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Mesurer les inégalités sociales – CM

Séance 1 – Introduction générale


Année universitaire 2020-2021
Ludmila.faye@uvsq.fr
Organisation du semestre et évaluation
 Evaluation: 2 contrôles continus (40% de la moyenne) ; 1 partiel (60%)

 Evaluations lors des séances de TD 5 et 11(voir plan des séances de TD)


 Lors de chacune de ces évaluations, au moins une question portera sur le contenu du CM
 Pour le partiel, la mobilisation du contenu des TD sera valorisée
 Ce cours a deux objectifs principaux :
 Vous transmettre des éléments de connaissance sur les questions d’inégalités et de
stratification sociales
 Vous familiariser avec la lecture de tableaux et autres représentations de données
statistiques
 Attention : vous aurez à disposition les diaporamas des séances, mais il faut
impérativement prendre des notes!
Modalités pratiques

 Un outil indispensable : moodle!


 Il faut absolument consulter votre messagerie
institutionnelle @uvsq.fr
Introduction générale
Etudier la stratification sociale
 Comment sont réparties/distribuées les différents types de ressources
entre les individus et les différents groupes d’une société?

 Ressources économiques (salaires, revenus, patrimoines, etc.)


 Ressources culturelles (diplômes)
 Ressources symboliques (prestige)
 Des débats très importants, et parfois politiques : les inégalités augmentent-elles?
Diminuent-elles?
 Triptyque différences/inégalités/injustices : à partir de quand des différences
constituent-t-elle des inégalités? Toutes les inégalités sont-elles injustes?
Alexis de Tocqueville :

La différence entre la société d’ancien régime et la société


démocratique est « l’égalité des conditions ».

Les individus sont égaux en droits, les inégalités ne sont en droit


pas héréditaires et ne durent pas toute l’existence.
Un thème classique pour les sciences sociales
(1)
 Les classes sociales chez Karl Marx et Friedrich Engels(1818-
1883)
 Marx et Engels décrivent une succession de « modes de production ». Un
mode de production est la combinaison :
 De forces productives (matérielles, humaines)
 De rapports sociaux de production (division du travail, etc.)
 A chaque mode de production correspond une forme d’organisation des
rapports sociaux :
 MP antique : esclavage
 MP féodal : servage
 MP capitaliste : salariat
Un thème classique pour les sciences sociales
(2)
 Du point de vue des rapports sociaux, le MP capitaliste se caractérise
par l’avènement de deux classes que tout oppose :
 Le prolétariat (la classe ouvrière) vend sa force de travail
 La bourgeoisie (les capitalistes) détient les moyens de production

 Dislocation des groupes et strates intermédiaires


 Dimensions objective et subjective des classes sociales
 « classes en soi » = dimension objective
 « classes pour soi » = dimension subjective (« conscience de classe »)
Un thème classique pour les sciences sociales
(3)
 Les classes sociales chez Max Weber (1864-1920)
 Une analyse multidimensionnelle de la stratification sociale. Max Weber
distingue notamment trois ordres :
 L’ordre économique (sphère de répartition des revenus) dessine les contours des classes
 L’ordre social (sphère de répartition du prestige)
 L’ordre politique (sphère de répartition du pouvoir)
Un thème classique pour les sciences sociales
(4)
 L’analyse de Max Weber permet de penser des situations
« d’incohérences de statuts », et ce même s’il existe une forte
corrélation entre les positions relatives des individus au sein de ces
trois ordres

 Cette analyse multidimensionnelle constitue le fondement d’un des


premiers articles, qui en 1959, annonce la mort des classes sociales
(Nisbet, 1959)
Chapitre 1.

De la « moyennisation » des sociétés occidentales au retour des classes sociales


De la moyennisation…
• I. Les théories de la moyennisation des sociétés occidentales

1. L’émiettement des classe sociales : « la seconde révolution française » (Henri Mendras,


1988)

- La fin des paysans


- Essor puis déclin du prolétariat
- La fin de la bourgeoisie rentière
- L’essor des classes moyennes
2. Les arguments pour la « fin des classes sociales »

- L’article fondateur de R. Nisbet (1959) : « decline and fall of social classes »

- Au-delà de Nisbet, des arguments de 4 ordres :

