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Développement

1/ Qu'est-ce que la mondialisation ? : La mondialisation (globalization en anglais) est un processus


historique, pluriséculaire, de mise en relation des sociétés du monde entier, ou plutôt du monde,
devenu un lieu commun à toute l'humanité.
Le commerce international représente l’ensemble des échanges internationaux de biens et de
services.
La mondialisation est un processus continu d’intensification et de fluidification des échanges, porté
par l’essor des transports et des mobilités (populations, entreprises, etc.) et accéléré depuis les
années 1970 par les systèmes contemporains de communication et de circulation de l’information.
Accentuer l’internationalisation des échanges, par conséquent : augmenter son ouverture
commerciale, permet aux pays de bénéficier des gains à l’échange. Ces gains ont été démontrés par
les théories des avantages absolus et comparatifs des classiques Smith et Ricardo.
Adam Smith dans la Richesse des nations, en 1776, analyse le commerce international comme le
prolongement de sa théorie de la division du travail, il indique que si un pays B peut fournir une
marchandise à meilleur prix parce que son coût de production est plus faible que le pays A, alors il
vaut mieux que le pays A lui achète cette marchandise et lui vende une autre marchandise où il a des
coûts de production faibles, là où le pays A possède alors un avantage absolu. La spécialisation qui en
résulte entraîne une DIT (division internationale du travail), cela permet à chaque pays d’allouer ses
ressources là où elles sont les plus efficaces.
Smith n’avait pas vu un problème posé par sa théorie : un pays dont les coûts de production sont
inférieurs ou supérieurs dans toutes les productions n’aurait alors aucun avantage et n’aurait donc
pas un gain à l’échange international. C’est précisément pour lever cette limite que Ricardo
développe une approche en termes d’avantage comparatif.
L’avantage comparatif est fondé sur l’idée qu’il est plus efficace de se spécialiser dans les produits
dans lesquels le pays est relativement le plus productif en laissant aux autres pays les autres activités,
même si le pays est capable d’être plus productif que les autres pays dans toutes les autres activités.
En effet, toute économie dispose de ressources limitées, ce qu’elle peut donc produire est en
quantité limitée. Si le pays veut produire plus d’un bien alors il faut réduire la production d’un autre
bien. La spécialisation internationale selon l’avantage comparatif va permettre de repousser le « mur
de la rareté ». La spécialisation des pays repose sur des différences relatives de productivité, donc sur
des différences de coûts relatifs.
Dans l’exemple proposé par Ricardo : le Portugal est capable de fabriquer du vin et des draps pour un
coût inférieur à l’Angleterre. Mais, il est plus efficace pour les deux pays de se spécialiser et
d’échanger. En renonçant à la production du drap, le Portugal peut affecter ses ressources du vin
dans lesquels il est relativement plus efficace par rapport à celles du drap. Réciproquement pour
l’Angleterre qui produit des draps. L’ouverture permet, donc, au Portugal d’acquérir plus de draps
que ce qu’il aurait produit en économie fermée, inversement le vin pour l’Angleterre.

