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RC Chapitre 2 

: Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes


conceptions de la justice sociale ?
Activité introductive : Les inégalités à la loupe
Rappels du chapitre 1 de sociologie :
-dans toute société il existe des différenciations sociales entre individus cad des différences basées sur des
critères économiques, sociales, culturels voire politiques ;
-parmi les critères les plus utiles pour classer les individus, on distingue les inégalités économiques des
inégalités sociales ;
-les inégalités économiques désignent la répartition non uniforme des richesses disponibles dans une
population ; par exemples les inégalités de salaire, de revenus ou encore de patrimoine ;
-les inégalités sociales désignent différences sociales entre individus qui se traduisent par des
avantages/désavantages dans l'accès aux ressources valorisées dans une société ; par exemple l'accès au bac
n'est pas le même pour tous les élèves selon l'origine sociale ou encore l'accès aux soins selon le lieu
d'habitation.
1-Certaines inégalités proviennent de discriminations
Quand les femmes ou les personnes non blanches accèdent moins souvent à certaines ressources, cela
peut être dû à certains mécanismes économiques et sociaux (des revenus insuffisants, une moindre ambition
sociale…) mais également à des discriminations. On parle de discrimination quand des individus subissent
des inégalités de traitement en fonction de leur(s) caractéristique(s) sociale(s) : le genre, l’origine ethnique,
la religion, un handicap, l’orientation sexuelle… C’est bien évidemment totalement injuste et illégal.

2-Les inégalités peuvent présenter un caractère cumulatif


La plupart des inégalités se cumulent : les individus victimes d'inégalités additionnent celles-ci qui, en
plus de cela, s'entretiennent et se provoquent entre elles. Par exemple, les inégalités économiques
s'autoentretiennent. Les inégalités de revenus provoquent des inégalités de patrimoine qui aggravent alors les
inégalités de revenus (une personne riche pourra acheter des titres boursiers grâce à ces revenus, ce qui
augmentera son patrimoine mais aussi ses revenus puisque ses titres lui rapporteront …).
Par ailleurs, les inégalités économiques s'accompagnent le plus souvent d'inégalités sociales et
culturelles. Par exemple les inégalités de revenus peuvent engendrer des inégalités d'accès au logement qui
engendrent alors des inégalités de santé.
En retour, les inégalités sociales aggravent aussi les inégalités économiques. Par exemple, les
différences d'éducation et de santé peuvent jouer sur les inégalités de réussite scolaire qui impactent alors
l'égalité face à l'emploi et, de ce fait, renforcent les inégalités de revenus …
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Pour comprendre pourquoi les inégalités présentent un caractère cumulatif, il faut se rappeler que chaque
individu possède 3 stocks de capitaux (économique, social et culturel … cf P.Bourdieu) qui, selon leur
niveau, lui confèrent une place dans la hiérarchie sociale. Or, ces capitaux sont déterminants dans l'existence
des inégalités et dans leur caractère cumulatif : manquer d'un type de capital peut entraîner divers effets
(source d'inégalités) dont des effets sur les autres formes de capitaux.
Question 1 : Quelles sont les 2 sources des inégalités ?
Question 2 : Présentez un exemple d'inégalité cumulative sous forme de schéma d'implication. Pour
chaque inégalité, vous préciserez s'il s'agit d'une inégalité économique ou sociale.
Question 3 : Complétez le schéma suivant.

culturel
favorisée

consommation

revenus patrimoine social

Emploi stable

Problématiques =
-Quelles sont les évolutions des inégalités du 20em siècle à aujourd’hui ?
-Qu'est-ce que la justice sociale et comment est-elle appliquée en France ?
-Pourquoi est-elle remise en question ?

Plan =
I-Quelles sont les grandes tendances d'évolution des inégalités économiques et sociales depuis le début du
20em siècle ?
A-L'évolution temporelle des inégalités ...
B-...Nous permet de comprendre qui sont les individus les plus riches ...
C-...Tout en nous menant à la question des inégalités de patrimoine
II-Quelles sont les différentes conceptions de l’égalité et de la justice sociale ?
A-Les trois dimensions de l’égalité (principe fondamental d’une démocratie) ...
B-...Nous permettent de comprendre la notion de justice sociale et ses différentes formes
III-Quelles sont les moyens d’action des pouvoirs publics pour atteindre la justice sociale ?
A-Avant propos : de l'État-gendarme à l'État-providence
B-En France, les pouvoirs publics ont mis en place un système de protection sociale ...

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C-...Mais ils peuvent aussi réduire les inégalités en utilisant le budget de l’État (et des collectivités locales) ...
D-...Ou encore en luttant contre les discriminations
IV-Pourquoi l’action des pouvoirs publics, en termes de justice sociale, est-elle remise en question ?
A-L’intervention des pouvoirs publics serait inefficace économiquement et socialement ...
B-...D'autant plus que des contraintes économiques pèsent sur le budget de l’État ...
C-...Et que l’intervention publique souffre d'une crise de légitimité

I-Quelles sont les grandes tendances d'évolution des inégalités économiques et


sociales depuis le début du 20em siècle ?
A-L'évolution temporelle des inégalités ...
Documents : Quelle temporalité à l'évolution des inégalités ?

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Question: Complétez le tableau suivant qui retrace les grandes phases d'évolution des inégalités.
Évolution des XIXem siècle - 1ere
1ere Guerre Mondiale – Années 1980 -
inégalités dans … Guerre Mondiale
crise années 1970 Aujourd'hui
↓ (1914-1918)
Pays occidentaux
Autres pays du monde A voir selon les pays
Entre les pays Hausse
/
occidentaux et le RDM (pour la plupart des pays)
-Coeff GINI EU -Coeff GINI EU
en 1965 = …........ en 2010 = …........
-Coeff GINI EU
en 1932 = …........ -Coeff GINI FRANCE en -Coeff GINI FRANCE en
Exemples chiffrés 1960 puis en 1975 1990 puis en 2010
-Coeff GINI monde = …........ → …........ = …........ → …........
en 1930 = …........
-Coeff GINI monde -Coeff GINI monde
en 1965 = …........ en 2010 = …........

Document : Comment expliquer l'évolution des inégalités dans les pays développés ?

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Question 1 : Distinguez dans les arguments de Piketty les facteurs qui relèvent de circonstances
historiques de ceux qui reflètent des orientations des politiques publiques.
Question 2 : Quelle différence peut-on mettre en avant entre les 2 périodes (concernant la
reconstitution du patrimoine) ? Qu'est-ce que cela peut indiquer ?
Question 3 : Les constats de Picketty rejoignent-ils l'évolution des inégalités observée dans les
documents précédents ? Justifiez.

B-...Nous permet de comprendre qui sont les individus les plus riches ...
Étudier les inégalités et leur dynamique revient aussi à étudier qui sont les individus au sommet de la
pyramide : comment tirent-ils du système économique leurs hauts revenus ? Leurs patrimoine ?
Mais qu'est-ce qu'être riche ? L’Insee nomme les pauvres (en utilisant clairement le terme) mais pas
les “riches”. Elle les qualifie pudiquement de hauts revenus. L’Observatoire des inégalités, dans un article
(datant du 15 juin 2020), tente plusieurs définitions :
-est riche la personne qui a un revenu équivalent au double du revenu médian (3470€ / mois) ;
-est riche la personne qui appartient aux 10% de la société qui gagnent le plus (soit à partir de 3200€ / mois) ;
-est riche la personne dont les revenus atteignent le seuil de l’impôt sur le revenu (4400€ / mois) ;
-est riche la personne qui possède des revenus de placements lui permettant de vivre avec le revenu médian
(environ 1800€ / mois) ;
-est riche la personne qui peut afficher sa richesse par des signes extérieurs (possession d'une montre de luxe,
posséder une résidence secondaire, des appartements, partir souvent en vacances … etc).
Dans le même article :
« L’argent a mauvaise presse en France et ce n’est pas pour rien si la définition d’un seuil de richesse
intéresse peu les plus favorisés. Il n’est pas « convenable » de faire étalage de sa richesse et de très mauvais
goût de se dire « riche ». Les catégories les plus aisées ont tout à gagner à cette pudeur collective qui masque
la réalité des niveaux de vie des plus favorisés. À l’inverse, les difficultés de vivre des riches (travail
harassant, déboires familiaux, etc.) sont sans cesse mises en scène pour rappeler aux plus pauvres le bonheur
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qu’ils ont de vivre de peu. Est-on vraiment « riche » avec 3 500, 5 000 ou même 10 000 euros par mois ? À
ces niveaux, on reste modeste par rapport aux patrons des plus grandes entreprises. Il existe, au sein des
populations les plus riches, des écarts de taille. Entre le cadre supérieur et une partie des grands patrons qui
perçoivent plusieurs centaines d’années de smic chaque année, les niveaux de vie sont incomparables. Bref,
on est toujours le pauvre d’un autre, surtout en France.
Louis Maurin »
Partie soulignée : ceci va être le sujet de notre partie, l'étude des 1% les plus riches (le « top 1% » cad la
part de la population la plus favorisé au regard d'un critère choisi comme le revenu ou le patrimoine).

