Chap 3 : Comment est structurée la société française actuelle ?

I. Comment rendre compte de la structure et de la hiérarchisation sociale ?

A. Un outil institutionnel, la nomenclature en PCS

Les PCS
Professions et catégories socioprofessionnelles (depuis 1982) établis par l’Insee. Regroupement de la pop en catégories
socialement homogènes ⇒ comportements, opinions, modes de vie communs.
8 GSP dont 6 d’actifs → 30 CSP → 126 professions regroupées → 316 professions
Critères de classement : statut ; secteur ; position hiérarchique ; qualification ; nature du travail ⇒ Pas le revenu
Système pyramidal : hiérarchie entre les CSP : au somment on donne des ordres, en bas on en reçoit.

Les intérêts du classement en PCS

Outil indispensable pour analyser la structure sociale de la soc fr + évolution
Enquêtes, études et sondages fondés sur les PCS (revenu, consommation, vote, mobilité sociale).
L’évolution des effectifs des PCS mev les évolutions structurelles de la société : salarisation, tertiarisation, hausse des
qualifs, l’Etat providence, le progrès technique…

Limites
Certaines PCS très hétérogènes (PCS 2 : artisans, commerçants et chefs d’entreprise) ; (PCS 4 : instit, prêtre, gérant de
supérette, infirmier, chef pâtissier) ⇒ subdivision possible emplois qualifiés et non qualifiés.
Le sentiment d’appartenance à une classe pas donné par les PCS → On peut se sentir autrement du fait de son origine
sociale ou socialisation anticipatrice.
Le nombre d'enfants, et le revenu est corrélé avec les PCS
Le diplôme et CSP sont corrélés positivement.

B. La multiplicité des critères de différence sociale

Sexe et genre
Sexe : diff biologique entre homme et femme (naturel)
Genre : diff sociale entre masculin et féminin (construction sociale des rôles).
La place de la femme est troujours marquée par la Domination Masculine (1998), P. Bourdieu, héritée du passé
Inégalités H-F dans tous les domaines, systématiquement en défaveur des femmes (rémunération, tâches ménagères).
Inégalités structurelles liées à l’éducation, position, représentions
Attitudes diff dans l’espace public (manspread). H prend de la place, F se font discrète. Socialisation différenciée

Âge et cycle de vie

Âge : diff biologique d’un corps en vieillissement (naturel
Cycle de vie : diff sociale liée au prestige, au pv qui sont inégalement associés à l’âge (construction sociale des rôles)
Enfance → âge adulte = ascension sociale ; vieillissement = déclin. Certaines positions ds le CdV sont socialement plus
valorisantes.

Autres facteurs
Composition du ménage, lieu de résidence → rôle important ds la structuration et la hiérarchisation de l'espace social.
Nbr d’unité de consommation ↗ avec les enfants ⇒ ↗ des dépenses
Espaces urbains inégalement favorisés (équipements sportifs, ressources publiques, espaces verts, transports).
Concentration des groupes sociaux favorisés qui s’y installent en écartant les groupes défavorisés qui n’en ont pas les
moyens et s’installent ds des espaces moins favorisés ⇒ entre soi social

C. Les principales évolutions de la structure professionnelle

Salarisation et tertiarisation
Salariés liés par un contrat de travail et dans une relation de subordination ≠ indépendants.
 Salarisation de l’emploi : processus de montée de la part de l'emploi salarié dans l’emploi total. (90% aujourd’hui en
France selon Centre d’Observation de la Société). Salarisation importante dans société post industrielles.
Le secteur tertiaire se définit en complémentarité avec les autres → commerce, transport, services, administration
publique, action sociale ⇒ là où la Valeur Ajoutée est créée. (38 % - 50% - 75% de l’activité en 54-75-2018)
Travail du clic : assistance des IA. IA crée des emplois très qualifiés mais aussi non qualifiés/valorisés et précaires
Disparition de certains emplois mais nouveaux aussi. Maintien d’emplois humain et non remplacement pas robots
2010 → rebond du travail indépendant (régime entrepreneur 2009)
Robert Castel : statut salarié aboutissement d’un double processus historique (contractualisation +
institutionnalisation des relations du travail). Normes et institutions qui inscrivent le salarié dans un cadre collectif.
Subordination à l’employeur contre une protection → Salariat = socle de la protection des actifs.
Tertiarisation car ↗ prod et hausse relative faible de la demande ⇒ Déclin des primaires et secondaires
Gains de prod relativement faibles et ↗ forte demande services ⇒ essor secteur tertiaire

