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Economie du développement

Chapitre 1 : Pourquoi l’économie du développement?


I- Le concept de développement
La science économique traite de l’accumulation des richesses et une branche particulière
s’intéresse à la croissance de ces richesses, c’est l’économie de la croissance.
A- La notion de développement
1. Pluridisciplinarité
 Le développement est une croissance pluridimensionnelle, c’est un phénomène associant la
croissance à des changements dans d’autres domaine. On a une modification de la structure de
l’économie notamment une diversification de la production, une diminution de la dépendance vis-
à-vis de l’extérieur donc le développement implique une hausse de la qualité de vie  La
croissance est unidimensionnelle, elle est définie par un seul agrégat (le PIB)
2. Les évolutions successives de la vision du développement et l’éternel « croissance illimitée
»
 A l’Antiquité et au Moyen Age : conçu sur le modèle des êtres vivants « la croissance cyclique »
 A la renaissance : considérée comme un processus d’amélioration continu et sans limites.
L’homme maitre et connaisseur de la nature, « croissance infinie »  Au 21e siècle, révolution
industrielle : la notion de développement est associée à l’idée de progrès trouvant son origine
dans la croissance de la productivité et le développement industriel.
3. De la « croissance illimitée » à l’expérience des limites
Rapport du Club de Rome (1970) : le développement ne peut être étendu à la planète toute
entière. A partir des années 2000, on a des visions catastrophiques du futur qui deviennent
d’actualité avec la croissance chinoise puis on commence à penser à la dimension écologique du
développement qui ne pout être ignorée plus longtemps.
4. Du développement au développement durable
On prend en compte les besoins essentiels, on parle d’un développement humain, social et
durable. Ce dernier devant être « soutenable » c’est-à-dire qu’il « répond aux besoins du présent
sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Bruntland 1998)
B- Économie du développement, économie de la croissance?
1. Qu’est - ce que l’économie de la croissance
En macroéconomie, les facteurs explicatifs de l’évolution du revenu par tête. Si on parle
d’économie du développement, c’est que l’économie de la croissance est insuffisante
2. Pourquoi l’économie du développement?
 Première pensée
Les principes de base de l’économie sont universels et intemporels. Certains économistes
estiment que l’économie de la croissance standard est suffisante pour expliquer les
comportements microéconomiques. Ils nient la pertinence de l’économie du développement
 Seconde pensée
L’économie du développement consiste en l’analyse d’un ensemble de phénomènes en voie de
disparition donc selon certains économistes, cette discipline serait susceptible de disparaitre.
Par exemple, les pays en voie de développement malgré un faible PIB par tête, obéissent aux
mêmes règles économiques universelles et on analyse leur rattrapage économique. Hors ce
phénomène de rattrapage est transitoire car les PED rattrapent les pays développés.
 Troisième pensée
Les pays en développement ont des caractères spécifiques qui rendent non pertinente
l’application des modèles macroéconomiques standards d’où la nécessité de repenser des
modèles spécifiques pour ces PED.
 Quatrième pensée
L’économie du développement a l’ambition de décrire l’évolution des économies en tant que
systèmes sociaux complexes et multidimensionnels.
3. Au-delà du PIB : L’Indice de Développement Humain (IDH)
Développé pas le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), notamment
Amartya Sen (Prix Nobel 1998). L’IDH est compris en 0 et 1, il mesure l’achèvement basique du
développement humain et comprend trois dimensions : la santé, l’éducation et les standards de
vie. On peut citer : l’espérance de vie à la naissance, la durée moyenne de scolarisation (+25
ans) ou durée attendue de scolarisation (enfant) et le revenu par habitant (PPA) C’est une
moyenne géométrique car les bons résultats dans 1 élément ne peuvent pas compenser de
mauvais résultats dans 1 autre élément.
L’IDH contrairement au BNB (Bonheur National Brut) ne prend pas en compte le bonheur ni les
inégalités.
