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I- CHINE : PAYS DEVELOPPÉ EN DÉVELOPPEMENT et Etat economique des lieux

Deuxième puissance économique mondiale, la Chine, ne se considère pas comme développée. Le statut
de pays en développement lui permet de jouir de plusieurs avantages au sein des organisations
internationales, mais la légitimité de ce titre est remise en question.

‍ La Chine est dans une situation de jeu à double vitesse: elle peut jouer à la fois la carte de la grande
«
puissance mondiale dont dépendent plusieurs pays sur les plans économique et militaire, tout en
maintenant le statut de pays en voie de développement », illustre la professeure adjointe au
département de science politique à l’Université de Montréal Marie-Ève Reny.

Il est vrai que ces dernières années, l’économie chinoise a connu une croissance rapide qui lui a permis
de se hisser au rang de deuxième économie mondiale, juste derrière les États-Unis. D’ailleurs, dans les
récents reportages que les médias européens ont réalisés au sujet des différends commerciaux sino-
américains, la Chine est généralement décrite comme un « pays développé » en émergence rapide,
remettant en question le titre de « maître du monde » jusqu’alors détenu par les États-Unis..

Certes, la Chine s’est développée à un rythme prodigieux et a réalisé des prouesses depuis, mais
comparé aux pays développés d’Europe et d’Amérique, elle demeure de toute évidence un pays en
développement. On peut dire que la Chine se trouve actuellement à mi-parcours. Il lui reste donc un
long chemin à parcourir avant de pouvoir être reconnue comme un pays développé.

Premièrement, son développement est inégal, laissant manifestement apparaître un fossé urbain-rural.
De nos jours, le taux d’urbanisation sur le territoire chinois s’élève à 58 %, soit moins que dans les pays
développés où ce taux est de l’ordre de 80 %. Les inégalités de revenu entre les résidents urbains et
ruraux sont importantes. Le revenu disponible des citadins est 2,7 fois supérieur à celui des
campagnards ; de même, la consommation par habitant des citadins est 2,2 fois supérieure à celle des
villageois. En outre, l’écart entre les infrastructures et les services publics à disposition dans les villes et
les campagnes est plus prononcé en Chine que dans les pays développés.

D’ailleurs, les campagnes sont très miséreuses et difficiles à fréquenter. Dans le programme de
réduction de la pauvreté en Chine rurale, la réhabilitation des routes est considérée comme un
préalable à l’enrichissement des habitants. C’est pourquoi, ces dernières années, la Chine a construit
massivement des voies de circulation, mais néanmoins, la densité du réseau routier est encore peu
élevée. En 2017, elle s’établissait à 0,51 km/km², contre 5,8 km/km² en Allemagne, 2,7 km/km² en
Pologne et même 1,8 km/km² en Inde.

Prenons maintenant les infrastructures sanitaires à titre d’illustration. Le récent film indien intitulé
Toilet: Ek Prem Katha (Toilettes : une histoire d’amour) a mis en lumière le fait que les agriculteurs ne
possèdent généralement pas de toilettes. Le même problème s’observe dans les campagnes chinoises.
Cette absence de toilettes illustre bien la carence en installations sanitaires et établissements de santé
en Chine rurale. L’année 2015, le gouvernement chinois a donné le coup d’envoi à la campagne
surnommée « révolution des toilettes ». En un peu plus de trois ans, plus de 70 000 toilettes ont été
installées ou rénovées. Malgré ces mesures, seuls 36,2 % de la population rurale utilisent des WC
modernes ; 58,6 % ont recours à des latrines ; et encore 4,69 millions de ménages ne disposent pas de
toilettes. De la même façon, il reste beaucoup de travail à accomplir pour parfaire l’aménagement des
campagnes chinoises, notamment garantir l’accès à l’eau potable, bâtir des hôpitaux et établir des
installations de télécommunication.

Le développement déséquilibré entre les régions de l’est et de l’ouest est un autre problème qui
persiste en Chine. Dans les zones Beijing-Tianjin-Shanghai et Jiangsu-Zhejiang-Fujian, à l’est du pays, le
PIB par habitant a dépassé 13 000 dollars, l’équivalent du salaire minimal dans les pays à revenu élevé.
Mais dans certaines zones défavorisées de l’ouest, des habitants n’ont même pas assez pour se nourrir
et se vêtir ! D’ailleurs, l’objectif de réduction de la pauvreté affiché dans ces zones se résume à garantir
aux résidents ruraux « trois repas par jour et des vêtements en toutes saisons ». Ajoutons que cette
situation de développement déséquilibré se reflète également dans la répartition des revenus,
l’importance accordée à la protection de l’environnement et le niveau de sécurité sociale.

Deuxièmement, le niveau de développement par habitant reste inférieur à la moyenne mondiale.


Certains médias occidentaux, en basant leurs statistiques relatives à la Chine sur la parité de pouvoir
d’achat, ont obtenu en résultat des chiffres anormalement élevés. Ils en ont conclu que « le revenu
national brut de la Chine est désormais le premier au monde » et que « le PIB chinois par habitant a
rattrapé le niveau des pays à revenu élevé ». Mais ces calculs ne permettent pas de peser le pour et le
contre…

À partir de statistiques émises par des institutions faisant autorité, le FMI (Fonds monétaire
international) calcule le PIB par habitant d’après la parité de pouvoir d’achat. Puis, selon les résultats,
chaque pays est classé en tant qu’économies avancées, émergentes ou en développement. Et la Chine
appartient toujours à cette dernière catégorie. Pour l’heure, la Banque mondiale répertorie la Chine
dans les pays à revenu moyen et élevé sur la base de son revenu national brut par habitant (le
classement comporte quatre catégories : pays à faible revenu, pays à revenu faible ou intermédiaire,
pays à revenu moyen et élevé, et pays à revenu élevé). Pourtant, en 2017, le revenu national par
habitant de la Chine atteignait 7 310 dollars, soit seulement 15 % de celui perçu aux États-Unis et 25 %
de celui perçu en France. Ce montant est non seulement bien loin du revenu par tête dans les pays à
revenu élevé, mais il est aussi inférieur à la moyenne mondiale établie à 10 387 dollars. S’il est calculé
sur la base du PIB par habitant, le revenu national par habitant en Chine s’élevait à environ 9 700 dollars
en 2018, toujours moins que le salaire minimal fixé à 13 000 dollars dans les pays à revenu élevé.

En outre, le PIB par habitant ne peut être l’unique critère déterminant si un pays fait partie des pays en
développement ou des pays développés. L’indice de développement humain (IDH) publié par le
Programme des Nations Unies pour le développement est également un indicateur majeur. En 2017,
dans le classement mondial des pays selon l’indice IDH, la Chine apparaissait au 86e rang, à un niveau
intermédiaire, loin derrière des pays européens comme l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Troisièmement, le modèle de développement initial, non durable, doit être transformé et mis à niveau.
Le niveau global de productivité demeure peu élevé dans la société chinoise et la structure productive
n’est pas assez rationalisée. Il reste du chemin à parcourir pour transformer les méthodes de
développement existantes axées sur l’investissement et la consommation. À l’avenir, la Chine devrait
accorder plus d’attention aux critères environnementaux dans son développement, car la préservation
des écosystèmes est de plus en plus une exigence du peuple. Il convient d’améliorer l’efficacité des
investissements, qui est tombée dernièrement à 1:7, soit un ratio nettement plus bas que dans les pays
développés.

Le peuple chinois est l’un des plus « travailleurs » au monde, puisqu’il travaille en moyenne plus de 2
200 heures par an, un cumul bien plus élevé que les pays développés d’Europe et d’Amérique. Dans une
enquête qui a été menée à ce propos à travers les mégalopoles du globe, de manière générale, les villes
chinoises caracolent en tête des villes les plus travailleuses, tandis que Paris a été identifiée comme la
ville où les semaines de travail sont les plus courtes. Dans certaines entreprises technologiques en
Chine, il existe la règle tacite du « 996 » qui signifie : on commence le travail à 9 h le matin et on quitte
le travail à 9 h le soir ; 6 jours par semaine. Un rythme insoutenable qui a vivement été décrié.

Derrière ce phénomène se cache une vérité difficile à entendre : l’économie chinoise est un « colosse
aux pieds d’argile » dont l’innovation technologique est insuffisante. Par rapport aux pays développés,
l’industrie manufacturière en Chine est gigantesque, mais se cantonne au bas de la chaîne industrielle
mondiale. Quant au volume des échanges avec l’extérieur, il est monumental, mais la structure du
commerce n’est pas avancée : la Chine exporte surtout des « travaux physiques » accomplis par de la
main-d’œuvre bon marché et importe des « travaux intellectuels » réalisés par des experts qualifiés. De
surcroît, l’édification culturelle de la Chine, sa force de défense nationale, ses sciences et technologies
ainsi que son niveau de gouvernance sociale sont autant d’autres points à améliorer.
À l’heure actuelle, la Chine cherche à promouvoir le « développement de haute qualité » de son
économie via des réformes structurelles du côté de l’offre, afin d’encourager la mise à niveau
industrielle. Toutefois, ce processus ne se fera pas du jour au lendemain et demandera une grande
persévérance.

Quatrièmement, le développement se heurte aux mauvaises interprétations des autres pays. À l’heure
où la Chine passe d’un développement à grande vitesse à un développement de haute qualité, la priorité
absolue consiste à répondre à l’aspiration des citoyens, à savoir accéder à une vie meilleure. De nos
jours, la Chine compte encore 30 millions de pauvres, sans parler des 80 millions d’handicapés, des 200
millions de personnes âgées et des 15 millions de chômeurs en recherche d’emploi chaque année. Il est
urgent de résoudre tous ces problèmes sociaux par le biais du développement.

Cependant, les médias occidentaux, lorsqu’ils traitent de la Chine, ne rendent pas compte de ces réalités
de façon objective et induisent leur auditoire en erreur. S’ils abordent le développement rapide de la
Chine, c’est pour propager la « théorie de la menace chinoise » ; s’ils évoquent les défis auxquels la
Chine fait face dans son développement, c’est pour insister sur la « théorie de l’effondrement de la
Chine ». Dans une certaine mesure, cela confirme que la Chine est encore un pays en développement,
car dans l’opinion publique internationale, le droit de parole et même le pouvoir de mise à l’agenda sont
réservés aux pays développés.

Par ailleurs, La croissance de la Chine est fondée sur des réserves importantes de matières premières,
exploitées de manière intensive. Elles sont toutefois insuffisantes dans certains domaines, obligeant à
recourir aux importations.

1. Des ressources minières importantes

• Les ressources du sous-sol chinois sont très importantes. Elles sont situées dans plusieurs régions,
essentiellement au nord et à l'ouest du territoire. Elles ne sont donc pas situées dans la Chine littorale,
qui profite le plus de l'émergence et de l'intégration à l'espace mondial. Leur exploitation demande donc
une approche territoriale différente.

• Du point de vue des matières premières énergétiques, la Chine est au troisième rang des réserves
mondiales de charbon. Elle exploite cette ressource de manière intensive, puisqu'elle est le premier
producteur et le premier consommateur mondial. Le recours au charbon diminue la dépendance
énergétique. Elle alimente les grandes zones industrielles, surtout dans le nord du pays, en
Mandchourie, ainsi que la production électrique nécessaire aux grandes métropoles : 68,7 % de
l'électricité du pays provient du charbon et le pays extrait 3,9 milliards de tonnes par an. Du point de vue
des hydrocarbures, le pays possède d'importantes ressources en gaz et en pétrole, étant respectivement
12e et 13e producteur mondial. Les gisements de gaz se trouvent plutôt dans le centre du pays, ceux de
pétrole, surtout dans l'Est, mais aussi, pour les réserves supposées les plus importantes, dans le Xinjiang.
• Du point de vue des terres rares, la Chine est le premier producteur mondial et possède les plus
importantes ressources de la planète. Ceci lui confère un avantage dans le domaine de la production de
haute technologie, ces produits étant nécessaires pour réaliser des batteries, des écrans et autres
éléments entrant dans la composition des ordinateurs, téléphones et véhicules électriques qui sont
autant d'éléments stratégiques.

La Chine : des ressources et des environnements sous pression

L'émergence de la Chine et les recompositions territoriales qu'elle connaît ont de profondes


conséquences sur les ressources et l'environnement. La croissance chinoise est fondée sur une
production industrielle qui met en jeu d'importantes quantités de matières premières énergétiques et
de minerais. Si la Chine importe la plupart des hydrocarbures qu'elle consomme, elle exploite
massivement le charbon, avec des conséquences importantes sur l'environnement. D'autres ressources
sont largement disponibles, comme les « terres rares », le lithium par exemple, qu'elle exploite.
L'apparition d'une classe moyenne et supérieure de plus en plus nombreuse entraîne également une
explosion de la consommation intérieure, qui accroît encore la consommation de ces matières
premières et la pression sur l'environnement. Quels sont les défis liés à l'environnement et aux
ressources en Chine ? Quelles sont les perspectives d'un développement durable sur ces questions ?

2. Des ressources énergétiques insuffisantes

• Cependant, certaines de ces ressources sont insuffisantes, en particulier les hydrocarbures. Malgré les
réserves et leur exploitation, et même si le charbon tient une place décisive, l'émergence de la
circulation automobile liée à l'apparition d'une classe moyenne qui accède à l'achat d'un véhicule
conduit la Chine à importer une part importante de sa consommation. Tant en pétrole qu'en gaz, le pays
est le premier importateur mondial et sa dépendance énergétique atteint parfois plus de 60 % de sa
consommation.

3. Les ressources agricoles

• Devant nourrir une population de près de 1,4 milliard d'individus, la Chine doit également répondre au
défi de la production alimentaire. En riz et en blé, bases de son alimentation, le pays est à peu près
autosuffisant. Même si la population a cessé de s'accroître, suite à la politique de l'enfant unique menée
depuis les années 1970, puis aux effets de la croissance économique (le taux de fécondité diminuant
dans la part de la population accédant à un niveau de vie comparable à celui d'un pays industriel
développé) et qu'elle devrait même diminuer suite à son vieillissement, les besoins alimentaires se sont
accrus.

