sur le
graphique 2.5.
Ce qu’il est important de noter ici, c’est que les augmentations de In, de Ir et de I ont lieu avec
un lag (délai d’ajustement) court du fait de la fixité ex post de la capacité de production et de la
nécessité d’accroître la taille de l’usine pour répondre à une augmentation de la demande
courante.

Ir
In

Graphique 2.5 : Croissance du stock de capital brut suite à une croissance de la demande

Avec une même technologie de type putty-putty, une réduction du coût de capital s’accompagne
de la recherche de l’augmentation du rapport K/L par la firme. La firme va donc chercher
d’abord à remplacer graduellement les vieux équipements par une technologie plus soutenue en
capital. Mais le délai d’ajustement est ici plus long que dans le cas de la variation de la demande.
Le processus d’ajustement peut-être modélisé, mais cela dépasse le cadre de ce cours.

II.6. INCERTITUDE ET IRREVERSIBILITE

En situation d’incertitude, les décisions d’investissement privé peuvent être affectées


significativement par des effets d’irréversibilité. De tels effets proviennent essentiellement du
fait que l’investissement spécifique d’une firme implique des coûts irréversibles ou des coûts
qui ne peuvent être récupérés que partiellement à cause du rabais (généralement important)
auquel la firme doit faire face en valorisant un équipement de seconde main. Si le résultat d’un
investissement devient plus mauvais que prévu une firme peut être confrontée à des excès de
capacité ou à de faibles rendements, alors que si les perspectives sont plus positives, de
nouvelles firmes de la branche peuvent, par leur concurrence s’approprier une partie des gains.
Comme le risque de perte peut augmenter sans une correspondance systématique
d’augmentation du gain, l’attente à une valeur dans la mesure où elle donne à la firme
l’opportunité de traiter de nouvelles informations avant de prendre la décision effective
d’investir.

Si le taux de dépréciation est nul et qu’il n’y a ni gain, ni perte de capital (ou que le gain de
capital compense la dépréciation, équation 5), rPK peut être interprété comme le coût d’usage
du capital. Avec une réversibilité totale de l’investissement, l’avenir n’importerait pas. La règle
de décision optimale d’investissement serait alors d’investir immédiatement si :

R0 – rPK > 0 (14).

L’expression 20 indique que la firme investit tant que le rendement courant est supérieur au
coût d’usage du capital.

S’il y a irréversibilité totale ou partielle, c’est-à-dire une probabilité non nulle qu’à une période
t du futur, l’inégalité (20) s’inverse, c’est-à-dire que R – iPK < 0, la firme peut être enfermée
dans un investissement non profitable. Il y a donc une incitation à différer l’investissement afin
de mieux connaître les facteurs qui affectent le rendement futur ; par exemple l’état de la
demande du marché du bien produit.

Deux éléments peuvent alors guider le comportement de l’investisseur :

1. Le coût de l’attente donné par le rendement net attendu à la période 0 perdu en n’investissant
pas immédiatement, R0 – rPK.
2. La valeur de l’attente due à l’erreur irréversible qui serait révélée demain si les rendements
futurs baissaient en dessous du coût de capital (R < rPK), c’est-à-dire la perte qui serait subie.

Par conséquent, le critère de décision indiquerait qu’il est profitable d’investir immédiatement
si et seulement si le rendement de la première période est supérieur au coût du capital d’une
marge suffisamment grande pour compenser la possibilité d’une erreur irréversible, c’est-à-dire
si le coût de l’attente l’emporte sur la valeur de l’attente.

On constate que la possibilité que dans le futur, R puisse être supérieur à rPK n’a pas d’effet sur
le seuil de l’investissement ou sur la décision d’investir aujourd’hui. Cette asymétrie est due au
fait que l’option d’attendre n’a de valeur que dans les situations où investir aujourd’hui aurait
été ex post une mauvaise décision.

Dans un environnement très incertain, la valeur de l’attente peut être très grande, faisant de
l’incertitude un puissant élément de dissuasion en matière d’investissement, même pour un
agent économique qui adopte une position neutre vis-à-vis du risque. Des rendements futurs
fortement dispersés, résultant par exemple d’une volatilité macro-économique accrue qui
accroît la vraisemblance de mauvais résultats (c’est-à-dire R < rPK) auront tendance à faire
privilégier les investissements à hauts rendements, donc à diminuer l’investissement. Les
recherches récentes sur la relation entre incertitude et investissement ont cependant souligné les
rôles plus importants de différents autres facteurs tels que la structure du marché, le degré
d’aversion au risque et les imperfections des marchés des capitaux.
Dans le cas où le coût d’opportunité de l’attente est incertain plutôt que connu (cas des projets
en retard d’achèvement) et que le projet d’investissement est partiellement réversible (abandon
possible au coût du futur), une incertitude plus grande pourrait accélérer l’investissement en
rendant à la fois les réalisations extrêmes favorables et défavorables plus probables.
En résumé, au plan strictement théorique, l’effet de l’incertitude sur l’investissement privé est
en général ambigu. Fondamentalement, ceci est dû au fait que l’incertitude affecte
l’investissement par le biais de différents canaux et de façon particulière, en fonction du degré
d’aversion pour le risque, de la structure du marché et de la nature des coûts d’ajustements, la
relation entre ces variables pouvant être soit positive, soit négative. Les études empiriques sont
donc nécessaires pour évaluer dans quel sens l’effet net opère. Dans l’ensemble, les études les
plus récentes fournissent des résultats significatifs d’un lien négatif entre l’incertitude et
l’investissement privé dans les pays en développement reflétant peut-être, comme on l’a noté
précédemment, le rôle des facteurs d’irréversibilité.

II.7. AUTRES DETERMINANTS DE L’INVESTISSEMENT

La décision d’investissement dépend d’une variété d’autres facteurs dont les plus remarquables
sont le degré de rationnement du crédit, la disponibilité de devises, les fluctuations du taux de
change, le niveau de l’investissement public, le degré de volatilité macroéconomique et
l’existence d’une large dette extérieure.

A- Rationnement du crédit et régulation du marché de crédit

L’absence de développement des marchés de capitaux propres (bourses des valeurs) rend les
firmes très dépendantes du crédit bancaire aussi bien pour les besoins en capital circulant que
pour le financement de l’accumulation de capital. Dans les pays où les taux d’intérêts sont très
réglementés ou les crédits encadrés (avec des taux d’intérêts réels négatifs), l’excès de la
demande de crédit existe, obligeant les banques à rationner leurs prêts. L’asymétrie
d’information (manifestée sous forme de sélection adverse et hasard moral) peut également
amener les banques à rationner le crédit. Dès lors, la quantité de crédit disponible (et non le
taux d’intérêt) devient un déterminant de l’investissement.
La régulation du marché de crédit (règles de prudence, institutions de notation, etc.) peut
restreindre le crédit à court terme (accords de classement), mais elle permet aussi d’affermir à
moyen et long terme le marché de crédit et permettre d’éviter les crises financières de type
subprime rencontrée en 2007-2008 sur le marché de crédit hypothécaire.

B- Contraintes de devises extérieures

Dans les pays en développement, les biens de capital (machines et équipements) doivent être
importés. Puisque les devises nécessaires au paiement de telles importations peuvent faire
défaut (problèmes de balance de paiements, besoins prioritaires tels que le service de la dette
extérieure), l’investissement peut être soumis à la une contrainte de devises.

C- Taux de change réel (TCR)

PNE
TCR 
PE (21),

PNE= prix des biens non échangeables, PE = prix des biens échangeables.
Le TCR affecte l’investissement privé à travers le canal de la demande et le canal de l’offre.
Du côté de la demande, une dépréciation du TCR venant d’une dépréciation nominale de la
monnaie locale implique une baisse relative des prix domestiques, une réduction de la richesse
réelle et des dépenses du secteur privé. La chute de l’absorption domestique peut amener les
firmes à réviser leur anticipation de la demande future et à réduire leur investissement par le
biais de l’effet de l’accélérateur.
Du côté de l’offre, une dépréciation du TCR entraîne une augmentation des prix des biens
échangeables par rapport aux prix des biens domestiques et peut stimuler l’investissement dans
le secteur des biens échangeables et réduire la formation de capital dans le secteur des biens
non échangeables.
Ainsi lorsque les biens de capital sont importés, le succès d’une dépréciation/dévaluation
nominale dépend de l’évolution des prix des facteurs domestiques (salaires et prix de biens de
capital). Ceux-ci doivent évoluer moins que proportionnellement aux prix en monnaie
domestique de la production nationale pour que l’offre globale soit stimulée et l’investissement
privé augmenter.

D- Investissement public

L’investissement public a en général un effet ambigu sur l’investissement privé en raison de


deux effets opposés. En augmentant le déficit budgétaire, l’investissement public peut évincer
la formation de capital privé en réduisant le crédit disponible au secteur privé ou en augmentant
le taux d’intérêt. On parle d’effet d’éviction. Dans le même temps, l’investissement public dans
les projets d’infrastructures (énergie, eau, télécommunications, transport, santé, éducation) peut
être complémentaire à l’investissement privé et entraîner des effets d’attraction de
l’investissement privé.

E- Instabilité macroéconomique

Nous avons déjà montré qu’en présence d’irréversibilité et d’asymétrie des coûts d’ajustements,
l’instabilité macroéconomique peut avoir de larges effets sur la formation de capital privé. De
plus : a) un environnement macroéconomique instable est souvent caractérisé par un niveau
élevé d’inflation. Ce qui déforme les signaux des prix et les variations de prix relatifs et par
conséquent réduit l’investissement ; b) l’instabilité macroéconomique se traduit également par
une forte variabilité de l’inflation qui à son tour a un effet défavorable sur la profitabilité
attendue de l’investissement en situation d’aversion pour le risque ; c) l’incertitude politique
peut aussi amener les firmes qui ont de l’aversion pour le risque à fuir les activités risquées et
à réduire le stock de capital désiré et donc l’investissement.

F- Effet de la charge de la dette

Un ratio élevé de la dette extérieure rapportée à la production peut avoir un effet défavorable
sur l’investissement privé à travers plusieurs canaux. a) Les ressources utilisées pour le
paiement de la dette publique peuvent évincer les investissements publics complémentaires ; b)
Le ratio dette / production élevé peut pousser les agents économiques à transférer les fonds à
l’étranger, craignant les engagements d’impôts futurs pour financer le service de la dette. Ce
qui affecte directement l’investissement privé et aussi l’affecte indirectement à travers
l’augmentation du coût domestique des biens de capital ; c) Une lourde charge de la dette peut
réduire les investissements directs étrangers (IDE) à cause de la crainte que le gouvernement
recoure à des restrictions sur les obligations de paiements extérieurs (rapatriement des revenus
par exemple). Dans le cas où les IDE sont complémentaires à l’investissement privé, celui-ci
baissera ; d) Quand les firmes détiennent un large stock d’obligations en monnaie étrangère,
elles deviennent très vulnérables aux variations du taux de change. Une dépréciation nominale
par exemple augmente automatiquement la charge de la dette et réduit la richesse nette de la
firme. L’accroissement du risque de défaut qui en résulte peut entraîner les banques
domestiques à renforcer les restrictions de crédit. Ce qui peut réduire l’investissement. Ce
dernier effet montre un exemple d’interactions qui peuvent exister entre les différents
déterminants (Dette/Production x Dévaluation).

Ces raisons justifient l’initiative d’allègement de la dette dite PPTE (en faveur Pays Pauvres
Très Endettés).

II.8. EXERCICES :

I. Pourquoi, à Cotonou, les agents économiques aiment plus monter des étalages
d’achat-vente et des supérettes que de petites unités de production ?

II. Expliquer et motiver les incitations offertes par le code des investissements du Bénin
à la lumière des déterminants étudiés dans ce cours ? Ces incitations sont-elles
suffisantes ?

III. Nous sommes en année électorale, et l’économie connaît un ralentissement. Un


candidat préconise une déductibilité fiscale des investissements dès qu’il accédera à
la présidence. Quel est l’impact de cette promesse électorale sur les conditions
économiques de l’année en cours (va-t-elle aggraver ou atténuer la récession
économique) ?

IV. Pour cet exercice, utiliser la fonction de production Cobb-Doglas (Y =KaL1-a), avec
a=0,3. Soit Y = 500 et c = coût réel d’usage du capital = 0,12.

a) Calculer le capital désiré K*.


b) Supposons que Y augmente et atteigne 600. Quel est le nouveau stock de capital désiré ?
c) Supposons que le capital soit à son niveau désiré avant le changement de revenu et le
coefficient d’ajustement b=0,4. Quels sont les investissements réalisés immédiatement,
en première et deuxième années ? Calculer l’année où la moitié de l’investissement total
sera réalisé. Quel est le retard moyen ? Que constatez-vous ?
d) Votre réponse en c se réfère-t-il à l’investissement net ou à l’investissement brut ?
Justifiez votre réponse.
CHAPITRE 3: THEORIES DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
INTRODUCTION
Après que les nations ont dépassé les préoccupations relatives à la survie de leurs populations
face aux fléaux de toutes sortes (catastrophes climatiques, épidémies, guerres, etc.), le problème
de la croissance économique est apparu clairement dans la pensée économique avec les
classiques, à commencer par Adam Smith. Il était apparu l’idée de reproduction élargie (par
opposition à l’idée de reproduction simple) selon laquelle un surplus de la production peut être
régulièrement dégagé, accumulé et réinvesti afin de permettre grâce à une division plus accrue
du travail et au progrès technique un accroissement de cette même production. Grâce à la
modernisation des instruments et des procédés de travail, l’état stationnaire qui est la prédiction
essentielle des analyses de Malthus est de plus en plus repoussé.
Pour mesurer la croissance économique, les économistes ont recours aux données relatives au
produit intérieur brut (ou le Produit National Brut-PNB), qui mesure le revenu total perçu par
tous les membres d’une communauté. La croissance économique est définie comme une
augmentation du revenu réel ou de la production d’un pays sur une période donnée. Comme le
revenu par tête d’habitant est souvent utilisé comme indicateur de bien-être d’un pays, la
croissance économique est devenue une obsession pour toutes les nations du monde. L’étude
de la croissance économique répond à la question suivante : Quels sont les déterminants des
différences de revenus dans le temps et entre pays ? Ces différences proviennent des différences
de dotations en capital, en travail et en technologie. Cependant, pour s’en convaincre, nous
allons faire un petit exercice.
Les PIB par habitant en 2016 de quelques pays sont donnés dans le Tableau 3.1.

Tableau 3.1 : PIB de quelques pays

Pays PIB/Habitant, en % du PIB/Hab Niveau de


dollars courants Etats-Unis développement
Bénin 790 1,38% Sous-développé
Côte d’Ivoire 1526 2,66% Sous-développé
Nigeria 2188 3,81% Emergent
Ghana 1514 2,63% Sous-développé
Kenya 1455 2,53% Sous-développé
Tunisie 3689 6,42% Emergent
Maroc 2833 4,93% Emergent
Afrique du Sud 5274 9,18% Emergent
France 36855 64,13% Développé
Etats-Unis 57467 100% Développé

Source: World Bank, 2006, Where is the wealth of nations ? Measuring capital for the 21st
century

Travail à faire:
At
1) Trouver : ( At xBt ) , ( ) , taux de croissance de AxB, taux de croissance de (A/B)
Bt
et taux de croissance de Ab.
2) Si le taux de croissance économique (r) égale 5% et le taux de croissance
démographique (d) est de 3,2%, en combien d’années le Bénin va-t-il rattraper la
Tunisie, l’Afrique du Sud et les Etats-Unis en supposant que les taux de croissance
économique et démographique sont nuls dans ces trois pays ?

3) Quelles sont vos réponses si le taux de croissance économique est de 13,2% et d


constant au Bénin ? si r constant et d = 2% au Bénin ? En tirer toutes les implications
économiques et démographiques ?

