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Durée : 20 heures
Ce cours est destiné aux étudiants en classe de licence et master (Statisticiens et Planificateurs
Economistes). Etant donné la cible visée, le cours a une orientation plus qualitative que
quantitative. Une connaissance moyenne des calculs différentiels suffirait.
2. Objectifs du cours
3. Approche pédagogique
4. Evaluations
- Jeu de rôles
- une note médiane des devoirs de maison
Ouvrages
- Abraham-Frois G. (1991) : Dynamique économique, 7è édition. Précis Dalloz.
- Branson W. H. (1989): Macroeconomics. Theory and policy. Happer & Row,
publishers, New York.
- De Janvry A. & E. Sadoulet (2016) : Development Economics. Theory and Practice.
- Dornbusch R. et S. Fischer (1994): Macroeconomics. 6th ed. McGraw-Hill, Inc. New
York.
- Gillis, M., Perkins, D. H., Roemer, M. and Snodgrass D. R. (1996): Economie du
développement, Nouveaux Horizons, De Boeck Université.
- Henin P. Y. (1981) : Macrodynamique. Fluctuations et croissance. 2è édition.
Economica, Paris.
- Mankiw G. N. (1999) : Macroéconomie. De Boeck Université.
- Ray, Debraj (1998) : Development economics, Princiton University Press
- Samuelson P. (1967) : L’économique. Armand Colin. 3è tirage. T1 & T2.
- Thirlwall, A. P. (1983) : Growth and development with special reference to
developing economies. Macmillan Education Ltd.
Périodiques/ articles
- Dasgupta, P. S., “on the concept of optimum population”, reviw of Economic Studies,
vol. 36, N° 3, Jul. 1969, PP. 295-318.
- Hagen, E. E., “Population and economic growth”, American Economic Review, vol.
49, N° 3, june 1959, PP. 310-327.
- Lachaal L. (1998) : Production structure characteristics and adaptations of productivity
growth measures : a survey. Cahiers d’économie et de sociologies rurales. N° 42.
- Lewis A. L., “A review of economic development”, American Economic Review, vol.
55, N° 1/2, Mar. 1965, PP. 1-16.
- Mellor and Johnston, Role of agriculture in development.
- Ranis G. and J. C. H. Fei, “A theory of economic development”, American Economic
Review, vol. 51, N° 4, sep. 1961, PP. 533-565.
6. Résumé du cours
Ce cours est divisé en deux parties. Dans une première partie, nous rappelons les fondements
de l’analyse macroéconomique de l’épargne et de la consommation (chapitre 1). Dans le
chapitre 2, nous passons en revue les fondements théoriques de l’investissement et en déduit
les déterminants. Les théories de la croissance, ses déterminants et les avancées empiriques
actuelles sont présentées au chapitre 3. La première partie du cours se termine par l’analyse du
chômage et l’inflation dans la littérature économique (chapitre 4). Dans le chapitre 5, nous
abordons les déterminants des inégalités et de la pauvreté.
Dans la seconde partie du cours, nous tentons une définition du développement et essayons de
présenter les typologies internationales des pays selon leur niveau de développement (chapitre
5). Dans le chapitre 6, nous présentons dans les déterminants du développement. Les questions
de modèles de développement, de financement et d’évaluation du développement sont
brièvement abordés dans le chapitre 7.
7. Contenu du cours
“…Thus the representative firm is in a sense an average firm…Thus the history of individual
firm cannot be made in the history of the industry any more than the history of an individual
man can be made into the history of individuals and the aggregate production for a general
market is the outcome of the motives which induces individual producers to expand or contract
their production. It is just here that our device of a representative firm comes to aid”. (Alfred
Marshall, 8th edition).
Une question empirique importante : la croissance économique permet-elle d’atteindre tous les
objectifs ?
Les études empiriques montrent que la croissance économique est un faible déterminant du
progrès vers le développement global. Ce qui suggère la nécessité d’interventions plus directes
telles que des programmes de protection sociale et la fourniture ciblée de biens publics pour
satisfaire les besoins humains de base.
En théorie microéconomique, on suppose en général qu’il y a plein emploi des ressources. Dans
ce cadre, l’utilisation d’une ressource pour une production se fait nécessairement au détriment
d’une autre production. L’accent est donc mis sur la détermination des prix relatifs et
l’allocation des ressources rares à des fins concurrentes dans l’optique de maximiser le bien-
être des agents économiques. Par contre, les macro-économistes mettent l’accent sur le niveau
d’utilisation des ressources (par exemple le niveau d’emploi du travail disponible) et le niveau
général des prix (on parle de stabilisation de l’économie). En outre, ils sont préoccupés par la
question de connaitre les déterminants du taux de croissance des ressources et du niveau de leur
utilisation en vue d’accroître le revenu des populations et le bien-être global.
L’accent de la microéconomie classique sur l’allocation des ressources rares en vue de
leur meilleure utilisation suppose implicitement que le plein emploi, c’est-à-dire la rareté des
ressources, est l’état normal de l’économie. En effet, si l’économie opère à un niveau plus bas
que le plein emploi des ressources disponibles (auquel cas le coût d’opportunité d’une
production additionnelle est presque nul), on peut produire plus en réduisant simplement le
sous-emploi des ressources. Dans une économie où il existe des ressources oisives (par exemple
une économie où il existe un chômage massif), on peut douter facilement de la pertinence de
l’application de la microéconomie classique dans la résolution de certains problèmes
économiques.
Avec la grande dépression des années 30 et la publication de la Théorie Générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de Keynes en 1936, la macroéconomie moderne s’est
développée comme une structure analytique pour comprendre les causes des grandes
fluctuations de l’emploi, parfois prolongées. Ainsi, de 1950 à 1970, l’analyse
macroéconomique postkeynésienne a presque exclusivement mis l’accent sur les fluctuations
de l’emploi expliquées par les fluctuations de la demande agrégée. Ce qui a permis de prévenir
de telles fluctuations et de permettre à l’économie d’opérer à un niveau proche de celui du plein
emploi. A quelques exceptions près, les résultats attendus ont été atteints.
Puis vint le choc pétrolier de 1973 et une dépression profonde qui a entraîné le
déplacement de l’offre agrégée qui résulta en un taux de chômage élevé coexistant avec un taux
d’inflation élevée. Cette possibilité était largement ignorée par l’ancienne macroéconomie dont
les présupposés sont cohérents avec la courbe traditionnelle de Philips (arbitrage entre
l’inflation et le chômage). Ce changement des sources des fluctuations a modifié l’agenda de la
macroéconomie qui s’est déplacé vers l’étude de l’offre pour compléter l’étude antérieure de la
demande agrégée.
Une conséquence importante du développement de la macroéconomie moderne et du
retour à l’économie de l’offre est la restauration de l’importance de la microéconomie classique.
Il en est résulté la Synthèse Néoclassique, pour employer l’expression de Paul Samuelson. Si
l’économie opère à un niveau de plein emploi de certaines ressources, la théorie de l’allocation
des ressources rares devient alors pertinente et importante même en macroéconomie. Un autre
résultat d’une maîtrise relative de la théorie de détermination du revenu est l’examen des
questions dynamiques qui permettent de déplacer l’économie d’un niveau initial d’équilibre
vers un sentier de croissance à long terme.
Pour passer de ces explications théoriques aux prescriptions de l’amélioration de
l’amélioration du bien-être des populations, l’on a recours à l’économie de développement dont
le défi est double :
- formuler des théories économiques pour mieux expliquer les composantes clés du
développement et,
- recommander des politiques économiques pour mieux résoudre les problèmes du
développement.
Cependant, pour être utile aux pays en développement, une bonne partie de la théorie
économique conventionnelle doit être adaptée pour répondre aux conditions prévalant dans ces
pays et plusieurs hypothèses de base des modèles économiques conventionnels doivent être
abandonnées.
Dans un premier temps, le cours s’attellera à réaliser et à expliquer une synthèse du débat actuel
sur la croissance et les fluctuations de l’économie en répondant aux quatre questions suivantes :
1) Quels sont les déterminants de la demande agrégée. Les théories de la consommation et
de l’investissement permettront de répondre à cette question.
3) Comment expliquer les fluctuations des niveaux de l’emploi et du revenu ? les théories
sur les cycles économiques permettent de répondre à cette question.
Introduction
La production nationale est distribuée aux ménages sous forme de revenu. Les ménages utilisent
ce revenu pour acheter et consommer une part de cette production. Le reste du revenu disponible
après la consommation (après les impôts) est épargné. Les dépenses de consommation
représentent une très grande part de la dépense privée des ménages dans les pays en
développement (plus de 60%). Aussi, connaître ses déterminants est capital pour une analyse
économique à court et long terme. Le rôle de l’épargne, fraction du revenu non dépensé est
aussi important puisque l’épargne finance une grande partie de l’investissement domestique
dans beaucoup de pays en développement. Puisqu’il existe un lien étroit entre le taux d’épargne
et le taux de croissance économique dans le temps et selon les pays (voir chapitre sur la
croissance économique), comprendre les déterminants de l’épargne et de la consommation peut
ouvrir la voie à des mesures concrètes de politique économique destinées à accroître les niveaux
de vie des habitants d’un pays.
Ce chapitre est structuré de la manière suivante :
I.1. Définitions et mesures des concepts de base
I.2. Equation de comportement, d’identité et d’équilibre
I.3. Questions d’analyse
I.4. Théories et modèles d’analyse
I.1. Concept et mesures de la consommation et de l’épargne
1.1.3- Epargne
Fondamentalement, l’épargne notée S est la partie du revenu non consacrée à la consommation
immédiate. Pour Keynes, l’épargne est l’excès du revenu sur la consommation (John Maynard
Keynes). Autrement dit, l’épargne est un résidu, un phénomène passif et non pas un acte
volontaire d’abstinence. Du point de vue de la comptabilité nationale, on distingue deux formes
d’épargne : l’épargne brute et l’épargne nette. L’épargne brute est la variation aux
amortissements près subie par la valeur du patrimoine des agents économiques au cours de la
période considérée. L’épargne nette est l’épargne brute diminuée de l’amortissement du capital
fixe.
C
C(Y)
C2
C1
Y
Graphique 1.1 : Fonction de
Y1consommationY2
de Keynes
Le graphique 1.1 montre que quand le revenu disponible Y augmente, les individus dépensent
un pourcentage de plus en plus faible de leur revenu pour la consommation. Les individus
épargnent ainsi un pourcentage de plus en plus élevé de leur revenu. Le rapport C/Y est la
propension moyenne à consommer (PMC). C’est la pente d’une droite partant de l’origine à un
point de la fonction de consommation pour lequel la moyenne est calculée. La pente de la
fonction de consommation elle-même est constante et est appelée propension marginale à
consommer (PmC). Sur le graphique, on voit clairement que PmC est plus petit que PMC.
Si la PMC diminue quand le revenu augmente, la consommation supplémentaire (marginale)
induite par l’accroissement de revenu d’une unité doit être plus petite que C/Y. Keynes en
déduit qu’il s’agit d’un comportement typique des consommateurs qui veut que quand le revenu
diminue, ceux-ci protègent leur consommation standard en ne réduisant pas sensiblement leur
consommation dans la même proportion que la baisse du revenu. Inversement, ils
n’accroîtraient pas leur consommation proportionnellement à une hausse du revenu.
1.2.2. L’identité
En comptabilité, en finance et en économie, une identité est une égalité qui doit être vraie quelle
que soit la valeur de ses variables.
Partant de l’identité C+S=Y, on peut montrer facilement que S = sY –C0. Avec s= 1-c =
propension marginale à épargner
- Le revenu disponible doit être égal à la consommation plus l’épargne, soit :
Y=C+S
Supposons une économie fermée sans Etat. Une économie fermée est une économie qui
n’entretienne pas de relation avec le reste du monde (l’extérieur). En conséquence, X=0 et M=0,
ou encore, la balance commerciale est nulle (X-M=0). Une économie sans Etat est une
économie sans les dépenses publiques et les taxes (G=0 et T=0). Ainsi, on a :
On suppose maintenant une économie fermée avec Etat. Dans ce cas, les dépenses publiques
(G) et les taxes (T) peuvent être non nulles et positives.
Une économie ouverte avec Etat. Une économie ouverte avec Etat est une économie qui
entretienne des relations avec le reste du monde. Nous supposons que les exportations (X) et
les importations (M) peuvent être non nulles et positives.
1.2.3. L’équilibre
Un équilibre en macroéconomique est une situation de l’ensemble du système économique qui
n’est pas susceptible de se modifier sauf en cas de chocs exogènes, comme la hausse des prix
de l’énergie, ou la modification du comportement des agents. Pour étudier l’équilibre entre
l’épargne et l’investissement, on se réfère l’identité comptable.
I.3. Question d’analyse
Quel est l’effet du revenu sur le niveau de consommation des ménages au Bénin ?
Quels sont les déterminants du niveau d’épargne des ménages de la Commune de Cotonou ?
Quels sont les facteurs explicatifs des dépenses de consommation des ménages d’Abomey-
Calavi ?
Comment varie le niveau de consommation des ménages du village de Gbédranfo suite à une
augmentation du niveau de revenu de ses derniers ?
I.4. Modèle de base
1.4.1. Fonction de consommation keynésienne
Cependant, l’acceptation de la théorie selon laquelle PmC < PMC et que quand le revenu
augmente, la PMC diminue a abouti à une impasse dans les années 40. Il était observé que si la
consommation suit cette tendance, le ratio de la dépense de consommation au revenu devrait
décroître lorsque le revenu réel augmente.
C I G
Si Y = C+I+G, alors 1 (2)
Y Y Y
L’équation (2) est la condition d’une croissance équilibrée du revenu réel Y. Comme il n’y a
aucune raison pour que augmente quand l’économie se développe alors devrait croître pour
compenser la baisse de quand Y augmente afin de maintenir la demande de plein emploi. Ainsi
après la deuxième guerre mondiale où l’on anticipe une baisse des dépenses publiques, G/Y
pourrait même baisser entraînant une baisse de la demande globale et une stagnation de
l’économie. Contrairement à ce qui est attendu, on a constaté à la fin de la 2è guerre mondiale
aux Etats-Unis une hausse excessive de la demande privée des biens de consommation et une
expansion de l’économie.
Une explication plausible de cette expansion de la demande privée est que pendant la guerre,
sous le de régime de rationnement des biens, beaucoup de consommateurs avaient converti leur
revenu supplémentaire en actifs (bons de trésor) accumulant du coup une épargne forcée. A la
fin de la guerre, le surplus d’actifs a contribué à accroître la demande des biens de
consommation. Ces faits suggèrent que les actifs physiques (la richesse) ont tout comme le
revenu un effet sur la consommation.
