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CHAPITRE 14 

: LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SES INEGALITES.


Un ensemble économique et social dans son évolution passe par plusieurs étapes à savoir : l’expansion, la
croissance, le développement, le progrès. La notion de développement est complexe car en plus d’accroître
les ressources en volume, il s’agit aussi de progresser dans le sens d’une amélioration qualitative, de
transformer durablement tous les paramètres de la vie économique et sociale.
I. DEFINITION ET CRITERES DU DEVELOPPEMENT
A. définition
Le développement peut être considéré comme un processus de transformation des structures
économiques, sociales, culturelles, institutionnelles permettant l’apparition de la croissance et sa
prolongation dans le temps. Cette définition n’est pas la seule. Il existe d’autres approches de cette notion qui
soulèvent beaucoup de débats sur sa finalité et ses objectifs.
Pour François Perroux, le développement est la " combinaison des changements mentaux et sociaux
d’une population qui la rendent apte à accroître cumulativement et durablement son produit réel global ".
Plusieurs éléments sont à prendre en compte dans cette dimension du développement, surtout axée
sur l’amélioration du revenu global et donc sur la croissance économique.
B. Les critères du développement
Il existe une panoplie de critères de développement ; cependant, nous allons les regrouper sous deux
grandes rubriques : les critères sociaux et les critères économiques.
1) les critères sociaux
Ils sont perçus sur le plan sanitaire, éducatif, socio culturel et sur le plan politique.
- Sur le plan sanitaire
Nombre d’hôpitaux se trouvant dans une ville ou dans une région, nombre de médecins dans un centre de
santé, nombre de malade par médecin et le budget alloué par les pouvoirs publics pour la santé de la
population.
- Sur le plan éducatif
Nombre d’écoles ou d’universités dans une ville ou dans le pays, la qualité et la quantité des enseignants, la
qualité et la quantité d’enseignement dispensé et le degré de professionnalisation des enseignements.
- Sur le plan socio culturel
L’état de mentalité et le degré de justice sociale
- Sur le plan politique
L’existence de la suppression des dominations, la démocratisation du système, le respect des libertés
individuelles.
2) les critères économiques
Il s’agit surtout du
 revenu par tête encore appelé produit national par habitant.
C’est le critère le plus souvent avancé pour caractériser le niveau de développement d’un pays. Mais
ce critère est sujet à contestation car :
- Le revenu par tête ne tient pas compte de la répartition des revenus entre les agents économique ;
- Tous les revenus ne sont pas pris en compte dans la formation du revenu national ;
- Certaines activités ne sont pas marchands donc ne sont pas comptabilisées ;
- Il ne prend pas en compte les activités du secteur informel et les activités souterraines.
Par ailleurs, il existe d’autres critères économiques tels que :
 Le niveau de l’investissement
 Le niveau de la production industrielle
 La part de la population active dans les secteurs d’activité.
C. les outils de mesure du développement
La banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ont
déterminé un certain nombre d’outils permettant de déterminer le niveau de développement de chaque
pays ; il s’agit de :