Une plus grande ouverture aux échanges internationaux ne peut être positive qu’à certaines
conditions :
L’ouverture internationale pourrait être un catalyseur de la croissance plus qu’une cause directe. Elle
doit s’accompagner de réformes internes sur le plan économique et institutionnel pour avoir un effet
sur la croissance et le développement. L’OCDE reconnaît que la mondialisation a d’abord favorisé le
développement des pays industrialisés, puis celui des pays émergents depuis une trentaine d’années.
Si certains PED (pays en développement) se positionnent dans le sillage des émergents, d’autres pays
restent en marge, voire sont fragilisés par leur ouverture aux marchés internationaux. La grande
pauvreté mondiale a reculé, mais elle reste très profonde dans certaines régions. Dans de nombreux
pays, les inégalités se sont creusées. La mondialisation ne peut être favorable au développement que
si certaines conditions sont réunies.
Le nombre de pays ayant connu une croissance du PIB par habitant plus importante que les pays de
l’OCDE, donc un processus amorcé de rattrapage a fortement augmenté. Il s’agit notamment du
Bangladesh, de l’Indonésie, du Nigeria, du Viêtnam, du Pakistan ou encore des Philippines, pays qui
connaissent des taux de croissance annuels moyens de l’ordre de 6%. Ces pays ont en commun une
démographie dynamique et des niveaux de salaires faibles. Ils connaissent une forte croissance ces
dernières années, en partie du fait de leur récent pouvoir d’attraction sur les entreprises des pays du
Nord. En effet, le développement de certains pays émergents, comme la Chine, l’Inde ou les pays
d’Europe de l’Est, s’est accompagné d’une certaine hausse des coûts de la main-d’œuvre. D’autres
territoires sont devenus ainsi plus attractifs au niveau des coûts salariaux unitaires.
Depuis quelques années, les multinationales des pays émergents investissent beaucoup dans les PED.
La Chine s’illustre, ici encore. De plus en plus, elle se positionne comme constructeur
d’infrastructures et de bâtiments en Afrique. Elle s’implante également de plus en plus dans le
secteur minier et l’achat de terres agricoles. Les FMN (firmes multinationales) des pays émergents
s’implantent aussi dans les pays développés, cherchant en particulier à accroître leurs compétences
technologiques.
De plus, pour sortir de la dépendance à l’égard des matières premières, il est important que les
PED diversifient leurs économies. Outre la volatilité des cours des matières premières, on constate
que ce secteur ne profite en général pas tellement aux autres secteurs économiques. Les États
doivent donc profiter des périodes où les cours des matières premières sont élevés pour lutter contre
la pauvreté et les inégalités, mais aussi pour se diversifier, en développant l’industrie et les services.
Enfin, un certain protectionnisme peut être vu comme nécessaire, ou, en tout cas il n’est pas
forcément pertinent d’adopter une libéralisation rapide et brutale. Un certain protectionnisme
éducateur.
La mondialisation telle qu’elle existe aujourd’hui, a des effets écologiques et sociaux très négatifs. Les
changements climatiques en sont une manifestation, mais aussi l’accroissement de la pauvreté et
l’accroissement des distances économiques et sociales entre groupes humains.