Document : Le profil des 1% les plus riches


1-Combien gagnent-ils ?

Question 1 : Comment a évolué la part de revenu mondial du 1% le plus riche entre 1980 et 2015 ?
Justifiez.

Question 2 : Qu'est-ce que cela indique sur le niveau des inégalités mondiales sur la même période ?

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Question 3 : Pour chacune des populations suivantes, indiquez la différence de revenu initial par UC.
-Entre le 90em % et le 99em % (cad les 9 premiers % des plus riches) ?
-Entre le 99em % et 99,9em % (cad les 0,9% des plus riches) ?
-Entre le 99,9em % le 99,99em % ( cad les 0,09% des plus riches) ?

Question 4 : Qu'est-ce cela nous enseigne sur les 10% les plus riches ?
2-Comment gagnent-ils autant ?
Vidéo « Les riches, les très riches, les hyper riches » Xerfi Canal (2018)
Question 5 : Quelle est la source principale de revenus des plus riches ? Détaillez.
Question 6 : Complétez le tableau suivant.
90% de la Les riches Les très riches Les hyper riches
(les 9 premiers % des (les 0,9 premiers % du (les 0,1% les plus
population plus riches) 1% le plus riche) riches)
Part des revenus
d'activité dans le
revenu total (2015)
Part des revenus du
patrimoine dans le
revenu total (2015)
Question 7 : Quel commentaire peut-on faire sur la composition des revenus des hyper riches et des
90% de la population ?
Question 8 : Complétez le tableau suivant. Le constat qui y est fait correspond t-il à celui fait dans le
« 1- » d'avant ? Pourquoi ?
Échelle de patrimoine chez les 1% les plus riches (2015)
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Population → 1,00% 0,10% 0,01%
Seuil de patrimoine pour passer dans cette catégorie
(en millions d'euros)

3-Quelle est l'origine de ce patrimoine ?

Question 9 : Les grandes


phases d'évolution du patrimoine
hérité concordent-elles avec
les phases d'évolution des
inégalités observées dans le
« A » ? Pourquoi ?

Question 10 : Quelle est la principale provenance du patrimoine des plus riches en France
aujourd’hui ? Comment s'appelle le mécanisme sociologique (vu dans le chapitre 1 de sociologie) qui
pourrait expliquer cela ? Selon ce mécanisme, peut-on parler de « stratégie » de la part des plus riches
en ce qui concerne les héritages ?
Dresser le portrait robot des individus les plus riches nous amène à la question des inégalités de
patrimoine car celui-ci semble plus que déterminant dans la formation des inégalités économiques.
C-...Tout en nous menant à la question des inégalités de patrimoine
Il existe donc plusieurs méthodes pour décrire ces inégalités : on distingue les outils statiques de ceux
dynamiques. Les premiers désignent des outils concentrés sur l'étude d'une population à un moment donné
alors que les seconds désignent des outils qui cherchent à voir si les inégalités se reproduisent de génération
en génération. Cette partie va être l'occasion de mettre en avant les principaux indicateurs des inégalités (à
connaître ! Cf FO), à savoir :
-les quantiles (outil statique) ;
-la courbe de Lorenz (outil statique) ;
-le coefficient (ou l'indice) de GINI (outil statique) ;
-la corrélation revenus parents-enfants (outil dynamique).

Nous allons étudier les inégalités de patrimoine aux travers de ces différents indicateurs.

1-Les inégalités de patrimoine via les quantiles

Document : Les inégalités de patrimoine via les quantiles

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Question 1 : Faites une phrase avec la donnée de D5 (en net).
Question 2 : Calculez l'écart interdécile mais avec P99 au lieu de D9 (en net). Faites une phrase avec la
donnée.x
Question 3 : Calculez le rapport interdécile mais avec P99 au lieu de D9 (en net). Faites une phrase
avec la donnée.
Le patrimoine des plus riches est 601,5 fois supérieur à celui des plus pauvres.

2-Les inégalités de patrimoine via la courbe de Lorrenz et le coefficient de GINI

SAVOIR-FAIRE : La courbe de Lorenz et le coefficient de GINI


I-Que sont la courbe de Lorenz et le coefficient de Gini ?
Une courbe de Lorenz est une représentation graphique permettant d'apprécier les inégalités de
répartition des revenus et/ou du patrimoine (ou une autre variable) pour une population à un moment donné.
Elle a été inventé par Max Otto Lorenz (économiste américain ; 19em/20em siècle) qui s'intéressait aux
inégalités de revenus dans ses travaux. La courbe de Lorenz est liée à l'indice de GINI car elle en est la
représentation graphique. L'indice de Gini (ou coefficient de Gini) est une mesure statistique permettant de
rendre compte de la répartition d'une variable (salaire, revenus, patrimoine) au sein d'une population. Il a été
inventé par Corrado Gini (statisticien italien ; 19-20em siècle). Il est compris entre 0 et 1. Plus l'indice est
proche de 0, plus la population analysée est égalitaire (cad que la variable à laquelle on s'intéresse est
répartie équitablement dans la population). A l'inverse, plus l'indice est proche de 1, plus la population
étudiée est inégalitaire (cad que la variable est mal répartie dans la population). Avec une représentation
graphique, ce sera plus simple à comprendre !
II-Représentation graphique et calcul
La courbe de Lorenz est construite de la façon suivante :
-en abscisses se trouvent les déciles de la population
étudiée ;
-en ordonnées le pourcentage cumulé de la variable
(dans l'exemple ci-contre, les revenus) ;
-la diagonale « coupant » le graphique en 2 est la
droite d'équirépartition. Elle symbolise la répartition
la plus juste possible de la variable étudiée pour une
population. La distribution de la variable y est parfaite
car chaque % de population se partage le même % de
la variable. Ainsi dans l'exemple ci-contre, on pourrait

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faire la lecture suivante : « 20% de la population la plus
pauvre se partage 20% des revenus » ou encore « les 50% plus riches se partagent 50% des revenus » ...etc ;
-la courbe de Lorenz est la courbe se trouvant sous la droite d'équirépartition et c'est celle-ci qui montre
réellement comment la variable est répartie dans la population. Comment voit-on cela ? Plus la courbe de
Lorenz est proche de la droite d'équirépartition, plus la distribution de la variable est égalitaire dans la
population (et vice versa). Exemple : sur cette courbe de Lorenz, on constate que 50% de la population la
moins riche ne se partage que 20% des revenus. A contrario, les 50% les plus riches se partagent donc 80%
des revenus ;
-on peut couper le graphique en 2 surfaces. La surface A est celle se trouvant entre la droite d'équirépartition
et la courbre de Lorenz. La surface B est celle se trouvant sous la courbe de Lorenz. L'indice de Gini
représente la surface A dans le total de la surface du graphique (A+B). Il se calcule par la formule suivante :
G = A / (A+B).
-plus A est grande, plus la courbe est éloignée de la droite d'équirépartition, plus l'indice de Gini sera proche
de 1 (et donc la distribution est inégalitaire). Inversement, plus A est petite, plus la courbe est proche de la
droite d'équirépartition, plus l'indice de Gini sera proche de 0 (et donc la distribution est égalitaire).

Question 1 : Sur la courbe de Lorenz, que signifie le point A ?


Question 2 : Complétez le tableau ci-dessous. Quelles inégalités sont les plus importantes selon la
courbe de Lorenz ?
Les X% les plus
50,00% 65,00% 80,00%
pauvres … →
… se partagent X% du
30,6 42 61,8
niveau de vie →
… se partagent X% du
8 20 32
patrimoine →

Question 3 : Montrez que le coefficient de GINI a baissé en France entre 1970 et 2017 (faites un calcul
avec un TV ou un CM).
Question 4 : Sur quelle période les inégalités de niveau de vie ont baissé ? Justifiez.
Sur cette période (passage d’un coefficient de GINI de 0,34 à 0,2_° ;
d

3-La corrélation revenus parents-enfants


La corrélation de revenus parents-enfants mesure à quel point des parents plus riches que d'autres ont
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des enfants plus riches que d'autres (et inversement).
NB : cet outils statistique ne mesure pas directement les inégalités de patrimoine mais, comme nous l'avons
vu, les revenus sont liés au patrimoine (surtout pour les très riches).
Document : Doc 4 p 319 (magnard ; 2020)

Question 1 : Qu'est-ce que l'élasticité intergénérationnelle des revenus ?


