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Les politiques de développement en Tunisie

depuis l’indépendance

Projet réalisé par :


Louay Jemai
Melek Saadallah

Matière : Economie General

Département : Génie industriel

Année universitaire :
2021/2022
PLAN :

I-Définition du développement 

II-Le développement durable

III- Mesure du développement économique 

IV- Politiques de développement à l’échelle


internationale

V- Economie de la Tunisie 
1. Un pas vers l’historique des politiques de
développement en Tunis depuis l’indépendance
jusqu’au période près révolutionnaire 
2. Economie de la Tunisie après les révolutions 
3. Conclusion
I. Définition du développement :
Commençons par définir qu'est-ce que le développement économique et le
développement humain  
Le développement est un ensemble de transformations qualitatives qui
accompagnent une croissance durable : évolution des structures économiques,
sociales et culturelles d'un pays donné. Il désigne l’amélioration des conditions et de
la qualité de vie d’une population.

Le développement humain signifie tant le processus d’élargissement des choix


offerts aux personnes que l’amélioration du bien-être de ces dernières. Les
dimensions les plus importantes du développement humain sont : une vie longue et
en bonne santé, le savoir et une qualité de vie décente. D’autres préoccupations
incluent les libertés sociales et politiques. Le concept distingue deux aspects du
développement humain : le développement des capacités humaines d’un côté,
comme l’amélioration de la santé et du savoir et d’autre part, la capacité à pouvoir
profiter de ces capacités acquises, pour le travail et les loisirs.

II. Le développement durable :


Le développement durable est une conception du développement qui s'inscrit dans
une perspective de long terme et en intégrant les contraintes écologiques et sociales
à l'économie. Selon la définition donnée dans le rapport de la Commission mondiale
sur l'environnement et le développement de l'Organisation des Nations unies, dit
rapport Brundtland, où cette expression est apparue pour la première fois en 1987, «
le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent
sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».

Les 3 piliers du développement durable :

 Efficacité économique : il s’agit d’assurer une gestion saine et durable, sans


préjudice pour l’environnement et le social.
 Equité sociale : il s’agit de satisfaire les besoins essentiels de l’humanité en
logement, alimentation, santé et éducation, en réduisant les inégalités entre les
individus, dans le respect de leurs cultures. 

Qualité environnementale :  il s’agit de préserver les ressources naturelles à long


terme, en maintenant les grands équilibres écologiques et en limitant des impacts
environnementaux 

III. Mesure du développement économique :


Le développement économique possède plusieurs dimensions et nécessite
à ce titre plusieurs indicateurs pour le mesurer. Les indicateurs les plus
usuels sont :

 Le PIB par habitant : cet indicateur permet de mesurer la


richesse produite par la nation et par individu. Il permet de
quantifier la valeur totale de la « production de richesse » annuelle
effectuée par les agents économiques (ménages, entreprises,
administrations publiques) résidant à l'intérieur d'un territoire. Le
produit intérieur brut est le principal indicateur de la mesure de la
production économique réalisée à l’intérieur d'un pays et l'un des
agrégats majeurs des comptes nationaux. Le PIB reflète donc
l'activité économique interne d'un pays et la variation du PIB d'une
période à l'autre est censée mesurer son taux de croissance
économique.

PIB nominal par habitant en 2015  over $64,000   $32,000–64,000   $16,000–


32,000   $8,000–16,000   $4,000–8,000   $2,000–4,000   $1,000–2,000   $500–
1,000   below $500   unavailable

 L’indicateur de développement humain (IDH) : développé par


Amartya Sen, cet indicateur prend en compte le niveau de vie,
l’espérance de vie à la naissance, l'alphabétisation des adultes.
L'indicateur précédemment utilisé, le PIB par habitant, ne donne pas
d'information sur le bien-être individuel ou collectif, mais n'évalue
que la production économique.
  ≥ 0.900   0.850–0.899   0.800–0.849   0.750–0.799   0.700–0.749   0.650–0.699
0.600–0.649   0.550–0.599   0.500–0.549   0.450–0.499   0.400–0.449   ≤ 0.399
Data unavailable

 L’indicateur de pauvreté humaine (IPH) : cet indicateur mesure


les privations ou exclusions fondamentales que peut supporter une
partie de la population. Il permet de caractériser le niveau de
pauvreté d'un pays.

IV. Politiques de développement à l’échelle


internationale :

A l'échelle international plusieurs objectifs ont été mis par les États
membres des Nations unies qui sont rassemblés dans l'Agenda 2030.
Cet agenda a été adopté par l'ONU en septembre 2015 après deux ans
de négociations incluant les gouvernements comme la société civile. Il
définit des cibles à atteindre à l'horizon 2030, définies par ODD
(Objectifs de développement durable) 

Ces objectifs affectent les trois piliers du développement durable et elles


répondent aux objectifs généraux suivants : éradiquer la pauvreté sous
toutes ses formes et dans tous les pays, protéger la planète et garantir la
prospérité pour tous. 
Les États sont invités dans ce sens, sur une base volontaire, à rendre
compte annuellement de leurs progrès.  Aussi, la mise en œuvre des ODD
fait appel à un engagement actif des gouvernements comme de
l'ensemble des acteurs (entreprises, collectivités, associations,
chercheurs…). 
 
Commençons par citer ces objectifs : 

1. Éradication de la pauvreté ;
2. Lutte contre la faim ;
3. Accès à la santé ;
4. Accès à une éducation de qualité ;
5. Égalité entre les sexes ;
6. Accès à l'eau salubre et à l'assainissement ;
7. Recours aux énergies renouvelables ;
8. Accès à des emplois décents ;
9. Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une
industrialisation durable qui profite à tous et encourager
l’innovation ;
10. Réduction des inégalités ;
11. Villes et communautés durables ;
12. Consommation et production responsables ;
13. Lutte contre le changement climatique ;
14. Vie aquatique ;
15. Vie terrestre ;
16. Justice et paix ;
17. Partenariats pour la réalisation des objectifs.
 
Pour suivre les progrès accomplis à l’échelle mondiale vers l'atteinte des
ODD plusieurs indicateurs ont été définis.  L'indice ODD présente un
classement des pays en fonction de leurs progrès vers la réalisation des
ODD ce qui est présenté dans la carte suivante est un classement en 2019
des pays en fonction de leur réalisation des objectifs de développement
durable. Cette visualisation de données montre les pays proches de la
réalisation des ODD (en bleu foncé) et ceux qui en sont le plus loin
(en bleu clair).


