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La croissance ECT/ A.

RHARIB

I/ La croissance : portée et mesure


La croissance est l’augmentation sur une longue période de la richesse créée par une
économie donnée. Cette richesse est entendue en volume (ou en valeur mais sur la base
d’une évaluation en monnaie constante ce qui revient au même).

Pour calculer la richesse d’une économie déterminée, on se réfère au PIB : produit


intérieur brut (somme des valeurs ajoutées de tous les agents économiques). Or cet
agrégat de la comptabilité nationale n’offre qu’une mesure approximative : il ne tient pas
compte du bénévolat, du travail domestique, de l’économie souterraine (activités illicite
et économie de fraude), des externalités positives et négatives…Aussi, n’informe t’il pas
sur le bien être.

Pour opérer des comparaisons dans l’espace et neutraliser le facteur démographique, on


se réfère au PIB par tête d’habitant. Cette moyenne n’a cependant aucune crédibilité dans
les pays du tiers monde où les inégalités entre riches et pauvres sont inimaginables.

Le PIB est très présent dans le calcul de plusieurs indicateurs économiques :

- Le taux de pression fiscale : part de la richesse prélevée par l’Etat sous forme
d’impôts ;
- Le taux d’investissement : part de la richesse alimentant le stock de capital :
- Le taux d’extraversion : part de la richesse intérieure orientée vers l’export ;
- L’élasticité des importations et des exportations par rapport au PIB : réaction des
importations et des exportations à une augmentation ou une diminution de la
richesse…

L’expansion désigne aussi un accroissement de la richesse créée par une économie, mais
pendant une durée plus courte.
Le développement est un changement qualitatif permettant la mise en place de
mécanismes de croissance et d’accumulation (contrairement à la croissance qui est
quantitative). Selon CASTORIADIS, si les pays du tiers monde devraient être développés,
les attitudes, les mentalités, les significations, les valeurs et l’organisation psychique des
individus devraient être changées. Autrement, le développement passe un changement
radical de la société.

Il faut préciser que même la croissance affichée par un pays développé présente cette
particularité d’être très bien répartie entre les couches sociales, les secteurs économiques
et les différentes régions du pays considéré.

Les grandes limites du PIB en tant qu’indicateur socio-économique expliquent le passage à


l’IDH qui se fonde sur trois critères majeurs : l'espérance de vie à la naissance, le niveau
d'éducation, et le niveau de vie.
N.B: Selon l’IDH le rang de la France a reculé de la 8 e à la 14e puis à la 20e place
respectivement en 2009, 2010 et 2011.
Amartya SEN, Joseph STIGLITZ et Jean Paul FITOUSSI ont suggéré la prise en compte d’un
indice pour la santé, un autre pour l’environnement, un troisième pour l’évaluation de la
production non marchande et un dernier pour les inégalités.

1950-1973: Développement de l’industrialisation, du machinisme, des BTP, de l’emploi,


des salaires, du niveau de vie (manifestations des trente glorieuses)…
1973 : Premier choc pétrolier : Les relations se tendent en octobre 1973, au moment de la
guerre de Kippour. Solidaires avec les Palestiniens, les pays arabes utilisent l’arme du
pétrole : réduction du volume des exportations, embargo contre plusieurs pays
occidentaux, dont les États-Unis, quadruplement du prix du pétrole brut.

1992/1993 : Récession en Europe : le ralentissement de la croissance et la montée du


chômage à partir de la fin de 1991 conduisent les marchés à anticiper le fait que les États
vont être amenés à revoir l’orientation restrictive de leurs politiques économiques.
Comme ils se sont engagés, en signant le traité de Maastricht, à respecter les critères
relatifs au déficit et à la dette publique, il ne leur est pas possible d’engager une politique
de lutte contre le chômage par accroissement des dépenses publiques.

2008: Crise des subprimes : l’explosion de la bulle immobilière américaine a entraîné


l’économie mondiale dans la tourmente. Cette mécanique infernale a été déclenchée par
la politique monétaire expansionniste mise en œuvre par la Réserve fédérale des États-
Unis au début des années 2000. Après avoir répondu à l’éclatement de la bulle des valeurs
technologiques en ramenant son principal taux directeur de 6,5 à 3,5 % en l’espace de
quelques mois, la Fed a poursuivi dans cette voie afin de soutenir l’activité économique
après les attentats de septembre 2001 : le taux des fonds fédéraux diminua jusqu’à
atteindre 1 % en juin 2003. Cette possibilité de s’endetter à bon marché favorisa le
développement d’une catégorie de prêts immobiliers particulièrement risqués : les prêts
subprimes. Les ménages américains les plus modestes se virent proposer des prêts à taux
variable gagés par le bien qu’ils souhaitaient acquérir. Nombre d’entre eux succombèrent
à la tentation : l’encours des prêts subprimes passa de 400 milliards de dollars en 2004 à 1
400 milliards de dollars en 2007. Il faut souligner que c’est la titrisation des créances
toxique qui a contribué à amplifier la crise des subprimes.

