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D IPLOME D ’A CCES

AUX ETUDES U NIVERSITAIRES

GEOGRAPHIE

Formation Continue UFR LESLA — DAEU-A


Campus des Berges du Rhône 18, quai Claude Bernard - 69365 LYON cedex 07
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C HAPITRE 1
LA MONDIALISATION : SES TERRITOIRES ET SES ACTEURS

Problématique
Qu’est-ce qu’un espace-monde ? Qui sont les acteurs ? Quels sont les lieux de la
mondialisation ?

1. LA MONDIALISATION ET SES FLUX

En géographie, la notion de flux implique une dynamique, un mouvement entre différents


espaces, différents territoires. L’objectif que nous assignons à cette partie est de mettre en
évidence ces flux et de pouvoir, par la suite, les caractériser.

a) Un phénomène ancien

Bien que le terme de « mondialisation » soit assez récent dans la langue française (1964),le
phénomène auquel il fait référence est ancien. En effet, le lien entre les économies à
l’échelle du monde remonte au moins à l’antiquité. Ce qui change aujourd’hui, c’est que les
espaces concernés sont plus nombreux et que les échanges sont profondément inégalitaires.
La mondialisation est donc d’abord
• un processus économique (transactions nées des échanges qui se sont établis entre les
divers points du globe)
• unconcept culturel qui correspond aux changements engendrés par ces échanges. Cela
aboutit à créer un espace-monde, c’est-à-dire un ensemble d’espaces en interaction.

Cet espace-monde commence à se dessiner avec les grandes découvertes du 15 èm e siècle. Par
ce phénomène, l’Ancien Monde et le Nouveau Monde se connectent. Les distances et le
temps qu’il faut pour les parcourir s’amenuisent progressivement grâce aux progrès
techniques.

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Le monde d’avant 1914, celui qui suit les révolutions industrielles, est très globalisé

Carte du monde représentant les échanges entre les différentes régions du monde en 1914
http://lcdazelei.blogspot.com/p/blog-page.html

La Première Guerre mondiale puis la grande crise de 1929 ont mis un frein à cette
globalisation et les politiques protectionnistes ont à nouveau compartimenté le monde.

Le protectionnisme(du latin protegere : protéger, abriter, couvrir, garantir) désigne la


politique et les pratiques d’un État qui intervient dans l’économie afin de défendre ses
intérêts et ceux de ses entreprises face à la concurrence étrangère, et de maintenir ou
développer ses propres forces de production. Le protectionnisme peut se mettre en place sur
un ou des secteurs particuliers de l’économie.Le protectionnisme s’oppose au libre-échange.
Les mesures protectionnistes mises en place visent à limiter l’accès des marchandises,
services ou capitaux étrangers :
• limitations (contingentements) ou interdictions des importations
• droits de douane, taxes à l’importation, impôts spéciaux
• mise en place de normes
• aides ou subventions à l’exportation...

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Dans les années 1980, la révolution des transports donne une impulsion supplémentaire
à la mondialisation. Par exemple, l’apparition des porte-conteneurs a augmenté la capacité
des transports maritimes.

L’avènement d’internet et la maîtrise des Technologies de l’Information et de la


Communication (TIC) ont accéléré la circulation de l’information et les échanges entre les
personnes.
De plus, les années 1980 voient la fin des régimes communistes, le capitalisme va se
développer et devenir ainsi le modèle économique dominant. Il faut ajouter à ce capitalisme
l’industrialisation de plusieurs pays en développement, ce qui augmente le marché mondial ;
c’est notamment le cas des Dragons d’Asie, en particulier la Corée du Sud et Taïwan.

b) Les flux de marchandises et de capitaux

Depuis le milieu du 20 èm e siècle, le commerce international s’est considérablement accru.La


valeur du commerce des marchandises a augmenté de 10 % (par rapport à 2017) pour
atteindre 19 480 milliards de dollars en 2018.

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Croissance du volume du commerce des marchandises et du PIB au niveau mondial,
2011-2020

Source : OMC et CNUCED pour le commerce, estimations consensuelles pour le PIB.