• L'urbanisation et la modification des modes de vie ont transformé la question de l'alimentation :


l'autosuffisance quantitative évolue vers des besoins qualitatifs. Les classes moyennes supérieures
(environ 132 millions de personnes) sont ainsi d'importantes consommatrices de viande et de produits
laitiers. Là encore, le pays a longtemps répondu par des importations, qui se montaient à 65 milliards de
dollars en 2017. Il se tourne aujourd'hui vers des solutions consistant à contrôler d'autres zones de
productions, parfois situées en dehors du pays, à diversifier ses approvisionnements et à investir des
capitaux dans des FTN du secteur de l'agroalimentaire.

II – L’economie des pays africains et la relation sino- africaine

A- Generalite sur la Situation économique des pays africains

L’Afrique est le continent le moins développé et le moins avancé de la planète. La situation économique
progresse mais pose la question, dans un contexte de forte croissance de sa démographie, de sa
capacité à faire face à la progression du chômage de masse et du sous-emploi.

Les économies des États africains sont peu diversifiées, elles souffrent de la corruption et de la
fuite des capitaux ainsi que de l'importance de l'économie informelle. Pourtant, l'Afrique possède de
forts potentiels de développement et de nombreux atouts. En outre, il y a le mauvais état des
infrastructures routières, l'insuffisance des moyens techniques et financiers (capitaux), l'insuffisance de
la main- d'œuvre qualifiée, la faible ou la mauvaise exploitation des ressources minières et énergétiques
etc.

Plusieurs sont les obstacles qui freinent cette croissance de l’économie: le manque de vision
politique, l'instabilité politique, la faiblesse de la taille du marché, les difficultés d'accès au financement,
et le faible niveau du capital humain .

 Produit intérieur brut

Le produit intérieur brut (PIB) global de l'Afrique subsaharienne est de 1 743 milliards de dollars
américains en 2018[4] (en dollars constants 2011, et utilisant les taux de change officiels des monnaies
de l'année 2011), soit 2,05 % du PIB mondial. . L'Afrique du Nord a un PIB par habitant en PPA de 11000
$ en PPA, indice de 70 par rapport à la moyenne mondiale qui est de 100

En 2018, toujours selon les taux de change officiels, le pays ayant le PIB le plus élevé du continent est le
Nigeria avec 395 milliards de dollars et le pays ayant le PIB par habitant le plus élevé est la Guinée
équatoriale[7]. L'étude du PIB montre de grandes disparités régionales. Ainsi, en 2015, trois pays, le
Nigéria, l'Afrique du Sud et l'Égypte représentent à eux seuls plus de la moitié du PIB africain[8].
En 2013, la Libye était le pays le plus développé d'Afrique si on se réfère au classement IDH (Indice de
développement humain) établi par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

En 2022, l'Afrique représente 18 % de la population mondiale mais seulement 3 % du PIB mondial[9].

 Population et PIB par habitant

En 2014, le PIB par habitant y est en moyenne de 3 513 $ (ajustés pour assurer la parité des pouvoirs
d'achat)[10] alors que la moyenne mondiale se situe à 14 956 $ par habitant[11].Le taux de croissance
de la population africaine est le plus élevé au monde, à 2,42 % en moyenne en 2015[12]. Cette
croissance est particulièrement forte en Afrique de l'Est, de l'Ouest et Centrale, où sont les pays les
moins développés. Du fait de la Transition démographique retardée, d'après les projections, la
croissance économique africaine continuera à être accompagnée d'une croissance démographique
forte[13], ce qui est à la fois un facteur de croissance du PIB mais constitue un obstacle pour la hausse
du PIB par habitant

 Croissance économique

La croissance économique africaine s'est située à 3,9 % par an en moyenne sur la période 2008-
2012[14], et a été supérieure à la croissance mondiale depuis lors[15].

Derrière cette moyenne se cachent des disparités importantes : les pays exportateurs d'hydrocarbures
ont progressé plus vite que les autres, à la suite de la hausse des cours du pétrole ; d’autres ont
régressé, et particulièrement le Zimbabwe, qui a connu une crise grave. Les pays exportateurs de
pétrole ont enregistré un excédent budgétaire de 5,3 % du PIB tandis que les pays importateurs
affichent un déficit de 1,2 %, la moyenne continentale étant de 1,7 %[16]. L'inflation fut de 7 % en
moyenne entre 2002 et 2007. En 2007, 60 % des pays d'Afrique ont connu un taux d'inflation égal ou
supérieur à 5 %[17].

La situation économique du continent progresse cependant et la Banque mondiale estimait que la


plupart des économies africaines étaient susceptibles de rejoindre la catégorie des pays à revenu
intermédiaire avant 2025[18]. Moins optimiste, Serge Michailof note que le chômage de masse s'étend
dans un contexte de corruption et de développement urbain anarchique[19]. Il fait remarquer que « le
continent est toujours tiré par des exportations de matières premières non transformées et risque de se
borner à développer des services à faible valeur ajoutée ». De plus, la croissance démographique est
telle qu'il est impossible d’assurer une éducation convenable. Il pointe enfin du doigt le franc CFA qui
affaiblit la compétitivité des produits africains car il est adossé à l'euro et surévalué[20].
 Croissance du PIB continental

Le PIB continental continue à croître dans la décennie 2010, malgré la chute des cours du pétrole[21],
[22].. De 2008 à 2018, le taux de croissance du PIB en PPA est de 3,9 % en Afrique subsaharienne et de 3
% en Afrique du Nord, mais respectivement de 1,2 % et de 1,4 % par habitant

L’Afrique subsaharienne compte plus d’un milliard d’habitants, dont la moitié aura moins de 25 ans en
2050. Forte de sa diversité et de ses ressources humaines et naturelles, la région dispose d’atouts
considérables pour parvenir à générer une croissance inclusive et mettre fin à la pauvreté. Avec un
marché de 1,2 milliard d’individus et la création de la plus grande zone de libre-échange au monde, le
continent s’engage dans une voie de développement radicalement nouvelle qui saura exploiter le
potentiel que représentent sa population et ses ressources.

L’Afrique compte à la fois des pays à revenu faible, à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et de
la tranche supérieure, ainsi que des pays à revenu élevé. On trouve sur le continent 22 pays fragiles ou
en situation de conflit et 13 petits États faiblement peuplés, au territoire restreint et disposant d’un
capital humain limité.La croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait décélérer à 3,3 % en
2022, contre un taux de 4,1 % l'année dernière. En cause, le ralentissement de la croissance mondiale, la
hausse de l’inflation exacerbée par la guerre en Ukraine, des conditions météorologiques défavorables,
le resserrement des conditions financières mondiales et un risque croissant de surendettement. Ces
tendances compromettent la réduction de la pauvreté, déjà mise à mal par l’impact de la pandémie de
COVID-19. La hausse de l’inflation pèse sur l’activité économique en Afrique subsaharienne en
décourageant les investissements des entreprises et la consommation des ménages. En juillet 2022, 29
des 33 pays d’Afrique subsaharienne pour lesquels des informations sont disponibles présentaient des
taux d’inflation supérieurs à 5 %, tandis que 17 pays affichaient une inflation à deux chiffres.

En 2022, la dette devrait rester élevée en Afrique subsaharienne, à 59,5 % du PIB. Huit des 38 pays de la
région admis à emprunter à l’IDA sont en situation de surendettement, et 14 risquent fortement de
venir s’y ajouter. Les gouvernements africains ont consacré 16,5 % de leurs recettes au service de la
dette extérieure en 2021, contre moins de 5 % en 2010. À l’avenir, la croissance devrait rebondir pour
atteindre 3,5 % en 2023 et 3,9 % en 2024. Si l’on exclut l’Afrique du Sud et l’Angola, la sous-région de
l’Afrique de l’Est et australe devrait connaître une croissance de 4,5 % l’année prochaine et de 5 % en
2024. En Afrique du Sud, l’économie n’a progressé que de 0,2 % en glissement annuel au deuxième
trimestre 2022, contre 2,7 % au trimestre précédent. Elle devrait croître de 1,9 % cette année, soit 0,2
point de pourcentage de moins que les projections d’avril. L’économie angolaise est l’une des
principales bénéficiaires de l’amélioration des termes de l’échange, qui permettra d’atteindre une
croissance réelle de 3,1 % en 2022, contre 0,8 % l’année précédente. L’économie kenyane devrait fléchir
à 5 % en 2023 (contre 5,5 % l’année précédente) puis remonter à 5,3 % en 2024.Hors Nigéria, la sous-
région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre devrait connaître une croissance de 5 % en 2023 (contre 4,2
% l’année précédente) puis atteindre 5,6 % en 2024. La croissance du PIB réel du Nigéria devrait ralentir,
de 3,6 % en 2021 à 3,3 % en 2022, en raison des mauvaises performances du secteur pétrolier. Les
économies de l’UEMOA devraient se redresser, après le ralentissement de 2022 (4,9 %), pour atteindre
une croissance de 6,4 % en 2023 et de 7 % en 2024. En Côte d’Ivoire, la croissance devrait rebondir à 6,8
%, contre 5,7 % en 2022. Après un ralentissement en 2022 (4,8 %), la croissance au Sénégal devrait
grimper jusqu’à 8 % en 2023 et 10,5 % en 2024. Au Cameroun, l’économie poursuivra sa croissance post-
pandémie en 2023 (4,3 %) et 2024 (4,6 %), soutenue par l’investissement et la consommation privée.

 les termes de l'échange

L'économie africaine a historiquement été l'objet de convoitise pour ses ressources naturelles, et plus
récemment dépendante du cours des matières premières et sujette aux fluctuations des termes de
l'échange. Les combustibles représentent aujourd'hui 63 % de ses exportations vers les autres États de la
planète, les minerais 10 % et seulement 2 % pour les matières premières issues de l'agriculture[15].

Le continent connait une tertiairisation importante, et ne compte pas seulement sur les industries
extractives pour créer de la richesse[24].

 Minerais

L'Afrique est réputée avoir un sous-sol extrêmement riche. Elle possède environ 30 % des réserves
mondiales en minerais dont 40 % des réserves en or, 60 % du cobalt et 90 % du platine[25].

Ces ressources sont cependant concentrées dans quelques régions (or et diamants en Afrique du Sud,
cuivre en République démocratique du Congo et en Zambie).

 Source d'énergie

1. Pétrole

En 2013, l'Afrique possèderait 7,7 % des réserves pétrolières mondiales prouvées[26], soit 1303 millions
de barils. Ces réserves sont concentrées sur 2 pays en particulier : la Libye et le Nigeria. La Libye arrive
en tête avec 2,9 % des réserves mondiales, le Nigeria possèderait 2,2 %.En 2013 l'Afrique compte pour
10,1 % de la production mondiale de barils de pétrole, soit 8.8 millions de barils par jour. Cette
production émane principalement du Nigeria (2.3 millions de barils par jour), de l'Angola (1.8) et de
l'Algérie (1.6).

2. Gaz naturel

Les principales réserves africaines en gaz naturel sont situées au Nigeria et en Algérie, avec
respectivement 2,45 % et 2,16 % des réserves mondiales. L'Algérie est le premier producteur.

3. Charbon
L'Afrique du Sud est le seul pays d'Afrique avec une production de charbon importante, la situant en 7e
position mondiale.

4. Uranium

L'Afrique possède environ 21 % des réserves mondiales en uranium. Les ressources se situent au Niger
(7 % des ressources mondiales), en Namibie (6 %), Afrique du Sud (6 %), en Tanzanie (1 %) et Botswana
(1 %)[29]. Le principal producteur est le Niger, 4e producteur mondial avec 4 528 tonnes en 2013. La
Namibie est 5e avec 4 315 tonnes. Le Malawi a produit 1 132 -tonnes.

5. Thorium

L'Afrique possède environ 10 % des réserves mondiales en thorium. Les ressources se situent en Égypte
et en Afrique du Sud[29].

 Agriculture

Le secteur agricole emploie toujours la majorité des Africains (62 % en 2012[15]) et reste un secteur peu
productif. Le continent présente ainsi le plus grand écart de rendement de la planète : quand les
producteurs céréaliers aux États-Unis, en Chine et dans les pays de la zone euro obtiennent quelque 6
tonnes de céréales par hectare, les paysans d’Afrique subsaharienne n’en produisent que 1 t en
moyenne[30].

L'Afrique possède 16,5 % des terres arables mondiales, pour 16 % de la population[31].

 Production industrielle

L'industrie n'a jusqu'ici contribué que de manière modeste à la croissance africaine. L'Afrique ne
représente donc encore qu'un très faible pourcentage de la valeur ajoutée manufacturière mondiale
(VAM) et des exportations manufacturières mondiales : 1,1 pour cent et 1,3 pour cent respectivement
pour 2008[32].De 1980 à 2013 le poids de l'industrie dans l'économie du continent est passé de 12 % à
11 %, se maintenant ainsi au plus bas niveau de toutes les régions en développement[33].Le manque de
capacité industrielle concerne les produits manufacturés à forte valeur ajoutée comme ceux à faible
valeur ajoutée.

 Commerce

En 2007, l'Afrique a exporté pour 422 milliards de dollars de marchandises, soit une augmentation
de 16 % depuis 2000. Parallèlement, elle a importé pour 355 milliards (+ 15 % depuis 2000). Les pays
exportateurs de pétrole comptent pour 58,5 % des exportations et 27,3 % des importations[42].

Les produits primaires représentent en moyenne 80 % des exportations des pays africains; à l'inverse,
les importations concernent en majorité des produits manufacturés. Les pays d'Afrique commercent
essentiellement en dehors du continent (Europe, Asie et Amérique du Nord) tant pour les importations
que pour les exportations. Les volontés de diversification de la production et des échanges se heurtent à
l'étroitesse des marchés locaux et régionaux ainsi qu'au faible pouvoir d'achat de la population[43].Les
échanges avec l'Asie s'intensifient dans les deux sens depuis 2000. Entre 2000 et 2005, les exportations
vers la Chine ont quadruplé pour atteindre 19,5 milliards de dollars et 7 % des exportations totales, pour
14,9 milliards d'importations (6 %). En 2005, la Chine est le troisième partenaire commercial du
continent derrière les États-Unis et l'Union européenne. Le Nigéria est le principal partenaire africain de
l'Inde, le pétrole représentant la quasi-totalité de ses exportations (96 %) vers ce pays. La demande
chinoise en coton a fait croître les exportations des producteurs de 41 %, augmentant leur PIB de 1,1
%[44].