1.4.2. TRAVAUX DE KUZNETS
Simon Kuznets publia en 1946 une étude sur les comportements de consommation et d’épargne
d’avant la 2ème guerre. Deux résultats importants sont extraits de cette étude :
- le 1er résultat de son étude fait apparaître qu’en moyenne, en longue période la PMC =
C/Y ne présente aucune tendance à la baisse et que la propension marginale à consommer tend
à égaler la PMC à mesure que le revenu augmente. Ceci revient à dire que la fonction de
consommation de long terme est une droite passant par l’origine.
- Le 2e résultat est que les années où la PMC était en dessous de la fonction de
consommation de long terme correspondent aux périodes de Boom économique et les années
où la PMC est au-dessus de la fonction de consommation de long terme correspondent aux
périodes de récession économique (voir graphique 1.2)
La PMC varie donc inversement avec le revenu selon les cycles de fluctuations économiques.
Pour la courte période correspondant au cycle des affaires, les études empiriques montreraient
une fonction de consommation de court terme qui est une fonction du revenu avec une pente
comme celle indiquée sur le graphique 1.1.
PMC<1
Boom Economique
PMC=1
récession Zone d’épargne
PMC>1 45°
Zone de désépargne
Y
Graphique 1.2 : Fonction de consommation de court et de Long
terme
I.5. PRINCIPALES THEORIES DE LA FONCTION DE CONSOMMATION
Nous passons en revue trois théories à savoir la théorie du revenu permanent, la théorie du cycle
de vie et la théorie du revenu relatif pour expliquer les différences entre les fonctions de
consommation de CT et de LT.
La différence entre le revenu courant et le revenu permanent est généralement définie comme
le revenu transitoire. Comme par hypothèse C1=Yp, l’épargne (à la période 1) n’est rien d’autre
que la composante transitoire du revenu disponible courant.
S1 (Y1 T1 ) Yp (4)
Le revenu permanent Yp est un revenu moyen anticipé que l’individu espère raisonnablement
compte tenu de sa qualification, de son expérience et de sa fortune (les emprunts sont
déterminés par les revenus anticipés). Ce revenu n’est pas directement observable. Le revenu
transitoire Ytr ou aléatoire est fondé sur des gains positifs (bénéfices non prévus, heures
supplémentaires, etc..) ou sur des pertes (dépenses de maladie, réduction d’activités en-dessous
du temps normal) qui viennent s’ajouter au revenu permanent ou s’en déduire. De la même
façon, la consommation a deux composantes : une composante permanente Cp qui correspond
aux dépenses normales liées au mode de vie et une composante transitoire Ctr fondée sur des
dépenses accidentelles ou aléatoires. Pour Friedman, seules les dépenses de consommation
permanentes sont liées au revenu permanent. En effet, il est raisonnable de supposer que dans
le long terme, les gains imprévus compensent les pertes inattendues si bien que le revenu est
finalement limité au revenu permanent. On peut ainsi affirmer qu’une variation du revenu
courant ne peut modifier la consommation Cp que si elle amène les agents à estimer de nouveau
leur revenu permanent, c’est-à-dire si cette variation de revenu est permanente (Quelles en sont
les implications en matière de politique fiscale ?).
On peut donc écrire :
y y p y tr
C C p C tr
On suppose que les revenus permanent et transitoire sont indépendants. Il en est de même des
consommations permanentes et transitoires. Les moyennes des consommations et des revenus
transitoires sont supposées nulles.
Cp
Cp ay p avec a
yp
FCFA y
Désépargne
C
Emprunt/
désépargne Epargne
Retraite
Jeune âge
t
t N T
Graphique 1.3 : Hypothèse du cycle de vie
Au cours de la 1ère partie de sa vie, un individu type gagne relativement peu et consomme
relativement plus que ses revenus. En conséquence, sa consommation est supérieure à ses
revenus et donc il emprunte et désépargne. Comme le revenu augmente avec le niveau
d’instruction et l’âge, l’individu atteint un point où il n’a plus besoin d’emprunter. Au-delà de
ce point l’épargne devient positive. Cependant au-delà d’un certain âge, le revenu commence
par baisser. La consommation augmentant à un taux plus faible, l’épargne continue à augmenter
pendant un moment puis commence aussi à baisser. Une fois l’âge de la retraite atteint, le revenu
baisse à un niveau en dessous de la consommation. Si la réduction du revenu n’est pas anticipée,
la consommation baisse brutalement au moment de la retraite (voir la vie de certains retraités).
Si au contraire la baisse des ressources est parfaitement anticipée, la consommation ne décline
pas et est maintenue stable. S’il y a relativement plus de vieilles, jeunes ou pauvres gens dans
la population considérée, la propension moyenne à consommer tendra à être élevée. Pour les
personnes à revenu élevé ou à mi-parcours de leur cycle de vie, la PMC tendra à être faible.
Le modèle développé par Duesenberry en 1949 diffère considérablement des modèles présentés
jusque-là. L’analyse de Duesenberry est basée sur la théorie des revenus relatifs. L’idée est que
la décision du consommateur ne dépend pas seulement du niveau absolu de son revenu actuel
mais aussi de sa situation relativement à son environnement social (effet de démonstration)
d’une part, et au revenu perçu dans le passé( effet cliquet).
Ainsi le ratio C/Y d’un individu dépendra de sa position dans la distribution du revenu. Un
agent avec un revenu en-dessous de la moyenne aura un ratio C/Y élevé parce qu’il essaierait
de maintenir élevée sa consommation standard par rapport à la consommation moyenne
nationale. Par contre, un individu avec un revenu moyen au-dessus de la moyenne aura un ratio
C/Y bas parce qu’il affecte une proportion relativement faible de son revenu à l’achat d’un
panier standard de biens.
Ceci peut expliquer les résultats en coupes transversales (Pmc < PMC) et en séries longues de
C/Y. Si le revenu augmente dans le temps alors que la distribution relative du revenu est stable,
il n’y a aucune raison pour que C/Y change. Quand les individus gagnent plus de revenus dans
le temps, ils peuvent accroître proportionnellement leur consommation pour maintenir le même
ratio entre leur consommation et la moyenne nationale.
La deuxième hypothèse de Duesenberry est que la consommation courante n’est pas
simplement influencée par le niveau de revenu absolu relatif mais également par le niveau de
consommation atteint dans les périodes précédentes. Il est plus difficile pour une famille de
réduire un niveau de consommation déjà atteint que de réduire la portion de revenu épargné sur
n’importe qu’elle période. Ce qui veut dire que le ratio S/Y de l’épargne au revenu dépend du
niveau du revenu courant relativement au niveau de revenu le plus élevé atteint dans le passé.
La combinaison du comportement du consommateur de court terme et de long terme est appelée
effet cliquet (graphique 1.4).
Comme le revenu augmente tout au long de cette période, C et Y croissent le long de la fonction
de long terme avec un ratio C/y constant. Si à un point (Co, Yo ) par exemple, le revenu chute
et l’économie entre en récession, C et Y diminuent le long de la fonction de court terme C0C0
avec une pente donnée par la Pmc. Le retour du revenu à son niveau d’avant récession qui est
également le niveau le plus élevé dans la période précédente se fera le long de (C0C0) pour
atteindre le point (C0, y0) où le rythme de croissance rejoint la fonction de long terme. Si une
autre récession survient en (C1, y1), la consommation et le revenu augmenteraient le long de
C1C1 avant d’atteindre (C1, Y1) où la croissance reprend selon la fonction de long terme.
L’effet cliquet naît du fait que la consommation baisse moins vite que le revenu ne chute et
croît moins vite que le revenu n’augmente dans le long terme.
Fonction de LT
C1 C1
C1
C0
C0
C0
y
y0 y1
W(1+r
) E0
Contrainte budgétaire initiale
E1
C
(a) (b)
Salaire Dépense période épargne
(W) 1 (C° courante)
Le niveau des taux d’intérêt permet également d’arbitrer entre différentes formes de placement
(théorie keynésienne). ;
1.6.2. Taux d’inflation
- Si les ménages sont des créditeurs nets, une augmentation du taux d’inflation peut
réduire la valeur réelle de leurs actifs (richesse), même si elle est suivie d’une hausse
proportionnelle du taux d’intérêt nominal. Pour compenser cet effet de richesse négatif, les
ménages peuvent augmenter leur taux d’épargne.
- L’inflation : A court terme, l’inflation contribue à diminuer l’épargne. On accélère les
achats avant une future hausse des prix. A long terme, elle contribue à accroître l’épargne. On
désire conserver le pouvoir d’achat de ses encaisses pour des consommations futures lorsque
l’inflation se sera estompée ;
Les plans formels de pension publique et de sécurité sociale peuvent potentiellement réduire le
taux d’épargne privée à travers trois canaux :
- Redistribution du revenu en faveur des personnes âgées (faible PMS) ;
- Réduction du besoin d’épargne pour la retraite (à moins que ces plans soient
accompagnés d’une réduction de l’âge à la retraite)
- Freinage du besoin d’épargne de précaution pour couvrir l’éventualité de vivre plus
longtemps qu’espéré.
L’impact des bénéfices accrus de la sécurité sociale sur l’épargne nationale peut aussi dépendre
de l’effet que ces changements peuvent avoir sur l’épargne publique. Dans le cas où le système
de sécurité sociale est un système de répartition, l’épargne publique n’augmentera pas
directement pour compenser une baisse induite de l’épargne privée. Des études empiriques
suggèrent que des augmentations des pensions publiques entraînent une baisse de l’épargne
privée et nationale et que cette baisse est moins élevée que la hausse totale des bénéfices des
pensions (Mackenzie et al 1997).
En principe, les individus devraient voir leurs contributions aux fonds de pension privés comme
un parfait substitut aux autres formes d’épargne. Mais en pratique, les individus ne semblent
pas prendre totalement en compte leurs contributions aux pensions dans la détermination de
leur comportement d’épargne. Il en résulte que l’introduction des fonds de pensions privés est
souvent accompagnée d’une augmentation des taux d’épargne nationaux (Helzmann, 1997).
Enfin, la disponibilité accrue des différentes formes d’assurance : les assurances de santé, de
responsabilité civile, de chômage, de faillite personnelle, peut aussi influencer le comportement
d’épargne. Etant donné que les plans d’assurance limitent les dépenses attendues pour des
contingences et des urgences, ils tendent à réduire les effets de l’incertitude du revenu et donc
le besoin d’une épargne de précaution.
On peut donc affirmer que le cadre institutionnel peut contribuer au niveau d’épargne à travers
les systèmes de retraite et de protection sociale.
A.
1. La propension moyenne à consommer sera-t-elle plus faible ou plus élevée pendant la
période de récession ou de dépression ?
2. Expliquer pourquoi les grands voleurs ou joueurs qui ont réussi peuvent vivre très bien,
même en période de vache maigre.
3. Supposons que le revenu permanent soit calculé comme une moyenne des revenus
obtenus ces cinq dernières années ; soit :
YP = (Y + Y-1+Y-2 +Y-3 +Y-4)/5
Supposons également que la consommation soit donnée par C= 0,9YP
a) si tu as gagné 200 000 F CFA par an durant ces dix dernières années, quel est ton revenu
permanent ?
b) supposons que l’année suivante t+1, tu gagnes 300 000 F CFA, quel est ton nouveau
revenu permanent ?
c) quelle est ta consommation cette année et l’année suivante
d) quelles sont tes propensions marginales à consommer de court et de long terme ?
e) représenter graphiquement ton revenu permanent à partir de l’année t+1 en supposant
que tu gagnes à partir de cette année-là 300 000 F CFA.
B.
1. Les démographes d’un pays prévoient une hausse de la part des personnes âgées dans la
population au cours des 20 prochaines années. Que nous dit le modèle du cycle de vie quant à
l’impact de cette évolution démographique sur le taux d’épargne national ?
2. Une recherche a montré que les personnes âgées sans enfant désépargnent à peu près au
même rythme que celles qui ont des enfants. Quelles peuvent être les implications de cette
observation dans la tentative d’expliquer pourquoi les gens âgés ne désépargnent pas autant que
le prédit le modèle du cycle de vie ?
3. Quelles peuvent être les implications du type de système de sécurité sociale (répartition ou
solidarité ; capitalisation) en terme d’accroissement de l’épargne nationale ? Dans quel cas un
traitement fiscal favorable peut-il avoir plus d’impact ?
CHAPITRE 2 : DETERMINANTS DE L’INVESTISSEMENT
Intuitivement, il est facile d’accepter que le taux d’intérêt est un déterminant du niveau
d’investissement planifié dans la mesure où pour investir, une entreprise doit, soit emprunter,
soit utiliser ses fonds propres. Dans un cas comme dans l’autre, le coût des fonds utilisés peut
être mesuré par le taux d’intérêt que l’entrepreneur paie ou abandonne en ne faisant pas un
placement financier.
L’un des critères de décision en matière d’investissement dans un projet est la valeur actuelle
nette des revenus futurs générés. L’utilisation du critère de la Valeur Actuelle Nette (VAN)
pour le choix d’un projet revient à comparer la somme des flux de revenus actualisés au coût I
du projet. L’actualisation est faite en utilisant un taux d’actualisation r ; soit pour un
investissement à réaliser au temps 0:
R1 R2 Rn
VAN 0 I R0 ....
(1 r ) (1 r ) 2
(1 r ) n
Par exemple, si un individu A doit retourner R1= 104 UM à un individu B dans un an, B doit
décider de combien ces 104UM valent maintenant. Si B sait qu’il peut placer son argent dans
une institution financière et gagner 4% d’intérêt dans un an, il verra que 104UM dans un an
valent aujourd’hui pour lui 100UM. Ainsi, il accepterait de prêter 100UM pour obtenir 104UM
dans un an. C’est sa manière d’évaluer des paiements futurs au présent. Mathématiquement, on
peut écrire :
VAN0 =104/(1,04)=R1/(1+r)
Si l’argent doit être retourné dans deux ans, on a : R2/(1+r)² = 104/(1+r)² ; soit:
R2=VA2= R2/(1+r)² ; avec VA = Valeur actuelle ou actualisée.
Par un raisonnement similaire, on peut montrer qu’un paiement dans « n » années à partir du
temps 0 vaut au temps 0 :
Ainsi plus le délai de paiement s’allonge, moins l’individu B doit débourser aujourd’hui pour
obtenir un revenu donné dans le futur.