L'accélération sans précédent des flux, de la production et des échanges, que connaît actuellement
l'humanité n'est que la phase la plus récente de la mondialisation. La mondialisation se décompose
en plusieurs processus relevant de plusieurs grands domaines (socio-économiques, culturels,
technologiques, etc.) liés entre eux. Le terme « mondialisation » s'est imposé à partir des années
1980, même s'il a été employé en France pour la première fois dès 1904.
La mondialisation est un processus continu d'intensification et de fluidification des échanges, porté
par l'essor des transports et des mobilités (populations, entreprises, etc.) et accéléré depuis les
années 1970 par les systèmes contemporains de communication et de circulation de l'information.
Elle tend à accentuer les phénomènes de diffusion et d'homogénéisation à travers l'espace mondial.
Mais, paradoxalement, par la mise en concurrence des territoires et des sociétés qui lui sont
associée, elle alimente aussi des comportements de contestation : localismes, particularismes,
régionalismes, communautarismes sont ainsi revisités à la lueur de la mondialisation.
La mondialisation aujourd’hui se heurte à deux problèmes majeurs :
La géopolitique, le retour brutal des conflits entre grandes puissances montre la fragilité des
chaînes mondiales de production. Les acteurs économiques reconsidèrent leurs stratégies et
prônent un découplage réduisant les interdépendances, notamment avec la Chine.
Et à la forte décrue du pétrole.
Jean-Marc Jancovici
Associé Carbone 4 - Président The Shift Project
Peut-on avoir de la mondialisation sans pétrole ? La mondialisation, ce n'est pas juste un
concept : c'est avant tout des flux de biens qui transitent d'un continent à un autre.
Deux moyens sont indispensables pour que cet échange de marchandises à large échelle
puisse prendre place : des camions, et des bateaux. Le graphique ci-dessous (que j'ai trouvé
dans une publication de l'OCDE, mais la source initiale est indiquée sur le graphique) donne
l'évolution de la capacité de la marine marchande depuis 1900, en tonnes de port (c'est à dire
en tonnes pouvant être transportées).
En 1900 déjà, la capacité des bateaux à vapeur et à diesel (donc à combustibles fossiles)
excédait d'un facteur 3 à 4 celle des bateaux à voile. Aujourd'hui, avec près d'un milliard de
tonnes de port, la flotte mondiale est quasiment 100 fois plus capacitaire qu'elle ne l'était il y
a un siècle.
Pas de minerais, de charbon, de phosphates, d'engrais, de sable, ou de céréales ici ? Pas de
problème, un vraquier Capesize de plus de 80.000 tonnes vous amènera cela depuis l'autre
bout du monde. Pas de machines à laver, de peluches pour Noël, de casseroles, de bananes
ou de pantalons ici ? Pas de problème, un porte container pouvant transporter jusqu'à
250.000 tonnes vous amènera cela pour pas très cher.
Pas de voitures, de tôles, de machines outil, ou de grues ? Un cargo, de quelques dizaines de
milliers de tonnes de capacité, se chargera de les acheminer depuis le pays de fabrication. Et
c'est sans parler des pétroliers et désormais méthaniers...
On ne se rend pas bien compte, chez soi ou au travail, qu'il y a un peu (ou beaucoup) de
transport maritime dans chaque objet que la civilisation industrielle offre à notre regard.
Sans pétrole pour les faire avancer, et sans charbon pour les fabriquer (avec de l'acier), ce qui
n'est certes pas pour demain matin, que restera-t-il de ces bateaux ?
A l'évidence, jamais la marine à voile (malgré quelques projets sympathiques) ne pourra
proposer de tels tonnages. Les cerfs-volants sont une aide, et on fera bien quelques bateaux
nourris aux carburants issus de la biomasse, mais cela ne permettra pas de se passer
complètement de pétrole sur la flotte actuelle.
Le nucléaire offre une solution technique réelle : il propulse déjà sous-marins et porte-avions,
plus petits qu'un porte container. Mais il y a environ 20.000 navires de fort tonnage dans le
monde actuellement : on imagine mal fabriquer autant de chaudières nucléaires en quelques
décennies, tout en adaptant chaque port du monde ou presque à la maintenance de ce
nouveau type de navire.
Il est donc tentant de conclure que la forte décrue du pétrole signifiera une forte décrue du
commerce mondial en volume, et donc une contraction de l'offre de produits manufacturés
disponibles un peu partout, puisque les chaines d'approvisionnement - de la mine à chez
vous - sont devenues mondiales pour tout produit manufacturé. Il va falloir s'y préparer !

Problématique évoquée :
Pleins feux sur la sécurité énergétique : la raréfaction du pétrole et ses conséquences

2/ Les différents aspects de la mondialisation en fonctionnement


On parle souvent de la mondialisation comme un phénomène économique et financier (avec le
développement du commerce et des échanges monétaires et financiers) mais le phénomène englobe
un champ bien plus large que celui de la simple circulation des biens et services et des capitaux. La
mondialisation a en fait plusieurs volets :
1. La mondialisation économique : développement des échanges commerciaux, avec des
acteurs transnationaux comme les entreprises transnationales.
2. La mondialisation financière : émergence d’une finance mondiale, avec échanges financiers
internationaux, échanges monétaires…
3. La mondialisation culturelle : interpénétration des cultures dans toute leur diversité, mais
aussi émergence d’une supra culture mondialisée.
4. La mondialisation politique : développement et influence croissante des organisations
internationales telles que l’ONU ou l’OMS, ainsi que des ONG.
5. La mondialisation sociologique : circulation de l’information en temps réel, interconnexion et
interdépendance des événements et de leurs conséquences.
6. La mondialisation géographique : nouvelle organisation et hiérarchisation des différentes
régions du monde, en constante évolution.

Mais à qui la mondialisation profite ?


