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ENSSEA Année 2022/2023

Module : histoire des faits économiques ( première année Master )

TD n°6 : La Chine et l’économie de marché

Il s’agira à d’étudier à travers ce thème de TD comment les chinois, sans


renoncer au parti unique et aux entreprises d’Etat, ont réussi à construire une
économie de marché avec une forte productivité des facteurs de production et
un essor du secteur privé. Nous retrouverons aussi dans cette construction la
réalisation de certaines conditions préalables que nous avons observé pour la
Grande-Bretagne, les USA…soit la réalisation de gains de productivité dans
l’agriculture, le développement des transports, l’essor du secteur privé et
l’ouverture de l’économie. Nous allons donc discuter des spécificités de cette
économie tout en soulignant les traits communs qu’elle partage avec les autres
économies capitalistes.

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L'agriculture a été développée, d'abord dans un cadre collectivisé (communes populaires),
dorénavant souvent familial. L'autosuffisance alimentaire est aujourd'hui atteinte. La Chine
est le premier producteur mondial de blé et surtout de riz. Elle se situe encore aux premiers
rangs mondiaux pour le coton, le tabac, le maïs, les oléagineux, le thé, le sucre, l'élevage
(porcins et volailles notamment) et la pêche. L'industrie a connu une progression spectaculaire
pour les branches lourdes (extraction de charbon surtout et d'hydrocarbures, sidérurgie), plus
récente dans des domaines plus élaborés (chimie, métallurgie de transformation, informatique,
électronique, automobile) s'ajoutant au traditionnel textile.
La progression des échanges internationaux, l'appel aux capitaux et à la technologie de
l'étranger, le desserrement de l'emprise de l'État ont été à la fois cause et effet d'une croissance
exponentielle de la production, qui fait aujourd'hui du pays le premier exportateur et la
deuxième puissance économique du monde, ainsi qu'un acteur financier de premier ordre.
Mais cet essor a pour rançon le creusement des inégalités sociales et régionales, un risque de
surchauffe, une dégradation sensible de l'environnement (ainsi que des défaillances en matière
de sécurité industrielle et alimentaire) et une forte dépendance par rapport à la conjoncture
économique internationale avec, en temps de crise, des conséquences redoutables pour
l'emploi.

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1. UNE GÉOGRAPHIE BOULEVERSÉE PAR LES RÉFORMES ET L'INSERTION DANS
LA MONDIALISATION

La Chine connaît une phase de développement économique et social rapide depuis maintenant
trois décennies. L’évolution des chiffres macro-économiques, PIB, PIB / habitant et commerce
extérieur, en témoigne : elle est devenue en quelques années une des principales puissances
économiques mondiales. Sa plus grande résistance à la crise financière et économique de 2008
lui a même permis de devenir, en 2009, le premier exportateur du monde, au détriment de
l’Allemagne, avec 10 % (en valeur) des exportations mondiales. La Chine est devenue aussi la
seconde économie mondiale, en lieu et place de son voisin japonais. En 2013, elle est devenue
la première puissance commerciale du monde, devant les États-Unis. Les États-Unis sont les
premiers clients de la Chine, devant l'Union européenne et le Japon. La Chine est le premier
exportateur mondial dans les produits de hautes technologies, avec la moitié des volumes. Sur
le plan social, les progrès sont aussi difficilement niables : le niveau de vie moyen de la
population chinoise s’est fortement amélioré et la qualité de la vie dans certaines villes du pays
est désormais comparable à celle des villes occidentales. En trente ans, c’est l’ensemble des
secteurs productifs, de la société et du territoire chinois qui ont été bouleversés.

Cette transition économique est le résultat de nombreuses réformes menées à partir de la fin
des années 1970 sous l’égide d’une élite dirigeante modérée et pragmatique constituée entre
autres de Deng Xiaoping, Zhao Ziyang et Hu Yaobang. Ces réformes ont commencé par la
restructuration du secteur agricole avant de se concentrer ensuite sur le monde industriel et
urbain. Elles comprennent, pour ne citer que les plus importantes, la décollectivisation,
la décentralisation des pouvoirs de décisions économiques au niveau local, la réorganisation
des entreprises et du secteur bancaire d’État, ou encore la réforme du logement.

Parallèlement, les autorités chinoises ont ouvert progressivement le territoire au commerce


international et aux investissements étrangers via la création de quatre zones économiques
spéciales (ZES) dans le sud-est du pays en 1980 (Shenzhen, Zhuhai, Shantou et Xiamen), puis
l’ouverture de nombreuses villes et régions côtières entre 1984 et 1988, avant d’opter pour une
quasi-généralisation de l’ouverture en 1992. Ce processus a été doublé d’une plus grande
insertion du pays dans les institutions économiques et financières mondiales. Son adhésion
officielle à l’Organisation Mondiale du Commerce en décembre 2001 en est l'un des exemples
majeurs.