Pour un certain nombre de raisons, on peut constater facilement que cette présentation simplifie
la réalité en ce qui concerne les revenus d’un projet. Tout d’abord, les revenus futurs (Rt) sont
des revenus anticipés, donc incertains, qui changent en fonction du cycle des affaires. De plus,
une entreprise fait face à plusieurs taux d’intérêt sur le marché monétaire (action, obligation,
placement bancaire, etc.). Si l’offre de fonds d’investissement n’est pas limitative, les
entrepreneurs investissent dans tout projet à VAN positive. Supposons que le coût par projet
soit constant. Pour un taux d’intérêt r0 donné, la VAN est une fonction inverse du niveau
d’investissement global I puisque les investisseurs vont investir dans les projets dans l’ordre
décroissant de leur rentabilité jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de projets rentables. C’est cela qui
est montré au graphique 2.1.
VAN/
Projet
I0 I
Graphique 2.1: VAN/projet en fonction du niveau d’investissement planifié
Pour réaliser le graphique 2.1, on choisit les investissements efficients. Si VAN(I1) > VAN (I2)
et I2 > I1, l’investissement I2 ne fait pas partie de l’ensemble de projets efficients.
L’investissement I2 est alors écarté.
Si le taux d’intérêt du marché est r0, alors le niveau d’investissement global serait I0. Si le taux
d’intérêt r augmente, la VAN va diminuer. Cela s’explique par le déplacement de la courbe
(2.1) vers l’origine réduisant I0, c’est à dire le niveau d’investissement planifié ; ceci donne le
modèle simple d’investissement (3) :
I
I = I(i) avec 0 (3)
i
La courbe correspondante est donnée par le graphique 2.2.
I
I1
I0
i1 i0 i
Le critère de la VAN est donc un critère rationnel de choix des investissements. Cependant, les
analyses macro-économiques modernes montrent que cette fonction simple de demande
d’investissement n’est pas une bonne représentation des déterminants complexes de
l’investissement dans le monde réel.
Un autre critère suggéré par KEYNES pour la prise de décision d’investissement est l’efficience
marginale de capital. L’efficience marginale m d’un projet est la valeur du taux d’intérêt qui
annulerait la VAN de ce projet ; soit :
𝑅
𝑉𝐴𝑁0 = −𝐼 + ∑𝑛𝑗=0 (1+𝑚)
𝑗
𝑗 = 0
(4)
m est en fait le taux de rentabilité interne (TRI) ou le taux interne de rentabilité (TIR) du projet
d’investissement. Quand la taille du projet d’investissement s’accroît, cela veut dire que nous
sommes obligés d’exécuter des projets de moins en moins rentables, donc de TRI plus faible.
On pourrait ainsi noter que la demande d’investissement est la courbe qui donne le niveau
d’investissement total en fonction de m.
La courbe d’offre de fonds prêtables est composée de plusieurs portions. 1) Jusqu’à un certain
niveau d’investissement, le taux d’intérêt est plus ou moins constant et faible. Cela correspond
à l’utilisation des fonds propres des entreprises dont le coût d’opportunité est le taux de
placement sans risque. . L’étape de financement des investissements par fonds propres (bénéfice
+ amortissement – dividende) peut être considérée comme l’étape du taux d’intérêt constant
selon DUESSENBERRY ; 2) Ensuite, après l’épuisement des fonds propres, les entreprises ont
recours aux fonds extérieurs auxquels les investisseurs affectent un taux d’intérêt plus élevé
que celui des fonds propres parce que ces fonds externes représentent une dette fixe et diluent
le contrôle des promoteurs sur leur entreprise.
i, m
I0 I
Ce graphique nous montre que l’entreprise peut faire face à plus d’un taux d’intérêt. Le taux
d’intérêt qui prévaut dépend de l’étendue de l’investissement. Si le profit s’accroît, l’épargne
de l’entreprise augmente et la partie horizontale de la courbe d’offre peut être plus étendue ; ce
qui accroît le niveau d’investissement. La baisse des profits a l’effet contraire.
Le plus grand défaut du critère d’efficience marginale du capital est qu’il ne donne pas toujours
le même classement des projets que le critère de la VAN présenté comme un critère de choix
rationnel des investissements (II.1). Intuitivement, on peut deviner que si nous avons deux
projets dont l’un présente les plus grands flux de revenus dans un futur lointain alors que l’autre
présente des flux de revenu plus faibles mais venant plus tôt, le premier aurait une VAN plus
élevée pour de faibles taux d’actualisation et le second serait plus avantageux pour des taux
d’actualisation plus élevés. Ce problème s’explique par le fait que la VAN est fonction du taux
d’actualisation alors que l’EMC en est indépendante. Ainsi, pour qu’une entreprise obtienne un
bon classement des projets en termes de coût d’opportunité, elle doit calculer la VAN pour
chaque projet avec le taux d’actualisation pertinent.
Exemple :
Année Casflow (1) Cashflow(2)
0 -1000 -1000
1 400 -200
2 400 100
3 400 500
4 400 1000
5 400 1000
TRI 29% 22%
VAN(5%) 731,79 938,37
VAN(20%) 196,24 76,26
Application
Montrer que si une firme se finance par une combinaison de fonds internes, d’obligations et
d’actions, alors l’I est fonction des profits et des liquidités de la firme.
II.3. DEMANDE D’INVESTISSEMENT ET CROISSANCE DE LA PRODUCTION
En se basant sur les hypothèses de rationalité habituelle, le capital est utilisé jusqu’à ce que ce
que l’égalité (5) soit réalisée, c’est-à-dire que la productivité physique du capital est égal au
coût réel du capital. Cette égalité permet de déterminer le stock du capital d’équilibre.
Pt I iPt I 1 ( Pt I Pt I 1 )
YK (5)
Pt
Le numérateur de l’expression (5) est le coût d’utilisation du capital (Ct). C’est une rente de
location implicite (Pour louer un matériel à quelqu’un, quels sont les éléments de coûts que
vous prendriez en compte ?).
Ainsi l’équation (5) stipule que le stock de capital doit être utilisé jusqu’à ce que le produit
marginal du capital égale le coût réel d’utilisation.
C
Soit : YK ( Lt , K t ) t ct : (6)
Pt
E K E K E K E
K E
K (Y , C , P), 0, 0, 0
Y P C (7)
Application : Trouver la fonction du stock de capital d’équilibre dans le cas d’une fonction de
production Cobb-Douglas donnée par : Y=AkαL1-α
APPLICATION
Dans ce cas, l’investissent net dépend des variations du stock de capital d’équilibre tandis que
l’investissement de remplacement dépend du niveau du stock de capital courant. En prenant
une fonction de production de type Cobb-Douglas, on a :
𝛼𝑃𝑌 𝛼𝑌
In= ∆𝐾 𝐸 = ∆ ( ) = ∆(𝐶/𝑃)
𝐶
Si nous supposons que C/P est plus ou moins constant, on peut alors écrire que :
𝛼
𝐼 𝑛 = (𝐶/𝑃)∆𝑌 (8)
L’équation (8) montre clairement que dans le long terme, sans variation perceptible de C/P,
c’est la croissance de la production ou de la demande qui nous donne le niveau d’investissement
net. Cette relation entre la variation de la production et l’investissement net résume le principe
de l’accélérateur. Celui-ci nous suggère que lorsque l’on a besoin d’accroître l’investissement
net, l’on a besoin d’une croissance de la variation (donc d’une accélération) de la production.
Il introduit une relation dynamique de base dans le modèle économique. Si l’on suppose
également que l’investissement net est égal à l’épargne nette qui est-elle-même une fraction de
la production, nous pouvons poser également que In = sY, avec s = taux d’épargne. Nous
aboutissons ainsi à la relation de croissance de base donnée par :
∆𝑌 𝑠
= 𝛼𝑃/𝐶 (9)
𝑌
I I n I r K E K
Donc en général, nous pouvons écrire l’équation d’investissement brut telle que donnée par
l’expression :
I K E (Y , C , P ) K (9)
On aboutit, avec une fonction de production Cobb-Douglas et les hypothèses acceptées jusque-
là, à :
I Y K
C/P (10)
Cette équation (10) met encore en évidence la relation de l’accélérateur.
Pendant la première période qui s’arrête à t1, on a un niveau donné d’output Y correspondant à
un stock de capital d’équilibre K. Au temps t1 le gouvernement accroît les dépenses publiques
G pour stimuler la demande. La production et le stock de capital d’équilibre y répondent en se
déplaçant à des niveaux plus élevés dans la période t2. Etant donné que le stock de capital est
constant avant t1 et après t2, le niveau d’investissement net est nul pour chacune de ces deux
périodes et les niveaux d’investissement de remplacement sont positifs.
Pour que le stock de capital puisse se déplacer à des niveaux plus élevés, l’investissement net
doit être positif pendant la période de transition. On a :
- de 0 à t1, I=Ir ;
- de t1 à t2, I=Ir+In ;
- à partir de t2, I=Ir .
K, Y, I (réel)
KE
I(brut
)
Ir
O
In
t1 t2 t
O O
Graphique 2.4: Schématisation du principe de l’accélérateur d’investissement
Il est clair à partir du graphique 2.4 que dans la première partie de la période de transition,
l’investissement brut croît plus vite que la production. Ainsi, si l’économie croît moins vite
qu’il est nécessaire pour assurer le plein emploi, une politique monétaire ou fiscale pratiquée
pour amener l’économie sur un sentier de croissance de plein emploi court le risque d’entraîner
un dépassement de la croissance de la demande désirée et une surchauffe de l’économie
(inflation par exemple ; n’oubliez pas que l’investissement est une composante de la demande).
Cette croissance excessive et insoutenable de la demande serait due au fait qu’il faille accroître
l’investissement net pour augmenter le stock de capital. Mais après la période initiale de
croissance rapide, l’investissement net va baisser jusqu’à s’annuler à t2 tandis que l’économie
continue de croître pendant cette période.
On peut donc dire qu’en présence d’excès de capacité substantiel, la politique fiscale va stimuler
la demande sans rencontrer la difficulté d’une demande excessive telle que décrite
précédemment. Cependant, cette qualification du principe de l’accélérateur doit être utilisée
avec précaution. Ce qui apparaît comme un excès de capacité peut être constitué d’équipements
obsolètes incorporant une technologie vieille et non économique qu’il faudra remplacer peu
après le début du processus en adoptant de nouvelles technologies. Ainsi le principe de
l’accélérateur peut se manifester comme une hausse inattendue de l’Investissement de
remplacement.
Jusque-là, nous avons mis de côté trois aspects importants de la décision d’investissement : 1)
les retards et les coûts d’ajustement inhérents à la sélection et à la mise en œuvre de tout projet
d’investissement en capital ; 2) la formulation des anticipations à propos des coûts et des gains
futurs et 3) la question du risque et de son évaluation par le marché.
Personne n’a pu traiter toutes ces questions en une seule fois. Nous présentons ici une approche
de l’investissement qui espère traiter toutes ces complications de façon unique. C’est la théorie
q de Tobin d’après les travaux de James Tobin et de William Brainard.
Pt YK Pt I (1 ) Pt I 1 (1 r ) 0 (11)
Ce qui peut être arrangé pour donner :
[1 /(1 r )][ Pt YK Pt I (1 )]
1
Pt I 1 (12)
Q = VA/PIK (13)
VA = valeur actuelle.
La valeur de Q a l’avantage d’être directement mesurable, contrairement au coût d’usage ou au
revenu marginal du capital anticipé.
La question que l’on peut se poser maintenant est celle-ci : en quoi la théorie q nous aide
puisqu’elle consiste simplement en une reformulation de la théorie de l’accélérateur flexible
présentée plus haut ?
Pour commencer, il est relativement facile d’introduire les coûts d’ajustement dans le modèle.
L’équation 12 indique que l’on continuera d’investir jusqu’à ce que le q marginal soit égal à 1.
Avec les coûts d’ajustements, nous pouvons en principe dériver une relation entre
l’investissement brut et l’écart entre le q observé et l’unité. Si q > 1, il faudrait investir alors
que si q < 1, il faudrait désinvestir.
Mieux, si nous connaissons le coût de remplacement du capital, alors, nous pouvons constater
la valeur d’une firme sur le marché financier (VA) et calculer directement son Q moyen. Cette
valeur observable incorpore déjà les anticipations du marché en ce qui concerne les rendements
futurs et les ajustements pour le risque. L’économiste n’a plus besoin de faire des hypothèses
controversées à propos de comment les anticipations sont formulées et de comment les
incertitudes sont évaluées, puisque le marché le fait déjà pour lui. La valeur de marché de la
firme tiendrait aussi déjà compte des retards et des coûts d’ajustement de l’investissement.
Ainsi, la théorie q traite de façon convenable les trois problèmes rappelés au début de cette
section, en laissant les autres, c’est-à-dire le marché financier, fournir la solution.
Une utilisation pratique du Q moyen peut être formulée comme suit : pour investir, nous avons
à choisir entre l’acquisition d’un équipement nouveau et l’acquisition d’une nouvelle firme sur
un marché financier. Si le Q de la firme est inférieure à 1, il faudrait mieux acquérir la firme et
utiliser son surplus de capital (désinvestir). Ce qui veut dire que le marché financier aurait
tendance à égaliser les Q entre les firmes de telle sorte qu’elles réagissent de façon similaire
aux chocs agrégés.
Il y a néanmoins deux points à noter : 1) Le lien entre le q marginal et le Q moyen peut être
complexe. Par exemple, supposons qu’il y ait un choc pétrolier qui abaisse le Q moyen du stock
de capital existant. Le même choc peut accroître le q marginal des investissements en biens
capitaux économes en énergie. Dans ce cas, le mouvement du Q moyen serait l’inverse de celui
du q marginal ; 2) On ne maîtrise pas encore très bien l’efficience informationnelle du marché
financier en ce qui concerne qui sait quoi et qui fait quels choix. Les managers qui prennent les
décisions d’investissement d’une firme, comme des membres internes, ne jouent pas
franchement sur le marché financier, mais pour le bien des actionnaires, ils voudront tenir le
marché informé des progrès de la firme. Une conséquence sur l’efficience du marché financier
est que les prix des actions changent de façon très erratique et sont intrinsèquement
imprévisibles. Ainsi, on ne peut pas prédire le Q moyen avec exactitude, et la théorie se révèle
plus un outil descriptif pour expliquer les évènements ex post, qu’un outil prédictif utilisable
pour décider d’un investissement à venir.
Ir
In
Graphique 2.5 : Croissance du stock de capital brut suite à une croissance de la demande
Avec une même technologie de type putty-putty, une réduction du coût de capital s’accompagne
de la recherche de l’augmentation du rapport K/L par la firme. La firme va donc chercher
d’abord à remplacer graduellement les vieux équipements par une technologie plus soutenue en
capital. Mais le délai d’ajustement est ici plus long que dans le cas de la variation de la demande.