Les pays d'Afrique importent d'Asie essentiellement des produits manufacturés, mais aussi du riz et des
céréales depuis l'Inde. La Chine exporte des produits électroniques et des articles de maison bon
marché[44].En 2014, les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique avec 222 milliards de dollars
dépassent de loin les échanges avec les États-Unis qui ont franchi la barre des 73 milliards de dollars, ce
qui représente 1,8 % du commerce américain, un montant en baisse en raison de la réduction des achats
de pétrole d'Afrique de l'Ouest du fait de l'exploitation des gisements américains de pétrole de
schiste[45].

 Commerce de services

Le commerce de service a rapporté 84 milliards de dollars en 2007, dont 21,4 % pour l'Égypte et 15,4 %
pour l'Afrique du Sud. Les importations, augmentant dans les mêmes proportions, se montèrent à 97
milliards[46].La valeur des exportations totales de services commerciaux de l’Afrique à destination du
monde a plus que doublé de 2004 à 2014[15].

 Dette

De nombreux États africains connaissent un profond déséquilibre budgétaire, lequel a conduit à une
aggravation de la dette publique. La dette est un problème qui touche inégalement les pays africains. Les
pays africains importateurs de pétrole ont eu un ratio dette/PIB plus élevé (35,1 %) que les pays
exportateurs de pétrole du continent (8,5 %) en 2013. Les pays exportateurs de pétrole sont en
moyenne moins endettés que les importateurs, les pays de l'Afrique de l'Est et de australe sont plus
endettés que le reste. Les pays de l'Afrique occidentale sont les moins endettés. Le problème de la dette
africaine a parfois conduit à des interventions du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque
mondiale (BM).Il est régulièrement procédé à des annulations de dettes, de manière bilatérale entre les
pays créditeur et débiteur, ou bien multilatérale sous l'égide de l'initiative pour l’allègement de la dette
au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE)[56].
La dette extérieure totale est de 255 milliards de dollars. Les accords d'allègement de la dette ont
ramené la dette publique de 205,7 milliards en 1999 à 114,5 milliards en 2008. La dette privée est quant
à elle passée de 92,4 à 110,2 milliards[. En 2020, l’endettement total du continent est estimé à 365
milliards de dollars, dont un tiers est détenu par la Chine[59].

B- Fonctionnement des Relations sino- africaines et Intensification de la politique chinoise en Afrique

La République populaire de Chine connaît des relations commerciales florissantes avec le continent
africain, et est dorénavant responsable de 4,2 % des IDE[52], soit 2.5 milliards de dollars sur un total de
59.3 en 2012.Le premier pays ayant reçu des investissements chinois est le Soudan : pétrole en 1994,
banque en 2000[53]. En 2005, on comptait officiellement 820 entreprises chinoises[54] installées en
Afrique. Les investissements chinois ont fortement augmenté au point de dépasser ceux consacrés à
l'Asie du Sud-Est. Les échanges commerciaux se montent à 29 milliards d'euros[54]. La compagnie
chinoise Sinopec cherche du pétrole au Gabon. Le 3 novembre 2006 a lieu le Forum sino-africain de
Pékin qui réunit les chefs d'État du continent noir. La Chine est devenue le deuxième partenaire
commercial de l'Afrique, avec 39,7 milliards de dollars en 2005[55].Le continent africain compte
officiellement 130 000 Chinois installés (2006)[53] et représente pour la Chine une immense source de
matières premières et d'énergie, ainsi qu'un marché pour ses produits.

Si les flux commerciaux entre la Chine et le continent noir restent encore limités, leur croissance est
significative. Les échanges entre la Chine et l’Afrique ont représenté 18,4 milliards de dollars en 2003
contre 12,39 milliards de dollars l’année précédente. Aujourd’hui, la Chine figure parmi les premiers
partenaires commerciaux de nombreux pays africains (deuxième client du Gabon après les Etats-Unis,
deuxième fournisseur du Bénin, cinquième fournisseur de l’Afrique du Sud, sixième fournisseur de
l’Algérie…). Les entreprises chinoises dans le domaine du bâtiment et des travaux publics (BTP) sont
devenues des rivales des groupes français comme Dumez ou Bouygues. La Chine a multiplié ces
dernières années la construction d’infrastructures4, secteur dans lequel son savoir-faire et sa
compétitivité sont indéniables. L’Afrique n’en reste pas moins une terra incognita pour la Chine.

En Afrique de l’ouest, le président du Bénin, Mathieu Kérékou avait dès sa prise du pouvoir (1972)
trouvé un appui auprès de Pékin, rétablissant les relations diplomatiques entre les deux pays
suspendues depuis 1967. M. Kérékou s’est rendu à trois reprises en Chine (1976, 1986, 1998). La Chine a
construit au Bénin le stade de l’Amitié en 1982, puis deux ans plus tard, la Manufacture de cigarettes et
d’allumettes (Manucia). De mai 1987 à avril 1993, la Chine et le Bénin ont été associés dans le cadre de
l’entreprise Sitex (Société des industries textiles du Bénin)5. La Chine a également construit dans ce pays
l’hôpital de Lokassa en 1997.

Toutefois, le continent africain ne représente à ce jour que 2,3 % des exportations de la Chine et 2 % de
ses importations. Le commerce sino-africain reste dominé par les échanges avec l’Afrique du Sud, 20 %
de la valeur du commerce entre la Chine et l’Afrique. Une situation logique puisque l’économie sud-
africaine (avec un PNB équivalent à ceux de tous les autres Etats de l’Afrique sub-saharienne réunis)
reste la plus dynamique de la région. Les principaux clients de la Chine sont ensuite le Nigeria, l’Egypte,
le Maroc, l’Algérie, puis le Soudan et le Bénin .

*Financement et parts de marché

Le géant Chinois s’illustre depuis la fin des années 80 par ses performances impressionnantes dans
presque tous les domaines. Tant du point de vue interne que du point de vue externe. C’est ainsi qu’en
moins de deux décennies la Chine est devenue le plus grand partenaire économique du continent
Africain. Dans tous les domaines, à travers ces compagnies et dans tous les Secteurs d’activités, la Chine
investi, finance des infrastructures, apporte des aides « au développement », et donne des prêts à des
taux préférentiels aux différents pays du continent.Ainsi dit, le partenariat Sino-africain touche tant le
secteur public que le secteur privé contrairement aux idées reçues qui laissent penser que le partenariat
Sino-africain est un partenariat exclusivement public-public.

La Chine, le plus grand partenaire économique de l’Afrique

Un partenariat peut être défini comme étant une association active d’au moins deux entités, qui restent
autonomes l’une à l’égard de l’autre mais qui acceptent de mettre en commun leurs efforts en vue de
réaliser un commun objectif. Ce qui implique ainsi l’identification d’un intérêt commun mais aussi une
responsabilité réciproque entre les entités et une motivation allant jusqu’à l’obligation dans certains cas.

Ainsi défini, le partenariat sino-africain touche une très large gamme de secteurs : le commerce, les
infrastructures, la santé, l’agriculture…La coopération sino-africaine est d’autant plus importante que les
parties ont décidé, depuis 2000 de se retrouver tous les 3 ans, dans le cadre d’un forum en l’occurrence
le Forum de la Coopération Sino-Africaine (FCSA) ou communément appelé sous l’acronyme anglais
Focac (Forum on China-Africa Cooperation). Il s’agit d’un sommet sino-africain à l’image du sommet des
chefs d’Etats France-Afrique.

Lors du 1er Sommet du FCSA qui s’est tenu à Pékin du 10 au 12 Octobre 2000 les deux parties ont
élaboré les points qui sont les « piliers » de cette coopération. Il s’agit de cinq points qui s’articulent
comme suit :

 L’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique

 La coopération gagnant-gagnant sur le plan économique

 Les échanges et l’inspiration mutuelle sur le plan culturel

 La solidarité et l’assistance mutuelle sur le plan sécuritaire

 Cimenter l’unité, la coopération et la coordination dans les affaires internationales.

Ce qui ressort de ces différents points est que l’ambition des parties ne se limite pas à la seule
coopération économique. Toutefois la coopération économique reste l’aspect le plus saillant si on se
rapproche de plus prêt à l’évolution de ce partenariat notamment depuis 2000.
Ainsi depuis cette date le géant chinois n’a cessé d’augmenter ces investissements notamment dans les
infrastructures sur le continent africain qui passe de 0,6 milliards dollars en 2003 à 7 milliards de dollars
en 2006 Ceci étant la Chine ne cache pas son intention en affirmant clairement que son engagement sur
le continent n’est pas désintéressé. L’économie chinoise étant en pleine mutation, celle-ci a besoin de
matières premières. Dès lors la quasi-totalité des pays africains étant en phase d’industrialisation, ces
derniers ont grandement besoin de l’expertise chinoise. Sachant que la Chine a été dans un passé
encore récent dans la même situation que les pays africains : pays pauvre, pays peu industrialisé …Ainsi,
si la Chine montre son intérêt à l’égard de tout le continent africain, il y a tout de même des pays qui
bénéficient plus des investissements chinois que les autres. Ces pays sont souvent des pays riches en
matières premières mais aussi des pays riches en pétrole.

En tête de ces pays on a le Nigeria qui est non seulement un pays en constante mutation économique
mais il s’agit aussi de l’un des principaux pays producteur de pétrole sur le continent. Le pays a
bénéficié à lui seul 34% des parts d’investissements Chinois sur le continent sur la décennie 2001-2010,.

A travers ces investissements dans les industries, dans les infrastructures routières et ferroviaires, mais
aussi à travers ces prêts à des taux préférentiels, la Chine s’impose aujourd’hui comme le plus grand
partenaire économique de l’Afrique. Cet état de fait se confirme depuis 2001. En effet entre 2001 et
2010 la Chine gagne plus de 31% des parts de contrats sur le continent africain contre par exemple 14%
pour la France qui occupe pourtant la seconde place dans ce classement pendant cette période.

Cette tendance se confirme au premier semestre 2017 notamment dans le domaine commercial entre
l’Afrique et la Chine. Selon une étude menée par le Magazine La Tribune Afrique, et publiée le 4 Août
2017 les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique étaient en hausse de 19% « en glissement
annuel au 1er septembre 2017 ». Ce qui porte ces échanges à 85 milliards de dollars sachant que Pékin
s’est donné pour objectif de porter ces échanges à 400 milliards de dollars d’ici 2020.

Par ailleurs faut-il signaler que la coopération sino-africaine n’est pas exempt de préjugés au chef
desquels on peut retrouver l’idée selon laquelle cette coopération est une coopération exclusivement
public-public. Si cette idée reste bien ancrée dans l’imaginaire commun, à travers une étude menée par
le cabinet de conseil McKinsey et parue sous le titre : en 2017, l’on peut voir que cette idée, bien que
défendable à certains égards, ne reflète plus la réalité qui prévaut depuis quelques années.

Un partenariat touchant à la fois secteur public et secteur privé

Longtemps perçue comme un partenariat public-public, la coopération sino-africaine va au délà du


secteur public des deux parties.

En effet l’étude menée par McKinsey intitulée Dance of the Lions and Dragons, 2017 souligne bien que
contrairement à des idées bien répandues 90% des entreprises chinoises sont des entreprises privées. Et
ces entreprises sont actives dans divers secteurs des économies africaines. Ainsi selon la même étude «
près d’un tiers » se trouve dans le secteur de la fabrication, « un quart » dans les services et environ « un
cinquième » dans le commerce, la construction et l’immobilier.

Le fait qu’il soit largement répandu dans l’opinion l’idée selon laquelle le partenariat sino-africain est un
partenariat public-public s’explique par le poids des deux mastodontes chinois dans les financements
chinois à l’étranger à savoir l’Export-Import Bank (Exim-Bank) of China et La China Development Bank
(CDB). Ces deux entités étatiques occupent en effet, une place centrale dans les investissements chinois
à l’étranger. Et il s’agit bien d’entités étatiques.

Longtemps considérées comme les fers de lance de l’investissement Chinois mais aussi du financement,
ces deux banques sont aujourd’hui loin d’être les seules. Elles ont été, en effet, rejointes par des
entreprises privées mais aussi des investisseurs privés chinois.

Ainsi l’on peut dire que la stratégie de pénétration chinoise sur le marché africain est constituée par la
combinaison de 3 acteurs ; Il s’agit de l’Etat chinois à proprement parlé, à travers la diplomatie, les
entreprises étatiques (Exim-Bank et la CDB) et enfin les opérateurs privé

*Les Forums sur la coopération sino-africaine

Les relations sino-africaines remontent à la dynastie Han (206 av. J.-C jusqu’à 220 après J-C.),lorsque la
Chine commence des échanges d’objets précieux. Lors de la visite de plusieurs pays du
premier ministre Zhou Enlai, de décembre 1963 à février 1964, l’unité entre la Chine et les pays
africains est soulignée
. L’on retient l’intensification des relations entre la Chine et l’Afrique avec la création du Forum sur la
coopération sino-africaine (FOCAC).
Depuis sa création en octobre 2000 à Pékin, le FOCAC est une plateforme de dialogue qui permet
à la Chine et à l’Afrique de diversifier les cadres d’échanges et d’enrichir les coopérations
bilatérales et multilatérales dans l’optique d’institutionnaliser et de renforcer le partenariat sino-
africain. On observe en effet un développement rapide des relations sino-africaines dans divers
secteurs, notamment les domaines économiques, politiques et culturels. S’inscrivant dans la
déclaration de Bandung, les conférences multilatérales entre gouvernements africains et chinois
constituent un espace de dialogue structuré dans lequel les échanges ne cessent d’augmenter. La
mission principale du FOCAC est de concurrencer les Occidentaux, qui disposent déjà de
structures semblables et organisent des sommets analogues, tels que le sommet France-Afrique en
France, l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) des États-Unis, et même le TICAD
organisé par le Japon.
Rencontre internationale de discussion, le forum sur la coopération entre la Chine et l’Afrique est
devenu un événement de taille pour les économies et les diplomaties chinoises et africaines en
raison du grand nombre de participations de chefs d’État et de la signature ou de l’annonce
d’importants contrats. Ces forums deviennent plus importants que les sommets France-Afrique, et
sont aussi considérés comme étant une incroyable percée de la Chine en Afrique (Jolly, 2009).
Entre 2000 et 2018, on compte sept rencontres du FOCAC qui se sont déroulées en alternance en
Chine et en Afrique. Quatre fois à Pékin, en 2000, en 2006, en 2012 et en 2018, et trois fois en
Afrique : à Addis-Abeba en Éthiopie en 2003, à Charm el-Cheikh en Égypte en 2009 et à
Johannesburg en Afrique du Sud en 2015. Les plans d’action du FOCAC constituent la feuille de
route des échanges sino-africains et sont renouvelés tous les trois ans lors des rencontres.
Le premier FOCAC a réuni en Chine 45 pays africains sur les 54 que compte le continent. Parmi
les dignitaires présents, le président chinois Jiang Zemin et son premier ministre, Zhu Rongji, ainsi
que quatre chefs d’État africains et du secrétaire général de l’Union africaine Salim Hamed.
Comme résultat, Pékin annule la dette de 32 pays africains parmi les moins avancés que compte
le continent pour un montant estimé à 1,2 milliard $ et l’installation de 600 entreprises chinoises
en Afrique subsaharienne (Nguyen, 2009). Au terme de ce forum, la Chine publie deux textes : la
déclaration de Pékin et le programme de coopération sur le développement économique et social.
Le premier texte, assez politique, évoque la volonté de la Chine de tirer le continent africain du
sous-développement. Le second, constitue un programme destiné à promouvoir la coopération
économique entre la Chine et l’Afrique sur la base de l’égalité (Nguyen, 2009). Ce premier forum
a mené à la création d’un fonds de développement pour financer la formation professionnelle, lamise en
place du Conseil pour les échanges Chine-Afrique et à l’annonce de l’annulation de nombreuses dettes.

