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L’intolérance au lactose : des enzymes au génome et à l’histoire humaine

Il existe dans la population humaine deux phénotypes en lien avec le lactose, les tolérants au lactose et les
intolérants au lactose. A la naissance, tous les êtres humains sont tolérants au lactose (sauf cas particuliers
non étudiés ici), c’est-à-dire qu’ils sont capables de digérer ce sucre, présent en très grande quantité dans le lait.
Les individus tolérants au lactose sont des individus capables de digérer le lactose tout au long de leur vie alors
que les intolérants sont des individus qui ne sont plus capables de le digérer à l’âge adulte (à partir de 5 ans en
réalité).
De plus, des études épidémiologiques montrent que les individus tolérants au lactose et des intolérants se
retrouvent partout dans le monde mais pas dans les mêmes proportions (au niveau mondial 65% sont
intolérants au lactose et 35% sont tolérants) et leur répartition n’est pas homogène, en effet les individus
tolérants au lactose se retrouvent majoritairement en Europe Nord.

Problème : comment expliquer l’intolérance au lactose et sa répartition géographique ?

Définitions :
• Tolérants au lactose ou phénotype LP (Lactase Persistant) : aptitude à digérer le lactose durant toute leur vie.
• Intolérants au lactose ou phénotype LNP (Lactase Non Persistant) : aptitude très faible à digérer le lactose.
Remarque: tous les individus produisaient de la lactase durant les premières années de la vie. La lactase est une
enzyme qui permet de digérer le lactose.

Chapitre 1 : Les mécanismes de production de la lactase.


Du gène à la protéine :les mécanismes de l’expression du patrimoine génétique.

Afin de comprendre l’intolérance au lactose, nous allons d’abord nous intéresser à la façon dont une protéine telle
que la lactase est produite dans la cellule.

Problème : Comment sont produites les protéines, comme les enzymes telles que la lactase, dans la cellule ?

I. Les protéines, essentielles au fonctionnement de l’organisme, sont constituées d’acides aminés.

Les protéines ou protides, sont des molécules organiques. Chaque protéine est un polymère constitué d’une
chaîne de molécules plus petites, les acides aminés, reliés entre eux par des
liaisons fortes (covalentes) appelées liaisons peptidiques.

Il existe 20 acides aminés différents dans les protéines des êtres vivants. On
appelle séquence d’une protéine l’ordre d’enchaînement de ses acides aminés.
Chaque acide aminé est constitué des atomes C, H, O, N et parfois S ou P.

Le bon fonctionnement et la fonction d’une protéine dépend de sa conformation


spatiale. En effet, il suffit d’un petit changement de forme pour qu’une protéine devienne dysfonctionnelle.
La conformation spatiale d’une protéine dépend de sa séquence en acides aminés. En effet, lorsqu’elle est
fabriquée, la chaîne d’acides aminés se replie sur elle-même et en fonction des acides aminés présents et de leur
ordre d’agencement, des liaisons (autres que les liaisons peptidiques) se mettent en place à des endroits bien
précis de la protéine, lui conférant ainsi une forme bien précise dans l’espace et donc une fonction bien précise.

Schéma présentant un fragment de protéine déroulée


(val, his, etc désigne des acides aminés)

Les protéines jouent un rôle majeur dans le fonctionnement des organismes. En effet, elles assurent de
nombreuses fonctions essentielles : soutien (ex : collagène), messager (ex : hormones), défense immunitaire
(ex : anticorps), transport de substances (ex : hémoglobine qui transporte l’O2), accélération des réactions
chimiques (enzymes)… La lactase, qui est une enzyme, est elle aussi une protéine.
II. L’ARNm, molécule intermédiaire entre les gènes et les protéines.
VOIR TP4 : LES ACIDES NUCLEIQUES
Les informations génétiques sont portées par l’ADN situé dans le noyau, alors que la synthèse des protéines à
partir de ces informations a lieu dans le cytoplasme. Une molécule permet donc d’assurer le transfert des
informations génétiques du noyau vers le cytoplasme : c’est l’ARNm, Acide RiboNucléique messager.
Comme l’ADN, l’ARNm est un acide nucléique, c’est-à-dire une molécule organique constituée d’un
enchaînement de nucléotides. Les points communs et différences entre ces deux molécules sont présentés
dans le tableau et les schémas ci-dessous.

Tableau comparatif de l’ADN et de l’ARNm


Molécule ADN ARN
Nature de la molécule Acide nucléique : polymère de nucléotides
Structure 2 brins de nucléotides 1 seul brin de nucléotides
Conformation spatiale Double hélice Simple hélice
Sucre au sein d’un nucléotide Désoxyribose Ribose
A, T, C, G A, U, C, G
Bases azotées
A-T, C-G (U : Uracile)
Localisation Noyau Noyau et cytoplasme
Quelques minutes à quelques
Durée de vie Plusieurs années
heures

La séquence de l’ADN, succession des 4 désoxyribonucléotides le long des brins de la molécule, est une
information. Cette information est transmise de génération en génération. A chaque génération, cette information
est exprimée par l’intermédiaire d’un autre acide nucléique : l’ARN.