V. Economie de la Tunisie :
1. L'économie de la Tunisie est inscrite dans un processus de réformes
économiques et de libéralisation à partir de 1986 après trois décennies
de dirigisme et de participations de l'État à l'économie. Avec, à partir
du 1er janvier 2008, l'ouverture à la concurrence mondiale par l'entrée en
vigueur de l'accord de libre-échange conclu avec l'Union européenne en 1995,
l'économie tunisienne fait face à des défis de mise à niveau de pans entiers
de son économie tout en bénéficiant d'une croissance économique annuelle
soutenue de l'ordre de 5 % par an depuis une dizaine d'années.
2. L'économie de la Tunisie est historiquement liée à
l'agriculture (blé, olives, dattes, agrumes et produits de la mer), aux mines et à
l'énergie (grand producteur de phosphates et dans une moindre mesure
d'hydrocarbures), au tourisme (6,5 millions de touristes en 2006) et aux
industries manufacturières (textiles, agroalimentaire et électromécaniques)
dans une perspective extravertie (grand nombre d'entreprises industrielles
totalement ou partiellement exportatrices). Ainsi, son économie diversifiée la
distingue de celle de la plupart des États des régions africaine, nord-africaine
et moyen-orientale. Par rapport aux autres pays
du Maghreb (Algérie et Maroc), elle se hisse à la deuxième place pour le
revenu par habitant et deuxième pour le niveau de développement derrière
l'Algérie. De plus, la Tunisie est l'un des seuls pays de la région à être entré
dans la catégorie des « pays à revenus moyens ».
3. L'économie tunisienne, qui bénéficie désormais d'un degré d'insertion dans les
échanges mondiaux parmi les plus élevés du monde, est distinguée au Forum
économique mondial sur l'Afrique, tenu du 13 au 15 juin 2007, comme
la 1re économie la plus compétitive d'Afrique, devançant l'Afrique du Sud, et
la 29e sur 128 au niveau mondial.
1. Un pas vers l’historique des politiques de
développement en Tunis depuis l’indépendance
jusqu’au période près révolutionnaire :
a) Nationalisations (1956-1961) :

À la proclamation de l'indépendance en 1956, le pays ne dispose pas des atouts de


ses voisins maghrébins : terres agricoles moins productives, infrastructure portuaire
moins développée, marché intérieur étriqué, épargne faible et écornée par
l'émigration des populations d'origine européenne et relations avec les milieux
d'affaires français réduits, chômage élevé et équipement industriel embryonnaire. Le
taux de croissance annuel de 4,7 % des années 1950 à 1954 tombe même à 2,8 %
durant la période d'autonomie puis d'indépendance (jusqu'en 1960). La priorité
établie par le nouveau président Habib Bourguiba est alors de libérer l'économie
nationale du contrôle français qui avait favorisé l'agriculture et l'extraction minérale,
mais avait, en grande partie, négligé l'industrie , la Tunisie étant alors le pays le
moins industrialisé du Maghreb.

Entre 1956 et 1960, presque la totalité des 12 000 fonctionnaires français travaillant


pour l'administration tunisienne sont rapatriés. Pour affirmer le contrôle public dans
les secteurs-clefs, le gouvernement crée la Société nationale des chemins de fer
tunisiens en 1956, prend en main la direction du secteur bancaire et quitte la zone
franc en 1958 et nationalise, entre 1959 et 1960, les sociétés d'électricité, de gaz
naturel et d'eau.

En 1959, elle prend ses premiers contacts avec la Communauté économique


européenne (CEE) et, en 1960, nationalise les sociétés de transport : le
gouvernement acquiert 50 % de la compagnie aérienne ‘’Tunisair’’ et crée
la Compagnie tunisienne de navigation. Dans le même temps, par la promulgation de
la loi no 58-109 du 18 octobre 1958, le dinar tunisien devient la monnaie officielle et
remplace le franc tunisien à un taux de 1 dinar pour 1 000 francs. Tout cela n'est
toutefois pas encore synonyme d'une orientation socialiste, l'objectif étant de
renforcer le contrôle du nouvel État indépendant tout en maintenant une politique
libérale basée sur la promotion de l'investissement et du commerce extérieur. Ainsi,
pendant les cinq premières années, l'État offre des incitations fiscales et des facilités
de crédit afin de motiver le secteur privé à jouer un rôle plus important.

b) Expérience socialiste (1961-1969) :

Au début des années 1960, les phosphates produits dans la région de Gafsa — de


faible teneur en acide phosphorique et nécessitant leur transformation
en superphosphates — et l'huile d'olive constituent les principales sources de
revenus extérieurs tandis que les revenus touristiques sont inexistants avec à peine
52 700 visiteurs étrangers en 1962. Le seul grand projet industriel, les Industries
chimiques maghrébines basées à Gabès, servira de pôle de développement du sud
du pays avant l'avènement du tourisme.

Dans ce contexte, l'importance croissante de l'Union générale tunisienne du


travail (UGTT) dans les choix économiques par l'action de son secrétaire
général, Ahmed Ben Salah, mène le pays vers l'adoption de mesures collectivistes
dans l'économie10. En 1961, les responsables politiques optent pour cette nouvelle
stratégie et commencent à élargir le contrôle étatique sur tous les domaines de
l'économie. Cette réorientation est marquée par deux décisions importantes prises
durant cette période : la première est la création d'un grand ministère du Plan auquel
sont ajoutés les ministères de l'Économie, des Finances, de l'Agriculture,
du Commerce et de l'Industrie. Ben Salah en prend la direction et contrôle ainsi la
totalité de la politique économique avec l'assistance d'une équipe de jeunes
économistes dont Mansour Moalla. La deuxième est l'adoption d'un plan de
développement courant sur dix ans (1962-1971) lequel est basé sur les résolutions
du congrès de l'UGTT de 1956. Les objectifs principaux de ce plan sont la
« décolonisation économique », l'amélioration du niveau de vie de la population, la
réduction de la dépendance des capitaux extérieurs (et donc une meilleure
autosuffisance) et la création d'un marché national. Cette phase est le témoin d'une
accélération du processus de collectivisation, en particulier dans le secteur agricole.