Les plus grandes puissances avancées du monde qui détiennent environ les 2/3 de la richesse nette
mondiale : Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni. C’est le G7, auquel il
faut ajouter l'Union européenne, l'Arabie saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée
du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, l'Afrique du Sud et la Turquie.
Mais dans ces grands ensembles ce sont les mégapoles (comme New-York, Tokyo, Shangaï, Londres,
Paris…) qui contrôlent la mondialisation et la globalisation.
Mondialisation = économie et finance / Globalisation = politique et géopolitique

Les conséquences de la mondialisation


La mondialisation est un phénomène complexe, profond et global. À ce titre, elle a donc une
influence considérable sur la réalité des sociétés contemporaines et des conséquences marquées
dans presque tous les domaines.
Les conséquences les plus visibles de la mondialisation sont sans doute celles qui touchent au monde
économique. La mondialisation a entraîné une nette augmentation des échanges commerciaux et
économiques, mais également une multiplication des échanges financiers.
Cette accélération des échanges économiques a été à l’origine d’une forte croissance économique
mondiale. Elle a permis un développement industriel global rapide.
Toutefois, cette croissance économique tirée par la mondialisation ne s’est pas faite sans éveiller les
critiques. Les conséquences de la mondialisation sont loin d’être homogènes : inégalités de revenus,
de développement, dégradation des termes de l’échange.
Certains acteurs (pays, entreprises, individus) bénéficient plus des phénomènes de mondialisation,
tandis que d’autres sont parfois perçus comme les « perdants » de la mondialisation. Même dans les
pays développés, la mondialisation aurait contribué à déformer le partage de la valeur, au profit du
capital et au détriment des salariés et des plus pauvres.

Les conséquences sociales et territoriales de la mondialisation


La mondialisation est un phénomène qui ne peut pas être complètement séparé des autres grands
processus socio-économiques, notamment du 20ème siècle. En effet, la mondialisation va de paire
avec la croissance économique, mais aussi avec l’urbanisation de plus en plus rapide des territoires,
et même avec la métropolisation. Elle est aussi lié à la croissance de la population et des échanges
(qui s’entretiennent mutuellement)
Les conséquences de la mondialisation sur l’environnement
De nombreux critiques ont aussi mis en évidence que la mondialisation a des effets négatifs sur
l’environnement. Ainsi, le développement massif du transport qui a été à la base de la mondialisation
est aussi responsable de sérieux problèmes environnementaux : émissions de gaz à effet de
serre, réchauffement climatique, pollution de l’air.
La croissance économique mondiale et la productivité industrielle qui sont à la fois le moteur et les
conséquences principales de la mondialisation ont aussi des conséquences environnementales
majeures : épuisement des ressources naturelles, déforestation, destruction des écosystèmes.

Mondialisation, développement durable et transition écologique


Phénomène touchant tous les secteurs d’activité à plus ou moins grande échelle, la globalisation
économique se voit inéluctablement confrontée aux problématiques du développement durable et
de la responsabilité sociale/sociétale des entreprises.
A priori, en faisant la promotion d’une production industrielle à grande échelle et d’une circulation
mondialisées des marchandises, la mondialisation s’oppose à des notions comme la sobriété, les
circuits courts, les économies de ressources et d’énergie ou la limitation des émissions de gaz à effet
de serre. De ce fait, les détracteur de la mondialisation avancent souvent qu’elle contribue à
accélérer le réchauffement climatique et ne respecte pas les principes de l’écologie. Les
conséquences des délocalisations (destruction d’emplois dans les pays à haut coût de main d’œuvre,
conditions de travail dégradées dans les pays à bas coût) sont également en contradiction avec les
critères d’une démarche RSE. De plus, l’idéologie qui sous tend la mondialisation (croissance
économique, recherche permanente de productivité) rend difficile la conception d’une économie
fondée sur la résilience.
D’un autre côté, la mondialisation représente aussi l’une des opportunités de transition vers un
monde plus durable, dans la mesure où seule une synergie mondiale serait réellement en mesure de
permettre une véritable transition écologique. Les problématiques comme le réchauffement
climatique nécessitent en effet une réponse coordonnée de tous les acteurs mondiaux : lutte contre
les émissions de CO2, réduction des gaspillages, transition vers les énergies renouvelables. Même
chose pour les pollutions de l’eau ou de l’air, ou encore l’acidification des océans qui ne peuvent pas
être résolues sans une action mondialisée. La diffusion des idées écologiques dépend aussi de la
capacité des acteurs engagés à les faire entendre au niveau mondial.

