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GEOGRAPHIE
Problématique
Qu’est-ce qu’un espace-monde ? Qui sont les acteurs ? Quels sont les lieux de la
mondialisation ?
a) Un phénomène ancien
Bien que le terme de « mondialisation » soit assez récent dans la langue française (1964),le
phénomène auquel il fait référence est ancien. En effet, le lien entre les économies à
l’échelle du monde remonte au moins à l’antiquité. Ce qui change aujourd’hui, c’est que les
espaces concernés sont plus nombreux et que les échanges sont profondément inégalitaires.
La mondialisation est donc d’abord
• un processus économique (transactions nées des échanges qui se sont établis entre les
divers points du globe)
• unconcept culturel qui correspond aux changements engendrés par ces échanges. Cela
aboutit à créer un espace-monde, c’est-à-dire un ensemble d’espaces en interaction.
Cet espace-monde commence à se dessiner avec les grandes découvertes du 15 èm e siècle. Par
ce phénomène, l’Ancien Monde et le Nouveau Monde se connectent. Les distances et le
temps qu’il faut pour les parcourir s’amenuisent progressivement grâce aux progrès
techniques.
Carte du monde représentant les échanges entre les différentes régions du monde en 1914
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La Première Guerre mondiale puis la grande crise de 1929 ont mis un frein à cette
globalisation et les politiques protectionnistes ont à nouveau compartimenté le monde.
En fait, les échanges commerciaux de biens et de services ont augmenté plus rapidement que
la production de richesses. On définit l'échange de service comme un échange de bien
immatériel, par exemple la finance.
Les échanges mondiaux peuvent être structurés par type de produits :
• les matières premières,
• les produits énergétiques,
• les biens alimentaires,
• les produits manufacturés.
Le commerce de chaque catégorie de produits a son rythme propre, entraînant une grande
instabilité des flux. Par exemple, les produits agricoles connaissent des variations
saisonnières ; les récessions et les crises économiques ont une influence ; les conflits
politiques et militaires jouent sur la stabilité des pays producteurs de pétrole.
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Source : FAOSTAT 2000
Le commerce des armes, qu’il soit officiel ou clandestin, apparaît mal dans les statistiques.
Les détournements de trafic, les ventes en seconde main ne sont pas négligeables. Par
ailleurs, l’instabilité de certaines régions contribue à la constitution de stocks difficilement
contrôlables.
Ceci étant, les PVD (Pays en Voie de Développement) accueillent aussi des capitaux
provenant :
• Des travailleurs immigrés qui rapatrient leur épargne.
• Des firmes exploitant de nouvelles ressources pétrolières ou minières, ou délocalisant
leur production. Elles sont épaulées par des banques qui s’internationalisent pour
suivre leurs clients.
• D’États et d’organismes internationaux au titre de l’aide au développement (CNUED,
FAO, FMI)
Plus de 258 millions de personnes dans le monde ne vivent pas dans leur pays de naissance.
Ces migrants internationaux représentent plus de 3,4 % de la population mondiale.
80% des migrants du flux migratoire mondial se dirigent vers les pays riches et 20% vers le
Sud. La plupart viennent des régions les moins développées, à forte pression démographique,
et affluent vers les grandes villes des pays d’accueil.
Le gel de l’immigration par de nombreux États a renforcé le phénomène de l’immigration
clandestine, estimée à 15 millions de personnes dans le monde.
Les 3 centres d’impulsion majeurs, États-Unis, Europe occidentale et Asie pacifique (Japon,
Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Australie, Nouvelle-Zélande), forment la Triade et ont le
rôle moteur dans le fonctionnement de la planète.
Le géographe français Laurent Carroué définit la Triade en 2006 comme « [rassemblant] les
États dominants (États-Unis, Canada, Europe occidentale, Japon et Corée du Sud) qui
contrôlent l’essentiel du pouvoir politique et économique du monde, possèdent les capitaux
et maîtrisent les technologies et l’information. 20 % de la population dispose de 80 % du
PNB, 70 % de l’industrie, 85 % de la recherche développement, 60 % des services de
transports et du stock d’IDE. »
La Triade a donc une position d’oligopole, (un groupe qui détient tous les pouvoirs) car les
effets de cette domination confortent toujours un peu plus sa situation dominatrice.
À noter que, depuis 2010, on parle de « Triade élargie » dans la mesure où la Chine est
devenue une puissance économique majeure.
Les États-Unis demeurent un pôle très actif et la croissance de leur pays le démontre :
18562 $ en 2016 puis 19377 $ en 2017, soit une hausse de 4 %. Selon les prévisions du FMI
(Fonds Monétaire International), ils conserveront en 2017 leur avance sur la Chine, deuxième
du classement avec un PIB en hausse de 9 % entre 2016 et 2017 (11 392 $ en 2016 contre
12 362 $ en 2017). Cependant, l’écart en faveur des États-Unis se réduit.
Le Japon détient la 3 èm e place du classement, avec un PIB de 5 106 $ en 2017, soit une
hausse de 8 % par rapport à 2016.
Répartition du PIB mondial par pays
Témoignages.re 1/05/2014
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La Triade contrôle la majorité des flux, mais les échanges s’effectuent principalement entre
les 3 pôles qui la constituent.
Ces échanges internes n’excluent pas une forte concurrence entre les 3 pôles. Chacun défend
sa culture, ses valeurs, ses particularismes et possède son aire d’influence privilégiée.
Depuis 1992, les États-Unis ont intégré à l’ALENA le Canada et le Mexique dans une zone
de libre-échange.
L’aire d’influence nord-américaine se prolonge sur l’Amérique latine. Le Japon, lui, a
développé d’intenses relations économiques et financières en Asie orientale, avec comme
partenaires essentiels la Chine et la Corée du sud. L’Union Européenne a intégré l’Europe
centrale et orientale (PECO) et entretient aussi des relations privilégiées avec l’Afrique et le
Moyen-Orient.
