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Sujet de dissertation : Peut-on dire qu’une approche en termes de classes sociales est

toujours

pertinentes pour rendre compte de la société française actuelle ?

Introduction (Pas plus d’une demi-page) :

• Amorce (partir d’un fait d’actualité) : Le mouvement des gilets jaunes commencé en

novembre 2018 a montré qu’une partie de la société française regroupant les personnes

les moins aisées a la capacité de se mobiliser et de contester le choix des responsables

politiques par des mobilisation collectives. Certains ont parlé à cette occasion du retour

des classes sociales.

• Définition des notions clefs : classe sociale au sens de K. Marx.

o Classe en soi qui existe mais n’est pas une classe sociale : individus qui ont une

position proche dans le processus de production (donc même revenus) et des

modes de vie semblables.

o Si les individus prennent conscience d’avoir des intérêts communs à défendre et

s’unissent pour lutter pour leurs intérêts qui sont opposés ceux d’autres classes

ils deviennent une classe pour soi. La classe pour soi est une classe sociale.

• Problématique (sous forme de question) : L’analyse en termes de classes sociales de la

société français actuelle est-elle encore pertinente ?

• Annonce de plan (Deux parties oui/non) : Dans une première partie nous montrons que

l’analyse en termes de classes sociales permet de rendre compte de certains traits de la

société française actuelle. La deuxième partie met cependant en évidence qu’elle n’est

pas suffisante pour complètement l’expliquer.

(2 lignes)
Partie 1 : Les classes sociales peuvent être pertinente pour analyser la société française
actuelle

(retour à la ligne).

Sous-partie 1 : Il existe des différences de revenus et de patrimoine au sein de la société

français actuelle qui suggèrent l’existence d’une classe en soi.

§ 1 Il existe des écarts de revenus entre les individus occupant des positions sociales

plus ou moins élevés ce qui suggèrent l’existence de classes en soi. Les professions et
catégories

socioprofessionnelles (CSP) sont un outils statistique construit par l’Institut nationale de la

statistique et des études économiques (INSEE) afin d’analyser la société française. Les CSP

sont construites à partir de différents critères (niveau d’éducation, niveau de responsabilité,

salarié/non salarié, secteur d’activité, taille des entreprises, public/privé) qui ne comprennent
le

revenu. Les CSP sont agrégées en six groupes socioprofessionnelles (GSP) actifs. Leur but
est

de regrouper des individus aux situations proches afin de constituer des groupes
suffisamment

homogènes pour espérer qu’ils aient des situations et des intérêts proches. Avec cet outil,
les

analyses montrent qu’il existe une hiérarchie des revenus en fonction de la position sociale
des

individus. Par exemple en France en 2015 (document 4), les cadres quelle que soit leur
sexe ont

une rémunération brute mensuelle moyenne pour un temps plus de deux fois plus
importantes

que les employés et les ouvriers. Les hommes cadres gagent ainsi près de 5 900 euros
alors que

les hommes ouvriers et employés touchent environ 2 200 euros soit une différence de 3 700

euros. Il existe aussi un écart pour les femmes. Lorsqu’elles sont cadres elles touchent
environ

4 500 euros alors que pour les employés le revenu est de près de 2 100 euros et de 1 900
euros
pour les ouvrières. (retour à la ligne)

§ 2 Il existe aussi des écarts de répartition du patrimoine au sein de la société française

actuelle qui montrent des écarts de répartition de richesse selon les positions sociales des

individus qui vont dans le sens de l’existence d’une classe en soi. L’existence d’écarts de

revenus entre les GSP (document 4) implique des différences d’accumulation du patrimoine.

En effet les individus aux revenus du travail les plus faibles les dépensent pour des besoins
de

consommation finale sans pouvoir épargner alors que les GSP dont les revenus sont les
plus

élevés ont la possibilité d’épargner et de se constituer un patrimoine financier ou immobilier

qui est une source supplémentaire de revenu. Il existe donc des écarts de revenu du travail
qui

entraine une augmentation des inégalités de patrimoine dans le temps. Ainsi les 50% des

Français dont les revenus sont les plus élevés possèdent 92% du patrimoine en France. Le

patrimoine des 10% les plus riches est 163 fois supérieur à celui des 10% les plus pauvres
en

2021, contre 158 fois en 2018, selon la dernière enquête de l'Insee.

