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CHAP 7 – LES ENJEUX DE L’OUVERTURE INTERNATIONALE

Introduction :
1. La mondialisation peut être définie comme l’extension du capitalisme et de l’économie de marché à
l’échelle mondiale. Le phénomène de mondialisation comporte deux dimensions :
 La mondialisation désigne d’abord un processus de développement des échanges et de montée des
interdépendances. La mondialisation de l’économie se traduit par la croissance des flux
commerciaux, des flux d’investissement et des flux financiers. Les firmes multinationales (FMN)
jouent une part active dans ces évolutions : un tiers du commerce mondial est un commerce intra-
firmes ; ce sont aussi ces entreprises qui déterminent, pour une large part, la localisation des
principaux sites de production. Flux commerciaux, flux d’investissement et flux financiers sont, bien
entendu, liés : la décision d’une entreprise de créer un site de production à l’étranger va générer des
flux d’investissement vers le pays d’accueil, puis suscitera des flux commerciaux au départ de ce
même pays.
 La seconde dimension de la mondialisation réside dans l’émergence de problèmes globaux. Les
termes de « mondialisation », ou de « globalisation » sont d’ailleurs souvent associés. L’émergence
de problèmes globaux résulte elle-même de la prise de conscience de l’existence de « biens publics
mondiaux ». Le climat et la couche d’ozone sont les deux biens publics mondiaux les plus
fréquemment cités, même si cette notion est aujourd’hui élargie à d’autres biens, tels les fonds
marins, les forêts humides, ou la biodiversité. Ces biens profitent à tous, et leur préservation requiert
une coopération internationale poussée.
2. Cette mondialisation des économies et des marchés nous amène à nous poser une série de questions :
 Pourquoi les nations commercent-elles ? Pourquoi importent-elles certains biens et en exportent-
elles d'autres ? À quels niveaux de prix les échanges se réalisent-ils ? Quelles sont les
conséquences du commerce ? Ces conséquences sont-elles bénéfiques ou néfastes pour les pays
qui y participent et pour les diverses catégories d'agents à l'intérieur de chaque pays ? Les gains
issus du commerce profitent-ils identiquement à tous les pays ? Ces interrogations théoriques
conditionnent directement d'autres questionnements d'un intérêt plus immédiat pour chacun d'entre
nous : Faut-il redouter la concurrence des pays à bas salaires ? Faut-il ouvrir plus largement les
frontières aux produits étrangers ? etc.
 Quel est le rôle des acteurs économiques dans ce processus de mondialisation ? Pourquoi les FMN
préfèrent-elles investir à l’étranger plutôt qu’exporter ? Quels sont les raisons qui les poussent à
globaliser leur production ? Comment organisent-t-elles leurs implantations à l’étranger ? Qu’en
résulte-t-il pour la « division internationale du travail » et pour la compétitivité de chaque pays ?
Qu’en résulte-t-il pour le développement des échanges et pour l’emploi ? Comment les Etats sont-ils
partie prenante de cette mondialisation ? Leur capacité à réguler leur économie est-elle menacée
par la globalisation des marchés ? Peuvent-ils peser sur la capacité de leurs économies à affronter
la concurrence internationale ? Comment les modes de vie se transforment-ils avec la croissance de
ces échanges à l’échelle mondiale ? Peut-on parler d’une « mondialisation culturelle » ?
 Comment peut-on réguler une économie qui se mondialise ? Les nations doivent-elles aiguiser la
concurrence internationale ou bien collaborer pour construire des règles communes à tous ? Quel
est le rôle des grandes institutions internationales dans l’élaboration de ces règles communes ? Les
citoyens ont-ils la possibilité de se faire entendre ?

71 – LE MARCHE MONDIAL EST-IL UN FACTEUR DE CROISSANCE ?

A – La mondialisation est un phénomène historique


a) – Les différents aspects de la mondialisation
1. On peut définir le processus de mondialisation comme « l'émergence d'un vaste marché mondial des
biens, des services, des capitaux et de la force de travail, s'affranchissant de plus en plus des frontières
politiques des Etats, et accentuant les interdépendances entre les pays ». Ce processus prend plusieurs
aspects :
2. La mondialisation passe, tout d’abord, par l’intensification des échanges commerciaux et la hausse du
degré d’ouverture des économies. Depuis la fin des années 1950, le commerce international a
augmenté à un rythme beaucoup plus soutenu que la production mondiale. Autrement dit, les
exportations et le commerce international tirent la croissance vers le haut.
 Le commerce extérieur représente l'ensemble des exportations et des importations de biens
enregistrés dans la balance commerciale.
 Le commerce international ou commerce mondial correspond à la valeur ou au volume des
échanges de biens et de services entre nations enregistrés dans la balance courante ou des
transactions courantes.
Cette internalisation des échanges de biens et de services a deux effets :
 Une ouverture croissante des économies sur les marchés extérieurs qui est mesurée par le taux
d’ouverture :

Taux d'ouverture = (Exportations + Importations)/2/PIB x 100

Les économies sont de plus en plus extraverties. La part des exportations dans le PIB (taux
d’exportation) et le taux d’ouverture augmente dans tous les pays depuis 1950 Cette ouverture est
inversement proportionnelle à la taille du marché intérieur. En effet, un grand pays a moins besoin
de se spécialiser et de trouver des débouchés à l'extérieur qu'un petit pays. Ainsi, les échanges
internationaux de marchandises ne représentent que 10% du PIB américain alors qu’ils représentent
plus de la moitié du PIB des Pays-Bas.

 Une interdépendance accrue des économies : les économies sont contraintes d'importer une part
croissante de biens et de services étrangers pour satisfaire leur demande intérieure. Ceci nous est
donné par le taux de pénétration :

Taux de pénétration = Importations/Marché intérieur x 100

On peut, ainsi, calculer, la part de marché des entreprises automobiles étrangères en France
(montant des importations d’automobiles étrangères en France/ achat d’automobiles neuves en
France, en %). Ainsi si le taux de pénétration du marché automobile dans un pays est de 45%, on
saura que sur 100 voitures neuves achetées une année donnée, 45 étaient importées de l’étranger).
Tout ralentissement de la croissance dans un pays se traduit par une baisse des exportations et de
la croissance chez ses partenaires commerciaux.
2. La mondialisation passe, ensuite, par des échanges massifs de capitaux. La croissance des flux
financiers, enregistrés dans le compte financier de la balance des paiements, a été encore plus
spectaculaire que celle des flux commerciaux. Ces flux financiers, qui impliquent des transactions
bancaires (prêts, emprunts) au niveau international et le marché des changes (devises), concernent :
 Les investissements en portefeuille : ils correspondent à des placements c'est-à-dire à l'achat de
titres financiers (actions, obligations, bons du trésor...) entre résidents et non résidents qui
soulignent l’internationalisation croissante des marchés boursiers.
 Les investissements directs à l’étranger : création de filiales à l’étranger, prise de contrôle d’au
moins 10% d’une société étrangère, prêts à une filiale, réinvestissement d’une partie des profits
d’une filiale à l’étranger.
3. La mondialisation c’est également la mise en place d’un système mondial de production animé par les
firmes transnationales, qui sont des firmes qui ont une ou plusieurs filiales à l'étranger. Elles utilisent les
investissements directs à l’étranger et les nouvelles technologies de l’information et de la
communication (NTIC) pour répartir les tâches productives sur l’ensemble de la planète en fonction des
avantages comparatifs de chaque pays.
4. La mondialisation c’est enfin l’accroissement des migrations internationales. Les migrants vont résider
dans des pays qui ne sont pas ceux de leur naissance et importer leurs modes de vie tout en devant
s’adapter à celui du pays d’accueil.

Mondialisation

Des échanges de Des échanges de Du système Migrations des


biens et de services capitaux productif populations

b) – Les différentes étapes de la mondialisation

1. La mondialisation n’est pas un phénomène nouveau. Depuis le milieu du XIXe siècle, il y a eu au moins
deux vagues de mondialisation comme le montre Suzanne Berger dans son livre « Notre première
mondialisation » (2001).
 La première a commencé vers le milieu du XIXe siècle pour se terminer au début de la Première
Guerre mondiale. Elle est caractérisée par une division traditionnelle du travail entre les pays. Les
pays européens font venir des matières premières de leurs colonies et exportent des produits
industriels. Ceci s’accompagne d’importantes migrations de mains d’œuvre et de flux de capitaux.
Cette première mondialisation est interrompue par les guerres mondiales et la crise de 1929 qui
provoquent une montée du protectionnisme, un reflux des échanges internationaux, un rapatriement
des capitaux et un arrêt des flux migratoires qui aggravent la crise.