4) En combien d’années le Bénin rattrapera-t-il les Etats-Unis si r=2% et d=0% aux Etats-
Unis et r=5% et d=3,2% au Bénin ?
Dans ce chapitre, nous présenterons les points suivants :

III.1. ANALYSE DE LA CROISSANCE CHEZ LES CLASSIQUES LIBERAUX


III.2. ANALYSE DE LA CROISSANCE CHEZ KARL MARX
III.3. ANALYSE DE LA CROISSANCE CHEZ LES KEYNESIENS
III.4. ANALYSE DE LA CROISSANCE CHEZ HARROD
III.5. ANALYSE DE LA CROISSANCE CHEZ DOMAR
III.6. MODELE DE CROISSANCE DE SOLOW
III.7. THEORIE DE CROISSANCE ENDOGENE
III.8. ORIENTATIONS ET LIMITES DE LA CROISSANCE
III.9. EXERCICES

III.1. ANALYSE DE LA CROISSANCE CHEZ LES CLASSIQUES LIBERAUX

Selon les classiques anglais, témoins de la révolution industrielle, c’est l’accumulation du


capital qui est le moteur de la croissance économique. Mais, cette accumulation de capital est,
selon eux, d’une durée limitée et destinée à culminer un état statutaire.

Pour Adam Smith, c’est la division du travail qui en accroissant la productivité du travail permet
l’accumulation des richesses. Comme l’ouvrier ne produit plus seul un bien, son salaire doit
être avancé sur un fonds de moyens de subsistance, qui avec les instruments et les matières
nécessaires, forme le capital. Selon Smith, la croissance économique sera néanmoins freinée
par la limitation des occasions d’investissements.

L’analyse ricardienne met l’accent sur la répartition du revenu, car l’accumulation du capital
trouve à la fois sa source (les capitalistes dégagent une partie du profit de leur entreprise pour
l’investissement) et son objectif (c’est le profit qui motive les capitalistes à investir) dans le
profit. Réaffirmant la théorie de la valeur-travail (c’est-à-dire que la valeur d’échange ou prix
naturel des biens reproductibles est déterminée par la quantité de travail direct et indirect
nécessaire à leur production), Ricardo n’a pu expliquer l’existence des profits qu’en retenant
l’hypothèse de l’existence d’une seule marchandise fondamentale, c’est-à-dire à la fois facteur
de production, produit et moyen unique de subsistance des travailleurs (le blé). Ce bien est alors
retenu comme étalon de mesure de toutes les grandeurs.

Le produit est alors réparti entre les travailleurs salariés (salaires), les capitalistes (fermiers et
manufacturiers) qui reçoivent le profit et les propriétaires qui reçoivent la rente.
Ricardo considère que le salaire naturel qui prévaut à moyen et long terme et déterminé par les
usages s’établit au niveau minimum de subsistance (déterminé selon la coutume et non selon
les besoins physiologiques). La rente à un caractère différentiel et résulte de la différence des
diverses catégories de terre. La rente est nulle sur la terre la plus pauvre utilisée (la terre la
moins productive). Les rendements sont supposés décroissants dans l’agriculture et constants
dans l’industrie. Ricardo va alors supposer que le prix naturel du blé est le coût en travail direct
et indirect de la production la plus coûteuse, obtenue sur les terres les moins fertiles. Sur toutes
les autres terres apparaît donc un écart entre le prix du blé et son coût (rente + salaires) qui est
le profit. Ainsi, la théorie de la valeur travail ne peut strictement s’appliquer à la production de
blé car cela impliquerait des rendements constants.

Lorsque la production augmente, les terres les moins fertiles entrent en production, le prix du
blé s’élève (à cause de la baisse de la productivité), la production évaluée en blé s’élève moins
vite que l’emploi, la part de la rente dans le produit augmente. Cette description est illustrée
dans le schéma classique de Kaldor (graphique 3.1).

E
P C D
Productivité moyenne
B A

W K Productivité marginale

O N Travail (direct et indirect)

Graphique 3.1. : Schéma classique de Kaldor de répartition du produit total

Pour un niveau d’emploi N, production totale = ONDP = ONAE

La rémunération en salaires et profits = ONAB = coûts de la production


La rente foncière = ONAE – ONAB = BAE
Salaires = ONKW ; d’où Profit = WKAB (résidu)

WKAB
En l’absence de capital fixe, le taux de profit est :
ONKW
ONKW est l’avance en fonds de salaires.

ONKW= wN=W donne l’équation du fonds de salaire.

En courte période, ce fonds de salaire détermine le niveau du taux de salaire. Lorsque w


augmente, la population augmente (dans le schéma de Malthus) ; ce qui va ramener le taux de
salaire w à son niveau naturel de subsistance.
En longue période, l’équation de fonds de salaire fonctionne comme une équation de demande
d’emploi productif N = W/w. Quand N croît, la part de la rente augmente et la part des profits
diminue pour un taux de salaire inchangé. Ceci tend à montrer que la croissance induite par la
révolution industrielle est un phénomène transitoire.

Sur le plan de la politique économique et sociale, cette analyse désigne nettement la rente et ses
bénéficiaires comme des adversaires potentiels de la croissance industrielle. Il est dans l’intérêt
des manufacturiers que les prix des biens salaires baissent par l’importation massive des
produits agricoles de pays disposant abondamment de terres fertiles. Ce qui renforce
l’argumentation de ceux qui recommandent l’abolition des « Corn Laws» et qui vont obtenir
satisfaction en 1846. Le libre échange est ainsi perçu comme un moyen de reculer les
perspectives d’un état stationnaire. L’argument des coûts comparatifs développés ensuite par
Ricardo vient renforcer cette politique et va porter un coup décisif au mercantilisme.
.

Pour Ricardo, le progrès technique qui à court terme, va réduire les rentes sera freiné par les
propriétaires. Dans l’industrie, ce progrès prendrait la forme du machinisme et va générer du
chômage technique ; les classes ouvrières entreront dans une période de détresse et de pauvreté.
Cette thèse exerça une forte influence sur la pensée de Karl Marx.

III.2. ANALYSE DE LA CROISSANCE CHEZ KARL MARX

Dans le système marxiste où le salariat est le rapport de production dominant, la croissance a


comme moteur le prélèvement de la plus-value sous forme de profit et son accumulation.

Selon Marx, la valeur des marchandises correspond à la quantité de travail abstrait (homogène)
socialement nécessaire à sa production (théorie de la valeur travail). Le capital constant est le
capital engagé sous forme de moyens matériels et le capital variable est le capital engagé sous
forme de salaires.

capital constant c
Composition organique du capital = 
capital variable v

Valeur travail = travail payé (salaire=v) et travail non payé (plus-value)


Coût de la production = salaire + capital constant

La perspective classique de la stationnarité justifiée chez Smith par la limitation des occasions
d’investissement, chez Ricardo par la hausse du coût des biens salariaux, va être fondée chez
Marx sur l’évolution technologique elle-même.
Marx pose l’équation suivante :
Plus  value 
Taux de profit = ℓ = 
cv c / v 1
 = taux de plus-value
Sous l’effet du machinisme, c/v croît et ℓ décroît. Ce que Marx traduit par la baisse tendancielle
du taux de profit qui amène les capitalistes à augmenter le taux de plus-value, don à exploiter
encore plus les travailleurs.
Les capitalistes peuvent également accroître la plus-value en augmentant le taux de rotation du
capital. Ils innovent aussi pour répondre à la concurrence. Ces aspects n’ont pas été pris en
compte par l’analyse marxienne.

III.3. ANALYSE DE LA CROISSANCE CHEZ LES KEYNESIENS

Le développement des modèles opératoires à partir de la théorie keynésienne a permis


d’appréhender plus précisément les effets attendus des mesures d’ordre budgétaire et monétaire.
Partons du modèle macroéconomique en économie fermée sans gouvernement. Ignorons
également pour l’instant le marché de la monnaie. Nous avons :

Y= I + C=I+Co + cY
Y = (I + Co) / (1 – c) est le niveau unique du revenu national compatible avec les dépenses
autonomes (Co + I) compte tenu de la propension à consommer.

Le multiplicateur statique correspond à la présentation du schéma à 45°. Il ne met pas en


évidence le processus qui permet aux politiques budgétaires et fiscales d’obtenir un revenu plus
élevé.

Produit
national Offre agrégée

I+C0+cY= dépense agrégée=Y

Co + I

45°

Y*
Figure 3.2 : Modèle statique mettant en évidence le multiplicateur keynésien.

Le multiplicateur dynamique s’intéresse au cheminement du revenu engendré par un profil des


dépenses antérieures. Une hypothèse simple est de postuler un décalage entre la perception du
revenu et les dépenses de consommation.
Ct = cYt-1 + Co
Un surcroît d’investissement, ∆It en un instant t suscite une vague de consommations
additionnelles :

∆Ct+1 = c∆It
∆Ct+2 = c∆It+1 = c2∆It
………………………………..
∆Ct+n = cn∆It
1
Soit : ∑+∞ +∞ 𝜃
𝜃=0 ∆𝐶𝑡+𝜃 = ∆𝐼𝑡 ∑𝜃=0 𝑐 = 1−𝑐 ∆𝐼𝑡

L’effet cumulé du multiplicateur dynamique est égal au multiplicateur statique.

Application :

Démontrer le théorème du budget équilibré de Haavelmo qui s’énonce comme suit : le


multiplicateur d’une dépense publique financée par un impôt additionnel et égal à 1. Ceci veut
dire que lorsque les dépenses publiques augmentent de ∆G et que les impôts augmentent de ∆T
pour les financer, la variation du revenu global n’est pas nulle, mais de ∆G.

La représentation IS-LM est une représentation algébrique et graphique des relations posées
plus ou moins explicitement par Keynes et formalisée par Hicks, faisant intervenir l’interaction
entre le marché de la monnaie et le marché des biens et services dans la détermination
simultanée du revenu national et du taux d’intérêt.
Considérons toujours une économie fermée à un seul bien et un seul actif, les titres étant de
parfaits substituts au capital réel.
Revenu = C + S
Demande = C + I
En termes réels, Revenu = Demande ; d’où I = S sur le marché des biens et services.
Algébriquement et graphiquement, cela permet d’établir une relation entre le revenu et le taux
d’intérêt. La courbe IS représente les couples de valeur Y et r compatibles avec la
réalisation de l’équilibre sur le marché des biens et services :r=r(Y) ou Y= Y(r).

I S
I = I(r),  0 , S = S(y)  0 , I = S ; ce qui donne r=r(Y) ou Y= Y(r).
r y
Cela peut être obtenu graphiquement comme indiqué au graphique 3.3.

r Courbe IS
Y=Y(r)
I(r)

Y
I 45°

I=S
S(Y)

Graphique 3.3 : Dérivation de la courbe IS


En ce qui concerne le marché de la monnaie,

M0 est l’offre de monnaie, donnée et exogène ;


M1 = M1(Y) = demande de monnaie pour les motifs de transaction et de précaution avec
M 1
0;
Y
M 2
M2 = M2 (r) demande de monnaie pour des motifs de spéculation avec :  0.
r
A l’équilibre, on dit avoir Offre= Demande de monnaie. Soit :

M0 = M1 + M2

La résolution du système, soit algébriquement, soit graphiquement, correspond à la courbe LM


d’équation Y= Y(r) ou r= r(Y). La courbe LM représente les couples de valeur Y et r
compatibles avec la réalisation de l’équilibre sur le marché monétaire.

r
Demande de
spéculation
Courbe LM

M2 M0 Y

Condition
d’équilibre M0
M0 = M1 + M2 Demande de
M2 = M0 – M1 M1 transaction
Figure 3.4 : Dérivation de la courbe LM

L’équilibre global est déterminé par l’intersection des courbes IS et LM.

r
Courbe
LM

r*
Courbe
IS

Y*
Y
Graphique 3.5 : Equilibre global

Applications :

Que se passerait-il dans les cas suivants :

1. Réduction des taxes non liées au revenu (taxes forfaitaires)


2. Augmentation des taxes non liées au revenu (taxes forfaitaires)
3. Augmentation des dépenses gouvernementales ; expliquer l’effet d’éviction.
4. Augmentation de l’investissement autonome
5. La courbe LM est infiniment inélastique par rapport au taux d’intérêt (quand i varie, Y
ne varie pas, i.e. la courbe LM est verticale)
6. La courbe LM est infiniment élastique par rapport au taux d’intérêt (quand i varie, la
variation de Y est infinie, i.e. la courbe LM est horizontale)
7. La courbe IS est infiniment inélastique par rapport au taux d’intérêt
8. La courbe IS est infiniment élastique par rapport au taux d’intérêt

Le modèle IS-LM peut être étendu pour incorporer les variables budgétaires telles que les
dépenses publiques et les impôts, instruments privilégiés des politiques d’inspiration
keynésienne. Dans le modèle standard, on suppose que le prix est fixe. Ce qui fait que les
grandeurs peuvent être considérées à la fois comme des grandeurs réelles et nominales. On
aboutit à la nouvelle formulation suivante :

C = c(Y – T) + C0
I = I0 –ar
Y=C+I+G bloc IS
T = tY + T0
X=X0
B= b0 +b1Y

et

M1 = mY
M2 = L0 – l*r bloc LM
M 0 = M1 + M 2

C= consommation privée des ménages, c= propension marginale à consommer, Y = revenu, T=


Taxes, C0= consommation autonome, I = investissement, I0 = investissement autonome, a= effet
marginal du taux d’intérêt sur l’investissement, G = dépenses gouvernementales, t = effet
marginal du revenu sur les taxes, T0 = taxes forfaitaires, X = exportations, X0 = niveau constant
des exportations, B= importations, b0 = importations autonomes, b1 = effet marginal du revenu
sur les exportations, M1 = demande de monnaie pour les motifs de transaction et précaution, m
= effet marginal du revenu sur la demande de monnaie pour les motifs de transactions et de
précaution, M2 = demande de monnaie pour les motifs de spéculation, L0= demande de monnaie
autonome, l= effet marginal du taux d’intérêt (r) sur la demande de monnaie pour les motifs de
spéculation, M0 = offre globale de monnaie dans l’économie.

Applications :
Questions : Pouvez-vous déduire algébriquement les équations de IS et de LM dans le cas
étendu ? Quel est l’impact du taux de prélèvement fiscal ( t) sur le multiplicateur keynésien ?
Montrer que le multiplicateur keynésien simple surestime l’accroissement du revenu qui
résulterait d’un surcroît de dépenses autonomes en l’absence d’une politique monétaire
d’accompagnement ? Le théorème de Haavelmo continue-t-il de tenir ?

III.4. ANALYSE DE LA CROISSANCE CHEZ HARROD

Harrod a analysé les conditions d'une croissance équilibrée qui assure le plein emploi des
ressources. Soient les fonctions suivantes :

Epargne: S = sY , 0 < s < 1


Investissement: I = v∆y, v > 0, d’après le principe de l’accélérateur (interpréter v et l’inverse
de v ?).

Pour qu’il y ait équilibre, il faut que :

S = I (ex ante)

On obtient donc sY = v∆Y, soit :

Y s
 (1)
Y v
Le rapport s/v est le taux de croissance garanti qui permet d’assurer le plein emploi des
ressources et l’équilibre entre l’offre et la demande. Il n’y a aucune raison pour que cette égalité
se vérifie étant donné que s/v est une donnée structurelle alors que les variations du revenu
résultent des choix individuels. En effet, cette égalité implique une comptabilité entre la
décision des ménages en matière d’épargne et la décision des entreprises en matière
d’investissement.
Si Y / Y  s / v , sY > v∆Y ou S>I, dès lors la demande est insuffisante pour absorber l’offre. I
baisse et Y baisse. Ainsi il suffit que l’économie ne soit pas sur le sentier d’équilibre pour
qu’elle tende à s’en éloigner de plus en plus. La croissance a donc lieu sur le fil du rasoir. Si on
introduit la croissance de la population au taux de α, il faudrait qu’on ait l’égalité
Y / Y    s / v (pouvez-vous le prouvez ?), v et α étant exogènes. Il n’y a aucune raison pour
que   s / v . C’est pourquoi ce modèle de croissance n’a pas présenté beaucoup d’intérêt
malgré quelques utilisations pratiques (Quelles recommandations en matière de politique de
croissance économique ?). Il en est de même du modèle de croissance présenté par le professeur
Evsey Domar.