Mais ces réformes ont aussi eu de nombreux effets négatifs sur la société et le territoire. Elles
ont approfondi les inégalités spatiales, entre provinces côtières et provinces intérieures, entre
régions urbaines et régions rurales, mais aussi les inégalités sociales. Dans le monde rural, la
disparition progressive des structures collectives et du système de protection sociale allant avec,
a contribué à fragiliser une partie de la paysannerie, tandis que, dans le monde urbain, la réforme
des entreprises d’État et la libéralisation du marché du travail ont confronté certaines
populations au phénomène nouveau du chômage.

Cette question des inégalités est l'un des défis majeurs que les autorités chinoises ont à relever.
La Chine se range en effet parmi les pays les plus inégalitaires du monde, occupant même la
première place en Asie de ce point de vue. Un certain nombre de nouvelles politiques sociales
et d’aménagement du territoire ont donc été lancées ces dernières années pour y apporter des
débuts de réponse. Enfin, s’ajoutent aux disparités socio-spatiales, les questions de l’énergie et
de l’environnement. Le développement industriel et agricole du pays chinois, aussi énergivore

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que prédateur pour l’environnement, est désormais confronté à l’épineuse question du
développement durable.

2. LES TRANSFORMATIONS DU MONDE AGRICOLE ET RURAL


2.1. LES TRANSFORMATIONS ET LES DÉFIS DE L'AGRICULTURE CHINOISE

Aquaculture

L’agriculture est le premier secteur productif du pays à avoir été touché par les réformes. Dès
1978, les autorités décident de mettre un terme au système de production collectif en proclamant
la dissolution des communes populaires, créées vingt ans plus tôt et ancien instrument
d’excellence du Grand Bond en avant. Cette décollectivisation s’accompagne d’une
redistribution de la terre cultivée aux familles paysannes en usufruit, par des baux de 15 ans,
puis 30 en 1988, et moyennant diverses redevances.

La rémunération des paysans est désormais liée à leur production, dont ils redeviennent
complètement responsables et dont ils peuvent vendrent les surplus sur les marchés. L’État
abandonne dans le même temps son monopole dans l’achat et la vente des produits agricoles,
dont les prix sont progressivement libéralisés. Enfin, en 1984, les paysans sont officiellement

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encouragés à développer une économie diversifiée non agricole dans les régions rurales par la
mise en place d’entreprises de bourgs et de cantons (EBC).

Toutes ces réformes, en libérant les forces productives, permettent une reprise, puis une
formidable croissance de la production agricole. La Chine se range désormais parmi les
premiers producteurs du monde de grains (1er pour le blé et le riz et 2ème pour le maïs en 2008),
de coton, d’oléagineux, de fruits, de viandes, d’œufs et de légumes. Elle domine également le
secteur de la pêche et de l’aquaculture (39 % de la production mondiale en 2006).

2.2. LES CONTRAINTES ET LES OBJECTIFS

Au total, tout en soulignant les progrès considérables qui ont été réalisés ces deux dernières
décennies et l’existence de poches de réussite, l’agriculture chinoise reste toutefois dans son
ensemble peu dynamique. Elle est encore avant tout une agriculture micro-parcellaire (la
surface moyenne d’une exploitation est d’environ 0,5 ha contre une quarantaine en France),
vivrière, peu mécanisée et principalement tournée vers l’auto-consommation. Elle est à
plusieurs vitesses, opposant par exemple, pour ne citer que les deux situations les plus extrêmes,
une agriculture périurbaine connectée au monde urbain, voire aux flux commerciaux
internationaux, et une agriculture vivrière de montagnes ne dépassant pas le finage du village.
En plus d’être confrontée à la réduction massive des surfaces agricoles au profit du monde
industriel et urbain, elle doit aussi faire face à de graves problèmes environnementaux (érosion,
désertification, salinisation et pollution des sols), causés par des déforestations et surpâturages
passés excessifs, voire à de mauvaises méthodes de cultures et d’irrigation. Dans certaines
régions comme en Chine du Nord, elle est menacée par à un inquiétant manque d’eau qui
nécessite entre autres une modernisation urgente d’infrastructures d’irrigation souvent vétustes.

Depuis le milieu des années 2000, les autorités chinoises ont donc pour principal objectif de
renforcer la compétitivité agricole du pays, via le développement d’une filière agro-alimentaire
dynamique et de cultures exportatrices. Pour ce faire, elles accélèrent la spécialisation agricole
en encourageant les industries du secteur à établir des contrats de production avec des villages
« spécialisés » qui peuvent ainsi mettre en valeur une spécificité de leur terroir. L’idée est en
fait de développer des marques correspondant à des secteurs géographiques bien définis. Une
autre des tendances du développement futur porte sur la mécanisation, l’innovation
technologique et l’amélioration des savoir-faire. Leur mise en place risque toutefois d’être
compliquée par la fragmentation du parcellaire et l’importance de la main d’œuvre agricole.
L’agriculture chinoise emploie encore près de 40 % de la population active du pays et ce type
d’évolution libérerait indubitablement une partie de celle-ci, alors que de 100 à 150 millions de
paysans ont déjà quitté les campagnes pour travailler en ville, posant dans le même temps aux
autorités l’épineux défi de l’exode rural.