Le processus d’ajustement peut-être modélisé, mais cela dépasse le cadre de ce cours.
Si le taux de dépréciation est nul et qu’il n’y a ni gain, ni perte de capital (ou que le gain de
capital compense la dépréciation, équation 5), rPK peut être interprété comme le coût d’usage
du capital. Avec une réversibilité totale de l’investissement, l’avenir n’importerait pas. La règle
de décision optimale d’investissement serait alors d’investir immédiatement si :
L’expression 20 indique que la firme investit tant que le rendement courant est supérieur au
coût d’usage du capital.
S’il y a irréversibilité totale ou partielle, c’est-à-dire une probabilité non nulle qu’à une période
t du futur, l’inégalité (20) s’inverse, c’est-à-dire que R – iPK < 0, la firme peut être enfermée
dans un investissement non profitable. Il y a donc une incitation à différer l’investissement afin
de mieux connaître les facteurs qui affectent le rendement futur ; par exemple l’état de la
demande du marché du bien produit.
1. Le coût de l’attente donné par le rendement net attendu à la période 0 perdu en n’investissant
pas immédiatement, R0 – rPK.
2. La valeur de l’attente due à l’erreur irréversible qui serait révélée demain si les rendements
futurs baissaient en dessous du coût de capital (R < rPK), c’est-à-dire la perte qui serait subie.
Par conséquent, le critère de décision indiquerait qu’il est profitable d’investir immédiatement
si et seulement si le rendement de la première période est supérieur au coût du capital d’une
marge suffisamment grande pour compenser la possibilité d’une erreur irréversible, c’est-à-dire
si le coût de l’attente l’emporte sur la valeur de l’attente.
On constate que la possibilité que dans le futur, R puisse être supérieur à rPK n’a pas d’effet sur
le seuil de l’investissement ou sur la décision d’investir aujourd’hui. Cette asymétrie est due au
fait que l’option d’attendre n’a de valeur que dans les situations où investir aujourd’hui aurait
été ex post une mauvaise décision.
Dans un environnement très incertain, la valeur de l’attente peut être très grande, faisant de
l’incertitude un puissant élément de dissuasion en matière d’investissement, même pour un
agent économique qui adopte une position neutre vis-à-vis du risque. Des rendements futurs
fortement dispersés, résultant par exemple d’une volatilité macro-économique accrue qui
accroît la vraisemblance de mauvais résultats (c’est-à-dire R < rPK) auront tendance à faire
privilégier les investissements à hauts rendements, donc à diminuer l’investissement. Les
recherches récentes sur la relation entre incertitude et investissement ont cependant souligné les
rôles plus importants de différents autres facteurs tels que la structure du marché, le degré
d’aversion au risque et les imperfections des marchés des capitaux.
Dans le cas où le coût d’opportunité de l’attente est incertain plutôt que connu (cas des projets
en retard d’achèvement) et que le projet d’investissement est partiellement réversible (abandon
possible au coût du futur), une incertitude plus grande pourrait accélérer l’investissement en
rendant à la fois les réalisations extrêmes favorables et défavorables plus probables.
En résumé, au plan strictement théorique, l’effet de l’incertitude sur l’investissement privé est
en général ambigu. Fondamentalement, ceci est dû au fait que l’incertitude affecte
l’investissement par le biais de différents canaux et de façon particulière, en fonction du degré
d’aversion pour le risque, de la structure du marché et de la nature des coûts d’ajustements, la
relation entre ces variables pouvant être soit positive, soit négative. Les études empiriques sont
donc nécessaires pour évaluer dans quel sens l’effet net opère. Dans l’ensemble, les études les
plus récentes fournissent des résultats significatifs d’un lien négatif entre l’incertitude et
l’investissement privé dans les pays en développement reflétant peut-être, comme on l’a noté
précédemment, le rôle des facteurs d’irréversibilité.
La décision d’investissement dépend d’une variété d’autres facteurs dont les plus remarquables
sont le degré de rationnement du crédit, la disponibilité de devises, les fluctuations du taux de
change, le niveau de l’investissement public, le degré de volatilité macroéconomique et
l’existence d’une large dette extérieure.
L’absence de développement des marchés de capitaux propres (bourses des valeurs) rend les
firmes très dépendantes du crédit bancaire aussi bien pour les besoins en capital circulant que
pour le financement de l’accumulation de capital. Dans les pays où les taux d’intérêts sont très
réglementés ou les crédits encadrés (avec des taux d’intérêts réels négatifs), l’excès de la
demande de crédit existe, obligeant les banques à rationner leurs prêts. L’asymétrie
d’information (manifestée sous forme de sélection adverse et hasard moral) peut également
amener les banques à rationner le crédit. Dès lors, la quantité de crédit disponible (et non le
taux d’intérêt) devient un déterminant de l’investissement.
La régulation du marché de crédit (règles de prudence, institutions de notation, etc.) peut
restreindre le crédit à court terme (accords de classement), mais elle permet aussi d’affermir à
moyen et long terme le marché de crédit et permettre d’éviter les crises financières de type
subprime rencontrée en 2007-2008 sur le marché de crédit hypothécaire.
Dans les pays en développement, les biens de capital (machines et équipements) doivent être
importés. Puisque les devises nécessaires au paiement de telles importations peuvent faire
défaut (problèmes de balance de paiements, besoins prioritaires tels que le service de la dette
extérieure), l’investissement peut être soumis à la une contrainte de devises.
PNE
TCR
PE (21),
PNE= prix des biens non échangeables, PE = prix des biens échangeables.
Le TCR affecte l’investissement privé à travers le canal de la demande et le canal de l’offre.
Du côté de la demande, une dépréciation du TCR venant d’une dépréciation nominale de la
monnaie locale implique une baisse relative des prix domestiques, une réduction de la richesse
réelle et des dépenses du secteur privé. La chute de l’absorption domestique peut amener les
firmes à réviser leur anticipation de la demande future et à réduire leur investissement par le
biais de l’effet de l’accélérateur.
Du côté de l’offre, une dépréciation du TCR entraîne une augmentation des prix des biens
échangeables par rapport aux prix des biens domestiques et peut stimuler l’investissement dans
le secteur des biens échangeables et réduire la formation de capital dans le secteur des biens
non échangeables.
Ainsi lorsque les biens de capital sont importés, le succès d’une dépréciation/dévaluation
nominale dépend de l’évolution des prix des facteurs domestiques (salaires et prix de biens de
capital). Ceux-ci doivent évoluer moins que proportionnellement aux prix en monnaie
domestique de la production nationale pour que l’offre globale soit stimulée et l’investissement
privé augmenter.
D- Investissement public
E- Instabilité macroéconomique
Nous avons déjà montré qu’en présence d’irréversibilité et d’asymétrie des coûts d’ajustements,
l’instabilité macroéconomique peut avoir de larges effets sur la formation de capital privé. De
plus : a) un environnement macroéconomique instable est souvent caractérisé par un niveau
élevé d’inflation. Ce qui déforme les signaux des prix et les variations de prix relatifs et par
conséquent réduit l’investissement ; b) l’instabilité macroéconomique se traduit également par
une forte variabilité de l’inflation qui à son tour a un effet défavorable sur la profitabilité
attendue de l’investissement en situation d’aversion pour le risque ; c) l’incertitude politique
peut aussi amener les firmes qui ont de l’aversion pour le risque à fuir les activités risquées et
à réduire le stock de capital désiré et donc l’investissement.
Un ratio élevé de la dette extérieure rapportée à la production peut avoir un effet défavorable
sur l’investissement privé à travers plusieurs canaux. a) Les ressources utilisées pour le
paiement de la dette publique peuvent évincer les investissements publics complémentaires ; b)
Le ratio dette / production élevé peut pousser les agents économiques à transférer les fonds à
l’étranger, craignant les engagements d’impôts futurs pour financer le service de la dette. Ce
qui affecte directement l’investissement privé et aussi l’affecte indirectement à travers
l’augmentation du coût domestique des biens de capital ; c) Une lourde charge de la dette peut
réduire les investissements directs étrangers (IDE) à cause de la crainte que le gouvernement
recoure à des restrictions sur les obligations de paiements extérieurs (rapatriement des revenus
par exemple). Dans le cas où les IDE sont complémentaires à l’investissement privé, celui-ci
baissera ; d) Quand les firmes détiennent un large stock d’obligations en monnaie étrangère,
elles deviennent très vulnérables aux variations du taux de change. Une dépréciation nominale
par exemple augmente automatiquement la charge de la dette et réduit la richesse nette de la
firme. L’accroissement du risque de défaut qui en résulte peut entraîner les banques
domestiques à renforcer les restrictions de crédit. Ce qui peut réduire l’investissement. Ce
dernier effet montre un exemple d’interactions qui peuvent exister entre les différents
déterminants (Dette/Production x Dévaluation).
Ces raisons justifient l’initiative d’allègement de la dette dite PPTE (en faveur Pays Pauvres
Très Endettés).
II.8. EXERCICES :
I. Pourquoi, à Cotonou, les agents économiques aiment plus monter des étalages
d’achat-vente et des supérettes que de petites unités de production ?
II. Expliquer et motiver les incitations offertes par le code des investissements du Bénin
à la lumière des déterminants étudiés dans ce cours ? Ces incitations sont-elles
suffisantes ?
IV. Pour cet exercice, utiliser la fonction de production Cobb-Doglas (Y =KaL1-a), avec
a=0,3. Soit Y = 500 et c = coût réel d’usage du capital = 0,12.
Source: World Bank, 2006, Where is the wealth of nations ? Measuring capital for the 21st
century
Travail à faire:
At
1) Trouver : ( At xBt ) , ( ) , taux de croissance de AxB, taux de croissance de (A/B)
Bt
et taux de croissance de Ab.
2) Si le taux de croissance économique (r) égale 5% et le taux de croissance
démographique (d) est de 3,2%, en combien d’années le Bénin va-t-il rattraper la
Tunisie, l’Afrique du Sud et les Etats-Unis en supposant que les taux de croissance
économique et démographique sont nuls dans ces trois pays ?
4) En combien d’années le Bénin rattrapera-t-il les Etats-Unis si r=2% et d=0% aux Etats-
Unis et r=5% et d=3,2% au Bénin ?
Dans ce chapitre, nous présenterons les points suivants :
Pour Adam Smith, c’est la division du travail qui en accroissant la productivité du travail permet
l’accumulation des richesses. Comme l’ouvrier ne produit plus seul un bien, son salaire doit
être avancé sur un fonds de moyens de subsistance, qui avec les instruments et les matières
nécessaires, forme le capital. Selon Smith, la croissance économique sera néanmoins freinée
par la limitation des occasions d’investissements.
L’analyse ricardienne met l’accent sur la répartition du revenu, car l’accumulation du capital
trouve à la fois sa source (les capitalistes dégagent une partie du profit de leur entreprise pour
l’investissement) et son objectif (c’est le profit qui motive les capitalistes à investir) dans le
profit. Réaffirmant la théorie de la valeur-travail (c’est-à-dire que la valeur d’échange ou prix
naturel des biens reproductibles est déterminée par la quantité de travail direct et indirect
nécessaire à leur production), Ricardo n’a pu expliquer l’existence des profits qu’en retenant
l’hypothèse de l’existence d’une seule marchandise fondamentale, c’est-à-dire à la fois facteur
de production, produit et moyen unique de subsistance des travailleurs (le blé). Ce bien est alors
retenu comme étalon de mesure de toutes les grandeurs.
Le produit est alors réparti entre les travailleurs salariés (salaires), les capitalistes (fermiers et
manufacturiers) qui reçoivent le profit et les propriétaires qui reçoivent la rente.
Ricardo considère que le salaire naturel qui prévaut à moyen et long terme et déterminé par les
usages s’établit au niveau minimum de subsistance (déterminé selon la coutume et non selon
les besoins physiologiques). La rente à un caractère différentiel et résulte de la différence des
diverses catégories de terre. La rente est nulle sur la terre la plus pauvre utilisée (la terre la
moins productive). Les rendements sont supposés décroissants dans l’agriculture et constants
dans l’industrie. Ricardo va alors supposer que le prix naturel du blé est le coût en travail direct
et indirect de la production la plus coûteuse, obtenue sur les terres les moins fertiles. Sur toutes
les autres terres apparaît donc un écart entre le prix du blé et son coût (rente + salaires) qui est
le profit. Ainsi, la théorie de la valeur travail ne peut strictement s’appliquer à la production de
blé car cela impliquerait des rendements constants.
Lorsque la production augmente, les terres les moins fertiles entrent en production, le prix du
blé s’élève (à cause de la baisse de la productivité), la production évaluée en blé s’élève moins
vite que l’emploi, la part de la rente dans le produit augmente. Cette description est illustrée
dans le schéma classique de Kaldor (graphique 3.1).
E
P C D
Productivité moyenne
B A
W K Productivité marginale
WKAB
En l’absence de capital fixe, le taux de profit est :
ONKW
ONKW est l’avance en fonds de salaires.
Sur le plan de la politique économique et sociale, cette analyse désigne nettement la rente et ses
bénéficiaires comme des adversaires potentiels de la croissance industrielle. Il est dans l’intérêt
des manufacturiers que les prix des biens salaires baissent par l’importation massive des
produits agricoles de pays disposant abondamment de terres fertiles. Ce qui renforce
l’argumentation de ceux qui recommandent l’abolition des « Corn Laws» et qui vont obtenir
satisfaction en 1846. Le libre échange est ainsi perçu comme un moyen de reculer les
perspectives d’un état stationnaire. L’argument des coûts comparatifs développés ensuite par
Ricardo vient renforcer cette politique et va porter un coup décisif au mercantilisme.
.
Pour Ricardo, le progrès technique qui à court terme, va réduire les rentes sera freiné par les
propriétaires. Dans l’industrie, ce progrès prendrait la forme du machinisme et va générer du
chômage technique ; les classes ouvrières entreront dans une période de détresse et de pauvreté.
Cette thèse exerça une forte influence sur la pensée de Karl Marx.
Selon Marx, la valeur des marchandises correspond à la quantité de travail abstrait (homogène)
socialement nécessaire à sa production (théorie de la valeur travail). Le capital constant est le
capital engagé sous forme de moyens matériels et le capital variable est le capital engagé sous
forme de salaires.
capital constant c
Composition organique du capital =
capital variable v
La perspective classique de la stationnarité justifiée chez Smith par la limitation des occasions
d’investissement, chez Ricardo par la hausse du coût des biens salariaux, va être fondée chez
Marx sur l’évolution technologique elle-même.