- Le revenu par habitant

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- L’indicateur du développement (IDH)
- L’indice de pauvreté Humaine (IPH)
Le revenu par habitant est un indicateur généralement calculé selon la méthode de parité de pouvoir d’achat
(PPA) c'est-à-dire la conversion du PNB d’un pays de la monnaie nationale en dollar en utilisant le taux de
change en vigueur sur le marché de change. Le revenu par habitant est calculé comme suit : revenu/ hbt =
revenu global du pays
' * 100
nombre d habitants
L'IDH (indicateur de développement humain) est un indice statistique composite créé par le Programme
des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1990 (Amartya Sen). Depuis 2010, l'IDH est construit
selon un nouveau mode de calcul à partir de quatre indicateurs :
L’espérance de vie à la naissance,
La durée moyenne de scolarisation,
La durée attendue de scolarisation, et
Le PIB réel par habitant exprimé en PPA.
L’IPH est un indicateur qui mesure la proportion des populations affectée par trois types d’atteinte à la
possibilité de vivre une existence décente
- Le % de la population dont l’espérance de vie n’atteint pas 40%
- Le % des analphabètes dans la population adulte
- Les conditions d’existence appréhendées par la combinaison des trois variables notamment :
 Le % de la population n’ayant pas accès aux soins de santé
 Le % de la population n’ayant pas accès à l’eau potable
 Le % des enfants de moins de 5 ans souffrant de la mal nutrition.
II. LES DESEQUILIBRES MONDIAUX
Le développement est le résultat d’une évolution historique irréversible. C’est une certitude de
résultat, une acquisition définitive. C’est dans ce sens que l’on parle d’économie développée ou sous
développée.
Le développement ne s’est pas réalisé de façon uniforme dans tous les pays du monde. On observe un
déséquilibre dans le processus de développement qui est à l’origine des inégalités entre les pays.
Pour en parler, on utilise une terminologie qui emploie les notions telles que :
- Pays sous développés : c’est une expression qui met l’accent sur l’infériorité de la situation
économique et sociale par rapport au modèle de société développé occidentale.
- Pays en voie de développement ; plus employée, cette notion met l’accent sur le processus de marche
vers le développement.
- Tiers monde : cette notion est beaucoup plus politique et a un caractère revendicatif. Elle est d’Alfred
Sauvy et souligne une condition et des revendications communes par rapport aux nations riches.
- Pays d’économie de marché : cette notion est utilisée pour exprimer le rôle central du marché dans
ces économies (système capitaliste).
- Pays à économie développée : plus utilisée par la banque Mondiale ; cette expression regroupe les
pays en différentes catégories selon le critère du revenu par habitant.
- Pays émergents : notion apparue dans les années 80 et très utilisée dans les années 90 pour désigner
un ensemble de pays en développement caractérisé par une croissance économique et financière très rapide.
- Pays en transition : groupe de pays qui mettent progressivement en place des structures économiques
et politiques nécessaires pour passer à une économie de marché.
Le monde apparaît disparate et complexe, il affiche des situations contrastées, des milliers de familles
souffrent de famine tandis que d’autres vivent dans l’opulence.
Ces déséquilibres de nature différente permettent de déterminer les critères de sous développement
et les solutions possibles à ce dernier.