III/ Facteurs, stimulants et limites de la croissance

A/ Les facteurs de la croissance

La croissance extensive résulte d’une augmentation de la quantité des facteurs Travail et


Capital combinés pour produire. La croissance intensive résulte de l’augmentation de
l’efficacité globale des facteurs de production.
Le facteur travail dépend de la population active occupée, de son niveau de compétence,
ainsi de la durée et de la qualité du travail.

Le facteur capital dépend du taux d’investissement, du taux d’utilisation de la capacité de


production, ainsi que de la qualité des équipements.

Le progrès technique qui dépend de la mise en place de nouveaux produits et procédés de


fabrication et également considéré comme un facteur de croissance.

B/ Les stimulants de la croissance

-La demande intérieure et extérieure : la croissance peut être stimulée ou freinée par les
débouchés. D’ailleurs, les prévisions de la croissance ne peuvent pas se faire sans tenir
compte de divers scénarios de la demande intérieure et extérieure.

-Les industries industrialisantes : elles ont cette caractéristique de diffuser les effets
d’entraînement et de multiplication à l’ensemble de l’économie ; ce sont des industries
lourdes au service des autres branches de production.

-Les profits : ils alimentent la capacité d’autofinancement et donc la capacité des


entreprises à concrétiser leurs idées projets et leurs ambitions en matière de croissance.

-L’essor démographique (quantité et qualité) : il s’agit de l’effectif et de la qualité de la


population.

-La politique publique : dans la mesure où cette dernière peut avoir tarit au financement,
aux infrastructures, à l’éducation…, elle impacte directement la croissance économique.

C/ Limites de la croissance

-L’épuisement rapide des ressources naturelles : la course vers la croissance et la volonté


des populations des grandes puissances économiques de préserver leur bien être…
entraînent une surexploitation des ressources naturelles d’où le risque de leur
épuisement. Cette situation incité à accentuer les recherches pour mettre en ouvre des
ressources substituables renouvelables.
-La dégradation de l’environnement : la course vers la croissance ne s’inscrit pas toujours
dans une logique de développement durable. Une bonne partie des externalités négatives
qui en résulte a trait aux atteintes diverses l’équilibre écologique.

-L’aliénation des Hommes (exploitation au niveau de l’entreprise et au niveau du marché) :


les plus importantes manifestations de cette aliénation sont le stress, la fatigue, la
pression psychique résultant de la crainte de perdre son emploi…

III/ Les fluctuations de la croissance

A/ Les cycles économiques

Il existe une régularité au niveau de l’alternance de périodes de contraction et


d’expansion.

Cycle Kitchin (de l'ordre de 3 à 4 ans) : Il s’agit d’un cycle intermédiaire dont la cause
serait le cycle des stocks ; on déstocke trop en période de crise on sur stocke en période
d'optimisme. Le mouvement des stocks joue avec celui des taux d'intérêt et des prix.

Une image simple pour décrire ce cycle : « la circulation sur autoroute montre qu'un coup
de frein en aval peut provoquer un fort ralentissement, voire un arrêt, en amont, donnant
son profil de « stop and go » à la circulation routière dès qu'il y a un peu de trafic. »

Cycle de Juglar: l’activité économique est constituée d’une succession régulière de phases
d’une durée moyenne de 8 ans (suite de phase d’expansion et de récession)

Exemples de causes: fluctuations des taux d’intérêt, fluctuations du commerce extérieur,


mouvements sociaux...

Importance du multiplicateur, de l’accélérateur et de la demande globale

Cycle de Kondratieff: Ce sont des cycles de 50 ans liés à des transformations profondes de
l’activité économiques.

Exemples de causes: changements au niveau des modes de production ou des normes de


consommation, urbanisation…
B/ Les évolutions économiques dans les pays développés depuis 30 ans et les
politiques publiques associées
IV/ Théories de la croissance

A/ La croissance exogène

Robert SOLOW (PN 1987)

En 1957, l'économiste Robert Solow (Prix Nobel en 1987) appliquait le modèle


néoclassique des facteurs de la croissance à l'économie des États-Unis entre 1909 et 1949.
Dans ce modèle, le taux de croissance de la production totale devait correspondre à la
somme pondérée des taux de croissance des intrants, soit le capital et le travail (c'est-à-
dire la main-d'œuvre). Mais il n'y avait pas égalité, de sorte qu'il subsistait un résidu d'une
taille étonnante. L'accroissement du capital par travailleur n'expliquait qu'un septième
environ du taux de croissance durant cette période!