Marx pose l’équation suivante :
Plus value
Taux de profit = ℓ =
cv c / v 1
= taux de plus-value
Sous l’effet du machinisme, c/v croît et ℓ décroît. Ce que Marx traduit par la baisse tendancielle
du taux de profit qui amène les capitalistes à augmenter le taux de plus-value, don à exploiter
encore plus les travailleurs.
Les capitalistes peuvent également accroître la plus-value en augmentant le taux de rotation du
capital. Ils innovent aussi pour répondre à la concurrence. Ces aspects n’ont pas été pris en
compte par l’analyse marxienne.
Y= I + C=I+Co + cY
Y = (I + Co) / (1 – c) est le niveau unique du revenu national compatible avec les dépenses
autonomes (Co + I) compte tenu de la propension à consommer.
Produit
national Offre agrégée
Co + I
45°
Y*
Figure 3.2 : Modèle statique mettant en évidence le multiplicateur keynésien.
∆Ct+1 = c∆It
∆Ct+2 = c∆It+1 = c2∆It
………………………………..
∆Ct+n = cn∆It
1
Soit : ∑+∞ +∞ 𝜃
𝜃=0 ∆𝐶𝑡+𝜃 = ∆𝐼𝑡 ∑𝜃=0 𝑐 = 1−𝑐 ∆𝐼𝑡
Application :
La représentation IS-LM est une représentation algébrique et graphique des relations posées
plus ou moins explicitement par Keynes et formalisée par Hicks, faisant intervenir l’interaction
entre le marché de la monnaie et le marché des biens et services dans la détermination
simultanée du revenu national et du taux d’intérêt.
Considérons toujours une économie fermée à un seul bien et un seul actif, les titres étant de
parfaits substituts au capital réel.
Revenu = C + S
Demande = C + I
En termes réels, Revenu = Demande ; d’où I = S sur le marché des biens et services.
Algébriquement et graphiquement, cela permet d’établir une relation entre le revenu et le taux
d’intérêt. La courbe IS représente les couples de valeur Y et r compatibles avec la
réalisation de l’équilibre sur le marché des biens et services :r=r(Y) ou Y= Y(r).
I S
I = I(r), 0 , S = S(y) 0 , I = S ; ce qui donne r=r(Y) ou Y= Y(r).
r y
Cela peut être obtenu graphiquement comme indiqué au graphique 3.3.
r Courbe IS
Y=Y(r)
I(r)
Y
I 45°
I=S
S(Y)
M0 = M1 + M2
r
Demande de
spéculation
Courbe LM
M2 M0 Y
Condition
d’équilibre M0
M0 = M1 + M2 Demande de
M2 = M0 – M1 M1 transaction
Figure 3.4 : Dérivation de la courbe LM
r
Courbe
LM
r*
Courbe
IS
Y*
Y
Graphique 3.5 : Equilibre global
Applications :
Le modèle IS-LM peut être étendu pour incorporer les variables budgétaires telles que les
dépenses publiques et les impôts, instruments privilégiés des politiques d’inspiration
keynésienne. Dans le modèle standard, on suppose que le prix est fixe. Ce qui fait que les
grandeurs peuvent être considérées à la fois comme des grandeurs réelles et nominales. On
aboutit à la nouvelle formulation suivante :
C = c(Y – T) + C0
I = I0 –ar
Y=C+I+G bloc IS
T = tY + T0
X=X0
B= b0 +b1Y
et
M1 = mY
M2 = L0 – l*r bloc LM
M 0 = M1 + M 2
Applications :
Questions : Pouvez-vous déduire algébriquement les équations de IS et de LM dans le cas
étendu ? Quel est l’impact du taux de prélèvement fiscal ( t) sur le multiplicateur keynésien ?
Montrer que le multiplicateur keynésien simple surestime l’accroissement du revenu qui
résulterait d’un surcroît de dépenses autonomes en l’absence d’une politique monétaire
d’accompagnement ? Le théorème de Haavelmo continue-t-il de tenir ?
Harrod a analysé les conditions d'une croissance équilibrée qui assure le plein emploi des
ressources. Soient les fonctions suivantes :
S = I (ex ante)
Y s
(1)
Y v
Le rapport s/v est le taux de croissance garanti qui permet d’assurer le plein emploi des
ressources et l’équilibre entre l’offre et la demande. Il n’y a aucune raison pour que cette égalité
se vérifie étant donné que s/v est une donnée structurelle alors que les variations du revenu
résultent des choix individuels. En effet, cette égalité implique une comptabilité entre la
décision des ménages en matière d’épargne et la décision des entreprises en matière
d’investissement.
Si Y / Y s / v , sY > v∆Y ou S>I, dès lors la demande est insuffisante pour absorber l’offre. I
baisse et Y baisse. Ainsi il suffit que l’économie ne soit pas sur le sentier d’équilibre pour
qu’elle tende à s’en éloigner de plus en plus. La croissance a donc lieu sur le fil du rasoir. Si on
introduit la croissance de la population au taux de α, il faudrait qu’on ait l’égalité
Y / Y s / v (pouvez-vous le prouvez ?), v et α étant exogènes. Il n’y a aucune raison pour
que s / v . C’est pourquoi ce modèle de croissance n’a pas présenté beaucoup d’intérêt
malgré quelques utilisations pratiques (Quelles recommandations en matière de politique de
croissance économique ?). Il en est de même du modèle de croissance présenté par le professeur
Evsey Domar.
I
I (2)
1 c
Si nous avons commencé au départ par un équilibre, la condition (2) reviendrait à faire coïncider
les variations du produit et les variations de la capacité potentielle. Autrement exprimée, la
condition de plein emploi est donnée par :
I
(1 c) (3)
I
L’équation (3) est l’équilibre de plein emploi. Elle donne :
I = I0eσst (4)
s=1-c = taux d’épargne
L’équation (4) signifie que pour maintenir l’égalité entre la capacité de production et la
demande dans le temps, l’investissement doit croître précisément au taux σs.
A l’évidence, plus grand sera le taux de croissance de l’investissement, plus grands seront le
rapport capacité-capital et la propension marginale à épargner. Mais à n’importe quel taux de
croissance, une fois que les valeurs de σ et de s sont connues, le sentier requis de croissance de
l’investissement est déterminé de façon rigide. On peut se demander ce qui se passerait si le
taux de croissance véritable de l’investissement r est différent du taux requis σs ?
En notant u = r/σs le taux d’utilisation des capacités, on a :
u > 1 si r > σs ; u < 1 si r < σs ; u = 1 si r= σs .
S’il y a un écart entre le taux requis et le taux réalisé, nous aurons en fin de compte, soit un
déficit de capacité (u>1), soit un excès de capacité (u<1).
En effet,
Si r > σs, effet demande supérieur à effet capacité, donc déficit de capacité ;
Si r < σs, effet demande inférieur à effet capacité, donc excès de capacité.
Ce qui est curieux dans cette conclusion, c’est que si l’investissement croît plus vite que requis
(r > σs ), le résultat à la fin serait un déficit de capacité et non un surplus de capacité.
Inversement, si l’investissement croît moins vite que requis (r < σs ), le résultat à la fin serait
un excès de capacité et non un déficit capacité. Pire, étant donné ces résultats paradoxaux, si
nous permettons aux investisseurs d’ajuster le taux de croissance r de l’investissement, il
prendrait certainement la mauvaise décision.
La conclusion est qu’étant donné les paramètres σ et s, il faut tout faire pour que r = σs. Toute
déviation de ce sentier sur fil de rasoir amènerait à un échec concernant la satisfaction de la
pleine utilisation de capacité envisagée par Domar.
Néanmoins, le modèle de Domar ne semble pas très intéressant. Heureusement que certains
résultats plus flexibles deviennent possibles quand l’on relâche certaines hypothèses de Domar.
C’est ce que nous allons commencer avec le modèle de croissance de Solow.
Y Y ²Y ²Y
0, 0, 0 et 0 ; Y = Production, K = stock de capital et L= force de
K L K ² L ²
travail.
(2) : Y/L = y =F(K/L,1)= f(k), c’est-à-dire que la production par tête est fonction du stock de
capital par tête. On parle de fonction de production à capital intensif. f(0)=0.
Du côté de la demande de biens et services, on suppose également dans le cadre d’une économie
fermée que la production par tête se répartit en consommation par tête (c) et en investissement
par tête (i), soit :
(3) : y= c+ i
Le MS fait l’hypothèse simple que :
(5) : i= sy. Le taux d’épargne est égal à la fraction de revenu affectée à l’investissement.
(6) : i= sf(k).
Soit le taux d’amortissement du capital. La variation annuelle du stock de capital est donnée
par :
k = i - k = sf(k) -k.
Application :
Le modèle de Solow montre que le taux d’épargne est un déterminant clé du stock de capital
stationnaire A un niveau stationnaire donné, lorsque le taux d’épargne augmente, il se crée
immédiatement un écart entre l’investissement et l’amortissement, le capital augmente et atteint
un nouvel état stationnaire avec un stock de capital et un volume de production plus importants.
Une épargne élevée accélère donc la croissance pour un temps. Le taux d’investissement est
donc le déterminant principal de la richesse ou de la pauvreté d’un pays.
Cette conclusion a des implications en matière de politique fiscale.
Pour obtenir le k*or, il faut maximiser l’équation (8) par rapport à k. Il existe un seul taux
d’épargne qui permet d’obtenir un k*or dicté par la règle d’or.
Exercice : Montrer que la condition PmK = décrit également la règle d’or. PmK est la
productivité marginale du capital. Quel est le taux d’épargne qui permet d’obtenir le k*or dans
l’exemple précédent. Avons-nous commencé avec trop peu ou très peu de capital ? Comment
évolue k, y, i et c sur le sentier cers k*or ?
Pourquoi ce nom ? « Ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse »
Si l’économie a atteint un état stationnaire qui n’est pas celui dicté par la règle d’or, comment
les gouvernants vont faire pour l’amener à l’état de la règle d’or ? Deux cas peuvent se
présenter :
- L’économie démarre avec trop de capital supérieur à celui que dicte la règle d’or
Le décideur doit alors diminuer le taux d’épargne pour diminuer l’investissement et le niveau
de capital et pour augmenter la consommation. Initialement, l’investissement devient inférieur
à l’amortissement et l’on n’est plus à l’état stationnaire. Mais à terme, on y reviendra avec des
niveaux de production et d’investissement inférieur, mais associé à un niveau plus élevé de
consommation. Ce cas est aisé puisqu’on recommande de réduire l’épargne, donc d’augmenter
la consommation pour pouvoir l’augmenter dans le futur.
- L’économie démarre avec trop peu de capital inférieur à celui que dicte la règle d’or
Dans ce cas, le décideur doit tenter d’accroître le taux d’épargne. Dans un premier temps, la
consommation va baisser et l’investissement va augmenter. Au cours du temps, on obtiendra
un nouvel état stationnaire avec des niveaux de capital, de production, de consommation et
d’investissement plus élevé. Mais la différence avec le cas précédent est que la transition vers
le nouvel état exige dans un premier temps une baisse de la consommation. Ce qui est plus
difficile, surtout dans les pays pauvres, puisqu’il faut faire un choix entre le bien-être des
générations présentes et le bien-être des générations futures.
Le modèle de base de Solow décrit l’accumulation de capital mais n’explique pas en soi la
croissance économique durable. On remarque même que l’économie se rapproche en définitive
d’un état stationnaire dans lequel le capital et la production par tête sont constants. Il est donc
important, pour expliquer les phénomènes de croissance persistante d’introduire dans le modèle
deux sources supplémentaires de croissance que sont la croissance démographique et le progrès
technologique.
Nous supposons maintenant que la population croît au taux de croissance constant n.
Avec k= K/L et y = Y/L, la variation du stock de capital par travailleur devient :
(+n)k est le volume d’investissement tout juste nécessaire pour maintenir le stock de capital
par travailleur.
Le volume de k qui maximise la consommation (règle d’or) est alors celui pour lequel PmK =
+n (si PMK est élevé, K et k sont faibles. Pourquoi ?). Un taux de croissance démographique
élevée tend donc à appauvrir un pays dans la mesure où il est difficile de préserver un capital
par travailleur important.
Avec ces notations, la présente analyse se rapproche de celle faite pour la croissance
démographique. L’état stationnaire que l’on obtient ici représente un équilibre de long terme de
l’économie. Les impacts du progrès technologique à l’état stationnaire sont résumés dans le
Tableau 3.2 ci-après.
Tableau 3.2 : Taux de croissance à l’état stationnaire dans le modèle de Solow avec progrès
technologique :
Le Modèle de Solow montre que seul le progrès technique peut expliquer les niveaux de vie
(revenu par tête) en hausse persistante.
La règle d’or est modifiée de la façon suivante : le niveau du capital par unité d’efficience qui
maximise la consommation est donné par la maximisation de la consommation à l’état
stationnaire.
(12) : c* = f(k*) – (+n+g)k*
La consommation à l’état stationnaire est maximisée si :
(13) : PmK = +n+g ou bien PmK- = n+g : soit la productivité marginale nette du capital est
égale au taux de croissance de la production totale (n+g).
Les différences de croissance trouvent leur origine dans les singularités relatives au capital, au
travail et à la technologie. Prenons une Fonction de Production de type Cobb-Douglas donnée
par :
Y AK L1
A mesure le niveau actuel de la technologie en termes de productivité totale des facteurs. Si les
facteurs sont payés à leur productivité marginale, et 1 mesurent respectivement les parts
du capital et du travail dans la production totale.
La productivité totale des facteurs (PTF) peut être calculée indirectement par la relation :
A Y K L
(1 )
A Y K L
A
est la variation de la production non expliquée par les facteurs de production. On appelle
A
ce terme le résidu de Solow. La PTF intègre tout élément qui modifie la relation entre quantités
de facteurs mesurés et production mesurée. On peut montrer que dans le modèle où on a supposé
∆𝐴
que le progrès technologique s’opère via l’amélioration de la qualité de la main-d’œuvre, =
𝐴
∆𝐸
(1 − 𝛼) (Pouvez-vous le démontrer ?)
𝐸
La question concernant le taux d’épargne prévalant est de se demander s’il est trop faible, trop
élevé ou à peu près correct dans le sens d’une garantie de l’état stationnaire correspondant à la
règle d’or. Pour y répondre, il faut comparer la croissance totale de la production (g+n) au
rendement net du capital (PmK- ).
