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La Macroéconomie étudie l’ensemble de l’économie. Pour ce faire, elle s’intéresse aux ques-
tions importantes de la science économique. Pourquoi certaines économies sont-elles plus
riches que d’autres ? Quels sont les déterminants de la croissance économique ? Quelles sont
les sources de l’expansion et de la récession ? Quels sont les déterminants du chômage ? Quelles
sources de l’inflation ? De quelle manière les politiques économiques mise en œuvre par les
gouvernements affectent le niveau de production et l’emploi des économies. Ce cours est une
introduction aux questions de la croissance et de fluctuations économiques.
1
Première partie
2
Chapitre 1
La croissance économique est l’un des phénomènes les plus passionnants de la science éco-
nomique, car elle permet d’expliquer non seulement le processus d’enrichissement des na-
tions mais aussi d’expliquer les disparités de niveau de vie entre pays riches et pauvres. Com-
prendre les sources de la croissance économique permet de formuler des politiques écono-
miques capables d’entrainer un recul substantiel de la pauvreté.
Du milieu du XIX me au début du XXI me , le monde connait une transformation plus rapide
qu’au cours des millénaires précédents. Cette transformation est le résultat d’une croissance
économique issue d’un processus d’ industrialisation né en Angleterre à la fin du XV III me et
qui s’est diffusé à la majeur partie du monde jusqu’à nos jours. Cette industrialisation passe
par trois(03) grandes révolutions industrielles. Cette croissance plus rapide que celle de l’ère
post-industrielle n’est pas régulière et connaît des crises et des étapes qui permettent d’identi-
fier des cycles. Qu’est que la croissance économique ? Quels agrégats sont utilisés pour mesu-
rer la croissance économique ? Comment calcule -t-on la croissance ?
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de la population en est une illustration : «Nous pouvons tenir pour certain, que lorsque
la population n’est pas arrêtée par un obstacle, elle va doublant tous les 25 ans, et croît
de période en période selon une progression géométrique».
— la croissance extensive : croissance qui résulte de l’augmentation des facteurs mis en
œuvre (l’augmentation de la production du coton au Burkina résulte de l’accroissement
des terres cultivées) ;
— la croissance intensive : croissance obtenue par une meilleure utilisation des facteurs de
production. Exemple le taylorisme (OST) et le fordisme ;
— la croissance libérale : croissance déclenchée spontanément par les forces du marché. La
vie des entreprises, les prix, le travail, et les échanges obéissent aux lois de l’offre et de
la demande. Exemple la croissance britannique du 19ème siècle ;
— la croissance interventionniste : croissance dirigée et amorcée par l’intervention de
l’État dans la vie économique et sociale. Notons que plus un pays est en retard par rap-
port aux autres, plus sa croissance est interventionniste. Cas de la Russie et du Japon à la
fin du 19ème siècle. Celle des PVD (Chine, Indes) après la Seconde Grande Guerre.
— la croissance équilibrée : croissance qui met en mouvement tous les secteurs à la fois
dans une progression assez régulière qui mise sur la demande et qui valorise le rôle du
marché national, moteur principal du développement. Elle concilie augmentation du
PIB, plein-emploi, absence de tension inflationniste et respect des grands équilibres ex-
térieurs.
— la croissance déséquilibrée : croissance qui démarre dans un secteur privilégié, pour
théoriquement se transmettre aux autres secteurs de l’économie. Cas de la théorie du
big push.
Il existe de nombreuses autres expressions pour qualifier la croissance. Ce sont la croissance
zéro, la croissance appauvrissante, la croissance pro-pauvre, etc.
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— La croissance du stock de capital fixe dépend du rythme des investissements (achat de
nouveaux équipements durables, de nouveaux bâtiments et de nouveaux logiciels) et du
rythme de l’usure et de l’obsolescence du capital fixe (dépréciation ou consommation du
capital fixe) ;
— L’évolution du progrès technique, mesurée par celle de la productivité globale des fac-
teurs, dépend principalement du rythme des innovations.
La croissance effective correspond à la croissance réellement obtenue par le pays. Elle dépend
essentiellement des variations de la demande globale qui comprend :
— La consommation finale des ménages, c’est-à-dire tous les achats de biens et de services
opérés par les ménages à l’exception du logement, qui dépend de l’évolution du pou-
voir d’achat des ménages et de leur propension à consommer (part du revenu disponible
qu’ils consacrent à la consommation) ;
— La consommation finale des administrations, c’est-à-dire tous les achats de l’État qui ne
sont pas considérés comme des investissements, qui dépend des décisions de l’État en
matière d’évolution des dépenses publiques ;
— L’investissement en capital fixe des entreprises, des ménages et des administrations pu-
bliques, c’est-à-dire l’achat de biens d’équipement durables, de bâtiments et de logi-
ciels, qui dépend de l’évolution de la demande, des profits réalisés et anticipés et de leur
capacité à les financer ;
— Les exportations qui correspondent à la demande adressée aux pays par des non-résidents
et qui dépendent de la compétitivité des produits nationaux vis-à-vis des produits étran-
gers et de la croissance du pouvoir d’achat des non-résidents ;
— De la variation des stocks : un stockage profite à l’augmentation de la production, un
déstockage contribue à son ralentissement.
Lorsque la croissance effective est supérieure à la croissance potentielle, cela conduit à des
tensions inflationnistes (on parle de « surchauffe ») car la demande, alimentée par une expan-
sion des crédits, et donc de la création monétaire, augmente plus vite que l’offre (les capacités
de production mettent du temps à se mettre en place, les travailleurs qualifiés peuvent être en
nombre insuffisant. . . ). La demande étant supérieure à l’offre de produits, les prix augmentent
de façon durable et cumulative, ce qui est la définition de l’inflation.
Lorsque la croissance effective est inférieure à la croissance potentielle, on assiste à une mon-
tée du chômage car le niveau de production est insuffisant pour employer tous ceux qui re-
cherchent activement un emploi. Les capacités de production sont alors sous-employées. L’offre
de produits étant supérieure à la demande, les prix vont diminuer (déflation) ou augmenter
moins vite (désinflation). L’écart (« gap » en anglais) entre croissance effective et croissance
potentielle permet donc d’appréhender l’instabilité de la croissance. A court terme, la crois-
sance effective oscille autour de la croissance potentielle à la faveur des cycles économiques.