 Le sommet d’Addis-Abeba (2003)

En novembre 2003, lors du deuxième sommet du FOCAC à Addis-Abeba, on dénombre une


grande participation de cinq chefs d’États africains et de personnalités telles que des vice-
présidents et premiers ministres. Les objectifs principaux sont de promouvoir les investissements
bilatéraux, l’établissement de la coopération dans divers domaines (paix, sécurité, consultation au
sein des organisations internationales et sous-régionales comme le NEPAD, etc.), l’engagement
en faveur de la paix sur le continent, et le rééquilibrage de la balance commercial (Dakaractu,2016).

 Le sommet de Pékin (2006)

Le sommet de Pékin de novembre 2006 marquait le cinquantième anniversaire des relations


diplomatiques entre la Chine et les pays africains. Comptant la participation de 48 pays africains et de la
Chine, il fut un grand succès.Ce sommet a aussi été l’occasion pour la Chine d’annoncer le doublement
de son aide à l’Afrique, passant de 44 millions $ en 2005 à 88 millions $ en 2009 (Alden, 2007). La Chine
promet aussi d’annuler 1,4 milliard de $ de dette partielle et de prêts à taux préférentiels de pays
africains. Elle diversifie ses projets dans les usines, les centrales hydroélectriques, les hôpitaux, les
logements et les installations portuaires. Elle permet aussi l’établissement d’instituts Confucius en
Afrique, la promotion de l’enseignement des langues africaines dans les écoles chinoises, ainsi que la
formation de nombreux journalistes et professionnels de l’audiovisuel. La Chine s’est également
engagée à doubler le nombre de bourses offertes aux étudiants africains. Par ailleurs, plus de
600 enseignants ont reçu une assistance technique. Les dirigeants chinois ont aussi apporté des
réponses aux inquiétudes des dirigeants africains en promettant l’amélioration des standards des
entreprises chinoises en matière de corruption et de respect de normes environnementales. La
Chine a aussi promis le rééquilibrage de la balance commerciale entre les deux régions avec la
suppression des droits de douane pour certains produits en provenance des pays les moins avancés
(PMA). Au cours de ce sommet, elle bénéficie d’un accès continu aux matières premières et
ressources énergétiques fournies par le continent africain. On note aussi la création d’un fonds
Chine-Afrique destiné à appuyer les entreprises chinoises dans la réalisation d’investissements
directs en Afrique. Les échanges se sont développés de manière remarquable avec un total de
1,9 milliard $ de contrats signés (Alden 2007).

 Le sommet de Charm el-Cheikh (2009)

Lors du sommet de Charm el-Cheikh en 2009, il a été convenu que les échanges et
l’approfondissement de la culture entre la Chine et les pays africains se multiplient. Le continent
africain est devenu un centre de convoitise et la Chine a joué un rôle non négligeable dans cette
transformation. On remarque le retour des partenaires traditionnels et un nombre croissant de
donneurs émergents. Les dirigeants africains ont de plus en plus confiance en leur potentiel et la
Chine prend conscience de cette complexité, ce qui justifie la modification de ses rapports avec le
continent africain, notamment dans un changement à la fois dans la politique africaine de la Chine
et dans la prise de conscience de la complexité que revêt la gestion des relations Chine-Afrique.
Le discours politique de la Chine en tant que partenaire providentiel et fraternel doit être honoré,
bien que son image soit ternie sur la scène internationale par son soutien aux pays africains voyous.
La Chine se retrouve donc dans une impasse où le respect du principe de non-ingérence et le
respect de la souveraineté comme elle le prône seront mis au défi.

 Le sommet de Pékin (2012)


Le FOCAC de Pékin de 2012 a été placé sous le thème de la consolidation des acquis et de
l’ouverture des perspectives pour un nouveau partenariat stratégique sino-africain. Ce FOCAC a
également poursuit les engagements des précédentes rencontres, notamment la création d’une
chaîne de télévision africaine de la China Central Television (CCTV), inaugurée à Nairobi

quelques mois avant le sommet de Pékin en 2012. Au cours du sommet, la Chine entendait consolider
ses influences politique et économique en Afrique. Le président chinois a également annoncé que la
dette due à l’État chinois sur les prêts sans intérêts serait annulée pour les pays africains les plus pauvres
et les plus endettés. Les accords et les projets d’entreprises à cogestion ou à capitaux mixtes, incluant la
combinaison de l’extraction des ressources naturelles et du développement des infrastructures (routes,
ponts, chemins de fer et armement), ou appelés troc, sont privilégiés (Niquet, 2006).
Par ailleurs, lors de l’ouverture de la session, le Secrétaire général des Nations Unies, présent au
sommet, a félicité la coopération sino-africaine et, dans son discours, a exhorté la Chine et le
continent africain à considérer leur futur bien-être comme étroitement lié dans l’intégration
mondiale et des marchés internationaux5

 .Le sommet de Johannesburg (2015)

Le sixième sommet Chine-Afrique, qui a eu lieu en 2015 à Johannesburg, est qualifié d’historique
par de nombreux chefs d’État. Au cours du sommet, la Chine a annoncé une aide sans contrepartie
de 60 millions $ à l’Union africaine pour financer ses opérations de maintien de la paix. Cette
somme complétera les 100 millions $ promis par Xi Jinping pour soutenir une force de réaction
rapide de l’Union africaine. La lutte contre la pauvreté, l’éducation et les infrastructures ont été
également des sujets de discussion au cours de ce FOCAC.

 Le sommet de Pékin (2018)


Le forum de 2018 a connu des résultats concrets et fructueux avec une augmentation du volume

des échanges bilatéraux. Dans son discours inaugural, le président Xi Jinping a réaffirmé vouloir
renforcer sa coopération avec les pays africains afin de tracer une voie de développement de
haute qualité inclusive et bénéfique à tous, adaptée aux conditions nationales individuelles.

António Guterres lors de ce sommet a également salué la Chine et l’Afrique pour leur
partenariat. Le sommet de septembre 2018 a été un avantage pour le Sénégal, qui présidera le
prochain sommet de 2021 (Xinhua, 2018).

En outre, La 8e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) se


tiendra à Dakar les 29 et 30 novembre 2021. Ayant pour thème « Approfondir le partenariat
sino-africain et promouvoir le développement durable pour bâtir une communauté d'avenir
partagé Chine-Afrique dans la nouvelle ère», la conférence de Dakar fera le bilan de la mise en
œuvre des décisions du Sommet de Beijing du FCSA en 2018 ainsi que ceux des efforts conjoints
sino-africains dans la lutte solidaire contre la COVID-19, et se concentrera sur la coopération en
matière de santé, d’agriculture, de numérique, de protection de l'environnement. Cette
conférence verra sortir également une série de nouvelles mesures de coopération
pragmatique, et tracera la voie à suivre pour les relations sino-africaines dans les trois
prochaines années et au-delà.

Depuis sa création en 2000, le FCSA a progressivement mis en place un mécanisme huilé et


efficace de communication, de gestion et de suivi, devenant un modèle de coopération avec
l'Afrique pour la communauté internationale. En 21 ans, les relations sino-africaines sont passés
du «partenariat de type nouveau» au «partenariat stratégique de type nouveau», avant d’être
portées aujourd’hui au «partenariat de coopération stratégique global». Guidés par les 
principes dits «sincérité, résultats réels, amitié et bonne foi» et « recherche du plus grand
bien et des intérêts partagés», avancés par le Président chinois Xi Jinping, la Chine et l’Afrique
ont vu ces dernières années se renforcer sans cesse leur confiance politique mutuelle, et leur
coopération pragmatique couronnée de succès avec des résultats fructueux. La Chine 
s’ambitionne de devenir l’un des partenaires stratégiques les plus fiables du continent Africain
qui s’avance vers le renouveau. Un partenariat stratégique qui se distingue par quatre
caractéristiques:

Primo, une amitié sincère et solide qui se traduit par un soutien infaillible à la souvraineté et à
l’indépendance des pays africains, ainsi qu’à leurs efforts visant à explorer une voie de
développment adaptée à leur situation. Le Président chinois Xi Jinping a dit: "Pour nos amis
africains, nous restons sincères comme toujours". Dans l’époque de la lutte anti-impérialiste 
et anti-coloniale, la Chine soutenait déjà résolument le peuple africain dans ses combats pour
l’émancipation et contre la l’agression ou l’ingérence étrangères. A nos jours, la Chine n’a pas
changé sa position ni cessé son appui aux pays africains dans les affaires internationales et
régionales. Bien au contraire, elle défend farouchement les droits et intérêts légitimes des
pays africains, exhorte la communauté internationale à respecter leurs souveraineté, 
indépendance et intégrité territoriale, et préconise la recherche des solutions à l’africaine par
rapport aux problèmes africains. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des
Nations Unies, le droit de vote de la Chine sert toujours à la défense des intérêts légitimes de
l'Afrique.

Secundo, un attachement aux principes de l’équité et de gagnant-gagnant dans le plus grand 


respect des intérêts de l’Afrique. Pour la Chine, la fraternité avec les pays africains est plus
précieuse que l’intérêt pure et simple. En tant que pays socialiste dirigé par le Parti
Communiste Chinois, la Chine fonde sa diplomatie sur l'internationalisme et s’emploie à la
prospérité commune du monde entier. Elle n’hésite pas à mobiliser ses propres ressourses pour
aider les pays en développement à progresser ensemble. Dans la coopération sino-africaine, la
Chine ne cherche pas son propre gain exorbitant mais plutôt ménage les intérêts des pays
africains. Elle fait souvent des concessions amicales en faveur de ces derniers quand il s’agit de
l’intérêts à long terme. Depuis 2000,  le total de l’importation chinoise en provenance de
l’Afrique a atteint 1,2 trillion de dollars américains. De janvier à septembre de 2021, la RDC a
enregistré un excédent de 6.152 milliards de dollars dans son commerce avec la Chine. Les
investissements chinois en Afrique maintient un rythme de croissance soutenu, et le stock
d'investissements directs chinois en Afrique a atteint 43,4 milliards de dollars, soit une
contribution à plus de 20 % de la croissance économique du continent. Dans le cadre du FCSA,
des assistances directes, prêts, allègements de dettes et d'autres politiques préférentielles
jouent également des rôles très positifs pour l'Afrique. Récemment, la Chine a annulé des
prêts sans intérêt arrivant à échéance à la fin 2020 en faveur de 15 pays africains, dont la RDC.
Tertio, une fidélité à ses promesses et une persévérance dans la mise en oeuvre de ses
engagements. Le FCSA publie tous les trois ans un plan d'action contenant des centaines de
mesures bénéfiques pour l'Afrique. Lors du Sommet de Beijing en 2018, la partie chinoise a
déclaré un méga-plan de coopération avec l’Afrique dit «huit initiatives». A nos jours, plus de
880 projets ont été réalisés. Parmi eux, on trouve grand nombre de projets étroitement liés au
bien-être de la population africaine. Selon les statistiques, la Chine a jusqu’à présent, construit
et modernisé sur le continent africain plus de 10 000 kilomètres de voies ferrées, environs 100
000 kilomètres de routes, plus de 400 services médicaux, et plus de 1 200 services
d’éducation. Elle a également créé 4,5 millions d'emplois en Afrique. Grâce à ces résultats de
la coopération sino-africaine, les conditions de vie du peuple africain se sont largement
améliorées.

Quarto, un esprit d’ouverture et d’inclusion pour inviter tous les partenaire du monde à


apporter chacun sa pierre à la batisse de la coopération avec l’Afrique qui se voit offrir plus de
bénéfices et opportunités. Selon la Chine, l’Afrique a beaucoup souffert de la colonisation et de
la guerre froide. L'histoire ne doit pas se répéter et l'Afrique ne devrait pas redevenir un 
champs de bataille des puissances. La Chine adopte une attitude ouverte dans sa coopération
avec l’Afrique, pratique le multilatéralisme et s’oppose à l’exclusivisme. Face aux nouveaux
défis, la Chine a lancé conjointement avec les pays africains une «Initiative sur le partenariat
pour le développement de l’Afrique», dans le but de créer une meilleure synergie au sein de la
communauté internationale en terme de la coopération avec l’Afrique, et de promouvoir la
paix, le redressement économique et le progrès social en Afrique dans le context post-
pandémique. Il est partout prouvé que la coopération avec la Chine a permis à l’Afrique de
mobiliser plus de ressources de développement , de renforcer sa capacité de développement
et améliorer son climat d’affaires, et de se doter de nouveaux atouts quand elle fait face aux
autres partenaires du monde.