1) Si PmK- > g+n, l’économie fonctionne avec moins de capital que demande celui
correspondant à l’état stationnaire de la règle d’or. Il faut augmenter le taux d’épargne
avec les conséquences connues ;
2) Si PMK- < g+n, l’économie fonctionne avec plus de capital que ne demande celui
correspondant à l’état stationnaire de la règle d’or. Il faut diminuer le taux d’épargne
avec les conséquences que l’on connaît.
Application:
Que dire d’une économie où l’on a : k= 2,5y ; k = 0,10y ; n+g = 5% ; la part du capital dans la
production = 0,30. Vous supposerez que les facteurs sont rémunérés à la productivité marginale.
Réponse : =0,04 ; PMK = 0,12.
En ce qui la modification du taux d’épargne, il y a un double rôle de l’Etat : son rôle direct à
travers l’épargne nationale et son rôle indirect à travers ses incitations à épargner.
Si T-G < 0, il y a déficit public et effet d’éviction ; la dette nationale s’accroît et transmise aux
générations futures ;
Si T-G > 0, il y a excédent budgétaire, l’Etat résorbe la dette nationale et stimule
l’investissement.
Les mesures qui tendent à réduire la taxation des revenus du capital incitent à l’épargne privée.
Il faut cependant noter que le modèle de Solow n’en fait pas explicitement mention. Le modèle
de Solow ne fait mention que d’un seul type de capital alors que dans la vie réelle, il en existe
plusieurs : engins, usines, robots, ordinateurs, infrastructures publiques constituant le capital
physique, le capital humain qui désigne les connaissances en savoir-faire acquises grâce au
système éducatif au sens large (éducation formelle et formation sur le tard) et l’état de santé, le
capital financier, le capital naturel et le capital social. Les recherches récentes sur la croissance
économique montrent que le capital humain joue un rôle au moins aussi important que le capital
physique dans l’explication des différences internationales des niveaux de vie.
Pour stimuler la croissance économique, les pouvoirs publics doivent chercher les types
d’investissement qui génère plus de croissance économique, c’est-à-dire ceux avec des
productivités marginales plus élevées et y investir. Dans une large mesure, ils peuvent s’en
remettre au marché pour allouer le stock d’épargne entre les divers types d’investissement. Dans
ce cas, ce qu’on demande, c’est de réserver le même traitement (surtout fiscal) aux divers types
de capital. Cependant, certains types d’investissements génèrent tellement d’externalités
positives que leur rôle devient primordial (certains types d’infrastructures publiques, la
recherche scientifique fondamentale, certaines techniques, éducations et soins de santé
primaires, etc.). Ce qui demande de la part de l’Etat une politique technologique et
d’infrastructures appropriées.
Même si Solow n’explique pas son origine, il considère que c’est le progrès technologique qui
fonde la croissance soutenue du revenu par travailleur. Les pouvoirs publics ont tellement
compris l’importance du progrès technologique qu’ils incitent de diverses manières à investir
dans l’innovation technologique (brevets d’invention, dégrèvements fiscaux pour les
investissements en R&D, recherches universitaires, etc.).
La démarche pour intégrer ces faits dans les modèles de croissance est de modifier certaines
hypothèses de base du modèle de Solow. Le modèle de Solow comporte deux sources de
croissance : une source endogène, l’accumulation du capital (pourquoi ?) et une source exogène,
la quantité de travail disponible (et la technologie). Les hypothèses qui font que dans le modèle
de Solow, la production tend à s’essouffler sont :
a) la fonction de production est à rendements d’échelle constants ;
b) la productivité marginale du travail est décroissante et tend vers 0 (respect des conditions
d’INADA) car si les rendements d’échelle sont croissants, la trajectoire de croissance est
explosive et le théorème d’épuisement du produit (théorème d’Euler) est mis en cause
(expliquer cette hypothèse).
Soit : K (t ) K (0)e
sat
Ces équations montrent que des économies différentes ayant des points de départ différents
(K(0) différent) peuvent connaître des trajectoires très différentes, contrairement au modèle de
Solow.
On peut introduire dans ce modèle, le capital humain acquis par l’apprentissage, le progrès
technique, les formations et déterminer la répartition entre les deux types de capital : physique
et humain.
Les modèles de croissance endogène donnent une évolution sur le fil du rasoir. Une
modification des paramètres du modèle, aussi petite soit-elle, conduit à un changement radical
du régime de croissance qui devient nulle ou explosive selon le cas. Par exemple, le modèle de
croissance endogène de Romer se présente comme suit :
a(ΣKi) = (ΣKi)β, commun à toutes les entreprises et qui dépend du capital global ΣKi. Ce facteur
est supposé agir sur la force de travail comme facteur de qualification ou d’efficience, le E du
MS (l’apprentissage par la pratique). L’endogénéité du modèle de croissance endogène provient
du fait que la fonction a() a comme argument l’accumulation passée du capital.
Dans le cas où il y a symétrie, c’est-à-dire lorsque les quantités de travail et de capital sont
réparties en parts égales entre les entreprises, on a la fonction de production agrégée,
macroéconomique, donnée par:
Dans le dernier cas, la croissance est auto-entretenue à un taux constant et se fait sur le fil du
rasoir. Toute modification de β changerait radicalement le régime de croissance.
Les modèles de croissance endogène recommandent comme politique de l’Etat, des subventions
à l’investissement et à l’innovation technologique compensées par une fiscalité assise sur le
produit.
Encadré plus détaillé à lire sur la croissance endogène selon les auteurs principaux
Les modèles de croissance endogène attachent une importance capitale au rôle du progrès
technique.
Encadré plus détaillé à lire sur la croissance endogène selon les auteurs principaux
Dans une approche cognitive, les tenants de la croissance endogène ont mis au point
différentes sources d’explication du progrès technique afin d’enrichir notre connaissance des
facteurs de croissance. Ils poursuivent un objectif simple : trouver une explication permettant
de rejeter l’hypothèse d’une productivité marginale des facteurs de production décroissante
au niveau macroéconomique sans remettre en cause cette hypothèse au niveau de chaque
entreprise. Les principaux tenants de cette théorie sont : Paul Romer (1986), Robert Lucas
(1988), Robert Barro (1990) et Philippe Aghion & Howitt (1992).
Paul Romer (1986) : Si plusieurs firmes augmentent en même temps leurs investissements
elles vont connaître une croissance plus forte que celle qui résulterait pour chacune de leur
propre investissement : chacune profite du développement des autres (la productivité du
capital d’une entreprise dépend non seulement de ses propres investissements mais aussi du
stock total de capital dans l’économie). En accumulant du capital chaque firme acquiert des
connaissances qui bénéficient aussi aux autres firmes : l’apprentissage par la pratique et la
diffusion du savoir éliminent la décroissance des rendements parce qu’ils ont un effet externe
positif. La diffusion des connaissances (évoquée dès le début des années 60 par Kenneth
Arrow), l’augmentation de la dimension des marchés (Adam Smith et plus tard Allyn Young
- 1928), sont à l’origine de ces externalités positives.
Les rendements des facteurs ne sont pas décroissants au niveau global parce qu’il y a des
externalités quand on accumule en même temps plusieurs facteurs. Il convient donc
d’examiner les théories des externalités.
Robert Lucas (1988) : Dans la perspective ouverte par Gary Becker, Lucas considère qu’il
faut traiter le travail comme du capital humain qu’on peut accumuler au même titre que le
Encadré plus détaillé à lire sur la croissance endogène selon les auteurs principaux
capital fixe. Le capital humain est produit par l’éducation à un taux endogène puisque le
salarié « investit dans lui-même » en fonction de son salaire (actuel/futur). L’élévation de la
qualification a un effet externe positif. Par ailleurs le capital humain n’a pas des rendements
décroissants parce que le niveau de connaissance d’un individu est d’autant plus efficace que
celui des autres (avec lesquels il communique) est plus élevé. La productivité individuelle est
fonction de l’efficacité de l’équipe dans laquelle il travaille. La connaissance est partagée et
chaque connaissance nouvelle entraîne l’apparition de connaissances supplémentaires...Le
rythme de croissance d’une économie dépend donc forcément de la part des ressources
qu’elle consacre au système de formation et aux dépenses d’éducation.
Robert Barro : L’État achète des produits et offre des services publics gratuits (financés par
des impôts ou des emprunts) qui améliorent la productivité du capital et du travail dans
chaque entreprise. Les dépenses publiques d’infrastructure ont un effet externe positif. La
production de chaque entreprise dépend des dépenses publiques, au même titre qu’elle
dépend du capital installé et du travail utilisé. Le capital public est un facteur de production.
Cela n’a de sens que si le financement des investissements publics n’entraîne pas un effet
contraire sur l’investissement privé (effet d’éviction). Dans la même perspective, d’autres
économistes indiquent que l’ouverture aux échanges joue un rôle stimulant sur la productivité
des facteurs de production.
On distingue deux types de limite à la croissance : les facteurs qui entraînent son ralentissement
et les limites de son impact sur la réduction de la pauvreté.
Les facteurs identifiés comme freins à la croissance économique sont :
a) la modification de la structure de la force de travail due à son rajeunissement par exemple
(problèmes de manque d’expérience, du « learning by doing») ;
b) le durcissement de la réglementation en matière d’environnement ;
c) la hausse des coûts de l’énergie (pétrole par exemple) ;
d) le ralentissement de la créativité en matière technologique ;
e) les crises financières.
Par ailleurs, si la croissance est importante pour la réduction de la pauvreté, elle n’est pas
suffisante car il existe des expériences de croissance en faveur uniquement des populations non
pauvres (confère chapitres 5 et 6 sur le développement).
III.9. EXERCICES :
I. On suppose que deux pays A et B ont la même fonction de production données par :
Y = F(K,L) = K1/2L1/2
Y = production, K = quantité de capital et L= quantité de travail..
a) Quel est le type de rendements d’échelle de cette fonction de production ?
b) Déterminer la fonction de production par travailleur ?
c) Supposons que la croissance démographique et le progrès technologique soient nuls et
que le taux d’amortissement soit de 5% dans les deux pays. Le pays A épargne chaque
année 10% et le pays B, 20%. Trouver les niveaux stationnaires du capital, du revenu et
de la consommation par travailleur.
d) Si chaque pays démarre avec un niveau de capital par travailleur initial de 2, quels sont
les niveaux de revenu et de consommation par travailleur ?
e) Reprenez les questions c et supposant que la croissance démographique dans le pays A
est de 3%.
f) Réalisez les représentations graphiques.
II. Supposons qu’une économie décrite par le modèle de Solow soit en état stationnaire avec
une croissance démographique n de 1% et un progrès technologique g de 2% par an. La
production totale et le capital total augmentent chacun de 3% par an. La part distributive du
capital dans le produit total est de 30%. Quelles sont les fractions de la croissance de la
production totale qu’on peut attribuer au capital, au travail et à la productivité totale des facteurs
(PTF )?
CHAPITRE 4 : EMPLOI
Ce chapitre définit les différents concepts liés à l’emploi et cherche à répondre à certain : quel
est le lien exact entre le chômage et la production ? Pourquoi les gouvernants se préoccupent-
ils tant du taux de chômage ? Quelles sont les relations entre les prix et le niveau d’emploi ?
A- Concepts
Il s’agit ici de clarifier les termes actifs, inactifs, population active, chômeurs, chômage
frictionnel, chômage structurel et chômage cyclique.
On appelle actifs, aussi bien ceux qui effectuent n’importe quel travail rémunéré que ceux qui
ont des emplois mais ne travaillent pas pour raison de maladie, de grève ou de vacances. Les
inactifs comprennent les scolarisés qui ne travaillent pas, les adultes au foyer, à la retraite, trop
malades pour travailler ou qui tout simplement ne recherchent pas de travail. Les chômeurs
comprennent ceux qui ne sont pas employés mais recherchent activement du travail ou attendent
leur retour à la vie active. Le chômeur ne doit pas se borner à penser au travail. Il doit justifier
d’efforts spécifiques pour retrouver un emploi. Les actifs et les chômeurs constituent la
population active.
Officiellement, ceux qui ont des emplois sont des actifs. Les personnes sans emplois mais à la
recherche de travail sont des chômeurs. Les personnes sans emplois qui ne recherchent pas de
travail ne font pas partie de la population active. Le taux de chômage est le nombre de chômeurs
divisé par la population active totale.
Le chômage cyclique existe quand la demande globale de travail est insuffisante. Quand la
dépense totale et la production diminuent, le chômage augmente pratiquement partout. Il y a
donc chômage cyclique quand l’emploi diminue à la suite d’un désajustement entre l’offre et la
demande globales. La distinction entre le chômage cyclique et les autres pertes d’emplois est
fondamentale pour les économistes en termes de diagnostic sur l’état de santé du marché de
travail.
Y=f(n) (1)
La fonction f est croissante puisque si l’on augmente les effectifs employés, la production
dy
augmentera. Si on note la productivité marginale du travail, i.e. l’accroissement du volume
dn
de la production dû à l’emploi d’une unité supplémentaire de main-d’œuvre, on aura :
d2y
f ' ' ( n) 0
dn2
L’augmentation de la production sera de plus en plus faible au fur et à mesure que les effectifs
employés et la production augmentent. Comment se détermine alors le volume de l’emploi ?
La section suivante retrace le comportement des entreprises et des salariés en matière de
demande et d’offre de travail.
2- La demande de travail
La théorie néoclassique admet que la firme détermine la quantité de travail qu’elle doit
employer en maximisant son profit П dont l’expression est :
p Y w n C (2)
Où P est le prix du bien produit par la firme ; Y la quantité de bien produit, w le salaire ; n la
quantité de travail employé et C les coûts autres que ceux du travail qui sont supposés fixes.
d dy
Le profit atteint un extremum pour : p w 0 . La condition de second ordre,
dn dn
d 2 d2y
p 0 , est vérifiée puisque conformément à la loi des rendements décroissants.
dn 2 dn 2
La firme atteindra un profit maximum en employant une quantité de main-d’œuvre telle que la
dy w
productivité marginale du travail soit égale au salaire réel (rapport entre le salaire
dn p
nominal w et le prix du produit p).
En portant sur le même axe, le salaire réel et la productivité marginale du travail, on obtient le
graphique 4.6.
dy w n
,
dn p
w
p 1
w
p 2 D
n1 n2
Graphique 4.6 : Demande et productivité marginale du Graphique 4.7 : Demande de travail des E/ses en fonction
travail du salaire réel
Sur le graphique 4.6, plus le salaire réel est faible, plus la demande de travail des entreprises est
élevée. En inversant les axes, on obtient la demande de travail des entreprises en fonction du
salaire réel (graphique 4.7).
