Vous êtes sur la page 1sur 10

UNIVERSITE DU BURUNDI Le 05/02/2024

CAMPUS MUTANGA A/A 2023-2024

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DES SIENCES GÉOGRAPHIQUES,

DE L'ENVIRONNEMENT ET DE LA POPULATION

NIVEAU : BAC III

OPTION : DÉMOGRAPHIE

TRAVAIL PRATIQUE DE DÉMOGRAPHIE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

Groupe N° : 1

1. ARAKAZA Christian

2. BIKORIMANA Landry

3. CUBAHIRO John Kelly

4. DUKEZUMUREMYI Claudette

Sous le thème : INEGALITES NORD-SUD, VIEILLISSEMENT ET MIGRATIONS INTERNATIONALITES.

Titulaire du cours : KANEZA Pacifique, Master Professionnel en Démographie


Tables des matières

Tables des figures

Document 1. La limite Nord-Sud telle que représentée sur la couverture de l'édition française du
rapport Brandt (1980)
INTRODUCTION GÉNÉRALE

En géographie du développement et en géopolitique, l'usage des mots « Nord » et « Sud », avec des
majuscules et aujourd’hui souvent au pluriel, est une façon de classer les États du Monde en deux
groupes déterminés en fonction des critères de développement. L’étude des inégalités de
développement à l’échelle mondiale a fait émerger, suite à un rapport sur le développement de Willy
Brandt (1980), une « limite nord-sud » (on lisait aussi souvent une « fracture nord-sud ») (Cap de puy,
2024). Alors que la guerre froide divisait politiquement le monde en deux blocs, l’Est et l’Ouest,
l’ancien chancelier allemand alertait sur des écarts de développement entre un « Nord » et un « Sud
». Le « Nord » désignait alors les pays développés et le « Sud » supplantait les termes antérieurs
comme « Tiers-Monde » ou « pays sous-développés ». « C’est un terme de substitution, apparu pour
en remplacer d’autres devenus obsolètes » (Bret, 2012).

Les « inégalités Nord-Sud » désignent la disparité sociale entre les régions riches et les régions
pauvres du globe. La notion de « Sud global » a été introduite dans les débats de politique du
développement à la fin des années 1980, probablement par la Banque mondiale. Les pays du Sud
global se distinguent des pays du Nord, parmi lesquels la Suisse, par un faible PIB par habitant, un bas
niveau d’industrialisation, une dette élevée, un niveau de formation médiocre, une faible espérance
de vie, de fortes inégalités socioéconomiques, une pauvreté importante, peu de démocratie et un
passé colonial.

Dans le premier chapitre, nous nous baserons sur les inégalités nord-sud ainsi que ces facteurs. Il
s’agira d’abord de délimiter le contexte d’inégalités entre les pays du Nord et les pays du sud sur
base des différents indicateurs de développement.

Dans le deuxième chapitre, nous mettrons l’accent sur le phénomène de vieillissement dans les pays
du Nord et nous essayerons de voir les causes ainsi que ces conséquences sur le dynamique de la
population sur les pays riches. Enfin dans le dernier chapitre portera sur les migrations
internationales selon les différentes cotes notamment au côté du pays d’accueil et au côté du pays
d’origine. On pourra déterminer les causes ainsi que les conséquences de ces migrations de la part et
de l’autre des pays riches ou pauvres.
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET FACTEURS DES INEGALITES NORD-SUD
I. La limite Nord-Sud
La théorie de la polarité du Nord global versus le Sud est moins connotée normativement que
la typologie de la « théorie de la modernisation » qui différencie entre pays développés et
pays en développement, la « théorie des systèmes mondiaux », qui différencie entre centre,
périphérie et semi-périphérie, et la répartition, obsolète depuis la chute du communisme
soviétique, entre premier, deuxième et tiers monde. Cependant, la polarité Nord-Sud est elle
aussi controversée, car elle occulterait le fait que le Nord compte aussi des régions pauvres (p.
ex. la Moldavie) et le Sud, des régions riches (p. ex. l’Australie).