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2.3. LES PRINCIPALES PRODUCTIONS

Repiquage du riz en Chine

L’agriculture chinoise est dominée par la trilogie céréalière – riz, blé et maïs –, qui représentait
en 2007 un peu plus de la moitié de la superficie ensemençée et la moitié de la production
agricole nationale. Cependant, à l’exception du maïs, cette production céréalière connaît depuis
plusieurs années à une diminution de ses superficies que la hausse des rendements a de plus en
plus de difficultés à compenser. L’industrialisation, le développement des infrastructures de
transport et l’urbanisation, tout comme l’érosion des sols et la désertification, dont les impacts
sont dramatiques dans certaines régions, expliquent en partie cette diminution des surfaces.
D’autre part, les prix bas du riz et du blé sur le marché et le développement de cultures plus
rémunératrices tendent aussi à détourner une partie de la paysannerie chinoise de cette
production.

Si les autorités cherchent à maintenir la production céréalière nationale, notamment par le biais
de subventions, elles sont désormais dans l’obligation d’importer certaines productions,
céréalières ou non, comme le blé, le soja ou encore le coton. D’un autre côté, elles encouragent
le développement de productions pour l’exportation, par exemple des fruits, des légumes, des
fleurs et des produits de l'aquaculture. Enfin, si les productions animales ou d’origine animale
occupent une place plus réduite dans la production totale, elles n’en sont pas moins en plein

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développement depuis la décennie 1980, en raison notamment des modifications du régime
alimentaire de la société chinoise. Les productions de porcs, de volailles, d’œufs et de lait sont
ainsi en pleine expansion.

La géographie agricole chinoise est marquée par trois grandes caractéristiques : une opposition
entre plaines et vallées alluviales, intensivement cultivées, et terroirs de pente, très inégalement
mis en valeur ; une dichotomie entre des régions orientales rassemblant plus de 90 % des terres
cultivées et des régions occidentales dominées par l’élevage ; et, en Chine orientale, une
distinction nord-sud entre Chine du blé et Chine du riz.

Province du Yunnan

Toutefois, au-delà de ces grandes lignes, une géographie régionale, basée sur le développement
de cultures dominantes, voire de véritables spécialisations, émerge en Chine orientale : soja et
maïs dans le nord-est ; blé, maïs et coton en Chine du nord ; riz et thé dans le cours moyen et
aval du fleuve Yangzi Jiang ; polyculture et développement de cultures tropicales dans les
régions méridionales.

En sus de l’élevage, la région du Xinjiang connaît aussi le développement ces dernières années
de périmètres irrigués consacrés à la culture de céréales, de coton ou de légumes. Enfin, on
assiste depuis les réformes au fort développement d’une agriculture périurbaine de légumes, de
fruits, de fleurs, ou encore d’élevage intensif.

2.4. MIGRATIONS RURALES ET MALAISE SOCIAL DES CAMPAGNES


CHINOISES

L’émergence de flux migratoires des campagnes vers les villes est incontestablement une des
plus importantes mutations rurales de ces deux dernières décennies. Elle est le résultat conjugué
d’un surnuméraire de main d’œuvre, mis à jour par le processus de décollectivisation, et d’une
multiplication des opportunités d’emploi dans l’industrie manufacturière et le secteur de la

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construction. Le moteur de ces flux est essentiellement économique et réside dans la présence
de profondes inégalités de revenu entre les villes et les campagnes.

D’abord orientés vers les bourgs et petites villes, où se sont développées les entreprises (de
bourgs et de cantons) à partir de la seconde moitié des années 1980, ces flux migratoires se sont
ensuite dirigés dans les années 1990 vers les capitales provinciales ainsi que les très grandes
villes et régions industrielles du littoral. Si ces migrations rurales n’ont pas encore pris la forme
d’un véritable exode vers les villes, pourtant inéluctable à terme, c’est essentiellement en raison
du maintien par les autorités centrales chinoises du système du permis de résidence (hukou).
Établi en 1958, ce système divise la population en deux catégories, agricole et non agricole, (et
avait) avec alors pour objectif de limiter les migrations intérieures spontanées et l’exode rural.
D’abord assoupli en 1985 et 1998, il est depuis 2001 au centre d’une vaste réforme, certes lente
et progressive, mais qui devrait à terme aboutir à sa suppression. Cette dernière sera sans doute
bienvenue pour les migrants ruraux résidants en ville tant ce système, malgré les
assouplissements successifs, est encore pour eux discriminant, en ne leur permettant pas par
exemple d’accéder à certains services (logement, éducation, hôpital…) dans les mêmes
conditions que les citadins.