 La seconde a débuté après la Seconde Guerre mondiale et se poursuit aujourd’hui. La croissance


du commerce mondial est plus rapide que celle du PIB mondial. Les firmes multinationales (FMN) se
développent et adoptent peu à peu des stratégies globale. Les marchés financiers s’interconnectent
et les migrations internationales s’intensifient.
2. Les principaux moteurs de la mondialisation sont les innovations technologiques et les politiques
économiques.
 Les progrès en matière de transports (bateau à vapeur, avion à réaction, porte conteneur, réseau
autoroutier, infrastructure portuaire…) ont permis une accélération de la circulation des
marchandises et une diminution des coûts.
 Les progrès en matière de communication et d’information (télégraphe, téléphone, ordinateurs,
Internet…) ont permis de faire circuler rapidement l’information sur tous les territoires et de réduire
considérablement les coûts.

 Le développement du libre échange et la déréglementation des marchés de capitaux, en diminuant


les obstacles tarifaires et réglementaires (droits de douane, contrôle des changes…) à la circulation
des marchandises et des capitaux, ont également facilité l’intégration des économies.
3. La croissance des flux de biens, de services et de capitaux conduit à une intégration croissante de
l’économie mondiale. La notion d’intégration de l’économie mondiale signifie que le marché mondial
fonctionne de plus en plus comme un marché unique, indifférent aux frontières nationales. Ainsi, les prix
des produits ont tendance à converger au niveau mondial et les pays sont de plus en plus
financièrement interdépendants (les excédents commerciaux des uns finançant les déficits extérieurs
des autres).
4. Cependant, dans un monde de plus en plus globalisé et caractérisé par un nombre grandissant
d’échanges et d’interconnexions, il est intéressant de retourner à la conception d’une économie qui ne
serait pas mondiale, mais constituée en plusieurs ensembles. C’est cette idée qu’introduit l’historien
Fernand Braudel avec la notion d’ «économie-monde», qu’il définit comme un « fragment de l’univers
[…] économiquement autonome, capable de se suffire à lui-même et auquel ses liaisons et ses
échanges internationaux confèrent une certaine unité organique » (Civilisation matérielle, économie et
capitalisme, 1979). Autrement dit, l’économie mondiale n’échappe pas aux phénomènes de
hiérarchisation et de domination. L’espace dans lequel s’opèrent les échanges internationaux est
marqué :
 Par une opposition entre le « centre » et la « périphérie » : au centre de l’économie-monde on trouve
une nation impériale (Venise au 15ème siècle, de la Hollande au 17ème, de l’Angleterre au 18ème
et plus encore au 19ème, des Etats-Unis aujourd’hui) dont le but est de conserver l’équilibre qui lui
offre la place de leader : politique et militaire, mais aussi économique, financier et même social avec
la stabilisation des sociétés qui sont importantes à son influence.
 L’économie-monde impose sa monnaie comme moyen universel de paiement (l’or au XVIe siècle,
La Livre sterling au XIXe, le Dollar au XXe siècle) pour pouvoir acheter des biens et emprunter à
moindre prix auprès de la périphérie. Les Etats-Unis étant leader, le dollar fait référence, les taux
américains mènent les marchés obligataires mondiaux et Wall Street domine les autres.
 L’économie monde impose également sa culture (la langue, l’idéologie libérale, les films…).
L’économie américaine a intérêt à rester leader pour imposer ses normes (avions et armement,
technologies de l’information, produits culturels, libération des échanges, voire valeurs « libérales »)
et importer des matières premières (pétrole, métaux), des compétences (étudiants, ingénieurs, main
d’œuvre) et des biens à bas prix.
B – Les avantages théoriques du commerce international pour la croissance
a) – Les avantages absolus d’Adam Smith :
1. Adam Smith (1723-1790), dans « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations »
(1776), va s’efforcer de montrer que le commerce international est un jeu à somme positive grâce à la
Division internationale du travail (DIT), qui correspond à la spécialisation de chaque pays dans le
domaine d'activité où il est le plus compétitif. Elle doit se traduire par une ouverture des marchés et
une élévation du niveau de la productivité des pays qui s'y engagent, autorisant ainsi un enrichissement
collectif.
2. Smith construit un modèle à deux pays et deux produits différents. Le premier pays dispose d'un
avantage absolu dans la production du premier produit, c'est-à-dire que sa productivité pour ce bien est
la plus forte, ce qui revient à dire que ses coûts de production unitaires sont inférieurs à ceux de son
concurrent et le second pays a un avantage absolu dans le second produit. Ce modèle repose sur un
certain nombre d’hypothèses :
 Hypothèse n°1 - Un seul facteur de production : Smith est un auteur classique qui considère que
seul le travail est un facteur de production.
 Hypothèse n°2 - La valeur travail : la valeur d’un bien correspond à son coût de production qui est
égal au nombre d’heures de travail nécessaire pour le produire.
 Hypothèse n°3 - L’avantage absolu est une donnée : Smith ne s’interroge pas sur les origines de cet
avantage. Il peut être naturel (le Portugal est plus ensoleillé que la Grande Bretagne) ou être un
acquis (la Grande Bretagne a démarré plus tôt dans la course à l’industrialisation).
 Hypothèse n°4 - Le libre-échange : aucun obstacle ne vient entraver la libre entrée des
marchandises étrangères sur le territoire national.
Portugal Grande Bretagne
Coût d’un tonneau de vin en heures de travail 80 h 120 h
Coût d’une mesure de tissu en heures de travail 100 h 90 h
Coût total en autarcie 180 h 210 h
Coût total après spécialisation 160 h 180 h
Gain horaire procuré par la spécialisation 20 h 30 h

3. Dans cet exemple, le Portugal et la Grande Bretagne, en produisant chacun de son côté un tonneau de
vin et une mesure de tissu, mettent au total 390 heures de travail pour les réaliser.
 Le Portugal a un avantage absolu dans le vin puisqu’il met 40 heures de travail de moins que la GB
pour produire un tonneau ;
 La Grande Bretagne a un avantage absolu dans le tissu puisqu’elle met 10 heures de moins que le
Portugal pour en produire une mesure.
Adam Smith va montrer que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans l'activité pour laquelle ses
coûts sont inférieurs aux coûts de l'étranger et à s'y approvisionner quand celui-ci produit à de
meilleures conditions. En effet, en se spécialisant dans le vin, le Portugal va produire deux tonneaux
de vin et économiser 20 heures de travail. La Grande Bretagne va réaliser deux mesures de tissu et
économiser 30 heures de travail. Au total les deux pays auront gagné 50 heures de travail qu’ils
pourront consacrer à une augmentation de la production.
4. La spécialisation et l’échange international ont donc trois avantages :

Pays A Pays B
Coût le plus faible dans le Coût le plus faible dans le
produit X produit Y

Spécialisation
et DIT

Echange
international

Baisse du coût Economies de Hausse de la


de production travail production
 D’une part, la productivité globale des économies augmente puisque la division internationale du
travail (DIT) permet d’économiser du temps de travail.
 D’autre part, la production va augmenter car les pays vont pouvoir consacrer les heures épargnées
à une production supplémentaire du bien pour lequel ils sont plus compétitifs.
 Enfin, ils vont acheter à moindre coût les produits qu'ils ne savent pas fabriquer avec efficacité, ce
qui augmente le pouvoir d'achat de leur population.
5. La DIT est donc à l'origine du commerce international et ce dernier favorise la croissance et le
développement. Cette démonstration n'est vraie que si le commerce international est en libre-échange,
c'est-à-dire qu'aucun obstacle tarifaire (droits de douanes) ou non tarifaire (quota...) n'entrave les
échanges. Pourtant, Adam Smith admet que des mesures protectionnistes puissent être adoptées dans
trois cas :
 Lorsque l’indépendance nationale est menacée ;
 Lorsque les autres pays sont protectionnistes ;
 Lorsque l’emploi est gravement menacé.
Mais, le cadre des avantages absolus est limité. En effet, comment un pays, qui n’aurait aucun
avantage absolu (ses coûts de production seraient supérieurs à tous ses concurrents), pourrait-il
payer ses importations puisqu'il n'aurait rien à exporter ?
b) – Les avantages comparatifs de David Ricardo :
1. David Ricardo (1772-1823) reprend le modèle d'Adam Smith mais cette fois-ci un des deux pays est le
plus efficace pour les deux produits. On peut alors supposer que ce pays n'a pas intérêt à se spécialiser
et à échanger. Pourtant, Ricardo va démontrer que les pays ont intérêt à se spécialiser dans le produit
pour lequel il dispose d'un avantage comparatif ou relatif, c'est à dire l'avantage spécifique dont dispose
un pays par rapport à un autre, la spécialisation qui lui apporte la plus grande supériorité ou la moins
grande infériorité.

