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Thème 2 : Une diversification des espaces et des acteurs de la production

Chapitre 1 : Mutations et diversité des acteurs de la production et des espaces productifs


dans le monde

Un espace productif est un espace géographique sur lequel se réalise une production de
biens ou de services . Il est mis en valeur par différents acteurs afin de créer de la
richesse. Il s'organise à toutes les échelles.
• Dans le cadre de la mondialisation qui met en concurrence les territoires, comment
les acteurs de la production recomposent-ils ces espaces pour qu'ils restent
attractifs ?
• Comment cette recomposition favorise-t-elle une hiérarchie et une spécialisation
accrues des territoires, un accroissement des flux et la métropolisation et
littoralisation ?

I- Une nouvelle géographie de la production


A- La recomposition des espaces productifs

• Le PIB annuel mondial connait une croissance continue et il a doublé en 25 ans.


• Les pays développés voient leur part dans la production des richesses mondiales
reculer. Depuis la fin des années 1990, leur part dans le PIB mondial est passé de
64,2% à 45,5% aujourd'hui .
• Les pays en développement voient leur part dans le PIB mondial progresser de
35,5% à 54,5% entre 1994 et aujourd'hui.
Vers une diffusion mondiale des espaces de production

Les pays émergents réalisent 50% de la croissance économique depuis 1994.


Les BRICS représentent désormais 25% du PIB mondial alors qu'ils ne représentaient que
7% du PIB en 1994.
Cette progression s'explique en partie par la montée en puissance de la Chine, devenue la
première puissance industrielle et commerciale du monde.Mais il faut aussi relever
l'affirmation de l'Inde, de la Turquie,de l'Arabie Saoudite et de certains pays d'Afrique .
Deux facteurs expliquent cette évolution de la répartition de la richesse dans le monde.
La production manufacturière mondiale
• Les pays émergents ont développé des capacités productives nouvelles avec la
création de plus de 210 millions d'emplois industriels depuis les années 2000.
Pendant cette même période, les pays du Nord perdaient des emplois (plus de 15
millions) du fait de la délocalisation et de la concurrence de ces nouveaux pays
industriels (Europe orientale, Asie du Sud-Est)
• Les pays en développement ont augmenté leur production de matières premières et
de denrées agricoles et ont profité de la hausse des cours de ceux-ci au niveau
mondial.

La représentation des espaces productifs est donc plus complexe mais il subsiste
cependant de grandes disparités avec la persistance de fortes inégalités dans la
production et la répartition de la richesse mondiale.
Les pays du G 20 réalisent 90% du PIB et 85% du commerce mondial.

B- La décomposition internationale des processus productifs


L'Iphone, une chaîne de production à l'échelle mondiale
Une FTN comme Apple pratique la DIPP : les pièces qui composent l'Iphone sont
fabriquées dans un minimum de 8 pays différents avant d'être assemblées en Chine, et les
matières premières proviennent aussi de différents pays.
La DIPP désigne ainsi la segmentation du processus de production d'un même produit en
de multiples tâches effectuées par des entreprises réparties dans différentes régions du
monde.
Schéma de la chaîne de valeur ajoutée

La chaîne de valeur ajoutée désigne l'ensemble des opérations réalisées par des
entreprises dans le processus de fabrication d'un produit, de sa conception à sa
commercialisation. Les chaînes de valeur ajoutée sont aujourd'hui mondiales : la
production s'organise entre plusieurs pays en fonction des avantages comparatifs de
chacun.
Les espaces productifs des entreprises sont donc de plus en plus géographiquement
fragmentés : ainsi, 30% du commerce international de marchandises sont le fait
d'échanges entre les usines d'une même firme.
Cette segmentation des chaînes de valeur entraîne néanmoins la désindustrialisation des
pays développés et une hiérarchisation des espaces productifs dans l'économie
mondiale.
C- Des espaces de production hiérarchisés dans la mondialisation
Les 500 premières FTN

Les espaces de l'innovation dans le monde

Analyse des deux cartes :


• Plus de 100 000 FTN comptent 900 000 filiales à travers le monde. 75% d'entre
elles sont localisés dans les pays du Nord. Etats-Unis, Europe de l'ouest, Japon
concentrent les activités décisionnelles (sièges sociaux), les activités d'innovation
(laboratoires de recherche et de développement),les activités de gestion, c'est à
dire qu'ils concentrent les segments les plus profitables de la chaîne de valeur
ajoutée de la production des biens et des services. Ces espaces polarisent aussi
les capacités de financement et d'innovation ( secteur de la recherche,
établissements bancaires).
Les Etats-Unis réalisent 1/3 des dépenses mondiales en recherche et
développement et la place financière de NY avec les bourses du NYSE et du
NASDAQ concentrent 41% de la capitalisation boursière mondiale.