En sus de gérer cette question des migrants et des migrations rurales, les autorités chinoises
sont conscientes de la nécessité de réduire les inégalités de revenu entre les villes et les
campagnes, mais aussi au sein du monde rural, qui se sont fortement approfondies durant les
années 1990. Elles doivent plus largement répondre à un malaise social dans certaines
campagnes du centre et des périphéries du pays où la production agricole est souvent peu
dynamique, où les équipements sociaux, éducatifs et de transport demeurent insuffisants et où
les populations n’ont pas la possibilité d’augmenter leurs revenus par le biais d’activités non
agricoles. Pour ce faire, a été lancée en 2005 une nouvelle politique de développement rural
intitulée « édification des nouvelles campagnes socialistes » qui vise entre autres à mobiliser
plus de fonds publics à destination de ces régions.

3. MUTATIONS INDUSTRIELLES ET DÉVELOPPEMENT DES TRANSPORTS


3.1. CROISSANCE INDUSTRIELLE ET RESTRUCTURATION DES ENTREPRISES
D'ÉTAT

La Chine connaît une très forte croissance industrielle depuis la fin des années 1970. Elle est
devenue le leader mondial dans la production d’acier, de charbon, de ciment, d’engrais
chimiques, de télévisions, de véhicules, d’électronique et, sans surprise, du textile-habillement
(43 % de la production mondiale en 2008). La compagnie chinoise Lenovo était 4ème producteur
mondial d’informatique en 2008, avec 7,2 % du marché mondial.

Dans le secteur des productions manufacturées, la Chine a fondé sa réussite sur une production
à bas coût, reposant sur des exonérations fiscales et la présence d’une main d’œuvre nombreuse
et pas chère : en 2008, un ouvrier chinois coûtait encore dix fois moins cher qu’un ouvrier
français. Ces deux facteurs ont, non seulement permis à ses petites et moyennes entreprises
d’être compétitives, mais surtout attiré de nombreux investissements étrangers, d’abord
originaires de Hong Kong, de Taiwan et de la diaspora chinoise, puis du Japon, de la Corée du
Sud, de l’Union européenne et des États-Unis.

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La Chine est ainsi progressivement devenue dans le courant des années 1990 et 2000 une plate-
forme de production manufacturée, fournissant une bonne part de la consommation mondiale.
Dans le même temps, la croissance de ses exportations lui a permis de générer un important
excédent commercial qu’elle a réinvesti dans ses politiques de développement économique et
d’aménagement du territoire et aussi dans la recherche et le développement. On assiste ainsi
depuis quelques années à une progressive montée en gamme de sa production : l’objectif, à
terme, n’étant plus de fonctionner comme un assembleur pour le marché mondial, mais comme
une véritable puissance industrielle, dotée de grands groupes capables d’innover et d’investir à
l’étranger.

Les deux autres décisions d’importance prises par les autorités centrales chinoises ont été de
restructurer le secteur d’État et d’encourager l’émergence des entreprises privées.
Inexistantes en 1978, ces dernières représentaient près de 60 % du tissu industriel en 2007.
Toutefois, la restructuration des entreprises d’État chinoises n’a pas consisté en une simple
politique de libéralisation ou de fermeture des entreprises les moins compétitives. L’objectif
était surtout de construire de grands groupes nationaux dans les secteurs stratégiques (transport,
énergie, construction …) et d’en faire des sociétés par action au sein desquels l’État resterait
toutefois majoritaire. Ainsi, les entreprises d’État n’ont pas disparu, bien au contraire. Elles
représentent aujourd’hui la principale force de l’économie chinoise et ce sont elles qui, dans les
secteurs de l’énergie, des matières premières, de la construction et des infrastructures de
transport, sont en train de prendre position sur certains marchés étrangers. En 2007, la majorité
des 500 plus grandes entreprises chinoises étaient des entreprises d’État.

Nombreuses et non moins dynamiques, les entreprises privées, qu’elles soient chinoises, mixtes
ou étrangères, sont surtout présentes dans le secteur de la production manufacturée (textile,
confection, électronique…). Grâce à leur insertion dans l’économie mondiale, elles sont à
l’origine de la réussite industrielle du pays et de son émergence en tant qu’atelier du monde.

3.2. LA « RÉVOLUTION » DES TRANSPORTS

Clé de voûte de l’aménagement du territoire et des échanges, ainsi que de la diffusion de


l’industrialisation et du développement économique, le secteur des transports est logiquement
devenu pour les autorités centrales chinoises une très grande priorité. Il aura toutefois fallu
attendre la seconde moitié des années 1990 et surtout l’entrée dans la décennie 2000 pour
assister à une véritable révolution dans ce domaine. Au début des années 1990, la Chine
possédait seulement 1 000 kilomètres d’autoroutes, un réseau ferré équivalent à celui de la
France à la même époque (soit un peu plus de 20 000 kilomètres pour un pays 17 fois plus
étendu), construit pour moitié avant 1949 et électrifié seulement à 12 %.

Le réseau fluvial, inutilisable au nord en raison d’un fort alluvionnement des principaux cours
d’eau, était encore vétuste et mal équipé au sud, malgré des conditions naturelles plus
favorables. Les ports maritimes quant à eux commençaient tout juste à entrer dans l’ère de la
conteneurisation. En bref, la tâche dans le secteur des transports restait alors colossale.