Avantage comparatif = Productivité du pays A/Productivité du pays B

2. Dans le modèle simplifié proposé par Ricardo, qui met en relation la Grande Bretagne et le Portugal,
produisant tous deux du vin et du tissu, la Grande Bretagne ne dispose d’aucun avantage absolu
puisqu’elle est la moins efficace dans la production des deux biens. Les coûts de production (en heures
de travail) sont les suivants :
Portugal Grande Bretagne
Coût d’un tonneau de vin en heures de travail 40 h 200 h
Coût d’une mesure de tissu en heures de travail 80 h 100 h
Avantage comparatif dans le vin du Portugal 200/40 = 5
Avantage comparatif dans le tissu du Portugal 100/80 = 1,25
Coût total en autarcie 120 h 300 h
Coût total après spécialisation 80 h 200 h
Gain horaire procuré par la spécialisation 40 h 100 h
Quantité produite après la spécialisation 3 tonneaux de vin 3 mesures de drap

 Dans le vin, le Portugal est 5 fois plus productif que la Grande-Bretagne ce qui signifie que le coût
de fabrication d'un tonneau au Portugal représente 20% de celui de la GB ;
 Dans le tissu, le Portugal est 1,25 fois plus productif que la Grande-Bretagne ce qui signifie que le
coût de fabrication d'une mesure de tissu au Portugal représente 80% celui de la Grande Bretagne.
Le Portugal a donc le plus grand avantage dans le vin. Il va abandonner la production de tissu et se
consacrer uniquement au vin. La Grande-Bretagne a le moindre désavantage dans le tissu. Elle va
abandonner la production de vin et se consacrer à la fabrication de tissu. Après spécialisation, le
Portugal « récupère » 40 heures qu'il va affecter à la production de vin, ce qui lui permet d'en
produire 2 tonneaux de plus. La GB, quant à elle, peut réaffecter 100 heures dans le tissu, ce qui lui
permet d'en produire 2 mesures de plus. La spécialisation a donc augmenté la production mondiale
de 2 tonneaux de vin et de 2 unités de tissus supplémentaires.
3. Chaque pays va pouvoir échanger ses excedents et gagner à l'échange à la condition que les prix
relatifs du marché mondial ou termes de l'échange soient compris dans la fourchette des prix relatifs de
l'échange interne :
Prix relatif = Prix d’un bien B/Prix d’un bien A

Dans notre exemple, la fourchette des prix relatifs internes se situe entre 2 (le tissu coût 2 fois plus cher
que le vin au Portugal) et 0,5 (il faut deux fois moins d’heures pour fabriquer du tissu que du vin en
Grande-Bretagne). Ainsi, si le prix mondial s'établit à 1 (une tonneau de vin s’échange contre une unité
de tissu), le Portugal gagne 1 mesure de tissu soit 100% de tissu en plus en vendant son vin et la GB
gagne 1 tonneau de vin soit 100% de vin en plus en vendant une unité de tissu. Mais, si le prix mondial
se fixe à 3 tonneaux de vin pour 1 mesure de tissu, le Portugal perd 0,33 mesure de tissu en plus (une
perte de 33%) alors que la GB gagne 5 tonneaux (un gain de 400% !).

Pays A Pays B
Coût relatif le plus faible Coût relatif moins élevé
dans le produit X dans le produit Y

Spécialisation
et DIT

Echange
international

Baisse du coût Economies de Hausse de la


de production travail production

4. Cette démonstration suppose un certain nombre d’hypothèses :


 Hypothèse n°1 - Le marché mondial est en concurrence pure mais pas parfaite : le prix relatif d’un
bien sur le marché mondial est fixé selon les lois de l’offre et de la demande en concurrence.
 Hypothèse n°2 - L’immobilité internationale des facteurs : le capital et le travail sont immobiles à
l'extérieur, c'est à dire qu'il n'y a pas de migrations internationales et d'investissement à l'étranger,
sinon il y aurait échange de travail et de capital à la place de l'échange des biens. En revanche, les
facteurs sont mobiles à l’intérieur du pays.
 Hypothèse n°3 - Les avantages comparatifs sont durables : en effet, les rendements sont constants
ce qui signifie qu’un pays avantagé le restera et qu’il n’y a pas d’économies d’échelle.
 Hypothèse n°4 - Le commerce mondial est un commerce interbranche : l’échange s’effectue entre
deux pays de spécialisation et éventuellement de développement différents (Angleterre et Portugal).
Les produits échangés sont de nature différente (drap contre vin). Ce commerce mondial correspond
à la DIT traditionnelle. (Sud exportant des produits primaires le Nord des produits manufacturés).
 Hypothèse n°5 - Le libre échange : les marchés nationaux ne doivent pas être protégés par des
barrières tarifaires ou non tarifaires.
c) – Le modèle HOS et la dotation des facteurs de production
1. Proposée en 1933 par l'économiste néo-classique suédois Bertil Ohlin (1899-1979), la loi des
proportions de facteurs vise à approfondir l'analyse de Ricardo en expliquant l'origine des différences de
coût de production entre les pays. Pourquoi un pays est-il spécialisé dans tel produit et pourquoi un
autre pays est-il plus compétitif dans un autre produit ? Cette approche peut être considérée comme un
approfondissement de celle de Ricardo mais elle en modifie certaines hypothèses :
 Hypothèse n°1 - Deux facteurs : le travail n’est pas le seul facteur de production. Il faut lui adjoindre
le facteur capital (dont la terre). Mais ces deux facteurs sont immobiles au niveau international
comme dans la théorie de Ricardo.
 Hypothèse n°2 - Un coefficient de capital identique : les technologies de production sont identiques
d’un pays à l’autre, mais diffèrent selon les branches d’activité, c’est-à-dire que, quel que soit le
pays, pour produire du blé il faut utiliser une proportion identique de travail, de capital et de
ressources naturelles, mais que la production d’automobiles nécessite, elle, une utilisation de
facteurs différente.
2. La loi de la dotation de facteurs (encore appelée " loi d'Heckscher-Ohlin ") peut être énoncée comme
suit : chaque pays dispose d'un avantage comparatif et a intérêt à se spécialiser dans les produits qui
utilisent le facteur de production dont il dispose en abondance. Elle consiste à observer que les pays
richement dotés en travail (pays à bas salaires) disposent d'une supériorité dans les productions
intensives en main-d'oeuvre, telles que le textile par exemple. De même, les pays richement dotés en
capital disposeront d'un avantage de coûts comparés dans les productions capitalistiques, telle que la
production d’avions par exemple, les pays disposant d'abondants gisements pétrolifères pourront se
spécialiser dans l'extraction (et, le cas échéant, le raffinage) du pétrole, etc. L’échange international de
marchandises se révèle donc être un échange de facteur abondant contre des facteurs rares.
3. Le théorème HOS, du nom de ses trois concepteurs (Eli Hechscher (1889-1952), Bertil Ohlin et Paul
Samuelson - 1915) montre que le commerce international enrichit mutuellement les pays qui
commercent et tend à égaliser dans tous les pays la rémunération réelle (en pouvoir d'achat) de chacun
des facteurs de production.
 En effet, le pays qui se sera spécialisé dans une industrie à forte intensité de main-d’œuvre va
augmenter la demande de travail. Le facteur travail va devenir plus rare et donc plus cher (les
salaires sont ainsi appelés à augmenter en Chine). A l’inverse, le facteur capital, moins utilisé,
va devenir plus abondant et donc moins cher.
 Le libre-échange produirait donc des effets particulièrement bénéfiques. Grâce à lui, les
différences des niveaux des salaires, ainsi que les disparités des taux de profits de pays à pays
tendraient à disparaître. Les économies nationales deviendraient de plus en plus similaires. On
retrouve la théorie de la convergence des économies.