( 1 ligne)

Sous-partie 2 : Il existe une conscience collective et des actions collectives qui montrent

l’existence d’une classe pour soi (retour à la ligne).

§ 1 L’existence de syndicats en France montrent qu’il existe des individus qui défendent

des intérêts communs. Cela implique une conscience collective et une logique de conflit
entre

différents groupes aux intérêts opposés ce qui suggère l’existence d’une classe pour soi de
la

part des catégories populaires. Il existe en effet (document 3) un certain nombre de


syndicats
en France (CGT, FO, CFTC, Sud, ...) qui sont des associations d’individus dont le but est de

défendre les droits des travailleurs. Un des moyens qu’ils utilisent pour faire valoir leurs

revendications est le recours à l’action collective comme les manifestations ou les grèves au

sein des entreprises. Par exemple la réforme récente visant à repousser l’âge de la retraite
et à

allonger la durée de la vie professionnelle à fait l’objet de manifestations hostiles à ce


nouveau

cadre perçu comme allant contre l’intérêt des classes populaires. (retour à la ligne)

§ 2 L’absence de représentant des classes populaires dans la représentation politique

nationale peut s’interpréter comme une manifestation de la lutte des classes. En effet la
classe

pour soi implique la prise de conscience d’une classe sociale d’intérêts communs à défendre
du

fait des intérêts antagonistes entre les classes. La sous-représentation des classes
populaires

dans les instances de décisions politiques peut ainsi s’interpréter comme le résultat du
rapport

conflictuel entre classes. Il est ainsi plus facile pour les individus les plus aisés du fait du
capital

culturel, économique et sociale plus conséquents dont ils disposent par rapport aux classes

populaires et qui ont conscience de leurs intérêts communs d’occuper les places politiques

décisives et d’évincer ainsi les représentants des classes populaires. Par exemple
(document 1)

lors du renouvellement de l’Assemblée nationale en 2017 il n’y aucun élu ouvrier et 4,6%
des

députés sont employés cette sous-représentativité par rapport à leur importance dans la

population active contraste mécaniquement avec la sur-représentation des députés CPIS


avec

76 % de députés.

(2 lignes)
Transition (= charnière pour passer de l’idée de la partie 1 à celle de la partie 2)

Si la première partie met en évidence que l’approche en termes de classes sociales pour
analyser

la société française actuelle peut être utile, la deuxième partie montre qu’elle ne permet

cependant pas d’expliquer certaines évolutions et certains clivages existants.

(2 lignes)

Partie 2 : Mais les classes sociales n’expliquent pas certains clivages dans la société
actuelle.

(retour à la ligne)

Sous-partie 1 : Il y a une réduction des inégalités et une érosion de la conscience de classe


en

France ce qui remet en cause la pertinence de l’analyse en termes des classes sociales.

§ 1 La moyennisation de la société française soulève des doutes sur la pertinence de

l’analyse en termes de classes sociales. La moyennisation de la société correspond au fait


que

la majorité des individus se déclarent appartenir à la classe moyenne. Pour quelle raison ?
Car

il y a eu une réduction des inégalités de revenus et une convergence des conditions


matérielles

depuis le milieu du 20ème siècle. De plus tous citoyens français ont accès à l’éducation
quelle

que soit leur position sociale. Cette réduction des inégalités interclasses a modifié la
perception

des individus sur leur situation d’appartenance de classe sociale. Or si une très grande
majorité

d’individus se reconnaissent appartenir à la classe moyenne il devient difficile de distinguer


les

classes populaires des classes aisées ce qui implique que l’approche en termes de classes
sociales perde de sa pertinence. Il est ainsi assez facile de constater qu’une grande majorité
des

ménages français ont actuellement accès à la consommation de masse. Quelles que soient
leurs

positions sociales, ils possèdent presque tous une voiture, une télévision, une machine à
laver,

une connexion internet, un téléphone portable ou un ordinateur. De plus (document 2) il y a


une

baisse des inégalités de revenus entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres
entre

1970 et 2020. Ainsi en 1970 le revenu le plus faible des 10% dont les revenus sont les plus