Question 2 : Quels sont les 2 facteurs qui renforcent l'élasticité intergénérationnelle des revenus ?
Question 3 : Que signifie la donnée du RU ?
Question 4 : Selon vous, comment expliquer cette corrélation ?
La suite de ce chapitre s’articule autour de trois questionnements dont l’importance fondamentale est
soulignée par la période actuelle :
1-Les inégalités sont-elles justes ? La réponse varie en fonction notamment de deux réflexions (de quelle
inégalité parle-t-on ? Comment conçoit-on la justice sociale, c’est-à-dire ce que doit être la répartition des
ressources matérielles ou symboliques entre les membres d’une société ? )
2-Comment les pouvoirs publics peuvent-ils agir pour assurer davantage de justice sociale ?
3-Quels sont les problèmes qu'on oppose aux pouvoirs publics dans le cadre de ces politiques ?
II-Quelles sont les différentes conceptions de l’égalité et de la justice sociale  ?
A-Les trois dimensions de l’égalité (principe fondamental d’une démocratie) ...
Il n'y a pas une égalité, mais plusieurs conceptions de l'égalité : être égaux vis-à-vis de la loi, par
rapport aux chances de réussite ou encore en fonction de sa situation concrète... Ces visions de l'égalité
permettent d'établir des distinctions différentes entre ce qui est « juste » et ce qui est « injuste ».
1-L’égalité de droit
-Égalité des droits : garantir des droits égaux pour tous les citoyens au-delà de leurs particularités.
L’égalité de droit est bien sûr un acquis essentiel de la Révolution française puisque la société
d’Ancien Régime était caractérisée par l’inégalité des droits. Par exemple, le clergé était dispensé de payer
l’impôt royal (la taille). Avec la Révolution française, tous les individus deviennent égaux devant la loi : droit
de vote, fiscalité, urbanisme, accès à l’éducation, droit du travail… Par exemple, dans leurs rapports avec la
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Justice, tous les individus disposent des mêmes droits : présomption d’innocence, droit d’être défendu par un
avocat, secret professionnel des magistrats, droit à un procès équitable… Dans la période actuelle, personne
n’a eu le droit de ne pas respecter les règles du confinement. Ainsi, dans une large mesure, les inégalités de
droit sont très limitées dans notre société. Quelques inégalités de droit subsistent toutefois :
-certains emplois sont interdits aux étrangers (dans la police ou la justice par exemple) ;
-dans le monde, certains emplois sont interdits aux femmes. En France, les femmes militaires n’ont le droit de
travailler dans les sous-marins que depuis 2014.
2-L’égalité des chances
-Égalité des chances : désigne le fait que l'accès d'un individu à des ressources dépende seulement de son
talent et de ses efforts, et non de son origine sociale.
Dans les sociétés aristocratiques*, les statuts étaient largement hérités : « vous vous êtes juste donné la
peine de naître » disait le valet à son maître dans le Barbier de Séville de Beaumarchais. Au contraire, les
sociétés démocratiques ne se fondent pas sur la naissance et l’héritage mais sur les talents et les mérites
individuels. Ainsi, il y a égalité des chances quand tous les individus peuvent espérer accéder aux meilleures
positions en fonction de leur mérite individuel, toutes les positions sociales sont ouvertes à tous.
En France, une fille d’ouvrier peut devenir médecin en réussissant ses études. Un exemple connu : le maire de
Londres, Sadiq Khan, est issu d’une famille modeste d’origine pakistanaise. Il a réussi à atteindre cette
position par sa réussite scolaire et professionnelle.
*aristocratie : forme de gouvernement ou le pouvoir appartient à la noblesse.
3-L’égalité de fait (ou des situations ou de places)
-Égalité de fait/des situations/ de places : elle existe lorsque les écarts de ressources matérielles et
symboliques entre individus sont très faibles ou inexistants.
Nous ne parlons pas ici des droits et des chances d’accès aux différentes positions sociales mais des
situations concrètes. On parle ici des salaires, des revenus, des patrimoines, des espérances de vie, des départs
en vacances, de la réussite scolaire des enfants, de la taille de l’appartement…
Il y a égalité de fait ou des situations quand je gagne autant que mon voisin, que je vis dans des conditions
économiques et sociales comparables. Bien évidemment, vous le savez et nous l’avons travaillé cette année et
notamment au début de ce chapitre, il existe de très nombreuses inégalités de fait dans la société française
compilées par exemple par le site inegalites.fr :
-en France en 2017, tous temps de travail confondus, les hommes gagnent presque 40 % de plus que les
femmes ;
-en 2017, les enfants d’ouvriers sont plus de 5 fois plus nombreux que les enfants de cadres à redoubler avant
la sixième ;
-en 2016, trois après la fin des études, les non diplômés étaient 7 fois plus touchés par le chômage que les
diplômés d’écoles de commerce ou d’ingénieurs (49 % contre 7 %) ;
-en 2020, les immigrés d’origine non européenne vivaient 4,5 fois plus souvent dans un logement surpeuplé
que les français nés de parents français (40,5 % contre 8,9 %).
Document : Les différentes formes de l'égalité
Question 1 : Complétez le schéma ci-dessous.

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Question 2 : Il faut s’assurer, c’est FONDAMENTAL, d’avoir bien compris la distinction entre les
trois formes d’égalité. Parmi les exemples suivant, lesquels s'inscrivent dans un cadre d'égalité ?
D'inégalité ? (complétez le tableau ci-dessous pour répondre à la question).
1-La liberté de réunion 2-Les aides au logement 3-les écarts de salaires entre hommes et femmes
4-L’école gratuite de 3 à 16 ans 5-l’impôt progressif 6-la loi sur la parité en politique
7-le droit de propriété 8-le concours parallèle d’admission à SC PO Paris pour les lycéens de ZEP

Remarques : sans autre précision, les termes d’égalités et d'inégalités renvoient le plus souvent, dans les
textes et les documents, à l’(in)égalité de situation : entre les revenus, dans l’accès au logement… Toutefois,
dans un sujet, il faut absolument se poser LA question essentielle: de quelle dimension de l’(in)égalité est-il
question ?
4-L'équité s'oppose-t-elle à l'égalité ?

Question 1 : Qu'est-ce que l'équité ?


Question 2 : Pourquoi ne faut-il pas opposer égalité et équité ?
Question 3 : Connaissez-vous des situations pour lesquelles on introduit une inégalité afin d'atteindre
une situation équitable ?

B-...Nous permettent de comprendre la notion de justice sociale et ses différentes


formes
Avant de commencer, il faut bien avoir à l’esprit que personne ne peut raisonnablement affirmer
vouloir être injuste ! Pourtant, certains actes de la vie quotidienne, certaines décisions ou mesures politiques
peuvent nous paraître injustes. Le décalage entre les actes et leur perception provient du fait qu’il existe en
réalité plusieurs conceptions de la justice. Je peux vouloir agir avec justice mais ne pas être compris par mes
enfants, mes élèves, mes salariés…
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Alors, qu’est-ce qui est juste ? Les sciences humaines, notamment la philosophie, l’économie et la
sociologie se sont emparées de cette (très) difficile question. Nous allons ici présenter les quatres principaux
modèles ou conceptions de la justice sociale (= idéal qui se traduit par des principes précisant ce qu'est une
répartition juste des ressources matérielle et symboliques d'une société) :
1-L'utilitarisme
2-Le libertarisme
3-L'égalitarisme libéral
4-L'égalitarisme stricte
Pour comprendre les différentes théories de la justice, il faut être certain d’avoir bien compris ce qui précède,
c’est-à-dire les trois formes de l’égalité !
1-L'utilitarisme
-Utilitarisme = doctrine selon laquelle une société juste correspond à une société où l'on vise la satisfaction du
plus grand nombre de personnes.
Document : Qu'est-ce que l'utilitarisme ?

Question 3 : Quelles sont les formes d'inégalités et d'égalités compatibles avec cette conception de la
justice sociale ?
Remarque : Il n’y a pas au centre de cette réflexion la question de l’inégalité entre les individus mais la
recherche du plus grand bien-être collectif qui, de ce fait, est compatible avec certaines inégalités…
2-Le libertarisme
-libertarisme : doctrine qui considère qu'une société est juste dès lors quelle garantie l'égalité des droits et le
respect des libertés individuelles.
Document : Qu'est-ce que le libertarisme ?
La théorie libertarienne de la justice s’appuie sur la pensée de Friedrich Hayek, l’un des économistes
les plus importants du 20ème siècle. Elle s’inscrit dans un cadre qu’on peut qualifier d’ultra-libéral. Il faut
veiller, et rien d’autre, à ce que tous les individus aient les mêmes droits. C’est évidemment essentiel que
tous les individus profitent de même droits assurant les libertés individuelles. Les libertariens (les tenants du
libertarisme) s'insurgent contre l'expression « justice sociale » qui entretient, selon eux, l'illusion que l'on
pourrait appliquer l'idée de justice à un ordre social (la société) dont personne ne pourrait être tenu pour
responsable. Selon eux, « un fait, en lui même, peut être bon ou mauvais mais non pas juste ou injuste  ».
Voilà pourquoi, ce qui est juste, à leurs yeux, est tout ce qui résulte des actions libres des individus, égaux en