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Les facteurs qui conditionnent l’offre de produits
Croissance Potentielle
Croissance Effective
À long terme, on suppose dans l’analyse néo-classique que le PIB revient vers son niveau po-
tentiel du fait de l’ajustement des différents marchés. Comment a-t-on pu capturer la richesse
produite dans le monde en sachant que les biens et produits ne sont pas homogènes (des pro-
duits alimentaires, des produits industriels, des services éducatifs, des services de transport,
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F IGURE 1.2 – Croissance Potentielle-Croissance Effective
des services bancaires. . . ) et en sachant que leurs prix évoluent dans le temps et dans l’es-
pace ?
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1.1.3 Mesure de la croissance économique
La croissance est phénomène quantitatif que l’on peut mesurer.
La croissance économique est mesurée par Le produit intérieur brut. Le Produit Intérieur Brut(PIB),
comme agrégat pour mesurer les quantités produites, est un agrégat de la comptabilité natio-
nale mesurant le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes sur
le territoire national. Le produit est dit intérieur car on le calcule suivant le critère dit de « ter-
ritoire». C’est ce qui le différencie du produit national brut(P.N.B.). Ce dernier est fondé sur
le principe de nationalité des entreprises. On passe du P.I.B. au P.N.B. en ajoutant les revenus
reçus de l’étranger et en retirant les revenus versés à l’étranger. Le produit est dit brut car on
ne retire pas les amortissements. La Comptabilité nationale limite la production à l’activité
économique socialement organisée consistant à créer des biens et des services s’échangeant
habituellement sur le marché et/ou obtenus à partir de facteurs de production s’échangeant
sur le marché. En conséquence, la valeur de la production mesurée par la Comptabilité natio-
nale est la somme de la valeur de la production marchande et de la valeur de la production non
marchande.
— La production marchande désigne la production « écoulée ou destinée à être écoulée sur
le marché ». Elle est évaluée aux prix de marché. Elle comprend notamment tous les
biens et services vendus à des prix supérieurs à 50% des coûts de production (il existe
donc des productions marchandes non rentables).
— La production non marchande est évaluée aux coûts de production (salaires, coût du
capital. . . ) car elle n’a pas de prix de marché. Elle est fournie gratuitement ou à un prix
inférieur à 50% du coût de production par les administrations publiques, les associations
sans buts lucratifs (ISBLM) et les ménages.
Comme tous les agrégats, le P.I.B. est un instrument de mesure et un indicateur. Puisqu’il me-
sure la valeur des biens et des services produits sur le territoire dans l’année, le P.I.B. est un
indicateur du dynamisme économique du pays. Le rythme de son évolution se traduit en pé-
riodes de croissance, de stagnation ou de récession. La plupart des pays industrialisés utilisent
le P.I.B. comme baromètre de leur activité économique (les États-Unis depuis 1991 seule-
ment), ce qui rend possibles et compréhensibles les comparaisons de taux de croissance entre
les différents pays.
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s’avère ainsi nécessaire. Le PIB nominal est la valeur des biens et services mesurée à prix cou-
rants tandis que le PIB réel est évalué à prix constants. Le calcul du PIB réel nécessite l’iden-
tification d’une année appelée année de base dont les prix seront utilisés pour le calcul du PIB
réel. Il s’agit de neutraliser l’effet de la variation des prix et mettre en évidence l’évolution de
la production physique. Défini ainsi, le PIB réel saisit mieux le niveau de l’activité et du bien-
être économique que le PIB nominal.
Ņ
PIBNom Pit Qit (1.1)
i1
Et
Ņ
PIBReel Pi0 Qit (1.2)
i1
Avec Pit le prix courant du bien i et Pi0 son prix à l’année de référence ou de base.
Les taux de croissance annuel, moyen et global du PIB
Pour mesurer les performances d’une économie dans le temps, on se rapporte à la variation de
son PIB réel. Ainsi, le taux de croissance du PIB, g est l’indicateur qui permet d’apprécier les
performances d’une économie ou de comparer ses performances à celles d’autres économies.
PIBt PIBt 1
g
PIBt 1
∆PIB
PIB
t
(1.3)
t
On peut calculer le taux de croissance à partir d’un coefficient multiplicateur h. Ce dernier est
égal au rapport de la valeur actuelle sur la valeur de départ du PIB, soit :
h
PIBt
(1.4)
PIBt 1
Dans ces conditions, une croissance de 100.0 % correspond à un multiplicateur égal à 2, une
croissance de 200.0 % correspond à un multiplicateur égal à 3, une croissance de 300.0 % cor-
respond à un multiplicateur égal à 4, et ainsi de suite On utilise les multiplicateurs lorsque les
variations relatives ou en pourcentage sont très importantes. Pour avoir le taux de croissance
annuel moyen du PIB entre deux dates qui ne sont consécutives, on utilise un processus de
calcul d’intérêts composés. Il faut connaître à cet effet le taux de croissance global pour toute
la période, soit G et le nombre d’années de la période considérée, soit n. Si on note le taux de
croissance moyen par gm , on devrait observer l’égalité ci-après pour la période considérée :
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Par conséquent, le taux de croissance moyen sera donné par la relation :
gm p1 Gqp1{nq 1 (1.7)
Considérons le tableau ci-après qui retrace l’évolution du PIB réel et du PIB nominal de l’éco-
nomie burkinabé entre 2010-2020(en milliards de FCFA). Considérons le tableau ci-après qui
retrace l’évolution du PIB réel et du PIB nominal de
Le PIB a été inventé en 1930 lors de la «grande crise» pour que les gouvernements aient un
instrument de mesure efficace pour pouvoir décider des politiques économiques. Son initiateur
est KUZNETS. Sa création va de paire avec la mise au point de la comptabilité Nationale et le
lancement des politiques keynésiennes. Depuis la crise de 1929, les économies se sont trans-
formées mais le PIB est resté le seul indicateur. En effet, malgré sa grande popularité, le PIB
présente d’importantes insuffisances. Il ne mesure pas le travail bénévole, le travail domes-
tique, l’économie souterraine ( travail au noir, activités illégale : drogue, proxénétisme...).