Pays A Pays B
fortement doté fortement doté
en force de travail en capital

Coût de la main-d'œuvre Coût du capital


moins élevé moins élevé

Spécialisation
et DIT

Echange
international

Economies de
travail

Hausse de la Hausse de la Hausse de la


demande de travail production demande de capital

Hausse du coût du Hausse du coût du


travail capital

Convergence des niveaux de


développement
C – …Semblent en partie vérifiés par la croissance de certains pays
a) – Le commerce mondial semble avoir favorisé la croissance économique
1. On peut noter une corrélation positive entre la croissance des échanges mondiaux et la croissance du
PIB mondial. Les exportations mondiales de biens et de services augmentent plus vite que le PIB
mondial ce qui signifie qu’elles tirent vers le haut la croissance des pays et que ces derniers s’ouvrent
de plus en plus aux échanges. Les théories classique et néo-classique du commerce international
semblent donc confirmées.
Croissance des exportations mondiales de marchandises et du PIB mondial en PPA (en %)

16

14

12

10

-2

-4

-6

-8

-10

-12

-14
1950- 1960- 1970- 1980- 1990- 2000- 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
60 70 80 90 00 10

Exportations PIB

2. On peut noter, ensuite, une corrélation positive entre l’ouverture des pays au commerce extérieur et la
croissance de leur PIB. En 1950, l’Europe occidentale exportait 8% de son PIB. Soixante ans plus tard,
elle en exporte près de 40% ce qui a favorisé la forte croissance des Trente glorieuses. De même, le
Japon et la Chine, en s’ouvrant à l’extérieur ont connu des croissances très rapides entre 1950 et 1973
pour le Japon et depuis les années 1980 pour la Chine.
Exportations de marchandises en % du PIB et croissance du PIB
Croissance annuelle
Exportations en % du PIB
moyenne du PIB
1950 1973 2007 1950-1973 1973-2008
Europe occidentale 8 15 37 4,4 2,0
Etats-Unis 3 5 10 3,9 2,8
Japon 3 8 15 9,3 2,4
Chine 3 2 38 4,6 7,6
PIB mondial 4,1 3,3
Exportations mondiales 7,9 4,9
(Source : Baldwin et Martin 1999 actualisé Ocde 2008)

3. Cependant, tous les pays ne semblent pas avoir profité de la même façon de cette ouverture au marché
mondial :
 Tout d’abord, le commerce mondial est encore largement dominé par les pays développés. Les pays
européens et l’Amérique du Nord réalisent près des deux tiers des échanges mondiaux. Ce sont les
européens qui ont le plus profité de cette ouverture puisque leur part du marché mondial est passé
du tiers en 1948 à plus de 50% en 1973 mais il s’agit essentiellement du commerce à l’intérieur de
l’UE (commerce intra-zone).
 Ensuite, ce sont les pays d’Asie et le Moyen-Orient qui ont su augmenter leur part de marché à partir
des années 1970. Ces deux régions représentaient un 16% du commerce mondial en 1948 et 37,6%
de nos jours. Les NPI asiatique, la Chine et l’Inde ont su s’insérer dans la division internationale du
travail en exportant leurs produits manufacturés et leurs services (Inde). La Chine est devenue, en
2010, le premier exportateur mondial. Le Moyen-Orient a bénéficié de la hausse des prix du pétrole.
 Mais, les autres pays en développement et les pays en transition (ex bloc de l’Est) ont vu leur part
de marché se réduire. Ces trois régions représentaient un cinquième des échanges mondiaux en
1948 et un huitième de nos jours. La mauvaise spécialisation de l’Amérique Latine et de l’Afrique
dans les produits primaires et l’effondrement du bloc soviétique expliquent cette marginalisation du
commerce mondial.
Exportations mondiales de marchandises, par région et par certaines économies
((En milliards de dollars et en pourcentage)

1948 1953 1963 1973 1983 1993 2003 2010


Valeur
Monde 59 84 157 579 1 838 3 676 7 377 14 851
Part en %
Monde 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Amérique du Nord 28,1 24,8 19,9 17,3 16,8 18,0 15,8 13,2
États-Unis 21,7 18,8 14,9 12,3 11,2 12,6 9,8 8,6
Amérique du Sud et centrale 11,3 9,7 6,4 4,3 4,4 3,0 3,0 3,9
Europe 35,1 39,4 47,8 50,9 43,5 45,4 45,9 37,9
Allemagne a 1,4 5,3 9,3 11,7 9,2 10,3 10,2 8,5
France 3,4 4,8 5,2 6,3 5,2 6,0 5,3 3,5
Italie 1,8 1,8 3,2 3,8 4,0 4,6 4,1 3,0
Royaume-Uni 11,3 9,0 7,8 5,1 5,0 4,9 4,1 2,7
Communauté d'États indépendants (CEI) b - - - - - 1,5 2,6 4,0
Afrique 7,3 6,5 5,7 4,8 4,5 2,5 2,4 3,4
Moyen-Orient 2,0 2,7 3,2 4,1 6,8 3,5 4,1 6,0
Asie 14,0 13,4 12,5 14,9 19,1 26,1 26,2 31,6
Chine 0,9 1,2 1,3 1,0 1,2 2,5 5,9 10,6
Japon 0,4 1,5 3,5 6,4 8,0 9,9 6,4 5,2
Inde 2,2 1,3 1,0 0,5 0,5 0,6 0,8 1,5
a Les chiffres concernent la République Fédérale d'Allemagne de 1948 à 1983.
b Les chiffres sont sensiblement affectés par l'inclusion des échanges mutuels des Etats baltes et de la CEI entre 1993 et 2003.

b) – Le développement du libre-échange a favorisé cette ouverture sur l’extérieur


1. La théorie de Ricardo représente encore aujourd'hui l'un des principaux arguments mis en avant par les
partisans du libre-échange. Elle fonde en partie le travail de libéralisation des échanges qui a été
engagé dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale par le GATT et qui se poursuit aujourd'hui
avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Generel Agreement on Tariffs and Trade (GTT)
est un accord, signé en 1948 par 23 pays, qui définit les règles à appliquer en matière de commerce
international de biens. Deux règles président à cet accord :
 Le libre échange : il interdit les restrictions quantitatives (quota, contingentement de marchandises
importées), qui limitent les quantités des importations autorisées, et met en place des cycles de
négociations (les « rounds ») pour abaisser peu à peu les droits de douanes sans pouvoir revenir en
arrière (règle de la « consolidation »). A cela s’ajoute la réciprocité (ou principe du donnant-donnant)
: un pays qui reçoit des avantages commerciaux est tenu d'accorder en retour des concessions
équivalentes. Enfin, la loyauté dans les échanges suppose la prohibition des subventions aux
exportations et du dumping (c’est à dire de la vente à un prix inférieur au coût de production) qui
faussent la concurrence. Ces deux règles visent à établir une « concurrence saine et non faussée ».
 Le multilatéralisme : les règles s’appliquent à tous les signataires et ne peuvent pas être négociée
de pays à pays (refus du bilatéralisme). Tout ce qui est accordé à un pays doit l’être aux autres. Il
s’agit de la « clause de la nation la plus favorisée ». Si la France baisse ses droits de douane sur
les produits agricoles provenant du Niger pour n’importe quelles raisons (commerciale, géopolitique,
sociale…), il doit automatiquement répercuter cette baisse sur les produits agricoles provenant des
autres pays signataires du GATT.
Les règles du libre-échange mises en place après la seconde guerre mondiale

GATT

Libre-échange Multilatéralisme

- Interdiction des quotas


- Diminution progressive Clause de la nation la plus
des droits de douane favorisée
- Règle de consolidation (non discrimination)

2. Depuis 1947, les différentes négociations commerciales au sein du GATT ont aboutit à une baisse
considérable des droits de douane moyens : en 1947, le droit de douane moyen était égal à 40% ce qui
signifiait que le produit étranger, dont la valeur était de 100 $, était vendu en France, par exemple, 140
$. Les 40 $ supplémentaires étaient prélevés par l’Etat au même titre qu’une taxe. De nos jours, les
droits de douane moyens se situent à 4% et les recettes, pour l’UE, sont versées directement au budget
de l’Union Européenne.
Tarifs moyens Réduction
Nom du round Date des Nb de pays
avant le round moyenne des
du GATT négociations participants
en % tarifs (en %)
Genève 1947 23 40,0 35,0
Annecy 1949 13 26 2,0
Torquay 1950-1951 38 23,9 25,0
Genève 1955-1956 26 17,9 3,5
Dillon 1961-1962 26 16,5 7,0
Kennedy 1964 62 15,2 35,0
Tokyo 1973-1979 102 9,9 34,0
Uruguay 1986-1993 117 6,5 39,0
Doha 2001- ? 145 4,0 ?

3. Le libre échange peut avoir plusieurs effets positifs sur la croissance :


 Il renforce la concurrence, ce qui pèse sur les prix et oblige les entreprises à innover soit en terme
de procédé, pour réduire leurs coûts de production, soit en terme de produits pour se différencier de
ses concurrents. La concurrence de la Chine dans des produits standards a obligé les firmes
occidentales à se spécialiser dans le haut de gamme.
 Il augmente la taille du marché ce qui va permettre aux entreprises de dégager des économies
d’échelle. La hausse des ventes à l’étranger permet d’étaler les coûts fixes et d’augmenter la
productivité du travail ce qui diminue les coûts unitaires et les prix du produit si le marché est
concurrentiel. Les ordinateurs ne sont plus produit pour un marché de quelque centaines de millions
de consommateurs mais pour plusieurs milliards, ce qui a permis de réduire considérablement leurs
prix.
c) – La division internationale du travail favorise les échanges internationaux
1. Les pays doivent se spécialiser dans les secteurs où ils disposent le plus grand avantage comparatif.
 Les pays développés doivent donc se spécialiser dans des industries utilisant beaucoup de capital et
du travail qualifié car ce sont ces facteurs dont ils disposent en abondance et dont le coût relatif est
le plus faible. Ils vont exporter des automobiles, des avions, des médicaments, des produits
chimiques, des services qualifiés et importer des produits agricoles, des matières premières et des
biens de consommation courante en provenance des pays moins développés.
 Les Etats-Unis ont un avantage comparatif dans les services, l’agriculture et dans certains
secteurs industriels (les moteurs, les produits intermédiaires, les produits pharmaceutiques…).
 L’Allemagne a un avantage comparatif dans l’industrie, essentiellement dans l’automobile et les
biens d’équipement.