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droit. Donc, à partir du moment ou l'égalité des droits est garantie et que les individus sont libres, l'ordre
social qui émerge de la société est juste par nature.
Il y a ainsi une très grande confiance dans le marché, dans la « vérité du marché » qui valorise les meilleurs
et sanctionne les plus faibles. Tout ce qui vient perturber le libre et juste fonctionnement du marché est donc
vivement contesté, rejeté. Par exemple, l’impôt qui viendrait corriger les inégalités est donc rejeté car il
empêche les individus de jouir comme ils l’entendent de leurs revenus. L’intervention de l’État est
liberticide.
Les images ci-dessous illustrent assez bien la pensée libertarienne. Les Tea Parties représentent l’aile
très à droite des Républicains. On voit ici leur rejet massif de l’Obamacare, c’est-à-dire la volonté par
l’ancien président des E.U d’améliorer la protection sociale de millions d’américains. La pensée des Tea
Parties est assez claire : la justice se tient du côté du marché, chacun doit se prendre en charge
individuellement pour assurer à lui et à sa famille sa protection face à la maladie, la vieillesse…. Ce n’est
pas à l’État de s’en charger car il menace ainsi la liberté des individus. On le voit bien sur les images,
Obama est présenté comme un dictateur socialiste ou communiste, et l’image en bas à gauche dit bien que
l’État doit réduire ses dépenses et les impôts, sources d’injustices.
Question 1 :
Phrases soulignées.
Sur quoi les
libertariens
mettent-ils l'accent
concernant leur
vision de la justice ?

Question 2 :
Pourquoi le
marché est-il une
institution centrale
du libertarisme ?

Question 3 : En quoi la pensée des Tea Parties relève-t-elle du libertarisme ?


Question 4 : Quelles sont les formes d'inégalités et d'égalités compatibles avec cette conception de la
justice sociale ?
Confiance absolue dans le marché et baisse des interventions de l’état qui uise aux libertés.

3-L'égalitarisme libéral
-égalitarisme libéral : doctrine qui mêle des éléments du libéralisme (priorité au principe de liberté) et de
l'égalitarisme (les seules inégalités justes sont celles qui maximisent l'avantage des plus défavorisés).

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Document : Qu'est-ce que l'égalitarisme libéral ?

Dans cette perspective, Rawls indique que le législateur doit mettre en place des mesures d'équité (de
discrimination positive) afin de que certaines « inégalités permettent d'améliorer la situation des plus
désavantagés. Ainsi, si on (re)donne à tous les mêmes chances, les inégalités (réelles) deviennent justes.
C’est ce principe qui fonde les politiques d’affirmative action aux E.U : il s’agissait par exemple de réserver
dans la police ou dans les universités des places aux minorités, notamment les afro-américains victimes de
discriminations pendant des siècles de la Ségrégation.
Question 1 : Quelles sont les 2 tendances contradictoires qui caractérisent toute société selon John
Rawls ?
Question 2 : Comment l’État (le législateur) doit-il prendre des décisions pour qu'elles soient justes ?
Ils doivent prendre leurs décisions en occultant leurs positions sociales. C’est-à-dire en imaginant
qu’ils puissent se retrouver dans une autre position sociale.
Question 3 : Comment Rawls arrive-t-il à concilier les 2 tendances (cf question 1) ?
Question 4 : Quelles sont les formes d'inégalités et d'égalités compatibles avec cette conception de la
justice sociale ?

4-L'égalitarisme stricte
-égalitarisme strict : doctrine qui préfère une égalité totale des ressources (égalité des chances) entre individus
d'une même société.
Document : Qu'est-ce que l'égalitarisme stricte ?
Source : www.melchior.fr
Cette conception de la justice sociale implique une égalité des résultats et des traitements entre les

17/34
individus. Cet égalitarisme prône le rapprochement des situations socio-économiques des individus dans la
société ; en ce sens, il s’agit d’une conception de la justice sociale qui met l’accent sur l’égalité des
situations pour guider les décisions politiques. L’égalitarisme strict considère que l’égalité des droits n’est
que formelle et que, appliquée à un système inégalitaire, elle permet de légitimer et reproduire les inégalités
déjà en place. Il faut donc chercher à atteindre une égalité des situations, seule forme d’égalité qui permet
réellement l’existence d’une société juste. L’égalité des situations permet en effet d’améliorer la cohésion
sociale* et la solidarité. Elle permet également de renforcer l’égalité des chances, en resserrant la hiérarchie
des positions sociales.
*cohésion sociale = stabilité et force des liens sociaux à l'intérieur d'une société. La cohésion sociale est une
« photographie » des liens sociaux à un instant donné (l'état des liens sociaux à un moment donné).
Question 1 : Quel est le but recherché par l'égalitarisme stricte ?
Question 2 : Phrase soulignée. Pourquoi la seule poursuite de l'égalité des droits n'est pas positive ?
Question 3 : Pourquoi l'égalité des situations est-elle jugée comme la meilleure ?
Question 4 : Selon vous, comment l'égalité des situations peut-elle améliorer la cohésion sociale ?

Document : Les différentes formes de justice sociale

Egalitarisme
Forme de justice …........................
Utilitarisme
…........................
libertatisme …........................
libéral …........................
sociale ............. ............. ............. .............
Objectif(s) en …........................ …........................ …........................ …........................
termes d'égalité(s) ............. ............. ............. .............
Maximiser
Réduire au
…........................
Maximiser la liberté Concilier la liberté maximum les
Grand principe ............. (cad tout individuelle, seule et l'égalité tout en inégalités
ce qui apportera du garante de justice les maximisant économiques et
bien-être au plus sociales
grand nombre).
-les décideurs
-les droits politiques doivent
-mise en avant de la
individuels peuvent prendre des
…........................ décisions avec un
être bafouer si cela
permet de ............. …........................
maximiser le bien- -confiance dans le ............. (faire Politiques
Modalités être du plus grand marché qui preuve d'empathie) économiques et
nombre récompense les sociales
-politiques de
-les inégalités sont meilleurs et discrimination
comparables et sanctionne les
positive (principe de
hiérarchisables autres
liberté + principe de
différence)
Inégalités …........................ …........................ …........................ …........................
compatibles ............. ............. ............. .............

III-Quelles sont les moyens d’action des pouvoirs publics pour atteindre la justice
sociale ?
A-Avant propos : de l'État-gendarme à l'État-providence
Historiquement, l’État a pris plusieurs formes. Les plus connues sont l’État régalien et l’État

18/34
providence :
-l'État régalien désigne un État remplissant les fonctions régaliennes jadis assurées par le roi (« rég » → rex)
Cad, assurer l'ordre public (police et gendarmerie), assurer la défense nationale (armée) et assurer la
protection de la propriété privée (institution judiciaire) ;
-l'État providence désigne un État assurant les fonctions régaliennes mais aussi la santé publique et le secours
public, cad la protection sociale*. C'est la forme que prend l’État dans les démocraties généralement.
*La protection sociale désigne l'ensemble des institutions et des mécanismes de prise en charge collective des
conséquences pour les individus de certaines situations pénalisantes (cad des risques sociaux comme la
maladie, le chômage, la vieillesse …).

L’État providence se doit alors d'assurer 3 grandes fonctions :


-la fonction de stabilisation (vue dans le cours sur l'UE) ;
-la fonction d'allocation des ressources cad les interventions de l’État pour produire des b&s publics (que le
marché ne produit pas) et pour instaurer un cadre réglementaire permettant de contrer les défaillances de
marché. Par exemple, l’Éducation nationale, l'éclairage public, la construction d'infrastructure comme les
routes nationales, les hôpitaux, les politiques environnementales …
-la fonction de répartition (ou redistribution des revenus) cad l'action de l’État ayant pour but de corriger les
inégalités économiques et sociales afin de satisfaire le besoin de justice sociale. L’État cherche alors à les
corriger via sa fonction de redistribution afin d'aboutir à une forme de justice sociale. Par exemple, les
personnes les plus pauvres éprouvent des difficultés d'accès aux emplois stables et bien rémunérés (=
inégalité économique) et l’État, par la protection sociale, va prendre en charge une partie de leurs revenus
avec des aides comme le RSA (= justice sociale).
B-En France, les pouvoirs publics ont mis en place un système de protection
sociale ...
1-Les logiques au cœur de la protection sociale
Pour comprendre le système de protection social français, il faut comprendre les logiques dont celui-ci
s'inspire. Ces logiques sont donc au cœur de la fonction de redistribution de l’État. Attardons-nous quelques
instants sur cette notion de redistribution.
La redistribution est l'ensemble des mesures prises par l’État pour modifier la répartition des revenus
afin que celle-ci soit plus juste. L’État fait cela en prélevant des impôts et des cotisations sociales pour les
redistribuer sous forme de revenus de transfert (cad des prestations sociales comme l'allocation chômage ou
les pensions de retraite). On distingue 2 types de redistribution :
-l'horizontale (redistribution qui couvre les risques sociaux quel que soit le niveau des revenus, elle va des
individus ayant une « position stable » vers ceux subissant un risque et qui ont donc une « position instable » ;
par exemple les pensions de retraites sont financées par des prélèvements sur les salaires des travailleurs) ;
-la verticale (redistribution qui vise à réduire les inégalités de revenus entre individus ; elle va des plus riches
vers les plus pauvres).
Document : Quelles sont les logiques de la protection sociale ?