— Il ne déduit pas les dégradations de l’environnement, la pollution. . . Au contraire on
l’additionne. Un accident routier avec des morts augmente la valeur ajoutée des gara-
gistes, des hôpitaux, des dépanneurs...
— Il ne reflète pas les inégalités car le PIB/Hb n’est qu’une moyenne qui n’indique pas
comment sont réparties les richesses ce que fait l’indice de Gini.
— Il ne mesure pas le bien-être, la santé, l’éducation, ou le chômage.
— Les signaux qu’ il envoie ne permettent pas de prévenir les crises et d’orienter les poli-
tiques économiques vers plus de bien être.
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Face à ces nombreuses insuffisances, de plus en plus des voix s’élèvent pour trouver d’autres
indicateurs pertinents pouvant capter d’autres dimensions de la croissance, notamment la di-
mension sociale.
Face à l’incapacité du PIB de mesurer le bien-être social, il se dégage un consensus sur la né-
cessité de recourir à d’autres indicateurs permettant de capturer le progrès social. Le rapport
de Brundtland(1987) évoque la notion de développement durable. Le développement durable
est un développement qui satisfait les besoins des générations présentes sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre aux leurs. Intronisé au sommet de la Terre à Rio en
1992, il émerge dès lors l’idée d’aller au-delà du PIB.
— L’Indicateur de Développement Humain (IDH)
L’IDH est l’indicateur phare mis au point par le PNUD (Programme des Nations Unies
pour le Développement) qui permet de classer l’ensemble des pays à partir d’un indice
agrégé reflétant trois dimensions : bien-être matériel (via le PIB par habitant en PPA),
la santé (via l’espérance de vie à la naissance, l’éducation (via le taux de scolarisation
et le taux d’alphabétisation des adultes). Cet indicateur s’appuie sur les travaux de Sen
sur la notion de bien-être :« Vivre peut être considéré comme un ensemble de « fonc-
tionnements» reliés entre eux et consistant d’êtres et d’avoirs » (Sen, 1992). L’IDH est
compris entre 0 et 1.
Calcul de l’IDH
Des indices dimensionnels autonomes sont construits à partir de trois données (espé-
rance de vie, niveau scolaire et le Revenu National par habitant exprimé en parité de
pouvoir d’achat) avant d’être combiné pour le calcul de l’IDH.
IDH RNB
1 1 1
Scolarisation Esprancedevie (1.8)
3 3 3
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— L’Indice du Bien-être Durable (Index of Sustainable Economic Welfare)
C’est un indicateur de mesure d’ordre économique dans le contexte de protection de
l’environnement. Sa construction est basée sur la consommation individuelle, pondérée
par l’indice des inégalités sociales.
— L’Indice du Progrès Authentique (Genuine Progress Indicator)
Cet indice prend en compte la dimension économique, mais aussi celle sociale. Il est
calculé à partir des données statistiques sur la consommation privée, qui sont utilisées
dans les calculs des PIB et tient compte de la redistribution des revenus, la valeur des
travaux domestiques, les coûts de la criminalité et de contamination de l’environnement.
Certes des critiques sont formulées à l’encontre du PIB qui ne prend pas en compte les fac-
teurs très importants qui sont les moteurs de la croissance économique, toutefois les nouveaux
indicateurs présentent des insuffisances. Les hypothèses méthodologiques qui concernent
l’estimation des coûts de l’épuisement des ressources non renouvelables et la dégradation
de l’environnement à long terme sont discutables. En plus GGDP, ISEW ou GPI exigent des
méthodes plus efficaces en ce qui concerne l’évaluation des valeurs de leurs composantes en
unités monétaires. C’est pourquoi le PIB, le PIB/tête ou le taux de croissance du PIB restent
les mesures de la croissance économique à l’échelle mondiale.
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1.2 Les étapes de la croissance
Les étapes de la croissance sont étudiées par l’économiste Rostow. L’auteur discerne cinq
(05) grandes étapes des sociétés industrielles énoncée dans les "étapes de la croissance éco-
nomique" publiée en 1960.
D’une manière générale, la société ne considère plus le progrès technique comme une fin en
soi, une grande partie des ressources sont en effet destinées à la prévoyance et la Sécurité so-
ciale (c’est l’ère de l’État Providence).
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1.2.2 Les critiques apportées au schéma de développement linéaire
L’analyse proposée par Rostow est fort séduisante. Elle ne s’inscrit pas dans une démarche pu-
rement économique, mais laisse place à une analyse à la fois sociale, culturelle et politique des
rouages de la croissance. L’histoire économique s’appuie ainsi sur une logique d’imbrication
des phénomènes, on pourrait même parler d’encastrement de l’économique dans le social, le
culturel et le politique. Les institutions (famille, clans, État, entreprises, banques. . . ) occupe
une place importante dans l’évolution des sociétés. J.Austruy note que l’analyse des étapes de
la croissance économique présente une tentative de synthèse nouvelle du processus de déve-
loppement et, en cela, elle est remarquable. Toutefois de nombreuses critiques ont été formu-
lées à l’encontre du schéma de Rostow :
— Pour certains, ce schéma présente un caractère universel en ce sens qu’il s’applique in-
différemment à toutes les sociétés sans tenir compte de leurs spécificités ;
— Sur le plan historique, cette théorie apparaît déterministe car elle ignore que les pays ac-
tuellement sous-développés doivent faire face à des problèmes différents de ceux qu’ont
eu à affronter les nations aujourd’hui industrialisées au cours de leur processus de déve-
loppement ;
— Pour d’autres, la théorie linéaire est teintée d’ethnocentrisme car l’évaluation des per-
formances des nations en développement se fait sur la base de l’expérience du monde
occidental ;
— Il apparaît également que les limites entre les diverses étapes sont assez floues, certaines
caractéristiques se retrouvant à l’intérieur de phases différentes. Concernant l’étape du
décollage, S. Kuznets écrit : « les limites de l’étape du décollage sont floues ; ses carac-
tères propres ne sont pas définis avec précision ; nous ne pouvons que nous fonder sur
le niveau du taux d’investissement et du taux de croissance du produit qu’on peut en dé-
duire. Nous ne disposons donc d’aucun élément assez solide pour discuter les relations
analytiques que le professeur Rostow établit entre l’étape de décollage et les étapes qui
la précèdent et la suivent immédiatement ;
— Enfin, la dernière étape, objectif du processus de développement est entièrement cal-
quée sur la situation des USA au cours de la décennie soixante ; est-ce le seul horizon
possible du développement ?