En fait, les échanges commerciaux de biens et de services ont augmenté plus rapidement que
la production de richesses. On définit l'échange de service comme un échange de bien
immatériel, par exemple la finance.
Les échanges mondiaux peuvent être structurés par type de produits :
• les matières premières,
• les produits énergétiques,
• les biens alimentaires,
• les produits manufacturés.

Le commerce de chaque catégorie de produits a son rythme propre, entraînant une grande
instabilité des flux. Par exemple, les produits agricoles connaissent des variations
saisonnières ; les récessions et les crises économiques ont une influence ; les conflits
politiques et militaires jouent sur la stabilité des pays producteurs de pétrole.

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La structure du commerce international par secteurs
secteur et produits s’est
est modifiée au fil du
temps.. Dans les échanges de marchandises, la part des produits industriels est
es majoritaire à
68 %.
La part des produits agricoles ne fait que décroître et ne représente que 11 % des échanges.
Les échanges de minerais, de combustibles,
combustibles ne progressent plus. Laa demande en minerais se
réduit, car ils sont remplacés
emplacés par le nucléaire. Seuls
Se les flux des hydrocarbures
hyd se
maintiennent.
Variation annuelle des exportations de marchandises et du PIB au niveau mondial

Annabac.com
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Source : FAOSTAT 2000

Monde, flux pétroliers et gaziers en 2008

Atlas historique et géographique Alain Houot

Le commerce des armes, qu’il soit officiel ou clandestin, apparaît mal dans les statistiques.
Les détournements de trafic, les ventes en seconde main ne sont pas négligeables. Par
ailleurs, l’instabilité de certaines régions contribue à la constitution de stocks difficilement
contrôlables.

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Les principaux producteurs d’armes sont ceux qui ont développé d’importants programmes
de recherches et une technologie de pointe. Les principaux fabricants sont les États-Unis, la
Russie et la France.
La France a, quant à elle, augmenté de 27 % ses ventes, ce qui lui a permis de porter de
5,8 % à 6,7 % sa part de marché. Elle a ainsi supplanté l’Allemagne, dont les ventes ont
reculé de 14 % dans le même temps, pour devenir le troisième exportateur mondial.
Les échanges des services augmentent plus vite que ceux des biens et représentent 20 % de la
valeur du commerce mondial. Cela s’explique par le développement du transport et du
tourisme, des services technologiques, financiers et culturels.
« L’exportation des services a évolué ces dernières années de manière plus rapide que celle
des biens de consommation ». De fait, « alors que les aléas économiques et politiques
ralentissent le commerce mondial des matières premières et produits manufacturés, la part
des services est passée de 20 % à 23 % de 2011 à 2015 et les experts d’HSBC estiment que
d’ici 2030 ce taux atteindra 25 % ». (Moniteur du Commerce International 22/12/2016)

La révolution des transports accompagne l’augmentation de ces flux. Les équipements


sont de plus en plus performants avec des gros porteurs aériens, des bateaux spécialisés, des
plateformes multimodales installées dans les grands ports, dans les aéroports et près des
échangeurs autoroutiers. (Une plate-forme multimodale est un espace qui concentre plusieurs
types de moyens de transports; le plus fréquent étant l'association port et rails.
La mise en œuvre de ces hubs(plate-forme aéroportuaire vers laquelle convergent les lignes
long courrier et les lignes intérieures) évite les ruptures de charges (c'est à dire limiter les
opérations de transbordements), en accroissant le rythme des échanges et en proposant, dans
le cadre d’une démarche commerciale et industrielle, des gains de productivité.
Cependant, le développement généralisé des échanges cache des disparités à l’échelle
mondiale. Un groupe réduit de pays, ceux de l’OCDE (Organisation de coopération et de
développement économiques), réalise 75 % du commerce mondial. À noter, toutefois, que la
part de l’Asie, et surtout de la Chine, augmente. Par contre, les pays pauvres d’Afrique sont
en marge (ils sont regroupés au sein des PMA, Pays les Moins Avancés)

L’intensification des échanges est le phénomène le plus ancien et le plus classique de la


mondialisation, mais ce qui est nouveau,c’est l’indépendance des échanges financiers par
rapport à l’économie classique des marchandises.

c) Les flux de capitaux

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Les relations internationales mettent en jeu les mouvements de capitaux, c'est à dire les
mouvements 'argent destinés aux investissements) Ils concernent obligatoirement les pays les
plus riches, et plus particulièrement les flux entre la Triade.