3- L’offre de travail
Pour analyser l’offre de travail, la théorie néo-classique part du comportement d’un salarié et
étend cette analyse à l’ensemble des salariés. Dans cette théorie, le travail est conçu comme une
désutilité. Cette désutilité augmente avec la quantité de travail effectué. Il est ainsi possible de
représenter graphiquement la désutilité du travail U w en fonction de la quantité de travail
effectué (graphique 4.8 de gauche). D’autre part, au fur et à mesure que la quantité de travail
augmente, la désutilité marginale du travail (désutilité de la dernière unité de travail effectué)
augmente également. En d’autres termes, la peine résultant de la dixième heure de travail est
plus grande que celle résultant de la neuvième heure. L’évolution de la désutilité marginale en
fonction de la quantité de travail effectuée est représentée par la figure 4.9 de droite.
U w dU w
dn
n n
Figure 4.8 : Désutilité du travail Figure 4.9 : Désutilité marginale du travail
L’utilité nette totale U que le salarié retire de son offre de travail n peut être formulée comme
égale à :
w
U n U w
p
w w
Si le travailleur offre n unités de travail, il retire un gain égal à n où est le salaire réel
p p
rémunérant une unité de travail et il subit un coût U w égal à la désutilité résultant de la quantité
de travail qu’il offre. Il atteint le maximum d’utilité en offrant une quantité de travail telle que :
dU w dU w w dU w
0, soit
dn p dn p dn
Le salarié maximise donc son utilité en offrant une quantité de travail telle que le salaire réel
soit égal à la désutilité marginale de la quantité de travail qu’il offre.
dU w w
Si , le salarié a intérêt à offrir davantage de travail puisque le gain qu’il retire d’une
dn p
unité supplémentaire de travail est supérieur à la peine qu’elle lui coûte. En augmentant son
offre de travail, il augmente la désutilité marginale de son travail. En revanche, si la désutilité
dU w w
marginale de son travail est supérieure au salaire réel ( ), il a intérêt à diminuer son
dn p
offre de travail puisque l’unité marginale de travail lui coûte plus qu’elle ne rapporte. Dans tous
dU w w
les cas, il atteint son utilité maximale lorsque .
dn p
En portant sur le même axe, salaire réel et désutilité marginale du travail en ordonnée et en
abscisse le niveau d’emploi, on perçoit que la quantité de travail offerte est une fonction
croissante du salaire réel (graphique 4.10). Si on admet que le comportement d’un salarié peut
être étendu à l’ensemble des salariés, l’offre de travail globale des salariés apparaît comme une
fonction croissante du salaire réel. On peut représenter l’offre de travail des salariés en fonction
du salaire réel par le graphique 4.11 suivant.
n
dU w w
,
dn p
w
p 2
w
p 1
w
p
n1 n1
n
L’offre de travail étant une fonction croissante et la demande, une fonction décroissante du
w
salaire réel, il en résulte sur le marché de travail un salaire réel d’équilibre ainsi qu’un
p e
volume d’emploi d’équilibre ne et par conséquent un volume de production d’équilibre ye. Les
graphiques 4.12 et 4.13 illustrent ce point d’équilibre ainsi que le niveau de la production
d’équilibre.
Offre
ne
ne
Demande
w y
w
p
p e
ye
B-Chômage
Si nous notons npe l’emploi de toute la population active (ou plein-emploi de la main d’œuvre),
il se peut que npe soit supérieur à l’emploi observé à l’équilibre. La différence entre npe et ne
représente la population des chômeurs. Les graphiques 4.14 et 4.15 illustrent les situations de
chômage ainsi que les conditions de rétablissement du plein emploi.
n
n
Offre Offre
npe
ne ne
no Demande
Demande
w
D
w w
w
w p O p
p PE w
O
w p e
p
p e p PE
Graphique 4.15 : Equilibre du marché et chômage
Graphique 4.14 : Equilibre du marché du travail
Sur le graphique 4.14, la quantité de travail située entre npe et ne correspond à une main d’œuvre
O
w w
désireuse d’offrir du travail à la condition que le salaire réel soit compris entre et
p e p PE
. Pour les classiques, le chômage que l’on peut observer dans une économie est de nature
volontaire parce qu’il correspond à une main d’œuvre qui refuse volontairement de
s’embaucher, considérant comme trop faible le salaire réel résultant de l’équilibre du marché
de travail (Pouvez-vous imaginer l’incongruité de cette affirmation ?). Si l’on veut atteindre le
plein-emploi de la main d’œuvre, il est nécessaire de diminuer le salaire réel jusqu’au niveau
D
w
étant donné la contrainte de demande de travail.
p PE
La cause du chômage réside donc, selon les classiques, dans la fixation du salaire réel à un
niveau trop élevé. Le graphique 4.15 illustre bien ce cas. Partant d’une situation d’équilibre (ne,
w w
), élevons artificiellement le salaire réel et maintenons-le constant au niveau . Ce
p e p O
qui revient à dire que la fonction d’offre de travail change et devienne une droite, la droite
w w
verticale = . On suscite ainsi l’apparition d’un chômage égal à (ne - no) (est-ce vrai ?
p p O
ou plus ?). Deux causes contribuent à maintenir artificiellement le salaire réel élevé selon la
théorie classique. La première réside dans l’existence des syndicats et la seconde est due à
l’existence d’allocations de chômage.
Les syndicats peuvent empêcher les salariés d’accepter et les entreprises d’accorder, des salaires
inférieurs à un niveau qu’ils jugent en dessous minimum (le SMIG). Les syndicats sont donc
des instituions qui empêchent le libre jeu de la concurrence. En introduisant un élément de
rigidité sur le marché du travail, ils provoquent l’apparition d’un chômage qui n’aurait pas
existé sans leur intervention. Ils protègent par leur action les travailleurs syndiqués qui
n’auraient pas perçu un salaire aussi élevé mais dans le même temps, ils créent un chômage. Le
sursalaire des uns est ainsi payé par le chômage des autres.
L’allocation de chômage provoque l’élévation artificielle du salaire réel puisqu’elle rend les
demandeurs d’emploi plus exigeants en matière de rémunération.
Les politiques de lutte contre le chômage massif consistent donc à faire diminuer les salaires
réels et pour cela, restreindre les pouvoirs des syndicats afin de laisser les salaires se fixer
librement, et ensuite supprimer ou diminuer les allocations de chômage afin de réduire les
exigences des demandeurs d’emploi (Exemple du SMIG jeunes aux USA).
Beaucoup d’économistes pensent que le chômage augmente quand les salaires ne sont pas
suffisamment flexibles pour assurer l’équilibre des marchés. Nous chercherons ici à
comprendre les raisons de cette rigidité et comment elle est à l’origine du chômage involontaire.
En inversant les axes, on parvient à un raisonnement analogue à celle de la théorie classique.
Soient la courbe d’offre d’un groupe de travailleurs représentée par OO sur le graphique 4.16
et DD la demande de travail des entreprises. La courbe d’offre devient complètement
inélastique pour la quantité L* correspondant à des niveaux élevés de salaire.
Lorsque les salaires s’élèvent et baissent pour assurer l’équilibre du marché du travail, il n’y a
aucune sorte de chômage involontaire. L’équilibre du marché du travail est atteint au point E
pour un salaire d’équilibre W (graphique 4.16).
O
O D
Taux de salaire
Taux de salaire
nominal
D
Chômage
involontaire
Actifs H G
Actifs
W’ J F
W E
A Actifs E
F D
W
O Chômage D L
volontaire * L
L Population active
Travail Travail
Population active Graphique 4.17 : Salaires rigides
Figure 4.16 : Salaires flexibles
Les entreprises sont disposées à embaucher tous les travailleurs qualifiés qui désirent travailler
au salaire courant. Le nombre d’actifs est représenté par le segment AE. Certains membres de
la population active désirent travailler mais à un salaire plus élevé. Ceux-ci (segment EF) sont
volontairement au chômage. Ce sont peut-être des travailleurs peu productifs qui préfèrent le
loisir à un travail faiblement rémunéré. Un marché de travail, parfaitement flexible ne connaît
pas de chômage involontaire. Tant que les prix et les salaires fluctuent à la hausse ou à la baisse,
les marchés trouveront leur équilibre. Toutefois, comment peut-on expliquer que des
travailleurs parfaitement qualifiés, désireux de travailler au prix courant soient au chômage ?
Keynes explique que les salaires ne s’ajustent pas pour assurer l’équilibre des marchés du
travail. Dans ce cas, un déséquilibre peut survenir entre les demandeurs d’emplois et les emplois
vacants. Le graphique 4.17 montre comment les salaires rigides peuvent provoquer un chômage
involontaire. A la suite d’une perturbation, le taux de salaire est devenu W’, plus élevé que le
taux d’équilibre W. A ce taux W’, le nombre de travailleurs demandeurs d’emplois est G alors
que les firmes sont disposées à offrir H emplois à ce taux. Il y a donc plus de travailleurs
demandeurs d’emplois que d’employeurs demandeurs de travailleurs. Les travailleurs au
chômage représentés par le segment HG sont considérés comme des chômeurs involontaires.
Quand il y a excédent de travailleurs, les firmes rationnent les emplois en élevant le niveau de
compétence exigé, en augmentant la charge de travail et en recrutant les plus qualifiés ou plus
expérimentés. En cas de déséquilibre sur le marché, les firmes ont tendance à faire varier, sauf
dans des cas extrêmes, le niveau minimum de qualifications requises pour un emploi plutôt qu’à
modifier les salaires. C’est seulement au-delà d’une certaine période que les salaires et les
traitements sont modifiés pour refléter les pénuries et ou les excédents (généralement pas plus
d’une fois en 1 an).
Quand le salaire est trop bas, on observe la situation inverse où les firmes passent des annonces
ou inscrivent sur les portes et fenêtres qu’elles recherchent des travailleurs pour des postes
vacants.
Application
Pouvez-vous présenter une autre perspective de l’équilibre sur le marché de travail basée sur
l’asymétrie d’information amenant les entrepreneurs à payer volontairement des salaires élevés
afin d’attirer et de maintenir des salariés de qualification élevée ? Pouvez-vous en déduire que
le chômage peut-être volontaire ?
CHAPITRE 5 : INEGALITE ET PAUVRETE
Pour sortir les individus de la pauvreté, il faut de la croissance économique. Une augmentation
de la production intérieure brute bénéficie non seulement à ceux qui vivent au-dessous du seuil
de pauvreté mais aussi à ceux qui sont proches ou le dépassent considérablement. De fait, sans
une croissance économique durable, certains pays continueront à vivre avec un faible niveau de
revenu contrairement à d’autres. Ces différences de revenu expliquent l’augmentation des
inégalités entre pays ou entre certaines catégories de ménages dans un pays. Du coup, la
pauvreté peut être une source des inégalités et vice versa. Le chapitre est structuré de la manière
suivante :
IV1 : Concepts et mesure d’inégalité et de la pauvreté
IV2. Indicateurs d’inégalité et de pauvreté
IV3 : Questions d’analyse
IV4 : Politique de lutte contre les inégalités et la pauvreté
1- Le rang (R)
Le rang est le rapport entre l’écart du revenu des individus les plus riches et les plus pauvre et
1
le revenu moyen de l’ensemble de population. On a : R ( y m y1 ) . Cette mesure est sujette
à de nombreuses critiques. Un changement du statut d’un pauvre, par exemple du deuxième
plus pauvre au deuxième plus riche ne modifie pas la formule du rang. Ensuite, le rand ne prend
pas en compte des informations plus détaillée sur la répartition des revenus. Il s’applique à
l’ensemble des pauvres et des riches et selon la catégorie de personnes.
2- Ration de Kuznets
Simon Kuznets (Prix nobel d’économie) à utiliser des ratios pour étudier la distribution du
revenu dans les pays développés dans les pays en voie développement. Ces ratios correspondent
à des parts de revenus que reçoivent les 20% ou 40% des plus pauvres ou 10% des plus riches.
3- Ecart absolu moyen (M)
C’est la première mesure des inégalités qui prend en compte toutes les informations sur la
distribution des revenus. L’hypothèse fondamentale faite ici est que l’inégalité est
proportionnelle à la distance entre les revenus moyens. La formule se présente comme suit :
1
n yj
m
M
n i j j
Cependant, cette mesure sous-estime l’effet du changement de statut entre les pauvres et les
riches.
Le coefficient de Gini est l’indicateur de mesure le plus approprié des inégalités. Il prend en
compte les valeurs extrêmes des revenus. il se calcul comme suit :
1 m m
G 2 n j nk y j y k
2n j 1 k 1
B- Pauvreté et mesure
α
n zy
Pα 1. i , 0
Ni1 z
z = seuil de pauvreté
N = population totale
n= nombre de pauvres
1 n z yi
P ( )
1 N i 1 z
P1 mesure le taux de transfert de revenu moyen dont on a besoin pour amener tous les pauvres
au seuil de pauvreté. P1 mesure la profondeur de la pauvreté. Il permet d’apprécier l’intensité
du phénomène de la pauvreté.
1 n
z y
1 n z yi n i 1 i
I ( ) =
n i 1 z z
z-yi mesure pour chaque pauvre i, l'écart entre son revenu (yi) et le revenu au seuil de pauvreté
(z). I est donc fonction des distances des pauvres au seuil de pauvreté et du nombre de pauvres.
C’est une mesure des ressources (normalisée par z) requises pour éliminer la pauvreté.
Comme l'indice d'écart de revenu (I) ne prend en compte que le nombre de pauvres, il
est souvent suggéré qu'on utilise P1 donné par :
P1=HI
H, P1 et I ne mesurent pas la privation relative (inégalité entre les pauvres) puisqu'une unité
monétaire d'écart de revenu pour le plus pauvre a le même poids pour tous ceux qui sont en
dessous du seuil de pauvreté. Ce qui est contradictoire avec l’hypothèse des utilités marginales
décroissante. C’est pourquoi, on a recours à P2.
2
1 n
z y
P2 z i
N i 1
D’une façon générale, plus est élevé, plus P est sensible au niveau de vie des plus pauvres
et prend mieux en compte les aspects de distribution de revenu.
Une propriété de cet indice, utilisée en analyse de politique économique, est qu'il est
décomposable entre groupes (sexe, sources principales de revenus, milieux de résidence, etc.).
Si la population totale est décomposée en groupes, on peut facilement montrer que l'indice de
pauvreté agrégé P2 d'une population est une moyenne pondérée des indices P2k calculés pour
les groupes k de taille Nk.
N
k P
Soit: P
2 2k
k N
Cet indice est généralement le plus utilisé.