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— La consommation. La croissance accroît la quantité de biens offerts sur le marché et
assure aussi le financement des biens et services publics dont dépend la consommation
collective ;
— L’appareil de production. La croissance mesure les performances de l’appareil productif
à travers les valeurs ajoutées à chaque étape de la production. Par ailleurs, elle assure à
l’appareil productif les équipements et matières dont il a besoin, ainsi que ses possibili-
tés de débouchés. Elle ouvre ainsi les perspectives de profit qui motivent les détenteurs
de capitaux, et crée les perspectives d’emploi rémunérateur ;
— Les échanges extérieurs. La croissance permet l’entrée de devises, et donc la possibilité
de recourir aux produits et aux opportunités des marchés extérieurs ; elle assure aussi
la compétitivité et la puissance recherchée par chacun des acteurs internationaux dans
un système de relations axé sur la maximisation du profit. Ce système exige une grande
ouverture sur l’extérieur et restreint fortement les possibilités de protection ;
— L’activité des pouvoirs publics. L’activité publique ne peut être financée que par des
prélèvements fiscaux sur l’activité marchande. Ainsi, les ressources de l’État sont condi-
tionnées par la croissance de l’activité productrice ;
— La répartition du produit et du revenu. On peut considérer que les rémunérations des
facteurs de production ne sont pas directement présidées par le rythme de la croissance ;
mais il reste qu’un rythme plus rapide de croissance facilite le partage, alors que sa ré-
duction risque de figer les positions acquises ;
— La réduction de divers déséquilibres. La croissance permet la réduction de divers dés-
équilibres non seulement dans la mobilisation des ressources et la résorption des inéga-
lités de répartition, mais aussi dans la gestion des équilibres macroéconomiques fonda-
mentaux, tels que celui de la balance des paiements et celui de la lutte contre les pres-
sions inflationnistes.
Lorsque l’on tient compte de l’importance centrale de cette dimension économique dans la
conception aujourd’hui prédominante du progrès social, on constate que le taux de croissance
global est devenu l’expression la plus courante pour mesurer le progrès d’un pays, dans le
passé comme dans l’avenir, tant aux yeux des pouvoirs publics et des privés ou des acteurs
de divers groupes sociaux. Si le bien-être est vu d’une manière plus égalitaire, ou encore dans
une optique de développement humain et de réduction des inégalités, il faut donc trouver des
indicateurs alternatifs. Parmi ceux qui sont le plus souvent employés, on trouve l’Indicateur de
Développement Humain(IDH).
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environnementaux, etc.). Pour François PERROUX, le développement est la combinaison des
changements mentaux et sociaux d’une population qui la rend apte à faire croître, cumulati-
vement et durablement, son produit réel global. Le développement est donc selon, S. Kuznets,
plus large que la croissance qui l’inclut. Le développement économique comporte davantage
d’implications, et, en particulier, des améliorations de la santé, de l’éducation et d’autres as-
pects du bien-être humain. Les pays qui élèvent leur revenu, mais sans assurer aussi une aug-
mentation de l’espérance de vie, une réduction de la moralité infantile et un accroissement des
taux d’alphabétisation, échouent dans des aspects importants du développement. Habituelle-
ment, le développement s’accompagne aussi de mutations de la structure de l’économie, en
raison du nombre croissant de gens qui, classiquement, abandonnent la production agricole
rurale au profit d’un emploi urbain et mieux rémunéré, en général dans l’industrie manufac-
turière ou les services. Une croissance économique sans évolution structurelle constitue fré-
quemment un indicateur de la concentration de nouveaux revenus dans les mains d’une petite
minorité. Deux principales évolutions structurelles qui accompagnent, habituellement, le dé-
veloppement sont : la part croissante de l’industrie dans le produit national, parallèlement à la
baisse de celle de l’agriculture, et le pourcentage croissant de gens vivant en ville plutôt qu’à
la campagne.
Y9 dY
dt
dY
g YY dtd lnpY q
9
dt
Y
YT exppgT g0q C0
expgT C0
16
Y0 expC0 ô YT Y0 expgT
Demie-vie : Pour apprécier la vitesse de la dynamique d’un agrégat, on peut considérer le
temps nécessaire pour qu’il double de niveau ou pour que son niveau soit divisé par deux.
Dans ce dernier cas, on parle de demie-vie. Si le taux de croissance d’un agrégat est g ¡ 0,
sa demi-vie (le temps nécessaire pour qu’il redouble de niveau) est donné par :
1.4.1 APPLICATION
Y K α L1α
Calculer le taux de croissance de Y .
17
Chapitre 2
18
». La raison à cela réside dans l’évolution de la répartition du revenu national induite par l’ac-
cumulation des facteurs. Les facteurs sont au nombre de trois : le travail, le capital et la terre.
Le travail est rémunéré par le salaire, qui ne peut être inférieur au niveau de subsistance et qui,
lorsqu’il lui est supérieur, entraîne une expansion démographique. Celle-ci à son tour détend
la situation sur le marché du travail, ramenant le salaire à son niveau de subsistance : ce mé-
canisme de régulation par la démographie, qui est au centre de la théorie de Malthus, est aussi
présent chez les autres auteurs classiques.
La terre est un facteur fixe (non sujet à accumulation), contrairement aux deux autres. Elle est
donc source d’une rente pour ses propriétaires. Plus précisément, Ricardo reprend la théorie
de la rente différentielle développée par Malthus : le prix des grains est égal au coût de pro-
duction sur les terres «marginales», les moins productives. En effet, s’il lui est supérieur il est
alors rentable de mettre en culture d’autres terres, moins productives encore, et s’il lui est infé-
rieur, ces terres sont cultivées à perte et seront donc promptement abandonnées. La rente issue
d’une terre est égale à la différence entre le coût de la production sur cette terre et le prix du
marché.