Ceci étant, les PVD (Pays en Voie de Développement) accueillent aussi des capitaux
provenant :
• Des travailleurs immigrés qui rapatrient leur épargne.
• Des firmes exploitant de nouvelles ressources pétrolières ou minières, ou délocalisant
leur production. Elles sont épaulées par des banques qui s’internationalisent pour
suivre leurs clients.
• D’États et d’organismes internationaux au titre de l’aide au développement (CNUED,
FAO, FMI)

On observe une prodigieuse expansion du capitalisme financier international.


Le marché mondial de l’argent fonctionne 24h sur 24. Les frontières n’existent plus sur ce
marché financier unifié à l’échelle du monde, et nous parlons de globalisation financière.
Les grandes places financières sont des pôles d’attraction et de redistribution des capitaux.
Elles se sont développées autour des bourses, dans les grandes villes, mais aussi dans des
carrefours d’échanges comme les ports.
Une dizaine de places d’envergure internationale se distinguent. Le duel Londres / New York
domine. Londres est la place la plus complète car la plus ancienne, mais New York concentre
le plus gros volume de transactions. La moitié de la capitalisation boursière mondiale se fait
à Wall Street. Tokyo est à la 3 èm e place (sans compter le NASDAQ, qui est la bourse dédiée à
la net-économie).
Ces flux correspondent aussi à un mouvement d’investissement à l’étranger, qui a connu son
explosion depuis 1970. Les 3/4 des IDE (Investissement Direct Etranger)vont vers les pays
développés, et pour le quart qui reste, la Chine accueille à elle seule 1/3 de ces flux.
L’Afrique est à l’écart de ce mouvement avec 1 % à peine des flux.
À côté de ces grands flux financiers se développent des flux illicites,représentant la part non
négligeable de 15 % du commerce mondial. Il s’agit des trafics de produits de contrefaçon et
des flux financiers issus de la corruption, du terrorisme et du trafic de drogue.

d) Les flux migratoires

Plus de 258 millions de personnes dans le monde ne vivent pas dans leur pays de naissance.
Ces migrants internationaux représentent plus de 3,4 % de la population mondiale.

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Leur nombre progresse, il est ainsi passé de 220 à 248 millions entre 2010 et 2015 (+2,4 %
par an en moyenne).
On estime à 1 million par an le transfert de population depuis les pays d’émigration vers les
pays d’immigration. Ce phénomène s’est d’abord accéléré, avant de se stabiliser.
Les États-Unis demeurent de très loin le principal foyer d’immigration du monde : ils
accueillent légalement et illégalement une immigration en provenance du monde entier,mais
en premier lieu de l’Asie orientale, puis des Caraïbes et de l’Amérique latine. Les
immigrants contribuent pour près du quart à la croissance démographique des États-Unis.
Les États-Unis restent le pays qui abrite le plus grand nombre d’immigrés, 49,8 millions, soit
un sur cinq (20 %)de la population.

Le renouveau économique de l’Europe du Nord-Ouest, dans les années 1950-1960, a


provoqué une pénurie de main d’œuvre non qualifiée. Les anciennes colonies envoyèrent de
nouveaux flux et surtout les populations méditerranéennes arrivèrent en grand
nombre :Grecs, Yougoslaves, Turcs, Portugais, Maghrébins. Cependant, avec les difficultés
économiques, la montée du chômage et des tensions raciales, l’Europe des années 1970 s’est
fermée à l’immigration et a même encouragé aux retours. Après 1990 et la chute des régimes