III.5. ANALYSE DE LA CROISSANCE CHEZ DOMAR

Les prémisses de base du modèle de Domar sont :


1. N’importe quel changement du taux d’investissement produit dans l’économie un double
effet : il entraîne une augmentation de la demande agrégée et une augmentation de la capacité
productive de l’économie ;
2. L’effet du changement d’investissement sur la demande opère à travers le processus du
multiplicateur supposé fonctionner de façon instantanée. Lorsqu’on augmente l’investissement
I I
net autonome, on a : Y   ,0<c<1 (1)
1 c s
3. L’effet-capacité de l’investissement est mesuré par le changement du produit potentiel que
l’économie est capable de produire. Le revenu s’identifie à la capacité de production lorsque
l’on suppose que l’on est à l’équilibre de plein emploi (définition de l’équilibre selon Domar).
Pour que cet équilibre se prolonge, il faudrait avoir :

∆Y = σI ; σ est le rapport capacité-capital supposé constant ou encore la productivité du capital.


Soit :

I
 I (2)
1 c

L’équation (2) est l’équation fondamentale de Domar.

Si nous avons commencé au départ par un équilibre, la condition (2) reviendrait à faire coïncider
les variations du produit et les variations de la capacité potentielle. Autrement exprimée, la
condition de plein emploi est donnée par :

I
  (1  c) (3)
I
L’équation (3) est l’équilibre de plein emploi. Elle donne :

I = I0eσst (4)
s=1-c = taux d’épargne

L’équation (4) signifie que pour maintenir l’égalité entre la capacité de production et la
demande dans le temps, l’investissement doit croître précisément au taux σs.
A l’évidence, plus grand sera le taux de croissance de l’investissement, plus grands seront le
rapport capacité-capital et la propension marginale à épargner. Mais à n’importe quel taux de
croissance, une fois que les valeurs de σ et de s sont connues, le sentier requis de croissance de
l’investissement est déterminé de façon rigide. On peut se demander ce qui se passerait si le
taux de croissance véritable de l’investissement r est différent du taux requis σs ?
En notant u = r/σs le taux d’utilisation des capacités, on a :
u > 1 si r > σs ; u < 1 si r < σs ; u = 1 si r= σs .
S’il y a un écart entre le taux requis et le taux réalisé, nous aurons en fin de compte, soit un
déficit de capacité (u>1), soit un excès de capacité (u<1).
En effet,
Si r > σs, effet demande supérieur à effet capacité, donc déficit de capacité ;
Si r < σs, effet demande inférieur à effet capacité, donc excès de capacité.

Ce qui est curieux dans cette conclusion, c’est que si l’investissement croît plus vite que requis
(r > σs ), le résultat à la fin serait un déficit de capacité et non un surplus de capacité.
Inversement, si l’investissement croît moins vite que requis (r < σs ), le résultat à la fin serait
un excès de capacité et non un déficit capacité. Pire, étant donné ces résultats paradoxaux, si
nous permettons aux investisseurs d’ajuster le taux de croissance r de l’investissement, il
prendrait certainement la mauvaise décision.
La conclusion est qu’étant donné les paramètres σ et s, il faut tout faire pour que r = σs. Toute
déviation de ce sentier sur fil de rasoir amènerait à un échec concernant la satisfaction de la
pleine utilisation de capacité envisagée par Domar.

Les décisions de production et de consommation n’étant pas coordonnées, la croissance


équilibrée ne peut avoir lieu que de façon exceptionnelle.

L’Etat peut contribuer à l’équilibre en stimulant la demande sans augmenter


l’investissement ou en augmentant la propension marginale à consommer par la
modification de la répartition des revenus (par exemple, taxer les riches et subventionner
les pauvres).

Néanmoins, le modèle de Domar ne semble pas très intéressant. Heureusement que certains
résultats plus flexibles deviennent possibles quand l’on relâche certaines hypothèses de Domar.
C’est ce que nous allons commencer avec le modèle de croissance de Solow.

III.6. MODELE DE CROISSANCE DE SOLOW

A. Présentation du modèle de base

Le modèle de Solow (MS) montre comment l’épargne, la croissance démographique et le


progrès technologique affectent la croissance de la production dans le temps. Ce modèle nous
permet de répondre à la question de savoir quelle part de la production de l’économie faut-il
consommer aujourd’hui et quelle part doit-on épargner pour investir pour l’avenir ?

Tout d’abord, maintenons la technologie et la quantité de travail constantes dans le modèle.


L’offre de biens et services dans le MS est basée sur la fonction de production (FP) suivante :
(1) : Y = F(K, L), à productivités marginales positives et décroissantes :

Y Y  ²Y  ²Y
 0,  0,  0 et  0 ; Y = Production, K = stock de capital et L= force de
K L K ² L ²
travail.

On suppose que la FP est à rendements d’échelle constants, soit :


zY = F(zK, zL), z > 0.

On peut donc écrire :

(2) : Y/L = y =F(K/L,1)= f(k), c’est-à-dire que la production par tête est fonction du stock de
capital par tête. On parle de fonction de production à capital intensif. f(0)=0.

Du côté de la demande de biens et services, on suppose également dans le cadre d’une économie
fermée que la production par tête se répartit en consommation par tête (c) et en investissement
par tête (i), soit :

Montrer que f’(k)= F’(K,L)

(3) : y= c+ i
Le MS fait l’hypothèse simple que :

(4) : c= (1-s)y, s= taux d’épargne avec 0<s<1.

A partir de (3) et (4), on tire :

(5) : i= sy. Le taux d’épargne est égal à la fraction de revenu affectée à l’investissement.

A partir de (2) et (5), on peut écrire :

(6) : i= sf(k).

(7) : c = f(k) – sf(k)

Soit  le taux d’amortissement du capital. La variation annuelle du stock de capital est donnée
par :
k = i - k = sf(k) -k.

Pratique : Faire la représentation de f(k), sf(k), c et k dans un même graphique.

Il existe un niveau d’investissement tel que pour un niveau donné de , k = 0. Ce niveau de


capital est dit stationnaire et on le désigne par k*. C’est le niveau de capital pour lequel
l’investissement est égal à l’amortissement. Il s’agit d’un équilibre stable car :

si k < k*, sf(k) > k, k > 0 et k augmente


si k > k*, sf(k) < k, k < 0, et k diminue
si k = k*, sf(k) = k, k = 0 et k est constant, stationnaire.

Application :

Montrer le k stationnaire sur le graphique précédent.


Déterminer k stationnaire si :
Y = K1/2L1/2, s= 0,3 ;  = 0,1 et k initial = 4,0.
Si s passe de 0,3 à 0,4, quels seraient les niveaux de k stationnaire et y correspondant ?
.

Fates un tableau Excel sur 100 années avec es colonnes k, y, c, i ou sk, k et k


Faites dans un même plan les graphiques de y, c, i et k.

Le modèle de Solow montre que le taux d’épargne est un déterminant clé du stock de capital
stationnaire A un niveau stationnaire donné, lorsque le taux d’épargne augmente, il se crée
immédiatement un écart entre l’investissement et l’amortissement, le capital augmente et atteint
un nouvel état stationnaire avec un stock de capital et un volume de production plus importants.
Une épargne élevée accélère donc la croissance pour un temps. Le taux d’investissement est
donc le déterminant principal de la richesse ou de la pauvreté d’un pays.
Cette conclusion a des implications en matière de politique fiscale.

Application : Servez-vous du graphique précédent pour le montrer.


Le décideur politique choisit le niveau stationnaire qui induit le niveau maximal de
consommation possible car son désir est de maximiser le bien-être des citoyens de son pays. Le
niveau de capital stationnaire correspondant noté k*or est régi par la règle d’or d’accumulation
du capital.

La consommation correspondant à l’état stationnaire est :

(8) : c=f(k*) -k*.

Pour obtenir le k*or, il faut maximiser l’équation (8) par rapport à k. Il existe un seul taux
d’épargne qui permet d’obtenir un k*or dicté par la règle d’or.

Exercice : Montrer que la condition PmK =  décrit également la règle d’or. PmK est la
productivité marginale du capital. Quel est le taux d’épargne qui permet d’obtenir le k*or dans
l’exemple précédent. Avons-nous commencé avec trop peu ou très peu de capital ? Comment
évolue k, y, i et c sur le sentier cers k*or ?

Pourquoi ce nom ? « Ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse »

B. Transition vers l’état stationnaire dicté par la règle d’or.

Si l’économie a atteint un état stationnaire qui n’est pas celui dicté par la règle d’or, comment
les gouvernants vont faire pour l’amener à l’état de la règle d’or ? Deux cas peuvent se
présenter :

- L’économie démarre avec trop de capital supérieur à celui que dicte la règle d’or

Le décideur doit alors diminuer le taux d’épargne pour diminuer l’investissement et le niveau
de capital et pour augmenter la consommation. Initialement, l’investissement devient inférieur
à l’amortissement et l’on n’est plus à l’état stationnaire. Mais à terme, on y reviendra avec des
niveaux de production et d’investissement inférieur, mais associé à un niveau plus élevé de
consommation. Ce cas est aisé puisqu’on recommande de réduire l’épargne, donc d’augmenter
la consommation pour pouvoir l’augmenter dans le futur.

- L’économie démarre avec trop peu de capital inférieur à celui que dicte la règle d’or

Dans ce cas, le décideur doit tenter d’accroître le taux d’épargne. Dans un premier temps, la
consommation va baisser et l’investissement va augmenter. Au cours du temps, on obtiendra
un nouvel état stationnaire avec des niveaux de capital, de production, de consommation et
d’investissement plus élevé. Mais la différence avec le cas précédent est que la transition vers
le nouvel état exige dans un premier temps une baisse de la consommation. Ce qui est plus
difficile, surtout dans les pays pauvres, puisqu’il faut faire un choix entre le bien-être des
générations présentes et le bien-être des générations futures.

C. Introduction de la croissance démographique dans le MS

Le modèle de base de Solow décrit l’accumulation de capital mais n’explique pas en soi la
croissance économique durable. On remarque même que l’économie se rapproche en définitive
d’un état stationnaire dans lequel le capital et la production par tête sont constants. Il est donc
important, pour expliquer les phénomènes de croissance persistante d’introduire dans le modèle
deux sources supplémentaires de croissance que sont la croissance démographique et le progrès
technologique.
Nous supposons maintenant que la population croît au taux de croissance constant n.
Avec k= K/L et y = Y/L, la variation du stock de capital par travailleur devient :

(9) : k = i – (+n)k (pouvez-vous le démontrer ?)

(+n)k est le volume d’investissement tout juste nécessaire pour maintenir le stock de capital
par travailleur.

En substituant dans l’équation (9), sf(k) à i, on a :

(10) : k = sf(k) – (+n)k

A l’état stationnaire, on a: sf(k) = (+n)k

Dans ce nouveau modèle, la croissance démographique a trois implications:


a) elle n’explique pas la croissance de la production par travailleur, mais explique la croissance
de la production totale ;
b) elle explique pourquoi certains pays sont plus riches que d’autres (supposer que la croissance
démographique s’accélère. Cela aboutit à un k stationnaire plus faible et donc à une production
par tête inférieure)
c) avec la croissance démographique, la consommation à l’état stationnaire correspondant à la
règle d’or devient : c* = f(k*) – (+n)k*

Le volume de k qui maximise la consommation (règle d’or) est alors celui pour lequel PmK =
+n (si PMK est élevé, K et k sont faibles. Pourquoi ?). Un taux de croissance démographique
élevée tend donc à appauvrir un pays dans la mesure où il est difficile de préserver un capital
par travailleur important.

D. Introduction du progrès technologique

Introduisons maintenant le progrès technologique dans la fonction de production de la manière


suivante (il augmente la productivité du travail) :
Y = F(K, ExL), E = efficience du travail, reflétant l’état des méthodes de production. E est-elle
même fonction des technologies disponibles, de l’état de santé, de la formation ou du savoir-
faire de la population active. LxE est la population active mesurée en unités d’efficience.
Supposons que le progrès technologique induise un accroissement de l’efficience du travail à
un taux g. Avec la croissance de la population au taux n, le nombre d’unités d’efficience du
travail s’accroît de g+n.
Pour pouvoir réécrire à nouveau y = f(k), nous redéfinissons : k = K/(LXE) = capital par unité
d’efficience et y = Y/(LxE) = production par unité d’efficience.
L’équation 10 devient :
(11) : k = sf(k) – (+n+g)k (pouvez-vous le démontrer ?)

Avec ces notations, la présente analyse se rapproche de celle faite pour la croissance
démographique. L’état stationnaire que l’on obtient ici représente un équilibre de long terme de
l’économie. Les impacts du progrès technologique à l’état stationnaire sont résumés dans le
Tableau 3.2 ci-après.
Tableau 3.2 : Taux de croissance à l’état stationnaire dans le modèle de Solow avec progrès
technologique :

Variable Symbole Taux de croissance à l’état


stationnaire
Capital par unité d’efficience k = K/(LxE) 0
Production par unité y= Y/(LxE)= f(k) 0
d’efficience
Production par travailleur Y/L = yxE g
Production totale Y = yxExL g+n

Le Modèle de Solow montre que seul le progrès technique peut expliquer les niveaux de vie
(revenu par tête) en hausse persistante.

La règle d’or est modifiée de la façon suivante : le niveau du capital par unité d’efficience qui
maximise la consommation est donné par la maximisation de la consommation à l’état
stationnaire.
(12) : c* = f(k*) – (+n+g)k*
La consommation à l’état stationnaire est maximisée si :
(13) : PmK = +n+g ou bien PmK-  = n+g : soit la productivité marginale nette du capital est
égale au taux de croissance de la production totale (n+g).

E. Représentation de la croissance dans le modèle de Solow

Les différences de croissance trouvent leur origine dans les singularités relatives au capital, au
travail et à la technologie. Prenons une Fonction de Production de type Cobb-Douglas donnée
par :
Y  AK L1
A mesure le niveau actuel de la technologie en termes de productivité totale des facteurs. Si les
facteurs sont payés à leur productivité marginale,  et 1   mesurent respectivement les parts
du capital et du travail dans la production totale.

On peut montrer facilement que :


Y K L A
  (1   )  ,
Y K L A

Soit : Croissance de la production = contribution du capital + contribution du travail+ croissance


de la productivité totale des facteurs (technologie non incorporée).

La productivité totale des facteurs (PTF) peut être calculée indirectement par la relation :
A Y K L
   (1   )
A Y K L
A
est la variation de la production non expliquée par les facteurs de production. On appelle
A
ce terme le résidu de Solow. La PTF intègre tout élément qui modifie la relation entre quantités
de facteurs mesurés et production mesurée. On peut montrer que dans le modèle où on a supposé
∆𝐴
que le progrès technologique s’opère via l’amélioration de la qualité de la main-d’œuvre, =
𝐴
∆𝐸
(1 − 𝛼) (Pouvez-vous le démontrer ?)
𝐸

F. Politiques pro-croissance déduites du modèle de Solow

On distingue trois politiques de promotion de la croissance économique. Ce sont :

1. l’évaluation et la modification éventuelle du taux d’épargne


2. l’affectation de l’investissement dans l’économie ;
3. l’incitation au progrès technologique.

La question concernant le taux d’épargne prévalant est de se demander s’il est trop faible, trop
élevé ou à peu près correct dans le sens d’une garantie de l’état stationnaire correspondant à la
règle d’or. Pour y répondre, il faut comparer la croissance totale de la production (g+n) au
rendement net du capital (PmK- ).