Le capital est rémunéré par le profit, lequel apparaît comme un revenu résiduel : c’est la part
du revenu national qui n’est pas captée par les travailleurs ni par les propriétaires fonciers. Le
profit constitue le motif de l’accumulation du capital : il doit dépasser un certain niveau (stric-
tement positif) pour que les capitalistes décident d’investir. Le profit est aussi la source de l’in-
vestissement. L’épargne, qui finance l’investissement, est essentiellement le fait des capita-
listes, tandis que les salariés (astreints au minimum vital) et les propriétaires fonciers (portés
sur la consommation de luxe correspondant à des activités improductives) consomment tout
leur revenu. L’accumulation du capital est ainsi représentée par les classiques comme résultant
de l’investissement du surplus, de la fraction non consommée du produit.
La dynamique du système peut alors être résumée de la façon suivante. L’accumulation du ca-
pital entraîne une augmentation de la demande de main-d’œuvre. Transitoirement, les salaires
sont plus élevés, jusqu’à ce que l’ajustement s’opère par la démographie. Une quantité plus
grande de travailleurs induit une demande plus grande de grains, qui justifie la mise en culture
de nouvelles terres moins productives, c’est là le schéma d’ensemble tel qu’il transparaît dans
La Richesse des nations aussi bien que dans le Traité de l’économie politique et de l’impôt :
un épuisement de la croissance économique dû à la décroissance des rendements marginaux
dans l’agriculture. Cependant, au-delà de ce modèle bouclé, un certain nombre de remarques
et d’intuitions des auteurs classiques permettent d’anticiper un dépassement de la fatalité de
l’état stationnaire. Smith avance l’idée que la division du travail est une source de gains de
productivité. Il s’agit non seulement de l’habileté à mener une opération donnée, mais aussi
de la capacité à inventer des techniques et des outils plus spécialisés et donc plus efficients.
Au passage, Smith intègre dans le stock de capital, aux côtés des équipements, les « habitudes
acquises et utiles de tous les membres de la société», annonçant la notion moderne de capital
humain. Le progrès technique est donc présent dans la pensée des classiques, mais il reste can-
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tonné dans une position périphérique. Ricardo, dans le chapitre (tardivement ajouté au Traité)
qu’il consacre au machinisme, ne s’intéresse qu’aux effets de celui-ci sur l’emploi. La ma-
chine est vue comme destructrice d’emploi, substituant le capital au travail, et non comme
source de gains de productivité. Ce sont donc les effets de court terme du progrès technique
qui sont examinés et non les effets de long terme. Ce désintérêt relatif pour le long terme est
présent dans l’ensemble de la démarche des classiques.
Les conclusions de Marx rejoignent celles des classiques. La croissance économique n’est
pas un phénomène durable. Mais l’analyse de Marx est sans doute plus riche sur ce thème que
celle des classiques. D’une part, le déclin inéluctable de la croissance trouve son origine dans
des rendements d’échelle décroissants dans l’industrie et non dans l’agriculture. D’autre part,
Marx identifie et analyse le progrès technique comme facteur de productivité. Mais celui-ci
n’est pas suffisant pour contrecarrer l’épuisement de la croissance. Enfin, Marx met au pre-
mier plan le rôle des institutions politiques, sociales et économiques, et donc le rôle de l’his-
toire. C’est un thème sur lequel les théories récentes reviennent, même si c’est avec une op-
tique différente.
20
pend donc de la croissance de la population et de la croissance de la productivité (qui
dépend du progrès technique). La démographie et le progrès technique étant exogènes,
aucun mécanisme n’influe sur la croissance effective pour qu’elle assure le plein emploi.
Domar (1946) et Harrod (1948) se sont proposés de dynamiser le discours de Keynes en dé-
passant le cadre du court terme dans lequel s’est inscrit la Théorie générale de l’emploi, de
l’intérêt et de la monnaie. Fidèles au maître, ils soutiennent dans leurs travaux que le chômage
a un caractère permanent, que les crises ont un caractère cumulatif et que le plein-emploi était
difficile à atteindre. Pour bien établir la filiation des analyses de Harrod et Domar à la théo-
rie keynésienne, nous présenterons leur modèle en partant d’une analyse simple de l’équilibre
keynésien.
Y C I (2.1)
C βY (2.2)
I I0 (2.3)
Y βY I0 (2.4)
Ye
I0 I0
1β
(2.5)
s
21
Alors que Keynes mettait en évidence les difficultés pour une économie de marché de réaliser
un équilibre de plein-emploi dans le court terme, ce sont les difficultés de réaliser un équilibre
dynamique de longue période que Harrod et Domar ont mis en évidence. De prime à bord, il
faudrait se demander comment on est passé d’une analyse de statique comparative à une ana-
lyse dynamique. Cela a été rendu possible par l’introduction d’une fonction d’investissement
de type accélérateur qui s’écrit :
4 I υ∆Y (2.7)
Où le paramètre υ est un coefficient d’accélération qui renseigne la manière dont les varia-
tions de la demande globale affectent l’investissement. En utilisant de l’équation (2.7) dans le
modèle keynésien simple présenté ci-dessus, on arrive à établir que :
∆Y
Y
υs (2.8)
L’équation (2.8) correspond au taux de croissance du produit de l’économie alors que le mo-
dèle keynésien simple donne le niveau d’équilibre du revenu national. Il convient de noter que
ce taux de croissance assure l’équilibre sur le marché des biens et services car il a été déter-
miné en égalisant l’épargne à l’investissement.
Y sY (2.10)
4 L nL (2.11)
22
qui, s’il se réalisait, répondrait aux mieux aux attentes des investisseurs et le taux de crois-
sance naturel est celui qui, en se réalisant, garantirait un plein-emploi des facteurs de produc-
tion.