A. Les aspects des déséquilibres

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Aujourd’hui, les écarts de développement subsistent et se traduisent par des déséquilibres au niveau
de la production, au niveau de l’industrie et au niveau démographique.
1) Les déséquilibres au niveau de la production
Les pays développés produisent l’essentiel des services et des produits manufacturés dans le monde.
Cette capacité tient à l’usage généralisé des technologies dans le système. Ce qui provoque une production de
masse tout en respectant les normes internationales.
Dans les pays en développement, le tissu productif a une productivité faible à cause du manque
d’équipements, manque des cadres spécialisés dans certains domaines.
2) Les déséquilibres au niveau de l’industrie
Les pays en développement ont une industrialisation faible, ce qui a pour conséquence majeure la
vente à l’état brut des produits de base. Cette situation limite considérablement la valeur ajoutée sur de tels
produits renforçant par là leur dépendance à l’égard des pays industrialisés pour des produits manufacturés.
3) Les déséquilibres au niveau de la démographie
La répartition de la population mondiale présente deux grands déséquilibres entre les pays riches et
les pays pauvres.
Dans les pays développés, l’effectif des jeunes est très faible et on observe une baisse de taux de
fécondité et une population en âge avancé considérable. Le niveau de vie par habitant est élevé compte tenu
de l’abondance des ressources disponibles.
Dans les pays pauvres, la natalité est forte, la proportion des jeunes très élevée et très peu de
personnes atteignent les âges élevés compte tenu de la faible espérance de vie (56 ans au Cameroun) justifiée
par le manque de soins de santé, les mauvaises conditions d’hygiène, mauvaise alimentation et l’habitat peu
décent.
La diversité des pays en développement est également perçue entre les nouveaux pays industrialisés
et les pays les moins avancés.
B. Les situations spécifiques du développement
1. Les nouveaux pays industrialisés (NPI)
Dans les années 1960, les NPI figuraient parmi les pays pauvres, mais ils vont démontrer par la suite
qu’ils étaient capables d’amorcer un véritable décollage industriel. Il s’agit des pays tels que la Taïwan, la
Corée du sud, Singapour, Hong-Kong (les quatre dragons d’Asie), la Malaisie, l’Indonésie, la Thaïlande (les
tigres) ; le Brésil, le Mexique, l’Argentine, le Chili qui constituent les jaguars d’Amérique du Sud.
Leurs stratégies de développement sont basées sur cinq principes fondamentaux :
- La réforme agraire ;
- L’industrialisation par promotion des exportations ;
- La remonté des filières (l’investissement dans les secteurs en amont tels que le textile, l’agriculture, la
sidérurgie, la chimie, l’automobile…) ;
- L’intervention active de l’Etat : Création des infrastructures, l’industrialisation et la formation des
cadres dans le but de constituer une main d’œuvre qualifiée et contrôler le système bancaire ;
- La généralisation de la scolarisation.
2. Les pays les moins avancés (PMA)
C’est le groupe des pays les plus pauvres de la planète qui présentent trois caractéristiques
- Le PIB par individu est inférieur à 650 dollars par habitant ;
- La part de l’industrie dans le PIB est inférieure à 2% ;
- Le taux d’alphabétisation est inférieur à 20% (Tchad, Niger, Mali)
Les facteurs qui expliquent ce blocage du développement sont :
L’agriculture : Elle est très faiblement productive et est destinée à l’autoconsommation.
La dépendance de l’économie : l’économie est très dépendante de quelques produits primaires et est
soumise aux fluctuations des prix de ces produits.
3. Classification de la Banque Mondiale
Selon la BM, le monde est divisé en quatre zones économiques :
- Les pays à revenu élevé
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Ce sont généralement les pays industrialisés à économie de marché et quelques pays exportateurs du pétrole
à faible population (Guinée Equatoriale) ;
- Les pays à faible revenu
Ce sont ceux dont le PIB par tête est compris entre 80 et 2500 dollars (Mozambique, Tchad, Mauritanie,
Ethiopie…) ;
- Les pays à revenu intermédiaire
Le PIB par tête est compris entre 600 et 3500 dollars (Cameroun, Grèce, Angola…)
- Les pays inclassables en raison de l’absence de leur système de comptabilité nationale ou du mauvais
état de ce denier (Corée du Nord).
III. LE SOUS DEVELOPPEMENT
C’est l’état d’une société dont les caractéristiques économiques, sociales, politiques et culturelles
l’empêchent d’assurer à l’ensemble des individus qui la composent, les besoins fondamentaux de la personne
humaine.
A. Les critères du sous-développement
Ils peuvent être regroupés en trois catégories
1) Les critères démographiques
Le sous développement est caractérisé par :
- Une explosion démographique : actuellement, environ 80% de la population mondiale vit dans les
pays en voie de développement. Cette situation constitue un lourd handicap lorsque la production est
insuffisante pour satisfaire les besoins fondamentaux.
- Une natalité élevée, une mortalité en baisse, une population essentiellement jeune. Les conséquences
peuvent être négatives (charges lourdes pour les actifs) ou positives (main d’œuvre disponible en cas de
création suffisante d’emploi).
- La pyramide des âges présente une base très large, traduisant l’importance de la population jeune et
un sommet étroit mettant en évidence la faible espérance de vie.
2) Les critères sociaux
Les pays sous développés sont caractérisés par
- Des conditions de vie rudimentaires ;
- La sous – nutrition (moins de 2400 calories par jour), la mal nutrition (déficience qualitative de
l’alimentation en vitamine, protéine…). La conséquence est un retard sanitaire, éducatif ;
- Des inégalités criardes dans la répartition des richesses, des disparités sociales importantes entre les
villes et les campagnes ;
- Le chômage des jeunes et l’expansion du secteur informel.
3) Les critères économiques.
Dans les pays sous développés, l’épargne est insuffisante pour financer les investissements. On assiste
à un dualisme économique caractérisé par la coexistence de deux structures : une traditionnelle et l’autre
moderne. De même, la main d’œuvre est peu qualifiée et sous employée avec une forte proportion dans
l’agriculture et l’élevage pour une faible productivité.
L’économie est désarticulée ; c'est-à-dire qu’il ya absence d’interdépendance entre les secteurs de
l’économie. Le secteur tertiaire est caractérisé par l’existence d’un chômage déguisé.
L’économie est fortement dépendante des pays industrialisés tant pour écouler leurs produits de base que
pour se procurer les produits manufacturés (l’économie est extravertie). Les PSD produisent en général ce
qu’ils ne consomment pas et consomment ce qu’ils ne produisent pas.
B. Les origines des inégalités de développement
Les inégalités du développement sont apparues à une époque récente et nombre
d’économistes ont avancé des thèses qui tentent d’expliquer leur origine.
On distingue en général trois grands groupes d’explication du sous développement.
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1) Le sous développement comme phénomène naturel.
Il s’explique par les conditions climatiques, la pauvreté en ressources naturelles, la surpopulation, les
blocages socioculturels tels que la fuite des cerveaux, l’instabilité politique, le changement des civilisations et
des mœurs, le fatalisme de certaines religions, les épidémies endémiques. Ce qui conduisait à un cercle
vicieux du sous- développement : on considérait alors que les nations sous-développées n’avaient aucun
espoir de sortir de la spirale du développement inégal.