1) Si PmK-  > g+n, l’économie fonctionne avec moins de capital que demande celui
correspondant à l’état stationnaire de la règle d’or. Il faut augmenter le taux d’épargne
avec les conséquences connues ;
2) Si PMK-  < g+n, l’économie fonctionne avec plus de capital que ne demande celui
correspondant à l’état stationnaire de la règle d’or. Il faut diminuer le taux d’épargne
avec les conséquences que l’on connaît.

Application:

Que dire d’une économie où l’on a : k= 2,5y ; k = 0,10y ; n+g = 5% ; la part du capital dans la
production = 0,30. Vous supposerez que les facteurs sont rémunérés à la productivité marginale.
Réponse :  =0,04 ; PMK = 0,12.

En ce qui la modification du taux d’épargne, il y a un double rôle de l’Etat : son rôle direct à
travers l’épargne nationale et son rôle indirect à travers ses incitations à épargner.
Si T-G < 0, il y a déficit public et effet d’éviction ; la dette nationale s’accroît et transmise aux
générations futures ;
Si T-G > 0, il y a excédent budgétaire, l’Etat résorbe la dette nationale et stimule
l’investissement.
Les mesures qui tendent à réduire la taxation des revenus du capital incitent à l’épargne privée.
Il faut cependant noter que le modèle de Solow n’en fait pas explicitement mention. Le modèle
de Solow ne fait mention que d’un seul type de capital alors que dans la vie réelle, il en existe
plusieurs : engins, usines, robots, ordinateurs, infrastructures publiques constituant le capital
physique, le capital humain qui désigne les connaissances en savoir-faire acquises grâce au
système éducatif au sens large (éducation formelle et formation sur le tard) et l’état de santé, le
capital financier, le capital naturel et le capital social. Les recherches récentes sur la croissance
économique montrent que le capital humain joue un rôle au moins aussi important que le capital
physique dans l’explication des différences internationales des niveaux de vie.
Pour stimuler la croissance économique, les pouvoirs publics doivent chercher les types
d’investissement qui génère plus de croissance économique, c’est-à-dire ceux avec des
productivités marginales plus élevées et y investir. Dans une large mesure, ils peuvent s’en
remettre au marché pour allouer le stock d’épargne entre les divers types d’investissement. Dans
ce cas, ce qu’on demande, c’est de réserver le même traitement (surtout fiscal) aux divers types
de capital. Cependant, certains types d’investissements génèrent tellement d’externalités
positives que leur rôle devient primordial (certains types d’infrastructures publiques, la
recherche scientifique fondamentale, certaines techniques, éducations et soins de santé
primaires, etc.). Ce qui demande de la part de l’Etat une politique technologique et
d’infrastructures appropriées.
Même si Solow n’explique pas son origine, il considère que c’est le progrès technologique qui
fonde la croissance soutenue du revenu par travailleur. Les pouvoirs publics ont tellement
compris l’importance du progrès technologique qu’ils incitent de diverses manières à investir
dans l’innovation technologique (brevets d’invention, dégrèvements fiscaux pour les
investissements en R&D, recherches universitaires, etc.).

III.7. THEORIE DE LA CROISSANCE ENDOGENE

Cette théorie cherche à expliquer la croissance économique (du produit/tête) à partir du


processus même d’accumulation, sans recours à des facteurs extérieurs, exogènes tels que le
progrès technologique non incorporé. Elle a été formalisée par Barro, Lucas et Romer. Les
modèles de croissance endogène sont construits sur la base de l’existence des externalités
positives considérées comme le moteur de la croissance. A l’origine de cette théorie, il y a les
deux constations suivantes qui contredisent le modèle de Solow :
a) la plupart des pays ont connu et connaissent encore des périodes de croissance prolongée à
population inchangée (ou presque). Il n’y a donc pas d’état stationnaire tel que prédit par le
MS ;
b) les taux de croissance par tête peuvent nettement varier d’un pays à l’autre. Il n’y a pas
convergence de revenus par tête entre pays.

La démarche pour intégrer ces faits dans les modèles de croissance est de modifier certaines
hypothèses de base du modèle de Solow. Le modèle de Solow comporte deux sources de
croissance : une source endogène, l’accumulation du capital (pourquoi ?) et une source exogène,
la quantité de travail disponible (et la technologie). Les hypothèses qui font que dans le modèle
de Solow, la production tend à s’essouffler sont :
a) la fonction de production est à rendements d’échelle constants ;
b) la productivité marginale du travail est décroissante et tend vers 0 (respect des conditions
d’INADA) car si les rendements d’échelle sont croissants, la trajectoire de croissance est
explosive et le théorème d’épuisement du produit (théorème d’Euler) est mis en cause
(expliquer cette hypothèse).

L’hypothèse de la théorie de croissance endogène est de supposer que la contribution du travail


à la production est nulle, soit F(K) = aK (h.d.1 en K ; on parle de modèle AK). Cela ne veut pas
dire que l’on n’a pas besoin de travail pour produire. En effet, ce type de fonction de production
peut être obtenu pour une fonction de production de type Cobb-Douglas Y= F(K, L) = aK1-αLα
supposant que: α -> 0 ; ce qui donne F(K, L) = aK ou F(K) = aK.
Ce qui donne :
K  sF ( K )  saK
K (t )  K (0)e sat

Soit : K (t )  K (0)e
sat
Ces équations montrent que des économies différentes ayant des points de départ différents
(K(0) différent) peuvent connaître des trajectoires très différentes, contrairement au modèle de
Solow.
On peut introduire dans ce modèle, le capital humain acquis par l’apprentissage, le progrès
technique, les formations et déterminer la répartition entre les deux types de capital : physique
et humain.

Les modèles de croissance endogène donnent une évolution sur le fil du rasoir. Une
modification des paramètres du modèle, aussi petite soit-elle, conduit à un changement radical
du régime de croissance qui devient nulle ou explosive selon le cas. Par exemple, le modèle de
croissance endogène de Romer se présente comme suit :

F(K, L) = K1-αLα , 0 < α < 1

Romer introduit le facteur d’apprentissage ou de connaissance donné par :

a(ΣKi) = (ΣKi)β, commun à toutes les entreprises et qui dépend du capital global ΣKi. Ce facteur
est supposé agir sur la force de travail comme facteur de qualification ou d’efficience, le E du
MS (l’apprentissage par la pratique). L’endogénéité du modèle de croissance endogène provient
du fait que la fonction a() a comme argument l’accumulation passée du capital.

Pour une entreprise j, on a :

F(Kj, a(Σki)Lj ) = Kj1-α [(Σki)βLj]α

Dans le cas où il y a symétrie, c’est-à-dire lorsque les quantités de travail et de capital sont
réparties en parts égales entre les entreprises, on a la fonction de production agrégée,
macroéconomique, donnée par:

F(ΣKi, a(ΣKi) ΣLi ) = (ΣKi)1- α +βα .(ΣLi)α

Si ΣLi fixé, la croissance de la production dépend du capital global.

Si 1- α +βα < 1, on se retrouve dans le cas de Solow ;


Si 1- α +βα > 1, la croissance s’accélère ;
Si 1- α +βα = 1, β = 1 et Y= (ΣKi).(ΣLi)α = AK

Dans le dernier cas, la croissance est auto-entretenue à un taux constant et se fait sur le fil du
rasoir. Toute modification de β changerait radicalement le régime de croissance.

Les modèles de croissance endogène recommandent comme politique de l’Etat, des subventions
à l’investissement et à l’innovation technologique compensées par une fiscalité assise sur le
produit.

Encadré plus détaillé à lire sur la croissance endogène selon les auteurs principaux

Les modèles de croissance endogène attachent une importance capitale au rôle du progrès
technique.
Encadré plus détaillé à lire sur la croissance endogène selon les auteurs principaux

Le progrès technique est dû à une amélioration des connaissances humaines appliquées à la


production. C'est l'ensemble des innovations qui modifient durablement les biens produits et
les méthodes de production. Le progrès technique, en économie, est l'ensemble des facteurs
de productivité. Au sens large, il désigne l'ensemble des facteurs qui peuvent améliorer : la
productivité du travail et du capital (par exemple la mécanisation, l'organisation scientifique
du travail ou encore la formation), la productivité générale de l'économie (ouverture des
marchés, nouveaux produits, actions de l'État).

Dans une approche cognitive, les tenants de la croissance endogène ont mis au point
différentes sources d’explication du progrès technique afin d’enrichir notre connaissance des
facteurs de croissance. Ils poursuivent un objectif simple : trouver une explication permettant
de rejeter l’hypothèse d’une productivité marginale des facteurs de production décroissante
au niveau macroéconomique sans remettre en cause cette hypothèse au niveau de chaque
entreprise. Les principaux tenants de cette théorie sont : Paul Romer (1986), Robert Lucas
(1988), Robert Barro (1990) et Philippe Aghion & Howitt (1992).

Paul Romer (1986) : Si plusieurs firmes augmentent en même temps leurs investissements
elles vont connaître une croissance plus forte que celle qui résulterait pour chacune de leur
propre investissement : chacune profite du développement des autres (la productivité du
capital d’une entreprise dépend non seulement de ses propres investissements mais aussi du
stock total de capital dans l’économie). En accumulant du capital chaque firme acquiert des
connaissances qui bénéficient aussi aux autres firmes : l’apprentissage par la pratique et la
diffusion du savoir éliminent la décroissance des rendements parce qu’ils ont un effet externe
positif. La diffusion des connaissances (évoquée dès le début des années 60 par Kenneth
Arrow), l’augmentation de la dimension des marchés (Adam Smith et plus tard Allyn Young
- 1928), sont à l’origine de ces externalités positives.

Paul Romer, Philippe Aghion : La croissance économique s’accompagne de l’apparition


d’innovations. Il est tentant de penser avec Joseph Schumpeter que la croissance dépend des
innovations. Pour Romer ces innovations prennent la forme de nouveaux procédés, de
nouveaux outils, qui s’ajoutent à ceux déjà en place. Ces nouveaux biens d’équipement
permettent d’augmenter la division du travail qui est la véritable source de la croissance
(externalités). C’est le partage de l’utilisation du capital humain entre production de biens et
services et production des nouveaux biens d’équipement qui explique le rythme de
croissance. Tout ce qui permet d’augmenter la quantité de biens d’équipement nouveaux est
favorable à la croissance. L’activité de recherche est un facteur décisif de croissance
économique. Pour Aghion et Howitt, l’approche est encore plus nettement schumpétérienne
puisque c’est la concurrence qui provoque l’innovation. Cette dernière rend obsolètes les
innovations précédentes annulant du même coup les revenus de monopole qui leur étaient
associés. Là aussi le rythme de croissance dépend de l’activité du secteur dédié à la recherche,
or celle-ci dépend du partage des ressources entre les différentes utilisations possibles.

Les rendements des facteurs ne sont pas décroissants au niveau global parce qu’il y a des
externalités quand on accumule en même temps plusieurs facteurs. Il convient donc
d’examiner les théories des externalités.

Robert Lucas (1988) : Dans la perspective ouverte par Gary Becker, Lucas considère qu’il
faut traiter le travail comme du capital humain qu’on peut accumuler au même titre que le
Encadré plus détaillé à lire sur la croissance endogène selon les auteurs principaux
capital fixe. Le capital humain est produit par l’éducation à un taux endogène puisque le
salarié « investit dans lui-même » en fonction de son salaire (actuel/futur). L’élévation de la
qualification a un effet externe positif. Par ailleurs le capital humain n’a pas des rendements
décroissants parce que le niveau de connaissance d’un individu est d’autant plus efficace que
celui des autres (avec lesquels il communique) est plus élevé. La productivité individuelle est
fonction de l’efficacité de l’équipe dans laquelle il travaille. La connaissance est partagée et
chaque connaissance nouvelle entraîne l’apparition de connaissances supplémentaires...Le
rythme de croissance d’une économie dépend donc forcément de la part des ressources
qu’elle consacre au système de formation et aux dépenses d’éducation.

Robert Barro : L’État achète des produits et offre des services publics gratuits (financés par
des impôts ou des emprunts) qui améliorent la productivité du capital et du travail dans
chaque entreprise. Les dépenses publiques d’infrastructure ont un effet externe positif. La
production de chaque entreprise dépend des dépenses publiques, au même titre qu’elle
dépend du capital installé et du travail utilisé. Le capital public est un facteur de production.
Cela n’a de sens que si le financement des investissements publics n’entraîne pas un effet
contraire sur l’investissement privé (effet d’éviction). Dans la même perspective, d’autres
économistes indiquent que l’ouverture aux échanges joue un rôle stimulant sur la productivité
des facteurs de production.

III.8. ORIENTATIONS ET LIMITES DE LA CROISSANCE

On distingue deux types de limite à la croissance : les facteurs qui entraînent son ralentissement
et les limites de son impact sur la réduction de la pauvreté.
Les facteurs identifiés comme freins à la croissance économique sont :
a) la modification de la structure de la force de travail due à son rajeunissement par exemple
(problèmes de manque d’expérience, du « learning by doing») ;
b) le durcissement de la réglementation en matière d’environnement ;
c) la hausse des coûts de l’énergie (pétrole par exemple) ;
d) le ralentissement de la créativité en matière technologique ;
e) les crises financières.
Par ailleurs, si la croissance est importante pour la réduction de la pauvreté, elle n’est pas
suffisante car il existe des expériences de croissance en faveur uniquement des populations non
pauvres (confère chapitres 5 et 6 sur le développement).

III.9. EXERCICES :

I. On suppose que deux pays A et B ont la même fonction de production données par :
Y = F(K,L) = K1/2L1/2
Y = production, K = quantité de capital et L= quantité de travail..
a) Quel est le type de rendements d’échelle de cette fonction de production ?
b) Déterminer la fonction de production par travailleur ?
c) Supposons que la croissance démographique et le progrès technologique soient nuls et
que le taux d’amortissement soit de 5% dans les deux pays. Le pays A épargne chaque
année 10% et le pays B, 20%. Trouver les niveaux stationnaires du capital, du revenu et
de la consommation par travailleur.
d) Si chaque pays démarre avec un niveau de capital par travailleur initial de 2, quels sont
les niveaux de revenu et de consommation par travailleur ?
e) Reprenez les questions c et supposant que la croissance démographique dans le pays A
est de 3%.
f) Réalisez les représentations graphiques.

II. Supposons qu’une économie décrite par le modèle de Solow soit en état stationnaire avec
une croissance démographique n de 1% et un progrès technologique g de 2% par an. La
production totale et le capital total augmentent chacun de 3% par an. La part distributive du
capital dans le produit total est de 30%. Quelles sont les fractions de la croissance de la
production totale qu’on peut attribuer au capital, au travail et à la productivité totale des facteurs
(PTF )?
CHAPITRE 4 : EMPLOI
Ce chapitre définit les différents concepts liés à l’emploi et cherche à répondre à certain : quel
est le lien exact entre le chômage et la production ? Pourquoi les gouvernants se préoccupent-
ils tant du taux de chômage ? Quelles sont les relations entre les prix et le niveau d’emploi ?
A- Concepts

Il s’agit ici de clarifier les termes actifs, inactifs, population active, chômeurs, chômage
frictionnel, chômage structurel et chômage cyclique.

On appelle actifs, aussi bien ceux qui effectuent n’importe quel travail rémunéré que ceux qui
ont des emplois mais ne travaillent pas pour raison de maladie, de grève ou de vacances. Les
inactifs comprennent les scolarisés qui ne travaillent pas, les adultes au foyer, à la retraite, trop
malades pour travailler ou qui tout simplement ne recherchent pas de travail. Les chômeurs
comprennent ceux qui ne sont pas employés mais recherchent activement du travail ou attendent
leur retour à la vie active. Le chômeur ne doit pas se borner à penser au travail. Il doit justifier
d’efforts spécifiques pour retrouver un emploi. Les actifs et les chômeurs constituent la
population active.

