EPREUVE DE SES – TERMINALE

Comment est structurée la société française

actuelle ?

OBJECTIFS :

• Savoir identifier les multiples facteurs de structuration et de

hiérarchisation de l’espace social (catégorie socioprofessionnelle,
revenu, diplôme, composition du ménage, position dans le cycle de
vie, sexe, lieu de résidence).

• Comprendre les principales évolutions de la structure

socioprofessionnelle en France depuis la seconde moitié du XXe
siècle (salarisation, tertiarisation, élévation du niveau de
qualification, féminisation des emplois).

• Connaître les théories des classes et de la stratification sociale dans

la tradition sociologique (Marx, Weber)

• Comprendre que la pertinence d’une approche en termes de

classes sociales pour rendre compte de la société française fait
l’objet de débats théoriques et statistiques : évolution des distances
inter- et intra-classes, articulation avec les rapports sociaux de
genre, identifications subjectives à un groupe social, multiplication
des facteurs d’individualisation.

NOTIONS FONDAMENTALES :

Acquis de première : salaire, revenu, profit, revenus de transfert,

groupe social.

Notions de terminale : inégalités économiques, inégalités sociales,

classes sociales, groupe de statut, catégorie socioprofessionnelle,
salarisation, moyennisation, individualisation, groupe de référence,
groupe d’appartenance

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PLAN DU CHAPITRE :

I. DÉTERMINATION DE LA POSITION D’UN INDIVIDU

DANS L’ESPACE SOCIAL.

II. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE

SOCIOPROFESSIONNELLE.

III. DEBAT SUR LA PERTINENCE DE LA NOTION

DE CLASSE SOCIALE.

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LEXIQUE DES NOTIONS AU PROGRAMME :

Groupe social : ensemble de personnes aux caractéristiques

communes, ayant un sentiment d’appartenance, étant identifiés
comme appartenant à un même groupe.

Identification subjective : sentiment d’appartenance à un groupe

social, par exemple lors d’un sondage.

Groupe d’appartenance : groupe social dans lequel l’individu vit et se

reconnaît en partageant des codes car il est à son tour reconnu dans
ses relations au groupe (famille).

Groupe de référence : groupe social porteur de valeurs, de normes de

comportement pris comme référence par un individu qui peut le
préférer au groupe d’appartenance (supporters d’un club).

Individualisation : Processus par lequel les individus deviennent plus

autonomes, effectuent des choix moins dictés par des institutions
socialisatrices contraignantes (famille, religion, syndicat ou parti).

Moyennisation : Processus de constitution d’une vaste classe

moyenne dans la stratification sociale, réduisant les inégalités d’une
société bipolarisées dont les extrêmes seraient la classe populaire et la
classe supérieure, rapprochant les modes et les niveaux de vie.

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Position dans le cycle de vie : étape de vie d’un individu socialement

définie et délimitée.

Stratification sociale : représentation schématisée de la société qui

hiérarchise les groupes sociaux selon des critères multidimensionnels.

Catégories socioprofessionnelles : classification l’INSEE s’appuyant

sur la profession, le statut professionnel, le rapport à l’emploi,
l’employeur, avec 8 groupes, chacun est divisé.

Revenus primaires : revenus des facteurs de production, donc du

travail (salaire) et du capital (patrimoine).

Espace social : représentation du monde social selon les

caractéristiques des groupes sociaux qui le composent.

Revenu de transfert : prestations sociales versées par les

administrations publiques (RSA, bourses sociale).

Salarisation : augmentation de la part des salariés dans la population

active, recul des indépendants.

Tertiarisation : augmentation de la part du secteur tertiaire dans le

PIB et dans l’emploi.

Féminisation des emplois : augmentation de la part des emplois

occupés par des femmes dans la population active totale.

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Revenu moyen : moyenne de l’ensemble des revenus perçus par

la population.

Revenu médian : revenu qui sépare la population en 2 groupes de

même taille : 50 % gagnent plus, 50 % gagnent moins.

Niveau de vie : revenu disponible brut divisé par le nombre

d’Unités de Consommation du foyer.

Distances inter-classes : inégalités entre classes sociales.