En mai 1964, l'Assemblée nationale décrète l'expropriation des terres en possession


étrangère — appartenant principalement à des familles françaises mais
aussi italiennes — afin d'établir 300 fermes coopératives d'État. La France gèle alors
toute aide financière à la Tunisie, plongeant ainsi le pays dans une crise économique
sérieuse. En juillet 1966, le président Bourguiba effectue une tournée en Europe et
aboutit au lancement de négociations qui conduisent à la signature d'un premier
6accord commercial le 28 juillet 1969 à Tunis. Paradoxe toutefois puisque le taux de
collectivisation atteint alors 90 % dans le secteur agricole. En août, le secteur public
englobe le commerce de gros et le commerce de détail, une partie importante de
l'industrie et du secteur bancaire ainsi que les transports, l'électricité et les mines qui
étaient déjà sous le contrôle de l'État. Seul le secteur du tourisme, que les autorités
commencent à développer, échappe à une gestion entièrement étatique.

c) Capitalisme sous contrôle (1970-1981) :

L'expérience coopérative dure jusqu'en septembre 1969 lorsque Bourguiba suspend


Ben Salah de ses fonctions à la suite de la parution d'un rapport confidentiel de
la Banque mondiale sur le déficit des entreprises publiques et aux pressions de l'aile
pragmatique du parti. Les coopératives seront toutefois maintenues jusqu'en
mars 1970 et le mouvement aura engendré une série de créations industrielles et
lancé l'implantation de l'activité touristique illustrée par la création de la Société
hôtelière touristique et de transport. Avec l'arrivée d'Hédi Nouira, pragmatique
gouverneur de la Banque centrale hostile au collectivisme, au ministère de
l'Économie puis au Premier ministère, la Tunisie se réoriente vers l'économie de
marché et la propriété privée. Avec l'appui financier de la Société tunisienne de
banque d'Abdelaziz Mathari, le nouveau gouvernement encourage alors un retrait de
l'État du secteur industriel en l'ouvrant à l'investissement privé. Nouira procède
également à la création de nouvelles institutions dont le but est de promouvoir le
secteur privé, telles que l'Agence de la promotion de l'industrie, avec l'objectif de
rationaliser, moderniser et simplifier la politique industrielle.

Durant la décennie des années 1970, la Tunisie connaît une expansion du secteur


privé et un développement rapide de l'emploi manufacturier, encouragé par la
prolongation et l'élargissement de l'accord avec la CEE grâce au
commissaire Claude Cheysson. Le pays enregistre ainsi une croissance moyenne de
8,4 % par an et voit quadrupler le revenu par habitant qui passe de 314 à 1 351
dollars. Toutefois, la structure de l'industrialisation se caractérise par une
concentration sectorielle et régionale. À la fin de 1977, 54 % des investissements et
87 % des emplois créés se trouvent dans le domaine du textile et l'industrie de
l'habillement et du cuir. En outre, les nouvelles entreprises sont concentrées dans
peu de régions, ce qui renforce davantage les disparités régionales et encourage les
migrations vers le nord-est du pays et l'urbanisation. En réalité, le retour à une
économie de marché est moins décisif qu'annoncé : la Tunisie maintient largement
le subventionnement de certains prix, le secteur financier est entièrement géré par le
gouvernement et l'économie est protégée par des droits de douane très élevés et
des restrictions d'importation. Cependant, l'économie bénéficie de résultats positifs
bénéficiant des deux chocs pétroliers (1973 et 1979), qui font augmenter les prix
du pétrole et des phosphates, mais aussi grâce à une production agricole en hausse
et à des recettes touristiques plus élevées. Dans ce contexte de relance
économique, le secteur public demeure dominant mais recule avec une dissociation
progressive entre des secteurs ouverts à une dose de concurrence extérieure et
ceux destinés au marché intérieur et qui bénéficient de rentes de situation. Cette
timide ouverture permet la création de nouveaux emplois et, par conséquent, le
développement d'une meilleure mobilité sociale de la jeunesse nouvellement instruite
et la croissance d'une classe moyenne.

d) Crise économique (1982-1986) :

La Tunisie est trop dépendante des recettes pétrolières et est pénalisée par
son endettement extérieur, grevant les finances publiques qui assurent jusque-là le
subventionnement des prix. De plus, elle n'a pas de base productive suffisante pour
être en mesure d'absorber le surplus de travailleurs et d'exporter une gamme de
produits diversifiée et compétitive. Le manque d'investissement de l'État dans les
infrastructures entrave encore la croissance et dissuade les investisseurs privés.

C'est pourquoi le VIe plan de développement (qui commence en 1982) est conçu


pour introduire les ajustements économiques nécessaires pour préparer la Tunisie à
une période marquée par la baisse des recettes pétrolières. L'investissement se
dirige principalement vers les industries non-pétrolières. Par ailleurs, la dette
extérieure et la balance des paiements sont sévèrement contrôlées, l'investissement
public réduit et la consommation soumise à des mesures restrictives par un gel
des salaires et des restrictions supplémentaires à l'importation. Pourtant, la plupart
des objectifs du plan n'aboutissent pas : la croissance du produit intérieur brut (PIB)
reste sous les 3 %, le déficit du compte courant s'élève à 7,8 % du PIB et la dette
extérieure s'élève à 56 % du PIB. En janvier 1984, suivant les recommandations
du Fonds monétaire international, le gouvernement augmente le prix du pain et de
la semoule. Après une semaine d'émeutes et de répression, Habib Bourguiba
renonce aux augmentations, mais l'orientation générale de l'économie n'avait pas
changé : désengagement de l'État et quête de compétitivité à l'exportation en
s'appuyant sur l'avantage comparatif d'une main-d'œuvre bon marché et d'une
fiscalité complaisante.

En outre, entre 1985 et 1986, le prix du pétrole baisse, une série


de sécheresses frappe le pays et le salaire des travailleurs diminue. En 1986, la
Tunisie connaît sa première année de croissance négative depuis son
indépendance. Les agitations sociales augmentent de façon dramatique pendant
cette période et l'Union générale tunisienne du travail, qui critique ouvertement la
politique économique adoptée par le gouvernement, organise des grèves et des
manifestations contre l'augmentation du chômage et la politique salariale. Pour y
faire face, le président Bourguiba nomme Rachid Sfar Premier ministre, négocie le
premier programme national d'ajustement économique ou « Plan d'ajustement
structurel » (PAS) et reconnaît enfin la réalité de la crise qui se traduit par
l'aggravation de la situation économique et financière. En 1986, le gouvernement se
met officiellement d'accord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur la mise
en place de ce PAS en signant un accord sur un programme de reprise économique
sur 18 mois. En 1988, on accorde à la Tunisie le recours à des fonds étendus pour
une période de trois ans. Par la suite, la période de prêt est étendue plusieurs fois
jusqu'en 1992, mettant en évidence la confiance de l'organisation en l'aptitude du
gouvernement à mettre en œuvre une réforme structurelle de l'économie. L'un des
objectifs du PAS est la cession totale ou partielle de certains services publics au
profit de banques ou de groupes privés.

