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Chap 2 : Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ?

I. Quels sont les fondements du commerce international ?

Krugman ⇒ attractivité

Adam Smith (1723-1790) : La Richesse des Nation (1776). Théorie des avantages absolus:
2 types de biens et deux pays. Chaque pays possède un avantage en termes de productivité, et donc de coûts dans la
production d’un des deux biens. En se spécialisant, dans la production où il est le plus efficace et en se procurant par
l’échange le bien qu’il a renoncé à produire, chaque pays peut accéder à une qtt de richesse plus importante.
Le CI est ici un jeu à somme positive, càd un échange dans lequel aucun des pays n’est perdant.

A. Comment expliquer les échanges internationaux entre pays différents ?

Les modèles développés par les économistes montrent que la spécialisation améliore l’allocation des facteurs de
production et génère des gains de productivité : la P° mondiale des 2 biens est plus importante qu’en situation d’autarcie.
Le modèle des avantages absolus d'Adam Smith constitue un puissant plaidoyer en faveur du CI mais laisse toutefois une
question sans réponse : le Libre Échange (LE) est-il encore efficace si un pays concentre tous les avantages absolus ?

David Ricardo (1772-1823) : Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817) = approfondissement du raisonnement
de Smith et démontre avec le modèle des avantages comparatifs que l’échange international génère des gains pour tous les
coéchangistes même si l’un d’entre eux détient tous les avantages absolus. (2x2x1)
Les pays doivent se spécialiser dans la production du bien pour lequel ils ont un avantage comparatif : le coût relatif de A
par rapport à B est inférieur à ce même coût dans un autre pays.
Ainsi, tous les pays peuvent se spécialiser dans le domaine pour lequel ils ont le plus gros avantage ou le moins gros
désavantage.

Modèle HOS : les dotations factorielles. Heckscher, Ohlin, Samuelson reformulent la théorie des avantages comparatifs de
Ricardo dans un cadre mettant en jeu 2 pays, 2 types de biens et 2 Fdp (2x2x2). Il y a 3 hypothèses :
1. Fdp parfaitement mobiles à l’intérieur des pays et immobiles entre les pays
2. Technologies identiques : pas de différence de productivité
3. Préférences des consommateurs similaires. Les deux nations sont uniquement différenciées par leur dotation
relatives en facteurs.
La spécialisation s’explique par l’abondance d’un fdp par rapport à un autre : un pays doit se spécialiser dans les P°
intensives en fdp relativement abondant comparativement aux autres pays. Le prix relatif des fdp varie !

En 1953, Wassily Leontief publie une évaluation empirique du modèle HOOS sur la base des données du commerce
extérieur des USA de 1974 et parvient à un résultat paradoxal : alors que le FDP abondant aux USA est le Capital, les
données statistiques font apparaître que ses exportations sont moins intensives en Capital que ses importation.
Pour résoudre ce paradoxe, il faut rompre avec l’hypothèse du modèle HOS selon laquelle tous les pays disposent des
mêmes technologies de production. Il faut mobiliser des différences de dotations technologiques , càd un ensemble
d’actifs immatériels (capital technologique et humain) qui permettent à une économie d’être plus productive.
Ainsi, si les exportations des USA sont plus intensives en T que ses importations, c’est parce que la productivité d’un
travailleur américain est supérieure à la productivité du travail dans les autres pays. En corrigeant la dotation américaine
en facteur travail au prorata de l’écart de productivité observé, la paradoxe disparaît.

B. Comment expliquer les échanges internationaux entre pays comparables ?

Les Ci est dominée par des échanges entre pays à niv. de développement équivalents (Dot Fac et Tech proches). Le
modèle HOS est donc inapplicable.
Une partie de ces échanges sont des échanges intra-branches : flux simultanés d'exportation et d’importation de
marchandises appartenant à la même branche d’activité productive. ≠ échanges interbranches : échanges de marchandises
de la même branche. Les nouvelles théories du CI (1980) cherchent à expliquer ce type d’échanges. Elles reposent sur la
concurrence imparfaite qui intègre des produits différenciés et les rendements d’échelle croissants.