LE DÉVELOPPEMENT DES TRANSPORTS FERROVIAIRE ET ROUTIER

D’abord financés dans les années 1980 par la Banque mondiale et par des aides au
développement des pays industrialisés, principalement le Japon, la construction et la
modernisation des infrastructures de transport terrestres bénéficient désormais d’un puissant
financement public et de politiques ambitieuses, avec l’adoption, au milieu des années 2000, de

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plans nationaux de développement des réseaux ferrés et autoroutiers. Les progrès ont été depuis
considérables. À la fin de l’année 2007, la Chine possédait 78 000 kilomètres de voies ferrées,
dont 24 400 électrifiés. L’objectif du plan national ferroviaire 2005-2020, qui prévoit un
investissement annuel de 130 milliards de yuans (soit 14 milliards d’euros), est d’atteindre à
terme les 100 000 kilomètres.

À cette densification et cet étalement géographiques du réseau, s’ajoutent des prouesses


techniques, comme en atteste l'inauguration en 2006 de la ligne Qinghai-Tibet qui, parcourant
des espaces situés à plus de 4 000 mètres d’altitude, fait désormais figure de plus haute ligne de
chemin de fer du monde. La priorité du plan national est aussi d’accélérer le développement
des voies ferrées légères au sein des grandes agglomérations urbaines de Pékin, Shanghai,
Tianjin et Chongqing (de 1 000 kilomètres en 2010 à 4 500 d’ici 2050) et de construire de
nouvelles lignes à grande vitesse, pour passer de 8 000 km aujourd'hui à 18 000 kilomètres d’ici
2020, entre les principales agglomérations du pays. Les premières lignes à grande vitesse ont
été inaugurées en 2008 (ligne Pékin-Tianjin), en 2009 (ligne Wuhan-Canton) et en 2011 (Pékin-
Shanghai, 1 318 km en moins de cinq heures). Ce développement fulgurant du réseau ferroviaire
chinois doit répondre au double défi d’augmentation du trafic de passagers et d’amélioration
des conditions de transport du fret, trop lent et congestionné, pour des marchandises toujours
plus volumineuses.

Pendant longtemps dévolu aux déplacements ruraux ou à des considérations stratégiques, qui
ont motivé très tôt la construction de routes pénétrantes vers les régions frontalières (Tibet,
Xinjiang et Heilongjiang) et le Fujian (du fait de la proximité de Taiwan), le réseau routier s’est
surtout développé à partir des années 1980, principalement en Chine orientale.

Le réseau autoroutier voit quant à lui le jour en 1990 avec l’inauguration des deux premiers
axes Shenyang-Dalian et Pékin-Tianjin. D’autres tronçons apparaîtront ensuite autour des villes
de Pékin, Tianjin, Shanghai et Canton, parallèlement au développement urbain et à l’explosion
du parc motorisé. Depuis 2000 et le lancement de plans successifs d’aménagement du territoire,
les réseaux routiers et autoroutiers ont été modernisés et étendus. En 2007, la Chine comptait
près de 3,6 millions de kilomètres de routes et d’autoroutes, dont 53 900 kilomètres de réseau
autoroutier. Pour celui-ci, les objectifs du plan national sont d’établir dans un premier temps un
système d’autoroutes connectant toutes les capitales provinciales entre elles et chacune d’elles
avec Pékin. À terme, le réseau devrait comptabiliser 85 000 kilomètres, incluant les sept
autoroutes transversales reliant Pékin à Shanghai, au delta de la rivière des Perles (Canton,
Hong Kong et Macao), à Harbin, à Kunming, à Lhassa, à Urümqi, et à Taipeh, capitale de
Taiwan, ce qui supposerait la construction d’un gigantesque pont autoroutier au-dessus du
détroit de Taiwan !

Parallèlement, la Chine est devenue, en 2009, le premier marché mondial pour l'automobile,
avec 14 millions de ventes dans l'année. Le pays fabrique désormais le quart de la production
mondiale. Son parc en service atteignait à la même date le chiffre de 76 millions de véhicules.

LES TRANSPORTS PAR VOIE D'EAU

Sans minimiser le développement dynamique des infrastructures de transport terrestre, nul autre
secteur que le transport maritime ne peut mieux illustrer la puissante et rapide insertion de la
Chine dans le processus de mondialisation des échanges.

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La stratégie économique basée sur le développement d’une production manufacturée orientée
vers les marchés mondiaux a très tôt donné la priorité aux ports et au transport maritime, dont
le développement a été très rapide ces deux dernières décennies. En 2008, on comptait six ports
chinois, incluant Hong Kong, dans les dix premiers ports à conteneurs du monde et la Chine
représentait alors, toujours avec Hong Kong, près de 27 % du trafic conteneurisé mondial. Cette
puissance maritime ne se limite pas au pouvoir d’attraction que la Chine exerce sur les flux
maritimes mais se manifeste aussi par l’émergence rapide de sa flotte marchande (3ème flotte
mondiale par le nombre de navires et 4ème par le tonnage en 2009) et de ses chantiers navals
(premier rang mondial, avec plus de 50 % des commandes, depuis fin 2009).