e) Libéralisation de l'économie (1987-1995) :

La stratégie du programme est mise en œuvre dans les VIIe et VIIIe plans de


développement. Le premier de ces plans est mis au point avec la coopération
du FMI et de la Banque mondiale. Il a pour but d'atteindre une stabilité macro-
économique et d'introduire les mesures initiales d'une libéralisation structurelle tout
en réduisant la dépendance de l'exportation du pétrole. Les résultats ne sont pas
stables à cause de la vulnérabilité de l'agriculture et des effets de la Guerre du Golfe.
Néanmoins, le plan peut être considéré comme fructueux : les grands déséquilibres
internes et externes sont maîtrisés, la dette extérieure reste raisonnable et une
croissance du PIB de 4,3 % en moyenne est réalisée. L'objectif principal du plan
suivant est d'accroître l'efficacité et de promouvoir les mécanismes du marché. En
même temps, le plan est conçu pour surmonter les conséquences sociales et
politiques de ses mesures. Les dépenses publiques sont concentrées aux secteurs
de la santé, de l'éducation, du logement et des services. La croissance du PIB atteint
4,5 % par an au lieu des 6 % prévus.

Dès le début des années 1980, le gouvernement considère aussi la privatisation des


entreprises étatiques pour mettre fin à leur endettement. Le gouvernement ne lance
cependant pas de véritables programmes avant 1987. La privatisation se traduit dans
un premier temps par la vente de petites et moyennes entreprises avec un bon
historique bancaire à des acheteurs tunisiens présélectionnés. Les secteurs
concernés sont surtout le tourisme, les matériaux de construction, les textiles,
l'industrie agroalimentaire et la pêche, la mécanique et l'électrotechnique. Ratifiant
le GATT en 1990 puis adhérant à l'Organisation mondiale du commerce en 1995, la
Tunisie doit alors développer la compétitivité de ses produits et améliorer ses
avantages comparatifs, pour augmenter les exportations de ses produits et avoir un
accès plus libre aux marchés internationaux, par la mise à niveau globale de son
économie. De plus, un accord d'association signé avec l'Union
européenne le 17 juillet 1995 et entré en vigueur le 1er mars 1998 engendre
dès 1996 le démantèlement progressif des barrières douanières
jusqu'au 1er janvier 2008. Dans le même temps, deux zones de libre-échange sont
créées à Zarzis et Bizerte : la première est spécialisée dans le secteur pétrolier et
voit le jour en 1995 et la deuxième comprend l'industrie et la construction, la
réparation de bateaux, la démolition et plusieurs services. Dans ces zones, le terrain
appartient à l'État mais il est géré par une entreprise privée. De plus, le
gouvernement encourage l'industrie manufacturière produisant uniquement pour
l'exportation en lui donnant la possibilité de s'implanter partout dans le pays tout en
travaillant sous le règlement des zones de libre-échange.

Ces réformes économiques sont aujourd'hui montrées en exemple par les institutions
financières internationales. Néanmoins, le chômage continue de menacer le
développement économique et se trouve aggravé par une population
active grandissante. En 1997, 63 % des chômeurs étaient âgés de moins de 29 ans
et 49 % étaient en chômage de longue durée.

f) Mise à niveau de l'économie (1995-2010) :


Le processus de mondialisation qui affecte la Tunisie, comme tant d'autres pays en
développement, est conçu par le gouvernement comme un « ordre naturel », c'est-à-
dire qu'il est obligatoire pour le pays de s'y adapter sous peine de forte dégradation
de sa situation économique. Ce discours s'inscrit directement dans la continuité de
la rhétorique bourguibienne du développement et du rôle de l'État comme garant de
l'unité nationale. La politique d'ouverture mise en route a permis une reprise durable
de la croissance économique, contrairement à ce que vivent d'autres pays de la
région, mais a contribué dans le même temps à déstructurer le tissu économique en
le divisant entre les secteurs concurrentiels et ouverts vers l'extérieur — et
bénéficiant, selon la Banque mondiale, de « généreux privilèges » sous la forme de
cadeaux fiscaux — et les secteurs fragilisés par un processus d'ouverture auquel ils
n'ont pas préparés, notamment dans le secteur stratégique du textile qui représentait
près de 50 % des exportations nationales en 2004. La nature même de ce
processus, dirigé par l'État tunisien, a permis à ce dernier de conserver une capacité
d'intervention importante — il était à l'origine de 49,6 % du total des investissements
en 1997 — et de développer de nouveaux secteurs dont celui de l'industrie
mécanique et des nouvelles technologies où les ingénieurs tunisiens bénéficient, à
compétences égales, d'un salaire moindre que leurs collègues européens. Dès lors,
l'un des atouts du pays, selon le ministre de l'Industrie et des PME Afif Chelbi, a été
de « miser sur la qualité et exploiter au mieux l'atout de la proximité géographique et
culturelle ».

Depuis le lancement du nouveau programme de privatisation en 1987, le


gouvernement a totalement ou partiellement privatisé 217 entreprises publiques ou
semi-publiques en décembre 2008, dont de grands établissements publics
comme Tunisie Télécom, pour une recette globale de 6,013 milliards de dinars, avec
une place particulière accordée au secteur des services (53,9 % des entreprises) et
de l'industrie (37,8 %). Cette politique a conduit à une modernisation des techniques
de production et des procédures de gestion des entreprises et donné un coup de
fouet à l'investissement direct étranger. Toutefois, elle n'a pas permis d'augmenter
significativement l'investissement productif et la création d'emplois. Par ailleurs, un
rapport de la Banque mondiale daté de juin 2004 avait épinglé les « interventions
discrétionnaires du gouvernement » et le « pouvoir des initiés » qui affaiblissaient,
selon elle, le climat des affaires et les éventuelles prises de risque des investisseurs
étrangers. Ce phénomène est renforcé par les créances douteuses des banques
publiques tunisiennes, encore majoritaires sur le marché, qui pourrait expliquer en
partie le niveau modéré bien que croissant des investissements étrangers. Dans ce
contexte, le secteur privé « reste de taille modeste » et se trouve encore
majoritairement composé de petites et moyennes entreprises (PME) familiales qui,
selon les statistiques de l'Institut national de la statistique34, contribuaient tout de
même à 72 % du PIB en 2006 contre 63 % en 1997 et employaient trois millions de
personnes ; elles réalisaient à la même époque 85 % des exportations et 56 % du
volume total des investissements malgré leur dépendance financière à l'État, eu
égard au taux élevé du crédit bancaire et aux conditions difficiles pour l'accès au
crédit dans un système bancaire majoritairement public malgré les appels du FMI à
l'accélération de la réforme et de la privatisation du secteur bancaire.