Hausse ↗ des qualifications

1985-2015 : nb de diplômés du sup x2 (surtout écoles de Co et bac+5) Suite de la massification scolaire (secondaire
puis supérieur)
Même période, nb de cadres x2 (2 à 4 M) alors que ouvriers non qual ↘ sans que les ouvriers qualifiés ne progressent
(↗ relative de la part des ouvriers qualifiés dans l'emploi ouvrier)
Cependant, processus inverse pour les employés (→ nuance la tendance)

Féminisation
Les femmes ont toujours travaillé (XIXe : agricultrice, commerçantes, patronnes, ouvrières, domestiques). Travail pas
mesuré par les statistiques = travail invisible (seul statut d’épouse) ⇒ considérées comme aides familiales.
Alors même qu’elle travaillaient, leur travail n’était pas reconnu → travail uniquement masculin
Auj, féminisation. 20%→40% de cadres (1980→2014). Meilleur accès aux emplois biens situés dans la pyramide pro.
Cependant, les femmes ouvrières ou employées connaissent tjrs des situations défavorables sur le marché de l’emploi.
(chômage, temps partiel subi). De plus, ségrégation horizontale au sein des cadres → confinement des femmes dans
certains domaines ou secteurs.

Margaret Maruani → corrélation entre des phénomènes concomitants.

Salarisation et tertiarisation csqs de l’accroissement de l'activité féminine ; mais aussi, c’est parce que l’emploi est
devenu plus salarié et tertiaire que les femmes y ont eu accès.

II. L’analyse sociologique en termes de classes sociales

Classe sociale : au sens marxiste, groupes sociaux caractérisés par une même position dans le processus de production
et une conscience d’un destin commun. Pour Marx, la position de classe implique la conscience de classe, ce que réfute
Weber. Weber : regroupement de personnes ayant des caractéristiques communes. L’analyse Wébérienne utilise aussi
les classes sociales mais en fait une chose beaucoup moins centrale en en faisant seulement un des trois critères de la
stratification sociale, centrée sur la distribution des richesses.

A. Les théories de la structuration sociale

La théorie des classes sociales de Marx (1818-1883)

Approche réaliste : les classes sociales existent en soi avant leur conception intellectuelle. Classe en soi → place dans le
processus de production : propriété (capitalistes) ou non (prolétaires n’ont que leur force de travail) des moyens de
production. De plus, besoin de la dimension de la classe pour soi → ind ont conscience de leur condition et de leurs
intérêts communs (sentiment d’appartenance) ≠ paysans parcellaires
Conception antagoniste : lutte des classes nécessaire pour constituer une classe. Les classes ne préexistent pas au
rapport social qui les unit (not. mener une lutte commune). La recherche de profit par la bourgeoisie conduit la classe
ouvrière à s’organiser pour lutter contre elle. Les rapports de production sont caractérisés par l’exploitation. La classe
bourgeoise domine et exploite la classe ouvrière en prélevant la valeur créée par cette dernière. (valeur d’échange <
valeur d'usage) → la plus value. Les prolétaires prennent conscience de leurs intérêts communs et s'organisent pour les
défendre.
La lutte des classes et le principal moteur de l’évolution sociale “L’Histoire de toute société jusqu'à nos jours n’a été que
l’histoire de la lutte des classes” Manifeste du Parti Communiste (1848), Marx. L’histoire prendra fin au moment où le
prolétariat abolira par la Révolution le système des classes et l’Etat
Vision matérialiste : Les rapports économiques (infrastructure) commandent aux rapports sociaux et politiques
(superstructure). La Bourgeoisie détient le pv économique mais également le pv symbolique (définit culture légitime
de la société) et pv politique (l’Etat est un État Bourgeois qui sert les î de la classe dominante)

La théorie de la stratification sociale de Weber (1864-1920)