4. Alternative à l’IDH : L’Indicateur de Pauvreté Humaine (IPH)
Mesure la privation des 3 dimensions basiques du développement humain mais de manière
différente pour les pays en développement et pour les pays industrialisés.
1. Pour les PED :  Indicateur de longévité : % des décès avant 40 ans  Indicateur d’instruction : %
des adultes analphabètes  Indicateur de conditions de vie : accès à l’eau potable, aux services
de santé et enfants de moins 5 ans souffrant d’insuffisance pondérale
2. Pour les pays riches  Indicateur de longévité : % des décès avant 60 ans  Indicateur
d’instruction : % adultes illettrés  Indicateur de conditions de vie : % de personnes vivant sous la
demie médiane du revenu disponible des ménages
5. Autres indicateurs du PNUD
1. Indicateur sexo-spécifique du développement humain (ISDH) On compare à IDH pour réduire les
inégalités entre femmes et hommes dans 3 dimensions du développement
2. Indicateur de participation féminine à la vie économique et politique (IPF) Compris entre 0 et 1,
cet indicateur mesure la représentation relative des femmes dans les sphères du pouvoir
économique et politique
3. Indicateur de vulnérabilité économique (IVE ou EVI) La vulnérabilité économique peut être définie
comme la probabilité que le développement économique d’un pays puisse être entravé par des
chocs exogènes et imprévus (Guillaumont, 2008). Cet indice est l’un des 3 critères servant à
identifier les PMA par les Nations Unies. L’IVE est la moyenne arithmétique de 2 composantes
avec les pondérations suivantes :
a. Le sous-indice d’exposition qui est une moyenne pondérée de 5 indices composants  Taille
de la population  Eloignement des marchés mondiaux  Concentration des exportations  Part
de l’agriculture, la sylviculture et la pêche dans le PIB  Part de la population vivant dans une
zone côtière peu élevée
b. Le sous-indice des chocs qui est une moyenne pondérée de 3 indices composants  Les
victimes de catastrophes naturelles  L’instabilité de la production agricole  L’instabilité dans les
exportations de biens et services
B- Les mesures de développement humain : inégalités et pauvreté
 Analyse microéconomique de la pauvreté fondée sur les besoins fondamentaux universels,
Paul Samuelson (1983). On se demande si c’est par altruisme ou pas intérêt
 Analyse en termes de pauvreté monétaire  De façon absolue  De façon relative
1. Quelles mesures de la pauvreté absolue?
1. Le taux de pauvreté (H) Proportion de la population pauvre, pour laquelle la consommation ou le
revenu est inférieur au seuil de pauvreté : c’est l’incidence de la pauvreté n : taille de la
population P : nombre de pauvres
2. L’écart de pauvreté ou poverty gap (PG)
Représente la profondeur de la pauvreté : distance moyenne qui sépare la population du seuil de
pauvreté, les non pauvres se voyant attribuer une distance de zéro.
Yi : revenu des individus z : ligne de pauvreté
3. L’écart de pauvreté au carré ou squared poverty gap (SPG)
Mesure la sévérité de la pauvreté : l’écart de pauvreté au carré prend en compte le carré de la
distance entre les pauvres et le seuil de pauvreté. De ce fait, l’écart est pondéré par lui-même ce
qui donne plus de poids aux très pauvres.
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b) Les autres mesures de la pauvreté


Pa uvreté et fa mine : Diminution de la quantité alimentaire et certains aliments disponibles ne
peuvent atteindre certaines catégories de la population (surtout dans les sociétés non
démocratiques)
Pa uvreté culturelle : Ne pas avoir de relation sociales
Pa uvreté et exclusion : Forme la plus radicale de rejet du fait de ses caractéristiques propres
III- L’aide publique au développement
Définition de l’APD : activité par laquelle des pays font transiter vers d’autres des ressources
publiques en vue de contribuer à leur développement.
Au-delà des capitaux financiers, sont également transférés des pratiques, compétences,
technologies voire des valeurs.