Officiellement, ceux qui ont des emplois sont des actifs. Les personnes sans emplois mais à la
recherche de travail sont des chômeurs. Les personnes sans emplois qui ne recherchent pas de
travail ne font pas partie de la population active. Le taux de chômage est le nombre de chômeurs
divisé par la population active totale.

On distingue généralement trois sortes de chômage : le chômage frictionnel, le chômage


structurel et le chômage cyclique. Le chômage frictionnel est dû au mouvement incessant des
personnes entre les régions, entre les emplois ou entre les différentes étapes du cycle de vie.
Même en période de plein emploi, il y aurait toujours une mobilité quand les personnes vont
d’une ville à une autre, passent d’un emploi à un autre ou en recherchent un meilleur ou
recherchent du travail après avoir obtenu un diplôme. Les femmes réintègrent la population
active après avoir fait des enfants. Le chômage frictionnel correspond au chômage naturel.

Le chômage structurel correspond à une inadéquation entre l’offre et la demande de travailleurs.


Les déséquilibres peuvent survenir du fait que la demande d’un travail particulier augmente
alors que celle d’un autre type diminue et que les offres ne s’y ajustent pas rapidement. Les
déséquilibres structurels entre secteurs, entre métiers et entre régions s’observent
régulièrement.

Le chômage cyclique existe quand la demande globale de travail est insuffisante. Quand la
dépense totale et la production diminuent, le chômage augmente pratiquement partout. Il y a
donc chômage cyclique quand l’emploi diminue à la suite d’un désajustement entre l’offre et la
demande globales. La distinction entre le chômage cyclique et les autres pertes d’emplois est
fondamentale pour les économistes en termes de diagnostic sur l’état de santé du marché de
travail.

1- Loi d’Okun et la relation entre production et niveau d’emploi


Arthur Okun, en recherchant les moyens de contenir l’inflation sans mettre au chômage des
millions de personnes, énonça ce qui est appelé, la Loi d’Okun. Selon cette Loi, chaque fois
que le PNB baisse de 2% par rapport au produit potentiel, le taux de chômage augmente de 1%
de pourcentage. La relation entre le produit et le niveau d’emploi est donc ainsi définie. Dans
la mesure où le volume de la production et celui de l’emploi sont liés, il en résulte que le volume
de la production est déterminé lorsqu’on connaît le volume de l’emploi et vice versa. La
fonction de production peut être notée

Y=f(n) (1)

Où Y est la production, n le volume de l’emploi et f la fonction de production.

La fonction f est croissante puisque si l’on augmente les effectifs employés, la production
dy
augmentera. Si on note la productivité marginale du travail, i.e. l’accroissement du volume
dn
de la production dû à l’emploi d’une unité supplémentaire de main-d’œuvre, on aura :

d2y
 f ' ' ( n)  0
dn2

L’augmentation de la production sera de plus en plus faible au fur et à mesure que les effectifs
employés et la production augmentent. Comment se détermine alors le volume de l’emploi ?
La section suivante retrace le comportement des entreprises et des salariés en matière de
demande et d’offre de travail.

2- La demande de travail

La théorie néoclassique admet que la firme détermine la quantité de travail qu’elle doit
employer en maximisant son profit П dont l’expression est :

  p Y  w  n  C (2)

Où P est le prix du bien produit par la firme ; Y la quantité de bien produit, w le salaire ; n la
quantité de travail employé et C les coûts autres que ceux du travail qui sont supposés fixes.

d dy
Le profit atteint un extremum pour :  p  w  0 . La condition de second ordre,
dn dn
d 2 d2y
 p   0 , est vérifiée puisque conformément à la loi des rendements décroissants.
dn 2 dn 2

La firme atteindra un profit maximum en employant une quantité de main-d’œuvre telle que la
dy w
productivité marginale du travail soit égale au salaire réel (rapport entre le salaire
dn p
nominal w et le prix du produit p).

En portant sur le même axe, le salaire réel et la productivité marginale du travail, on obtient le
graphique 4.6.
dy w n
,
dn p
 w
 
 p 1
 w
 
 p 2 D

n1 n2

Graphique 4.6 : Demande et productivité marginale du Graphique 4.7 : Demande de travail des E/ses en fonction
travail du salaire réel

Sur le graphique 4.6, plus le salaire réel est faible, plus la demande de travail des entreprises est
élevée. En inversant les axes, on obtient la demande de travail des entreprises en fonction du
salaire réel (graphique 4.7).

3- L’offre de travail

Pour analyser l’offre de travail, la théorie néo-classique part du comportement d’un salarié et
étend cette analyse à l’ensemble des salariés. Dans cette théorie, le travail est conçu comme une
désutilité. Cette désutilité augmente avec la quantité de travail effectué. Il est ainsi possible de
représenter graphiquement la désutilité du travail U w en fonction de la quantité de travail
effectué (graphique 4.8 de gauche). D’autre part, au fur et à mesure que la quantité de travail
augmente, la désutilité marginale du travail (désutilité de la dernière unité de travail effectué)
augmente également. En d’autres termes, la peine résultant de la dixième heure de travail est
plus grande que celle résultant de la neuvième heure. L’évolution de la désutilité marginale en
fonction de la quantité de travail effectuée est représentée par la figure 4.9 de droite.
U w dU w
dn

n n
Figure 4.8 : Désutilité du travail Figure 4.9 : Désutilité marginale du travail

L’utilité nette totale U que le salarié retire de son offre de travail n peut être formulée comme
égale à :

w
U  n  U w
p
w w
Si le travailleur offre n unités de travail, il retire un gain égal à n  où est le salaire réel
p p
rémunérant une unité de travail et il subit un coût U w égal à la désutilité résultant de la quantité
de travail qu’il offre. Il atteint le maximum d’utilité en offrant une quantité de travail telle que :

dU w dU w w dU w
   0, soit 
dn p dn p dn

Le salarié maximise donc son utilité en offrant une quantité de travail telle que le salaire réel
soit égal à la désutilité marginale de la quantité de travail qu’il offre.

dU w w
Si  , le salarié a intérêt à offrir davantage de travail puisque le gain qu’il retire d’une
dn p
unité supplémentaire de travail est supérieur à la peine qu’elle lui coûte. En augmentant son
offre de travail, il augmente la désutilité marginale de son travail. En revanche, si la désutilité
dU w w
marginale de son travail est supérieure au salaire réel (  ), il a intérêt à diminuer son
dn p
offre de travail puisque l’unité marginale de travail lui coûte plus qu’elle ne rapporte. Dans tous
dU w w
les cas, il atteint son utilité maximale lorsque  .
dn p

En portant sur le même axe, salaire réel et désutilité marginale du travail en ordonnée et en
abscisse le niveau d’emploi, on perçoit que la quantité de travail offerte est une fonction
croissante du salaire réel (graphique 4.10). Si on admet que le comportement d’un salarié peut
être étendu à l’ensemble des salariés, l’offre de travail globale des salariés apparaît comme une
fonction croissante du salaire réel. On peut représenter l’offre de travail des salariés en fonction
du salaire réel par le graphique 4.11 suivant.

n
dU w w
,
dn p

 w
 
 p 2
 w
 
 p 1
w
p
n1 n1
n

Graphique 4.11 : Offre de travail des salariés en fonction du


Graphique 4.10 : Offre et désutilité marginale de travail salaire réel

4- La détermination du volume de la production et de l’emploi dans le modèle néoclassique

L’offre de travail étant une fonction croissante et la demande, une fonction décroissante du
 w
salaire réel, il en résulte sur le marché de travail un salaire réel d’équilibre   ainsi qu’un
 p e
volume d’emploi d’équilibre ne et par conséquent un volume de production d’équilibre ye. Les
graphiques 4.12 et 4.13 illustrent ce point d’équilibre ainsi que le niveau de la production
d’équilibre.

Offre

ne
ne

Demande
w y
 w
  p
 p e
ye

Graphique 4.12 : Equilibre du marché du travail


Graphique 4.13 : Liaison emploi-production
Une question demeure toutefois préoccupante : le niveau d’emploi d’équilibre correspond t-il à
l’emploi de toute la population active ?

B-Chômage

1- Le problème de chômage dans la théorie néoclassique

Si nous notons npe l’emploi de toute la population active (ou plein-emploi de la main d’œuvre),
il se peut que npe soit supérieur à l’emploi observé à l’équilibre. La différence entre npe et ne
représente la population des chômeurs. Les graphiques 4.14 et 4.15 illustrent les situations de
chômage ainsi que les conditions de rétablissement du plein emploi.
n
n

Offre Offre
npe

ne ne

no Demande
Demande
 w
D
 w w
   w  
w    p O p
 p  PE  w 
O
   w  p e
  p
 p e  p  PE
Graphique 4.15 : Equilibre du marché et chômage
Graphique 4.14 : Equilibre du marché du travail
Sur le graphique 4.14, la quantité de travail située entre npe et ne correspond à une main d’œuvre
O
 w  w
désireuse d’offrir du travail à la condition que le salaire réel soit compris entre   et  
 p  e  p  PE
. Pour les classiques, le chômage que l’on peut observer dans une économie est de nature
volontaire parce qu’il correspond à une main d’œuvre qui refuse volontairement de
s’embaucher, considérant comme trop faible le salaire réel résultant de l’équilibre du marché
de travail (Pouvez-vous imaginer l’incongruité de cette affirmation ?). Si l’on veut atteindre le
plein-emploi de la main d’œuvre, il est nécessaire de diminuer le salaire réel jusqu’au niveau
D
 w
  étant donné la contrainte de demande de travail.
 p  PE

La cause du chômage réside donc, selon les classiques, dans la fixation du salaire réel à un
niveau trop élevé. Le graphique 4.15 illustre bien ce cas. Partant d’une situation d’équilibre (ne,
 w  w
  ), élevons artificiellement le salaire réel et maintenons-le constant au niveau   . Ce
 p e  p O
qui revient à dire que la fonction d’offre de travail change et devienne une droite, la droite
w  w
verticale =   . On suscite ainsi l’apparition d’un chômage égal à (ne - no) (est-ce vrai ?
p  p O
ou plus ?). Deux causes contribuent à maintenir artificiellement le salaire réel élevé selon la
théorie classique. La première réside dans l’existence des syndicats et la seconde est due à
l’existence d’allocations de chômage.

Les syndicats peuvent empêcher les salariés d’accepter et les entreprises d’accorder, des salaires
inférieurs à un niveau qu’ils jugent en dessous minimum (le SMIG). Les syndicats sont donc
des instituions qui empêchent le libre jeu de la concurrence. En introduisant un élément de
rigidité sur le marché du travail, ils provoquent l’apparition d’un chômage qui n’aurait pas
existé sans leur intervention. Ils protègent par leur action les travailleurs syndiqués qui
n’auraient pas perçu un salaire aussi élevé mais dans le même temps, ils créent un chômage. Le
sursalaire des uns est ainsi payé par le chômage des autres.

L’allocation de chômage provoque l’élévation artificielle du salaire réel puisqu’elle rend les
demandeurs d’emploi plus exigeants en matière de rémunération.

Les politiques de lutte contre le chômage massif consistent donc à faire diminuer les salaires
réels et pour cela, restreindre les pouvoirs des syndicats afin de laisser les salaires se fixer
librement, et ensuite supprimer ou diminuer les allocations de chômage afin de réduire les
exigences des demandeurs d’emploi (Exemple du SMIG jeunes aux USA).

2- Rigidité des salaires et chômage

Beaucoup d’économistes pensent que le chômage augmente quand les salaires ne sont pas
suffisamment flexibles pour assurer l’équilibre des marchés. Nous chercherons ici à
comprendre les raisons de cette rigidité et comment elle est à l’origine du chômage involontaire.
En inversant les axes, on parvient à un raisonnement analogue à celle de la théorie classique.

Soient la courbe d’offre d’un groupe de travailleurs représentée par OO sur le graphique 4.16
et DD la demande de travail des entreprises. La courbe d’offre devient complètement
inélastique pour la quantité L* correspondant à des niveaux élevés de salaire.

Lorsque les salaires s’élèvent et baissent pour assurer l’équilibre du marché du travail, il n’y a
aucune sorte de chômage involontaire. L’équilibre du marché du travail est atteint au point E
pour un salaire d’équilibre W (graphique 4.16).
O

O D
Taux de salaire

Taux de salaire
nominal
D

Chômage
involontaire

Actifs H G
Actifs
W’ J F
W E
A Actifs E
F D
W
O Chômage D L
volontaire * L
L Population active
Travail Travail
Population active Graphique 4.17 : Salaires rigides
Figure 4.16 : Salaires flexibles

Les entreprises sont disposées à embaucher tous les travailleurs qualifiés qui désirent travailler
au salaire courant. Le nombre d’actifs est représenté par le segment AE. Certains membres de
la population active désirent travailler mais à un salaire plus élevé. Ceux-ci (segment EF) sont
volontairement au chômage. Ce sont peut-être des travailleurs peu productifs qui préfèrent le
loisir à un travail faiblement rémunéré. Un marché de travail, parfaitement flexible ne connaît
pas de chômage involontaire. Tant que les prix et les salaires fluctuent à la hausse ou à la baisse,
les marchés trouveront leur équilibre. Toutefois, comment peut-on expliquer que des
travailleurs parfaitement qualifiés, désireux de travailler au prix courant soient au chômage ?

Keynes explique que les salaires ne s’ajustent pas pour assurer l’équilibre des marchés du
travail. Dans ce cas, un déséquilibre peut survenir entre les demandeurs d’emplois et les emplois
vacants. Le graphique 4.17 montre comment les salaires rigides peuvent provoquer un chômage
involontaire. A la suite d’une perturbation, le taux de salaire est devenu W’, plus élevé que le
taux d’équilibre W. A ce taux W’, le nombre de travailleurs demandeurs d’emplois est G alors
que les firmes sont disposées à offrir H emplois à ce taux. Il y a donc plus de travailleurs
demandeurs d’emplois que d’employeurs demandeurs de travailleurs. Les travailleurs au
chômage représentés par le segment HG sont considérés comme des chômeurs involontaires.
Quand il y a excédent de travailleurs, les firmes rationnent les emplois en élevant le niveau de
compétence exigé, en augmentant la charge de travail et en recrutant les plus qualifiés ou plus
expérimentés. En cas de déséquilibre sur le marché, les firmes ont tendance à faire varier, sauf
dans des cas extrêmes, le niveau minimum de qualifications requises pour un emploi plutôt qu’à
modifier les salaires. C’est seulement au-delà d’une certaine période que les salaires et les
traitements sont modifiés pour refléter les pénuries et ou les excédents (généralement pas plus
d’une fois en 1 an).
Quand le salaire est trop bas, on observe la situation inverse où les firmes passent des annonces
ou inscrivent sur les portes et fenêtres qu’elles recherchent des travailleurs pour des postes
vacants.