L’existence de ces échanges s’expliquent par les caractéristiques des produits qui ne sont pas parfaitement identiques
- différenciation horizontale : produits similaires et de la même gamme mais de marque ou design ≠ (Renault
Clio-Polo Volkswagen.
Logique de similitude des demandes nationales : la demande domestique représentative (nationale) détermine la
nature des produits exportés vers des pays dont le NdV moyen est comparable. → goût des consommateurs.
- différenciation verticale : produits similaires mais de gamme ≠ (Peugeot 208-Ferrari)
Logique de différence.

Les pays comparables peuvent échanger lors de la division internationale du processus de production DIPP en
appartenant à une même chaîne de valeur.
⇒ exemple de l'Air produit dans plusieurs pays européens

II. Quels sont les fondements de l’internationalisation de la production ?

A. Quel est l’impact de la concurrence internationale sur la productivité ?

Le CI exerce des effets différenciés sur les firmes en fonction de leur niveau de productivité.
- les plus productives voient leur part de marché et leurs profits augmenter
- les moins productives disparaissent ou voient leur part de marché se réduire.

La compétition internationale entre les firmes engendre une réallocation de la mains d’oeuvre des E les moins productives
vers les E les plus productives ⇒ ↗ productivité globale et ↗ bien-être moyen. ⇒ gains à l’échange

La compétitivité d’un pays est sa capacité à satisfaire la demande et à faire face à la concurrence. Cela peut se fonder sur
des éléments liés aux coûts de production (compétitivité-prix) mais aussi sur la caractéristique des produits (compétitivité
hors prix), davantage liée à la qualité ou la différentiation.
Il existe 2 approches de la compétitivité :
1. Ex ante : évaluation de l’attractivité des pays, càd leur capacité à attirer des IDE ou des fdp mobiles (main d'œuvre
qualifiée). Mesurée par les flux entrants et sortant d’IDE.
Exemples : France : 1ere destination européenne d’IDE pour l'industrie.
Singapour est un des pays les plus compétitifs selon cette approche.
2. Ex post : évaluation des performances à l’exportation. Mesurée par la part des exportations d’un pays dans le CI
Exemples : Allemagne = 11% des exportations mondiales → un des pays les plus compétitifs

Il existe un lien étroit entre la compétitivité des pays et la productivité des firmes. Une E qui exporte supporte des coûts
supplémentaires : coût du commerce, transport, partenaires, adaptation aux normes, recrutement de personnel, formalités
douanières, … Les profits réalisés sont donc réduits par ces coûts et seules les E les plus productives ont des coûts
marginaux suffisamment faibles pour rester profitables.
Un pays doté de nombreuses firmes très productives aura une forte capacité à exporter.
En France, seuls 5,8% des E exportent + superstars. La productivité des firmes dépend de nombreux déterminants (qualité
des institutions, des infrastructures, du système de santé, d’éducation, présence de centres de R&D performants). Les
pouvoirs publics, à travers leurs I peuvent favoriser la productivité des firmes et rendre le pays compétitif. L’Etat peut
également décider de son niveau d’imposition et des cotisations sociales et de la qualité de ses infrastructures, autant
d’éléments qui peuvent rendre le pays plus compétitif.

B. Quel est le rôle des firmes dans la mondialisation ?

Les FMN ont scindé la réalisation des produits en de multiples tâches qui sont réparties dans différents pays afin de
bénéficier des avantages comparatifs qu’ils offrent.
Désormais, la firme est organisée en centres de profits autonomes, chaque centre correspondant à une entité juridique
distincte qui prend en charge un segment de la chaîne de valeur.
Ce mvt d’internationalisation de la CdV s’est appuyé sur des libéralisations commerciales et financières qui ont facilité
respectivement les flux de marchandises et les flux de capitaux. La baisse des coûts du transport a également joué un
grand rôle, tout comme l’essor des TIC qui facilitent la coordination entre les firmes.
Chaîne de valeur : ensemble des opérations de conception, de logistique, de production et de services nécessaires à la
production d’un produit final et qui, chacune, ajoutent de la valeur au produit. Sa fragmentation et son
internationalisation consistent à localiser les étapes de la production dans différents pays en fonction des avantages qu’ils
offrent.