 La France dispose d’avantages comparatifs plus dispersés : les services (le tourisme, les
services financiers), l’agriculture, et certains secteurs industriels (les avions, les produits
pharmaceutiques, les produits de luxe…).
 Les pays en développement doivent se spécialiser dans les produits primaires (agricoles, minerais,
combustibles) et dans des industries de main-d’œuvre car les coûts salariaux unitaires y sont plus
faibles.
 La Chine dispose des avantages comparatifs importants dans les industries de main-d’œuvre
(produits informatiques, électroniques, électroménager, textile).

 Le Brésil a des avantages comparatifs dans les produits agricoles (soja, volailles…) et les
industries agro-alimentaires.

 Le Nigéria utilise son principal atout le pétrole comme l’Arabie-Saoudite, la Russie…


2. La division internationale du travail favorise la croissance et le développement des pays qui s’ouvrent zu
commerce international :
 La spécialisation permet une économie de travail et une hausse de la productivité globale puisque le
pays abandonne ses secteurs les moins productifs pour affecter sa main-d’œuvre dans les secteurs
les plus productifs. Les coûts unitaires vont diminuer ainsi que les prix. La compétitivité du pays va
augmenter ce qui va permettre aux firmes de vendre plus sur les marchés intérieurs et extérieurs.
Ainsi, l'abandon du secteur textile en France devrait libérer de la main-d'oeuvre pour travailler dans
l'aeronautique qui a un niveau de productivité plus élevé. Mais, on suppose que les travailleurs
peuvent facilement être transférés d'un secteur à l'autre ce qui n'est pas toujours le cas.
 L’échange international provoque une pression à la baisse sur les prix. L’importation de produits
moins chers et le renforcement de la concurrence poussent les prix à la baisse ce qui augmente le
pouvoir d’achat des consommateurs qui vont augmenter leur demande de services internes. Ainsi,
les pays occidentaux ont importé des biens de consommation produit dans les pays émergents
(Chine, Inde...) ce qui a augmenté le pouvoirs d'achat de leurs consommateurs qui ont pu, peu à
peu, déplacer leurs consommation sur des services produit sur place.
 Le développement des échanges enrichit les pays concurrents ce qui va se traduire, à terme, par
une hausse de nos exportations à condition que notre appareil productif soit compétitif. La Chine
importe, ainsi, de plus en plus de produits de luxe français ou de biens d'équipement allemands.
 Enfin, les échanges de biens et de services permettent des transferts de technologie qui bénéficient
aux pays moins avancés et leur permettent un rattrapage. La Chine, par exemple, copie les
technologies occidentales pour se les approprier puis pour les dépasser.

Avantage Avantage
productif naturel

Spécialisation

Gain de Importations
productivité moins chères

Baisse du coût
Baisse des prix
unitaire

Hausse de la Hausse de la
demande compétitivité

Hausse de la taille
des marchés

Economies Transferts de Enrichissement


d’échelle technologie des concurrents

d) – La croissance des exportations repose en partie sur la compétitivité-prix


1. L’avantage comparatif ne suffit pas pour établir la compétitivité d’un pays. La compétitivité d'un pays se
mesure à sa capacité à accroître ses parts de marché extérieurs. Pour des produits de qualité
comparable, cette compétitivité peut être obtenue par des prix plus faibles. Dans ce cas, on parle d'une
compétitivité-prix. Un pays est compétitif au niveau des prix lorsque, pour un produit identique, il a les
prix les moins élevés.

Parts de marché = Ventes du pays (ou de la firme)/Total des ventes x 100


Parts des principaux pays exportateurs dans le commerce de biens 1950-2010 (en %)

Ainsi, le Japon a quintuplé sa part du marché mondial des marchandises entre 1950 et 1991 mais sa
compétitivité a diminué depuis. L’Allemagne est restée le premier exportateur mondial jusqu'en 2009
mais sa part dans le marché mondial s’effrite depuis le début des années 1990. La Chine a accru, dans
le même temps, sa part de 1% dans les années 1980 à 10,5% en 2010 et est devenue le premier
exportateur mondial.
D’autre part, les soldes des balances commerciales révèlent le degré de compétitivité et la plus ou
moins bonne spécialisation des pays.
Soldes commerciaux 1967-2010 (En % du commerce mondial de biens à prix courants)

 La Chine dégage d'importants excédents commerciaux depuis les années 1990 grâce à sa
spécialisation dans des industries utilisant une main-d'œuvre abondante et peu chère.
 Le Japon et l'Allemagne sont également excédentaires depuis les années 1970 grâce à leur
spécialisation dans industries à haute intensité technologique.
 En revanche, les Etats-Unis sont fortement déficitaires car ils sont spécialisés dans l'agriculture et
les services qui ne suffisent pas à compenser leur faiblesse dans l'industrie et leurs besoins de
produits primaires.
2. La compétitivité-prix d’un pays peut être attribuée à plusieurs facteurs :

Coût des facteurs Productivité des Niveau de la Politique de


de production facteurs concurrence change

Niveau de la marge
Coût unitaire bénéficiaire Taux de change

Compétitivité-prix

 La compétitivité-prix dépend d’abord de la compétitivité-coût. Le coût de production unitaire


comprend le coût des consommations intermédiaires (les coûts énergétiques par exemple), le coût
salarial (salaire, cotisations sociales, coût de l’embauche et des licenciements) et le coût du capital
fixe (amortissement) rapportés à la productivité de chaque facteur. On peut considérer que les coûts
des consommations intermédiaires et le coût du capital fixe ne sont pas très différents d’un pays à
l’autre. La compétitivité coût repose donc essentiellement sur le coût salarial unitaire.

Coût unitaire = Coûts de production/Niveau de productivité

 Le coût horaire du travail recouvre les salaires nets, les cotisations salariales et les cotisations
employeurs, d’origine légale ou conventionnelle, (dont les allègements de cotisations sociales
pour la France), auxquelles il faut ajouter les impôts et taxes sur les salaires et la main-d’œuvre
(versements transport, formation, logement, apprentissage...), dont l’existence et l’organisation
varient sensiblement d’un pays à l’autre. Ainsi, en 2011, les coûts horaires de la main-d’œuvre
ont été estimés en moyenne à 23,1€ dans l'économie marchande de l'UE, et à 27,6€ dans celle
de la zone euro. Toutefois, cette moyenne masque des écarts importants entre les États
membres, les coûts horaires de la main-d’œuvre variant de 3,5€ (Bulgarie) à 44,3€ (Norvège).

 La productivité horaire du travail correspond à la quantité de produits fabriquée en une heure de


travail ou à la valeur ajoutée réalisée en une heure de travail. Sa connaissance va permettre de
calculer le coût salarial unitaire c’est-à-dire le coût du travail par unité produite. Ainsi, si le coût
salarial horaire est de 1€ de l’heure en Chine alors qu’il est de 10 € en France, cela ne signifie
pas forcément que le prix du produit français sera 10 fois plus élevé que le prix du produit
chinois. En effet, si un travailleur chinois produit 2 biens à l’heure pendant que le français en fait
30 en une heure, le coût salarial unitaire d’un chinois (1€/2 = 0,5 cts) sera supérieur à celui du
français (10€/30 = 0,33 cts).

Coût salarial unitaire = Coûts horaire du travail/Productivité horaire du travail


 L’évolution de la compétitivité coût française laisse apparaître une baisse de cette compétitivité
à partir de l’année 2001et une légère amélioration depuis 2010. En revanche, les produits
allemands ont profité d’une évolution favorable de la compétitivité coût pratiquement
ininterrompue depuis 1994. Ceci s’explique par une hausse du coût salarial unitaire supérieure
en France à celle de l’Allemagne qui a accepté une modération des hausses salariales.
 La compétitivité-prix dépend ensuite des la politique de marge des entreprises. La marge
bénéficiaire s’ajoute au coût unitaire. Ainsi, pour un coût unitaire de 100 €, la firme peut ajouter une
marge de 20% ce qui portera le prix unitaire à 120 € hors taxes. Les firmes peuvent « faire de la
marge » (marge à l'exportation élevée par rapport à leur coût de production unitaire) ou « faire du
volume » (marge faible pour accroître les quantités vendues). Cette stratégie des prix dépend du
degré de concurrence du marché. Lorsque le marché est concurrentiel, on fait du volume. Lorsqu'on
est en situation de monopole, on fait de la marge. Certaines firmes pratiquent même le dumping qui
consiste à vendre à perte sur les marchés extérieurs tout en se rattrapant par des prix élevés sur le
marché domestique. Très sensibles à la compétitivité-prix, les entreprises françaises peuvent être
contraintes à des efforts de marge à l’exportation plus importants que d’autres pour préserver leurs
parts de marché, voire pour en limiter la perte.