Distances intra-classes : inégalités au sein d’une même classe

sociale.

Rapports sociaux de genre : ensemble des rapports de pouvoir ou

de domination qui aboutissent à une hiérarchisation entre les rôles
féminins et masculins dans toutes les sphères de la vie sociale.

Rapports sociaux de genre : rapports de domination ou de

pouvoir entre les sexes dans les différentes instances ou sphères
d’une société.

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I. DÉTERMINATION DE LA POSITION D’UN INDIVIDU

DANS L’ESPACE SOCIAL.

Multiplier les critères

La société française est un espace social hiérarchisé et structuré par

des multiples facteurs. Pour situer socialement un individu et
comprendre son comportement, il faut tenir compte de critères
multiples :
• la catégorie socioprofessionnelle
• le revenu
• le diplôme
• la composition du ménage
• sa position dans le cycle de vie
• son genre
• son lieu de résidence
• la localisation géographique urbaine ou rurale et la nationalité
• le niveau de diplôme
• les différents groupes sociaux qui le définissent
• le milieu professionnel
• l’appartenance à un genre ou à une génération.

Mobiliser les catégories socioprofessionnelles

La nomenclature des catégories socioprofessionnelles créée par

l’Insee se révèle un outil précieux d’analyse de la structure sociale. Il
regroupe 486 professions en 31 catégories rassemblées en 8 groupes
socioprofessionnels nommées PCS.
Les PCS représentent ainsi une classification des individus en groupes
sociaux avec comme critère principal le statut professionnel.

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Il existe aussi des paramètres pour étudier le statut : activité (actifs ou

inactifs), statut économique (salarié ou indépendant), secteur d’activité
(primaire, secondaire, tertiaire), niveau qualification (élevé, moyen,
faible), nature métier(manuel ou pas), place dans la hiérarchie.
Des critères socioprofessionnels sont utilisés pour classer uniquement
les actifs dans des catégories homogènes socialement :
Il y a 6 PCS d’actifs :
• les exploitants agricoles
• les artisans
• commerçants et chefs d’entreprise
• les cadres et professions intellectuelles supérieures
• les professions intermédiaires
• les employés et les ouvriers

Repérer les facteurs de structuration et de hiérarchisation

La stratification sociale offre une clé de lecture pour tout un ensemble

de pratiques sociales : comportements culturels, alimentaires,
matrimoniaux, etc. Il est possible de mettre en relation les pratiques
culturelles et la stratification sociale.
L’analyse des enquêtes quantitatives repère ce qui structure ;
pratiques culturelles et variable de l’âge. L’accès au diplôme, la
fréquentation des cinémas, les départs en vacances, la capacité à
influencer le pouvoir politique par son vote ou des actions
revendicatives, la possibilité de vivre dans un logement vaste et
confortable, une hiérarchie sociale apparaît grâce à la classification
des PCS depuis les plus favorisées appelées catégories moyennes et
supérieures (cadres et professions intermédiaires), jusqu’aux moins
favorisées appelées catégories populaires (employés et ouvriers).
Les catégories indépendantes se hiérarchisent entre elles de manière
moins marquée du fait de la forte diversité des revenus et des statuts
en leur sein, depuis les chefs d’entreprise au sommet jusqu’aux petits
agriculteurs formant le groupe indépendant le moins favorisé.

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II. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE

SOCIOPROFESSIONNELLE

Plus de salariés et une tertiarisation des emplois

Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la modernisation des

exploitations agricoles, la montée en puissance d’entreprises de
grande taille, le recul des petits commerces au profit des grandes
surfaces ont entraîné un déclin des indépendants :
agriculteurs exploitants, propriétaires de magasins, patrons
de restaurant, professions libérales ont vu leurs effectifs diminuer.
Il y a donc eu salarisation de la population active. Le salariat s’est
généralisé jusqu’à représenter plus de 90 % des actifs.
Les métiers du tertiaire ont été les plus créateurs d’emplois,
notamment dans les domaines de la santé, du commerce, de
l’informatique et des services aux particuliers. À l’inverse, les effectifs
des métiers agricoles et industriels ont diminué fortement
(désouvriarisation et désindustrialisation) du fait de l’automatisation et
de la concurrence internationale : cela conduit à une tertiarisation de la
population active.