Par ailleurs, l'absence de préparation de plusieurs secteurs à l'ouverture a conduit au


maintien d'un niveau de chômage élevé et variant selon les sources de 13 % à
20 % en raison de la différence entre le nombre des nouveaux emplois créés chaque
année et l'augmentation régulière de la population active (85 000 nouveaux
travailleurs pour 60 à 65 000 emplois créés). Pourtant, le chômage ne touche pas
que les populations les plus vulnérables : le taux de chômage des diplômés de
l'enseignement supérieur est ainsi en augmentation depuis plusieurs années. Alors
qu'il était de 4 % en 1997 et de 0,7 % en 1984, il atteint 20 % contre une moyenne
nationale de 14 %, voire près de 60 % dans certaines filières selon une enquête de
la Banque mondiale. Entre 1997 et 2007, leur nombre a été multiplié par trois,
passant de 121 000 à 336 000, l'économie n'ayant pas réussi à grossir au même
rythme que l'effort de formation, les difficultés de l'enseignement supérieur
(marquées par l'écart entre la hausse du financement et la croissance exponentielle
du nombre d'étudiants) ne faisant qu'accroître ces problèmes. Une réforme du Code
du travail de 1994 a également « favorisé la flexibilité du travail et le développement
des emplois précaires » et les différences entre régions et entre catégories
socioprofessionnelles auraient tendance à s'accroître avec le temps : la Banque
mondiale met ainsi en avant, selon un calcul du plafond de revenu différent de celui
retenu par les autorités tunisiennes, une hausse absolue de l'effectif des personnes
considérées comme « pauvres » malgré une baisse relative de leur proportion au
sein de la population. On peut ainsi constater que l'ouverture du marché tunisien a
remis en cause les bases sur lesquelles le régime politique s'est bâti jusque-là,
contraignant celui-ci à adapter ces stratégies pour développer l'économie et assurer
l'équilibre social. Par ailleurs, le chômage persistant et les difficultés liées à la lente
restructuration de l'État laissent une partie de la population en marge du
développement économique qui est pourtant le principal fondement de la politique
gouvernementale. Toutefois, des réseaux permettent encore de tempérer d'éventuels
mécontentements.

2. Economie de la Tunisie après les révolutions :

Le Plan de Développement 2016 – 2020 :

La Tunisie est un pays en développement et dans le cadre de son


indépendance, a élaboré un certain nombre de plans
nationaux .Cependant, la portée limitée de ces programmes d'assistance a
conduit à reconnaître qu'il fallait adopter différentes approches
Malgré le succès de la transition démocratique pacifique, la situation
économique dépasse toujours les attentes de la population, en particulier
des jeunes, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,5% pour la
période 2011-2016, contre 4.5% sur la période 2000-2010. La Tunisie est
consciente de la nécessité de réussir simultanément la transformation
économique et la transformation politique. La Tunisie s'est donc engagée
dans son premier plan quinquennal depuis la révolution depuis 2016. La
vision économique adoptée par le gouvernement dans la note d'orientation
stratégique repose sur cinq axes stratégiques :
 Axe N°1 : Bonne gouvernance, réforme de l’administration et lutte
contre la corruption :
1. Accélérer la concrétisation de la bonne gouvernance et la lutte contre la
corruption

 Réforme de l’administration :
• Un statut particulier de la haute fonction publique
• Renforcement des capacités des ressources humaines dans les
régions

• Une administration électronique et simplification des


procédures en vue d’éliminer la bureaucratie

 Bonne gouvernance et lutte contre la corruption :


• Amélioration de la notation de la Tunisie en matière de
transparence et lutte contre la corruption

• Décentralisation et renforcement de l’autonomie régionale

• Production et diffusion de l’information statistique


conformément aux normes internationales et accès à
l’information

 Gouvernance des entreprises publiques :


• Promouvoir la gouvernance des entreprises publiques

• Renforcer la transparence des responsables

• Assurer les équilibres financiers des entreprises publiques

 Axe N°2 : D’une économie à faible coût à un hub économique :

1. Accélérer la concrétisation de la bonne gouvernance et la lutte contre


la corruption :

 Réforme de l’administration :
• Un statut particulier de la haute fonction publique
• Renforcement des capacités des ressources humaines dans les
régions
• Une administration électronique et simplification des
procédures en vue d’éliminer la bureaucratie
 Bonne gouvernance et lutte contre la corruption :
• Amélioration de la notation de la Tunisie en matière de
transparence et lutte contre la corruption
• Décentralisation et renforcement de l’autonomie régionale
• Production et diffusion de l’information statistique
conformément aux normes internationales et accès à
l’information
 Gouvernance des entreprises publiques
• Promouvoir la gouvernance des entreprises publiques
• Renforcer la transparence des responsables
• Assurer les équilibres financiers des entreprises publiques
 Développer l’infrastructure et renforcer la logistique :
• Recours au PPP
• Simplification des procédures de passation des marchés
publics
• Préparation rigoureuse des projets publics (études, aspects
fonciers, …)

 Promouvoir l’innovation et la créativité :


• Hisser la contribution du secteur de la recherche scientifique et
de l’innovation technologique au développement économique
et social
• Renforcer les capacités et les ressources allouées au système
national de la recherche et de l’innovation

 Promotion de l’emploi et de l’employabilité :

• Instaurer un système national de prospection et d’exploitation


des potentialités d’emploi dans les régions et les secteurs
prometteurs
• Promouvoir les activités créatrices d’emploi parmi les jeunes
diplômés et dans les régions
• Impulser les créations d’entreprises dans les secteurs de
l’économie sociale et solidaire, l’économie verte et l’économie
numérique
• Améliorer l’employabilité des jeunes ressortissants du
dispositif de la formation professionnelle
2. Promotion de l’économie numérique en tant que levier de
développement :
 Réduction de la fracture numérique et intégration dans la nouvelle
économie mondiale
• Migrer vers une administration électronique au service du
citoyen et de l’entreprise
• Diffuser la culture numérique et la numérisation des supports
pédagogiques
• Renforcer le système d’information des secteurs prestataires
de services (santé…)