LES TRANSPORTS AÉRIENS ET L'AÉRONAUTIQUE

Enfin, cet état des lieux des mutations des transports chinois ne peut ignorer les transports
aériens, dont le développement a été rendu nécessaire par l’ouverture du pays sur l’extérieur et
l’immensité de son territoire. En 1988, la CAAC (Civil Aviation Administration of China), qui
concentrait jusque-là l’ensemble des activités du transport aérien, de la gestion du personnel et
des aéroports au transport de voyageurs et de marchandises, a laissé la place à Air China et à
plusieurs compagnies régionales pour les voyageurs et à China Air Cargo pour le fret.

Le nombre de lignes aériennes et de terminaux aéroportuaires, intérieurs comme internationaux,


s’est multiplié. En 2007, la Chine comptait 152 aéroports et 1 506 routes aériennes civiles, dont
1 216 intérieures et 290 internationales. Agrandi et modernisé pour les jeux Olympiques de
2008, l’aéroport de Pékin se range désormais par le nombre de passagers à la 7ème place
mondiale et à la 2ème en Asie, derrière Tokyo, dont la première place est de plus en plus
menacée, d’autant plus que les déboires financiers de la compagnie japonaise Japan Airlines
tranchent avec la vitalité des compagnies chinoises.

On assiste également à un fort développement de l’industrie aéronautique civile avec


l’émergence d’importants complexes industriels autour des villes de Harbin, Shenyang, Xi’an
et Tianjin. C’est d’ailleurs dans cette dernière ville que le groupe européen Airbus a choisi
d’ouvrir en 2008 ce qui constitue pour l’heure son unique chaîne d’assemblage d’avions de
ligne hors des frontières de l’Union européenne. L’objectif pour la compagnie est de pouvoir
accéder prioritairement au marché chinois, dont les perspectives de croissance sont les plus
importantes du monde, en échange d’un abandon de sa participation majoritaire (51 % pour la
partie chinoise contre 49 % pour Airbus) et de transferts de technologie, susceptibles de
renforcer le potentiel industriel de l’aéronautique chinoise, déjà en mesure de produire ses
propres avions de ligne.

4. LES RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES ET MINIÈRES


Bien dotée en ressources naturelles, la Chine se range parmi les principaux producteurs
mondiaux de matières premières énergétiques et minières, figurant même en première position
pour certaines productions comme le charbon, le fer, l’or ou encore l’électricité hydraulique.
Toutefois, en dépit de leur importance, certaines de ces productions demeurent insuffisantes
pour alimenter la consommation nationale et répondre aux besoins croissants du développement
économique et industriel chinois. Entre 1988 et 2008, la Chine a été responsable de 45 % de la
croissance de la consommation énergétique mondiale. En conséquence, les importations
augmentent fortement depuis le milieu des années 1990 et les entreprises du secteur ont été
restructurées, afin de gagner en compétitivité pour la recherche et l'exploitation des gisements

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miniers et d’hydrocarbures à l’étranger. Le poids du pays au sein des échanges mondiaux et son
influence sur les cours sont de plus en plus manifestes.

Dans le secteur énergétique, cette dépendance de plus en plus grande de la Chine vis-à-vis des
approvisionnements extérieurs ne doit cependant pas être exagérée. Près de 70 % de la demande
énergétique chinoise est en fait couverte par les productions nationales de charbon (plus de
50 % de la demande) et d’hydroélectricité (plus de 10 %). La dépendance concerne surtout les
hydrocarbures (pétrole et gaz) qui pèsent ensemble pour 30 % dans la consommation
énergétique totale.

4.1. LE CHARBON

Principale source d’énergie du pays, le charbon a été à la base de l’industrialisation de la Chine


du Nord et du Nord-Est à partir de la fin du XIXe siècle. Les plus grands gisements se situent
dans le Shanxi, dans le sud de la Mongolie-Intérieure et dans les provinces du Nord-Est. Depuis
1989, la Chine maintient sa production annuelle de charbon au-dessus d’un milliard de tonnes.
Très polluantes, la production et la consommation charbonnière sont aujourd’hui au cœur des
débats environnementaux. De fait, les autorités cherchent d’une part à limiter leur grande
dépendance au charbon, via le développement de l’hydroélectricité, de l’énergie nucléaire ou
encore des énergies renouvelables, et d’autre part, parce que très conscientes qu’il sera difficile
de se passer de cette ressource, à développer des technologies propres.

4.2. LES HYDROCARBURES

Les hydrocarbures, principalement le pétrole, constituent la seconde source d’énergie du pays.