Mondialisation et développement durable, peuvent-ils s’entendre ?


Développement durable : développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs. Cette notion recouvre les trois aspects
fondamentaux du développement et de la qualité de vie de nos sociétés : le développement
économique, la protection de l’environnement et le développement social et humain.
Mondialisation : ce mot désigne le processus de généralisation de l’échange sur toute la planète. Elle
entraîne donc une mise ne relation des différentes parties du monde.
La notion de développement durable a été introduite en 1987 par un rapport présidé par Gro Harlem
Brundtland. Elle peut être résumée ainsi : une politique de développement qui permet d’améliorer
les conditions de vie de la génération actuelle sans dégrader celles qui lui succéderont. Cela passe
par un ensemble de bonnes pratiques qui doivent être respectées à toutes les échelles : du monde,
de l’Union Européenne, de la France et enfin des collectivités territoriales. En France, c’est la loi
Grenelle qui pose les engagements pris en faveur du développement durable. Ces engagements
s’axent autour de 3 piliers fondamentaux.

1er pilier du développement durable : le pilier social


Le premier pilier du développement durable est social. Globalement, il s’agit de lutter contre les
inégalités sociales et, plus globalement, des conséquences sociales du développement des sociétés
humaines. Cela passe par un mode de développement qui ne se fait pas aux dépens des autres,
mais en collaboration avec eux. Les entreprises s’inscrivant dans une démarche de Responsabilité
Sociale s’engagent, par exemple, à limiter l’impact social de leurs activités, à lutter contre l’exclusion
et la discrimination et à se soucier du bien-être des employés. La croissance d’un pays doit aussi
s’observer sous le prisme du progrès social. Commencer par observer l’indice de développement
humain d’un pays plutôt que son produit intérieur brut pour évaluer son niveau de développement
fait partie de cette démarche.
2ème pilier du développement durable : le pilier économique
Le second pilier du développement durable est l’économie responsable. L’économie doit être
circulaire : les richesses produites par une activité doivent être partagées. Le commerce équitable
œuvre à un modèle économique ayant un impact plus positif. Cela passe, par exemple, par ne pas
exploiter une main d’œuvre sous-payée à l’autre bout du monde et rémunérer au juste prix chaque
personne impliquée dans la production. Le développement des coopératives et la notion d’économie
du partage sont de grands axes du pilier économique. Le développement durable préconise
également le retour à une économie locale plutôt qu’à une économie mondialisée qui tend à creuser
les inégalités et à augmenter radicalement la pollution liée à notre consommation.
3ème pilier du développement durable : le pilier environnemental
Enfin, le pilier central du développement durable est l’impact environnemental des activités
humaines. Le Bilan Carbone de nos habitudes de consommation doit impérativement être réduit sans
quoi, selon les rapports du GIEC, nous allons droit à la catastrophe écologique. Réduire notre
empreinte carbone passe par un changement de notre mode de vie, mais également une gestion des
ressources différente, une réduction des déchets et une valorisation de ceux que l’on produit, une
meilleure utilisation des matières premières, et bien d’autres mesures. Globalement, depuis la
révolution industrielle, il s’agit de mener des actions de sensibilisation sur les conséquences du
développement économique sur le réchauffement climatique. En optant pour des énergies propres
et en prenant conscience individuellement des répercussions de nos choix, le développement
durable nous offre une dernière chance de préserver notre environnement.
À ces trois piliers de la démarche de développement durable, il est possible d’en ajouter un
quatrième : la culture, c’est-à-dire ne pas sacrifier la culture au profit du développement
économique. Quel que soit le pilier, les objectifs du développement durable restent les mêmes :
assurer, par des actions concrètes, la pérennité de l’humanité et de son confort de vie. Cela ne sera
possible que si toutes les parties prenantes en acceptent les règles.
A votre avis, mondialisation et développe durable sont-ils conciliables ?