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Question 1 : Quelle est la différence entre prestation sociale et cotisation sociale ? Entre prestation contributive
et prestation non contributive ?

Question 2 : Parmi les définitions suivantes, laquelle attribueriez-vous à la logique d'assurance ? A
celle d'assistance ?
-…..................................... = logique de redistribution qui repose sur un système de cotisations sociales
préalables qui permettent de financer des prestations pour les individus exposés à un risque. Ces prestations sont
contributives.
-…..................................... = logique de redistribution selon laquelle l’État, par l'intermédiaire des impôts
prélevés, fournit des allocations sociales, soumises ou non à condition de ressources. Ces prestations sont non
contributives et visent à réduire la pauvreté (logique de solidarité).
Question 3 : Reliez chaque exemple à sa logique. Les exemples développés dans ce tableau existent-ils
dans le système de protection sociale français ? Que faut-il en conclure ?
Exemples Logiques
Système de retraite français (par répartition).
La retraite par répartition désigne un système, où les cotisations versées aujourd’hui à
partir du salaire des travailleurs financent les pensions versées aujourd’hui aux retraités.
Cela crée de la solidarité entre les générations.
Revenu de solidarité active (RSA) Assurance
Il est destiné à assurer un revenu minimum aux personnes sans ressources ou ayant des
revenus limités. Ce niveau minimum de revenu varie selon la composition du foyer. Le
RSA est ouvert, sous certaines conditions, aux personnes d'au moins 25 ans et aux jeunes
actifs de 18 à 24 ans s'ils sont parents isolés ou justifient d’une certaine durée d’activité
professionnelle. Il est financé par l’impôt.
Minimum vieillesse
Une fois à la retraite, tous les salariés perçoivent une pension calculée en fonction des
cotisations qu’ils ont versées au cours de leur carrière professionnelle. Toutefois, pour
ceux qui n’ont pas beaucoup cotisé ou qui touchent une petite retraite, le système de
retraite français met en place des mécanismes qui permettent à chacun de disposer d’un
revenu minimum. Ce n'est pas vraiment une allocation au sens strict du terme, puisqu'elle
comporte des contreparties (une partie des sommes versées peut-être reprise par l’État sur
un éventuel héritage). Il est financé par le CSG (contribution sociale généralisé, c'est un Assistance
impôt qui remplace, peu à peu, certaines cotisations sociales).
Allocation chômage
L'allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE) est un revenu de remplacement versé par
Pôle emploi, sous certaines conditions, aux personnes inscrites comme demandeurs
d'emploi et involontairement privés d'emploi. Le montant de cette aide varie d’un individu
à un autre en fonction de nombreux facteurs tels que l’âge ou l’ancien revenu. Elle est
financé par des cotisations sociales.
Allocation adulte handicapé (AAH) Protection
C'est une aide financière qui vous permet d'avoir un minimum de ressources. Cette aide universelle
est attribuée sous réserve de respecter des critères d’incapacité, d'âge, de résidence et de
ressources. Elle est accordée sur décision de la commission des droits et de l'autonomie
des personnes handicapées (CDAPH). Son montant vient compléter vos éventuelles autres
ressources. Elle est financée par les cotisations sociales.
Remboursement de frais de santé
Financé par les cotisations sociales et les cotisations versées aux mutuelles de santé.
Allocation familiale
Les allocations familiales sont versées aux personnes ayant au moins 2 enfants de moins
de 20 ans à charge. Le montant des prestations dépend des ressources, du nombre
d'enfants à charge et de leur âge. Les allocations sont versées tous les mois. Elles sont

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financées par l'impôt.

Question 4 : Quelle logique correspond à de la redistribution verticale ? Horizontale ? Justifiez.

2-L’organisation générale de la protection sociale en France


Le système de protection sociale français est, à l'origine en 1945, principalement basé sur une logique
d'assurance mais il intègre progressivement des dispositifs d'assistance.
Document : Dessine moi l'économie « La protection sociale »
Question 1 : Qu'est-ce que la protection sociale ?
Question 2 : Quels sont les deux types de mécanismes de la protection sociale ?
Question 3 : Quelles sont les 3 logiques que le système de protection sociale français mélange ?
Question 4 : Quels sont les différents organismes assurant la protection sociale ? Par quel organisme
est remplacé l'UNEDIC aujourd'hui ?
Question 5 : Comment est financée la protection sociale ?
Question 6 : A l'aide des informations de la vidéo et de vos réponses aux questions, complétez le
schéma suivant.
Pour mieux comprendre le schéma :
-URSSAF = Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales
(organismes privés qui ont pour mission la collecte des cotisations salariales et patronales destinées à
financer le régime général de la Sécurité sociale, ainsi que d'autres organismes ou institutions).
-CAF = Caisse d’allocations familiales (est un représentant local de la Caisse nationale des allocations
familiales -Cnaf- et qui est chargé de verser aux particuliers des aides financières à caractère familial ou
social)
-PUMA = protection universelle maladie (anciennement la CMU), elle est une prestation sociale française
permettant l'accès au soin, le remboursement des soins, prestations et médicaments à toute personne
résidant en France et qui n’est pas déjà couverte par un autre régime obligatoire d’assurance maladie.

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Question 7 : Quelle différence faites-vous entre la sécurité sociale et la protection sociale ?
En France, la Protection Sociale, d'abord assurantielle, est de plus en plus financée par l'impôt (CSG
notamment). En raison de la persistance de la pauvreté et de l'exclusion, la part des prestations d'assistance
augmente, tout en restant faible. Autrement dit, le système français repose avant tout sur la logique
d'assurance mais il intègre progressivement des dispositifs d'assistance, comme les minimas sociaux (RSA,
minimum vieillesse …). Autre exemple : alors que les allocations familiales étaient versées uniformément à
tous, elles sont depuis 2015 modulés selon les revenus, dans une logique qui rapproche de celle de
l'assistance. Inversement, l'assurance maladie est devenue progressivement universelle et financée, en plus
des cotisations, par des impôts (la CSG).

C-...Mais ils peuvent aussi réduire les inégalités en utilisant le budget de l’État (et
des collectivités locales) ...
Pour diminuer les inégalités économiques et sociales, l’État et les collectivités locales peuvent aussi
utiliser 2 outils :
-la fiscalité (règles définissant les modalités des prélèvements fiscaux cad des impôts) et la parafiscalité
(ensemble des taxes et cotisations sociales affectées au financement de dépenses spécifiques engagées par
l’État) ;
-les services publics (activité d'intérêt général, assurée même lorsqu'elle n'est pas rentable sous le contrôle des
pouvoirs publics) et les services collectifs (services d'intérêts général fournis simultanément à tous les
membres d'une collectivité).
1-L'outil de la fiscalité
Prélèvements obligatoires = ensemble des impôts, taxes et cotisations sociales versés par les agents
économiques aux administrations publiques
Document : Présentation générale des prélèvements obligatoires
1-Que sont les prélèvements obligatoires ?
Définitions des termes du schéma :
-taxe = versement obligatoire des agents économiques à l’État, préalablement affecté au financement des dépenses spécifiques
engagées par les pouvoirs publiques)
-cotisation sociale = versement obligatoire des agents économiques aux APU de sécurité sociale, affecté au financement de la
protection sociale
-impôt proportionnel = impôt dont le montant est fixé en appliquant le même taux d'imposition à tous les contribuables (ex : CSG
et TVA)
-impôt forfaitaire = impôt dont le montant est le même pour tous les contribuables
-impôt progressif = impôt dont le montant est fixé par l'implication d'un taux d'imposition de plus en plus élevé quand la valeur
imposable augmente (exemples : impôt sur le revenu)
-impôt régressif = impôt dont le montant est fixé par l'implication d'un taux d'imposition de plus en plus faible quand la valeur
imposable augmente
-impôts directs = impôts appliqués à un contribuable qui le verse directement à l’État
-impôts indirects = impôt payés par des agents économiques à d'autres agents qui le reversent à l’État

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2-Le calcul des impôts
Un impôt se caractérise par 3 principes : l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement.
Assiette Taux
= base sur = le Modalités de recouvrement
= qui verse l'impôt au Trésor public et selon quels
laquelle est pourcentage principes ?
calculé l'impôt prélevé
La TVA est payée par le consommateur mais
collectée par les entreprises. Celles-ci la
EXEMPLE 1 = la TVA Le prix HT 20,00%
reverse au Trésor Public. C’est un impôt
indirect.
Les revenus Le barème est Il est prélevé à la source (directement sur les
EXEMPLE 2 = l'impôt
déclarés par les fixé par salaires pour les salariés par exemple). C'est
sur le revenu
ménages tranches donc un impôt direct et progressif.