En somme, le FOCAC traduit la concrétisation des actes, la consolidation de la coopération sino-


africaine ainsi que la normalisation des relations, des discours et d’autres déclarations des années
précédentes (Pozzar, 2009). En tant que structure entre un pays d’un côté et un continent de l’autre,
le FOCAC peut être perçu comme un exemple d’interrégionalisme hybride. Selon nous, nous ne
pouvons le qualifier ni de cadre bilatéral, dans la mesure où il regroupe aujourd’hui la quasi-totalité
des pays africains, ni de cadre multilatéral, car chaque pays discute indépendamment avec la
Chine. Nous voyons le forum comme un déséquilibre entre un pays et un continent, ce qui met en
doute le partenariat gagnant-gagnant souvent défendu par la Chine. Or, selon les Chinois, l’égalité dont
il s’agit ici est la souveraineté, et la réciprocité relève de complémentarité dans les échanges
et les coopérations.
 Politique chinoise en Afrique

La présence de la Chine en Afrique et les étroites relations qui existent entre elles servent
surtout les intérêts économiques de la Chine et lui permettent également de renforcer son influence
politique à l’international. Elles contribuent ainsi de manière significative à la poursuite de sesobjectifs
fondamentaux.
1) Economie : l’Afrique comme fournisseur incontournable et client essentiel

Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont connu une croissance de 700%
au cours des années 1990. Le niveau de partenariat diffère cependant selon les pays et ce qu’ils
peuvent offrir.
Par exemple, le Congo fournit à Pékin du pétrole et du bois. En contrepartie, la Chine lui
accorde des dons, et finance la construction de logements et un programme hydroélectrique.
L’Algérie, avec laquelle la Chine entretient des relations depuis 1957 et qui possède une
forte capacité d’influence, bénéficie, quant à elle, de l’ensemble des modes d’intervention chinois :
installations d’exploitation pétrolière, raffinerie, réseau de distribution pétrolière, réalisation de
grands projets de BTP, etc.
Cette politique est particulièrement prégnante depuis les années 1990, la Chine devenant
alors dépendante de ses importations de matières premières et d’hydrocarbures nécessaires au
fonctionnement de son économie. L’Afrique devient donc un marché d’importation de premier plan
qu’il est indispensable de développer et de conserver à des conditions favorables.
La politique de la Chine, basée sur l’opportunisme commercial, se caractérise par la formule
« business is business ». Le commerce passe avant toute préoccupation « occidentale » de
transparence, démocratie, etc … Cette posture permet à la Chine de commercer notamment avec les
deux premiers producteurs de pétrole en Afrique, le Nigéria et l’Angola, dont les modes
d’administration sont en totale opposition avec les valeurs et standards occidentaux.
Le cas du Soudan est également emblématique de cette politique. Alors que les Etats-Unis et
le Canada ont décidé le retrait de leurs entreprises du pays pour cause d’esclavage et de persécution
des populations du sud, les Chinois ont continué à y investir, depuis 1996. Ce pays possède en effet
la capacité de gérer toute la chaîne pétrolière (de l’extraction à l’exportation). Identifiant cette
caractéristique comme un facteur clé du succès, la Chine, hors de toute considération politique ou
sociale, perçoit immédiatement la nécessité pour les pays exportateurs de pouvoir bénéficier
d’infrastructures routières et portuaires performantes.
Afin de satisfaire pleinement ses besoins en hydrocarbures, la Chine, qui est le deuxième
importateur mondial depuis 2005, est également présente au Gabon, au Tchad, en Libye, au Niger.
Depuis 2008, les importations en provenance de l’Afrique représentent un tiers des importations de
pétrole de la Chine.

Les relations sino-africaines ont, en outre, pour but de permettre à la Chine de satisfaire ses besoins en
matières premières. La consommation chinoise de minerais a un impact fort sur les cours mondiaux. En
2010, la Chine consommait 25 % du cuivre mondial, 25 % de l’acier et 90 % de

l’aluminium. Les ressources africaines sont essentielles à l’économie chinoise : le platine du


Zimbabwe, la bauxite de Guinée (dont le cours, sous l’effet de la demande chinoise, a augmenté de
320 % en un an), le cuivre de Zambie, le fer de Mauritanie, d’Afrique du Sud, du Cameroun et du
Gabon, le cobalt d’Afrique du Sud et de République démocratique du Congo, etc …
La Chine importe également des produits du sol (le bois, le blé, le coton), ou issus de la
pisciculture.
Les besoins en importations de la Chine sont considérables et constituent indéniablement un
élément déterminant de la politique appliquée par Pékin à l’égard de l’Afrique. Il est, à ce titre,
important de noter que les financements accordés aux pays africains sont souvent octroyés contre la
fourniture de matières premières à la Chine.
Par ailleurs, le continent africain est un marché d’exportation essentiel pour l’économie
chinoise. En effet, incapable d’innovation, elle repose sur une production de masse à faible valeur
ajoutée que son marché intérieur ne peut pas absorber. Dès lors, structurellement condamnée à
maintenir une forte croissance, elle évacue son surplus de production vers l’Afrique.
Entre 1995 et 2008, les flux de produits manufacturés chinois à destination de l’Afrique ont
été multipliés par 30. Afin de permettre aux pays africains, de pouvoir acheter la production
chinoise, la Chine met en œuvre une politique de soutien aux économies africaines concernées.
Ainsi, depuis 1999, la Chine applique la politique du « go abroad », qui consiste en des
investissements massifs dans les domaines des infrastructures, du pétrole et des
télécommunications.
Les exportations chinoises peuvent parfois représenter une contrepartie à l’accès à certaines
matières premières stratégiques, telles que l’uranium, au Niger. En l’espèce, il ne s’agit alors plus
de biens de consommations courants mais d’armement, dont la Chine est le premier vendeur en
Afrique (armes conventionnelles / 1.5 milliards de dollars entre 1996 et 2003, contre 142 millions
de dollars entre 1955 et 1972). Ce type d’échanges illustre le caractère a priori purement
commercial des relations sino-africaines, mais aussi le fait que la Chine est prête à passer outre
toute considération politique, éthique et déontologique pour, in fine, satisfaire ses propres intérêts.

2) L’Afrique : caisse de résonance et relais d’influence considérable sur la scène internationale

Selon les observateurs, la Chine ne cherche pas à établir une position hégémonique sur le territoire
africain mais s’applique à procéder à un « surgissement pacifique », conformément aux fondamentaux
historiques de sa politique étrangère. La Chine s’érige, en effet, comme modèle pour les pays du Sud
émergents. Tandis que les pays occidentaux sont présentés comme des « colons pilleurs », la Chine,
dans la lignée de la politique qu’elle conduit depuis les années 1950, cultive son positionnement en
multipliant les constructions, investissements, mesures de coopération ou en faveur de l’éducation.
En matière de diplomatie, l’élément clef de la politique étrangère de la Chine depuis 1949
est la concurrence avec Taïwan , contre laquelle Pékin mène une vigoureuse politique d’isolement
international.
Comptant 54 pays, l’Afrique constitue une force immense pour la reconnaissance
internationale d’un pays. Les relations privilégiées de la Chine avec la plupart des pays africains lui
confèrent dans ce cadre un avantage majeur sur sa rivale puisque seuls cinq pays africains
reconnaissent aujourd’hui Taïwan.
L’intérêt du maintien et de la consolidation de ses relations est évident pour la Chine. Au-
delà de sa concurrence avec Taipei, pour affirmer sa puissance et renforcer son influence mondiale,
il lui est indispensable de pouvoir exploiter le précieux réservoir de voix que représente l’Afrique
dans les instances internationales (ONU, comité international olympique, etc …).
Indispensable sur les plans économique et politique, le partenariat chinois avec l’Afrique se
traduit par l’utilisation de moyens destinés à servir la montée en puissance mondiale de la Chine.

 Des outils économiques au cœur de la stratégie chinoise

En 2004, Wei Jianguo, vice-ministre du commerce chinois, annonçait rechercher « la


coopération globale avec les pays africains dans les secteurs clefs que sont le commerce, la
construction, les infrastructures, les ressources naturelles, le développement énergétique et
l'agriculture ».
Dix en plus tard, le montant des échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique s'élève à 200
milliards de dollars. La Chine s’affiche alors comme premier partenaire de l'Afrique, qui perçoit
par ailleurs plus de 50 % de l'aide au développement de la Chine , qui s'élevait à 2 milliards de 25
dollars en 2014 .

Dans les années 2000, le nombre de sociétés privées chinoises en Afrique a explosé. Les
entreprises publiques, liées au pouvoir central sont présentes dans les secteurs stratégiques des
hydrocarbures et des matières premières , avec un potentiel d'investissement et une autonomie
toujours plus larges. À titre d'exemple, un accord sino-nigérian signé fin mai 2016, prévoit 80
milliards d'investissements chinois dans la modernisation des infrastructures pétrolières nigérianes.
Depuis 1979 et l'internationalisation des entreprises chinoises, celles-ci sont autorisées à
signer des contrats à l'étranger. En 1978-79, quatre « majors » ont ainsi vu le jour, dans le domaine
de la construction, secteur emblématique de la présence chinoise en Afrique .
Les adhésions de la Chine à la Banque Mondiale en 1980 et à la Banque africaine de développement lui
permettent d'accéder aux marchés publics sur le continent. À partir du milieu des années 1990, Pékin
met fin à la pratique des constructions gratuites et met en place un véritable système lui permettant de
développer son emprise sur l'Afrique en matière d'infrastructures et de BTP.
Alors que les sociétés de BTP deviennent indépendantes, la Chine crée, en 1994, trois
banques de développement destinées au financement de projets de construction. Entre 1995 et 30
1998, la Chine accorde de nombreux prêts concessionnels et préférentiels aux entreprises de
construction. La politique chinoise en Afrique passe d'une logique de dons à une véritable coopération
économique.
 Intensification de la politique chinoise en Afrique

Depuis les années 2000, tandis que ses besoins en matières premières augmentent de
manière significative pour accompagner sa croissance économique, la présence de la Chine en
Afrique s'intensifie. C'est ainsi qu'au sommet de Johannesburg de décembre 2015, Pékin a annoncé
l'octroi de 60 milliards de dollars d'aide à l'Afrique dont 5 milliards sous forme de prêts à taux zéro
et 35 milliards à taux préférentiel, qui s'ajoutent aux 50 milliards de dollars d'en-cours.
Conformément à la politique chinoise, ces prêts sont accordés sans condition par rapport à l'impact
environnemental et social des projets qu'ils servent à financer. Ces mesures ont pour objectif final.
d'assurer à la Chine la sécurisation de ses approvisionnements pour alimenter sa demande intérieure
en matières premières.
Outre les constructions traditionnelles d'infrastructures routières, de communication ou de
bâtiments publics ou privés, la Chine, depuis 2006, a créé 8 zones économiques spéciales (ZES) en
Afrique . Directement issues d'un dispositif existant en Chine, il s'agit de zones de coopération
économique et commerciale destinées à favoriser les échanges entre la Chine et les pays sur
lesquels les ZES sont implantées. Installée dans la banlieue d'Addis-Abeba, la ZES de Dukem
s'étend sur une surface de 138 hectares, comporte des usines, des bureaux et des logements et abrite
l'activité de 45 entreprises. Ce projet, d'un montant de 400 millions de dollars, a été financé par
EXIM. De manière générale, la réussite des ZES est limitée mais elles sont présentées comme
jouant un rôle important pour relever le niveau de vie local, même si elles permettent surtout de
mutualiser les risques pour les entreprises chinoises qui y sont implantées .
Au-delà des ZES, la Chine propose à l'Afrique de projets complets de développement
urbains sur les modèles architecturaux et d'organisation des villes chinoises.
Le secteur de la construction, reposant sur des bases commerciales, s'inscrit malgré tout de
manière évidente dans la lignée de la « diplomatie du bâtiment » des années 1960 et l'urbanisme
constitue définitivement un important vecteur d'influence pour la Chine. La Chine pratique ce que
Philippe Richer appelle une « politique de vitrine », en construisant des hôpitaux, des écoles, des
stades, des centres commerciaux.
La présence de la Chine en Afrique dans le domaine économique se matérialise également
par l'aide publique au développement agricole mais dans des proportions bien moins significatives
que dans la construction puisque seuls 4 % de la totalité de l'aide au développement est consacrée à
ce secteur. Il n'en demeure pas moins que l'agriculture, activité clef sur l'ensemble du continent
africain, contribue en conséquence à la coopération globale sino-africaine et permet à la Chine d'afficher
sa puissance et de défendre ses intérêts économiques. Sa volonté est de considérer
l'agriculture comme un tremplin vers les autres secteurs (infrastructures urbaines, exploitation des
ressources naturelles).Les interventions chinoises consistent à apporter une aide technique aux
agriculteurs et à développer des projets productifs, surtout vivriers, non destinés à l'export mais aux
marchés locaux.

Ce volet de l'APD chinoise présente la particularité de faire intervenir de nombreux acteurs, sans
réelle coordination par Pékin, mais toujours dans un objectif gagnant-gagnant : il ne s'agit pas de
dons mais bien de relations marchandes.
Le poids économique de la Chine en Afrique peut enfin être mesuré à l'aune du nombre d'entreprises
qui choisissent d'y exercer leur activité.
En 2015, 2 500 entreprises chinoises sont implantées en Afrique . La plupart d'entre elles 33
sont liées au secteur du BTP et remportent la majorité des appels d'offre importants, tels que la
construction de la Grande Mosquée et l'agrandissement de l'aéroport d'Alger. Au total, le secteur de la
construction représente 16,4 % des investissements chinois en Afrique.
Mais à côté de l'emblématique secteur de la construction, l'Afrique compte de nombreuses
PME chinoises intervenant dans tous les domaines économiques, notamment dans le textile et les
télécommunications. Consciente de la richesse que constitue un réseau d'entreprises maillant les
territoires africains, Pékin encourage par ailleurs l'installation de commerces de détail, qui sont
évalués, aujourd'hui, à plus de 10 000 sur l'ensemble du continent .

La présence économique de la Chine en Afrique est à la hauteur des objectifs qu'elle s'est
fixée et des enjeux auxquels elle doit faire face. Participant directement au développement
économique des pays africains (investissements directs, aides, prêts, développement de projets
agricoles ou urbains), elle est également actrice de l'économie africaine et son statut de premier
partenaire commercial du continent participe du renforcement de son influence et de sa puissance
mondiale.