• Les pays émergents montent en gamme dans la production des biens et des
services afin de contrôler à leur profit la chaîne de valeur ajoutée. La Chine en est
devenue le modèle. C'est un pays qui se caractérisait exclusivement autrefois par
la fabrication de produits a faible valeur ajoutée et à fort besoin de main-d'oeuvre
( produits textiles, jouets). Aujourd'hui elle a développé des capacités d'innovation,
de commandements et de financement. Depuis 2011, elle est devenue le premier
déposant de brevets d'innovation du monde devant les Etats-unis et elle abrite les
sièges sociaux de 7 des 20 premières FTN au monde, contre 10 pour les Etats-
Unis. Elle réalise 10% du total mondial des Investissements Directs à l'Etranger
(IDE).
• Les segments les moins rentables de la chaîne de la valeur ajoutée (activités
d'exécution à faible qualification) sont sous-traités dans les pays en développement
qui forment des périphéries exploitées par les centres. Ces espaces reposent sur
une main d'oeuvre bon marché et sont interchangeables.
On peut aussi prendre l'exemple des centres d'appel francophones du Maghreb.
Cet éclatement des lieux et des étapes de la production n'est possible qu'avec la mise en
réseau des espaces et des acteurs de la production. La mobilité des capitaux, des
marchandises, des informations a été possible grâce :
• La généralisation du néo-libéralisme : les droits de douanes et les quotas ont été
progressivement démantelés par les Etats sous l'égide de l'OMC (Organisation
Mondiale du Commerce) et dans le cadre de Zone d'Intégration Régionale comme
l'Union Européenne, l'Accord de Libre Echange Nord-Américain ou le Mercosur.
• La révolution des transports : le coût du transport international est dérisoire dans le
coût d'une marchandise grâce au développement des portes-conteneurs et de la
multi modalité ( combinaison de plusieurs modes de transports pour
l'acheminement d'une marchandise : navire/train/camion par exemple)
• La révolution numérique permet d'interconnecter en temps réels les espaces
productifs, même les plus lointains, à moindre coût en garantissant rapidité,
sécurité et fiabilité.

II- Des acteurs en quête de compétitivité


A- Les FTN, des acteurs privés majeurs qui mettent en concurrence les territoires
Les FTN sont présentes sur tous les continents.
Elles réalisent leurs activités et leur chiffre d'affaire
dans plusieurs pays.

Les firmes transnationales (FTN) sont les acteurs majeurs de la production.

Employant plus de 80 millions de salariés, elles réalisent 25% du PIB mondial et plus des
2/3 du commerce mondial.

Sur les 500 premières FTN en 2017, plus de 377 sont concentrées dans les pays
développés, États-Unis en tête suivis des pays d’Europe de l’Ouest et du Japon. Elles
peuvent être d’importants groupes pétroliers (Shell, Exxon, Total), agroalimentaires
(Nestlé, Danone), automobiles (Toyota, Ford).
Toutefois, les pays émergents, en particulier les BRICS, comptent de plus en plus de FTN
(123 FTN sur les 500 premières) comme Sinopec, Petro China en Chine, Tata en Inde,
Gazprom en Russie.

Les FTN structurent leur production en réseaux. De nombreux produits (textiles,


chaussures, matériels électroniques) sont fabriqués dans des usines appartenant à des
sous-traitants extérieurs, sans lien juridique avec les grands groupes donneurs d’ordres
(par exemple, le groupe taïwanais Foxconn qui assemble les smartphones d’Apple en
Chine). Elles pratiquent le DIPP afin de tirer parti des avantages comparatifs de chaque
territoire : taille des marchés à conquérir, coûts salariaux , moyens et compétences
disponibles, niveaux des infrastructures et des équipements.

Les entreprises des pays développés sont des acteurs de l’économie numérique. Plus de
60 % sont étasuniennes (les GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).

La montée en puissance des BATX face aux GAFA

Les « BATX » ( Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) témoignent de l’ambition de la Chine de


devenir la première puissance numérique.
B- Les Etats, des acteurs publics qui cherchent à valoriser les atouts de leurs
territoires

Les FTN sont parfois aussi puissantes économiquement que les Etats et agissent pour
obtenir des politiques publiques à leurs intérêts favorables.
De leur côté,les Etats sont en compétition les uns avec les autres pour attirer les activités
créatrices de richesses et d'emplois.

Elles y répondent de plusieurs façons :


• la création de zones franches : exemptions d'impôts et de droits de douane aux
entreprises
Sujet d'Etude : l'Ethiopie
• la transformation en paradis fiscaux pour attirer les sièges sociaux des entreprises
en leur offrant des taux d'imposition dérisoire sur leurs bénéfices. En Europe c'est
le cas de l'Irlande ou de Jersey (Apple)
• des investissements publics pour accueillir les FTN avec la construction
d'infrastructures de transport qui permettent une connexion aux réseaux
d'échanges mondiaux ( aéroports, ports, LGV...) mais aussi des universités, des
laboratoires de recherche garantissant une main d'oeuvre qualifiée et un potentiel
d'innovation.
Le modèle est la Silicon Valley, copié en France ( Paris-Saclay), à Dubai (Silicon-
Oasis), Bangalore en Inde.
La Silicon Valley : un système productif
L'organisation d'un territoire de l'innovation Le poids économique de la
Silicon Valley

Un cluster de l'innovation
Un cluster est un réseau d'entreprises d'un même secteur, le plus souvent tourné vers
l'innovation .

• Relevez dans les documents, les différents aspects de la Silicon Valley en


complétant le tableau ci-dessous :
Activités Organisation Cadre de vie et de travail

Mais les Etats peuvent s’opposer aux FTN


La bataille technologique et géopolitique de la 5G ( Apple/Huawei)

C- Des tiers acteurs qui réclament une autre organisation productive

De nombreux acteurs ( ONG, syndicats) agissent contre les effets néfastes de la nouvelle
division internationale du travail qui est un moyen pour les FT N de se décharger de leur
responsabilité juridique, sociale et environnementale : externaliser leurs activités et
délocaliser des segments de leur production sont les moyens pour contourner les normes
sociales, écologiques et fiscales de leurs pays ( présence d'un salaire minimum, de règles
protectrices en terme de durée du travail, de sécurité pour les salariés, et de pollution pour
l'environnement...)
https://www.youtube.com/watch?v=rBblurRA4zI

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