Edmond MALINVAUD

Le progrès technique explique en grande partie la croissance des trente glorieuses.


Résidu = Progrès technique mesuré par la productivité globale des facteurs de production
La croissance est une fonction de la quantité de T, de la quantité de K, mais également du
Progrès technique (Innovation, gain de productivité: organisation du travail, Formation,
modernisation des équipements). Le progrès technique est considéré dans cette logique
comme un facteur exogène
B/ La croissance endogènes (rôle de l’accumulation du capital)

Les théoriciens de la croissance endogène insistent sur l’accumulation du capital. Cette


accumulation est de nature à déclencher des cercles vertueux d’investissement, d’emploi
et de croissance. Chacun des capitaux technologique, humain et public est au service des
autres à travers les externalités positives qui en résultent. L’Etat a, à l’évidence, un grand
rôle à jouer pour pérenniser la croissance.

« « «……..
Le capital physique
C’est l’équipement dans lequel investit une entreprise pour la production de biens et de
services. Romer (1986) a cependant renouvelé l’analyse en proposant un modèle qui
repose sur les phénomènes d’externalités entre les firmes : en investissant dans de
nouveaux équipements, une firme se donne les moyens d’accroître sa propre production
mais également celles des autres firmes concurrentes ou non. L’explication à ce
phénomène réside dans le fait que l’investissement dans de nouvelles technologies est le
point de départ à de nouveaux apprentissages par la pratique. Parmi les formes
d’apprentissage, on peut citer l’amélioration des équipements en place, les travaux
d’ingénierie (agencement des techniques existantes), l’augmentation de la compétence
des travailleurs…Or ce savoir ne peut être approprié par la firme qui le produit. Il se diffuse
inévitablement aux autres firmes. L’investissement a un double effet : il agit directement
sur la croissance et indirectement sur le progrès technique.
La technologie
Cette théorie repose sur l’analyse des conditions économiques qui favorisent le
changement technique. Chaque changement technique provient d’une idée mise en forme
et testée. Cependant, entre l’émergence d’une idée nouvelle et sa mise en œuvre
concrète, il peut y avoir un très long chemin (test, essais-erreurs…) qui nécessite le
concours de plusieurs personnes. Bref des coûts de mise au point qui peuvent être très
élevés. En revanche, une fois ces étapes franchies, si l’idée est acceptée, le produit qui en
résulte peut être multiplié avec un coût bien moindre (ainsi le premier disque compact, le
premier ordinateur ont nécessité des efforts colossaux de la part de ceux qui les ont mis au
point, cependant leur reproduction à l’identique a été beaucoup plus facile).
Le propre des idées qui provoquent des changements techniques, est qu’une fois les
plâtres essuyés, elles donnent naissance à des rendements croissants (les exemplaires
suivants coûtent beaucoup moins chers), voire fortement croissants (duplication d’un
logiciel). Si bien que pour celui qui s’est efforcé de transformer l’idée en produit, le risque
existe que des concurrents en profitent et que lui ne récupère jamais son investissement
initial, alors que ces concurrents s’enrichissent. Des droits de propriété intellectuelle
limiteront ce risque : brevets ou copyright protègent l’inventeur qui dispose d’un
monopole d’exploitation (limité dans le temps) sur l’œuvre ou le produit tiré de son
travail.
D’un point de vue économique, cette théorie porte atteinte au cadre concurrentiel et
permet l’incorporation d’éléments de concurrence imparfaite qui rendent possibles
l’apparition de produits nouveaux et de nouvelles idées. A défaut les idées nouvelles ne
tomberont pas forcément dans les mains de l’inventeur mais ceux de l’humanité (exemple
de l’écriture, de la mécanique, de la relativité…). C’est justement lorsque l’on souhaite que
les idées nouvelles bénéficient à tous, qu’il devient nécessaire d’en faire supporter le coût
par la collectivité : ainsi le financement de la recherche fondamentale est public, afin que
chacun puisse librement accéder à ses résultats, c’est un bien collectif.
Pour Romer, le changement technique sera d’autant plus intense que les innovateurs
espèreront en tirer un profit important. Le progrès technique n’est pas exogène, il est
produit. Son niveau de production dépendra de la rémunération attendue, c’est à dire des
droits de propriété et des rente monopolistiques (on se situe bien dans le cadre de la
concurrence imparfaite !).