Seul le BRICS, le groupe formé par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud
(depuis 2011), essaye de contrebalancer la puissance des échanges de la Triade en procédant
à une progressive intégration régionale. Il intégrera bientôt l’Indonésie et le Mexique, et
ainsi devenir le BRICSIM.
Au final, la dynamique de la mondialisation semble favoriser de plus en plus la
multipolarité : non seulement à l’échelle mondiale, en ajoutant au peloton de tête que
constituait la Triade les pays émergents, mais aussi à l’intérieur de chacune des aires de
puissance, en particulier au sein de l’Asie, autrefois dominée par le Japon seul, et désormais
pilotée, en plus de la Corée du Sud, par la Chine, son nouveau concurrent.
D’après le tableau, nous pouvons constater que près de la moitié de la population mondiale
est constituée de citadins.
La multiplication des échanges et des réseaux de transport ont permis aux villes,véritables
nœuds de communication, de regrouper les fonctions économiques et de devenir « des villes
monde ».
Les « villes monde » sont donc des agglomérations qui détiennent les principaux pouvoirs
politiques, économiques et financiers : les sièges sociaux des grandes entreprises, la bourse,
les grandes banques, les centres de recherche, la création culturelle, les sièges des grands
journaux… C’est aussi là que les emplois sont le plus productifs car ils sont essentiellement
sectorisés dans le tertiaire, c'est à dire la finance (banque et assurance).
La mondialisation confère donc à la « ville-monde » une puissance planétaire.
Les métropoles, avec la mondialisation, ont fini par fonctionner en réseaux entre elles. Les
flux internationaux et intercontinentaux s’effectuent entre les mégalopoles et organisent un
système de villes hiérarchisé qui dirige le monde : l’archipel métropolitain mondial (voir
carte).
Les trois principales mégalopoles sont localisées dans les espaces de la Triade, avec les 4
villes mondiales de New York, Londres, Paris et Tokyo ; la Mégalopolis du Nord-Est des
États-Unis est le principal foyer de la mondialisation.La mégalopole européenne, allant de
Manchester jusqu’à Gênes, est un ensemble transfrontalier qui manque d’unité. La
mégalopole japonaise ne dispose pas de pouvoir de décision politique majeur. Ces trois
espaces forment l’oligopole mondial, ou l’archipel métropolitain mondial, car ils concentrent
les pouvoirs politiques, économiques et financiers de la planète.
La libéralisation des échanges et la baisse des droits de douane touchent les espaces
frontaliers. Toutes les interfaces (zones de rencontres) sont de nouveaux lieux de la
mondialisation.
L’interface frontalière la plus dynamique est la frontière entre le Mexique et les États-Unis
car une première puissance économique cohabite avec un pays en développement. Le
différentiel économique permet la mise en place des maquiladoras. (Site d’assemblage
industriel situé sur l’interface transfrontalière du Mexique et des Etats-Unis)
Les firmes transnationales sont des entreprises implantées dans de nombreux pays et qui
réalisent la majeure partie de leurs chiffres d’affaires en dehors de leur pays d’origine.
Ces FTN sont nombreuses, on en dénombre environ 80 000. Les 200 premières représentent
le 1/4 de la production mondiale et la moitié du commerce mondial. Les FTN réalisent, sur le
plan économique,plus du 1/4 du PIB mondial et, sur le plan commercial, directement ou
indirectement, les 2/3 du commerce mondial. Le nombre de leurs salariés est estimé à près de
80 millions :60 % dans les pays développés et 40 % dans les pays du Sud, dont la moitié en
Chine.
Les firmes américaines et chinoises prédominent. Elles contribuent à la production de
richesses, elles diffusent le capitalisme et accentuent la mondialisation. À elles seules, elles
réalisent les 2/3 du commerce mondial.
Les organisations non gouvernementales (ONG) collectent et redistribuent des fonds dans le
monde entier, essentiellement pour l’action humanitaire (Croix-Rouge, Médecins du Monde,
etc.) ou en faveur du développement durable et de l’environnement (Greenpeace, WWF).
Mais en dépit de leur rôle consultatif et de leur influence sur l’opinion publique, ces ONG ne
disposent pas de moyens d’action contraignants et n’ont qu’un impact limité sur la régulation
de la mondialisation.
Les altermondialistes souhaitent une « mondialisation autrement », moins libérale, plus
contrôlée et plus équitable en faveur des pays du sud. Leurs tribunes d’expression
privilégiées sont le G22, des mouvements en réseaux tels qu’ATTAC ou encore le Forum
social mondial réuni à Nairobi en 2007, en réponse au Forum économique qui se réunit
annuellement à Davos en Suisse.
À tous ces acteurs, il faut ajouter le rôle des communautés elles-mêmes et celui des mafias.
Le crime organisé s’est lui aussi mondialisé.
Implantés dans les grandes villes au sein de territoires communautaires comme les
« chinatowns », les émigrés des diasporas conservent des liens avec leur pays d’origine. Ces
communautés transnationales fonctionnent alors en réseaux, tels les 40 millions de Chinois
d’outre-mer.
Enfin, les réseaux illégaux et criminels, profiteurs et acteurs de la mondialisation, façonnent
« l’antimonde ». Parmi les grands organismes mafieux figurent la Mafia et la Camorra
italiennes, la Cosa nostra étatsunienne, les triades chinoises ou encore les Yakuzas japonais.
Leurs revenus viennent de la drogue, du trafic d’armes, des contrebandes diverses, de la
prostitution, des productions de contrefaçon, de piratages de musique et de films.