Document 1. La limite Nord-Sud telle que représentée sur la couverture de l'édition française
du rapport Brandt (1980)
II. Les facteurs des inégalités Nord-Sud
L’écart entre le Nord et le Sud résulte d’une multiplicité de facteurs endogènes et exogènes
qui influencent le développement d’un pays. À l’intérieur d’un pays, ce sont les facteurs
politiques, institutionnels et culturels, la formation, mais aussi les facteurs économiques
comme la disponibilité de matières premières et les inégalités socioéconomiques.
Parmi les facteurs freinant le développement qui ont leur source hors du pays, mentionnons le
colonialisme, l’asymétrie des relations commerciales et la fuite de capitaux. Concernant la
mondialisation, les avis divergent. Alors que des économistes libéraux mettent en exergue les
avantages de l’ouverture des marchés, ses détracteurs dénoncent le fait que ce sont avant tout
les grandes entreprises du Nord et les élites politiques du Sud qui profitent du commerce
Nord-Sud.

III. Les différents indicateurs pour mesurer la pauvreté, la richesse et les inégalités

Toutefois, un grand nombre d’indicateurs sont disponibles pour aborder le développement


économique et humain, au premier rang desquels l’indicateur de développement humain
(IDH) est le plus courant et sans doute le plus abouti.

Pour évaluer la pauvreté, aucun des indicateurs habituels (comme le taux de pauvreté à
1,90 $) n’était utilisable en raison de données manquantes ou trop anciennes pour un trop
grand nombre de pays. Deux indicateurs ont été choisis : le taux de fécondité des femmes et
la mortalité infantile, parce qu’on les sait très bien corrélés avec la pauvreté : ils sont
d’autant plus élevés qu’un pays est pauvre. La mortalité infantile permet aussi de détecter un
pays riche dont une part de la population accède difficilement au système de prévention et de
soins du fait de sa forte dualité interne, comme les États-Unis (classés 49e, derrière la Serbie et
l’Uruguay et devant Antigua-et-Barbuda et la Chine).

Pour la richesse et les inégalités, le PIB par habitant en dollars constants est l’indicateur le
plus brut que l’on puisse trouver, même s’il reste un construit, d’une élaboration complexe
(Maurin, 1996) dont on sait les nombreuses limites, notamment en matière de développement
(Hugon, 2005). Toujours dans l’idée d’utiliser les indicateurs les moins transformés possibles,
il nous a semblé préférable de comparer les PIB en dollars constants et non courants, et sans
les lisser par la parité de pouvoir d’achat (PPA). Cet indicateur sera ici mobilisé sous sa forme
logarithmique. Cette transformation est nécessaire lorsque l’on travaille sur des valeurs
présentant deux caractéristiques : des ordres de grandeur très différents (si le PIB le plus
faible vaut 100, le plus élevé vaut 175 000) ; une distribution très inégalitaire avec d’un côté
d‘importantes concentrations sur les faibles valeurs, et de l’autre, des fortes valeurs très
dispersées (distribution typique des richesses). Cette transformation logarithmique permet de
corriger ces différenciations majeures pour mieux repérer les différences, y compris dans les
faibles valeurs.

On complète le PIB par habitant par deux autres mesures : d’une part la consommation des
ménages (exprimée en dollars par habitant) permettant de mesurer l’accès effectif de la
population à la richesse du pays, d’autre part la formation brute de capital fixe (toujours en
dollars par habitant) indiquant la capacité réelle du pays à générer des investissements. Dans
la suite du texte, on parlera plus simplement de « consommation » et, pour la formation brute
de capital fixe, d’« investissement ». Nous ne pensons pas que le fait d’acheter trois
téléviseurs ou trois voitures par famille soit nécessairement un indicateur du bien-être général
mais, à l’échelle mondiale, la consommation par habitant reflète malgré tout la capacité de la
population à accéder au moins au nécessaire vital, et notamment à s’alimenter.