III- Les motivations de la présence chinoise en Afrique

Trois facteurs peuvent permettre de comprendre l’action de la Chine en Afrique. Naturellement, les
préoccupations énergétiques et commerciales semblent dominer. Mais au-delà, les protagonistes
partagent aussi des intérêts politiques mutuels.

 Le pétrole

La dépendance énergétique est devenue une préoccupation majeure pour Pékin. La Chine, huitième
importateur de pétrole en 2000, passée au quatrième rang en 2003 après les Etats-Unis, le Japon et
l’Allemagne, occupera probablement le troisième rang mondial cette année. En 2000, les importations
qui représentaient 27 % du total de la consommation de pétrole en 1999, puis 37 % en 2002, devraient
atteindre 45 % en 2005. Une situation de dépendance énergétique difficilement concevable au regard
du rôle mondial qu’entend tenir la Chine. Jusqu’en 1990, ses trois fournisseurs principaux étaient
l’Indonésie, le sultanat d’Oman et l’Iran. L’Afrique permet donc à Pékin de réduire sa dépendance
énergétique, puisque le continent africain avec 8,9 % des réserves mondiales de pétrole15 représente
11 % de la production mondiale. Aujourd’hui, la Chine est devenue le deuxième importateur de pétrole
d’Afrique, après les Etats-Unis. L’Afrique représente 25 % de l’approvisionnement pétrolier de la Chine,
contre 15 % au milieu de la décennie 1980.

11La visite de Hu Jintao en Afrique (Egypte, Gabon, Algérie) en janvier 2004 s’inscrit dans cette volonté
de diversification des fournisseurs en hydrocarbure. A Libreville, Hu Jintao et son hôte, Omar Bongo, ont
signé un accord de prospection et d'exploitation de pétrole. De même, la société pétrolière Total-Gabon
et le groupe chinois Sinopec (China Petroleum & Chemical Corporation) ont signé un contrat de vente à
la Chine de pétrole brut gabonais d’un volume d’un million de tonnes pour l’année 2004. Pékin est
désormais le troisième acheteur du pétrole gabonais, derrière les Etats-Unis et la France. Les relations
commerciales entre les deux pays s’amplifient. Ainsi, plus de 60 % de la production forestière du Gabon
est exportée en Asie, principalement vers la Chine. La Chine a également accordé à Libreville un don de
2 millions de dollars et un prêt sans intérêt de 6 millions de dollars.Au cours de ce même voyage,
quelques jours plus tard à Alger, divers accords ont également été conclus, notamment dans le domaine
pétrolier. Entre l’Algérie et la Chine, les relations ont toujours été cordiales. Les liens commerciaux et
techniques noués au lendemain de l’indépendance n’ont cessé de se renforcer. En Algérie, la China State
Construction and Engineering Corporation (CSCEC), numéro un du BTP chinois remporte fréquemment
les contrats publics. Aujourd’hui, la Chine est le septième fournisseur de l’Algérie. La Sinopec a signé en
2002 un contrat de 420 millions d'euros pour développer le gisement de Zarzaitine au Sahara. Une autre
société chinoise, la China National Oil and Gas Exploration doit également construire une raffinerie dans
le désert algérien, près d’Adrar.

La Chine est de plus en plus présente dans l'exploitation pétrolière au Congo-Brazzaville. En 2003, la
Chine a importé du Congo un million de tonnes de pétrole brut (1,5 % de ses importations pétrolières).
Le pétrole est le premier produit d'exportation du Congo. Il assure les deux tiers des ressources
budgétaires nationales. La production pétrolière congolaise a été de 11,3 millions de tonnes en 2003.
Elle devrait se situer presque au même niveau en 2005, selon les prévisions officielles. Le groupe français
Total produit les deux tiers de l'or noir du Congo, suivi par la société italienne ENI. Le 23 février 2005, la
Sinopec a signé un contrat lui permettant d’exploiter des gisements off shore dénommés « marine 12 »
et « haute mer C ».

La Chine par le biais de la China National Petroleum Company (CNPC) est également présente au Soudan
avec le consortium Greater Nile Petroleum Operating Company (GNPOC) dont elle détient 40 % des
parts (exploitation du bassin de Muglad). Au Soudan, l’entreprise a construit un oléoduc de 1 500
kilomètres pour acheminer l’or noir du sud du pays jusqu’au terminal portuaire de Marsa al-Bashair près
de Port-Soudan au bord de la mer rouge. Le Soudan représenterait aujourd’hui à lui seul 7,7 % des
importations pétrolières de la Chine.Mais ces gisements pétroliers en Afrique sont également convoités
par les Etats-Unis, et l’Afrique est désormais un terrain de confrontation entre les deux Etats.

Le long périple16 de Bill Clinton en Afrique, au printemps 1998 a marqué un infléchissement sensible de
la politique américaine à l’égard de l’Afrique. Jusqu’au milieu des années 1990, l’indifférence
caractérisait les relations entre les Etats-Unis et l’Afrique. Certes, les Américains n’hésitaient pas à
rappeler certaines de leurs initiatives comme leur concours apporté à la création du Libéria en 1847 ou
leur engagement en faveur des mouvements indépendantistes au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale. Mais la part de l’Afrique dans le commerce des Etats-Unis s’élevait alors à 1 %. Autre symbole
de cette indifférence, en trois siècles, seuls quatre Présidents américains ont effectué une visite officielle
en Afrique, Franklin Roosevelt au Caire en 1943, Jimmy Carter au Nigeria et au Libéria en 1978, Bill
Clinton au printemps 1998, puis George Bush cinq ans plus tard. Ces dernières années, les Etats-Unis
font preuve d’une attention plus marquée à l’égard de l’Afrique.

Sur le plan énergétique, l’Afrique (plus particulièrement, le Nigeria et l’Angola) constitue l’un de leurs
principaux fournisseurs en hydrocarbures17. Les importations américaines de pétrole en provenance du
Nigeria représentent plus de la moitié de celles arrivant d’Arabie saoudite. Sous l’égide de la Banque
mondiale, les Etats-Unis entendent également mettre en valeur les gisements du Tchad18 et ont
participé à la construction d’un oléoduc aboutissant au Cameroun. L'assouplissement des sanctions
économiques américaines à l'égard de la Libye en février 2004 devrait aussi favoriser le retour des
investissements dans ce pays.

La meilleure illustration de la compétition sino-américaine en Afrique est sans nul doute la situation en
Guinée équatoriale et en Angola. La Guinée équatoriale, petit pays de 500 000 habitants, a mis en valeur
ses gisements pétroliers grâce aux concours des sociétés américaines, principalement Exxon Mobil,
Chevron Texaco et Triton Energy. Aujourd'hui, les Etats-Unis sont le principal partenaire commercial de
la Guinée équatoriale, devenue le troisième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne19, derrière
le Nigeria et l'Angola. Mais la Guinée équatoriale intéresse également la Chine qui entretient avec elle
depuis son indépendance en 1968 des relations étroites. La Chine est le troisième client de la Guinée
équatoriale dont elle achète une part importante de sa production de bois, après les Etats-Unis et
l’ancienne métropole, l’Espagne. La Chine multiplie les investissements sur place. Une nouvelle route
reliant la côte (depuis Bata) à la frontière orientale (Mongomo) du pays est en cours de construction
avec l’assistance technique et financière de Pékin.

En Angola, la Chine et les Etats-Unis se disputent également les ressources pétrolières. Les sociétés
américaines sont présentes depuis plus de deux décennies, et aujourd’hui la moitié du pétrole angolais
part aux Etats-Unis. Mais la Chine est également devenue un acteur majeur, en achetant le tiers de la
production du pays. En octobre 2004, la Chine a obtenu en échange d’aides financières le droit
d’acquérir une participation de 50 % dans le gisement, le bloc 18, détenu auparavant par le pétrolier
Shell, mais également convoité par la société d’Etat indienne ONGC-Videsh20. Le 26 février 2005, lors
d’une visite officielle, le vice-Premier ministre Zeng Peiyan a conclu plusieurs contrats avec la société
Sonangol. Les relations s’approfondissent ; on en veut pour preuve l’octroi de l’exploitation du bloc 3/80
(situé au nord du pays à la hauteur de la ville de Soyo) à Sinopec au détriment de Total qui s’est vu
retirer sa licence d’exploitation. La Chine a prêté, en 2004, 2 milliards de dollars pour aider à la
reconstruction des infrastructures. Une vingtaine de projets sont en cours. L’Angola rembourse son
créancier par les exportations de pétrole. L’arrivée de coopérants chinois devrait faire de la
communauté chinoise d’Angola la plus importante d’Afrique.

 Des raisons commerciales


L’Afrique est perçue comme un nouvel horizon commercial pour les entreprises chinoises. Si la part du
commerce entre la Chine et les pays d’Afrique sub-saharienne reste marginale, elle a néanmoins
progressé de manière sensible en moins d’une décennie. La Chine voit dans l’Afrique un réservoir de
matières premières (comme le charbon provenant d’Afrique du Sud, ou les minerais du Gabon) et un
débouché pour son industrie manufacturière. Là, comme dans le reste du monde, la Chine élimine ses
concurrents dans le secteur du textile et des biens manufacturés. La Chine voit dans l’Afrique un marché
lui permettant de tester ses produits industriels et de les proposer à une clientèle moins exigeante. La
société de télécommunication Zhongxing Telecom multiplie les implantations en Afrique (rénovation du
réseau téléphonique à Djibouti) et au Maghreb. Le marché africain de 900 millions de consommateurs
potentiels est considérable. Et comme en Europe ou aux Etats-Unis, la Chine peut s’appuyer sur des
communautés chinoises très présentes en Afrique francophone et en Afrique orientale. Si au Maghreb,
la population chinoise reste insignifiante (à peine un millier de personnes au Maroc), elle est
sensiblement plus importante au Sénégal, au Kenya et en Tanzanie. Même si les entreprises chinoises
cristallisent le mécontentement, accusées de fraudes douanières et de livrer une concurrence déloyale à
l’économie locale et informelle, les gouvernements africains restent bienveillants, estimant que
l’intrusion de la Chine est un moyen de dynamiser la concurrence en permettant de contourner les
circuits commerciaux traditionnels.

 La diplomatie

Le continent africain est également un théâtre de confrontation avec Taiwan21. Parmi les Etats qui
reconnaissent Taiwan, un tiers sont des pays africains : la Gambie, le Burkina-Faso, le Libéria, le Malawi,
le Tchad, le Swaziland et Sao Tomé et Principe. Le Sénégal vient de rompre fin octobre ses relations avec
Taipei. Taiwan avait déjà perdu le 1er janvier 1998 son principal soutien africain, l’Afrique du Sud,
puisque Nelson Mandela a choisi d’établir des relations diplomatiques avec Pékin. L’Afrique du Sud avait
tenté de convaincre la Chine de l’idée d’une double reconnaissance diplomatique, sans succès. Taiwan,
en dépit de ses relais22 et des relations nouées à l’époque de l’apartheid avec les milieux d’affaire et
militaire, n’est pas parvenu à dissuader Nelson Mandela de reconnaître la RPC. Désormais, les pays
d’Afrique qui reconnaissent Taiwan ont un poids économique et une influence limités23. Là encore, la
Chine joue sur l’attrait que représente son immense marché. Avec le désengagement de la France et
l’effondrement de la bipolarité, certains pays africains voient en la Chine un puissant protecteur moins
exigeant quant aux normes démocratiques et peu regardant sur l’usage fait des crédits accordés24. La
Chine a menacé à plusieurs reprises en juillet puis en septembre 2004 d’utiliser son droit de veto au
Conseil de sécurité de l’ONU pour s’opposer à l’adoption de sanctions politiques et pétrolières contre le
Soudan, à propos du conflit dans le Darfour. La résolution 1564 (qui menace Khartoum de sanctions
pétrolières) a pu être adoptée grâce à l’abstention de la Chine, qui en échange avait obtenu un
amendement du texte (notamment la gestion de la crise par l’Union africaine). La Chine s’est également
abstenue lors de la saisine de la Cour pénale internationale par le Conseil de sécurité de l’ONU (avril
2005), afin de traduire en justice les responsables de crimes commis au Darfour. La Chine pour sa part
compte sur l’Afrique pour appuyer sa politique étrangère et notamment ses revendications maritimes
en mer de Chine.
Les pays africains (surtout ceux en délicatesse avec la communauté internationale) s’appuient sur la
Chine afin de compenser l’influence des Etats-Unis et de la France comme au Gabon ou au Congo-
Brazzaville, mais également pour mettre fin à leur isolement international et même obtenir des armes.
Pékin n’a pas hésité à livrer au Soudan des avions de surveillance F-7 (dérivé des Mig-21 soviétique) en
1996 et des avions de transport Y-8 (dérivé des Antonov). L’Angola et la Chine ont également approfondi
leur coopération dans le domaine militaire (livraison par Pékin de blindés légers et d’équipement).

IV- Intervention chinoise en Afrique : Menaces ou opportunités

****L’impact négatif de la présence chinoise en Afrique.

Les études de ce corpus présentent généralement la Chine


comme une puissance «prédatrice», implantée dans une logique de pillage des

ressources naturelles. Selon ce courant, la présence chinoise dans le domaine de

l’exploitation pétrolière (Soudan, Nigéria, etc.), l’exploitation forestière et l’extraction

des ressources minières (Afrique centrale) démontrent la logique de pillage dans

laquelle s’inscrit la Chine. De même, le fait que la Chine n’embauche pas de main

d’œuvre locale mais préfère importer des travailleurs chinois

et introduise «des

standards de travail très bas» (salaires, conditions de travail, sécurité sur les

chantiers), ou encore le fait qu’elle ne se soucie par des dégradations

environnementales induites par son activité, sont autant d’arguments qui viennent
renforcer l’aspect prédateur de la présence chinoise. La Chine est également présentée

comme un nouveau concurrent économique de l’industrie et du commerce local mais

aussi des puissances occidentales déjà présentes en Afrique.