Application
Pouvez-vous présenter une autre perspective de l’équilibre sur le marché de travail basée sur
l’asymétrie d’information amenant les entrepreneurs à payer volontairement des salaires élevés
afin d’attirer et de maintenir des salariés de qualification élevée ? Pouvez-vous en déduire que
le chômage peut-être volontaire ?
CHAPITRE 5 : INEGALITE ET PAUVRETE

Pour sortir les individus de la pauvreté, il faut de la croissance économique. Une augmentation
de la production intérieure brute bénéficie non seulement à ceux qui vivent au-dessous du seuil
de pauvreté mais aussi à ceux qui sont proches ou le dépassent considérablement. De fait, sans
une croissance économique durable, certains pays continueront à vivre avec un faible niveau de
revenu contrairement à d’autres. Ces différences de revenu expliquent l’augmentation des
inégalités entre pays ou entre certaines catégories de ménages dans un pays. Du coup, la
pauvreté peut être une source des inégalités et vice versa. Le chapitre est structuré de la manière
suivante :
IV1 : Concepts et mesure d’inégalité et de la pauvreté
IV2. Indicateurs d’inégalité et de pauvreté
IV3 : Questions d’analyse
IV4 : Politique de lutte contre les inégalités et la pauvreté

IV1 : Concepts et mesures des inégalités et la pauvreté


A- Inégalité et mesure
Le terme inégalité n’a pas une définition unique dans la littérature économique. Les
économistes s’intéressent à la répartition du revenu des ménages pour définir l’inégalité entre
pays. Sur cette base, trois types d’inégalités ont été définis : les inégalités mondiales qui
mesurent les écarts de revenus au sein de la population mondiale, sans tenir compte de la
nationalité, les inégalités entre pays que l’on observe entre les revenus moyens par habitant de
chaque pays et les inégalités internes à chaque pays. Ces trois formes d’inégalité se mesurent
toutes à l’aide du coefficient Gini qui s’illustrent avec la courbe de Lorenz facilitant les
comparaisons internationales. Cependant, le revenu n’est pas le seul critère permettant de
mesure les inégalités. En économie du développement, à la place du revenu, la consommation
des ménages est considérée comme l’indicateur reflétant mieux la nature des dépenses
effectuées pas le ménages. Puisse que dans les pays pauvres par exemple, l’essentiel de leur
production est consommée.
En plus de ces inégalités originelles associées à la production, les inégalités peuvent prendre
diverses formes qui pèsent sur le développement. On distingue :
-inégalités dans l’accès aux services : les pays les plus inégaux sont souvent caractérisés par
des niveaux de santé inférieurs, une espérance de vie moindre et une plus forte insécurité que
les pays les égalitaires.
-inégalité d’accès à la propriété : les difficultés d’accès au capital et à la propriété perpétuent
les inégalités. La pauvreté rurale, par exemple, dérive de l’accès insuffisant à la terre et à l’eau
pour les segments les moins privilégiés de la société rurale.
-inégalités face aux risques écologiques : l’exposition aux accidents climatiques, à la pollution
de l’air, au bruit, au saturnisme (dans les logements les plus anciens) des pays pauvres
contrairement aux pays riches. Par exemple, l’enfouissement des déchets toxiques à proximité
des quatre pauvres plutôt qu’ailleurs.
-inégalité dans la jouissance des aménités, aux ressources qu’offre la nature et la civilisation :
sites et monuments, parcs, forêts, paysages, mais aussi aux biens communs élémentaires
notamment l’eau potable et l’air non polluée.
-inégalité dans la participation au marché : les exclus ne participent qu’en tant que producteurs
primaires ou salariés
-inégalité politique : les institutions demeurent insensibles aux besoins des exclus.
Indicateurs de mesure de l’inégalité :
Plusieurs indicateurs ont été proposés comme mesure des inégalités. Il s’agit du rang, le ratio
de Kuznets, l’écart moyen absolu, le coefficient de variation, le coefficient de Gini.
1 m
Supposons que    j 1 n j y j est le revenu moyen de la population dont la classe de revenu
n
varie du revenu des plus pauvres vers celui des plus riches où n représente la taille de population
et nj la taille de l’échantillon concerné.

1- Le rang (R)
Le rang est le rapport entre l’écart du revenu des individus les plus riches et les plus pauvre et
1
le revenu moyen de l’ensemble de population. On a : R  ( y m  y1 ) . Cette mesure est sujette

à de nombreuses critiques. Un changement du statut d’un pauvre, par exemple du deuxième
plus pauvre au deuxième plus riche ne modifie pas la formule du rang. Ensuite, le rand ne prend
pas en compte des informations plus détaillée sur la répartition des revenus. Il s’applique à
l’ensemble des pauvres et des riches et selon la catégorie de personnes.
2- Ration de Kuznets
Simon Kuznets (Prix nobel d’économie) à utiliser des ratios pour étudier la distribution du
revenu dans les pays développés dans les pays en voie développement. Ces ratios correspondent
à des parts de revenus que reçoivent les 20% ou 40% des plus pauvres ou 10% des plus riches.
3- Ecart absolu moyen (M)
C’est la première mesure des inégalités qui prend en compte toutes les informations sur la
distribution des revenus. L’hypothèse fondamentale faite ici est que l’inégalité est
proportionnelle à la distance entre les revenus moyens. La formule se présente comme suit :
1
 n yj  
m
M 
n i j j

Cependant, cette mesure sous-estime l’effet du changement de statut entre les pauvres et les
riches.

4- Coefficient de variation (C)


m
1
Le coefficient de variation se calcule par la formule suivante : C 
n
n
j 1
j ( y j  )2 .

5- Coefficient de Gini (G)

Le coefficient de Gini est l’indicateur de mesure le plus approprié des inégalités. Il prend en
compte les valeurs extrêmes des revenus. il se calcul comme suit :
1 m m
G  2  n j nk y j  y k
2n  j 1 k 1
B- Pauvreté et mesure

La définition de la pauvreté en termes de revenu est obtenue en prenant un multiple approprié


de ce qui est nécessaire pour atteindre une ration nutritionnelle minimale, pour prendre en
compte les besoins non alimentaires. Le seuil de pauvreté global se définit comme la dépense
minimale annuelle nécessaire à un individu pour qu’il puisse acquérir la quantité de biens et
services (alimentaires et non alimentaires) jugés essentiels par la communauté dans laquelle il
vit. Lorsqu’on utilise la consommation, on parle de pauvreté chronique ou structurelle. Lorsque
le revenu est utilisé, on a la pauvreté temporaire. Ceci est basé sur la distinction friedmanienne
entre revenu temporaire et revenu permanent. Le revenu dans une année donnée ne peut
capturer le flux lissé de consommation d’un individu ou d’un ménage dans le temps.

Supposons qu'un tel seuil de pauvreté (z) soit défini.

L’indicateur de pauvreté suggéré par Foster, Greer et Torbecke (1984) est :

α
n  zy 
Pα  1.  i  ,   0
Ni1 z
 

z = seuil de pauvreté

yi = dépense réelle moyenne du ménage i

= coefficient d’aversion pour la pauvreté

N = population totale

n= nombre de pauvres

Selon la valeur de , on peut alors définir plusieurs indicateurs de pauvreté :

- Taux de pauvres (H) ou incidence de la pauvreté pour  = 0


n
H
N
H n’est pas sensible aux différences de la profondeur de pauvreté entre les pauvres.

- indice d’écart de pauvreté ( = 1)

1 n z  yi
P  ( )
1 N i 1 z

P1 mesure le taux de transfert de revenu moyen dont on a besoin pour amener tous les pauvres
au seuil de pauvreté. P1 mesure la profondeur de la pauvreté. Il permet d’apprécier l’intensité
du phénomène de la pauvreté.

- Indice d'écart de revenu (I)

1 n
z  y
1 n z  yi n i 1 i
I ( ) =
n i 1 z z
z-yi mesure pour chaque pauvre i, l'écart entre son revenu (yi) et le revenu au seuil de pauvreté
(z). I est donc fonction des distances des pauvres au seuil de pauvreté et du nombre de pauvres.
C’est une mesure des ressources (normalisée par z) requises pour éliminer la pauvreté.

Comme l'indice d'écart de revenu (I) ne prend en compte que le nombre de pauvres, il
est souvent suggéré qu'on utilise P1 donné par :

P1=HI

H, P1 et I ne mesurent pas la privation relative (inégalité entre les pauvres) puisqu'une unité
monétaire d'écart de revenu pour le plus pauvre a le même poids pour tous ceux qui sont en
dessous du seuil de pauvreté. Ce qui est contradictoire avec l’hypothèse des utilités marginales
décroissante. C’est pourquoi, on a recours à P2.

2
1 n
z y 
P2   z i 
N i 1  

P2 mesure la Sévérité de la Pauvreté. Il permet d’apprécier l’inégalité parmi les pauvres.

D’une façon générale, plus  est élevé, plus P est sensible au niveau de vie des plus pauvres
et prend mieux en compte les aspects de distribution de revenu.

Une propriété de cet indice, utilisée en analyse de politique économique, est qu'il est
décomposable entre groupes (sexe, sources principales de revenus, milieux de résidence, etc.).
Si la population totale est décomposée en groupes, on peut facilement montrer que l'indice de
pauvreté agrégé P2 d'une population est une moyenne pondérée des indices P2k calculés pour
les groupes k de taille Nk.
N
k P
Soit: P  
2 2k
k N
Cet indice est généralement le plus utilisé.

- Relation entre inégalité et pauvreté


Parfois il arrive que les gens confondent inégalité et pauvreté comme s’il s’agissait d’une seule
et même chose. Parfois certaines études macroéconomiques confondues inégalités et pauvreté
et utilisent le revenu comme indicateur de mesure. Toutefois, les inégalités sont un facteur
important de la pauvreté. Cependant, les deux concepts sont distingués. Supposons que, dans la
vie, le sort vous ait fait tomber dans le quintile inférieur de la répartition des revenus. Si vous
pouviez choisir le pays où vous voudriez vivre, retiendriez-vous le pays où les 20% inférieurs
reçoivent 3,4% 3,5% ou 9% des revenus des ménages ? Si vous choisissez le pays où les plus
pauvres reçoivent 9%, vous confondez inégalité et pauvreté. Puisse que, les 9% peuvent ne pas
avoir les mêmes conditions de vie en termes d’accès aux ressources que les pauvres recevant
3,4% et 3,5%. La probabilité est forte que les ménages pauvres recevant 3,4% des revenus sont
plus aisés que ceux qui reçoivent 9% des revenus dans un autre pays.

IV3 question d’analyse


Quel est l’effet du revenu national sur la réduction des inégalités au Bénin ?
Existe-elle une relation entre les inégalités et la pauvreté ?
Les femmes sont-elles plus pauvres que les hommes ?

IV4 : Politique de réduction des inégalités et de la pauvreté


Plusieurs stratégies ont été proposées pour lutte contre la pauvreté. Le rapport de la Banque
Mondiale sur le développement dans le monde dans les années 90 identifie deux actions clés :
- La promotion d’une croissance économique orientée vers le marché
- La fourniture directe aux démunis de services sanitaires et éducatifs de base : l’orientation
des services publics de santé et d’éducation vers les pauvres en renforcerait la productivité
et de la sorte contribuerait à la réduction de la pauvreté.
- Le développement des systèmes de protection sociale (le cas des filets sociaux) : ceci
concerne toute personne se trouvant dans l’incapacité de profiter des avantages du marché.
CHAPITRE 6 POPULATION ET DEVELOPPEMENT
Autre que l’influence que peut exercer l’accumulation des facteurs de production ou encore
l’augmentation de la productivité sur la croissance économique, la croissance démographique
peut également influencer la croissance économique et ensuite, influencer le développement
d’un pays donné. A cet effet, la transformation structurelle d’une nation ou des sociétés peut
dépendre de l’évolution de la population. Dans la littérature économique classique sur la
croissance démographique, la croissance démographique peut être un facteur favorable ou non
de l’augmentation de la production. A travers ce chapitre, nous essayons de présenter les
différents facteurs déterminants l’essor démographique et ses conséquences sur le
développement. Ensuite, nous présenter quelques politiques indispensables à la lutte contre la
croissance démographique. Le chapitre est structuré de la manière suivante :
VI1 : Concepts et mesure de la population
VI2 : Rappel d’équation de comportement
VI3 : question d’analyse
VI4 : Modèle d’analyse
VI5 : Théorie de la croissance démographique

VI1 : Concepts et mesures de la population

Fondamentalement, l’étude de la relation entre la population et le développement demande la


compréhension de certains concepts de base tels que : natalité, mortalité, fécondité, la
croissance démographique.
La population totale effectif (stock) est la somme de la population totale effectif précédent
connu par recensement (stock) de l’excédent naturel (naissance moins décès)(flux) et le solde
migratoire (flux).
Le taux de croissance démographique d’un pays est la différence entre le taux de naissance et
le taux de mortalité. Il se décompose en deux parties : le taux de croissance naturel et le solde
migratoire.
On peut également mesurer la croissance démographique par l’indice de fécondité. L’indice
synthétique de fécondité mesure le nombre moyen d’enfants qu’une femme mettra au monde.
Taux de fécondité est : Nombre de naissance vivantes/population féminine moyenne de 15 à 49
ans en milieu d’année.
Le taux de natalité est le rapport entre la naissance au cours de la période considérée et la
population corresponde en milieu de période. Il peut être interprété de façon absolue ou relative.
Il mesure pour 1000 habitants le nombre d’enfants issus de la population de départ. Il permet
de faire des comparaisons entre les pays de taille différentes. Cependant, il ne tient pas compte
de la structure par âges de la population. A cet effet, le taux de fécondité est plus approprié.
Le taux de mortalité est :(Nombre de décès en cours de période/population corresponde en
milieu de période)*100
La pyramide des âges est une représentation de la population classée par âge et sous forme de
deux histogrammes (un pour les hommes, un pour les femmes) comparant l’évolution des âges
entre les hommes et les femmes.

VI2 : Rappel d’équation de comportement

Y= C+I, I=S, Y= F(K,L).


Y=C+S, Ib=In+Ir ou encore Ib  K  K ce qui équivaut à K  I  K
VI3 : Question d’analyse

Quel est l’effet de la croissance démographique sur la croissance économique au Bénin ?


Quel est le sens de la relation entre le taux de mortalité infantile et la croissance économique
au Bénin ?
Quels sont les déterminants (facteurs explicatifs) de la croissance démographique des pays de
l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).
Quel est l’effet de la croissance démographique sur la productivité des facteurs de production ?

VI4 : Modèle d’analyse

Partons du modèle de croissance de Solow sans les progrès technologiques. A l’état


stationnaire, le stock de capital par tête traduit la quantité de travail nécessaire pour que les
travailleurs aient accès à l’emploi (Voir chapitre 3). C’est-à-dire, en partant de la dynamique
du capital par tête k  sf (k )  (n   )k avec n le taux de croissance démographique.

IV5 : Théorie de la croissance démographique

La relation entre la croissance démographique et la croissance de la production a été abordée


par trois différentes théories : théorie malthusienne, les néomalthusiens et la théorie
révisionniste.
L’analyse Malthusienne, celle fondatrice, démontre que la croissance démographique a un effet
négatif sur la croissance économique et donc sur le développement économique des pays. C’est-
à-dire, la population évolue à un rythme géométrique contrairement aux ressources qui évoluent
à un rythme arithmétique. En effet, selon Malthus «la passion entre les sexes entraînerait une
augmentation de la croissance démographique tant que la production alimentaire le permet ».
Autrement dit, les êtres humains ne limiteraient pas en général leur procréation au-dessous du
maximum biologique tant que les ressources alimentaires la facilitent. De plus, pour Malthus,
si les salaires dépassent le niveau de subsistance, les travailleurs se marieraient plus jeunes et
auraient davantage d’enfants, dont la majorité survivrait.
Ainsi, l’essor démographique provoquerait une augmentation de la population active, qui
exercerait une pression sur le capital foncier et finirait par causer, de ce fait une diminution des
rendements, une hausse des prix alimentaires et une régression des salaires réels au niveau de
subsistance. Pour contrôler la croissance démographique, Malthus propose des solutions qui se
résument à travers les guerres, famines et épidémies ou le mariage à un âge tardif surtout les
femmes.
Pour les néo-malthusiens, l’analyse de Malthus n’a pas pris en compte la période de transition
démographique. L’autre critique la plus sévère est que Malthus a seulement vécu les premières
années de la révolution industrielle et les retombées de la transition démographique l’ont
échappé dans son analyse. Au cours de cette période, les populations ont pris conscience et on
constate après la période une baisse du taux de natalité et de fécondité. Malgré l’augmentation
des revenus, la population augmentation très peu par rapport aux prédictions de Malthus. Pour
les néo-malthusiens, la croissance démographique exerce un effet positif sur la croissance
économique.
La théorie révisionniste explique l’effet de la croissance démographique sur la croissance
économique dépend des décisions ou du choix des individus en termes de fécondité ou non. A
cet effet, les politiques démographiques peuvent être profitables pour la croissance économique
en fonction du temps, du lieu ou de la circonstance.
Cette section étaye les différentes théories à travers la relation entre population et accumulation
(vision pessimiste), population et productivité (vision optimiste) et population et défaillance de
marché (vision révisionniste)
Population et accumulation
Les pessimistes de la croissance démographique expliquent la relation entre la croissance
démographique et l’accumulation des facteurs à trois niveaux : en premier lieu, des niveaux de
fécondité plus faibles ralentiront l’augmentation de la population active future. Dès lors, le
montant des investissements requis pour assurer un capital constant par travailleur pour un
nombre croissant d’actifs (élargissement du capital) diminuerait et permettrait d’en consacrer
une proportion accrue à l’augmentation du capital par actif (approfondissement du capital). En
second lieu, la réduction de la fécondité et du nombre d’enfants permettra de transférer les
financements publics affectés à l’éducation et à la santé pour les investir dans le capital matériel,
ce qui constituera un emploi productif des dépenses de l’Etat. En troisième, le ralentissement
de l’essor démographique abaissera l’indice de dépendance en fonction de l’âge (le rapport
entre la population non active et celle en âge de travailler).