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communistes,de nouveaux flux migratoires en provenance de l’Europe centrale et balkanique
se sont dirigés vers l’Europe occidentale.
Les nouveaux états pétroliers du Moyen-Orient (Arabie Saoudite en tête), brutalement
enrichis par la flambée des prix du pétrole au début des années 1970, sont devenus des pays
d’immigration, d’autant plus qu’ils étaient peu peuplés. Les immigrés y sont venus des pays
arabes voisins, puis d’Asie du sud (Pakistan, Inde, Philippines). Actuellement, 4 à 5 millions
d’étrangers formeraient encore la moitié de la population active. Par exemple, les immigrés
représentent 88 % de la population des Emirats arabes unis.
Toutefois, la chute des revenus tirés du pétrole, les difficultés financières de certains pays
producteurs et les problèmes religieux ont provoqué un gel de l’immigration et quelquefois
des expulsions.

80% des migrants du flux migratoire mondial se dirigent vers les pays riches et 20% vers le
Sud. La plupart viennent des régions les moins développées, à forte pression démographique,
et affluent vers les grandes villes des pays d’accueil.
Le gel de l’immigration par de nombreux États a renforcé le phénomène de l’immigration
clandestine, estimée à 15 millions de personnes dans le monde.

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Aux migrations de travail,il faut ajouter des migrations saisonnières que sont les migrations
touristiques. La plupart des touristes recherchent fondamentalement le repos, les loisirs, le
dépaysement. Ceci explique pourquoi le tourisme balnéaire soit le plus florissant de tous.
Le tourisme culturel est aussi axé sur les grands festivals, comme Avignon, ou les concerts
comme Bayreuth. Bien que minoritaire, cette partie des migrants touristiques est
grandissante.
D’autre part, le tourisme religieux n’est pas négligeable : Rome, Lourdes, St Jacques de
Compostelle, la Terre sainte, le pèlerinage à la Mecque.
Il existe également un tourisme d’affaires et de congrès, comme à Cannes, un tourisme
thermal et de remise en forme, un tourisme sportif comme les rallyes, les plongées sous-
marines, et aussi un tourisme spécifiquement exotique comme aux Seychelles ou en
Polynésie.
L’Europe est de loin le premier continent émetteur et récepteur de touristes. C’est aussi celui
qui dispose des villes de congrès, la plupart étant les métropoles importantes les plus
fréquentées. L’Amérique du Nord prend le second rang. La fréquentation touristique est le
privilège des pays riches.

La Méditerranée est la grande plage de l’Europe avec l’Espagne, l’Italie, la Grèce et la


France, qui sont les géants du tourisme mondial.
La côte sud-est des États-Unis, avec les 3 S (Sun, Sea, Sand) sont des destinations
touristiques mondiales comme la Floride, « l’État du soleil », avec ses plages et ses parcs
d’attraction ( Disney World)..
Petites et grandes Antilles offrent une multitude de stations plus modestes, mais aussi des
ports d’escales pour les croisières.

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On est passé d’unun tourisme aristocratique à un tourisme de masse,
masse mais les mouvements
touristiques restent l’apanage
apanage de
d pays et de classes privilégiés.s. Le tourisme exige des
équipements coûteux, un système de transport supplémentaire, une organisation planifiée.
plan
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Les espaces touristiques sont de plus en plus uniformisés : hôtels de prestige, promiscuité
des villages de tentes et de bungalows, casinos, galeries marchandes, banques et agences,
salles de spectacle, boîtes de nuit….
Les contacts entre les touristes et la société qui les accueille sont souvent réduits. Les flux
touristiques organisés par les agences privées et les tour-operators des pays développés
créent de véritables ghettos touristiques, faisant ressentir les différentes conditions de vie
entre les pays développés et celles des PVD et dévalorisent les cultures endogènes (locales).