Document : comment la fiscalité diminue-t-elle les inégalités économiques ?


1-Les 3 types d'impôts les plus importants
Traditionnellement, on considère que l’impôt présente trois fonctions :
1-Financement de l’action de l’État (organisation des services publics comme les écoles, l’hôpital public,
dépenses courantes …) ;
2-Réduction des écarts de revenus entre les ménages (donc réduction des inégalités économiques et
sociales) ;
3-Modification des comportements économiques (l'impôt peut inciter certains agents économiques à adopter
un comportement positif ou désinciter à avoir des comportements jugés négatifs ; par exemple, en taxant les
paquets de cigarettes, l’État cherche à désinciter les individus à fumer ; en taxant le carburant, les français
sont incités à moins utiliser leurs voitures … même si cela reste très inégalitaire pour tout le monde!)

Question 1 : Que sous-entend la 2em fonction concernant la participation au financement des activités

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de l’État par les français ?

Question 2 : Pourquoi l'impôt progressif est-il plus favorable à la réduction des inégalités que l'impôt
proportionnel ou forfaitaire ?
Question 3 : L'impôt réduit les inégalités en diminuant les revenus des individus (ce qui réduit les
écarts entre les plus riches et les moins riches). A quels autres mécanismes est-il associé pour
parachever sa mission de réduction des inégalités ?
Question 4 : Sachant que la TVA représente 50% des recettes publiques et l'impôt sur le revenu près
de 25%, peut-on dire que le système fiscal français est très redistributif ?

Question 5 : Néanmoins, si l'on prend en compte les effets combinés de l’impôt et de la redistribution,
peut-on dire que le système français est inefficace ? Justifiez.

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2-Un exemple concret : les droits de succession
Les droits de succession sont des impôts prélevés sur la transmission d'un patrimoine d'une personne à une
autre, notamment au moment de l’héritage.
Généralement, la plupart des gens sont hostiles à la taxation de l'héritage : ils ne voient pas au nom de quoi il
faudrait payer des impôts pour transmettre sa maison à ses enfants. C’est souvent le fruit du travail de toute
une vie, pourquoi taxer cela ? On peut, dans un cours sur la justice sociale, tenter de voir les choses
autrement. L’ambition des droits de succession est très simple. Essayons de nous replacer dans la logique
d'une justice méritocratique : on suppose que 3 individus font une course. Le 3em (« C ») part avec de
l'avance car il a un avantage sur les autres (dans la vraie vie, il a hérité d'un patrimoine).

Est-ce juste que C parte avec plusieurs longueurs d’avance parce qu’il bénéficierait d’un héritage important,
lié UNIQUEMENT à la naissance ? Les droits de succession en pointillés permettent de remettre en quelque
sorte les compteurs à zéro entre les générations, c’est-à-dire d’éliminer l’effet de l’héritage économique et
donc de promouvoir l’égalité des chances (ou des conditions de départ) pour laisser fonctionner le jeu du
mérite individuel. Les vrais libéraux devraient donc normalement être pour les droits de succession car,
encore une fois, ils permettent de faire jouer de façon plus juste le jeu du mérite INDIVIDUEL.

2-L'outil des services publics/collectifs


Dans cette partie, par soucis de simplicité, on considérera les termes « services publiques » et
« services collectifs » comme synonymes.
Document : Comment les services publiques réduisent-ils les inégalités ?
1-Services publiques et inégalités économiques
Les services publics sont des activités considérées comme étant d’intérêt général et produits par les
pouvoirs publics ou sous leur contrôle et financés par les impôts : l’éducation, la santé, la justice notamment.
Dans le cadre de ce chapitre, il faut se demander pourquoi les services collectifs produits par les pouvoirs
publics sont sources d’égalité.
Pour commencer, les services publics, c’est le plus évident, sont sources d’égalité des chances, car
tous les individus ont accès à des ressources gratuitement ou quasi-gratuitement. Par exemple, l’école qui est
au centre du jeu méritocratique est certes obligatoire mais surtout gratuite. La contrainte économique n’est
ainsi pas un obstacle pour la scolarité jusqu’au bac car tout le monde peut accéder gratuitement à la scolarité.
Mais les services collectifs réduisent aussi les inégalités de situation, des places. Cela semble a priori
étonnant car ils sont gratuits ! Raisonnons un peu : une année au lycée coûte à la collectivité environ 11 200
€. La totalité de la scolarité pour un élève de la maternelle jusqu’au bac coûte plus de 120 000 €. Or,
l’essentiel de ces sommes est dépensé par les administrations publiques et donc financé par l’impôt. Ces
sommes non dépensées par les ménages (par exemple plus de 1 000 € par mois pour une année au lycée)
augmentent leur revenu. Les services publics réduisent donc les écarts de situation car ils correspondent à
des sommes que les ménages (notamment les plus modestes) n’ont pas à dépenser, et la valeur de ces
services collectifs gratuits représente une part plus importante pour les revenus faibles.
Question 1 : Pourquoi peut-on dire que les services publiques réduisent, indirectement, les inégalités
de revenus ?

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Question 2 : Menez un raisonnement similaire avec les exemples suivants : le remboursement d'une
consultation chez le médecin et le retour de votre voiture volée (retrouvée par la police).

2-Services publiques et inégalités sociales

Question 3 : Quelle est la corrélation mise en avant par le graphique ?


Plus les ménages ont des dépenses de santé à réaliser (des dépenses non prise en charge
collectivement), plus les écarts d’espérance de vie entre eux augmente.
Question 4 : Selon le texte, cette corrélation est-elle une causalité ? Que peut-on en conclure sur les
services publiques et les inégalités sociales ?

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Les services publics réduisent aussi les inégalités sociales autre exemple : l’éducation nationale permet
à tous les élèves de se former gratuitement et d’accéder aux diplômes alors que sans celles-ci, le
système privé exclurait une grande partie de la population.

D-...Ou encore en luttant contre les discriminations


1-Le défenseur des droits
Le Défenseur des droits est une autorité constitutionnelle indépendante chargée de veiller au respect
des libertés et des droits des citoyens par les administrations et organismes publics. Il intervient notamment
dans les relations avec l’administration, les discriminations, la protection de l’intérêt de l’enfant, la
déontologie des forces de police et, depuis 2016, la protection des lanceurs d'alerte.
Le Défenseur des droits est nommé pour six ans par le président de la République après audition
parlementaire. La fonction est occupée depuis juillet 2020 par Claire Hédon qui a succédé à Jacques Toubon.
Le Défenseur des droits est assisté de trois adjoints. Trois collèges, composés de personnalités qualifiées
et organisés par domaine de compétence (déontologie de la sécurité, défense et promotion des droits de
l'enfant, lutte contre les discriminations et promotion de l'égalité) se réunissent régulièrement. L'institution
comprend aussi près de 500 délégués bénévoles (des juristes) répartis sur l'ensemble du territoire. Les
délégués accueillent les usagers de l'administration, les informent sur leurs droits et les orientent dans leurs
démarches.
(source : https://www.vie-publique.fr )
Document : vidéo « Une défenseure des droits, c'est quoi ? » - 28 Minutes – ARTE (2020)
A retenir :
-c'est une institution indépendante mais dont le président/la présidente est nommé par le chef de l’État
-il aide les personnes présentes sur le territoire français dans leurs relations avec l’administration, les
discriminations, la protection de l’intérêt de l’enfant, la déontologie des forces de police et, depuis 2016, la
protection des lanceurs d'alerte
-il est gratuit et permet de rétablir une forme d'équité
-il n'a pas de pouvoir de contrainte

2-Quelques mesures pour soutenir l’équité et promouvoir l’égalité des chances


Afin de promouvoir l’égalité des chances, il faut lutter contre les handicaps dont souffre une partie de
la population. Ce sont les politiques de discrimination positive (= action visant à corriger une inégalité des
chances en accordant un traitement particulièrement favorable à une catégorie considérée comme
défavorisée).
Quelques exemples :
-les Réseaux d’Éducation prioritaire (REP) (ils donnent plus de moyens aux établissements situés dans des
zones à chômage élevé et rencontrant des problèmes sociaux, ainsi, les élèves de ces zones « reçoivent » plus
que les autres afin de combler leur retard) ;
-les Conventions éducation prioritaire de Sciences Po Paris destinées aux lycéens de ZEP et REP (diversifier
le recrutement social des étudiants) ;
-la loi sur la parité hommes-femmes en politique (par exemple, sur les scrutins de liste, doivent figurer autant
de femmes que d’hommes) ;
-les entreprises de plus de 20 salariés sont obligées d’avoir un quota de 6% de personnes en situation de
handicap.

