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Université de Lomé

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion


Parcours : Economie

Code et intitulé de l’enseignement : ECO350, Introduction à l’économie du


Développement

Thématique 3 : Caractéristiques des pays sous-développés

Chapitre 3 : Terminologies du sous-développement

Chargé du Cours : Pr COUCHORO

Année Académique : 2020-2021

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Introduction
De nombreux termes différents sont utilisés pour caractériser les pays en développement. Ces
termes visent à opposer l’état de ces pays ou leur rythme d’évolution à ceux des pays modernes,
avancés et développés. Avant de faire l’état des lieux caractéristique des pays en
développement, il semble important d’abord de définir le développement. Pour définir le
développement, on se réfère souvent à la définition devenue classique proposée par
l’économiste français François Perroux en 1961 : c’est « la combinaison des changements
mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et
durablement son produit réel et global ». Cette définition implique deux faits principaux : si la
croissance peut se réaliser sans forcément entraîner le développement (partage très inégalitaire
des richesses, captation des fruits de la croissance par une élite au détriment du reste de la
population), il y a tout de même une forte interdépendance entre croissance et développement
(le développement est source de croissance et nécessite une accumulation initiale). Enfin, le
développement est un processus de long terme, qui a des effets durables. Une période brève de
croissance économique ne peut ainsi être assimilée au développement. Comme nous l’avons
montré dans le chapitre précédent, le développement englobe des bouleversements plus grands
(valeurs et normes sociales, structure sociale, etc.) que le simple processus de croissance
économique : le développement est par nature un phénomène qualitatif de transformation
sociétale (éducation, santé, libertés civiles et politiques…) alors que la croissance économique
est seulement un phénomène quantitatif d’accumulation de richesses.
Partant de cette définition, que peut-on comprendre à travers la notion du sous-développement ?

Chapitre 3 : Terminologies du sous-développement

La notion de « pays sous-développé » est utilisée pour la première fois par le président
américain Harry Truman en 1949, lors de son discours sur l’état de l’Union (« point IV »). Il y
justifie l’aide que doivent apporter les pays riches aux pays pauvres afin d’endiguer la montée
du communisme. C’est donc dans un contexte de guerre froide que se forge le débat sur les
appellations des pays les plus pauvres. Par la suite, plusieurs dénominations vont se succéder
pour désigner les pays concernés.

1- Sous-développement, économie sous-développée :

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Ces termes qui véhiculent l’idée de retard à combler pour ces pays, et l’objectif à atteindre est
de rattraper la situation des économies industrialisées. Celles-ci sont considérées comme la
norme à atteindre à travers un long processus linéaire et standardisé suivant une vision
rostowienne. Une question se pose alors : ce que nous entendons par développement n’est-il
qu’une certaine conception de ce que doit être le progrès humain et propre au monde occidental
? Derrière la notion de développement se cacherait le modèle économique de production
capitaliste. Ainsi, le souhait de voir se développer les pays pauvres participerait d’un projet de
normalisation capitaliste et libérale du monde. C’est la thèse défendue par un courant de pensée
anti-développement, proche du mouvement de la décroissance, et représenté en France par
Serge Latouche ou Gilbert Rist. Ce dernier assimile même le développement à une religion, une
croyance imposée à tous et encadrée par des rites (mode de production capitaliste, rapports
marchands, discours mettant en avant la notion de progrès et de modernité sans les définir, etc.).
Cette conception critique du développement s’appuie sur les travaux qui soutiennent la thèse
que les sociétés primitives, sous-développées au sens occidental, ne connaissent pas la pénurie
mais l’abondance du fait du peu de besoins à satisfaire. On voit alors émerger la critique du
capitalisme : c’est le fait que le système capitaliste crée de nouveaux besoins qui crée alors le
sous-développement. Une vie heureuse et accomplie serait donc possible en dehors du
développement.

2- Pays en voie de développement, ou en développement


C’est la terminologie, jugée moins péjorative, la plus utilisée de nos jours. Elle laisse supposer
que la situation des pays concernée s’améliore effectivement de façon continue sur le long
terme.

3- Nord-Sud
Cette terminologie met en évidence un clivage persistant entre les économies industrialisées et
les autres. Elle renvoie à une conception géographique, les économies du « Sud » étant
majoritairement situés sous le tropique du Cancer et leurs conditions climatiques (climat
tropical, nature ingrate, catastrophes naturelles) les empêche de se développer ; mais cette
explication est de nos jours invalidée. En effet, on trouve des économies riches au sud :
Australie, Nouvelle-Zélande avec un climat tropical ; du désert aux USA ; des catastrophes
naturelles au Japon. On remarque que les conséquences des catastrophes naturelles dépendent
du niveau de développement des pays concernés.
4- Pays pauvres :

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Ce terme décrit la situation de la majorité de la population de ses pays en ignorant la forte
inégalité et l’existence d’une catégorie sociale extrêmement riche. Cette terminologie suppose
en outre que la situation de ces pays est due à un manque global de ressource sans mettre en
cause l’éventualité d’une mauvaise utilisation/affectation ou répartition de ces ressources.
Rappelons que la notion de pauvreté elle-même n’est pas univoque et renvoie à plusieurs
critères possibles.

5- Périphérie :
Ce terme, forgé par les économistes structuralistes dans les années 1950, renvoie à un centre et
souligne le fait qu’on a affaire à deux pôles de l’économie mondiale dont les structures sont
différentes et dont l’un domine l’autre sur le plan mondial.

6- Tiers-monde
En 1952, le démographe et économiste français Alfred Sauvy utilise la notion de « tiers-monde
» pour qualifier les pays sous-développés. En faisant référence au tiers état de l’Ancien Régime,
il entend dénoncer la marginalité dans laquelle se trouve ce troisième monde à côté des deux
blocs en conflit et annoncer son émergence imminente en force politique mondiale : « Car enfin
ce tiers-monde ignoré, exploité, méprisé comme le tiers état, veut, lui aussi, quelque chose. »
C’est l’époque où les pays pauvres s’allient dans un but commun : dénoncer la logique des blocs
et revendiquer leur voix dans le concert mondial des nations. Ainsi, en 1955, la conférence de
Bandoeng voit naître le tiers-monde comme mouvement politique : c’est le début du
mouvement des « non-alignés », voie médiane entre les deux blocs américain et russe, qui
revendique un « nouvel ordre économique international » (NOEI ).,

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