Population et productivité
Contrairement aux pessimistes, les optimistes estiment que l’essor de la croissance
démographique peut avoir un effet sur la productivité à travers plusieurs raisons. En premier
lieu, une population accrue peut générer des économies d’échelle dans la production et la
consommation (la construction de routes, la construction d’infrastructure publique de santé et
d’éducation). En second lieu, la pression démographique peut susciter les évolutions
techniques, la mise en œuvre des innovations technologique. En fin, pour certains économistes,
notamment Julien Simon, une population plus importante comporte un nombre accru de
créateurs, et notamment des entrepreneurs qui peuvent apporter un concours majeur à la
solution des problèmes de l’humanité.

Population et défaillance du marché


Les révisionnistes se placent entre les pessimistes et les optimistes en démographie et
soutiennent qu’il n’y a pas de norme unique sur la question de la croissance démographique.
Les effets de la croissance démographique sur le développement ou non peuvent dépendre du
temps, du lieu ou de la circonstance. En partant des modèles microéconomiques et des
évaluations macroéconomiques, les révisionnistes ont pu retenir plusieurs facteurs tant micro
que macro qui expliquent les décisions de fécondité des individus. Au plan microéconomique,
les individus maîtrisent font leur choix de fécondité de façon rationnelle. Au plan
macroéconomique, ils démontrent tout en étant en accord avec les pessimistes que
l’accroissement de la population peut accélérer l’épuisement des ressources naturelles ou nuire
à l’environnement. Cependant, à la différence des néomalthusiens, ils soutiennent que le
problème fondamentale n’est pas l’excédent de la population mais l’absence de droits de
propriété clairement définis. Ils mettent également l

Politique de lutte contre la croissance démographique


Planification familiale
Par planification familiale, on entend une gamme d’information et de services qui portent sur
la santé et notamment sur la contraception et la fourniture de contraceptifs de types variés, et
qui bénéficient souvent d’un fort subventionnement ou délivrés gratuitement à l’utilisateur. En
absence de services publics de planification familiale, les couples pourraient acheter les
contraceptifs.
CHAPITRE 7 : EDUCATION ET DEVELOPPEMENT
Le processus d’accumulation de richesse ou de sa création dépend des investissements effectués
dans l’éducation. Un philosophe chinois Guan Zhong donnait ce conseil au VIIè siècle avant
J.C. pour expliquer l’importance de l’éducation dans le processus du développement : « Si tu
planifies un an à l’avance, plante une graine. Si tu planifies à dix ans, plante un arbre. Si c’est
à cent ans, forme les gens. Si tu sèmes une graine, tu feras une récolte unique. Si tu formes les
gens, tu feras une centaine de récolte ». Ceci justifie toute l’importance que devrait accorder
les pays industrialisé ou non à l’éducation, à la formation en particulier la capacité de production
des individus. Dans un sens beaucoup large, la théorie économique parlera de l’investissement
en capital humain. C’est-à-dire, pour les défenseurs de la théorie du capital humain notamment
Theodore Schultz (Prix Nobel d’économie), l’investissement dans le capital humain représente
l’acquisition de la connaissance et de compétences par un agent en vue d’améliorer son
rendement futurs de production. Les pays voulant optimiser les effets positifs liés à l’éducation
doivent créer un cadre favorable à l’amélioration des performances de production des individus.
Par ailleurs, le thème éducation peut être perçu de différentes manières : éducation élémentaire,
secondaire et supérieure et la formation sur le tas. Le présente chapitre, aborde quelques
concepts clés relatifs à l’éducation, les facteurs liés à l’amélioration de l’éduction, les modèles
d’analyse du capital humain (Modèle de base Solow), et les politiques économiques qui y
découlent. Le présent chapitre est structuré comme suit :

VII1 : Concepts et mesures


VII2 : Modèle d’analyse
VII3 : Analyse théorique
VII4 : Politique d’amélioration de la performance de l’éducation

VII1 : Concepts et mesures

Capital humain
En 1964, dans son ouvrage Human Capital, Gary Becker (Prix Nobel d’économie, 1995),
définit le capital humain comme l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert
par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire, etc. Autrement dit,
le capital humain est un actif, un patrimoine, un stock susceptible de procurer un revenu
devenant ainsi un sous-ensemble dans la notion globale de capital.
La littérature économique distingue trois formes d’investissement tels que : l’investissement au
sein de la famille, le learning by doing (externalité) et le learning or doing (secteur éducatif).
L’investissement au sein de la famille signifie que les parents éduquent les enfants. Les parents
subissent les coûts (renoncement à de la production) et les enfants profitent des gains (salaire
plus élevé). Il faut donc un paramètre d’altruisme pour que les parents éduquent leurs enfants
(Becker, Tamura etMurphy 1990).
Le learning by doing signifie que l’accumulation du capital humain se fait par la pratique. C’est
en travaillant que l’on acquière des connaissances et que l’on devient plus productif.
Le learning or doing signifie que l’accumulation du capital humain se fait par le renoncement
à du travail pour accumuler du capital humain
En résumé, le capital humain serait une dépense que l’on fait pour soi-même, pour améliorer sa
propre productivité (ou capacité à produire). Ces dépenses peuvent prendre diverses formes: se
soigner, se former, éduquer les enfants, financer un voyage pour travailler ailleurs, etc. Ce sont
des dépenses en capital humain.
Education : est une formation qui peut être formelle ou informelle en vue d’améliorer les
capacités à produire d’un individu en particulier. Dans la typologie classique et même dans la
littérature économique, l’éducation se distingue en deux catégories : l’éducation officielle
concernant le niveau élémentaire, secondaire et supérieur et l’éducation non officielle
regroupant toute forme de formation dont le processus d’acquisition est différente de celui
l’éducation officielle.
Dans cette optique, la mesure de l’éducation dépend de l’objet de la recherche ou d’études. En
effet, plusieurs indicateurs ont proposés pour mesurer la part de l’éducation dans un pays ou
d’une nation donnée.
Taux brut d’inscription : est le nombre total d’enfants inscrits dans une catégorie d’école
donnée, divisé par le nombre d’enfants dans la tranche d’âge correspondant officiellement à ce
niveau de scolarité.
Le taux nets d’inscription porte sur les seules inscriptions des enfants faisant partie de la tranche
d’âge pertinente.
Le taux de survie scolaire évalue le nombre d’enfants qui terminent effectivement un certain
niveau d’études.
On peut également mesurer l’éducation par la part des dépenses en éducation dans les dépenses
totales du pays.
VII2 : Question d’analyse
Quel est l’effet de l’éducation sur la croissance économique? Quel est l’effet du capital humain
sur le revenu ? Quel est l’effet des offres de formation universitaire sur la performance des
étudiants au Bénin ? Quel est l’effet de la formation du nouveau programme sur le salaire des
diplômés sur programme ?
VII3 : Modèle d’analyse : modèle de Solow avec capital humain
Pour mieux expliquer l’évolution de la croissance économique, contrairement aux modèle de
Solow, les auteurs néoclassiques ont intégré dans le modèle de Solow, l’évolution de la quantité
de main d’œuvre (Mankiw-Romer-Weil, 1992). C’est-à-dire, qu’on peut améliorer le capital
humain en investissant dans le système éducatif et celui de la santé. Ainsi, l’accumulation seule
du capital physique ne suffit pas à accroître la croissance économique.
En partant de la fonction de production de type Cobb-Douglas, la fonction devient Y = F(K, H,
AL) (1), avec K le stock de capital physique, H le stock de capital humain et L, désigne le
nombre de travailleur dans l’économie ; A, représente le paramètre technologique. En supposant
que les progrès techniques sont exogènes, le taux de croissance du progrès technique croît au
taux constant, c’est-à-dire A / A  g a .
En supposant que k  K ; hH et y  Y , la dynamique de l’économie se présente
AL AL AL
comme suit : k  s k y  ( g n  g a   )k (2) et h  s h y  ( g n  g a   )h (3). Pouvez-vous les
démontrer ?
A l’état stationnaire, les équations (2) et (3) deviennent respectivement sk y *  ( g n  g a   )k *
et sh y *  ( g n  g a   )h* . Pour un stock de capital par tête donné, si k<k* alors le capital par
travailleur sera croissant et si k>k* il sera décroissant (Pouvez-vous l’expliquer à travers une
représentation graphique ?)
VII4 : Politique d’amélioration de la performance de l’éducation
La faible des rendements du système éducatif pèse sur le
Les facteurs de faibles rendements inters des systèmes éducatifs dans les pays en voie de
développement : les sous-investissements, les mauvaises affectations des moyens publics entre
les différents niveaux de formation et aux gaspillages systémiques auxquels donne lieu
l’utilisation des ressources dans les écoles. Le manque de volonté publique dans le cadre de
suivi des investissements effectués dans le domaine
Modernisation des établissements d’enseignement
La réduction des coûts de l’éducation : mise en œuvre des programmes de formation
Utilisation inefficace des ressources :
L’argent n’explique pas tout : mettre l’accent sur la qualité des écoles)
Sous-investissement : malgré les avantages ou les gains économiques que génère l’éducation,
de nombreux pays en développement dépensent trop peu dans l’éducation des enfants pour deux
raisons fondamentales : en premier lieu, l’évaluation des taux de rendement sont au mieux
imprécises et en deuxième lieu, l’augmentation des sommes consacrées à l’éducation ne garantit
pas que l’argent soit bien dépensé et débouchera sur de meilleurs résultats du système éducatif.
Cela s’explique par les difficultés de fiscales, l’éducation et les services sociaux en général sont
fréquemment, à l’opposé des forces militaires ou du service de la dette, victimes des réductions
budgétaires. Les baisses d’activité économique et les taux de croissance négatifs pèsent sur les
dépenses éducatives.
Mauvaise affectation des ressources : le choix des dépenses entre les différents niveaux
d’éducation : primaire, secondaire et supérieur.
Modernisation des établissements d’enseignement : amélioration des conditions de travail
au niveau du système éducatif.
CHAPITRE 8 : SANTE ET DEVELOPPEMENT
Tout comme l’éducation, la santé joue un rôle également important dans l’accumulation des
facteurs de production ainsi que dans le processus de création de la richesse. Le chapitre
précédent explique que l’investissement en capital humain en termes d’éducation est un facteur
déterminant de l’augmentation la productivité des individus. De même, une personne en bonne
santé aura tendance à améliorer ses capacités de production que celle qui ne l’est pas.
VIII1 : Concepts et mesures
VIII2 : Question d’analyse
VIII3 : Modèle d’analyse
VIII4 : Politique d’amélioration de performance sanitaire

VIII1 : Concepts et mesures


La santé : l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme un état de bien-
être physique, mental et social complet et ne consistant pas seulement en une absence de
maladie. Toutefois, les indicateurs statistiques exploités pour mesurer la santé sont ceux qui en
décrivent l’absence : les statistiques de mortalité et de morbidité. La mortalité mesure les décès
dans une population et la morbidité mesure les taux de maladie.
Espérance de vie à la naissance est une évaluation du nombre moyen des années
supplémentaires qu’une personne peut s’attendre à vivre si les taux de mortalité en fonction de
l’âge pour une année donnée se maintiennent pendant le reste de sa vie. Il s’agit d’un indicateur
hypothétique, car il se fonde sur les taux de mortalité actuels, lesquels changent au cours de la
vie d’une personne.
D’autres variables seront également utilisées au cours du chapitre : population active (L),
croissance économique (g), le niveau d’éducation (E).
Equation de comportement
Les mêmes équations que celles du modèle de base de Solow (Chapitre 3). La particularité ici
est que le capital sera décomposé stock de capital sanitaire, humain et physique.
VII2 : Question d’analyse
Quel est l’effet de la santé sur la croissance économique au Bénin ? Quel est l’effet de la santé
sur la performance des enseignants de l’ENEAM ?

VIII3 : Modèle d’analyse : décomposition du stock de capital humain dans le Solow.


Dans le chapitre 4, nous avons démontré que la croissance de la production = contribution du
capital + contribution du travail+ croissance de la productivité totale des facteurs (technologie
non incorporée).
Y K L A
  (1   )  . En partant de cette équation, Correa H. décompose
Y K L A
l’accumulation du facteur travail en fonction de l’accumulation de taux de croissance de
l’effectif des actifs (S) , soit en fonction du stock de capital sanitaire (H) , du niveau de nutrition
(N) et de leur niveau d’éducation ( E) c’est-à-dire
 L S N  H E
   
L S N H E
Retrouvez l’équilibre à l’état stationnaire et donnez les différentes interprétations
VIII4 : Politique d’amélioration de la performance de la santé

L’amélioration de la santé et l’allongement de l’espérance de vie sont dus à plusieurs facteurs.


Politique d’augmentation du revenu : une hausse du revenu permet en général une amélioration
de l’alimentation et de l’habitat ainsi qu’une élévation des taux de survie. Une hausse du revenu
peut également permettre aux pauvres de se procurer davantage de nourriture, un meilleur
logement et une meilleure santé.
L’augmentation des revenus permet aux pauvres, aux familles et aux sociétés dans leur
ensemble d’accroître leurs dépenses sur une gamme de biens et de services qui améliorent
directement ou indirectement la santé. Ces personnes ou encore ménages peuvent acheter une
alimentation plus copieuse et meilleure, si bien qu’un lien de causalité étroit relie la hausse des
revenus et l’amélioration de la nutrition et de la santé.
La hausse des revenus peut également permettre de construire des cliniques et des hôpitaux
publics, à former un nombre accru de médecins et d’infirmière et à prendre en charge les frais
de services de santé publique comme les campagnes de vaccination ou de pulvérisation
d’insecticides.
Une meilleure augmentation de l’espérance de vie influence deux facteurs fondamentaux : les
gains de productivité et l’accroissement des investissements.
Santé et productivité : les personnes meilleures santé tendent à avoir une productivité
économique accrue car elles sont plus énergétiques et en meilleure forme intellectuelle. Un actif
mieux portant est davantage capable qu’un homologue malade d’augmenter le volume de
production.
Santé et investissement : au-delà de son impact sur la productivité, l’amélioration de la santé
peut influer sur l’autre facteur clé de la croissance économique notamment l’augmentation de
l’épargne et de l’investissement. Si les individus peuvent compter sur une durée de vie plus
longue, les humains sont davantage motivés pour investir à long terme dans leur capital humain.
L’importance de la mise du projet H du PAG.
CHAPITRE 9 : MIGRATION ET DEVELOPPEMENT
La recherche du mieux-être, l’amélioration des conditions de vie, une augmentation de la
richesse pousse plusieurs personnes à quitter leur lieu de résidence habituelle pour d’autres
lieux. Cette dynamique a sans doute une influence sur la croissance économique et donc sur le
développement. Le présent chapitre est structuré de la façon suivante
IX1 : concepts da migration
IX2 : Déterminants de la migration
IX3 : Question d’analyse
IX : Théorie de la migration et du développement

IX1 : Concepts de migration


La migration en démographie est un déplacement temporaire ou définitif d’individus entre deux
régions d’un même pays ou entre les deux pays. Ainsi, on distingue plusieurs formes de
migrations :
-les migrations temporaires saisonnières, internes ou internationales (travaux agricoles, travaux
dans les zones touristiques, déplacement de vacances, etc.),
-les migrations hebdomadaires (travaux sur chantiers itinérants, déplacements de fin de semaine
pour rejoindre une résidence secondaire)
-les migrations quotidiennes (déplacement domicile-travail). Dans ce dernier cas, on parle de
migrations alternatives.
Fondamentalement l’analyse classique de la migration résume la définition de la migration en
trois catégories : le changement de résidence, le changement d’emploi et le changement de
relations sociales.