Population et productivité
Contrairement aux pessimistes, les optimistes estiment que l’essor de la croissance
démographique peut avoir un effet sur la productivité à travers plusieurs raisons. En premier
lieu, une population accrue peut générer des économies d’échelle dans la production et la
consommation (la construction de routes, la construction d’infrastructure publique de santé et
d’éducation). En second lieu, la pression démographique peut susciter les évolutions
techniques, la mise en œuvre des innovations technologique. En fin, pour certains économistes,
notamment Julien Simon, une population plus importante comporte un nombre accru de
créateurs, et notamment des entrepreneurs qui peuvent apporter un concours majeur à la
solution des problèmes de l’humanité.
Capital humain
En 1964, dans son ouvrage Human Capital, Gary Becker (Prix Nobel d’économie, 1995),
définit le capital humain comme l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert
par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire, etc. Autrement dit,
le capital humain est un actif, un patrimoine, un stock susceptible de procurer un revenu
devenant ainsi un sous-ensemble dans la notion globale de capital.
La littérature économique distingue trois formes d’investissement tels que : l’investissement au
sein de la famille, le learning by doing (externalité) et le learning or doing (secteur éducatif).
L’investissement au sein de la famille signifie que les parents éduquent les enfants. Les parents
subissent les coûts (renoncement à de la production) et les enfants profitent des gains (salaire
plus élevé). Il faut donc un paramètre d’altruisme pour que les parents éduquent leurs enfants
(Becker, Tamura etMurphy 1990).
Le learning by doing signifie que l’accumulation du capital humain se fait par la pratique. C’est
en travaillant que l’on acquière des connaissances et que l’on devient plus productif.
Le learning or doing signifie que l’accumulation du capital humain se fait par le renoncement
à du travail pour accumuler du capital humain
En résumé, le capital humain serait une dépense que l’on fait pour soi-même, pour améliorer sa
propre productivité (ou capacité à produire). Ces dépenses peuvent prendre diverses formes: se
soigner, se former, éduquer les enfants, financer un voyage pour travailler ailleurs, etc. Ce sont
des dépenses en capital humain.
Education : est une formation qui peut être formelle ou informelle en vue d’améliorer les
capacités à produire d’un individu en particulier. Dans la typologie classique et même dans la
littérature économique, l’éducation se distingue en deux catégories : l’éducation officielle
concernant le niveau élémentaire, secondaire et supérieur et l’éducation non officielle
regroupant toute forme de formation dont le processus d’acquisition est différente de celui
l’éducation officielle.
Dans cette optique, la mesure de l’éducation dépend de l’objet de la recherche ou d’études. En
effet, plusieurs indicateurs ont proposés pour mesurer la part de l’éducation dans un pays ou
d’une nation donnée.
Taux brut d’inscription : est le nombre total d’enfants inscrits dans une catégorie d’école
donnée, divisé par le nombre d’enfants dans la tranche d’âge correspondant officiellement à ce
niveau de scolarité.
Le taux nets d’inscription porte sur les seules inscriptions des enfants faisant partie de la tranche
d’âge pertinente.
Le taux de survie scolaire évalue le nombre d’enfants qui terminent effectivement un certain
niveau d’études.
On peut également mesurer l’éducation par la part des dépenses en éducation dans les dépenses
totales du pays.
VII2 : Question d’analyse
Quel est l’effet de l’éducation sur la croissance économique? Quel est l’effet du capital humain
sur le revenu ? Quel est l’effet des offres de formation universitaire sur la performance des
étudiants au Bénin ? Quel est l’effet de la formation du nouveau programme sur le salaire des
diplômés sur programme ?
VII3 : Modèle d’analyse : modèle de Solow avec capital humain
Pour mieux expliquer l’évolution de la croissance économique, contrairement aux modèle de
Solow, les auteurs néoclassiques ont intégré dans le modèle de Solow, l’évolution de la quantité
de main d’œuvre (Mankiw-Romer-Weil, 1992). C’est-à-dire, qu’on peut améliorer le capital
humain en investissant dans le système éducatif et celui de la santé. Ainsi, l’accumulation seule
du capital physique ne suffit pas à accroître la croissance économique.
En partant de la fonction de production de type Cobb-Douglas, la fonction devient Y = F(K, H,
AL) (1), avec K le stock de capital physique, H le stock de capital humain et L, désigne le
nombre de travailleur dans l’économie ; A, représente le paramètre technologique. En supposant
que les progrès techniques sont exogènes, le taux de croissance du progrès technique croît au
taux constant, c’est-à-dire A / A g a .
En supposant que k K ; hH et y Y , la dynamique de l’économie se présente
AL AL AL
comme suit : k s k y ( g n g a )k (2) et h s h y ( g n g a )h (3). Pouvez-vous les
démontrer ?
A l’état stationnaire, les équations (2) et (3) deviennent respectivement sk y * ( g n g a )k *
et sh y * ( g n g a )h* . Pour un stock de capital par tête donné, si k<k* alors le capital par
travailleur sera croissant et si k>k* il sera décroissant (Pouvez-vous l’expliquer à travers une
représentation graphique ?)
VII4 : Politique d’amélioration de la performance de l’éducation
La faible des rendements du système éducatif pèse sur le
Les facteurs de faibles rendements inters des systèmes éducatifs dans les pays en voie de
développement : les sous-investissements, les mauvaises affectations des moyens publics entre
les différents niveaux de formation et aux gaspillages systémiques auxquels donne lieu
l’utilisation des ressources dans les écoles. Le manque de volonté publique dans le cadre de
suivi des investissements effectués dans le domaine
Modernisation des établissements d’enseignement
La réduction des coûts de l’éducation : mise en œuvre des programmes de formation
Utilisation inefficace des ressources :
L’argent n’explique pas tout : mettre l’accent sur la qualité des écoles)
Sous-investissement : malgré les avantages ou les gains économiques que génère l’éducation,
de nombreux pays en développement dépensent trop peu dans l’éducation des enfants pour deux
raisons fondamentales : en premier lieu, l’évaluation des taux de rendement sont au mieux
imprécises et en deuxième lieu, l’augmentation des sommes consacrées à l’éducation ne garantit
pas que l’argent soit bien dépensé et débouchera sur de meilleurs résultats du système éducatif.
Cela s’explique par les difficultés de fiscales, l’éducation et les services sociaux en général sont
fréquemment, à l’opposé des forces militaires ou du service de la dette, victimes des réductions
budgétaires. Les baisses d’activité économique et les taux de croissance négatifs pèsent sur les
dépenses éducatives.
Mauvaise affectation des ressources : le choix des dépenses entre les différents niveaux
d’éducation : primaire, secondaire et supérieur.
Modernisation des établissements d’enseignement : amélioration des conditions de travail
au niveau du système éducatif.
CHAPITRE 8 : SANTE ET DEVELOPPEMENT
Tout comme l’éducation, la santé joue un rôle également important dans l’accumulation des
facteurs de production ainsi que dans le processus de création de la richesse. Le chapitre
précédent explique que l’investissement en capital humain en termes d’éducation est un facteur
déterminant de l’augmentation la productivité des individus. De même, une personne en bonne
santé aura tendance à améliorer ses capacités de production que celle qui ne l’est pas.
VIII1 : Concepts et mesures
VIII2 : Question d’analyse
VIII3 : Modèle d’analyse
VIII4 : Politique d’amélioration de performance sanitaire
-religieuses : certains préfèrent voyager pour faire rituels religieux dans des pays d’accueil que
leur pays d’origine.
-économiques (faiblesse du revenu et chômage dans les pays d’origine et forte demande de
travail dans les pays d’accueil).
-éducatif : certains individus préfèrent étudier à l’étranger que dans leur propre pour plusieurs
raisons (possibilité de trouver un emploi après la formation, la qualité du système éducation).
-sanitaire :
-touristique
IX3 : Question d’analyse
Quel est l’effet de la migration sur la croissance économique au Bénin ?
Les transferts de fonds de migrants déterminent-ils le niveau de développement des pays à
revenu intermédiaire ?
Les déplacements internes influencent-ils la croissance rurale au Bénin ?
X1 : Concepts d’environnement
D’une manière générale, l’environnement est un ensemble des éléments constitutifs du milieu
où vit l’homme (eau douce, eau courante, terre arable, couverture végétale, etc.). En science de
gestion, l’environnement est un ensemble de facteurs socio-économiques qui influent sur la vie
de l’entreprise : la concurrence, l’Etat, la législation sociale, financière, commerciale, les
groupes de pression, lobbies, syndicats, associations de consommations. Ainsi, on distingue
plusieurs formes d’environnement : politique, économique, social et culturel, environnement
technologique et écologique, environnement légal ou juridique. En économie, l’environnement
est définit comme un actif composite qui fournit un ensemble de services. L’environnement
offre aux populations des matières premières qui sont transformées en bien de consommation
grâce au processus de production et aussi de l’énergie qui fournit le carburant nécessaire à la
transformation.
L’environnement rend aussi des services directement aux consommateurs : l’air que nous
respirons, ce que nous mangeons et ce que nous buvons, les matériaux que nous utilisons pour
construire nos maisons et les textiles avec lesquels nous tissons nos vêtements sont fournis de
manière directe ou indirecte par l’environnement.
Question d’analyse
Quel est la relation entre l’environnement et la croissance économique ?
Quel est l’effet de l’environnement sur la pauvreté dans les pays en voie de développement ?
CHAPITRE 11 : INSTITUTION ET DEVELOPPEMENT
Le développement est une préoccupation permanente des pays. Les points suivants sont abordés
dans ce chapitre :
Il va sans dire que ces trois composantes du développement sont liées. Le manque d’estime de
soi et de liberté résulte d’un niveau de vie très faible et le manque d’estime de soi et
l’emprisonnement économique sont liés dans un cercle vicieux et perpétuel de pauvreté en
produisant un sens de fatalisme et d’acceptation de l’ordre établi, une sorte d’accommodation
de la pauvreté (Galbraith, 1980). Ne dit-on pas que « la pauvreté a un curieux avantage : on
apprend à vivre » ou que « la pauvreté est une richesse des peuples ».
On peut donc dire qu’il y a développement d’un pays quand il y a amélioration dans la
satisfaction des besoins de base, quand le progrès économique a contribué au sens profond de
l’estime de soi pour le pays et ses individus et quand le progrès matériel a élargi la gamme des
choix individuels. (libertés de faire et d’être, Amartya Sen). Ainsi, la condition de se sentir
développé est aussi un état d’esprit.
Les 17 ODD :
Cette définition contient la notion de besoins, en particulier les besoins essentiels des pauvres
et autres groupes marginalisés ou désavantagés auxquels la plus grande priorité doit être
accordée. Elle contient également l’idée de limitations imposées par l’état de la technologie et
de l’organisation sociale sur la capacité de l’environnement à satisfaire équitablement les
besoins présents et futurs. Elle porte donc naturellement les notions d’équité intra et
intergénérationnelle. (équité horizontale et verticales). Aussi, pouvons-nous affirmer que
l’objectif principal du développement durable est d’assurer un niveau de bien-être économique
« raisonnable » et équitablement distribué et qui peut être perpétué ou amélioré continuellement
de génération en génération. Il intègre donc les objectifs économiques, sociaux et
environnementaux et la participation et le consensus des parties prenantes.
L’aspect matériel du développement est celui qui est le plus mesuré dans la littérature. Les trois
indicateurs les plus usités sont le PNB ou PIB, l’IDH et l’indicateur de pauvreté, investissement
authentique.
Le PNB a été très longtemps utilisé comme mesure du niveau de vie ou développement d’un
pays. PNB = PIB + revenus nets reçus par les nationaux du reste du monde
Le PNB étant défini comme la valeur produite par les nationaux d’un pays, le produit national
net (PNN) par habitant est souvent utilisé comme une mesure du niveau de vie d’un pays. De
même la croissance du PNB est souvent interprétée comme l’amélioration du niveau de vie.
Cette vue peut être trompeuse. En effet, le PNB est un critère de ressources ou encore de
production tandis que le niveau de vie est un critère d’emploi ou encore de consommation. Mais
cette distinction ne serait pas gênante si le revenu était également réparti. Il y a une différence
plus importante, à savoir que le niveau de vie englobe beaucoup plus de facteurs que ne le fait
le PNB par habitant. Plus concrètement,
- le PNB ne mesure pas la production de biens et services totalement gratuits qui
améliorent pourtant le niveau de vie. A titre d’exemples, on peut citer le travail de la mère au
foyer, l’entraide villageoise, la chasse ou la pêche individuelle, le bois mort d’une forêt ou
encore la chaleur du soleil ;
- le PNB ne prend pas en compte les externalités de production et de consommation,
qu’elles soient positives (jardins publics) ou négatives (pollution, inondation causée par la
déforestation ou la mauvaise occupation de l’espace). Donc le PNB ne prend pas en compte
l’amélioration ou la détérioration du capital naturel dans le temps ;
- le PNB ne mesure équitablement que les biens et services qui ont une valeur
internationale. Par exemple, la coupe de cheveux et les heures dépensées par une femme de
ménage ne sont pas équitablement mesurées au Bénin et aux Etats-Unis.
Pour corriger cette imperfection dans l’utilisation du PNB (ainsi appelé dans le Système de
Comptabilité Nationale des pays membres de l’ONU depuis 1953 pour désigner le Revenu
National Brut-RNB au prix du marché) comme mesure du niveau de vie, le PNUD a proposé et
utilisé depuis 1990 un nouvel indicateur de mesure de niveau de vie appelé Indice de
Développement Humain (IDH).
Idéalement, l’IDH devrait pouvoir tenir compte de plusieurs facteurs (destruction de
l’environnement, libertés civiles et politiques, etc.). Mais, le PNUD a préféré ne retenir que
trois facteurs, pour construire son indice. Il s’agit du niveau de santé représenté par l’expérience
de vie à la naissance, le niveau d’instruction représenté par le taux d’alphabétisation des adultes
pondérée par 2/3 et par le nombre moyen d’années d’étude pondéré de 1/3, et enfin le PIB par
habitant après une double transformation tenant compte de la différence de pouvoir d’achat
(PIB PPA en utilisant pour tous les pays un même ensemble de prix mondiaux) existant d’un
pays à l’autre et du fait que le revenu n’augmente pas le bien-être de façon linéaire (concavité
de la fonction d’utilité). Dans chacun des cas, chaque facteur est exprimé sur une échelle de 0
à 1 par la transformation :
Exemple :
En considérant les limites suivantes :
Espérance de vie à la naissance : 25 ans-85 ans
Alphabétisation des adultes : 0%-100%
Taux de scolarisation : 0%-100%
PIB réel par habitant (PPA) : 100 PPA-6154 PPA