Les firmes multinationales localisent les étapes de la P° d’un produit dans des pays différents, en fonction de leurs
avantages comparatifs : elles internationalisent la CdV. Les étapes les plus créatrices de valeur (R&D, conception, design /
marketing, pub, service après vente) en amont et aval du processus de production sont localisées dans les pays développés.
Celles peu créatrice de valeur (production et assemblage) dans des pays émergents ou en développement. Cette
internationalisation de la CdV se reflète dans les flux d’IDE reçus par les pays et régions du monde.
La part des CDV dans les échanges mondiaux a fortement progressé depuis les années 70. Le t° de participation aux CdV
augmente fortement dans les pays les moins développés et la pays d’Asie : La Chine est ainsi le lieu d’assemblage de
l’Iphone, conçu aux Etats Unis.

III. Libre-échange ou protectionnisme ?

Le CI engendre certes des gains à l’échange mais il génère aussi, dans le même temps, des effets distributifs au sein des
nations. Les perdants de la mondialisation expriment donc une demande politique de protectionnisme. Si on peut
évoquer plusieurs justifications économiques au protectionnisme, on verra que celles-ci soulèvent toutefois de
nombreuses critiques.

A. Quels sont les effets du libre échange ?

Points positifs
Le CI rend possible une hausse du pv d'achat par différents canaux :
1. Les échanges internationaux permettent aux économies qui se différencient de se spécialiser dans les P° pour
lesquelles elles ont un avantage comparatif
a. gains de productivité (Ricardo)
b. baisse des coûts (HOS)
2. Le marché entre pays comparables permet aux E de proposer leur P° sur un marché plus large
a. Volume de production + important = économie d’échelles
b. Salariés plus spécialisés ⇒ plus productifs
c. Augmentation de la taille de l’E → pouvoir de négociation qui s'accroît
3. En important des biens intermédiaires, les E d’un pays réduisent leurs coûts et peuvent ainsi proposer leur
production à un prix plus faible.
4. Le CI contribue à faire baisser les prix en intensifiant la concurrence.
5. Diffusion du PT par des I d'ordinateurs → gains de productivité dans les pays en développement
⇒ La P° augmente plus vite que les qtt de Fdp, d’où une baisse des coûts unitaires et des paix.
La protection peut se justifier pour permettre à des industries “naissantes” de devenir compétitives. Il s'agit d’un
protectionnisme éducateur et offensif, développé par l’économiste allemand Friedrich List. Les industries naissantes
supportent des coûts de P° plus élevés que les concurrents étrangers déjà présents sur le marché, qui bénéficient
d'économies d'échelle. Pour pouvoir se développer, cette industrie naissante doit bénéficier de mesures protectionnistes
temporaires, qui s’interrompent lorsque la production est suffisamment élevée pour que les entreprises puissent conquérir
des avantages de compétitivité prix pour pouvoir se mesurer à la concurrence étrangère.

Pays en développement : spécialisation dans les productions intensives en travail peu qualifié
↗ demande de travail peu qualifié → ↗ salaire réel → convergence du NdV mondial.
Augmentation du surplus global : la hausse du surplus du consommateur est supérieure à la baisse de celui du producteur.
Le surplus collectif augmente.