La production pétrolière chinoise a été amorcée avec la coopération soviétique au cours des
années 1950. Après une forte augmentation durant les années 1960 et 1970, elle a ensuite ralenti
durant les années 1980 et demeure depuis relativement stable. Le golfe de Bohai, le gisement
de Daqing dans la province du Heilongjiang, et les gisements du Tarim et de Karamay dans la
région autonome du Xinjiang sont à ce jour les principales régions productrices du pays,
auxquelles s’ajoutent quelques gisements offshore au large du delta de la Rivière des Perles, de
Hainan et en mer de Chine orientale. Dans ce domaine, comme dans celui du gaz, la Chine est
fortement dépendante de ses importations qui n’ont cessé d’augmenter depuis 1993. Ses
principaux fournisseurs sont l’Angola, l’Arabie saoudite, l’Iran, la Russie et le Venezuela.
L’enjeu est désormais de diversifier le plus possible les fournisseurs, d’acquérir, par le biais des
grands groupes pétroliers nationaux, des gisements à l’étranger (Moyen-Orient, Afrique,
Venezuela) et de sécuriser les voies d’approvisionnement maritimes et terrestres.

La Chine dispose des premières ressources exploitables en gaz de schiste et des deuxièmes en
pétrole de schiste.

4.3. L'HYDROÉLECTRICITÉ

La troisième source d’énergie est représentée par l’hydroélectricité. Le potentiel


hydroélectrique chinois est immense, mais a été longtemps sous-exploité. Les premières
centrales hydroélectriques du pays ont été construites en Mandchourie par les Japonais dans les
années 1930 et 1940, puis dans le cadre de la coopération sino-soviétique durant les années
1950, tandis qu’un premier barrage sur le fleuve Yangzi Jiang a vu le jour dans les années 1970.
Il faut attendre ensuite les années 1980 et le lancement d’un vaste programme hydroélectrique,
en partie financé par la Banque mondiale et ouvert aux investissements étrangers, pour assister

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à la construction de nouveaux barrages, principalement dans les régions montagneuses du sud-
ouest (Sichuan, Guizhou, Yunnan, Guangxi). Ce renouveau hydroélectrique chinois est
également illustré par la construction du barrage des Trois-Gorges, édifice pharaonique et
controversé. D'autres barrages sont en construction, dont celui de Xiluodu et celui de
Xiangjianba.

4.4. L'ÉNERGIE NUCLÉAIRE

Même si elle est encore négligeable en proportion, l’énergie nucléaire demeure également une
priorité. Lancé timidement à partir du début des années 1990, avec la mise en service d’une
première centrale en 1991, dans le Zhejiang, et d’une seconde en 1994, dans le Guangdong, le
développement du nucléaire s’est fortement accéléré depuis le début des années 2000. Quatre
nouvelles centrales ont été mises en service entre 2002 et 2006. Toutes ces centrales sont pour
l’heure dans les provinces littorales (Guangdong, Zhejiang, Jiangsu, Shandong et Liaoning).
L’objectif des autorités est d’atteindre une production de 36 millions de kWh avant 2020.

4.5. LES ÉNERGIES RENOUVELABLES

Enfin, les enjeux environnementaux contemporains poussent aussi au développement des


énergies renouvelables, d’autant plus que l’immensité et la diversité géographique et climatique
du pays offrent un potentiel intéressant. Les autorités chinoises ont ainsi promulgué une loi sur
l’énergie renouvelable le 1er janvier 2006, accordant diverses subventions et taxes
préférentielles pour des investissements dans ce secteur.

4.6. LES OBJECTIFS

Au total, au-delà des évolutions et des enjeux présents au sein de chacun des secteurs évoqués,
la question énergétique en Chine sous-entend aussi de répondre à des défis structurels et
transversaux. La faible productivité et la vétusté d’une partie de l’appareil industriel chinois
causent encore de dramatiques gaspillages. On estime par exemple qu’à niveau de production
identique la Chine consomme sept fois plus d’énergie que le Japon. À cette réduction des
gaspillages s’ajoute la nécessité de poursuivre l’innovation dans les technologies de production,
la modernisation et le développement des infrastructures de transports énergétiques (oléoducs,
gazoducs, lignes à haute tension), l’éducation des responsables et des consommateurs, et, bien
sûr, de prendre en compte la question environnementale.

5. LA QUESTION ENVIRONNEMENTALE

Depuis 1949, toutes les politiques de développement mises en place en Chine se sont avérées
prédatrices pour l’environnement. Jusqu’à ces dernières années, la question environnementale,
comme sur une grande partie de la planète d’ailleurs, n’a en aucune façon constitué une
préoccupation majeure. La prise de conscience en Chine à ce sujet a été progressive, au fur et à
mesure que l’enjeu environnemental devenait planétaire et que la réalité de l’environnement
chinois était révélée au grand jour.

5.1. UNE INQUIÉTANTE DÉTÉRIORATION DE L'ENVIRONNEMENT

La situation environnementale en Chine est tout simplement dramatique. L’air et l’eau


notamment y sont de très mauvaise qualité. La plupart des villes du pays connaissent un haut

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degré de pollution, 30 % du territoire chinois est touché par des pluies acides et près de la moitié
du réseau hydrographique est considéré comme très pollué. La plaine de Chine du Nord est
confrontée à un grave déficit hydrique tandis que les régions Nord et Ouest (soit près 40 % de
la superficie totale du pays) sont touchées par un sévère processus d’érosion et de
désertification. La superficie des terres cultivables, quant à elle, diminue sensiblement.