Même si ces indicateurs traduisent déjà des formes d’inégalités, ils sous-évaluent encore trop
les inégalités internes aux États. Des propositions existent pour cartographier des
indicateurs à l'échelle mondiale dans une maille infraétatique (Didelon et al., 2017), mais
construire des indicateurs opérationnels à cette maille reste à faire. Nous avons donc choisi
d'ajouter un indicateur composite, construit à partir d’autres données : l’écart entre les revenus
des 10 % des plus riches et ceux des 50 % des plus pauvres (à peu de choses près le principe
du ratio de Palma), extrait d’un rapport mondial sur les inégalités (Chancel, 2021).

Le taux de filles non scolarisées dans l’enseignement secondaire est une donnée qui a été
utilisée au départ, puis abandonnée car manquante pour un trop grand nombre de pays, ce qui
aurait nécessité de supprimer ces pays de l’analyse.

Tous les indicateurs utilisés sont relatifs à la population, car le but n’est pas, ici, d’observer
la puissance économique ou le poids des pays mais bien leur capacité à assurer le bien-être de
la population et la qualité de sa reproduction sociale (santé, prévention, éducation...) : il s’agit
de travailler sur le développement et non sur la puissance ou sur le « poids » de chaque État.

Pour introduire une dimension temporelle, nous avons travaillé à partir de deux dates pour le
PIB par habitant, à vingt ans d’écart : 2000 et 2020. Nous avons ensuite gardé celui de 2020,
et ajouté une donnée à partir de la différence entre ces deux dates, c’est-à-dire le pourcentage
de croissance du PIB par habitant entre 2000 et 2020. Cette donnée favorise statistiquement
les pays ayant un PIB par habitant plus faible en 2000, car il est plus facile d’obtenir de forts
pourcentages d’augmentation sur des valeurs initiales faibles. Ainsi, la Tchéquie, qui avait en
2000 un PIB par habitant d’un tiers plus bas que l’Arabie Saoudite (12 300 $ contre 17 700 $),
a dépassé cette dernière en 2020 (18 966 contre 18 691 $ par habitant). Elle a donc une plus
forte croissance du PIB par habitant sur vingt ans. De même, la formation brute de capital fixe
a été moyennée sur les dix dernières années. Cela permet de comparer des pays en lissant des
investissements massifs, mais ponctuels dans le temps, tels que des grands projets miniers
dans des pays pe

Taux de fécondité, en naissances par femme (2019)


u peuplés.

PIB par habitant en dollars courants, 2020

Le Human Development Report, publié chaque année depuis 1990 par le Programme des
Nations Unies pour le développement, donne une bonne vue d’ensemble des inégalités Nord-
Sud. Cette source de données présente toutefois le désavantage que les indicateurs ne
renseignent pas sur les inégalités à l’intérieur des pays ni sur la qualité du régime politique.
Elle permet néanmoins de détecter si les états nationaux convergent ou divergent par rapport
au développement humain. De facto, les inégalités entre pays riches et pays pauvres ont
diminué ces dernières décennies, surtout en ce qui concerne la formation, la santé, le taux
d’alphabétisation et l’espérance de vie. L’évolution du Human Development Index – qui
indique outre le PIB par habitant, l’espérance de vie et le niveau de formation (nombre moyen
d’années de scolarité des personnes âgées de 25 ans, durée de formation prévisible pour les
enfants) – montre que les pays accusant des valeurs de l’indice faibles à moyennes,
notamment la Corée du Sud, l’Iran, la Chine et le Chili, ont le plus progressé depuis 1990.
Dans le continent africain par contre les progrès sont faibles. Les pays aux valeurs les plus
basses, surtout en Afrique subsaharienne, tendent plutôt à reculer pour ce qui est du revenu et
de la pauvreté. Il s’avère en outre que la plupart des régions présentent certes moins
d’inégalités au niveau de la formation et de la santé, mais aussi plus d’inégalités au niveau du
revenu.

