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UE 2
BIOCHIMIE
FICHE DE COURS 8
Réplication et réparation des erreurs associées
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Réplication et réparation des erreurs associées
PLAN :
I - La réplication de l’ADN
A - Introduction
B - Rappels structure de l’ADN
C - Notions générale
D - Les enzymes impliquées dans la réplication
1) Enzymes impliquées dans le déroulement
2) Enzymes impliquées dans la synthèse du brin complémentaire
E - Les étapes de la réplication
1) Les origines de réplication
2) Élongation : Polymérisation et Maturation
3) Télomères
4) Réassemblage des nucléosomes
F - La réplication est une cible thérapeutique
G - Bilan
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I - La réplication de l’ADN
A - Introduction
Un chromosome simple brin correspond donc à une molécule de chromatine compactée et donc
à une molécule d’ADN.
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D - Les enzymes impliquées dans la réplication de l’ADN
L’accès de l’ADN polymérase aux brins matrices nécessite l’intervention de nombreuses enzymes
assurant le déroulement, la dénaturation et la stabilisation des simples brins de manière
linéaire.
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Rôle principal : suppression des contraintes liées à la topographie de la
molécule d’ADN
Étant donné ces effets cytotoxiques, cette inhibition est utilisée dans les
traitements anticancéreux et les antibiotiques (inhibiteurs de topoisomérases
bactériennes).
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2) Enzymes impliquées dans la synthèse du brin complémentaire
ADN Polymérase :
L’ADN polymérase ne peut aller que de 3’ en 5’et polymérise dans le sens 5’>3’.
Il existe différentes ADN polymérases assurant la réplication et la réparation de l’ADN, qu’il soit
génomique ou mitochondrial. Ces enzymes ont une vitesse d’élongation variant de 10 à 100
nucléotides par seconde. Certaines ont une activité primase et synthétisent des amorces ARN.
ADN Pol α : SU primase permettant d’initier la réplication par la synthèse d’une amorce ARN
NB : Pol α synthétise ensuite un court brin d’ADN avant d’être relayée par Pol δ ou ε
ADN Pol δ et ε : Permettent la réplication du brin continu et discontinu par polymérisation dans le
sens 5’-3’
● Pol δ : Réplication du brin discontinu très fidèle (= peu d’erreurs).
● Pol ε : Synthèse du brin continu très fidèle.
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E - Étapes clé de la réplication
La réplication se déroule toujours vers l’extérieur de l’origine de réplication, d’où son élargissement
progressif en bulle de réplication.
1) Origines de réplication
Les origines de réplication (OR) sont multiples sur le chromosome. Il s’agit de séquences répétées de
100-200 kbases environ reconnues par des protéines spécifiques. Elles permettent le recrutement de
la machinerie de réplication. Leur répétition permet l’intervention de plusieurs machineries et
accélère donc le processus réplicatif.
La réplication se fait en direction opposée de part et d’autre des OR, donc de manière
bidirectionnelle. Au contraire la polymérisation reste toujours unidirectionnelle dans le sens 5’-3’
Cette élargissement de l’origine de réplication forme une boucle de réplication. La fusion des
boucles induit l’aplanissement des brins.
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Brin discontinu : orienté 5’-3’
Étape 3 : Maturation - Suppression de la partie ARN des brins d’Okazaki : Lorsque la Pol δ atteint
une amorce en aval (précédemment fixée) celle-ci va se détacher du brin et être soulevée tel un clapet
par Pol δ. Pour permettre la jonction entre les régions ADN des brins d’Okazaki, l’amorce finit par être
clivée par l’endonucléase FEN1 au niveau de la jonction double-brin d’ADN- simple brin d’ARN.
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3) Télomères
Il s’agit d’un complexe constitué d’une reverse transcriptase et d’un brin d’ARN matrice
(AAUCCC) à partir duquel elle synthétise à répétitions la séquence d’ADN complémentaire.
L’activité télomérase n’est pas effective dans les cellules somatiques, au contraire des cellules
souches embryonnaires et des cellules germinales. Elle est aussi réactivée chez les cellules
tumorales qui prolifèrent indéfiniment.
La conséquence est donc un raccourcissement progressif des télomères et de fait des chromosomes.
Lorsque tout le télomère a été raccourci, la cellule arrête son cycle cellulaire induit son apoptose
pour éviter la transmission de lésions génomiques aux cellules filles : c’est la sénescence. Un
fibroblaste, par exemple, va se diviser 60 fois avant d’entrer en sénescence, et déclencher son
apoptose.
NB : Au fil du temps le processus de sénescence augmente du fait des nombreux cycles cellulaires
effectués au cours de la vie de l’individu. La prédominance de la mort cellulaire sur leur
renouvellement est un élément majeur de la vieillesse.
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F- La réplication est une cible thérapeutique
Dans certains cas, il est intéressant d’inhiber la réplication de l’ADN. On peut citer par exemple le
cancer (pour empêcher la tumeur de proliférer), les infections bactériennes (pour éviter que les
bactéries ne se multiplient) et les maladies auto-immunes (en empêchant les cellules immunitaires
de proliférer, on peut décroître l’ampleur de la maladie).
