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mondial. Leur développement est à la fois la conséquence et l’un des moteurs essentiels de la
mondialisation. Face à leurs stratégies globales et à leurs modes de fonctionnement
transnationaux, les États peinent à instaurer un système de gouvernance qui permettrait de
pallier les conséquences sociales et environnementales des activités des FMN.
Par leur poids économique et financier et leur capacité d’influence sur les politiques fiscales
et sociales des États, les firmes multinationales (FMN, aussi nommées firmes transnationales)
sont des acteurs majeurs de l’espace mondial. Une FMN est une entreprise de grande taille
possédant des filiales dans plusieurs pays et concevant son organisation et sa stratégie de
production et de vente à l’échelle globale. Il existe actuellement dans le monde quelque 60
000 FMN, contrôlant plus de 500 000 filiales. Elles sont responsables de la moitié des
échanges commerciaux internationaux, en particulier du fait de l’importance du commerce
intra-firme (entre les filiales d’une même entreprise).
De l’internationalisation à la globalisation
C’est dans les secteurs minier, pétrolier et agricole, dont la production est directement liée au
territoire, que les premières FMN de l’ère moderne se sont constituées au xix e siècle lors de
l’avènement du capitalisme industriel. Nombre de compagnies des secteurs extractif et
agricole, plus que centenaires, figurent toujours parmi les plus grandes entreprises mondiales.
L’internationalisation des entreprises s’est accélérée au cours de la seconde moitié du
xx e siècle, en particulier dans le secteur manufacturier. Elle s’est faite en partie afin de
contourner les barrières douanières ou commerciales en installant des filiales au sein même
des marchés consommateurs, comme l’ont fait les constructeurs automobiles européens et
japonais en implantant des usines de montage aux États-Unis pour accéder au marché local.
Mais elle a surtout bénéficié de l’ouverture commerciale des États dans le cadre des accords
du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) puis de l’OMC
(Organisation mondiale du commerce), de la libéralisation financière, qui a permis une
grande mobilité du capital, ainsi que de la baisse tendancielle des coûts de transport et du
développement de l’informatique et des télécommunications.
Leur expansion dépassant très souvent le cadre de leur État d’origine, les stratégies
économiques qu’elles développent peuvent ne pas coïncider avec les intérêts de ce
dernier. En outre, les enjeux économiques sous-jacents à certains contrats qu’elles
peuvent conclure avec des États ou leur implantation sur le territoire de l’un d’entre
eux les conduisent parfois à négocier de gré à gré directement avec les plus
hauts responsables politiques. De même, les enjeux technologiques et/ou de
sécurité liés aux domaines où certaines d’entre elles interviennent (technologies de
communication, armement…) peuvent mobiliser l’attention de ces derniers.
À l’instar des États, elles peuvent être tentées d’employer divers moyens plus ou
moins légaux pour peser sur la situation politique nationale ou l’orientation de
la législation de l’État où elles se sont implantées. Leur stratégie peut ainsi
consister à contribuer au développement d’un État (construction d’infrastructures,
éducation par exemple). À l’extrême, cela peut aboutir dans certains cas à de
la corruption pour renforcer une position et/ou éliminer la concurrence potentielle,
voire conduire au maintien d’un régime politique favorable à leurs intérêts.