LES EFFETS DE LA MONDIALISATION - François Houtart


Lorsque l’on parle de mondialisation, certains soulignent les aspects positifs, c’est-à-dire
l’accroissement des contacts entre les continents et les pays, les progrès remarquables de
l’internet et des communications, les échanges de toute sorte et notamment sur le plan
culturel. Personne ne met en doute de tels aspects de la mondialisation, mais ils doivent
être situés dans un ensemble, qui permet de constater que les bienfaits de la
mondialisation sont réservés à une minorité.
En effet, ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation est en fait sur le plan
économique, politique et culturel, l’extension mondiale de la logique économique du
capitalisme. Le concept s’est établi de manière universelle, avec le développement du
projet économique néolibéral, c’est-à-dire à partir de la moitié des années 1970. Il signifie
donc la mondialisation du capital, c’est-à-dire des échanges financiers, des biens et des
services (mais pas de la main-d’œuvre).

POURQUOI À PARTIR DE LA MOITIÉ DE 1970 ?


Les trente années qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, ont été caractérisées par un
développement économique considérable. Il y avait trois modèles principaux, qui ont tous
contribué à l’accroissement.
 Le premier fut le modèle occidental (appelé keynésien, du nom de John Maynard
Keynes, l’économiste anglais inspirateur du système), qui reposait sur un pacte
entre capital, travail et Etat. Cet accord avait été obtenu après la deuxième guerre
mondiale, en raison des luttes des travailleurs pour faire reconnaître leurs droits et
par crainte du communisme. Il s’agissait d’une concession du capital envers le
travail, garanti par l’Etat, qui jouait un rôle de redistributeur de la richesse. Ce
modèle a pu se développer, avec des fruits sociaux appréciables, grâce à une
augmentation rapide de la productivité, qui permettait au capital d’avoir un taux
de rétribution suffisamment élevé. Avec la chute de la productivité dans le
domaine industriel et la crise de surproduction classique du capitalisme, le modèle
keynésien en entré en crise dès les années 1970.

 Le deuxième modèle était le socialisme, tel qu’il s’était développé dans les pays de
l’Est européen et également en Chine, dans la péninsule indochinoise et à Cuba. Ce
modèle constituait en principe une alternative au capitalisme, même régulé sous sa
forme keynésienne. Il entra également en crise, assez rapidement, pour des raisons
internes (modèle économique de rattrapage du capitalisme, organisation autoritaire
du champ politique) et externes (la guerre froide comme instrument de pression sur
les économies socialistes). La chute du mur de Berlin fut le point final en Europe.
L’Asie de l’Est et du Sud-Est changea de modèle à partir des années 80, pour
adopter une orientation capitaliste de développement économique et Cuba, plus
fidèle aux objectifs socialistes, dut ouvrir ses frontières au capital extérieur et
établir une double monnaie.

 Le troisième modèle, appelé parfois le modèle de Bandung (la conférence qui


réunit des peuples décolonisés après la deuxième guerre mondiale) était basé sur le
développement national, substituant les importations par une production locale et
établissant un pacte entre le travail organisé (qui était minoritaire) et le capital
d’une bourgeoisie nationale. Les paysans restaient en rade. C’est le premier
modèle qui entra en crise, à cause du coût des transferts technologiques et des
connaissances, ce qui fut une des origines de la dette du Tiers Monde.