Certains tenants du courant de l’impact négatif l’accusent de procéder à une nouvelle

colonisation du continent. Ce point demeure extrêmement controversé. Les auteurs de

l’ouvrage Chinafrique tentent de faire le point des estimations et citent le chiffre de

750 000 chinois pour l’ensemble du continent. Ils relèvent que «les journaux africains

se laissent parfois aller à évoquer "des millions" de Chinois»8

, alors que du côté

chinois, Huang Zequan9

, avance le chiffre de 500 000 chinois. Ils notent également

qu’après avoir tenté de la freiner, le gouvernement chinois encourage l’émigration

vers l’Afrique : «dans l’esprit des dirigeants chinois, l’immigration est devenue une

partie de la solution pour faire baisser la pression démographique, la surchauffe

économique, la pollution»10. La perception du phénomène de la communauté

scientifique est plus nuancée. Martyn Davies11 estime que la présence chinoise en
Afrique ne permet pas de parler de colonisation «il y a 2000 entreprises chinoises à

Singapour et personne ne parle de colonisation chinoise. Il n’y a que 900 entreprises

chinoises dispersées en Afrique, le second plus grand continent du monde et l’on parle

de colonisation». De son côté, C. Alden note que «les caractéristiques de la colonisation telles que
l’idéologie de mission civilisatrice, la prise de possession du

territoire, les relations commerciales exclusives ne sont pas présentes»12.

Une autre critique adressée à la Chine est celle «saper le processus démocratique» du

contient africain. Dans son ouvrage, la Chine et l’Afrique, Adama Gaye estime que la

Chine conforte et renforce les dirigeants autoritaires : « la trop forte inclinaison de la

Chine à surévaluer les priorités liées à la souveraineté des États par opposition aux

attentes des peuples africains pour plus de libertés publiques et de démocratie

véritable comporte le risque de voir la coopération sino-africaine conforter les

comportements voyous de beaucoup d’entre eux»13. Selon lui, le Soudan constitue un

bon exemple du cynisme des dirigeants chinois et de leur "non-préoccupation" de la

démocratie. Il estime qu’en général, «la Chine a indirectement encouragé un retour de

l’autoritarisme en Afrique»14.
Au niveau de l’aide chinoise, les partisans de l’approche de l’impact négatif la

définissent comme «sans impact économique et financier véritable»15, ne contribuant

pas au développement durable et destinée à servir d’abord les intérêts de la Chine,

notamment en sécurisant ses apports énergétiques. Concernant l’impact de l’aide, ce

sont les critiques africaines qui sont plus nombreuses. Adama Gaye en rapporte

quelques unes : d’une part l’aide de la Chine ne s’effectue pas dans le domaine

productif, «les dirigeants chinois se contentent de construire des infrastructures,

notamment des stades et des palais de Congrès, pour faire plaisir aux États qui

reconnaissent leur pays»16; d’autre part, «les Chinois créent des emplois n’ayant

aucun impact sur le produit national brut des pays qui les accueillent tandis que les

grands travaux qu’ils réalisent, surtout leurs routes, ont une durée de vie limitée et

leurs produits sont du toc» 17. Concernant le développement durable, de nombreux

analystes notent que les infrastructures réalisées par la Chine «vont dans le sens d’une

extraversion» (Gaye, Chalmin) et confortent les pays africains dans un rôle de producteurs de matières
premières : «tout comme dans la période 60-70, la relance

d’une rente des matières premières paraît ponctuelle (en raison des réserves prouvées)
et peut nourrir une hausse des taux de croissance sans entraîner le développement

durable»18. Enfin, une dernière inquiétude des partisans de cette approche est celle de

l’abandon prochain du continent africain par la Chine: selon A. Gaye, «une fois ses

objectifs atteints, la Chine pourrait "laisser tomber" l’Afrique, de la même manière

qu’elle l’a fait en 1980, lorsque son agenda a changé».

Afrique est-elle menacée par la Chine ?

21Cette nouvelle donne dans les relations internationales africaines à la suite de l’arrivée en force de la
Chine ne va pas sans problèmes, loin de là33. Sur le plan économique d’abord, les institutions
internationales et les partenaires traditionnels insistent ainsi sur les risques que les pays africains
encourent. Il y a, en premier lieu, le risque de réendettement des pays africains qui ont bénéficié
d’importants allègements de leur dette ces dernières années dans le cadre de l’initiative en faveur des
pays pauvres très endettés (PPTE). En raison de la facilité avec laquelle la Chine prête aux pays africains,
ceux-ci empruntent de nouveau sans prudence, comme dans les années 1970. L’Angola et la République
démocratique du Congo ont même innové en signant des accords en forme de troc, la Chine prélevant
des ressources comme le bois et le pétrole en échange de la construction d’infrastructures, suscitant
l’ire de la Banque mondiale qui a forcé le gouvernement congolais à réviser cet accord. Il y a, en second
lieu, le risque de prise de contrôle des économies africaines par la Chine à mesure que celle-ci prend
l’avantage sur les pays européens, notamment dans les pays africains vivant de rentes minières ou
pétrolières. L’Angola est déjà le pays qui possède l’économie la moins diversifiée en Afrique, avec un
indice de 1,1 en 2003 (1 représentant une économie reposant sur un seul produit). Qui plus est, cette
économie, comme celle du Soudan, est de plus en plus dominée par la Chine34. Pour certains pays dont
l’économie a une structure similaire à celle de la Chine, comme l’Afrique du Sud et la Tunisie, la
présence chinoise est par ailleurs une menace directe à la survie de pans entiers de leur économie
comme le domaine des textiles.

22Sur le plan politique ensuite, plusieurs inquiétudes sont à relever. En premier lieu, la politique
accommodante décrite plus haut est plus difficile à maintenir qu’il n’y paraît. À mesure que la Chine
montera en puissance, elle pourrait voir se développer un nationalisme moins respectueux des pays
faibles comme on le voit avec les pays puissants en général. De plus, l’action chinoise en Afrique est
moins cohérente qu’il n’y paraît car elle s’effectue au moins à trois paliers : les autorités chinoises,
généralement porteuses de cette politique accommodante ; les entreprises chinoises qui, bien que
souvent étatiques, sont à but lucratif et peuvent avoir des stratégies et objectifs économiques opposés
aux politiques officielles ; les privés chinois, de plus en plus nombreux sur le continent à la tête
d’entreprises qui échappent à tout contrôle de leur pays et peu concernées par les directives
officielles35.

23En deuxième lieu, à mesure que la Chine réduira sa dépendance énergétique et minière, grâce aux
recherches qu’elle mène, et qu’elle aura résolu la question de Taiwan, que beaucoup de pays africains
instrumentalisent pour mieux se faire écouter d’elle, on peut se demander si elle continuera, comme le
dit le premier ministre Wen Jiabao, à « faire preuve de sollicitude sincère envers l’Afrique, donner de
l’aide à l’Afrique, renforcer l’union et la coopération avec l’Afrique sur une base de respect mutuel, de
non-ingérence dans les affaires intérieures, d’égalité et de réciprocité ».

24En troisième lieu, l’arrivée de la Chine sur la scène africaine et des migrants chinois dans les villes et
sur les marchés africains est devenue un enjeu de luttes internes potentiellement déstabilisatrices dans
beaucoup de pays africains. Le cas de la Zambie, où la position par rapport à la Chine est devenue une
des principales lignes de clivages entre le pouvoir et l’opposition, est illustratif des remous intérieurs
provoqués par cette présence.

du cuivre notamment, les méthodes de travail et le style de leadership managérial chinois se sont
rapidement heurtés aux actifs syndicats zambiens. Depuis qu’en avril 2005, il y eut 52 morts dans
l’explosion d’une mine exploitée par une compagnie chinoise en Zambie, les grèves et manifestations
sont devenues courantes. Ces mouvements sociaux ont été jusqu’à contraindre le président Hu Jintao à
renoncer à sa visite de 2007 dans la région de la Copperbelt. La question des investissements chinois
dans l’industrie du cuivre, dans celle du textile et dans plusieurs autres secteurs économiques s’est
muée en objet central de la course à la présidence zambienne en 2006. Un refrain rythmait la joute
électorale du leader populiste Michael Sata : « la Zambie n’est pas une province de la Chine ». Les
Chinois, scandait Sata, « prennent des magasins destinés aux locaux » et son camp avait fait de « China,
go home ! » son slogan de campagne36.

25Au Niger, en République démocratique du Congo et en Angola, qui ont reçu les investissements et/ou
ont eu les prêts les plus importants faits par la Chine sur le continent (cinq milliards pour les deux
premiers et deux pour le dernier), des organisations de la société civile dénoncent l’opacité avec laquelle
ces contrats sont signés. En Afrique du Sud, un sentiment anti-chinois commence à devenir préoccupant
et, au Sénégal, des manifestations et même une journée ville morte sont organisées pour protester
contre la « concurrence déloyale » et la « fraude sur les exportations » des commerçants chinois et le «
laissez-faire » du pouvoir37. Un véritable ressentiment émerge contre les Chinois accusés d’asphyxier
les milieux d’affaires locaux.
26En quatrième lieu, l’arrivée de la Chine produit un autre effet pervers en Afrique car elle contribue à
fragiliser les régimes démocratiques. Dans certains pays comme le Soudan, l’Angola ou le Niger, sans
qu’elle participe activement à maintenir les dictateurs en place, la Chine a un appétit pour les ressources
pétrolières et minières qui génère d’importantes ressources financières venant renforcer les régimes
autoritaires. Ceux-ci deviennent insensibles aux pressions internes et occidentales pour respecter les
règles démocratiques. La France, la plus menacée par la Chine en Afrique, s’empresse ainsi de légitimer
l’élection volée au Gabon en 2009 et le référendum anticonstitutionnel organisé au Niger la même
année pour ne pas mécontenter ces régimes et risquer de voir ses mines et concessions pétrolières
rétrocédées à la Chine qui, elle, n’interfère pas dans les affaires intérieures des pays africains et ne
soulève aucune question quant au caractère démocratique ou autoritaire des régimes en place.

*****"L’impact positif de la présence chinoise

À contrario, les partisans de la thèse d’un impact positif définissent la présence

de la Chine en termes d’opportunité historique, de catalyseur de développement, de

partenaire économique, d’investisseur et de "nouveau joueur" permettant de desserrer

l’étau des bailleurs de fonds traditionnels. Pour eux, l’APD chinoise se concentre en

effet sur des secteurs qui sont nécessaires (voire préalables) au développement tel les

infrastructures, les ressources humaines, la fourniture de biens publics19, etc. De plus,

l’aide chinoise s’inscrit plutôt dans la complémentarité que dans la concurrence à

l’aide traditionnelle, tant du point de vue sectoriel que géographique. En effet, l’aide

chinoise se concentre surtout dans le secteur des infrastructures et vient pallier un


manque, ce secteur étant délaissé par les donneurs traditionnels. Quant à la répartition

géographique de l’aide, la complémentarité réside dans le fait que «la Chine s’engage

dans les pays que l’OCDE évite»20.

Pour les tenants de ce courant, l’impact majeur de l’arrivée de nouveaux donneurs sur

la scène africaine a été de briser le cartel des bailleurs traditionnels. Leur aide

n’obéissant pas aux mêmes règles et critères que les bailleurs classiques, cela a eu

pour effet de desserrer l’étau de conditionnalités. La percée de la Chine sur le

continent a été accueillie de façon mitigée par les bailleurs conventionnels, certains l’ayant accusé de
mener une stratégie de passager clandestin21. Certains auteurs

estiment qu’en plus de briser le cartel des bailleurs traditionnels, l’aide chinoise est

plus appropriée aux besoins africains, notamment au niveau du type et de la méthode

de livraison de l’aide22.

Les autres aspects de la présence chinoise en Afrique (investissements, échanges

commerciaux, etc.) sont également jugés de façon positive par les auteurs de

l’approche de "l’impact bénéfique": «l’Afrique a d’énormes besoins en capitaux,

technologie et infrastructure et la Chine répond à ces besoins […] au contraire de


l’Occident qui est dans une logique d’extraction des dividendes»23. La Chine est

perçue comme un partenaire de développement, impliquée de façon durable sur le

continent, «certes poussée par ses besoins économiques mais aussi engagée dans la

construction d’un partenariat sud-sud»24. Selon les tenants de l’approche de "l’impact

bénéfique", la structure des investissements chinois confirme ce statut de partenaire

de développement. Premièrement, ce sont les investissements chinois qui expliquent

en majeure partie les taux de croissance des pays africains ces dernières années : la

croissance est due à l’augmentation des exportations vers la Chine et à la hausse de la

croissance mondiale – soutenue par la Chine25. Deuxièmement, les investissements

chinois ne se sont pas uniquement portés vers les matières premières (pétrole), ils se

sont aussi dirigé vers des secteurs générateurs de développement26 (infrastructures,

télécoms, textiles, tourisme, industrie alimentaire, etc.).

Ils estiment également que la présence chinoise a contribué à améliorer le niveau de

vie des populations les plus pauvres: «l’impact le plus évident est l’accessibilité à des

biens de consommation bon marché (de qualité variable) comme jamais auparavant»27. Enfin, certains
auteurs estiment que la Chine a un impact positif au
niveau de la paix et de la stabilité politique du continent. Selon D. Braütigam, la

Chine, estimant qu’un environnement politiquement stable répond mieux à ses

intérêts, cherchera à préserver un tel environnement. Cette analyse est toutefois sujette

à controverse, d’autres experts estiment au contraire que l’irruption de la Chine sur le

continent africain est au contraire facteur de déstabilisation et de tensions. Ils citent en

exemple la rébellion d’avril 2006 au Tchad dans laquelle la Chine a été indirectement

impliquée28 (les rebelles étaient officieusement soutenus par Beijing).

dirigeants occidentaux. Le Niger a obtenu de la Chine dans le secteur pétrolier ce qu’il n’a jamais pu
obtenir de la France dans le domaine de l’uranium (dont il est pourtant un producteur majeur) : la Chine
a signé un contrat pétrolier de 5 milliards de dollars en mai 2008, assorti de l’engagement de construire
une raffinerie d’une capacité trois fois supérieure aux besoins journaliers du pays dans un délai de trois
ans, ce qui assurerait l’indépendance pétrolière du pays et en ferait un petit exportateur de pétrole
raffiné.

19L’élargissement de la marge de manœuvre des pays africains, qui est loin d’être toujours positif
comme nous le verrons plus bas, est aussi indirect car l’arrivée de la Chine permet à de nombreux pays
africains d’utiliser cette dernière pour, en quelque sorte, faire du chantage aux pays occidentaux qui
s’imposaient à eux jusque-là.