2. LES ESPACES ET LES LIEUX DE LA MONDIALISATION

a) La Triade organise la mondialisation

Les 3 centres d’impulsion majeurs, États-Unis, Europe occidentale et Asie pacifique (Japon,
Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Australie, Nouvelle-Zélande), forment la Triade et ont le
rôle moteur dans le fonctionnement de la planète.
Le géographe français Laurent Carroué définit la Triade en 2006 comme « [rassemblant] les
États dominants (États-Unis, Canada, Europe occidentale, Japon et Corée du Sud) qui
contrôlent l’essentiel du pouvoir politique et économique du monde, possèdent les capitaux
et maîtrisent les technologies et l’information. 20 % de la population dispose de 80 % du
PNB, 70 % de l’industrie, 85 % de la recherche développement, 60 % des services de
transports et du stock d’IDE. »
La Triade a donc une position d’oligopole, (un groupe qui détient tous les pouvoirs) car les
effets de cette domination confortent toujours un peu plus sa situation dominatrice.
À noter que, depuis 2010, on parle de « Triade élargie » dans la mesure où la Chine est
devenue une puissance économique majeure.

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So urce : La do cu men tation fran çaise

Les États-Unis demeurent un pôle très actif et la croissance de leur pays le démontre :
18562 $ en 2016 puis 19377 $ en 2017, soit une hausse de 4 %. Selon les prévisions du FMI
(Fonds Monétaire International), ils conserveront en 2017 leur avance sur la Chine, deuxième
du classement avec un PIB en hausse de 9 % entre 2016 et 2017 (11 392 $ en 2016 contre
12 362 $ en 2017). Cependant, l’écart en faveur des États-Unis se réduit.
Le Japon détient la 3 èm e place du classement, avec un PIB de 5 106 $ en 2017, soit une
hausse de 8 % par rapport à 2016.
Répartition du PIB mondial par pays

Témoignages.re 1/05/2014
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La Triade contrôle la majorité des flux, mais les échanges s’effectuent principalement entre
les 3 pôles qui la constituent.
Ces échanges internes n’excluent pas une forte concurrence entre les 3 pôles. Chacun défend
sa culture, ses valeurs, ses particularismes et possède son aire d’influence privilégiée.
Depuis 1992, les États-Unis ont intégré à l’ALENA le Canada et le Mexique dans une zone
de libre-échange.
L’aire d’influence nord-américaine se prolonge sur l’Amérique latine. Le Japon, lui, a
développé d’intenses relations économiques et financières en Asie orientale, avec comme
partenaires essentiels la Chine et la Corée du sud. L’Union Européenne a intégré l’Europe
centrale et orientale (PECO) et entretient aussi des relations privilégiées avec l’Afrique et le
Moyen-Orient.
Seul le BRICS, le groupe formé par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud
(depuis 2011), essaye de contrebalancer la puissance des échanges de la Triade en procédant
à une progressive intégration régionale. Il intégrera bientôt l’Indonésie et le Mexique, et
ainsi devenir le BRICSIM.
Au final, la dynamique de la mondialisation semble favoriser de plus en plus la
multipolarité : non seulement à l’échelle mondiale, en ajoutant au peloton de tête que
constituait la Triade les pays émergents, mais aussi à l’intérieur de chacune des aires de
puissance, en particulier au sein de l’Asie, autrefois dominée par le Japon seul, et désormais
pilotée, en plus de la Corée du Sud, par la Chine, son nouveau concurrent.

L.A Story overblog


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b) Les métropoles sont des lieux moteurs

La mondialisation modifie l’organisation de l’espace mondial. Elle augmente le poids et le


rôle des villes et en particulier les très grandes villes de plusieurs millions d’habitants. Ceci
favorise le phénomène de métropolisation, c’est-à-dire la concentration des activités et des
populations dans quelques villes qui exercent les fonctions de commandement à l’échelle
d’une région ou d’un pays.

So urce : Fo nd s d e ca rte dmap s.co m

Réalisation : F.Sau zeau

L’archipel mégalopolitain mondial, selon le géographe Olivier Dollfus, désigne la mise en


réseau des grands pôles urbains qui commandent l’économie et la politique mondiales. Les
interactions permanentes, tant économiques que politiques, entre les trois grandes
mégalopoles constituent le cœur du réseau des lieux du pouvoir planétaire. Chacune des trois
mégalopoles principales entretient des liens privilégiés avec des mégalopoles secondaires.