- La réduction des inégalités économiques et éducatives


- Les progrès de la mobilité sociale
- La consommation « de masse » et la tendance à l’homogénéisation des styles de vie
- Le déclin de la conflictualité entre les groupes sociaux
FIG.2.24. Evolution annuelle du PIB (%). 1949-2003,
Francs puis Euros constants
8
7
6
5
4
3 Evolution
annuelle du
2 PIB (%)
1
0
-11949 1954 1959 1964 1969 1974 1979 1984 1989 1994 1999 2004

Source : Insee, annuaire rétrospectif de la France 1948-1988 et INSEE, Séries longues (Insee conjoncture, 2003)
FIG.2.25. Evolution du taux de chômage, 1954-2003

14
12
10
8
T% chômage
6
4
2
0
1954 1959 1964 1969 1974 1979 1984 1989 1994 1999 2004

Source : INSEE, annuaire rétrospectif de la France 1948-1988 et INSEE, Séries longues (Insee conjoncture, 2003)
FIG.1.3. Evolution du rapport entre le salaire des cadres et
celui des ouvriers 1975-2000

3,5

2,5

2
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005

Champ : salariés à temps complet du secteur privé et semi-public


Source : déclaration annuelles de données sociales, Insee in Insee Résultats, séries longues sur les salaires, 2000
3. L’émergence d’une vaste « constellation centrale » (Henri Mendras, 1988)

 Une vision cosmographique de la structure sociale reposant en partie sur des données
empiriques
 L’élite (3% de la population)
 La « constellation populaire » (50% de la population)
 La « constellation centrale » (25% de la population)

 Les classes sociales ne seraient plus un outil pertinent pour décrire les sociétés occidentales

Débats autour des « nouvelles couches moyennes salariées » et de leur rôle dans le processus de
changement social
II. La remontée des incertitudes : le « retour » des classes sociales

2 références
• Robert Castel (1995), Les
métamorphoses de la
question sociale. Une
chronique du salariat, Paris,
Fayard.
• Robert Castel (2009), La
montée des incertitudes.
Travail, protections, statut de
l’individu, Paris, Seuil.
Trois temps:

o Longtemps, absence de protection pour la masse des « non propriétaires »

o La construction des protections (après 1945) : le travail devient l’emploi (= construction


de l’Etat-providence moderne)

o La remontée des incertitudes et les risques de « désaffiliation sociale » (à partir des


années 1970)
1. L’Etat libéral et la question de l’insécurité
 [Etat libéral = tel que théorisé et pensé par les philosophes du politique dès la fin du 17ème siècle.
Par exemple John Locke (1632-1704)]
 Karl Polanyi (1946): l’industrialisation et le marché ont « désencastré » les individus des réseaux
de solidarité traditionnels qui constituaient le filet protecteur de l’existence

 2 types d’insécurité à juguler


 L’insécurité « civile » : l’Etat de droit ou le monopole de la violence légitime (Weber)
 L’insécurité « sociale » : la garantie de la propriété privée

 Quel sort pour la masse des « non propriétaires »? La face sombre d’un Etat gendarme et minimal
2. La construction des protections : l’Etat comme « vaste assurance »
(lendemains de la seconde GM)

 Attacher des protections au travail et à la condition du travailleur : le travail devient l’emploi


 La construction d’une « propriété sociale », sorte d’équivalent social des protections jadis
accordées par la seule propriété privée) = une sécurité sociale généralisée
 Une société salariale inégalitaire mais protectrice = une « société de semblables »
 Deux conditions :
 Une conjoncturelle : la forte croissance
 Une structurelle : l’inscription des individus dans des collectifs protecteurs (exemple : les
conventions collectives)

 Dans ce cadre, le travail cesse d’être réduit à sa dimension instrumentale (dégager un salaire au jour le
jour) et peut devenir le support de visées expressives (épanouissement, quête de sens, satisfaction
professionnelle, etc.) + une autre façon de décrire la moyennisation des sociétés occidentales
… Au retour des classes sociales
3. La remontée des incertitudes (dès la fin des années 1970)

 Affaiblissement de l’Etat (construction européenne, mondialisation)


 Erosion des grandes formes d’organisation collective
 Mise en concurrence généralisée des entreprises et des salariés à l’échelle de la planète

 Chômage de masse
 Précarisation du contrat de travail
 Fin du mouvement général d’aspiration vers le haut qui accompagne les 30
Glorieuses jusque dans les années 1970
 Retour des classes sociales?

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