Ces politiques de discrimination positives posent 2 problèmes :


-un problème de légitimité (il peu y avoir une suspicion sur les qualités de celui qui bénéficie de la mesure) ;
-un problème juridique fondamental pour notre République (elle contredit l’égalité des droits puisque les
populations sont traitées différemment).
IV-Pourquoi l’action des pouvoirs publics, en termes de justice sociale, est-elle
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remise en question ?
Pour certains chercheurs comme Pierre Rosanvallon (historien et sociologue français ; contemporain),
l’État providence est remis en cause aujourd'hui. En effet, dans son ouvrage La Crise de l'État providence
(1981), il explique que celui-ci serait inefficace (cf partie A), trop coûteux (cf partie B), et aurait perdu de sa
légitimité (cf partie C). Évidemment, il s'agit d'un point de vu (partagé avec des économistes libéraux entre
autres) et le contexte actuel permet peut-être de concevoir autrement les choses…
A-L’intervention des pouvoirs publics serait inefficace économiquement et
socialement ...
1-L’intervention publique serait source de désincitations au travail (inefficacité
économique)
Document : L'intervention publique incite-t-elle les individus aidés à « profiter du système » ?
1-Assistanat, trappe à pauvreté et trappe à chômage

« Assisté » est devenu un terme péjoratif qui stigmatise ceux qui perçoivent les aides sociales
notamment le RSA. Il y a stigmatisation pour 2 raisons :
-les bénéficiaires de ces aides ne contribueraient pas à la richesse nationale et au financement de la
protection sociale (ils sont assimilés, pour une grande partie d'entre eux, à des paresseux, des profiteurs
pendant que d’autres travailleraient pour eux) ;
-certains pensent ou ont l’impression d’avoir des revenus comparables à ceux touchant des aides alors qu’ils
travaillent (« nous, on a droit à rien »).
Pour expliquer ces comportements, les économistes mobilisent deux concepts très proches : la trappe à
inactivité et la trappe à pauvreté.
1-La trappe à inactivité/chômage (« unemployment trap ») : situation dans laquelle les chômeurs n'ont pas
d'intérêts à (re)travailler dans la mesure où ils considèrent que le gain de revenu occasionné par la reprise
d'un emploi sera insuffisant en comparaison des aides sociales. Autrement dit, selon les économistes
libéraux, les bénéficiaires des aides sociales ne sont pas incités à travailler car ils le revenu qu'ils gagneraient
serait similaire aux aides. De plus, ils perdraient ses aides car elles sont souvent dépendantes des revenus
(RSA, PUMA, crèches et cantines gratuites, le transport, des aides aux logements…).
2-La trappe à pauvreté (« poverty trap ») : situation dans laquelle des personnes pauvres n'ont pas d'intérêt à
rechercher du travail ou à travailler plus dans la mesure où elles profitent d'aides diverses. Autrement dit,
pour ceux qui ont des salaires très faibles, il n’y a pas d’incitation à travailler davantage pour les mêmes
raisons.
Donc pour une partie de la société et pour les économistes libéraux, certaines prestations sociales ont l'effet
pervers de désinciter au travail.
Question 1 : Selon la vision des économistes libéraux, pourquoi les aides sociales posent-elles
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problèmes ?
Question 2 : Si tout le monde appliquait ces raisonnements, quels seraient les risques pour notre
société ? Pourtant, est-ce le cas ?
2-Des arguments face aux idées reçues
En fin de Terminale, vous disposez de références et de connaissances pour contester ce
raisonnement.
Une première critique que l'on peut opposer est le fait que les individus ne travaillent pas que pour de
l’argent (cf chapitre de sociologie sur les mutations de l'emploi -le travail est intégrateur-). Ainsi, les
sociologues ont beaucoup de peine à observer dans la réalité des individus qui renonceraient massivement au
travail par fainéantise et par calcul (il y en a, mais ils sont peu nombreux).
Une deuxième critique est le fait que beaucoup d'individus ne demandent pas des aides sociales alors
qu'ils y ont droit. On appelle cela le « non-recours ».
Le non-recours concerne les prestations sociales versées ou attribuées par différents organismes, comme la
CAF, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie ou Pôle Emploi. Ainsi, il est caractérisé lorsqu’une personne,
en tout état de cause éligible à une prestation sociale, ne la perçoit pas. Le phénomène concerne à la fois les
aides financières, comme les allocations et les aides non financières dans le cadre par exemple de service à
la personne. […] Avant toute chose, sachez qu’il n’existe aujourd’hui aucun outil capable de mesurer avec
précision le phénomène. Toutefois, de  nombreuses études permettent de l’évaluer à prés de 40%.
Le non-recours possède un caractère multifactoriel et demeure difficile à évaluer, car le nombre de
personnes éligibles aux différentes aides est aujourd’hui une inconnue. […] Ces premiers chiffres émanent
des constatations […] du RAPPORT D’INFORMATION sur l’évaluation des politiques publiques en
faveur de l’accès aux droits sociaux du 26 octobre 2016. Les taux de non-recours sont estimés sur 3 aides
qui figurent parmi les plus notoires pour la population. […] Le Revenu de Solidarité Active […] 36% de
non-recours […] ; l’Aide Complémentaire à la Santé* entre 57 et 70%  de non-recours ; […] la
Couverture Maladie Universelle Complémentaire entre 21 et 34% de non-recours**
*L’ACS est une aide pour souscrire à une mutuelle à prix réduit, accessible aux personnes possédant de
faibles ressources.
**: La CMU-C est une mutuelle totalement gratuite réservée aux plus démunis afin de garantir l’accès aux
soins.
Source : https://www.aide-sociale.fr
Ces fort taux de non-recours remettent en question le poids de l'assistanat sur le budget de l’État (dénoncé
par les économistes libéraux).
Un troisième argument consiste à comparer la fraude aux prestations sociales à la fraude fiscale (la
première pèse sur les dépenses de l’État, la seconde sur ses recettes). En 2019, la fraude aux prestations
sociales est estimé par la cours des comptes à environ 2,3 milliards d'euros alors que la fraude fiscale était
estimée en 2020 à 80-100 milliards d'euros. Autrement dit la fraude fiscale est, a priori, en prenant le haut
de la fourchette, 50 fois plus importante que la fraude aux prestations sociales et pèse donc plus dans le
budget de l’État.
Question 3 : Pourquoi peut-on affirmer que les concepts de trappe à pauvreté et trappe à chômage
relèvent, dans le cas français, d'idées reçues ?

2-Les prélèvements obligatoires seraient sources d'effets pervers (inefficacité


économique)
Document : Pourquoi l'impôt entraînerait-il des effets pervers sur l'économie ?
1-Le problème du consentement à l'impôt
Pour les économistes libéraux, l'impôt, s'il est trop élevé, entraînerait un problème de consentement
(autrement dit, on ne veut plus le payer). Pour expliquer cela, ils s'appuient sur la courbe de Laffer, inventée
par Arthur Laffer (économiste américain, contemporain).
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Explications de la courbe :
« Trop d'impôt tue l'impôt » selon la
formule de l'économiste. Laffer veut dire par
là qu'un taux d'imposition trop élevé a des
effets négatifs sur le consentement à
l'impôt et donc sur l'activité économique. En
effet, passé un seuil critique (T*), l'activité
économique baisse et les recettes fiscales qui
vont avec. Pourquoi ? Au début, le taux
d'imposition augmente et les recettes fiscales
aussi. Mais à partir de T*, les agents économiques (ménages et entreprises) sont désincités à travailler. Les
ménages estiment que leurs salaires diminuent trop à cause des impôts et préfèrent travailler moins plutôt
que gagner plus et être imposés plus. Les entreprises sont incitées à produire moins car à partir de T*, leurs
coûts de production augmentent et leurs profits diminuent. Elles pourraient augmenter leurs prix pour
compenser cela mais le risque est de trop diminuer la demande … Il faut mieux baisser la production. Au
final, les individus travaillent moins, les entreprises produisent moins pour payer moins d'impôts et, de ce
fait, les recettes fiscales diminuent. Conclusion, l’État doit trouver un taux d'imposition inférieur à T* qui
doit permettre de maximiser les recettes fiscales, le niveau de travail et la production. Certains
économistes pensent donc que ce T* a été dépassé, et qu’il faut donc réduire la pression fiscale sur les
ménages et les entreprises.
Dans la continuité du précédent argument, les économistes libéraux comme certains hommes
politiques (de droite généralement) pensent qu'il ne faut pas surtaxer les plus hauts revenus pour qu’ils aient
davantage envie d’entreprendre, d’investir dans des entreprises, de créer des entreprises. Cela rejoint la
théorie du « trickle down effect » ou du ruissellement : il faut permettre aux riches de s’enrichir car tôt ou
tard cela profite à tous sous forme d’activité et d’emplois. Dit autrement, les inégalités économiques et le
marché sont sources d’efficacité économique et sociale grâce aux incitations à travailler, développer de
l’activité, innover… (on rejoint ici la vision de la justice sociale du libertarisme).
Enfin, un dernier argument serait que l’impôt provoque un manque de consentement car il est injuste :
les pouvoirs publics ne doivent pas systématiquement rechercher l’égalité des situations (par le financement
de la protection sociale) car s’il y a égalité des chances, il devient injuste de réduire des inégalités justes
(celles que le marché et la responsabilité individuelle engendrent) car elles sont le fruit du mérite individuel
uniquement. Pourquoi devrais-je payer beaucoup d’impôt alors que je ne dois qu’à mes efforts personnels
ma situation ?
Question 1 : Résumez, en 3 phrases, les 3 arguments théoriques s'opposant à une imposition trop
forte.
Question 2 : Au-delà des notions de marché et de responsabilité individuelle, sur quoi se base ces
théories ? Peut-on vraiment formuler des politiques fiscales en se basant sur cela ? Quel est le risque
(décrivez ce risque à l'aide d'une notion économique vu en première).