LE DÉVELOPPEMENT DU MODÈLE NÉOLIBÉRAL


Les trois modèles étant en crise, l’idée de développer l’économie mondiale en fonction
d’un projet néolibéral fut mise en application par ce que l’on a appelé le Consensus de
Washington. Celui-ci n’était pas une décision formelle, sinon les idées sur lesquelles les
grands décideurs économiques (multinationales, FMI, Banque mondiale, Réserve fédérale
américaine) étaient d’accord, c’est-à-dire la libéralisation de tous les échanges
économiques. Le modèle néolibéral avait déjà été pensé par un économiste autrichien :
von Hayeck, dès après la deuxième guerre mondiale et donc la pensée théorique était
prête.
Il en résulta une double offensive, contre le travail et contre l’Etat, afin de diminuer leur
part respective dans le produit de richesse et d’augmenter la part du capital. Face à la
crise d’accumulation, c’est-à-dire de profit, les détenteurs du capital estimaient
indispensable de pallier au manque d’augmentation de la productivité par une autre
répartition de la richesse.
L’offensive contre le travail se manifesta dans le monde entier, par sa transformation
grâce aux nouvelles technologies, une réorganisation interne, une flexibilité, des
délocalisations, une diminution progressive de la sécurité sociale, une diminution des
pensions et finalement une diminution progressive du salaire réel, aussi bien dans les
économies du Nord que dans celles du Sud. Il faut y ajouter de dures réactions contre les
organisations ouvrières, qui ont perdu des pans entiers de leurs membres et qui, surtout
dans le Sud, se traduisit par une véritable criminalisation des leaders sociaux et parfois
même par leur élimination physique.
La deuxième offensive, contre l’Etat, s’est manifestée par la vague de privatisations,
d’abord des activités économiques des Etats et ensuite des services publics. A cela doit
s’ajouter une surexploitation des ressources naturelles, qui provoqua, à partir des années
1970 une augmentation très rapide de la dose de CO² dans l’atmosphère et le
réchauffement du climat.
Le nouveau modèle de développement économique, construit sur la libéralisation totale,
s’appliquant dans des sociétés inégales, où le pouvoir de décision économique, politique et
militaire était concentré dans les pays capitalistes du Nord et progressivement dans
quelques pays émergeants, surtout de l’Asie, signifiait un accroissement des différences et
donc des écarts entre les riches et les pauvres. Ces différences se sont considérablement
agrandies au cours des trente années de politique néolibérale, au point que certains
décideurs politiques et économiques ont commencé à s’en inquiéter, notamment la Banque
mondiale.
Il faut ajouter que ce modèle permet le développement spectaculaire de 20% de la
population, tandis qu’une partie importante de la classe moyenne est vulnérabilisée et que
la pauvreté augmente en chiffres absolus. Ainsi, en Amérique latine il y avait 220 millions
de pauvres au début des années 2000, soit 30 millions de plus que 10 ans auparavant en
1990. Cela correspond à la logique même du système capitaliste, pour lequel il est plus
intéressant d’avoir 20% de la population mondiale capable d’absorber la production de
biens sophistiqués, sur lesquels le taux de profit est plus élevé, que de produire pour les
80% autres qui ont peu ou pas de pouvoir d’achat et qui ne contribuent guère à produire de
la valeur ajoutée. En effet, le capitalisme contemporain, dominé par le capital financier,
recherche des gains à court terme, sans grande préoccupation pour le long terme,
notamment les coûts sociaux et les coûts écologique du modèle de développement
néolibéral.
Aujourd’hui, le capital, face aux crises du capitalisme industriel, mais aussi financier, s’est
défini trois nouvelles frontières :
 La première est le passage de l’agriculture paysanne à une agriculture productiviste
de type capitaliste. En effet, c’est à cette condition que l’agriculture peut
contribuer à l’accumulation du capital de manière importante. Tant que les
produits agricoles ne deviennent pas des marchandises, il y a peu de possibilités de
participation à l’accumulation du capital. La meilleure formule est évidemment
l’extension de sociétés multinationales dans ce que l’on a appelé l’agro-business.

 La deuxième frontière, ce sont les services publics. Tant qu’ils restent du domaine
de l’Etat ou des collectivités, ils contribuent de manière faible à l’accumulation du
capital. Une fois que des services, tels que l’électricité, l’eau, les transports, les
téléphones, mais aussi la santé et l’éducation passent dans le domaine privé, la
possibilité de gain devient beaucoup plus importante. Or, cela concerne des
centaines de milliards d’euros. La conséquence est que la privatisation signifie
généralement un accès plus difficile ou totalement exclu pour les plus pauvres.