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François Moriconi-Ébrard et Cathy Chatel, « Nouvelle hiérarchie des grandes agglomérations et nouvelles
formes de peuplement », Questions internationales, no 60, mars-avril 2013, pp. 55-65.

D’après le tableau, nous pouvons constater que près de la moitié de la population mondiale
est constituée de citadins.
La multiplication des échanges et des réseaux de transport ont permis aux villes,véritables
nœuds de communication, de regrouper les fonctions économiques et de devenir « des villes
monde ».
Les « villes monde » sont donc des agglomérations qui détiennent les principaux pouvoirs
politiques, économiques et financiers : les sièges sociaux des grandes entreprises, la bourse,
les grandes banques, les centres de recherche, la création culturelle, les sièges des grands
journaux… C’est aussi là que les emplois sont le plus productifs car ils sont essentiellement
sectorisés dans le tertiaire, c'est à dire la finance (banque et assurance).
La mondialisation confère donc à la « ville-monde » une puissance planétaire.
Les métropoles, avec la mondialisation, ont fini par fonctionner en réseaux entre elles. Les
flux internationaux et intercontinentaux s’effectuent entre les mégalopoles et organisent un
système de villes hiérarchisé qui dirige le monde : l’archipel métropolitain mondial (voir
carte).
Les trois principales mégalopoles sont localisées dans les espaces de la Triade, avec les 4
villes mondiales de New York, Londres, Paris et Tokyo ; la Mégalopolis du Nord-Est des
États-Unis est le principal foyer de la mondialisation.La mégalopole européenne, allant de
Manchester jusqu’à Gênes, est un ensemble transfrontalier qui manque d’unité. La
mégalopole japonaise ne dispose pas de pouvoir de décision politique majeur. Ces trois
espaces forment l’oligopole mondial, ou l’archipel métropolitain mondial, car ils concentrent
les pouvoirs politiques, économiques et financiers de la planète.

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Les métropoles des pays riches ont évolué dans leur structure et se sont tertiarisées, car les
usines des secteurs traditionnels (comme le textile ou la sidérurgie) ont fermé ou se sont
délocalisées au profit d’activités tertiaires de haut niveau. (Conception et ingénierie)
Les activités tertiaires se sont concentrées dans les centres villes, d’où l’architecture
verticale des CBD (Central Business District). Les CBD des villes et les centres historiques
en Europe étant souvent saturés, de nouveaux centres situés sur les axes de communication,
si possible près d’un aéroport, se créent à la périphérie des villes. Ce polycentrisme va de
pair avec la périurbanisation. (Développement des aires urbaines par cercles concentriques)
Dans les métropoles des pays en développement, on retrouve cette concentration des activités
tertiaires, mais aussi une industrialisation importante et de forts contrastes entre les classes
moyennes ou supérieures, et la majorité des habitants pauvres affrontent les problèmes de
logement, d’emplois, de ravitaillement en eau et en électricité. Ces contrastes sont mis en
évidence par la ségrégation spatiale, particulièrement présente dans la question de l’habitat.
Les métropoles du sud sont en contact avec le monde car elles sont les portes d’entrée des
capitaux et des touristes, et qu’elles sont souvent la dernière étape des émigrants avant le
grand départ.

c) Les autres lieux de la mondialisation

La libéralisation des échanges et la baisse des droits de douane touchent les espaces
frontaliers. Toutes les interfaces (zones de rencontres) sont de nouveaux lieux de la
mondialisation.
L’interface frontalière la plus dynamique est la frontière entre le Mexique et les États-Unis
car une première puissance économique cohabite avec un pays en développement. Le
différentiel économique permet la mise en place des maquiladoras. (Site d’assemblage
industriel situé sur l’interface transfrontalière du Mexique et des Etats-Unis)