Chronologie :
Avant la seconde guerre mondiale l’aide publique était d’origine privée
 1944 Bretton Woods : FMI (banque internationale pour la reconstruction et le développement 
1945 San Francisco l’ONU : paix, droits de l’Homme  1947 Truman : Plan Marshall, naissance
de l’APD avec une aide pour l’Europe
Aide aux colonies
 1930 empire britannique avec des infrastructures  En France, les colonies étaient
indépendantes financièrement et tenues d’alimenter la France en matières premières
Dimension sociale de l’APD
 1944 : la Caisse Centrale de France d’Outre-Mer a des missions de développement, elle
répond aux problèmes de santé et d’éducation notamment  Jusque dans les années 50, l’aide
internationale est dominée par l’Amérique du Nord en Europe et au Japon  Au début des
années 60, les pays donneurs se multiplient  1961 : Comité d’Aide au Développement (CAD) au
sein de l’OCDE,  1965 : Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)  1998 :
Agence Française de Développement (AFD)
A- Qu’est - ce que l’APD
C’est un système international mettant en contact des pays donateurs et des pays bénéficiaires.
Agrégat statistiques précis, objet de débat, conçu dans le but de mesure l’activité du système
1. Définition statistique en 4 points :
1. Une dépense publique
2. Au bénéfice des pays et territoires en développement On recense 150 pays éligibles qui
représentent 80% de la population et 40% du PIB mondial. On distingue l’aide bilatérale (d’un
pays à un autre directement) de l’aide multilatérale (où l’aide transite via un organisme
international)
3. Ayant pour intention le développement Le maintien des pays, la recherche ne sont pas inclus
dans l’aide
4. Accompagnée de conditions financières favorables Des dons et prêts : transferts en espèce ou
nature sans conditions de remboursement ou des prêts avec obligation de remboursement (25%
d’éléments de don au moins)
2. Des modalités très variées
1. L’Aide Sanitaire d’Urgence En cas de catastrophe sanitaire notamment d’épidémie mettant en
danger la population
2. L’Aide au Développement Alimentaire Besoins alimentaires visibles en que l’on peut anticiper
pour améliorer les conditions de vie (transport, stockage, distribution) mais qui amène parfois à
une certaine forme de dépendance vis-à-vis de cette aide
3. Assistance Technique Financement de formations, renforcement des capacités de hauts
fonctionnaires, mise à disposition d’experts pour augmenter le capital humain : renforcement de
compétences. Cette aide est considérée comme indispensable et complémentaire à l’APD par
certains (le FMI fonctionne de cette façon). En revanche, certains pensent qu’elle est
contreproductive car elle découragerait le développement.
4. Aide projet Utilisation de fonds contrôlée ; capital productif, infrastructures, activités mises en
œuvre comme les puits, l’école et production de réalisations concrètes qui engendrent des
résultats : accès à l’eau potable et à l’éducation. Le donneur est très présent notamment dans la
traçabilité des fonds et a qualité de réalisation afin d’éviter la corruption
5. Aide programme Objectifs plus larges, macroéconomique ou sectoriel. Pas de projet précis, le
donneur est présent mais il y a possibilité de conditionnalités (fiscalité)
3. Des statistiques controversées
Taux d’actualisation surévalué : prêts étalés dans le temps sont difficiles à estimer. Comment
intégrer une baisse de la dette dans l’APD? il ne faudrait retenir que la partie don du prêt ou il
faudrait considérer des allégements fiscaux garantis aux entreprises privées qui souhaitent
investir dans ces pays en développement. Faut-il inclure les frais d’accueil des étudiants
étrangers? Faut-il intégrer les territoires dépendants des donateurs? pour la France ça serait
Mayotte, Wallis et Futuna La mesure de l’APD est très controversée.