Plus de femmes et plus d’actifs diplômés

La féminisation des emplois est une tendance majeure de ces

dernières décennies. Nous assistons depuis les années 1960 à une
progression constante des taux d’activité féminins car la crise
de l’emploi n’a eu aucune prise sur le mouvement de rééquilibrage de
la part des genres sur le marché du travail(le taux d’emploi des
femmes se rapprochant des hommes).
Cette évolution est portée par des changements structurels : la montée
en puissance du tertiaire et un basculement des normes sociales dans
le rapport à l’emploi des femmes.

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Les femmes de 25 à 49 ans qui étaient l’élément le moins actif de la

population en âge de travailler en sont maintenant l’élément le plus
dynamique. Parallèlement, l’élévation du niveau de qualification de la
population active est visible à travers la forte augmentation des effectifs
des cadres et des professions intermédiaires. La montée des
qualifications de la catégorie des ouvriers avec une hausse des
effectifs d’ouvriers qualifiés.

Cependant, les effectifs d’employés non qualifiés ont aussi augmenté,

portés par une demande forte pour des emplois d’aides à domicile et
d’assistantes maternelles.

Néanmoins, le genre des individus est un facteur important de

différenciation.
Les inégalités de revenus sont très marquées entre les hommes et les
femmes, ces dernières gagnant en moyenne 25% de moins que les
hommes (tous temps de travail confondus), et encore 16% de moins
pour un travail à temps complet. Les fonctions sociales sont aussi
encore fortement marquées de manière inégalitaire selon le genre, les
femmes devant sacrifier une partie de leur temps de travail pour
pouvoir consacrer une part plus importante que les hommes aux
tâches domestiques.
A l’inverse, la réussite scolaire est un marqueur en faveur des filles qui
ont un accès plus important aux études prestigieuses, mais il demeure
de fortes discriminations dans l’accès aux postes à hautes
responsabilités au sein des entreprises, malgré parfois un niveau de
diplôme supérieur ou encore des études plus prestigieuses que les
collègues hommes.

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La composition du ménage produit aussi des effets d’inégalités de

richesse importants. en particulier. Ainsi la grande majorité des
ménages vivant sous le seuil de pauvreté (disposant d’un revenu
inférieur à 60% du revenu médian) se compose des célibataires et des
familles monoparentales. Le couple agit ainsi comme un agent
protecteur contre la pauvreté. Impacte sur la probabilité de mobilité
sociale des individus.

III. DEBAT SUR LA PERTINENCE DE LA NOTION DE CLASSE

SOCIALE.

Les théories des classes dans la tradition sociologique

L’ANALYSE MARXISTE
Pour MARX, la société est divisée en deux classes sociales.
Le prolétariat, d’un côté qui ne disposent que de leur force de travail, et
de l’autre côté la bourgeoisie capitaliste qui récolte la plus value.
Chacun forment une classe sociale.
Ses membres ont des valeurs et pratiques communes mais ont
également conscience de partager les mêmes intérêts.
Cette « conscience de classe » leur permet alors de passer de la
« classe en soi » (objectif) à la « classe pour soi » (subjectif) et
alimente des rapports sociaux conflictuels entre les classes nommés
antagonismes, entre domination et contestation.
Les classes sociales ont donc pour Marx un critère principalement
économique et l’évolution de la société doit d’ailleurs conduire à une
lutte des classes de plus en plus intense, conduisant à une
bipolarisation de la société.

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L’ANALYSE DE WEBER
Pour WEBER, la stratification sociale ne se limite pas à une hiérarchie
économique. Certes, l’accès inégal aux biens et services structure la
société en classes sociales.
Les classes ne se définissent pour lui pas seulement par la propriété
ou non des moyens de production, mais plus largement par le fait de
partager les mêmes « chances de vie » c’est-à-dire les mêmes
probabilités d’accéder à certains biens ou revenus. Il n’y a donc pas
nécessairement seulement deux classes sociales, et Weber parle
notamment de l’existence de classes moyennes grâce au processus
de moyennisation. Cependant, le prestige et le pouvoir sont deux
dimensions à prendre en compte.