 La troisième frontière est constituée par les zones de biodiversité dans le monde,
parce que l’industrie du futur se basera plus sur le biologique que sur le chimique.
C’est vrai pour des industries telles que la pharmacie ou les cosmétiques, sans
parler bien entendu de l’industrie alimentaire, mais encore plus, dans l’avenir, de
la production de la bioénergie pour remplacer le pétrole en extinction progressive
et particulièrement destructeur de l’environnement. Malheureusement, la formule
capitaliste d’agriculture, détruit considérablement les sols, à cause de l’utilisation
massive des engrais chimiques et des pesticides et provoque des catastrophes
sociales considérables dans les populations paysannes. Tan que la recherche de
nouvelles sources d’énergies renouvelables restera dans la logique du capitalisme,
elle ne débouchera pas sur de réelles alternatives écologiques et sociales.
Le néolibéralisme n’est pas un accident de l’histoire. Il se situe dans la logique même de
l’accumulation du capital. Il dispose des institutions juridiques nécessaires sur le plan
mondial, c’est-à-dire la Banque mondiale, le FMI et l’organisation mondiale du commerce.
Les deux premiers organismes n’ont rien de démocratique car les décisions sont prises au
sein du Conseil d’administration, où sont représentés les pays en fonction du capital dont
ils disposent. Par ailleurs, les Etats-Unis possèdent un droit de veto, seul pays du monde
jouissant d’un tel avantage. Les décisions sont donc prises en fonction des intérêts de ceux
qui disposent du capital, les pays du Nord, qui en règle générale favorisent le système
existant. Par ailleurs, l’exploitation des richesses du Sud par le capital du Nord n’a jamais
été aussi grande dans l’histoire, elle est plus importante que du temps du colonialisme.
Alors que le monde a multiplié par sept sa richesse au cours des 50 dernières années,
jamais dans l’histoire il n’y a eu autant de personnes pauvres ou vivant dans l’extrême
pauvreté.
Tout cela provoque évidemment des réactions. D’une part, les responsables économiques
et politiques du système lui-même se militarisent de plus en plus pour conserver le
contrôle, notamment des richesses naturelles et de l’énergie. Par ailleurs, ils sont effrayés
de certaines conséquences sociales et mettent en route de grands projets, tels que la lutte
contre la pauvreté (la Banque mondiale) ou les objectifs du Millenium proclamé par l’ONU.
Ce dernier consiste à vouloir réduire l’extrême pauvreté de moitié en 2015. Outre le fait
que l’objectif ne sera probablement pas atteint, n’est-il pas scandaleux d’accepter à
l’avance qu’en 2015 il y aura encore 800 millions de personnes vivant dans une grave
indigence ? Or, les moyens existent pour résoudre ces problèmes en moins d’une
génération.
Par ailleurs, depuis la fin des années 90, une convergence des mouvements sociaux et des
organisations non gouvernementales progressistes s’est opérée et cela 25 ans après le
Consensus de Washington et 10 ans après la chute du mur de Berlin, signifia le triomphe du
néolibéralisme. Ces résistances existaient depuis longtemps dans différents domaines, mais
pour la première fois, ce sont joints ensemble des mouvements et des milieux qui
n’avaient rien à voir les uns avec les autres précédemment. On a vu à Seattle ou plus tard
dans le Forum social mondial se réunir les syndicats ouvriers, les paysans sans terre, les
peuples autochtones, les femmes, les écologistes, les mouvements de défense des droits
de l’homme, etc. Tous ont progressivement découvert qu’ils avaient le même adversaire,
c’est-à-dire le néolibéralisme. Les convergences de résistance se sont manifestées au cours
des dernières années de manière de plus en plus massive, notamment dans le cadre des
Forums sociaux (Porto Alegre), mais aussi dans celui de réseaux d’acteurs collectifs,
comme les paysans dans Via Campesina par exemple.
En Amérique latine, on voit émerger des partis de gauche, fruit en grande partie des
mouvements sociaux, qui mettent en route une autre logique économique de solidarité
plutôt que de compétition, qui rendent au peuple la souveraineté sur leurs ressources
naturelles et qui mettent en route des modèles économiques contredisant les logiques du
fonctionnement capitaliste : échanges sans passer par le système bancaire mondial, troc
entre viande et pétrole (Argentine - Venezuela), médecins et pétrole (Cuba - Venezuela),
etc. Ils construisent aussi un nouveau modèle d’intégration économique. Cela montre que
des alternatives sont possibles.

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