3. Qui met en œuvre les ressources?
 Les institutions interna tiona les fina ncées pa r les fonds de différents pa ys
Gestion de l’aide bilatérale par le Ministère des Affaires Etrangères. Il a la responsabilité de l’aide
publique au développement en dehors des pays du champ du ministère de la coopération, il gère
la coopération technique avec les pays et collabore avec le Ministère de l’économie pour l’aide
financière. En France, on a l’AFD (Agence Française de développement)
 Les institutions de Bretton Woods Elles proposent des prêts à des taux avantageux
 Les Na tions Unies 3 objectifs : garantir la paix, les Droits de l’Homme et gérer l’APD
 Le PNUD Coordonne différents acteurs tels que l’OMS, le PNUE ou encore l’UNICEF
 Les institutions régiona les et mondia les En Europe, la banque européenne pour la
reconstruction et le développement ou au niveau mondial la banque mondiale (fons thématiques
mondiaux coordonnés à grande échelle)
4. Partenaires et parties prenantes
 Fonda tions privées Pas à but lucratif, fondations non gouvernementales qui utilise les
rendements de l’activité privée pour l’APD.
 Orga nisa tion de solida rité interna tiona le Exemple de médecin sans frontière, pas de
patrimoine au départ mais recherches de fonds contrairement aux fondations privées
 Collectivités loca les et coopéra tion décentra lisée  Monde de la recherche
5. Opinion public
70% de l’opinion public estime qu’il est préférable de gérer les problèmes nationaux avant de
s’attaquer à l’aide des autres pays. Plus on est éduqué, moins on a ce point de vue (fonction
décroissante à l’éducation) Il y a une méconnaissance de l’APD, les montants sont souvent
surévalués. 40%, c’est le pourcentage de personnes qui soupçonnent des fraudes et
détournements, d’où la nécessité à faire mieux voir l’aide humanitaire
C- Qui reçoit, combien et pourquoi?
La répartition de l’aide et ses déterminants
 Répa rtition entre régions du monde Jusque dans les années 65-75, il y a une forte
concentration de l’aide en Asie du Sud-Est. Chocs pétroliers en Afrique du Nord et au Moyen
Orient. Parallèlement, on a une augmentation progressive de l’Afrique Subsaharienne (dimension
redistribuée)
 Répartition entre l’aide et le revenu Relation avec le revenu par habitant imparfaite. Exemple :
Moyen Orient, sur allocation due à son importance stratégique et dans les années 90 en Europe,
aide attribuée à cause des guerres. Empiriquement, on a une relation imparfaite
 La modélisa tion économétrique Le niveau de revenu par habitant et la taille de la population
représentent 60% des caractéristiques de l’aide Des facteurs comme les calculs stratégiques,
une situation de crise, des territoires historiquement dépendants sont aussi pris en compte
 Mise en évidence des fa cteurs stra tégiques Ressources naturelles, conflits et affinités
bilatérales (liens historiques)
 Le poids de l’aide dans les pays aidés
 17 objectifs généraux et 169 cibles  Beaucoup plus marges que les objectifs du millénaire 
Trop vagues pour certains, peu contraignant  Mais objectifs pertinents pour les pays en
développement et développés  Multiples facettes du développement (lutte contre les inégalités,
systèmes fiscaux)  Lacune principale : question du financement
Les 5 « P » : Planète-Population-Prospérité-Paix-Partenariat
Importance de l’évaluation des politiques publiques
De la corrélation à la causalité Coluche : « Quand on est malade, il ne faut surtout pas aller à
l’hôpital : la probabilité de mourir dans un lit d’hôpital est dix fois plus grande que dans son lit à la
maison ».
Des expériences aléatoires à l’évaluation ex post des politiques dont l’objectif est d’estimer les
effets causaux des interventions publiques
Principe général : comparaison entre des individus, ménages ou entreprises qui bénéficient d’une
réforme ou intervention publique et d’autres qui n’en bénéficient pas.
Applications dans le domaine biomédical, micro économétrie.
Le problème fondamental de biais de sélection :  Sélection aléatoire des personnes traitées et
non traitées  Construction d’un groupe de contrôle dont les caractéristiques observables se
rapprochent le plus possible de celles des agents traités par l’intervention publique.

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