— Taux de croissance effectif : A partir de la fonction de production, on arrive à établir
que :
k δY (2.12)
I δ ∆Y (2.13)
ge f δs (2.14)
I z∆Y (2.15)
Pour que les entrepreneurs soient satisfaits, il faut que l’investissement désiré soit mis en
œuvre, c’est-à-dire qu’il soit égal à l’épargne constituée, ce qui revient à égaliser l’équa-
tion (2.10) à l’équation (2.15). Dans ces conditions, le taux de croissance garanti ou né-
cessaire sera donné par la relation suivante :
gw
s
(2.16)
z
— Taux de croissance naturel : Le taux de croissance naturel est le taux auquel l’économie
devrait croître pour éviter le chômage. En partant de la fonction de production, on établit
que :
bY AL (2.17)
∆Y
Y
gn gA n (2.19)
23
Ce troisième taux de croissance est le taux maximum que devrait réaliser l’économie
pour que le plein-emploi soit assuré. Il dépend à la fois de la croissance de la population
active et du progrès technique.
ge f gw gn (2.20)
La réalisation de cette double égalité est difficile si pas impossible, car rien ne garantit que
le coefficient du capital sera égal au paramètre z qui traduit le comportement des détenteurs
de capitaux, et notamment leurs exigences en matière de profit. Par ailleurs, il n’existe aucun
mécanisme garantissant que le taux de croissance effectif sera égal au taux de croissance na-
turel. Tout compte fait, puisque le modèle Harrod-Domar est une transposition à la dynamique
des concepts keynésiens définis en courte période, il établit que le taux de croissance effectif
traduit l’égalité comptable entre l’investissement et l’épargne et que le taux de croissance ga-
ranti peut ne pas correspondre à une situation de plein-emploi. Ils introduisent le phénomène
du "fil de rasoir " : le chemin de la croissance équilibrée est étroit et y demeurer relève du ha-
sard. Domar et Harrod sont très pessimistes quant à la possibilité d’une croissance durable et
assurant le plein emploi. Cependant, ils n’attribuent pas cela à des facteurs techniques (rende-
ments d’échelle décroissants), mais aux problèmes de rigidités et de coordination identifiés par
Keynes. En particulier, il n’existe pas de lieu où les agents puissent se communiquer leurs pro-
jets d’investissement et coordonner leurs anticipations de demande. Ils sont donc éloignés des
nouvelles théories qui se concentrent sur la technologie.
24
et Swan (1956) conduit à une remise en cause de la vision apocalyptique de l’état stationnaire.
Le modèle de Solow-Swan(1956) fonde la théorie néoclassique de la croissance. La prise en
compte du progrès technique dans le modèle permet de montrer qu’à long terme la croissance
perdure grâce au progrès technique : le capital et le produit par tête sont constants dans le long
terme.
25
— Condition d’essentialité : F p0, Lq F pK, 0q
Les conditions d’Inada établissent que plus abondant est un facteur, moins importante sera
sa productivité marginale et vice-versa. La condition d’essentialité montre par contre que les
facteurs de production sont essentiels, c’est-à-dire que l’on ne peut pas se passer de l’un ou
l’autre facteur pour réaliser l’activité de production.
MaxK,L Ft pKt , Lt q rK wL
Où r est le taux d’intérêt réel et w, le salaire réel. Les conditions de maximisation du profit
impliquent :
w
B F p1 α q Y
BL L
r
BF α Y
BK K
Aussi, wL rK Y du fait de l’homogénéité et de la constance des rendements d’échelle(identité
d’Euler).
L’hypothèse des rendements d’échelle constants permet d’utiliser la forme intensive de la
fonction de production, et des variables par tête. Soit kt KLtt le capital par tête. La forme in-
tensive de la fonction de production correspond à :
Ft pK, Lq Ktα Lt1α α
yt
Yt
Lt Lt
Lt
Kt
Lt
ktα (2.24)
26
La seconde équation clé du modèle décrit l’accumulation du capital :
On a :
kt KLt ñ log pkt q log pKt q log pLt q
t
k9t
kt
sY
K
t
δ n
syt Lt
kL
δ n
syt
k
δ n (2.27)
t t t t
L’équation (2.28) est l’équation dynamique fondamentale. Elle indique que le ratio capital par
travailleur augmente à un taux proportionnel à la différence entre l’investissement courant syt
et l’investissement requis pδ nq kt :
— sktα : qui mesure l’investissement courant par unité de travail. La production par unité de
travail est ktα et la fraction de cette production qui est investie est s.
— pδ nq kt , qui mesure l’investissement requis, c’est-à-dire, le montant d’investissement
qui doit être entrepris pour conserver kt .
L’équation montre que le stock de capital par travail d’une économie :
— augmente lorsque l’investissement courant est supérieur à l’investissement requis, c’est
à dire sktα ¡ pn δ q k ;
— baisse lorsque l’investissement courant diminue et se fixe en dessous de l’investissement
requis, sktα pn δ q k ;
— est constant lorsque investissement courant égal à investissement requis, skˆt pn δ q k.
α
Les hypothèses faites sur la fonction de production (concavité, rendement marginal décrois-
sant du capital) assurent généralement l’existence, la stabilité et l’unicité de la solution de long
terme (état régulier) k qui est définie pour kktt 0 ñ k9t 0, kt kt . C’est l’état stationnaire
9
et le capital par travailleur ne change plus à partir de cet état. En dehors de l’état stationnaire,
on a :
— k0 k ðñ k9t ¡0
— k0 ¡ k ðñ k9t 0
27
Dans le Cas 1, le capital par tête de l’économie augmente et on a une intensification du capital
dans l’économie. Dans le Cas 2, le capital par tête diminue et on a un élargissement du capital
dans l’économie.
k
s 1 α
t
pn δq
(2.29)
y
s 1 α
t
pn δq
(2.30)
Proposition : Les pays qui ont un taux d’épargne/investissement plus élevé ont tendance à être
plus "riches" et ceux qui ont un taux de croissance démographique plus fort ont tendance à
être plus "pauvres".