Prix à l’exportation = Coût unitaire du produit + marge bénéficiaire

Cette contrainte explique sans doute en partie la quasi-stagnation des taux de marge des sociétés
non financières entre 2000 et 2009 qui contraste avec la remontée enregistrée dans plusieurs autres
pays européens. L’enjeu est important pour la compétitivité future puisque des marges dépend en
partie la capacité d’investissement des entreprises : investissements matériels mais aussi
investissements immatériels (recherche et innovation, prospection commerciale, design), qui
deviennent de plus en plus déterminants et exigent de plus en plus de ressources propres.
 Enfin, compétitivité-prix dépend de l’évolution du taux de change. Le prix du bien exporté va être
facturé dans la monnaie du pays d’accueil. Toute variation du taux de change va donc modifier la
valeur de ce bien. Ainsi, une dévaluation (décidée par l'Etat) ou une dépréciation (décidée par le
marché des changes) d'une monnaie nationale par rapport aux monnaies étrangères, c'est-à-dire
une baisse du taux de change se traduit par une baisse des prix à l'exportation pour ce pays. En
effet, les acheteurs étrangers vont donner moins de leur monnaie pour obtenir les produits du pays
qui a vu sa monnaie se déprécier sur le marché des change. Supposons qu’un € soit égal à un $.
Pour acheter un produit valant 10 €, un américain devra donner 10 $. Si le cours de l’Euro baisse et
passe à 1,5 € = 1 $, un américain n’aura plus a donner que 6,6 $ (10/1,5) pour obtenir le même bien.
Lorsque cette sous-évaluation de la monnaie nationale entre dans une stratégie de conquête des
marchés étrangers, on parle de dévaluation compétitive.

La baisse de la compétitivité-prix de la France et des pays méditerranéens entre 2001 et 2008 a


pour cause principale la hausse de l’Euro vis-à-vis des autres devises. A la même époque, la sous-
évaluation du dollar, du yen et du yuan favorisait la compétitivité-prix des produits américains,
japonais et chinois. Depuis 2008, le mouvement s’est inversé.

D – Les limites de l’analyse traditionnelle


a) – Il n'existe pas une mais deux divisions internationales du travail
1. Les théories classique et néo-classique du commerce international n'expliquent qu'en partie les
caractéristiques des échanges internationaux concrètement observables. Elles ne permettent pas de
rendre compte par exemple de la forte densité des échanges au sein du monde industriel (entre pays
similaires) et de la faiblesse des échanges Nord-Sud (entre pays différents par les dotations et la
technologie). La « logique des différences » (de coûts, de dotations, de technologie) inhérente aux
analyses classiques et néo-classiques voudrait que le commerce se développe principalement entre
pays dissemblables. Tel n'est pas le cas, bien au contraire. Comment se fait-il que les pays du Nord
échangent-ils essentiellement entre eux ?
Flux des exportations mondiales en 2010 (en % du commerce mondial de marchandises)
2,8

6,4 Amérique du 16,6


Nord (16,9) Asie (28,4)
5,4

1,9 5,4

Europe
2,8 3,5
occidentale (37,9)

26,9

2. Contrairement à la théorie traditionnelle de Ricardo et d’HOS, le commerce mondial ne repose pas


seulement sur des différences de productivité et de coûts. Il repose aussi sur des différences de
produits. Pour comprendre ces échanges de produits similaires entre pays développés, les économistes
keynésiens se tournent vers la demande :
 S.B. Linder et la demande représentative : l’avantage comparatif s’explique par l’importance de la
demande interne du produit. En effet, un bien est susceptible d’être exporté que s’il est d’abord
l’objet d’une forte demande interne. Plus le marché est grand, plus l’avantage sera important (les
Etats-Unis, l’UE). De plus, grâce au développement de la production résultant de la taille du marché,
le pays bénéficiera d’économies d’échelle qui lui permettront de diminuer ses coûts de production et
donc ses prix. Les exportations ne débuteront qu’une fois le marché intérieur satisfait. Le produit (qui
correspond au niveau de vie interne du pays exportateur) ne pourra donc être exporté que dans des
pays à niveau de salaire comparable, donc à facteurs de production comparables. Ainsi, des
dotations de facteurs identiques facilitent le commerce intra-branche entre pays développés qui est
le commerce dominant depuis les Trente glorieuses.
 B. Lassudrie-Duchêne et la demande de différence : si les échanges intra-branches se développent
entre pays présentant des dotations factorielles proches, il n’en reste pas moins que les produits ne
sont pas rigoureusement identiques (une Renault n’est pas une Opel). Ils présentent un potentiel de
différentiation résultant de leur image de marque, de leurs qualités spécifiques. En effet, le goût du
consommateur pour la variété offre une part de marché à tout exportateur qui propose une
spécification différenciée d’un même produit générique. Ceci résulte de la volonté du consommateur
de se différencier en acquérant des produits ayant une image de marque valorisante.
3. En conséquence, les pays développés exportent et importent pratiquement les mêmes biens - et parfois
en provenance et à destination des mêmes partenaires commerciaux (échanges croisés de produits
similaires). Comment se fait-il que les pays échange des produits similaires ? Il faut, en fait, distinguer
deux types d’échange :

Commerce mondial

Interbranche Intra-branche

Nord/Pays
Nord/Sud Nord/Nord
émergents

Ancienne DIT Nouvelle DIT


 Le commerce interbranches : les échanges interbranches sont des échanges de différences qui
résultent de la complémentarité des économies. Une branche rassemble l'ensemble des
établissements qui produisent le même bien. un commerce interbranche est un commerce qui se fait
entre branches différents (achat de pétrole-vente de voitures). Ce commerce concerne surtout des
pays de niveaux de développement différents, c'est à dire les échanges entre les pays développés
et les pays en voie de développement (échange de biens manufacturés contre des produits
primaires).
 Ainsi, les pays développés exportent essentiellement des biens manufacturés (80% de leurs
exportations), dont la moitié comprend des biens d'équipement à haute technologie. Les pays en
développement sont avant tout spécialisés dans les produits primaires (plus de 40% de leurs
exportations) et même certains sont mono-exportateurs (80% des recettes d'exportation de la
Côte-d'Ivoire proviennent du Cacao et du Café par exemple).
 Cependant, cette spécialisation de chaque zone ne signifie pas pour autant que les pays en
développement aient une position dominante dans certains produits. En effet, à l'exception des
combustibles, tous les autres produits sont dominés par les pays développés, y compris pour les
produits agricoles.
 Ceci correspond à l’ancienne division internationale du travail. Les pays du Sud exportaient vers
les pays du Nord des produits primaires (agricole, des minerais et des combustibles) et
importaient des produits manufacturés en provenance du Nord. Les échanges portent sur des
produits différents et complémentaires. Ceci correspond au modèle envisagé par Ricardo et par
les néo-classiques.
 Le commerce intra-branche : les échanges intra-branches sont des échanges de similarité qui
résultent de la proximité des économies. Un commerce intra-branche est un commerce qui se fait à
l'intérieur de la branche pour des produits qui se distinguent, soit au niveau de leur utilisation (papier
couché/papier journal), soit au niveau de leur technologie (photo papier/photo numérique), soit au
niveau de leur marque (Renault/Fiat), soit au niveau de leur qualité. Ce commerce met en
concurrence des pays au niveau de développement comparable (échange de biens manufacturés
contre d'autres biens manufacturés).
 On voit donc surgir une nouvelle division internationale du travail dans laquelle :

 Les pays du Nord échangent entre eux des produits similaires (des produits chimiques, des
médicaments, des biens d’équipement, des automobiles, des produits de télécommunications,
des produits électroniques...mais aussi des produits agricoles et alimentaires). Ce commerce
intra-branche représente plus de la moitié des échanges.
 Les pays du Nord échangent avec les pays émergents des biens manufacturés différents. Les
pays du Sud exportent des produits intermédiaires (acier), des biens de consommation (textile,
cuir, habillement, jouet) mais aussi des produits des NTIC (électronique grand public,
télécommunications). Ce commerce interbranche se développe avec le transfert d’une partie de
l’industrie mondiale dans les nouveaux pays industrialisés (NPI) et l’ensemble constitué du
Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine.
 Les pays du Nord échangent avec le reste des pays du Sud des produits manufacturés contre
des produits primaires car l’ancienne DIT n’a pas disparu.
Part de la Triade (UE, Etats-Unis, Japon) et des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) dans les exportations
mondiales en 2006 et évolution de cette part sur la dernière décennie (en %)
b) – Les exportations reposent aussi sur la compétitivité hors-prix ou structurelle
1. La compétitivité hors-prix ou structurelle : Un pays détient une compétitivité structurelle ou hors-prix
lorsque, à prix équivalent, ses produits sont mieux adaptés à la demande mondiale. Afin de s’adapter en
permanence à l’évolution de la demande, à l’émergence de nouvelles concurrences et de nouvelles
exigences du consommateur, chaque entreprise doit faire preuve de toujours plus de réactivité pour
préserver ses positions sur ses marchés, les développer et en conquérir de nouveaux. Preuve en est le
positionnement de l’Allemagne : d’une manière générale, on observe que les secteurs où les entreprises
allemandes sont les plus concurrentielles sont les entreprises de haute technicité ou de produits haut de
gamme, quel que soit le niveau de salaire. La compétitivité structurelle ou hors-prix dépend donc d’un
certain nombre de facteurs :