2-L'impôt pénaliserait l'activité économique


Les économistes libéraux reprochent aussi 3 autres effets négatifs aux impôts :
-ils pénaliseraient l’emploi car ils en augmentent le coût (les cotisations sociales notamment). De ce fait, les
entreprises seraient réticentes à embaucher plus car cela augmenterait leurs coûts de production et baisserait
leurs profits. Donc baisser les impôts doit permettre de d’augmenter l’emploi et de diminuer le chômage ;
-ils pénaliseraient la compétitivité des entreprises car ils augmentent les coûts de production de celles-ci
(taxe, impôts sur la production, cotisations sociales …). De ce fait, les entreprises sont obligées de proposer
des prix élevés à leurs clients. Elles perdent donc en compétitivité prix. De plus, certains impôts pèsent sur
les bénéfices qui, de ce fait, sont moins importants et limitent la capacité des entreprises à investir sur leurs
propres fonds. Elles perdent donc en compétitivité hors-prix. Baisser les impôts devrait donc permettre de
aux entreprises de gagner en compétitivité prix et hors-prix ;

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-ils pénaliseraient l’attractivité des territoires car les entreprises cherchent à s’installer dans des zones où
l’imposition est faible (pour des raisons de coût et de compétitivité).

3-L'intervention publique serait inefficace pour diminuer les inégalités (inefficacité


sociale)

Document : L'intervention publique échoue-t-elle à réduire les inégalités ?

Question : Après avoir parcouru les différents documents, complétez le texte à trous suivant.
L'action de l’État en matière de lutte contre les inégalités peut s'avérer inefficace en raison de
différents phénomènes comme la mondialisation ou bien encore l’apparition de crises économiques. Ces
phénomènes, sur lesquels l’État semble avoir peu de prise, créent de la pauvreté et de la précarité, rendant
alors le combat contre les inégalités plus difficile : certaines inégalités perdurent et d’autres augmentent.
Ainsi, on constatera qu'en France, le taux de pauvreté ne diminue plus, voire augmente, depuis une
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vingtaine d'années. En effet, au seuil de …..% du revenu médian, environ …..% des français étaient
considérés comme pauvre en 1980, contre …..% en 2017. De plus, certaines inégalités restent inchangées
car elles sont fortement liées au territoire. Par exemple, les inégalités d'accès au soin. Ainsi, on constate que
le temps de trajet médian pour accéder à des soins n'est pas le même d'un département à un autre : dans la
plupart des départements, il est de ….. à ….. minutes mais pour ….. départements, il dépasse les …..
minutes. Peu de départements ont un temps médian inférieur à 20 minutes. Enfin, de nouvelles inégalités
apparaissent comme celles liées au numérique par exemple. Ainsi, l'inégalité d'accès au numérique (environ
….. millions de personnes sont « éloignées » du numériques selon l'AFP en 2019) entraîne des inégalités de
droits entre individus. Comment faire valoir ces droits, assurer certaines démarches administratives si vous
n'avez pas accès à internet ou si vous êtes étrangers aux technologies du numérique ? Ces inégalités sont
aussi marquées selon la PCS des individus : ainsi les retraités (…..% des plus de 70 ans ont un accès
internet) et les non-diplômés (…..%) sont moins connectés que le reste de la population (…..%).
Faut-il en conclure que le combat des pouvoirs publics contre les inégalités est vain ? Absolument pas.
En effet, il faut déjà rappeler que la protection sociale et les actions de l’Etat fournissent un certain nombre
de résultats positifs en matière d’inégalités (baisse des inégalités de revenus, hausse des écarts d’espérance
de vie entre PCS, mobilité sociale ascendante d’une partie des enfants des classes populaires …). De plus,
certaines inégalités sont dues à de phénomènes sur lesquels la protection sociale et l’Etat n’ont pas de prise
directe. Par exemple, la mondialisation peut entraîner une hausse du chômage mais comment des
mécanismes de protection sociale peuvent-ils empêcher cela ? Deux solutions sont possibles : mieux aider
les nouveaux chômeurs où mener des actions politiques fortes pour forcer les entreprises à rester. Enfin, le
manque d’efficacité des mesures de l’Etat peut être la conséquence de choix internes à celui-ci. Par exemple,
comment s’étonner de voir la sécurité sociale déficitaire alors que plusieurs décisions politiques ont consisté
à réduire ses recettes ces dernières années (cf sous-partie suivante) ?
En conclusion, notre système de protection sociale n’est pas inefficace mais simplement imparfait : il est
toujours possible de l’améliorer … à condition qu’on lui en donne les moyens.

B-...D'autant plus que des contraintes économiques pèsent sur le budget de


l’État ...
1-Le budget de l’État est encadré
Pour cette partie rdv dans le chapitre 3 d'économie sur l'UE (rappels : PSC → dette publique < 60% PIB +
déficit public < 3% …etc ).
Les dépenses de protections sociales posent la question du déficit public et de la dette publique car une partie
des recettes de l’État (impôts) finance le système et ne sert donc pas à renflouer le déficit public et la dette
publique. Une raison supplémentaire pour certains économistes de diminuer les dépenses de protection
sociale.

2-L'inflexion de l'action de l’État en termes de protection sociale


Du fait de la contrainte budgétaire pesant sur lui, l’État baisse en permanence, depuis des décennies,
les dépenses de la protection sociale. Quelques exemples marquants de ces dernières années.
Document : Exemples de baisses de dépenses de protection sociales et conséquences
EXEMPLE 1-Le « trou de la Sécu »
(doc 2 p 302 hatier 2020)
Question 1 : Quels sont les facteurs ayant
provoqué le retour du « trou de la Sécu » ?
Parmi ces facteurs, indiquez ceux qui sont
des choix politiques.

Question 2 : Expliquez la phrase soulignée.


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Quelles peuvent être les conséquences pour
la population ?

Exemple 2 – La fermeture de lits


d’hôpitaux
(vidéo provenant du média RT France ; 2020)
Question 3 : En prenant en compte le nombre
de lits créés et fermés en 2020 (sans faire la différence de leur nature), combien de lits ont été
supprimé au total ?
Question 4 : Au delà du fait que ce chiffre soit élevé, pourquoi peut-il faire scandale ?
Question 5 : Ces suppressions de lits sont-elles dues uniquement au gouvernement Macron ?
Question 6 : Au delà des suppressions de lits, quelle est l'autre conséquence de cette politique
d'économies sur la santé ?
Question 7 : Par quel type de lits sont remplacés ceux supprimés en hôpital ?
Question 8 : Ces places créées compensent-elles celles détruites ? Pourquoi cela peut-il être intéressant
pour l’État de créer des places à domicile ?
Question 9 : Quel est l'autre problème de l’hôpital public ? Comment pourrait-on le résoudre ?
Question 10 : Quelles inégalités cette politique risque-t-elle d'augmenter ?

EXEMPLE 3 – La réforme des retraites de 2019

Question 11 : Quels sont les reproches que Frédéric Lordon fait à la réforme des retraites ?
Question 12 : Selon l'économiste, quelle est la stratégie utilisée souvent par l’État pour diminuer les
dépenses publiques (et donc de protection sociale) ?
A retenir :
-La diminution des services publics peut diminuer le bien-être de la population, réduire l’égalité des chances
et augmenter les inégalités de situations.
-De plus, le recul des services publics (écoles, maternité, tribunaux…) dans les territoires est une grande
source de déstabilisation du corps social (cf crise des Gilets jaunes)

C-...Et que l’intervention publique souffre d'une crise de légitimité


Aujourd’hui, l’intervention publique souffre d’une crise de légitimité : une partie de la population

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estime que la protection sociale et les interventions de l’État coûtent chères, ne servent à rien, pire, encourage
les personnes aider à profiter du système ! Cette crise de légitimité se traduit surtout par un problème de non-
consentement à l’impôt.
En effet, comme nous l'avons vu avant :
-un taux d’imposition trop fort désincite les ménages à travailler et les entreprises à produire (courbe de
Laffer) ;
-un taux d’imposition trop fort empêche le ruissellement des plus riches vers les plus pauvres de s’accomplir ;
-l’impôt est peut-être perçu comme injuste et nuirait donc à l’égalité des droits.

Document : Un consentement à l'impôt fragile en France ?

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