Si au travail et au capital utilisé, on ajoute des idées nouvelles génératrices de changement
technique, tout sera modifié. Car contrairement au capital dont les rendements sont
décroissants et au travail dont les rendements sont constants (si on effectue sans cesse un
investissement humain supplémentaire), les idées ont un rendement croissant : plus on
s’appuie sur un stock d’idées importantes, plus on aura de nouvelles idées. Chaque idée
ouvre le champ à d’autres idées potentielles. Par conséquent, en l’absence de progrès
technique, le modèle de Solow s’applique à long terme, la croissance ne dépend pas du
taux d’investissement. Le progrès existe, et est d’autant plus intense que le nombre de
chercheurs est élevé et le stock de connaissances important. Le nombre de chercheurs
dépend de la capacité du système économique à leur offrir des rentes de monopole en cas
de réussite.
Ainsi pour Romer, le rythme de croissance ne va pas en déclinant au fur et à mesure que
l’on s’approche de l’état régulier, comme le prétendait Solow. Il dépend du nombre, de la
proportion et de la productivité des chercheurs, c’est à dire de la capacité des rendements
croissants de la recherche à compenser les rendements décroissants de l’investissement
matériel. La diffusion de la connaissance parmi les producteurs et les effets externes du
capital humain évitent la tendance à la baisse du rendement de l’investissement
(décroissance des rendements du capital), et la croissance peut se poursuivre
indéfiniment.
Contrairement aux approches néoclassiques, Romer reconnaît cependant que le marché
ne suffit pas à assurer une croissance maximale à long terme. L’Etat a un rôle important à
jouer, non par le biais de la dépense publique envers la recherche (Romer ne pense pas
que cela puisse accélérer durablement le progrès technique), mais en venant au secours
des innovateurs par le biais d’une fiscalité compensatrice (moindre taxation des bénéfices
issus des produits nouveaux), de mesures juridiques incitant la recherche-développement
et les externalités de connaissances, de mesures anti-concurrentielles non dissuasives (ne
pas décourager les innovateurs, voire l’abandon des poursuites judiciaires envers
Microsoft).
Le capital humain Il a été mis en évidence par deux économistes de l’Ecole de Chicago,
Theodor Schultz et Gary Becker, et est au centre des études menées par R.E Lucas (Prix
Nobel en 1995). Le capital humain désigne l’ensemble des capacités apprises par les
individus et qui accroissent leur efficacité productive. Chaque individu est en effet,
propriétaire d’un certain nombre de compétences, qu’il valorise en les vendant sur le
marché du travail. Cette vision n’épuise pas l’analyse des processus de détermination du
salaire individuel sur le marché du travail, mais elle est très puissante lorsqu’il s’agit
d’analyser des processus plus globaux et de long terme.
Dans ce schéma, l’éducation, est un investissement dont l’individu attend un certain
retour. Il est alors naturel de souligner que la tendance plus que séculaire dans les pays
occidentaux à un allongement de la durée moyenne de la scolarité est une cause non
négligeable de la croissance.
Le capital public
Il correspond aux infrastructures de communication et de transport. Elles sont au cœur du
modèle élaboré par R.J Barro. En théorie, le capital public n’est qu’une forme de capital
physique.
Il résulte des investissements opérés par l’Etat et les collectivités locales. Le capital public
comprend également les investissements dans les secteurs de l’éducation et la recherche.
En mettant en avant le capital public, cette nouvelle théorie de la croissance souligne les
imperfections du marché. Outre l’existence de situations de monopole, ces imperfections
tiennent aux problèmes de l’appropriation de l’innovation. Du fait de l’existence
d’externalités entre les firmes, une innovation, comme il a été dit précédemment, se
diffuse d’une façon ou d’une autre dans la société. La moindre rentabilité de l’innovation
qui en résulte, dissuade l’agent économique d’investir dans la recherche-développement.
Dans ce contexte, il pourra incomber à l’Etat de créer des structures institutionnelles qui
soutiennent la rentabilité des investissements privés et de subventionner les activités
insuffisamment rentables pour les agents économiques et pourtant indispensables à la
société. ….» » » (Source : Théories de la Croissance endogène et principe de convergence
- Arnaud Diemer – MCF IUFM D’AUVERGNE)
Théories de la Croissance endogène et principe de
convergence - Arnaud Diemer – MCF IUFM
D’AUVERGNE

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