Il propose une analyse tridimensionnelle de la société reposant sur

trois ordres(en relation les uns avec les autres) :
• ordre économique (revenus comme flux, patrimoine comme stock)
• ordre social (fondé sur prestige et honneurs)
• ordre politique (sur le pouvoir)

La structure sociale est multidimensionnelle chez Weber, et aux côtés

des classes sociales qui structurent l’ordre économique, il faut
également compter sur les groupes de statut qui structurent l’ordre
social selon leur degré de prestige et leur style de vie et les partis qui
structurent l’ordre politique selon leur degré de pouvoir.

Chez Weber, classes sociales, groupes de statut et partis peuvent se

superposer mais la relation n’est pas automatique : on peut par
exemple disposer d’un prestige élevé sans occuper une position
particulièrement élevée dans l’ordre économique.
• dimension économique : la classe sociale
• dimension politique : le parti politique
• dimension sociale : le groupe de statut

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DIFFERENCE ENTRE MARX ET WEBER

Marx propose une analyse holiste (les classes sociales déterminent les
actes de leurs membres) et réaliste (il décrit les classe sociales telles
qu’il les aperçoit dans la société), alors que Weber propose une
analyse individualiste (il étudie les individus pour arriver ensuite aux
groupes sociaux) et nominaliste (il crée de lui même des groupes
sociaux théoriques qu’il applique ensuite à la réalité).

L’écartèlement des classes sociales (moyennisation et

individualisation

La conscience de classe semble moins forte et l’identification

subjective (sentiment d’appartenance) à la classe ouvrière est faible
dans les sondages, mêmes ceux qui occupent des métiers d’ouvriers.
La représentation marxiste d’une société bipolarisée est remise en
question dans les années 1960-70. Suite à la réduction des inégalités
socio-économiques (de revenu, d’accès à la culture, à la scolarisation)
et à une certaine homogénéisation des pratiques de consommation
(développement d’une consommation de masse à travers la diffusion
de la voiture, de la télévision, du matériel électroménager), certains
sociologues ont parlé de moyennisation.
Ainsi, on observe la réduction des inégalités (réduction des distances
inter-classes) qui s’accompagne d’une croissance des catégories
sociales intermédiaires (cadres et professions intellectuelles
supérieures, prof. intermédiaires, ouvriers et employés qualifiés), vaste
classe moyenne. Parallèlement, des clivages internes au sein des
classes sociales ont affaibli leur homogénéité.
De plus, la hausse des revenus pendant les Trente Glorieuses, la
massification scolaire et l’amélioration des conditions de logement ont
contribué à brouiller les frontières avec les classes moyenne et
supérieure à partir des années 1960.

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De nouvelles catégorisations du monde émergent: la question sociale

(l’opposition prolétaires / bourgeois) est peu à peu éclipsée par
l’opposition entre inclus (ceux qui ont un emploi, dont les ouvriers) et
exclus (ceux qui sont privés d’emploi) ou celle entre Français et
immigrés, ou celle entre travailleur atypique (précaires) et employés
typique (CDI stable).

Articuler la classe et les rapports sociaux de genre pour

l’intersectionalité

De nombreuses situations sociales présentent une combinaison des

rapports de classe et des rapports sociaux de genre. Ainsi, il devient
possible grâce à l’intersectionalité de comprendre plus finement les
trajectoires des individus dans la société.

L’individualisation croissante de la société

Le processus d’individualisation dans nos sociétés affecte de

nombreux domaines de la vie sociale : la valorisation de l’autonomie de
l’individu conduit à une recomposition des rapports : au travail, à la
famille, à la politique, à l’école.
Ce processus modifie profondément les identités collectives et
individualise la perception qu’ont les individus des inégalités qui les
touchent, des succès et des échecs qu’ils peuvent connaître.
Dès lors, la lecture en termes de classe sociale ne semble plus
opérante pour les acteurs, dans leur perception de soi.

En conclusion, les classes sociales ne suffisent plus à analyser la

structure sociale.

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