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Les façades maritimes sont globalement des espaces privilégiés, ou des interfaces, du fait de
la concentration de la population sur les littoraux et de leurdéveloppement économique. C’est
le cas de la Northern Range, de la façade atlantique des États-Unis, ou de l’Asie orientale.
La mer est devenue un enjeu de la mondialisation depuis la conférence de MontegoBay en
1982, qui a défini les ZEE (Zone Economique Exclusive) comme des zones permettant à un
État de bénéficier d’un droit exclusif d’exploitation économique à 200 miles (370km) des
côtes. De plus, le transport maritime étant le moins coûteux, il assure les 2/3 des échanges
mondiaux. La flotte mondiale s’est étendue au profit de NPIA, (Nouveaux Pays d’Asie
Industrialisés, comme la Corée ou Taiwan) par exemple, la Chine contrôlait 10 % du trafic
mondial en 2018.
Les entreprises ont, d’autre part, cherché à payer moins d’impôts, à limiter leurs charges
sociales ou à augmenter la durée d’utilisation de leurs équipements. Pour cela, elles se
tournent vers des pays qui dérogent à certaines règles jugées trop contraignantes (règles
sociales et fiscales ou encore contraintes environnementales) Les zones franches
d’exportation (zones avec un régime fiscale plus favorable) ont été mises à profit par les
sociétés transnationales pour utiliser une main d’œuvre bon marché. Ces politiques de
délocalisation des entreprises ont eu des effets positifs dans les pays d’accueil, comme l’île
Maurice, par la création d’emplois, l’élévation du niveau de vie et l’industrialisation, mais
ces zones ne sont spécialisées que dans la sous-traitance et n’offrent donc pas de vrai
développement pour l’avenir.
Pour conclure, la mondialisation financière a permis le développement d’enclaves de
tolérance où les entreprises ne payent pas de taxes, d’impôts ou de droits de succession. Ces
paradis fiscaux peuvent être des places financières connues comme la Suisse ou le
Luxembourg. Parmi les nouvelles enclaves qui se sont développées, il existe même des
« places off-shore », hors du continent, sur des îles, comme l’île de Man entre l’Angleterre et
l’Irlande, les îles Caïmans et les Bahamas aux Antilles.

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3. LES ACTEURS DE LA MONDIALISATION

a) Les FTN (firmes transnationales)

Les firmes transnationales sont des entreprises implantées dans de nombreux pays et qui
réalisent la majeure partie de leurs chiffres d’affaires en dehors de leur pays d’origine.
Ces FTN sont nombreuses, on en dénombre environ 80 000. Les 200 premières représentent
le 1/4 de la production mondiale et la moitié du commerce mondial. Les FTN réalisent, sur le
plan économique,plus du 1/4 du PIB mondial et, sur le plan commercial, directement ou
indirectement, les 2/3 du commerce mondial. Le nombre de leurs salariés est estimé à près de
80 millions :60 % dans les pays développés et 40 % dans les pays du Sud, dont la moitié en
Chine.
Les firmes américaines et chinoises prédominent. Elles contribuent à la production de
richesses, elles diffusent le capitalisme et accentuent la mondialisation. À elles seules, elles
réalisent les 2/3 du commerce mondial.

Classement par nombre d’entreprise dans le global 500

RANG PAYS NOMBRE


1 États-Unis 126
2 Chine 120
3 Japon 52
4 Allemagne 32
5 France 28
6 Grande-Bretagne 21
7 Corée du Sud 16
8 Pays-Bas 15
9 Suisse 14
10 Canada 12

Source : Fortune Global 500

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On voit bien que les pays du Nord comptent le plus grand nombre de FTN . Les 80 000 FTN
s’appuient sur un réseau d’environ 700 000 filiales. Elles font intervenir d’autres sociétés
qui remplissent, en sous-traitance, certaines de leurs fonctions.
Dans ce réseau des FTN globalement détenues par les grandes puissances des pays les plus
développés, les pays émergents ont également besoin de trouver leur place.
Les territoires sont en compétition : les FTN effectuent un choix économique et territorial
permanent pour augmenter leurs profits et leurs parts de marché. Les décisions en matière de
localisation conduisent à une vive concurrence à toutes les échelles spatiales, qui s’explique
par les emplois en jeu et les rentrées fiscales escomptées. Des recompositions territoriales se
dessinent par la création ou la délocalisation des usines.
Bien que les firmes envisagent leur production à l’échelle mondiale et écoulent plus de 50 %
de leur production à l’étranger, l’ancrage avec le pays d’origine reste encore très fort. En
effet, c’est au cœur des PID (Pays Industriel Développé) que travaille la majorité des salariés
et que les opérations les plus sophistiquées sont menées, du management à la conception et
réalisation des produits à très haute valeur ajoutée. Néanmoins, la montée des puissances
émergentes comme la Chine ou l’Inde bouleverse la donne et développe de nouveaux centres
décisionnels, de recherche et de design.
De ce point de vue, la mondialisation, en proposant une nouvelle Division Internationale du
Travail, fonctionne selon un mode taylorien. (on sépare les zones de conception des zones de
production)