élevés est environs 4,6 plus important que le revenu le plus élevé des 10% dont les revenus
sont

les plus faibles. En 2020 ce chiffre est de 3,5. (retour à la ligne)

§ 2 Un certain nombre de fait semble montrer l’affaiblissement de la conscience

collective ce qui rend difficile de parler des classes populaires comme d’une classe pour soi
et

donc comme d’une classe sociale. En effet l’évolution du marché du travail du travail montre

que depuis les années 1980 le chômage de masse est apparu et dure encore. Ce
phénomène s’est

accompagné d’un sentiment de précarité et d’une individualisation des relations sur le


marché

du travail. En atteste l’apparition de contrats atypiques ou précaires (contrats autres que le

contrat à durée indéterminé : intérim, contrats à durée déterminé, contrats à temps partiels).
De

plus (document 3) le taux de syndicalisation s’est peu à peu érodé passant de 30% de la

population active en 1949 à environ 10% en 2018 soit une différence de 20 points de

pourcentage. Enfin (document 1), à la suite des élections de 2017, aucun ouvrier n’entre à

l’Assemblée nationale et 4,75 % des députés sont employés. Cette sous-représentation des

classes populaires semble traduire une démobilisation pour défendre leurs intérêts dans le

champ politique et un effritement de leur conscience de classe.


(1 ligne)

Sous-partie 2 : l’analyse en termes de classes ne permet pas de rendre compte de certains

clivages sociaux actuels de la France. (retour à la ligne)

§ 1 L’analyse en termes de classes sociales ne permet pas d’expliquer les différences

entre hommes et femmes concernant les revenus ou la représentation en politique. En effet


la

définition d’une classe sociale ne fait pas mention d’une différence de traitement
économique

entre les sexes et n’explique pas plus la sous-représentation des femmes aux postes

décisionnelles importants dans les entreprises ainsi qu’en politique. De ce point de vue cette

grille d’analyse apparait peu pertinente. Ainsi (document 4) montre en 2015 qu’au sein de
tous

les GSP, la rémunération moyenne brute mensuelle des femmes pour un temps plein est
plus

faible que celle des hommes. Par exemple les hommes cadres gagnent près de 5 900 euros
alors

que les femmes de cette catégorie touchent environ 4 600 euros soit 1 300 euros de moins.
Cet

écart est plus faible concernant les ouvriers mais existe cependant. Ainsi les hommes
gagent

près de 2 200 euros et la femme environ 1 900 euros soit une différence de 300 euros.
(retour

à la ligne)

§ 2 L’impact des configuration familiales sur la situation économique et sociale des

ménages n’est pas non plus pris en compte dans l’analyse en termes de classes sociales.
L’un

des changements sociaux les plus remarquables depuis une quarantaine d’année vient de

l’évolution des configurations familiales. Par configuration familiale on entend la composition

de la famille selon le statut conjugal et le nombre d'enfants résidents ou non. Les familles
recomposées (couples avec des enfants qui ne sont pas les descendants biologiques de l’un
des

deux parents) ou monoparentales (un seul parent avec un ou plusieurs enfants) sont
devenus

relativement courantes et acceptées dans la société française actuelle. Ces configurations

peuvent avoir des conséquences importantes sur la précarité économique et la pauvreté. Or

l’analyse en termes de classes sociales ne prend pas en compte cette dimension. Ainsi les

familles monoparentales dont le chef de famille est une femme sont les plus vulnérables à la

pauvreté. De plus le nombre d’enfants accroit ce qui risque quel que soit le statut conjugal.

(2 lignes)

Conclusion

• Synthèse du raisonnement :

La première partie a montré que l’analyse en termes de classe sociale peut expliquer

certains traits de la société français actuelle mais la deuxième partie a mis en évidence

qu’elle ne suffit pas à rendre compte de certains clivages qui la traverse.

• Réponse à la question :

L’analyse en termes de classes sociales n’est actuellement pas la grille d’analyse la plus

pertinente pour rendre compte de la société français actuelle.

• Ouverture :

Quel autre type d’analyse pourrait à la fois rendre compte des différences d’ordre

économique et de la dimension conflictuelle qu’elle peut avoir et des clivages d’autres

ordres ? À ce titre une analyse utilisant le concept de stratification sociale n’est-elle pas

plus pertinente que l’approche en termes de classes sociales ?

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