Plusieurs techniques sont utilisées :
● Inhibiteurs de la polymérase
● Analogues de nucléotides (inhibition compétitive empêchant l’élongation de la molécule
d’ADN)
ex : antimétabolites, ddNTP dont l’absence de 3’OH empêche la formation d’une liaison
phosphodiester (cf. séquençage Sanger)
● Inhibiteurs de la synthèse des nucléotides
● Inhibiteurs de topo-isomérases responsables de cassures simple ou double-brin
● Agents alkylants : causent des pontages covalents de brins et donc empêchent la réplication
G - Bilan
La réplication de l’ADN est semi-conservative et sa synthèse est orientée dans le sens 5’-3’.
L’origine de réplication est spécifique et permet de recruter les enzymes nécessaires à la réplication.
Chez les eucaryotes il existe de nombreuses OR.
Les protéines point de contrôle du cycle cellulaire, régulent la réplication : l’activation des OR est
régulée par les cyclines et les « cyclin-dependent protein kinases » (voir cours de Bio Cell)
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II - Réparation des erreurs de réplication de l’ADN
A - Définition
La réparation de l’ADN est l’ensemble des processus biochimiques qui identifie, signale et corrige
les anomalies moléculaires de l’ADN.
● Mutations somatiques : Mutation transmise à toute les générations de la lignée cellulaire issue
de la cellule mutée au cours des mitoses successives. La transmission ne se fait qu’au sein de
l’individu mais pas à la descendance. Par exemple, les tumeurs résultent de mutations
somatiques (généralement en raison d’un agent exogène mais souvent associé à une
prédisposition génétique (= un allèle muté)).
● Germinales : Mutation atteignant une cellule reproductrice et que l’on va donc retrouver chez
la descendance de l’individu : toutes les cellules de l’organisme du descendant seront
affectées.
Les ADN polymérases ont une fidélité variable, responsable d’erreurs de réplication :
● Mésappariement : appariement d’une base avec une autre non complémentaire
● Délétion : perte d’information, un ou plusieurs nucléotide(s) est “oublié” par la
polymérase
● Insertion : gain d’information, un ou plusieurs nucléotide(s) est ajouté par la polymérase
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2) Réplication et Fidélité : Edition, relecture (proofreading)
Certaines polymérases ont une activité de relecture/édition de la base insérée, ce qui leur permet
d’être beaucoup plus fidèles (1 mutation/10⁹-10¹⁰ bases contre 1/10⁵ pour les polymérases non
équipées de ce système).
C’est le cas des ADN Pol δ, ε et γ : en absence d’erreur d’appariement l’élongation se poursuit mais
si un mésappariement a lieu, la structure de l’hélice est modifiée ; cette anomalie est détectée par la
polymérase, qui va utiliser son activité 3’-5’ exonucléase pour corriger l’erreur en enlevant la base
mésappariée avant de poursuivre la polymérisation.
Remarque : des mutations des ADN Pol δ et ε affectant leur activité de relecture/édition ont été
identifiées. Ces mutations sont associées à une prédisposition au cancer (colon notamment) en raison
d’accumulation de mutations génomiques.
3) Nature et prise en charge des erreurs de réplication non résolues par les POL
Parfois, certaines erreurs échappent à la polymérase, mais il existe un deuxième filet de correction
des erreurs dans la cellule : le système MMR (MisMatch Repair). Celui-ci peut réparer les erreurs
de mésappariement et les petites insertions/délétions (du même nucléotide ou de plusieurs).
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D - Conséquences fonctionnelles d’une anomalie de réparation des
mésappariements de l’ADN
Si la mutation n’est pas reconnue et correctement réparée au moment de son apparition, elle peut
se fixer après la réplication. La mutation n’est alors plus reconnue et peut induire une instabilité
génétique mais surtout des erreurs dans la séquence protéique (changement de codon) qui peuvent
altérer sa structure et donc sa fonction. Ci-dessous, on voit que le A a été apparié avec un T lors
de la réplication, ce qui fait qu’il n’y a apparemment pas de problème. Cependant, on a bien eu
une mutation GC>AT, qui est transmise aux cellules filles (voire à la descendance si la mutation
a lieu dans les cellules germinales). Cela induit un changement de codon est donc le passage d’une
Thr (polaire non ionisable) à une Lys (polaire ionisable) qui peut être délétère à la protéine.
NB : Des mutations constitutionnelles (présentes dans toutes les cellules de l’organisme car issues
des cellules germinales parentales) d’un des gènes codant pour les protéines du système MMR
(MSH2-6, MLH1, …), causent une susceptibilité héréditaire aux mutations somatiques car seule
la polymérase a la capacité de réparation, ce qui augmente le risque de fixation.
Un allèle sain suffit à maintenir le système de réparation, mais une mutation somatique du second
allèle inhibe totalement le système et augmente donc de manière accrue l’exposition au cancer :
c’est un exemple de prédisposition familiale au cancer (colon, estomac, utérus, ovaire).
La fourche de réplication est une région d’instabilité génétique accrue : en effet, l’ADN y est
dénaturé́ , ce qui expose les bases à des modifications délétères (désamination des cytosines,
exposition à des radiations, cassures…) en cas de dysfonctionnement des systèmes de stabilisation
et réparation.
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Cette fiche de cours a été réalisé et actualisé par :
Rédacteurs : Lison Guyon (DFASM1, rédactrice en chef des fiches 21-22), Ombeline
Krekounian (DFASP1), Léa Aix (DFGSM3), Gregory PEYRACHE (DFGSM2)