Problème : Comment se réalise la copie de l’information portée par un gène en ARN messager ?
III. Du gène de la lactase à la production de la protéine enzymatique, la lactase : Les étapes de
l’expression du programme génétique.
A. La transcription : synthèse d’un brin d’ARN pré-messager
VOIR TP T RANSCRIPTION ET TRADUCTION.
Transcrire = réécrire sous une forme différente. La transcription est la synthèse d’un ARN à partir d’un fragment
d’ADN.

Chez les eucaryotes, la transcription de l'ADN en une molécule d’ARN a lieu dans le noyau, grâce à l’ARN
polymérase. Cette enzyme écarte localement les 2 brins d’ADN au début du gène à transcrire et catalyse la
liaison entre les ribonucléotides, jusqu’au bout du gène. Elle libère alors l’ARN pré-messager, ainsi formé par
complémentarité avec le brin transcrit de l’ADN (ou brin non codant). C est complémentaire de G, G de C, A de T
et U de A.

Des milliers d'ARN peuvent être synthétisés, ce qui correspond à des milliers de copies transitoires du gène (du
brin codant), qui seront détruites dans le cytoplasme.
Source : https://svt1eres.wordpress.com/patrimoine-genetique/seance-5-expression-des-genes/
http://www.biologieenflash.net/animation.php?ref=bio-0025-2

Remarque : il existe d’autres ARN produits par la transcription, différents de l’ARN pré-m et de l’ARNm et dont
les rôles sont également différents.
B. La maturation : passage d’un ARN pré-messager à un ARN messager
VOIR EXERCICE SUR LA MATURATION DE L’ARN
L’ARN pré-messager subit une maturation dans le noyau, pour devenir un ARN messager.
Certaines séquences de nucléotides non codantes « les introns » sont éliminées (doc 1 et 2 de l’exercice). Elles
ne serviront pas à la synthèse de la protéine. D’autres séquences, codantes, « les exons », sont ensuite
raccordées entre elles (doc 2 et 3).

Une fois mature, l’ARN messager sort du noyau via les pores nucléaires pour rejoindre le cytoplasme.
Sa durée d’existence est brève. Voir http://www.biologieenflash.net/animation.php?ref=bio-0026-2

Selon les exons retenus pour la traduction, plusieurs ARNm peuvent être fabriqués. On peut donc obtenir au final
plusieurs protéines pour un même gène (doc 3). Ceci explique qu’avec 22 000 gènes, l’Homme puisse produire
près de 100 000 protéines différentes. (voir doc 4 et 5 p73)

Source : R. Rodriguez

C. La traduction de l’ARN messager en protéine


Dans le cytoplasme, les ribosomes réalisent la synthèse des protéines à partir de l’information de l’ARN
messager. Ce processus de traduction commence toujours par le codon d’initiation AUG. Elle se poursuit de
codon en codon, ajoutant les acides aminés correspondants jusqu’à la lecture d’un codon STOP.

En effet, la traduction se déroule selon le code génétique, qui traduit la séquence des nucléotides de
l’ARNm en séquence d’acides aminés d’une protéine. Un triplet de nucléotides ou codon correspond à un
acide aminé précis, sauf les 3 codons STOP, qui ne correspondent à aucun acide aminé.
Le code génétique est :
o redondant : un même acide aminé peut correspondre à plusieurs codons différents
o non ambigu : un même codon correspond toujours au même acide aminé
o universel : il est (quasiment) identique chez tous les êtres vivants, ce qui est démontré par les
expériences de transgénèse.

Expérience : découverte du code génétique par Nirenberg et Matthaei (1961).

Schéma de la traduction.
Dans le cytoplasme, assemblage des acides aminés en protéine, suivant le système de correspondance du code génétique :
1 codon  1 acide aminé.

L’information portée par une molécule d’ARN messager (le message génétique) est ainsi convertie en une
information fonctionnelle (la séquence des acides aminés de la protéine).
Conclusion :
Les portions codantes de l’ADN comportent l’information nécessaire à la synthèse de d protéines, issues de
l’assemblage d’acides aminés. Il y a une colinéarité entre la séquence de nucléotides et la séquence d'acides
aminés.
Néanmoins, on peut synthétiser plusieurs protéines différentes à partir (d'un seul ARN pré messager et donc)
d'un seul
eul gène ; le concept un gène = une protéine n'est donc pas exact. La présence d’introns c'est-à-dire
c'est d'ADN
non-codant
codant montre que la génétique est bien plus complexe qu'il n'y parait, tout comme la régulation de
l’expression des gènes en fonction de facteurs
facteurs de l’environnement ou internes. Voir schéma bilan p77.

ADN codant : Brin d’ADN ayant la même séquence de bases


que celle de l’ARNm correspondant, thymine et uracile étant
considérés comme équivalents. Le brin codant d’un gène est
donc complémentaire du brin qui sert de matrice à l’ARN
polymérase lors de la transcription.

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