Au moins en lien avec le revenu et la fortune, il existe des analyses qui tiennent compte des
inégalités aussi bien dans les pays qu’entre pays. Selon Milanovic (2016), l’inégalité globale
entre les personnes est plus marquée que la plus haute inégalité mesurée à l’intérieur d’un
pays. Cela s’explique surtout par le fait qu’au niveau mondial il n’existe pas d’instance qui,
comme l’état social national, réduit les inégalités économiques. La propension à l’épargne
étant plus grande parmi les personnes disposant d’un revenu élevé, il est évident que la
concentration globale de la fortune est plus élevée encore que l’inégalité de revenu. Selon des
calculs, le un pour-cent le plus riche de la population mondiale possède plus de 43 % de la
fortune globale. À noter que la Suisse fait partie des pays avec les plus fortes concentrations
de fortunes.

En termes de produit intérieur brut par habitant·e, la Suisse occupe les premiers rangs dans le
système de classement international depuis le début du XXe siècle. Comme, en Suisse,
l’inégalité de revenu est relativement modeste à la différence de la concentration de fortune,
même des gens considérés comme pauvres en Suisse font partie de la classe supérieure à
l’échelle du globe (après correction du pouvoir d’achat). D’après le Human Development
Index, la Suisse fait clairement partie du Nord privilégié. En 2012, elle figurait au 9e rang du
classement (sur 187 pays), en 2014 même au 3e (sur 188 pays), la Norvège occupant la
première place les deux années.
Taux de mortalité infantile pour 1000 naissances vivantes (2020)

CONCLUSION

Même si le Sud réduit son écart par rapport au Nord pour de nombreux indicateurs de
développement, les inégalités entre le Nord et le Sud demeurent extrêmes pour ce qui est du
revenu et surtout de la concentration des fortunes. On comprend alors aisément que les gens
du Sud soient nombreux à vouloir émigrer dans les pays riches du Nord. Pour les pays du Sud,
l’émigration est problématique si elle se limite aux travailleur·euse·s hautement qualifié·e·s
(brain drain). Mais même alors, les pays pauvres peuvent en principe profiter de l’émigration
si les émigré·e·s soutiennent financièrement leurs familles restées au pays (remittances). Pour
la population des pays du Nord, les inégalités économiques ne présentent pas de problème tant
que des emplois ne sont pas délocalisés dans les pays du Sud, que l’on profite de touristes
fortuné·e·s, de migrant·e·s riches et bien formé·e·s, de la fuite de capitaux et, grâce aux bas
salaires payés dans le Sud, de produits d’importation bon marché.

Au cas où la migration du Sud vers le Nord continuerait de croître et ne se limiterait plus aux
travailleur·euse·s hautement qualifié·e·s et ayant une culture similaire à la nôtre, le climat
social en Suisse pourrait se détériorer. Il faudrait alors s’attendre à une attitude de rejet
grandissante à l’égard de migrant·e·s qui seront perçu·e·s non pas comme productif·ve·s,
mais surtout comme concurrent·e·s sur le marché du travail, difficiles à intégrer et
profiteur·e·s du système social. Les premier·ère·s visé·e·s par ces ressentiments de la part de
franges de la population indigène sont les requérant·e·s d’asile peu qualifié·e·s, issu·e·s de
contextes culturels complètement différents, que l’on soupçonne d’avoir quitté leur pays non
pour des raisons politiques mais pour des motifs économiques. Ce que l’on oublie, c’est que
les jeunes migrant·e·s qui exercent une activité lucrative participent eux aussi, avec leurs
contributions de prévoyance, à la gestion des problèmes financiers de la prévoyance vieillesse
dus à la structure d’âge de la population, et que les migrant·e·s, aussi bien légaux·ales que
séjournant illégalement en Suisse (sans papiers), déchargent le coûteux système de care.

Références

Davies, J.B., Sandström, S., Shorrocks, A., Wolff, N. (2011). The level and distribution of
global household wealth. The Economic Journal, 121(551), 223-254.

Milanovic, B. (2016). Global inequality : a new approach for the age of globalization.
Cambridge : The Belknap Press of Harvard University Press.

Programme des Nations Unies pour le développement (2013). Rapport sur le développement
humain 2013. L’essor du Sud : le progrès humain dans un monde diversifié. New York :
PNUD.

Vous aimerez peut-être aussi