IX2 : Causes de la migration


Les causes de migrations sont plusieurs ordres
-idéologiques en ce sens où la vision sur la structure des sociétés, des communautés n’est pas
la même chez les individus.

-politiques (guerres) : le rayonnement politique du pays d’origine peut amener l’individu à


migrer vers un autre pays où il se sentir en sécurité.

-religieuses : certains préfèrent voyager pour faire rituels religieux dans des pays d’accueil que
leur pays d’origine.

-économiques (faiblesse du revenu et chômage dans les pays d’origine et forte demande de
travail dans les pays d’accueil).

-éducatif : certains individus préfèrent étudier à l’étranger que dans leur propre pour plusieurs
raisons (possibilité de trouver un emploi après la formation, la qualité du système éducation).
-sanitaire :
-touristique
IX3 : Question d’analyse
Quel est l’effet de la migration sur la croissance économique au Bénin ?
Les transferts de fonds de migrants déterminent-ils le niveau de développement des pays à
revenu intermédiaire ?
Les déplacements internes influencent-ils la croissance rurale au Bénin ?

IX4 : Théorie de la migration


Tableau 1 visions optimistes et pessimistes de la migration
Optimistes Pessimistes
Fonctionnaliste Structuralistes
Néo-classique Néo-marxiste
Modernisation Désintégration
Transfert net Nord-Sud Transfert net Sud-Nord
Gain de cerveaux Fuite de cerveaux
Plus d’égalité Plus d’inégalité
Investissement par transfert de fonds Consommation
Développement Dépendance
Moins de migration Plus de migration
Source : Taylor, 1999
Tableau 2 : Principales phases d’évolution de la théorie de la migration (M) et du
développement (D)
Période Approche théorique Analyse de la relation entre
M&D
Jusqu’en 1973 Approche optimiste de la Les transferts de cerveaux et
M&D de connaissance par les
migrants aideraient les pays
en développement à prendre
le chemin du développement
1973-1990 Vision pessimiste de la La fuite des cerveaux
migration préoccupe après plusieurs
et du développement expérimentations de
(dépendance, fuite des politiques relatives à la
cerveaux) migration de retour
s’attachant à l’intégration
dans les pays récepteurs.
Migration largement ignoré
dans le domaine du
développement ;
renforcement des politiques
de l’immigration.
1990-2001 Rééquilibrage en faveur de Scepticisme obstiné et quasi
ignorance de la question
perspectives plus subtiles « M&D », plus personnes n’y
sous l’influence de travaux crois
empiriques
(NEMT, approches centrées
sur les moyens de
subsistance,
transnationalisme)
Après 2001 Essor de la recherche, en Résurgence de l’optimisme
particulier sur les transferts concernant M&D sous
de fonds. Visions l’influence de l’essor de la
généralement positives. recherche sur les transferts, et
Dissociation du renversement soudain :
développement et du retour. transferts de fuite, gain de
cerveaux, participation de la
diaspora comme outils vitaux
de développement. La
contribution la M au D est
souvent associée aux espoirs
placés de nouveau dans la
migration circulaire et la
migration de retour.
Source : Adapté de De Haas (2007)

La théorie migratoire néo-classique considère la migration comme une forme d’allocation


optimale des facteurs de production au bénéfice des pays émetteurs et récepteurs. Ainsi, le
déplacement du travail des zones rurales et agricoles vers les zones urbaines et industrielles (au
sein ou à l’extérieur du pays) est perçu comme une condition préalable de la croissance
économique et, par conséquent, comme un élément constitutif du processus de développement
dans son ensemble. Cependant, l’analyse néoclassique exclut les possibilités de gains pour les
non-migrants de même que les transferts de fond de migrants aux pays d’origines.
La nouvelle théorie néoclassique considère les migrants de retour comme d’importants acteurs
du changement et de l’innovation. Ces migrants de retour apportent de l’argent aux pays
d’origine mais aussi des connaissances et attitudes entrepreneuriales. Ce qui facilite la diffusion
de nouvelle technique.
Par contre, la théorie structuraliste de la migration définit la migration comme un moyen de
fuite de la misère causée par l’expansion du capitalisme mondial. De ce fait, la migration est
considérée comme un facteur d’accroissement des disparités sociales et non de réduction de ces
disparités.
CHAPITRE 10 : ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT
Historiquement, l’augmentation des facteurs de production et le progrès technique ont été les
sources importantes de la croissance économique. Aujourd’hui, l’environnement est considéré
comme un facteur clé du processus de développement. Le présent chapitre est structuré comme
suit :
X1 : Concepts d’environnement
X2 : Indicateurs environnementaux
X4 : Question d’analyse
X5 : Modèle d’analyse

X1 : Concepts d’environnement
D’une manière générale, l’environnement est un ensemble des éléments constitutifs du milieu
où vit l’homme (eau douce, eau courante, terre arable, couverture végétale, etc.). En science de
gestion, l’environnement est un ensemble de facteurs socio-économiques qui influent sur la vie
de l’entreprise : la concurrence, l’Etat, la législation sociale, financière, commerciale, les
groupes de pression, lobbies, syndicats, associations de consommations. Ainsi, on distingue
plusieurs formes d’environnement : politique, économique, social et culturel, environnement
technologique et écologique, environnement légal ou juridique. En économie, l’environnement
est définit comme un actif composite qui fournit un ensemble de services. L’environnement
offre aux populations des matières premières qui sont transformées en bien de consommation
grâce au processus de production et aussi de l’énergie qui fournit le carburant nécessaire à la
transformation.
L’environnement rend aussi des services directement aux consommateurs : l’air que nous
respirons, ce que nous mangeons et ce que nous buvons, les matériaux que nous utilisons pour
construire nos maisons et les textiles avec lesquels nous tissons nos vêtements sont fournis de
manière directe ou indirecte par l’environnement.
Question d’analyse
Quel est la relation entre l’environnement et la croissance économique ?
Quel est l’effet de l’environnement sur la pauvreté dans les pays en voie de développement ?
CHAPITRE 11 : INSTITUTION ET DEVELOPPEMENT

Concept et mesure des institutions


Déterminants institutionnels
Question d’analyse
Politique institutionnelle
CHAPITRE 12 : FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT

Le développement est une préoccupation permanente des pays. Les points suivants sont abordés
dans ce chapitre :

V.1. CONCEPTS DE DEVELOPPEMENT


V.2. MESURES DE DEVELOPPEMENT
V.3. THEORIES DE DEVELOPPEMENT
V.4. DETERMINANTS DU DEVELOPPEMENT
V.5. FINANCE DES ODD

V.1. CONCEPTS DE DEVELOPPEMENT

Le développement implique le changement et dans un sens, on utilise le mot développement


comme le processus de transformation économique et sociale des pays. Mais le développement
comme objectif ou état désiré a été souvent conçu exclusivement en termes de croissance
économique sans préoccupation ni pour les bénéficiaires de la croissance, ni pour la
composition de la production. Et pourtant, nous savons que les sociétés ne sont pas indifférentes
aux conséquences distributionnelles d’une politique économique (métaphore du tunnel), au type
de biens produits et à l’environnement dans lequel ce bien est produit.
Il faut donc trouver un concept de développement qui embrasse les valeurs, les objectifs
économiques et sociaux majeurs des sociétés.
C’est pourquoi certains comme Goulet pensent qu’un concept pertinent du développement doit
comporter trois valeurs basiques : l’entretien de la vie, l’estime de soi et la liberté.
L’entretien de la vie concerne la fourniture des besoins de base. L’approche du développement
par la satisfaction des besoins de base a été initiée par la Banque Mondiale dans les années
1970. Aucun pays ne peut être considéré comme développé s’il ne peut survenir pour tous ses
habitants à des besoins de base tels que le logement, l’habillement, la nourriture, les soins de
santé et un niveau minimum d’éducation. En fondant la notion de développement sur ce seul
critère, le développement consiste à la réduction de la pauvreté matérielle.
L’estime de soi se réfère aux sentiments du respect de soi et d’indépendance. Aucun pays ne
peut être considéré comme développé s’il est exploité par les autres et n’a pas le pouvoir et
l’influence de conduire les relations sur des bases égales. A ce titre, les pays sous joug colonial
ne peuvent être considérés comme développés.
La liberté se réfère au sentiment d’être libre de trois vices : le manque, l’ignorance et la misère;
c’est-à-dire la liberté de conduire sa propre destinée (les libertés civiles et politiques). On n’est
pas libre si on ne peut pas choisir : « Un homme qui a faim n’est pas libre ». L’importance du
développement matériel est qu’il élargit la gamme des choix humains ouverts aux individus et
aux sociétés.

Il va sans dire que ces trois composantes du développement sont liées. Le manque d’estime de
soi et de liberté résulte d’un niveau de vie très faible et le manque d’estime de soi et
l’emprisonnement économique sont liés dans un cercle vicieux et perpétuel de pauvreté en
produisant un sens de fatalisme et d’acceptation de l’ordre établi, une sorte d’accommodation
de la pauvreté (Galbraith, 1980). Ne dit-on pas que « la pauvreté a un curieux avantage : on
apprend à vivre » ou que « la pauvreté est une richesse des peuples ».
On peut donc dire qu’il y a développement d’un pays quand il y a amélioration dans la
satisfaction des besoins de base, quand le progrès économique a contribué au sens profond de
l’estime de soi pour le pays et ses individus et quand le progrès matériel a élargi la gamme des
choix individuels. (libertés de faire et d’être, Amartya Sen). Ainsi, la condition de se sentir
développé est aussi un état d’esprit.

Un autre concept de développement très usité est celui de développement durable. Le


développement durable (DD) ou soutenable est un processus de changement par lequel
l’exploitation des ressources, l’orientation des investissements, des changements techniques et
institutionnels se trouvent en harmonie et renforcent le potentiel actuel et futur de satisfaction
des besoins des hommes. De façon plus ramassée, le développement durable est celui qui
permet aux générations présentes de satisfaire leurs besoins sans compromettre les chances des
générations futures à satisfaire les leurs (Rapport Brutland de 1987 pour WCED en préparation
de la CNUED II, 1992, de Rio de Janeiro au Brésil).

Les 17 ODD :

Cette définition contient la notion de besoins, en particulier les besoins essentiels des pauvres
et autres groupes marginalisés ou désavantagés auxquels la plus grande priorité doit être
accordée. Elle contient également l’idée de limitations imposées par l’état de la technologie et
de l’organisation sociale sur la capacité de l’environnement à satisfaire équitablement les
besoins présents et futurs. Elle porte donc naturellement les notions d’équité intra et
intergénérationnelle. (équité horizontale et verticales). Aussi, pouvons-nous affirmer que
l’objectif principal du développement durable est d’assurer un niveau de bien-être économique
« raisonnable » et équitablement distribué et qui peut être perpétué ou amélioré continuellement
de génération en génération. Il intègre donc les objectifs économiques, sociaux et
environnementaux et la participation et le consensus des parties prenantes.

En terme plus opérationnel, le Développement Durable est un processus de transformation


économique, sociale et structurelle par lequel le bien-être global défini comme une fonction de
la consommation par tête, du stock de capital naturel et de la pollution, U =U (C, S, P), augmente
dans le temps.

V.2. MESURES DE DEVELOPPEMENT ET TYPOLOGIES DES PAYS

V2.1 : Mesures de développement

L’aspect matériel du développement est celui qui est le plus mesuré dans la littérature. Les trois
indicateurs les plus usités sont le PNB ou PIB, l’IDH et l’indicateur de pauvreté, investissement
authentique.

Le PNB a été très longtemps utilisé comme mesure du niveau de vie ou développement d’un
pays. PNB = PIB + revenus nets reçus par les nationaux du reste du monde
Le PNB étant défini comme la valeur produite par les nationaux d’un pays, le produit national
net (PNN) par habitant est souvent utilisé comme une mesure du niveau de vie d’un pays. De
même la croissance du PNB est souvent interprétée comme l’amélioration du niveau de vie.
Cette vue peut être trompeuse. En effet, le PNB est un critère de ressources ou encore de
production tandis que le niveau de vie est un critère d’emploi ou encore de consommation. Mais
cette distinction ne serait pas gênante si le revenu était également réparti. Il y a une différence
plus importante, à savoir que le niveau de vie englobe beaucoup plus de facteurs que ne le fait
le PNB par habitant. Plus concrètement,
- le PNB ne mesure pas la production de biens et services totalement gratuits qui
améliorent pourtant le niveau de vie. A titre d’exemples, on peut citer le travail de la mère au
foyer, l’entraide villageoise, la chasse ou la pêche individuelle, le bois mort d’une forêt ou
encore la chaleur du soleil ;
- le PNB ne prend pas en compte les externalités de production et de consommation,
qu’elles soient positives (jardins publics) ou négatives (pollution, inondation causée par la
déforestation ou la mauvaise occupation de l’espace). Donc le PNB ne prend pas en compte
l’amélioration ou la détérioration du capital naturel dans le temps ;
- le PNB ne mesure équitablement que les biens et services qui ont une valeur
internationale. Par exemple, la coupe de cheveux et les heures dépensées par une femme de
ménage ne sont pas équitablement mesurées au Bénin et aux Etats-Unis.

Pour corriger cette imperfection dans l’utilisation du PNB (ainsi appelé dans le Système de
Comptabilité Nationale des pays membres de l’ONU depuis 1953 pour désigner le Revenu
National Brut-RNB au prix du marché) comme mesure du niveau de vie, le PNUD a proposé et
utilisé depuis 1990 un nouvel indicateur de mesure de niveau de vie appelé Indice de
Développement Humain (IDH).
Idéalement, l’IDH devrait pouvoir tenir compte de plusieurs facteurs (destruction de
l’environnement, libertés civiles et politiques, etc.). Mais, le PNUD a préféré ne retenir que
trois facteurs, pour construire son indice. Il s’agit du niveau de santé représenté par l’expérience
de vie à la naissance, le niveau d’instruction représenté par le taux d’alphabétisation des adultes
pondérée par 2/3 et par le nombre moyen d’années d’étude pondéré de 1/3, et enfin le PIB par
habitant après une double transformation tenant compte de la différence de pouvoir d’achat
(PIB PPA en utilisant pour tous les pays un même ensemble de prix mondiaux) existant d’un
pays à l’autre et du fait que le revenu n’augmente pas le bien-être de façon linéaire (concavité
de la fonction d’utilité). Dans chacun des cas, chaque facteur est exprimé sur une échelle de 0
à 1 par la transformation :

L’IDH est simplement la moyenne arithmétique des trois indicateurs individuels.

Exemple :
En considérant les limites suivantes :
Espérance de vie à la naissance : 25 ans-85 ans
Alphabétisation des adultes : 0%-100%
Taux de scolarisation : 0%-100%
PIB réel par habitant (PPA) : 100 PPA-6154 PPA

Calculer l’IDH pour le Bénin de 1994 dont les valeurs sont :


Espérance de vie à la naissance : 54,2 ans
Alphabétisation des adultes : 35,5%
Taux de scolarisation : 35%
PIB réel par habitant (PPA) : 1696 PPA

Vous aimerez peut-être aussi