3. Le tourisme, Affluent de la croissance économique :


 Poursuite de la stratégie de développent du tourisme à l’horizon
2020 :
• Promouvoir les projets touristiques à haute valeur ajoutée : le
tourisme culturel, le tourisme saharien, le tourisme de santé et
de bien être
• Procéder à la mise à niveau des unités touristiques, améliorer
la qualité des services et promouvoir le système de formation
• Renforcer la destination tunisienne à travers l’intensification
des campagnes de communication et de marketing

4. Promotion de l’investissement et Amélioration du climat des


affaires :
 L'investissement privé, moteur essentiel pour la croissance et
l’emploi :
• Promulguer le nouveau code de l’investissement : Instituer
une nouvelle gouvernance, améliorer l’accès au marché,
faciliter les procédures, instituer une panoplie d’incitations en
accord avec les objectifs du plan

 Améliorer le rendement de l’investissement public :


• Accélérer la mise en application du dispositif juridique
régissant le PPP

 Améliorer le climat des affaires :


• Adopter une nouvelle gestion des grands projets sur la base
des besoins des régions et des villes concernées

5. Réformes Foncières :
 Déployer l’actif foncier au service du développement :
• Libérer le foncier : terres collectives
• Faciliter les procédures d’expropriation pour intérêt public
• Simplifier les procédures de location des terres domaniales
agricoles
• Elaborer un code unique des affaires foncières

6. Système de financement :

 Fiscalité :
• Alléger la pression fiscale des entreprises et de la classe
moyenne
• Lutter contre l’évasion fiscale et consolider la transparence des
transactions financières
• Renforcer la fiscalité locale
• Moderniser l’administration fiscale

 Douane :
• Mettre en place un nouveau système d’information et alléger
les procédures portuaires
• Adapter les dispositions douanières en vue d’éliminer la
contrebande
• Moderniser l’administration douanière sur le plan structurel et
organisationnel

 Système bancaire :
• Consolider les assises financières du secteur bancaire et
réactualiser le système de contrôle bancaire pour s’aligner sur
les standards internationaux
• Promouvoir les systèmes d’information bancaires et procéder
à l’examen de la situation des banques en difficulté
• Fructifier les sources de financement adaptées aux PME et
procurer les financements adéquats pour les projets
individuels, en particulier les diplômés du supérieur
• Réduire l’écart en matière d’accès au financement
• Désengagement progressif de l’Etat des Banques commerciales
publiques
 Code des changes :
• Libéraliser graduellement les opérations en capital et
s’orienter vers la libéralisation totale du Dinar
• Parachever la libéralisation des opérations liées au commerce
extérieur et des opérations courantes
• Conférer davantage de souplesse au financement et
endettement extérieur

 Marché Financier :
• Accroitre la capitalisation du marché
• Développer la culture du marché et soutenir l’épargne long
terme
• Dynamiser le marché secondaire des produits financiers
• Revoir la législation régissant le marché financier

 Assurances :
• Renforcer le taux d’intégration du secteur des assurances
• Améliorer la mobilisation de l’épargne

 Axe N°3 : Développement humain et inclusion sociale :


1. Les domaines éducatif, culturel et sportif :
 Rehausser la performance du système éducatif et de la formation :
• Assurer l’adéquation entre les composantes des systèmes
éducatif et de formation
• Revaloriser la formation professionnelle et réhabiliter son
dispositif
• Numériser les écoles

 Protection de l’enfance et implication des jeunes à la gestion des


affaires publiques :
• Améliorer la qualité des services dans les jardins d’enfants
• Mettre en place une stratégie nationale intégrée pour la
protection de l’enfance
• Améliorer la performance et la qualité des prestations des
institutions dédiées à la jeunesse
• Mettre en place une stratégie nationale des loisirs et tourisme
pour les jeunes et les encourager à adhérer aux activités
citoyennes et associatives

 Développer le sport :
• Renforcer l’infrastructure sportive surtout dans les quartiers
populaires
• Accorder plus d’attention au sport d’élite et au sport féminin
• Renforcer le sport citoyen et les activités sportives tournées
vers les handicapés

 Renforcer le rôle de la culture et diffuser les valeurs de tolérance et


de modération :
• Promouvoir les domaines artistiques et sauvegarder et
valoriser le patrimoine national
• Promouvoir les industries culturelles et accroitre leur
contribution à la croissance
• Diffuser les valeurs islamiques et vulgariser les préceptes
d’ouverture et de tolérance
2. Prestations sociales :

 Traitement économique de la pauvreté et amélioration des


conditions de vie :
• Privilégier des solutions durables et dynamiques de la pauvreté
• Effectuer un ciblage géographique et un traitement
personnalisé des bénéficiaires

 Instaurer une plateforme de protection sociale globale et efficace :


• Instaurer le système de l’identifiant social unique
• Réformer le système des pensions et de l’assurance maladie
• Repenser les programmes d’aides sociales et mettre en place
une banque de données des familles récipiendaires

 Une redistribution équitable des richesses :


• Réformer le régime de compensation dans le sens d’un
meilleur ciblage des bénéficiaires afin d’assurer une plus
grande efficacité et éviter une utilisation abusive des produits
subventionnés
• Conférer davantage d’efficacité et d’d’efficience à tous les
programmes et interventions sociales

 Une couverture sanitaire globale, équitable et efficace :


• Viser une couverture sanitaire globale et améliorer les
prestations sanitaires et les rapprocher du citoyen

 Promotion du rôle de la femme et de la famille :


• Intégrer l’approche genre dans les politiques et stratégies de
développement
• Mettre en place une stratégie nationale d’autonomisation
économique des femmes
• Réviser les textes législatifs discriminatoires vis-à-vis de la
femme
• Renforcer les capacités d’ordre social et économique des
femmes à besoins spécifiques
• Poursuivre l’exécution du programme d’appui économique et
social aux familles nécessiteuses dirigées par une femme
• Mettre en place un programme global pour la protection de la
famille contre tous les dangers

 Consolidation des relations avec les tunisiens résidents à l’étranger :
• Mettre en place un observatoire national de l’émigration et le
Conseil National des tunisiens résidents à l’étranger

 Soutien aux personnes à besoins spécifiques :

• Veiller à l’intégration effective des personnes porteuses d’un


handicap
• Reconsidérer le système de protection et d’intégration
sociales pour répondre à l’émergence des nouveaux
phénomènes sociaux
• Activer la stratégie nationale de réduction de l’analphabétisme
• Renforcer les interventions d’ordre social menées en
réseautage au profit des personnes âgées