Pts négatifs
- courbe du sourire ⇒ inégale répartition de la valeur ajoutée
- croissance appauvrissante : les pays en développement se spécialisent dans les productions intensives en main
d'œuvre peu qualifiés, ce qui limite leur développement de long terme + peu de création de valeur ajoutée. Sous
l’effet du libre-échange, les pays pauvres se spécialisent dans les productions primaires (agriculture, mat. 1ères). La
hausse des X de ces produits entraîne une baisse des prix sur le marché mondial, donc, une dégradation des termes
de l’échange. et du pouvoir d’achat vàv de l’extérieur.
- inégalité qui se creusent entre pays compétitifs et pays peu compétitifs → délocalisation des industries dans les
pays les plus productifs et compétitifs, au détriment de l’emploi local
- pressions à la baisse sur les salaires dans les pays développés
- Hausse des inégalités dans les pays Pays développés : spécialisation dans les productions intensives en travail
qualifié et en capital
➢ ↗ demande de travail qualifié → ↗ salaire des travailleurs les plus qualifiés et relativement bien payés
➢ ↘ demande de travail qualifié → ↘ salaire des travailleurs les moins qualifiés et relativement peu payés

Baisse des inégalités entre les pays mais hausse des inégalités au sein des pays. Les gagnants du CI sont les plus pauvres et
les plus aisés. Les perdants sont les classes moyennes inférieures des pays développés et des pays émergents, dont les
revenus progressent moins vite que ceux des plus pauvres et des plus riches. Branko Milanovic
Le rattrapage des pays dev par les pays émergents est loin d’être achevé.

B. Pourquoi recourir au protectionnisme ?

Le Libre échange (absence d’entraves aux échanges commerciaux) est à l’origine de gains importants en termes de baisse
des prix ou d’augmentation de la diversité des gains.
Toutefois, il exerce des effets distributifs puissants au sein des nations nourrissant une demande de protectionnisme
qu’exprime des perdants de la mondialisation.

Protectionnisme : ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics pour protéger les entreprises nationales de la
concurrence des entreprises étrangères. Il a pour objectif la protection des producteurs nationaux. Il peut être tarifaire et
ou non tarifaire et s’appuyer sur les instruments divers. Il s’incarne par les droits de douane, les subventions aux
exportations, les manipulations du taux de change, les quotas d'importation, les restrictions volontaires aux entreprises,
les normes sanitaires et techniques ou bien encore des règles de contenu local.

D’autres arguments légitimes un protectionnisme défensif qui vise cette fois ci à conserver les positions sur le marché et à
protéger la production nationale de la concurrence étrangère : la restructuration et le maintien de l'emploi des industries
vieillissantes (d’autant plus que le libre échange pousse les entreprises nationales les moins compétitives à la faillite, au
détriment de l’emploi local), la concurrence déloyale de certains Etats (dumping), les sécurités alimentaires et nationales.
L’économiste britannique Nicholas Kaldor préconise la protection des secteurs en déclin pour aider à leur reconversion
ou amortir le coût social de leur disparition trop brutale.

Dumping : social, fiscal, environnemental : consiste pour un Etat à alléger les contraintes pesant sur les entreprises
nationales en leur procurant un avantage concurrentiel déloyal au détriment des entreprises étrangères.
La politique commerciale stratégique vise à assurer un avantage comparatif aux entreprises nationales.

C. Quelles sont les limites du protectionnisme ?

Toutefois, les différentes justifications au protectionnisme soulèvent de nombreuses critiques.


Le protectionnisme est une politique sous-optimale choisie par les Etats en l’absence de coopération : elle présente des
inconvénients pour les producteurs et les consommateurs, sans que la baisse des importations soit effective compte tenu
de l’internationalisation de la chaîne de valeur mondiale.
Le protectionnisme limite la concurrence et n’incite donc pas à gagner en productivité ; il en résulte un maintien des prix
à un niveau élevé.
Il peut entraîner des représailles des pays étrangers (escalade protectionniste). En relevant des droits de douane
américains sur des produits chinois, la chine a relevé ceux qu’elle applique à ses importations de produits américains.

Le recours au protectionnisme est inégalitaire : les subventions de l’UE permettent à ses agriculteurs de rivaliser avec des
produits d’Amérique du Sud qui seraient plus compétitifs sinon.

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