28
capital et le produit par tête sont constants dans le long terme.
t t α (2.33)
AKLt
t t
ktα
kt AKLt (2.34)
t t
29
Nous pouvons écrire :
sYt
δ kt nkt gkt
At Lt
(2.35)
sktα δ kt nkt gkt
s f pkt q δ kt nkt gkt
s f pkt qpδ n gq kt
L’équation (2.35) est appelée équation dynamique fondamentale du modèle de Solow avec
progrès technique constitue l’équation centrale du modèle de Solow-Swan. L’équation montre
que la variation du capital par tête efficace à chaque période est déterminée par deux termes :
— s f pkt q qui mesure l’investissement courant par unité de travail efficace. La production
par unités de travail efficace est kα et la fraction de cette production qui est investie est s
— pδ n gq qui mesure l’investissement requis, c’est-à-dire, le montant d’investissement
qui doit être entrepris pour conserver k à son niveau.
2.1.3.2.2 La règle d’Or de l’accumulation du capital Considérant les valeurs des pa-
ramètres n, g, δ , chaque valeur de s correspond à une valeur unique de capital par travailleur
30
efficace k ¡ 0 :
dk
k psq , ¡0 (2.36)
ds
Et
sypk psqq pn g δ q k psq (2.37)
Il existe une valeur unique sor qui permet de maximiser c . La règle d’or permet de détermi-
ner le taux d’épargne qui maximisera la consommation à l’équilibre. La solution unique sor
de cette équation doit vérifier que la productivité marginale du capital est égale à la somme
du taux de progrès technique, du taux de croissance démographique et du taux d’amortisse-
1
ment,soit : f pkor q pn g δ q.
sor argmaxc ,
dc 1 dk
ds
f pk qpn g δ q
ds
0
ñ f 1 pkor q pn g δ q (2.40)
31
F IGURE 2.1 – Consommation maximale
c (consommation par
travail efficace) c* : consommation/travail efficace à l’état
stationnaire
32
2.2 Théories de la croissance endogène
Le modèle néoclassique conclue que la croissance de long terme est assurée par un facteur
exogène résiduel : le progrès technique. La diffusion uniforme de ce dernier devrait se traduire
par la convergence de toutes les économies vers un même état régulier. Par conséquent, les
écarts courants entre les taux de croissance sont liées à des divergences transitoires dans l’ac-
cumulation du capital. Cependant la persistance voire l’amplification des divergences des taux
de croissance entre les économies à l’échelle internationale est difficilement assimilable à un
phénomène purement transitoire. Aussi, différents travaux empiriques notent une hausse gra-
duelle du résidu de Solow dans l’explication de la croissance (Abramovitz, 1986; Maddison,
1982; Solow, 1957). Le rôle cardinal accordé au progrès technique dans le modèle occulte
l’impact d’autres variables dans l’explication du phénomène de la croissance. Ainsi, le com-
portement d’épargne des agents économiques ou encore la fiscalité n’affectent pas le taux de
croissance d’un pays, de ce fait, la politique économique est inefficace (Romer, 1986). Toutes
ces insuffisances vont conduire à l’émergence de nouvelles théories de la croissance ou théo-
ries de la croissance endogène. Semedo and Villieu (1998) présentent les théories de la crois-
sance endogène comme une tentative d’explication du résidu de Solow en mettant en évidence
les mécanismes à l’origine de la croissance à long terme. L’ensemble de ces modèles montre
que le progrès technique loin d’être un facteur résiduel et exogène, est à la fois la cause et la
conséquence de la croissance. Le point de départ de la croissance endogène consiste à poser
l’hypothèse que la productivité marginale du capital ne s’annule pas quand le stock de capital
devient grand. L’une des propriétés fondamentales de la fonction de production néo-classique
est donc remise en cause. Cette hypothèse suppose que la productivité marginale du capital est
constante. Dans ces conditions, la croissance est un phénomène auto-entretenu par accumu-
lation de quatre facteurs principaux : le capital physique, la technologie, le capital humain et
le capital public. L’hypothèse de rendements factoriels constants est une condition nécessaire
à la croissance auto-entretenue, qui caractérise de façon générale les modèles de croissance
endogène.
33
est le point de départ à de nouveaux apprentissages par la pratique. L’investissement est une
source d’apprentissage par la pratique, et ce savoir ne peut être approprié par la firme qui le
produit : il se diffuse inévitablement aux autres firmes. Parmi les formes d’apprentissage, on
peut citer : l’amélioration des équipements en place, les travaux d’ingénierie (agencement de
technologies existantes), l’augmentation de la compétence des travailleurs. Il se diffuse in-
évitablement aux autres firmes. L’investissement a un double effet : il agit directement sur la
croissance et indirectement sur le progrès technique.
2.2.3 La technologie
La technologie peut être définie comme un « ensemble de connaissances relatives à certains
types d’événements et d’activités associés à la production et à la transformation de matériaux
» [Rosenberg, 1982]. Le progrès technique désigne donc une augmentation de la capacité des
hommes à maîtriser la nature, sous la forme d’une plus grande productivité ou de nouveaux
produits. La technologie est pour partie de l’information, c’est-à-dire des ensembles de don-
nées aisément transposables : le coût (marginal) de reproduction est largement inférieur au
coût (fixe) de production. En effet, chaque changement technique provient d’une idée mise
en forme et testée. Cependant, entre l’émergence d’une idée nouvelle et sa mise en œuvre
concrète, il peut y avoir un très long chemin (test, essais-erreurs. . . ) qui nécessite le concours
de différentes personnes.Bref des coûts de mise au point qui peuvent être très élevés. En re-
vanche, une fois ces étapes franchies, si l’idée est acceptée, le produit qui en résulte peut être
multiplié avec un coût bien moindre (ainsi le premier disque compact, le premier ordinateur
ont nécessité des efforts colossaux de la part de ceux qui les ont mis au point, cependant leur
reproduction à l’identique a été beaucoup plus facile). Le propre des idées qui provoquent des
changements techniques, est qu’une fois les plâtres essuyés, elles donnent naissance à des ren-
dements croissants (les exemplaires suivants coûtent beaucoup moins chers), voire fortement
croissants (duplication d’un logiciel). Si bien que pour celui qui s’est efforcé de transformer
l’idée en produit, le risque existe que des concurrents en profitent et que lui ne récupère jamais
son investissement initial, alors que ces concurrents s’enrichissent. Des droits de propriété in-
tellectuelle limiteront ce risque : brevets ou copyright protègent l’inventeur qui dispose d’un
monopole d’exploitation (limité dans le temps) sur l’œuvre ou le produit tiré de son travail.