Malnutrition et Sous- Maladies endémiques


Grande pauvreté
nutrition

Faibles revenus Faible productivité du


travail
2) Le sous développement comme retard de développement (phénomène conjoncturel)
Il est supposé qu’il existe un mode unique de développement qui se réalise en suivant le même
processus. Les pays sous développés sont simplement moins avancés dans le processus. Cette théorie
s’appuie sur les travaux de W. W. Rostow qui considère que le développement comprend cinq étapes. Et que
le sous-développement ne doit pas être considéré comme une étape obligatoire dans le processus de
croissance.
- La société traditionnelle : c’est le stade antérieur du développement. Elle est caractérisée par une
prédominance de l’activité agricole, une faible productivité des facteurs de production et une absence de
mobilité sociale.
- La phase de pré-décollage ; caractérisée par une croissance modérée, la diffusion de la science
moderne, l’apparition des premiers entrepreneurs, l’édification de l’Etat-nation,…
- La phase de décollage (take-off) : c’est la période pendant laquelle la société finit par renverser les
obstacles et les «barrages». Concrètement, le démarrage se caractérise par quatre traits : apparition et
diffusion des nouvelles techniques ; gains de productivité agricoles importants ; création de nouvelles
industries ; augmentation des investissements.
- La marche vers la maturité : «l’économie, qui désormais se développe à une cadence régulière…
s’efforce d’appliquer la technologie moderne à chacun de ses secteurs (…). Les industries nouvelles accélèrent
leur développement, les industries anciennes plafonnent…
- L’ère de la consommation de masse : caractérisée par l’amélioration significative des conditions de vie
(élévation du revenu par habitant) ; la production des biens de consommation durable ; l’Etat providence, etc.
3) Le sous développement comme produit du développement (un phénomène structurel)
Tiers-mondistes et marxistes s’entendent pour considérer les inégalités du développement
comme le produit d’une histoire, celle de la domination coloniale des pays européens sur les régions
périphériques. Ils soutiennent ainsi la thèse d’un blocage délibéré de la croissance des pays du tiers-
monde par les nations industrialisées, à leur profit et fonction de leurs propres besoins.
Les pays du centre exercent un effet de domination à plusieurs niveaux
- Ils maintiennent le dualisme des structures économiques du tiers-monde ;
- Ils accroissent la dépendance des pays du sud dans les échanges internationaux ;
- Les FMN des pays développés décapitalisent les pays prolétaires ;
- L’aide au développement accroît le poids de la dette et bloque le développement d’une
industrie nationale

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Note : les différentes approches du sous développement se complètent puisqu’ils ne se
contredisent pas.

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