 Axe N°4 : Concrétisation des ambitions des régions :


 Développer la décentralisation et jeter les fondements
d’une gouvernance locale et régionale :

• Réformer le cadre institutionnel des collectivités locales


• Renforcer les capacités financières et humaines des
collectivités locales
• Réviser la fiscalité locale
• Opter pour un nouveau découpage du territoire et généraliser
le système municipal

 Concrétiser l’interconnexion des régions :


• Renforcer l’infrastructure routière et de transport pour
desservir les ports et aéroports et consolider les services
logistiques
• Revoir les choix du plan directeur de l’aménagement du
territoire
• Utiliser des indicateurs objectifs et scientifiques pour la
répartition des investissements publics entre les régions

 Axe N°5 : l’Economie verte, pilier du développement durable :


 Un aménagement du territoire équilibré qui intègre toutes les
régions et respecte l’environnement :
• Veiller à l’intégration et à la complémentarité territoriale entre
les régions et opter pour la création de districts économiques
• Repenser le cadre institutionnel et légal de l’aménagement du
territoire dans le cadre d’un renforcement de la
décentralisation
• Sauvegarder les équilibres naturels et procéder à une nouvelle
répartition des activités économiques et sociales

 Maitrise et rationalisation de l’utilisation des ressources naturelles :


• Maitrise des eaux de ruissellement, construction et
interconnexion des barrages, dessalement des eaux de mer et
des eaux souterraines salines
• Promulgation d’un nouveau code des eaux
• Amélioration de la qualité des eaux traitées et élargissement
de leur domaine d’utilisation
• Généralisation de l’utilisation des techniques d’économie de
l’eau
• Mise à jour des cartes des terres agricoles
• Implication des populations locales dans la gestion forestière
• Réforme du code forestier
• Lutte contre la désertification, l’érosion et l’exploitation
abusive des pâturages et la protection du sol

 Maitrise de la consommation de l’énergie :


• Mettre en place le cadre juridique propice à l’identification et
l’exploitation d’autres sources d’énergie
 Développement durable et protection de l’environnement

• Développer le secteur de la gestion des déchets et impliquer le


secteur privé dans les activités visant leur valorisation et
recyclage
• Repenser le système de contrôle environnemental
• Consolider la participation du secteur privé à la gestion des
installations d’assainissement
• Mettre en place des plans d’action stratégiques de
développement durable au niveau des collectivités locales et
des conseils ruraux
• Tenir compte systématiquement de la dimension
environnementale dans tout projet de développement

Avancement des réformes structurelles :

Bilan économique pour la Tunisie (période post révolutionnaire) :


Durant les dix ans post révolution, soit de 2010 à 2020, le PIB de la Tunisie (en
termes réel mesuré aux prix constants de l'année 2010) a augmenté de 6,6%, soit au
rythme annuel moyen de 0,6%. En excluant l'année 2020, le PIB de la Tunisie s'est
accru entre 2010 et 2019 de 16,9% soit à un rythme annuel moyen de 1,8%, contre
un accroissement du PIB (aux prix constants de 2010) de 51,2% entre 2000 et 2010,
équivalent à un rythme annuel moyen de 4,2%.

Fortement bousculée par la pandémie du COVID-19, l'économie tunisienne devrait


clôturer la dixième année post révolution avec une croissance négative de 8,8%.

Le ralentissement du rythme annuel moyen de la croissance économique durant la


dernière décennie (hors l'année 2020) reflète une décélération du rythme de
croissance au niveau de tous les secteurs de l'économie à l'exception de l'agriculture
et de la pêche. Ainsi et hors l'année 2020, la valeur ajoutée du secteur des industries
manufacturières n'a été en moyenne que de 0,4% contre 3,5% la décennie
précédente. La croissance de ce secteur aurait été négative si ce n'est la branche
Industries Agro-alimentaires (+2,1%).

Toutes les autres branches de l'industrie manufacturière ont régressé en rythme


annuel moyen : Raffinage de pétrole (-3,2%), industries chimiques (-2,8%), Textile et
habillement (-1,1%) et industries diverses (-0,03%).

Le rythme annuel moyen de croissance du secteur des Industries non


manufacturières a même viré au rouge, avec une évolution annuelle moyenne de -
3,1% contre +2,4% entre 2000 et 2010. La dépression de ce secteur est imputée à la
régression (annuelle moyenne) de la branche Extraction de pétrole et gaz naturel de
-8,6% et de celle des Mines de -3,4% contre une évolution positive des branches
Electricité et gaz (+2,7%), Eau (+3,5%) et Bâtiment et génie civil (+0,4%).
Par ailleurs, les services marchands ont dégagé sur la dernière décennie un net
ralentissement avec une croissance annuelle moyenne de 2,4% sur la période 2010-
2019 et de 0,7% sur la période 2010-2020 contre 5,7% durant la décennie
précédente. Cette décélération est affectée par une croissance annuelle négative de
la branche Services d'hôtellerie et de restauration de -0,3% sans tenir compte de
l'année 2020 et de -5,1% en incluant l'année 2020. En effet, sur le seul exercice
2020, la valeur ajoutée de cette branche a chuté de -39,2%.

Enfin, la valeur ajoutée du secteur des services non marchands (principalement les
services de l'administration) a décéléré durant la période 2010-2019 au niveau de
3,2% contre 5% entre 2000 et 2010.

Principales réformes pour le développement en Tunisie :

Les principaux axes de développement sont l’éducation, la sante et l’infrastructure :

Éducation :

Dans le cadre de la fonction de conception, le ministère de l'éducation :

 Prépare les plans de développement dans le domaine de l'éducation.


 Fixe les choix et les orientations méthodologiques et pédagogiques qui
fondent l'action éducative dans toutes ses composantes.
 Conçoit des modalités et des dispositifs diversifiés pour promouvoir
l'innovation dans tous les domaines et à tous les niveaux du système
d'éducation et de formation.

Dans le cadre de sa fonction de pilotage et de gestion, le ministère de l'éducation


fournit :

 Les ressources pédagogiques nécessaires garantissant l'enseignement et la


formation.
 Les ressources humaines qui assurent les fonctions d'enseignement, de
formation, d'encadrement, de direction, d'évaluation et tout autre service
nécessité par la bonne marche des établissements scolaires et de formation,
selon les modalités en vigueur.
 Les ressourcesmatérielles.