Recherche et Politique Flexibilité de Investissement


Toyotisme l’appareil
direct à l’étranger
développement commerciale productif

Innovations Qualité et différenciation Adaptation aux variations


du produit de la demande

Compétitivité structurelle ou hors-prix

 La politique de recherche et d’innovation va permettre une double différenciation des produits :


 Une différenciation verticale des produits qui consiste à décliner une gamme de produits à partir
d'un produit central pour satisfaire les besoins de différenciation des clients qui n’ont pas les
mêmes revenus (de la Twingo à l’Espace pour Renault). Les Allemands ont tendance à se
positionner sur le moyen et le haut de gamme.
 Une différenciation horizontale des produits qui consiste à augmenter la variété des produits
pour satisfaire la diversité des goûts des consommateurs (ordinateur de bureau, ordinateur
portable, ultraportables,…). Le design entre dans cette logique de différenciation.
L’entreprise qui saura innover dispose d’un monopole temporaire pour conquérir les marchés
extérieurs indépendamment du prix (Apple avec l’Iphone ou l'Ipad par exemple). Dans un
contexte de mutations technologiques accélérées, la recherche-développement et l’innovation
sont devenues un atout primordial de compétitivité. Globalement, l’effort français de R&D a
accusé un tassement dans le milieu des années 2000. Même si les entreprises privées
continuent à représenter un peu plus de la moitié de l’effort global de R&D, elles n’ont pas
encore comblé leur retard au regard des objectifs de l’agenda de Lisbonne. Quantifié à
Barcelone, cet effort doit être porté à 3% du PIB dont 1% au titre de la recherche publique
 La politique de la qualité totale va permettre d’avoir un avantage sur le produit concurrent si celui-ci
dure plus longtemps et si le service après-vente est efficace (les voitures BMW par exemple). La
compétitivité d’une entreprise repose en effet sur sa capacité à offrir des services complémentaires :
service après-vente, accompagnement du client, abonnements, maintenance...Ceci passe par :
 La politique commerciale (publicité, marque…) a pour objectif de créer un univers autour du
produit afin de le différencier des autres et de faire croire à sa qualité.
 La formation de la main-d’œuvre : Eléments essentiels de la compétitivité, la compétence et la
qualification des salariés doivent demeurer une priorité pour les entreprises, compte tenu des
mutations technologiques et de l’évolution des concurrences et des marchés. Ainsi, les firmes
françaises sont handicapées par la faible maîtrise de l’anglais par leur salariés.

 L’utilisation des TIC : une meilleure utilisation des TIC dans la gestion des entreprises et leurs
relations commerciales est un facteur de gains plus importants de productivité (facture électronique,
plateformes communes, dématérialisation des commandes ...). A cet égard, la France accuse un
retard important : en 2010, seulement 58% des entreprises françaises avaient un site Internet,
contre 84% en Allemagne et plus de 80% dans les pays scandinaves. De même, seulement 13%
des entreprises françaises utilisaient les TIC dans leurs relations avec leurs fournisseurs et leurs
clients.
Dans ces domaines, les dernières enquêtes auprès des importateurs européens montrent un recul
du rapport qualité-prix des produits français (biens de consommation, biens intermédiaires, biens
d’équipement). Ils se situent désormais à la 5ème position du classement parmi dix origines de
produits : Allemagne, Japon, États-Unis, France, Royaume-Uni, Italie, Espagne, PECO, Asie, Chine.
 Enfin, l’appareil productif doit être réactif vis-à-vis des variations de la demande. Ceci implique :
 Une amélioration de l’organisation productive et du management : La compétitivité des
entreprises est aussi fondée sur la qualité de l’organisation et du management, vecteurs de
mobilisation des salariés, donc de productivité. La performance d’une entreprise repose à la fois
sur des relations collectives constructives et sur une réelle attention portée aux salariés en tant
que personnes (principes du Toyotisme).
 Une bonne implantation à l’étranger permet de mieux connaître les goûts des consommateurs
locaux et une organisation de la production flexible de faire face à la diversité des goûts.
2. les dotations de facteurs mais sur les stratégies des firmes et sur celles des Etats. Les avantages
comparatifs ne tombent pas du ciel. Ils ne sont pas acquis. Ils sont construits par les acteurs en
concurrence imparfaite. Il faut donc se tourner, comme Schumpeter, vers l’offre pour comprendre les
avantages comparatifs :
 L’écart technologique de Posner et Krugman : une firme qui introduit un nouveau produit peut
profiter d’un monopole provisoire à l’exportation jusqu’à ce que les brevets tombent et que des
firmes imitatrices lancent un produit comparable à un prix plus faible .Selon Posner, c’est donc
l’avance technologique caractérisant un pays qui conduit à déterminer les avantages comparatifs du
pays. Krugman va approfondir les intuitions de Posner. Il va différencier deux types de zones :
 les firmes du Nord innovent, ce qui permet de développer de nouveaux produits qui offrent une
situation de monopole et peuvent donc produire sur son territoire des biens de haute
technologie à un prix élevé.
 inversement, les firmes du Sud ont des capacités d’innovation réduites. Dès lors, elles ne
peuvent que copier les innovations réalisées au Nord, mais avec un décalage plus ou moins
long .Ils fabriquent et exportent des produits banalisés à un prix réduit en raison de la
concurrence.
Les capacités d’innovation et donc les efforts de recherche-développement jouent alors un rôle
essentiel.
 Le cycle de vie du produit de Vernon : un produit est lancé dans le pays qui l'a créé, puis exporté,
lorsque la demande s'accroît, vers des pays à niveau égal de développement. Ensuite, une fois le
produit normalisé, sa production peut être délocalisée ce qui suscite des échanges intra-firmes au
sein des firmes multinationales qui sont, en partie, des échanges intra-branches. Ce schéma semble
bien s’appliquer au développement « en vol d’oies sauvage » japonais (Akamatsu).
3. Ainsi, contrairement à la théorie traditionnelle, ce n’est pas l’avantage comparatif qui crée la
spécialisation et l’échange mais l’inverse. En effet, lorsque deux pays ont des dotations de facteurs
identiques, ils ne devraient avoir aucun intérêt à échanger. Pourtant, en se spécialisant et en
échangeant, ils agrandissent la taille de leur marché et dégagent des économies d’échelle qui leur
donnent un avantage comparatif. On a donc la séquence :

Echange international => Economie d’échelle => spécialisation => avantage comparatif

c) – Toutes les spécialisations ne sont pas avantageuses


1. Jusque dans les années 1980, les pays en développement étaient spécialisés dans des produits
primaires qui représentaient plus de 80% de leurs exportations et une grosse part de leurs recettes
fiscales. Ces pays sont souvent mono-exportateurs (le cuivre du Chili, le cacao de la Côte d’Ivoire,…).
Cependant, les pays en développement ne sont pas les principaux producteurs de produits primaires. Ils
sont concurrencés par des pays développés pour qui ces produits représentent une faible part de leurs
exportations. En conséquence, les pays en développement étaient très dépendants des stratégies des
FTN primaires des pays développés.
Structure des exportations du tiers-monde par groupe de produits (en %)
Matières Total des
Minerais et Produits
Aliments premières Combustibles produits
minéraux manufacturés
agricoles primaires
1912 53,1 24,4 8,7 2,0 91,5 8,5
1938 48,0 21,1 9,5 12,6 91,1 8,9
1953 39,0 18,3 11,6 21,8 89,9 10,1
1970 26,8 10,1 13,6 33,0 83,7 16,3
1980 11,3 3,6 4,3 61,3 81,4 18,6
1990 12,2 3,3 4,5 29,6 49,6 50,4
1995 8,1 2,9 4,4 6,6 24,5 75,5
2010 6,8 1,9 7,7 15,6 34,5 65,5
(Source : Bairoch, Victoires et déboires, Gallimard, 1998, actualisé Cnuced 2012)