Stratification sociale : découpage des sociétés en catégories hiérarchisées, présentant en leur sein une certaine
homogénéité, et qui résulte de différences sociales associées aux inégalités de richesse, de pouvoir, de prestige ou de
connaissance.
Découpage des sociétés en catégories hiérarchisées, présentant en leur sein une certaine homogénéité, et qui résulte de
différences sociales associées aux inégalités de richesse, de pouvoir, de prestige ou de connaissance.
L’économiste allemand Max Weber envisage ainsi un système de strates, ≠ celui de Karl Marx.
Approche nominaliste : Les classes sociales n’existent pas en soi, c’est un simple regroupement fait par le sociologue
(qui n’est donc que “nommé”) de personnes ayant des caractéristiques communes → rien ne dit que ces individus ont
le sentiment d'appartenir à un grp ou cherchent à lutter pour défendre les î communs.
Approche tridimensionnelle : La structure sociale se résulte de 3 ordres distincts
1. ordre économique : distribution de la richesse, définit des classes sociales (ind qui ont les mêmes chances
d'accéder à des biens ou services socialement valorisés) Distinction ≈ prolétaires - capitalistes
2. L’ordre social (ou statutaire) : distribution du prestige, définit des groupes de statut (ind qui ont une même
évaluation de leur dignité sociale par les autres. L’honneur social provient de la naissance, profession, type
d’instruction. Déshonneur frappe les hors la loi, les drogués, infirmes, prostitués… Les grps statuaires se
caractérisent par un même style de vie, et des manières de consommer distinctes.
3. Ordre politique : mode de conquête du pv, définit des partis politiques (organisations qui mobilisent des
soutiens pour conquérir le pv de l’Etat.
Ces 3 ordres peuvent se renforcer les uns les autres mais ils ne se recouvrent pas nécessairement
Approche consensuelle : Conflictualité pas automatique → Pas d'opposition dominants dominés . Les individus
peuvent se situer à des niveaux ≠ dans chaque ordre, ce qui rend plus complexe la constitution d’un groupe qui veut
défendre des intérêts. Conflits ponctuels si les ind prennent CS de leurs î communs et cherchent à les défendre.

B. Quelle est la pertinence de ces approches aujourd’hui ?

Remise en cause des classes sociales

Remise en cause des frontières de classes : recul de la classe ouvrière : recul par tête (40% en 1950 et 20% auj) + un
recul dans la tête : ↘ sentiment d’appartenance ds sondages et vote ouvrier. Affaiblissement du syndicalisme (30%
syndiqués en 1950 et 10% aujourd’hui)
↘ distances inter classes et ↗ distances intra classes ⇒ moyennisation : convergence des modes de vie et conditions
d’existences d’une partie de la classe populaire avec les classes moyennes → constitution d’une vaste classe moyenne
(aussi car massification scolaire et accès plus large aux biens de consommation
Individualisation : processus de montée de l'individualisme → primat de l’individu souverain sur le collectif.
Relâchement des tutelles (parenté, religion, classe, communauté).
E. Durkheim, l’individualisation est le prdt de la solidarité organique ; l’anomie est sa pathologie.
Disparition des carcans collectifs (mariages forcés) → injonction sociale à être soi (essor développement personnel).
Gain de liberté pour l’individu mais disparition du collectif qui apporte sécurité ⇒ isolement
Les inégalités ont toujours existé mais elles deviennent intolérables quand nous nous sentons fondamentalement
égaux. Massification scolaire → nous sommes plus sensibles qu’avant aux inégalités des chances. Echec scolaire
personnel désormais ≠ vu comme un destin de classe

Le retour des classes sociales

Des clivages qui perdurent : les clivages matériels et culturels entre classe n’ont pas disparu. Si le sentiment
d'appartenance à une classe sociale est moins marqué qu'au XIXe S, les distances interclasses demeurent, not. haut
hiérarchie sociale → la haute bourgeoisie semble présenter toutes les caractéristiques de la classe sociale marxiste.
Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot : La bourgeoisie se caractérise matériellement par sa richesse/mode de
vie/lieu de résidence, beaux quartiers/pratiques de consommation. Entretien d’un entre soi en cultivant son réseau de
relations et nouant des liens avec des personnes semblables (réunions d’anciens élèves, loisirs communs, mariages.) →
ces pratiques visant à entretenir l’entre soi montrent le sentiment d’appartenance. + organisation collective (comme
pour s’opposer aux log. sociaux)
Les rapports sociaux de genre : au-delà de l’opposition sociale de classes, l’analyse peut s’étendre aux rapports sociaux
de genre, qui reprennent les mêmes caractéristiques. Ex : distance sociale plus marquée entre femme cadre et femme
employée qu’avec un homme cadre. Les positions dans rapports de classe peuvent donc s’articuler avec celles dans les
rapports de genre. Certaines tâches sont connotées “féminines” ou “masculines” et ces représentations sont transmises
par le biais de la socialisation. Le “care” est associé aux femmes (tous les métiers du soin). → métiers largement
féminisés. S’occuper des enfants aussi. Inégalités dans le temps alloué au sein du foyer.
Groupes sociaux aux î antagonistes : 2 groupes aux positions objectives ≠ et position des femmes désavantageuse. Elles
sont celles qui ont le plus grand î à faire évoluer le système.
Inégalités face au temps partiel (30% de femmes c/ 8% d’hommes) surtout les femmes employés (temps partiel subi).
⇒ les femmes les moins diplômées sont les plus touchées.
Organisation et revendication comme celle des femmes de chambre → pour des meilleures conditions de travail. Ont
obtenu gain de cause. même si tps partiel obstacle à la constitution d’un groupe qui se mobilise.

Louis Chauvel dans Le retour des classes sociales (2003) :