Dans le cadre de sa fonction d'évaluation, le ministère de l'éducation :

 Supervise le système national d'évaluation et de certification dans


l'enseignement scolaire et la formation professionnelle.
 Organise les évaluations nationales cycliques des acquis des apprenants,
assure la participation aux évaluations comparatives internationales et
exploite leurs résultats aux fins de régulation et d'amélioration, et réalise les
études évaluatives sur le rendement de l'enseignement scolaire et de la
formation professionnelle, leurs plans d'actions et leurs moyens.

 Évalue le rendement du système d'éducation et de formation.

Santé :

Afin d’accomplir une mission dont le but est d’assurer un bon état de santé, le
ministère de la santé adopte une stratégie bien déterminée, en fait, il veille à :

 Élaborer ou participer à l'élaboration de tous les textes législatifs ou


réglementaires concernant les activités énumérées.

 Prendre, en cas d'urgence, toutes les mesures nécessaires à la sécurité


sanitaire du territoire national.
 Veiller à la normalisation, à la maintenance et au développement harmonieux
des moyens sanitaires des secteurs public et privé du pays et en évalue
l'efficacité.

 Recueillir les informations statistiques de base relatives à la mortalité, à la


morbidité et à leurs causes.

 Procéder ou fait procéder aux enquêtes de nature à mettre en lumière les


rapports entre l'état de santé de la population et le développement
économique du pays ainsi que l'efficacité des actions sanitaires entreprises.

 Coordonner l'action des institutions sanitaires représentatives des


établissements publics, des organisations publiques ou privées nationales et
internationales concernant d'une manière permanente ou occasionnelle,
l'action sanitaire dans le pays.

 Assumer la responsabilité de la conception et de la mise en œuvre de la


politique de formation des cadres sanitaires nécessaires à ces activités, soit
directement, soit en participation avec d'autres départements ou organismes
intéressés.

 Encourager la recherche scientifique et la promotion technique et


professionnelle de ces cadres et leur formation permanente.

Infrastructure :

La qualité de l’infrastructure est considérée comme étant un élément essentiel dans


la stimulation du développement économique et social de notre pays. En effet,
l’investissement en infrastructure permet la promotion du développement
économique, la création de postes d’emploi, l’augmentation du revenu et par suite
l’amélioration de la qualité de la vie et la réalisation d’un développement durable et
global.

 Les réformes spécifiques adoptées par l’état s’articulent autour des axes suivants :

 Consolider l’intégration de la Tunisie dans l’espace maghrébin à travers la


poursuite de l’exécution des autoroutes maghrébines et la création de
chemins de fer reliant la Tunisie, l’Algérie et la Lybie.  
 Initier les négociations avec l’Union Européenne en vue de conclure un accord
visant la création d’un espace aérien commun. 

 Renforcer la recherche scientifique pour le développement du secteur du


transport dans le cadre de coopération avec les pays européens et
maghrébins. 

 Renforcer le réseau principal d’autoroutes et le relier aux importantes zones


économiques et urbaines à travers des échangeurs permettant la répartition
de la circulation entre les différentes régions.  

 Soutenir le réseau des routes nationales, régionales et locales en


aménageant et renforçant des parties de ces routes en vue de garantir une
circulation plus fluide entre les centres de production et les centres de
consommation. 

 Maintenir l’infrastructure du transport ferroviaire afin de favoriser le transport


collectif et consacrer le transport ferroviaire comme choix stratégique pour
résoudre l’encombrement et assurer la fluidité de la circulation. 

 Mettre en place une infrastructure moderne se basant sur la liaison entre les
zones logistiques et les centres de production et de distribution, avec la
construction d’une nouvelle génération de ports (le port en eau profonde
d’Enfidha) et la modernisation des ports maritimes selon leurs spécificités
techniques et les besoins de la région. 

 Renforcer le transport intelligent.

Quelques solutions pour réussir le développement :

 Le FMI a formulé un ensemble de réformes structurelles nécessaires


conditionnant le versement de la seconde tranche des aides financières
prévues dans le cadre du programme de Facilité élargie de crédit (2,9
milliards de dollars sur 48 mois) accordé en mai 2016. Ces réformes incluent
une restructuration des finances publiques et des institutions publiques
(notamment les banques publiques Société Tunisienne de Banque STB,
Banque Nationale BN et Banque de l'Habitat BH), une adaptation du système
de sécurité sociale et un renforcement du secteur financier et bancaire. 

 Il est aussi nécessaire d'avoir une meilleure visibilité et transparence de la


part du gouvernement sur les actions à faire, notamment les plans de
réformes structurelles, sur le moyen terme.
 L’adoption du nouveau code d'investissement présenterait une motivation
privilégiée pour attirer les capitaux étrangers, notamment au travers des
avantages fiscaux et la simplification des procédures de rapatriement des
bénéfices prévus pour les investisseurs étrangers.
 Le programme de lutte contre la corruption, le nouveau code d'investissement
et la réforme du secteur financier permettront à la Tunisie d'avoir une
meilleure qualité de l'environnement des affaires et donc d'améliorer son
niveau de compétitivité à l'international.
 Engager rapidement les études relatives aux projets du Plan et assurer un
suivi efficace et une évaluation rigoureuse des réalisations du Plan à travers :

o La généralisation du système national de suivi et d’évaluation des


projets publics.
o Un calendrier clair pour la mise en œuvre des réformes préconisées.
o Le suivi des indicateurs sur l’emploi et le développement humain à
l’échelle nationale et régionale.

3. Conclusion :
La Tunisie, engagée dans un processus démocratique depuis la révolution de 2011,
oscille entre une situation économique difficile et une volonté de réussir une
transition démocratique, économique et sociale durable. Pourtant, les
gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 n'ont cessé de fournir des efforts
pour placer la Tunisie sur le chemin d'une croissance pérenne. Les mesures se
multiplient même si les améliorations sont encore modestes. La Tunisie a encore des
défis à relever notamment en termes de réduction du chômage et des inégalités, de
réformes du secteur public et de relance de l'économie. Il y a une conscience
internationale que malgré les challenges, la Tunisie arrivera à avancer sur le chemin
de la croissance, soutenue par les aides des organisations internationales et par une
proximité du marché européen.         
Bibliographie :
 https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_Tunisie
 http://www.bsi-economics.org/752-bilan-eco-tunisie-postrevolution-fb
 https://www.ilboursa.com/marches/dix-ans-apres-la-revolution-quel-
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 http://www.tunisie.gov.tn/uploads/Document/02/978_445_Plan-
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 https://fr.wikipedia.org/wiki/Objectifs_de_d
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%C3%A9

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