20Notons aussi que plusieurs pays mettent à profit cette relation pour adopter des politiques qu’ils ne
pouvaient pas envisager par le passé. Au sommet de Nouakchott, en Mauritanie, qui a eu lieu en août
2008, les 53 pays africains réunis autour du FMI et de la Banque mondiale ont reconnu que l’arrivée de
la Chine permettait de financer des infrastructures que les partenaires traditionnels (OCDE, Banque
mondiale et FMI), concentrés sur les questions sociales et d’équilibre macroéconomique, ne financent
pas généralement. Mais ils ont aussi exprimé de nombreuses inquiétudes quant aux impacts de
l’offensive chinoise.
L’ordre postcolonial bousculé en Afrique

27Sur un plan global, ces réaménagements qui remettent en cause la prépondérance des vis-à-vis
traditionnels de l’Afrique comme la France et les États-Unis ne se font pas toujours sans créer des chocs.
La menace perçue par les partenaires traditionnels de l’Afrique provoque des tensions persistantes. La
France, par la voix entre autres de son président, a plusieurs fois manifesté son inquiétude d’être
supplantée par la Chine dans un espace qu’elle considère comme son domaine d’influence. Les firmes
occidentales perdent des parts de marché dans le domaine de l’infrastructure, du textile, de
l’électronique face à des Chinois plus compétitifs. On évoque l’émergence d’un « consensus de Pékin »
auquel adhèrent les pays africains par opposition au « consensus de Washington38 ». Certains craignent
même que l’Afrique ne devienne un nouveau terrain de confrontation sino-occidental. Dans cette
ambiance de rivalités et d’intrigues, de nombreuses instances de concertation sont tout de même
créées entre l’Union européenne et la Chine ; entre l’Union européenne, la Chine et les États-Unis, et
entre ces trois parties et l’Afrique39. Elles visent à éviter que cette nouvelle ruée vers l’Afrique ne se
transforme en conflits ouverts, inquiétude qui rappelle celle prévalant à la veille de l’invasion coloniale
(chapitre 3). Pour le moment, la Chine n’est pas encore une puissance militaire globale, capable de
concurrencer même une puissance moyenne comme la France – et a fortiori les États-Unis – sur terre et
dans les mers africaines. Mais économiquement et idéologiquement, elle séduit de plus en plus de pays
africains et défie clairement la domination séculaire occidentale.

28En relations internationales, les positions des États sont rarement figées et les principes persistent
difficilement lorsque les intérêts des États sont en jeu. C’est là une loi que l’on croit immuable au moins
depuis Thucydide et qui s’applique aux États faibles et encore plus aux puissances. Conformément à
cette lecture, la Chine actuelle doit être regardée comme un pays « comme les autres », c’est-à-dire
poursuivant ses intérêts économiques et politiques en Afrique. Elle a besoin des matières premières et
des marchés africains pour aider à faire tourner son économie et du soutien diplomatique des 53 pays
africains pour isoler Taiwan sur la scène internationale en vue de la faire revenir dans le giron
continental40. Dans le même temps, il existe une approche chinoise distincte, faite aujourd’hui
d’intérêts, mais qui a toujours été aussi du domaine de l’engagement41. L’histoire des relations sino-
africaines confirme cette dualité et les faits contemporains montrent qu’en dépit de l’asymétrie de
pouvoir entre elle et les pays africains, la Chine est perçue comme plus accommodante et plus
respectueuse des États africains. En plus, cet engouement chinois pour l’Afrique n’est pas isolé, mais
semble s’inscrire dans une densification plus large des rapports afro-asiatiques42. Cette tendance,
impliquant en outre la Chine, le Japon, l’Inde et la Malaisie, semble annoncer un changement dans la
physionomie des échanges mondiaux. Dans ce processus, les échanges Nord-Sud qui ont été dominants
jusque-là semblent céder du terrain face aux échanges Sud-Sud et à l’émergence de l’Afrique comme un
acteur à part entière. La question est de savoir si on assiste à une révolution dans les relations
internationales ou s’il ne s’agit là que d’un phénomène éphémère qui disparaîtra à mesure que la Chine
s’affirmera comme une puissance globale.

Pour l'Afrique, la Chine représente une opportunité à saisir

Si la Chine retire d'évidents bénéfices de ses relations avec l'Afrique, ses partenaires

profitent en retour de retombées positives directes et d'opportunités à saisir. Chris Alden souligne

que l'engagement chinois est motivé par ses besoins économiques mais qu'il souligne aussi la

volonté de transmettre son expérience de développement et de construire des relations de partenariat

efficace sur le long terme.

L'économie africaine profite de manière directe de la présence de la Chine. Par exemple, la ZES de
Duken devrait générer environ 50 000 emplois. Il est vrai que nombre d'entre eux seront

occupés par des Chinois mais le cas de l'usine de chaussures de la marque Huajian autorise un

certain optimisme quant à la répartition globale des emplois créés : sur 3500 postes, l'usine

n'emploie que 170 Chinois, le reste étant confié à des Africains . Au Mali, la quarantaine 42

d'entreprises de BTP chinoises implantées à Bamako emploie également de la main d’œuvre

africaine. De manière globale, la présence de la Chine en Afrique est créatrice d'emplois pour les
Africains.

L'économie de l'Afrique profite par ailleurs d'un mécanisme de rééquilibrage entre ses

partenaires traditionnels et la Chine. Ne dépendant plus seulement de ses échanges avec les pays

occidentaux et les ex-puissances coloniales, l'Afrique connaît aujourd'hui une insertion croissante

dans l'économie mondiale, grâce au développement de ses échanges avec la Chine. Les échanges

commerciaux sont certes inégaux selon les pays considérés mais même ceux qui ne disposent que

de peu de ressources, comme l'Ethiopie par exemple, ont vu leurs échanges avec la Chine croître au

cours des 20 dernières années.

En outre, la diversification des partenaires s'accompagne d'une complémentarité bénéfique

des flux financiers, grâce à l'alternative à l'aide au développement accordée par les pays de l'OCDE

que représentent les offres chinoises telles que les prêts concessionnels. Les aides de l'OCDE

s'élèvent à 65 % de l'APD reçue par l'Afrique tandis que la Chine investit directement dans les

secteurs de l'infrastructure, de l'énergie et de l'industrie. Les interventions de la Chine ont eu un

impact indéniable sur la croissance du continent depuis l'an 2000. Les IDE chinois dans le domaine

de l'énergie par exemple, ont ainsi contribué à ce que l'Afrique connaisse une croissance à plus de

5 %.
Au-delà du montant financier de ses contributions, Pékin se montre également toujours

disponible pour ses partenaires, ce qui leur confère une liberté de manœuvre accrue, notamment sur

la plan économique, lorsque les pays occidentaux font défaut.

Dans le domaine agricole, la contribution chinoise est en revanche beaucoup plus faible que

dans les autres secteurs économiques. Cependant, la coopération fournie par la Chine est malgré

tout porteuse de profits pour les pays africains dans un contexte où les pays de la CAO et de

l'OCDE réduisent sensiblement leurs interventions.

Les réalisations chinoises sur le continent africain constituent par ailleurs autant de supports

sur lesquels les pays peuvent s'appuyer pour asseoir leur propre développement. Dans le domaine

des infrastructures, sans lesquelles tout développement est impossible, les besoins sont énormes et

se chiffrent à plusieurs centaines de milliards de dollars par an : 25 milliards par an pour les villes

sub-sahariennes plus les infrastructures d'exploitation de matières premières, les réseaux routiers,

ferrés, les installations portuaires, etc … Ce secteur étant le principal axe d'action de la Chine en

Afrique, les retombées positives pour le continent sont manifestes. Pour Chris Alden, la

construction d'infrastructures est un atout incontestable pour le développement de l'Afrique. Les

Chinois réalisent en effet des hôpitaux, des écoles, des réseaux de télécommunication dans un
temps record, ce qui permet de multiplier les projets rapidement exploitables.

Les échanges avec la Chine et l'importation de produits manufacturés à bas coût offrent la

possibilité aux ménages africains d'accéder à des biens de consommation et à des technologies à

usage domestique (téléphones portables, ordinateurs, etc ...) dont ils étaient jusqu'à présent écartés.

L'accès à de tels produits, qui permet à la population africaine de s'ouvrir à la consommation de

biens de loisirs, dépassant le cadre des seuls besoins de subsistance, démontre une évolution

positive à son profit. La consommation de produits manufacturés n'est bien entendu pas un critère

de développement mais cela constitue néanmoins un élément supplémentaire traduisant une

amélioration certaine des conditions de vie dans les pays africains.

La politique de la Chine en Afrique est porteuse de bénéfices pour les deux partenaires. Elle

permet à la Chine de tendre vers l'atteinte de ses objectifs fondamentaux que sont une croissance

économique forte et l'affirmation de sa puissance mondiale, via notamment une influence renforcée

sur le plan international. L'Afrique quant à elle voit son économie dynamisée, n'est plus tenue par

ses partenariats traditionnels avec les pays occidentaux et profite de réalisations concrètes et de

conditions a priori propices à son développement.

Pour autant, la situation n'est en réalité pas aussi favorable qu'il n'y paraît de prime abord.
Un bilan contrasté et des risques pour l'Afrique

La présence de la Chine en Afrique soulève un certain nombre de questions relatives, d'une part, aux
bénéfices réels consécutifs à la mise en œuvre de la politique chinoise et, d'autre part, à la

capacité de l'Afrique à tirer profit sur le long terme des apports chinois sur le continent.

Pour Chris Alden, du point de vue strictement économique, la Chine voit notamment en

l'Afrique un gigantesque marché d'exportation susceptible d'absorber ses surplus de production.

Cela fonctionne et l'Afrique importe de nombreux biens manufacturés en provenance de Chine,

moins chers que ceux produits sur le continent. Particulièrement performante dans le textile, la

Chine inonde par exemple l'Afrique de ses tissus et vêtements au détriment direct de la production

locale, ce qui s'est traduit par la destruction de plus de 10 000 emplois dans le secteur à la fin des

années 1990. Philippe Richer souligne à ce titre que l'entrée de la Chine dans l'organisation

mondiale du commerce en 2001 lui a permis de peser sur la décision d'ériger des barrières

douanières pour les produits africains en Europe tout en évitant que les produits chinois subissent le

même régime. Dès lors, même s'il est vrai que l'importation de produits manufacturés chinois à bas

coût en Afrique permet au client de profiter de biens auxquels il n'aurait certainement pas eu accès

s'ils n'avaient pas été chinois, les producteurs et commerçants africains sont soumis à une
concurrence redoutable. De surcroît, les Africains subissent un déséquilibre accru en raison à la fois

d'une main d’œuvre chinoise moins chère mais aussi d'avantages commerciaux en faveur de la

Chine obtenus aux termes d'accords commerciaux conclus avec les pays africains eux-mêmes (taxes

inférieures, …). L'ensemble de ces éléments alimente le sentiment d'une concurrence déloyale et

place les entrepreneurs africains en situation particulièrement difficile.

De plus, les entreprises chinoises implantées en Afrique n'emploient quasi-exclusivement

que de la main d’œuvre venue de Chine, qui vit en communautés fermées et ne consomme que des

produits chinois. Les retombées économiques pour l'Afrique sont nulles et les créations d'emploi

espérées n'ont pas lieu.

Du point de vue de la balance commerciale, lorsque l'on évoque les échanges entre la Chine

et l'Afrique, il s'agit de garder à l'esprit que cette dernière est un continent et non un seul et même

pays et qu'elle présente des situations et des réalités très contrastées. En considérant la situation de

manière globale, on constate que les échanges commerciaux sont asymétriques, la Chine bénéficiant

d'une balance positive tandis que celle de l'Afrique est négative. Pour l'Afrique, les exportations

vers la Chine représentent 35 % des exportations totales (92% de ces exportations sont des matières
premières) alors que seuls 2,5 % des importations chinoises proviennent d'Afrique . Les biens de 46
consommation chinois inondent le continent alors que les exportations vers la Chine sont

insuffisantes pour compenser. Dans le détail, 43 pays ont des échanges déficitaires avec la Chine car

ils importent des produits manufacturés et, ne disposant pas de ressources naturelles, n'exportent

pas, ou très peu. De tous les partenaires africains de la Chine, seuls l'Angola, le Gabon et la Zambie

ne sont pas déficitaires.

Cette situation renvoie entre autres à ce que Chris Alden appelle le pillage des ressources

naturelles africaines, auquel se livre Pékin afin de satisfaire ses importants besoins en matières

premières et qui profite aux élites et aux leaders et non aux populations qui en subissent les

conséquences négatives sans en tirer aucune contrepartie positive. Les griefs sur le continent sont

importants dans la mesure où les besoins locaux ne sont pas pris en compte, pas plus que les soucis

de développement, de droits de l'homme ou d'environnement : rejets des effluents non traités,

extractions minières (Nigéria), émanations de substances nocives dans l'air, forage par explosion

(Gabon), etc …

De la même manière, ne disposant que rarement de compétences en maîtrise d'ouvrage et

peu enclins à lutter efficacement contre la corruption et le népotisme, les Africains n'opposent que

très rarement une vision critique aux investissements chinois dans le domaine de la construction.
Aussi, les infrastructures réalisées ne reposent quasiment jamais sur un plan stratégique ou un

quelconque schéma directeur. Les pays africains héritent donc de constructions et d'ouvrages

irrationnels, souvent de piètre qualité et peu performants au regard de leur rentabilité économique

potentielle.

Par ailleurs, outre un bilan économique direct contestable, la présence de la Chine en

Afrique se caractérise par des modalités de financement et d'aide qui portent en elles les germes

d'un développement déséquilibré. Déterminés par des investissements chinois gagés, les échanges

sont déséquilibrés, ce qui augmente la dépendance des pays africains et réduit leur marge de

manœuvre. L'augmentation du nombre et du montant des prêts que la Chine est prête à octroyer à

ses partenaires africains peut être considérée comme une bonne nouvelle mais elle pose la question

de la capacité d'endettement des pays qui en bénéficieraient. Or, la Chine étant bien décidée à

accroître ses investissements en Afrique pour répondre à sa demande toujours plus forte de matières

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