b) Les États sont les régulateurs de la mondialisation

La plupart des organisations internationales impliquées dans la mondialisation sont nées


après la Seconde Guerre mondiale, à l’initiative des États-Unis, pour promouvoir le libre-
échange.
La mondialisation se développe grâce à la libéralisation des échanges qu’entreprennent les
responsables politiques des États capitalistes dans le cadre de l’Organisation mondiale du
commerce. Créée en 1995, l’OMC réglemente le commerce mondial en favorisant les
négociations entre les États et en instaurant des normes techniques et juridiques au niveau
international. Elle a son siège permanent à Genève.
Le FMI et la Banque Mondiale, influencés par les États-Unis, aident au financement des
économies en difficulté comme en Grèce par exemple.. Enfin, l’Organisation des Nations
Unies et ses agences tendent à préserver la paix et favoriser le développement.
S’ajoutent des forums de discussion plus ou moins informels initiés par les pays les plus
riches comme le G20.
Les États seuls perdent leur influence ou leur marge de manœuvre. Par contre, ils retrouvent
leur importance lorsqu’ils sont regroupés dans des alliances régionales économiques.

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Aujourd’hui, 40 % des échanges s’effectuent dans le cadre d’accords préférentiels entre deux
pays signataires. D’autre part, des organisations régionales se multiplient, sur le modèle de
l’Union européenne. Elles favorisent l’intégration régionale entre différentes économies et
sociétés d’un même ensemble continental. Les flux commerciaux et d’investissement se
développent ainsi dans l’ALENA, la zone de libre-échange de l’Amérique du Nord.

c) Les autres réseaux d’acteurs

Les organisations non gouvernementales (ONG) collectent et redistribuent des fonds dans le
monde entier, essentiellement pour l’action humanitaire (Croix-Rouge, Médecins du Monde,
etc.) ou en faveur du développement durable et de l’environnement (Greenpeace, WWF).
Mais en dépit de leur rôle consultatif et de leur influence sur l’opinion publique, ces ONG ne
disposent pas de moyens d’action contraignants et n’ont qu’un impact limité sur la régulation
de la mondialisation.
Les altermondialistes souhaitent une « mondialisation autrement », moins libérale, plus
contrôlée et plus équitable en faveur des pays du sud. Leurs tribunes d’expression
privilégiées sont le G22, des mouvements en réseaux tels qu’ATTAC ou encore le Forum
social mondial réuni à Nairobi en 2007, en réponse au Forum économique qui se réunit
annuellement à Davos en Suisse.

À tous ces acteurs, il faut ajouter le rôle des communautés elles-mêmes et celui des mafias.
Le crime organisé s’est lui aussi mondialisé.
Implantés dans les grandes villes au sein de territoires communautaires comme les
« chinatowns », les émigrés des diasporas conservent des liens avec leur pays d’origine. Ces
communautés transnationales fonctionnent alors en réseaux, tels les 40 millions de Chinois
d’outre-mer.
Enfin, les réseaux illégaux et criminels, profiteurs et acteurs de la mondialisation, façonnent
« l’antimonde ». Parmi les grands organismes mafieux figurent la Mafia et la Camorra
italiennes, la Cosa nostra étatsunienne, les triades chinoises ou encore les Yakuzas japonais.
Leurs revenus viennent de la drogue, du trafic d’armes, des contrebandes diverses, de la
prostitution, des productions de contrefaçon, de piratages de musique et de films.

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