A partir des années 1990, les pays émergents deviennent exportateurs de produits manufacturés qui
vont représenter plus des 2/3 des exportations des pays en développement en 2010. Une nouvelle DIT
se met en place.
2. En théorie, l’insertion des PED dans le commerce international par une spécialisation dans les produits
primaires devait les aider à impulser leur développement :
 Les exportations de produits primaires constituent un apport de devises et des recettes fiscales et
douanières. Ces recettes permettaient d’investir dans des industries de transformation (industries
agro-alimentaires, raffineries pétrolières…) et dans des infrastructures publiques (routes, ports,
réseau électrique…).
 Les recettes d’exportation servent de caution aux prêts des banques des pays du Nord. La dette des
pays du Sud, si elle est investit dans du capital fixe productif, peut servir à financer le décollage des
pays en développement.
 Les ressources naturelles des pays du Sud attirent les FTN primaires. Celles-ci apportent leurs
capitaux et leur technologie, ce qui devrait favoriser le développement.
3. Cependant, la spécialisation dans les produits primaires présente plusieurs inconvénients pour le
développement des PED.
 Tout d’abord, les FTN mettent en concurrence les pays du Sud pour un même produit. En
conséquence l’offre de ces produits tend à devenir excédentaire ce qui entraîne une baisse relative
des prix à long terme de ces produits primaires. Pour savoir si un pays gagne ou perd à l'échange,
on doit donc calculer les termes de l'échange qui sont des prix relatifs calculés à partir de l'indice
des prix des produits exportés rapportés à l'indice des prix des produits importés.

Termes de l’échange = Indice des prix des produits exportés/indice des prix des produits importés x 100

 Indice > 100 = Amélioration des termes de l’échange. Le pouvoir d’achat des exportations
en produits importés s’améliore (ATE) ;
 Indice = 100 = Equilibre des termes de l’échange. Le pouvoir d’achat des exportations en
produits importés se maintient ;
 Indice < 100 = Détérioration des termes de l’échange. Le pouvoir d’achat des exportations
en produits importés diminue (DTE).
Ce sont les pays les plus pauvres (PMA) qui subissent la DTE la plus forte depuis le milieu des années
1970. Cependant, la forte demande des pays émergents en produits primaires au milieu des années 2000 a
permis aux pays en développement exportateurs de ces produits de profiter d’une ATE jusqu’à la crise de
2009.

 Ensuite la demande mondiale pour ces produits est en faible croissance car les produits alimentaires
se saturent vite (loi d'Engel), les matières premières sont concurrencés par des produits industriels
de substitution et les économies d'énergie limitent la demande. D'où des excédents qui pèsent sur
les prix de ces produits.
Volume du commerce mondial des marchandises par grand groupe de produits, 1950-2010 (100 = 1950)

Variation annuelle moyenne en pourcentage

12

Produits agricoles
10
Combustibles et produits des industries extractives
8
Produits manufacturés
6

0
1950-1973 1973-1990 1990-2010
Part des biens et services dans le total des exportations mondiales (en %)

1913 1963 1973 2010


Produits primaires 54,4 39,8 31,6 13,8
- Produits agricoles 42,5 24,1 17,1 4,3
- Minéraux 5,9 5,0 4,9 2,1
- Combustibles 6,0 10,7 9,6 7,4
Produits manufacturés 30,6 43,2 49,5 64,2
Services commerciaux 15,0 17,0 18,9 22,0
(Source : OMC - 2012)

 De plus les prix des matières premières est fixé par des bourses spéculatives installées dans les
pays du Nord et dépend des cycles économiques des pays riches. Les pays pauvres sont « price
takers » alors que les pays riches sont « price makers ». D’où une forte instabilité du prix des
produits de base et une tendance à la baisse (les pays compensant la baisse des prix par une
augmentation des volumes, c’est à dire de l’offre, ce qui déprécie davantage le produit).

 En conséquence, les pays en développement ont des pertes de recettes et sont incapables de
planifier à long terme leur développement. Ils sont obligés de produire et d’exporter davantage pour
avoir les mêmes recettes et de recourir à l’endettement.
Plus d’exportations de café, moins de recettes

 La spécialisation des produits primaires d’exportation se fait au détriment des ressources vivrières.
En conséquence, les pays en développement sont obligés d’importer leurs produits alimentaires
alors que leur agriculture pourrait être autosuffisante. Les subventions des pays riches à leur
agriculture faussent la concurrence sur le marché mondial.

 Or, un très grand nombre de pays en développement, en particulier les PMA africains, dépendent
des recettes d’exportation car ils sont mono-exportateurs.
 De plus, une partie des recettes douanières et fiscales sont détournées par des élites
kleptocratiques et servent à financer des « éléphants blancs » (infrastructure de peu d’utilité pour le
développement. La corruption détourne une partie non négligeable des recettes d’exportation.
 La spécialisation dans les produits primaires empêche tout progrès technique car ils ne dégagent
pas des innovations comme le secteur des télécommunications, par exemple. Les effets
d’entrainement n’ont donc pas lieu. Le pays ne peut donc pas se spécialiser dans des produits à
forte demande mondiale. Il devient dépendant tant en matière d'approvisionnement qu'en matière de
débouchés. Ce sont les pays qui n'ont pas de produits primaires (Japon, NPI) qui ont connu le
développement le plus rapide.
4. Les producteurs de produits primaires peuvent-ils contrôler le prix de leurs produits ? L’organisation des
pays exportateurs de pétrole (OPEP) a limité artificiellement les quantités offertes de pétrole au moment
où la demande était élevée pour imposer une hausse des prix. Le cartel est donc une entente entre les
offreurs qui contrôlent les quantités vendues pour imposer un prix. Chaque participant au cartel doit
respecter un certain quota de production pour éviter les excédents. Le cartel suppose :
 Un contrôle de l'exportation du produit : les puits de pétrole ont été nationalisés dans les années
1970 ;
 Une part de marché suffisante pour s'imposer : l'OPEP contrôlait 80% des exportations de pétrole
en 1973 ;
 Un produit stratégique : le pétrole représentait les 3/4 de l'énergie consommée par les PDEM en
1973.
Les deux chocs pétroliers sont les principaux responsables de l'amélioration des termes de l'échange
pour les PED entre 1970 et 1980 : le prix des matières premières a augmenté beaucoup plus vite (40%
de plus) que le prix des produits importés par l'OPEP, ce qui a gonflé les recettes de la balance
courante de ces pays et a financé leur industrialisation et leur développement.
5. Cependant, cette stratégie de cartellisation d’un marché n’est pas reproductible (tous les produits
primaires ne sont pas des produits stratégiques comme le pétrole) et ne dure qu’un temps. Les prix
élevés du pétrole ont incité les pays du Nord à trouver des énergies de substitution (nucléaire,
solaire...), à faire des économies d’énergie et à exploiter le pétrole des pays du Nord désormais rentable
(Mer du Nord, Norvège, Alaska...). L’offre de pétrole est ainsi devenue supérieure à la demande.
L’OPEP n’a pu empêcher le contre-choc pétrolier de 1985 et la baisse des prix du pétrole tout le long
des années 1990. La balance courante de l'OPEP devient négative, ce qui freine le développement.
D'autre part, les pétrodollars ont eu des effets déstructurant pour l'économie des pays de l'OPEP :
abandon de l'agriculture vivrière, urbanisation sauvage, corruption étatique, création de secteurs
parasites peu productifs et peu exportateurs, ce qui oblige ces pays à importer massivement des biens
alimentaires et des biens d'équipement qu’ils ne peuvent plus payer lorsque les prix du pétrole
deviennent trop bas.
Conclusion :
1. Il semble donc difficile de montrer que le développement des échanges internationaux et le libre
échange se soient traduits par des « gains mutuels ». On peut même observer :
 Qu’il n’y a pas de liens entre ouverture et convergence des économies : sur plus de trente ans, les
pays qui ont convergé ne sont pas, systématiquement les plus ouverts. Les pays émergents qui se
sont développés rapidement (NPI, Chine, Inde) ont su conserver un certain degré de protection pour
préserver leurs industries.
 Qu’il n’y a pas d’accélération de la convergence avec la hausse du libre-échange : l’intégration de
l’UE, qui devrait constituer un bon « laboratoire » de la relation (suppression des droits de douane à
l’intérieur de l’UE) entre ouverture et convergence, ne permet de conclure ni sur une convergence
régionale ni sur un effet permanent de l’ouverture sur la croissance des pays membres.
 Qu’il n’y a pas diminution des inégalités de niveau de vie : en effet, si à partir de 1980, on observe,
une réduction des inégalités de revenu par tête au niveau mondial, celle-ci masque les différences
régionales et l’augmentation des inégalités internes. Ainsi, si l’on exclut la Chine (20 % de la
population mondiale), qui connaît un rattrapage économique rapide sur la période, on constate que
les inégalités entre les niveaux de vie ont, au contraire, tendance à s’accroître à partir du début des
années 80.

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