Les causes de cette détérioration environnementale sont bien sûr majoritairement d’ordre
anthropique. L’industrialisation, l’urbanisation, l’augmentation du parc motorisé, la
combustion du charbon dans les centrales thermiques et l’utilisation importante d’engrais et de
pesticides dans l’agriculture sont autant de facteurs explicatifs pour ces diverses pollutions.
L’érosion et la désertification ont été en partie accentuées par des déforestations passées
excessives, tout comme le déficit hydrique en Chine du Nord, ce dernier étant renforcé par une
croissance de la consommation en eau, une raréfaction des pluies et un gaspillage de la
ressource.

Cette dégradation de l’environnement en Chine a de très fortes incidences économiques. La


disparition des terres cultivables demeure un sérieux handicap pour le secteur agricole tandis
que les polluants atmosphériques provoquent des pluies acides coûteuses pour l’agriculture et
la construction. Les conséquences sont également très graves sur le plan sanitaire. Les maladies
respiratoires, celles liées à l’eau polluée, mais aussi les cancers, se sont multipliés ces dernières
années et l’on ne compte plus les cas d’intoxication alimentaire dus aux résidus de pesticides.
Il n’est pas rare que des populations touchées collectivement par des problèmes de pollution
finissent par demander des comptes aux autorités locales, par des manifestations, voire des
émeutes.

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5.2. LES DIFFICULTÉS DES POLITIQUES DE PROTECTION DE
L'ENVIRONNEMENT

Les
menaces sur l'environnement en Chine

Officiellement, les premières mesures politiques prenant en compte la donnée


environnementale remontent aux années 1970, avec la création de la SEPA (State
Environmental Protection Administration) en 1974 et l’engagement de l’État à protéger
l’environnement et à prévenir la pollution, via un amendement à la Constitution en 1978.
Toutefois, la priorité donnée au développement économique et la faible médiatisation de la
question environnementale dans une très grande partie du monde auront alors très vite raison
de ces bonnes intentions. Les premières véritables mesures des autorités en matière
d’environnement datent de fait des années 2000, avec, entre autres, la création d’une taxe sur
les émissions polluantes en 2000, l’ouverture de cinq centres régionaux de la SEPA (Shenyang,
Nankin, Canton, Xi’an et Chengdu) en 2006 et l’élévation de cette dernière au rang de ministère
(ministère de la Protection de l’Environnement) en mars 2008. Mais malgré ces réelles avancées
qui témoignent aujourd’hui d’une plus grande prise de conscience au plus haut niveau politique
de l’enjeu de la question environnementale en Chine, le chemin reste encore long pour qu'une
bonne application des mesures soit effective.

Les limites aux politiques de protection de l’environnement en Chine tiennent à des facteurs
politiques, juridiques et sociaux. On constate un manque de volonté politique au niveau des
autorités locales, surtout obsédées par les taux de croissance et le développement à tout prix,
plus que par l'appliquation des lois et règlements édictés à Pékin. Les pénalités infligées aux

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pollueurs sont le plus souvent trop faibles pour convaincre de la nécessité d’adopter des
technologies moins polluantes, surtout pour les petites entreprises aux moyens limités.
Certaines politiques économiques continuent de promouvoir des secteurs industriels vieillis et
polluants, mais pourvoyeurs de nombreux emplois, tandis que, pour des raisons économiques
et sociales, les prix du charbon et de l’eau sont maintenus à un niveau bas, poussant au
gaspillage. Les ressources financières affectées par le gouvernement aux activités de protection
de l’environnement et les personnels qualifiés pour effectuer les contrôles sont encore
insuffisants tandis que le système juridique est encore loin d’être complet. Enfin, la
participation de la société civile aux politiques de préservation de l’environnement est quasi
inexistante. L’acquisition d’une conscience environnementale prendra sans doute du temps que
l’environnement lui-même ne sera pas en mesure de supporter.

Au total, la mise en place d’un développement durable en Chine repose fondamentalement sur
la capacité des autorités chinoises à mettre en œuvre un système législatif et une communication
efficace en matière de protection de l’environnement et à renforcer les mécanismes de contrôle.
Une réelle et forte volonté politique de la part des autorités et la mise en place d’une véritable
coopération internationale seront deux conditions d’un futur succès de la lutte contre la
pollution et pour la préservation de l’environnement en Chine.

La question environnementale est emblématique des enjeux actuels du développement de la


Chine dans le contexte de la mondialisation. En effet, elle peut constituer un point
d'achoppement pour la fréquentation touristique, qui n'est pas seulement une manne financière
mais une opportunité de rencontres et de dialogues interculturels, avec 57 millions de visiteurs
en 2011 (troisième destination mondiale).

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