D’un point de vue économique, cette théorie porte atteinte au cadre concurrentiel et permet
l’incorporation d’éléments de concurrence imparfaite qui rendent possibles l’apparition de
produits nouveaux et de nouvelles idées. A défaut les idées nouvelles ne tomberont pas for-
cément dans les mains de l’inventeur mais ceux de l’humanité (exemple de l’écriture, de la
mécanique, de la relativité. . . ). C’est justement lorsque l’on souhaite que les idées nouvelles
bénéficient à tous, qu’il devient nécessaire d’en faire supporter le coût par la collectivité : ainsi
le financement de la recherche fondamentale est public, afin que chacun puisse librement accé-
der à ses résultats, c’est un bien collectif. Pour Romer, le changement technique sera d’autant
34
plus intense que les innovateurs espèreront en tirer un profit important. Le progrès technique
n’est pas exogène, il est produit. Son niveau de production dépendra de la rémunération at-
tendue, c’est à dire des droits de propriété et des rentes monopolistiques. Si au travail et au
capital utilisé, on ajoute des idées nouvelles génératrices de changement technique, tout sera
modifié. Car contrairement au capital dont les rendements sont décroissants et au travail dont
les rendements sont constants (si on effectue sans cesse un investissement humain supplémen-
taire), les idées ont un rendement croissant : plus on s’appuie sur un stock d’idées importantes,
plus on aura de nouvelles idées. Chaque idée ouvre le champs à d’autres idées potentielles. Par
conséquent, en l’absence de progrès technique, le modèle de Solow s’applique à long terme, la
croissance ne dépend pas du taux d’investissement. Le progrès existe, et est d’autant plus in-
tense que le nombre de chercheurs est élevé et le stock de connaissances important. Le nombre
de chercheurs dépend de la capacité du système économique à leur offrir des rentes de mono-
pole en cas de réussite. Ainsi pour Romer, le rythme de croissance ne va pas en déclinant au
fur et à mesure que l’on s’approche de l’état régulier, comme le prétendait Solow. Il dépend
du nombre, de la proportion et de la productivité des chercheurs, c’est à dire de la capacité des
rendements croissants de la recherche à compenser les rendements décroissants de l’investis-
sement matériel. La diffusion de la connaissance parmi les producteurs et les effets externes
du capital humain évitent la tendance à la baisse du rendement de l’investissement (décrois-
sance des rendements du capital), et la croissance peut se poursuivre indéfiniment. Contraire-
ment aux approches néoclassiques, Romer reconnaît cependant que le marché ne suffit pas à
assurer une croissance maximale à long terme. L’État a un rôle important à jouer, non par le
biais de la dépense publique envers la recherche, mais en venant au secours des innovateurs
par le biais d’une fiscalité compensatrice (moindre taxation des bénéfices issus des produits
nouveaux), de mesures juridiques incitant la recherche-développement et les externalités de
connaissances, de mesures anti-concurrentielles non dissuasives.
35
ries, les nouvelles analysent les fondements économiques de la formation du capital humain.
Dans les années cinquante et soixante, Solow étudiait comment la croissance économique et la
formation du capital humain étaient liées tandis que Becker se penchait sur les raisons écono-
miques de l’accumulation du capital humain. En reliant ces deux approches, on trouve naturel-
lement un modèle de croissance économique endogène, où le capital humain joue un rôle fon-
damental. Le capital humain est donc appropriable par l’individu qui en est porteur, contrai-
rement au capital technologique qui est pour partie un bien public. Lucas(1988) distingue le
capital humain qui correspond à une accumulation volontaire de connaissances (schooling)
de l’apprentissage par la pratique (learning by doing) qui est une accumulation involontaire
de connaissances. Il montre à cet effet que la productivité privée du capital humain a un ef-
fet externe positif car, en améliorant son niveau d’éducation et de formation, chaque individu
augmente le stock de capital humain de la nation et par la même contribue à améliorer la pro-
ductivité de l’économie nationale. En somme, l’introduction du capital humain dans l’analyse
de la croissance économique a permis de rendre compte des fortes disparités de niveau de vie
entre pays dans le monde. Ainsi, le produit par tête ne dépend pas que de l’intensité capitalis-
tique comme l’a établit le modèle de Solow mais il dépend à la fois de l’intensité capitalistique
et du capital humain par tête. Pour qu’un tel modèle puisse engendrer une croissance auto-
entretenue, il suffit que le rendement marginal du capital humain dans la formation du capital
humain soit constant. S’il est décroissant, il n’y aura pas de croissance à long terme. S’il est
croissant, il y aura une croissance explosive.
36
2.2.6 Autres facteurs de croissance : les institutions
La production est une activité socialement organisée ce qui signifie qu’elle s’exerce dans un
cadre socialement définit et qu’elle obéit à des règles. Ces règles sont produites et contrô-
lées par des institutions. L’importance des institutions avait été étudiée aux États-Unis dès la
fin du XIX siècle, mais depuis les années 90, la macroéconomie prend mieux en compte leur
rôle. Pour les théoriciens des institutions, ces dernières doivent créer un environnement stable,
garantir la sécurité des contrats et inciter les agents à prendre des risques et à investir. Elles
doivent permettre le respect des droits de propriété, protéger les innovations par des brevets,
lutter contre la corruption, favoriser l’égalité sociale. Les règles de droit doivent être respec-
tées, ce qui nécessite un système judiciaire indépendant du pouvoir politique. Le système de
valeurs doit favoriser la rationalisation (plutôt que les croyances) :grâce à l’esprit scientifique,
à des règles de droits (plutôt que la coutume)...Max Weber dans «Éthique protestante et esprit
du capitalisme» explique le développement du capitalisme par l’adéquation des valeurs pro-
testantes et du capitalisme. Comme le soulignent certains économistes, de bonnes institutions
contribuent donc à la croissance économique.
Une limite des modèles de croissance est de présenter séparément ces différentes sources :
chaque modèle se focalise sur une, parfois deux, d’entre elles. Leurs interactions ne sont donc
pas prises en compte, ce qui peut limiter la portée de certains résultats. Il est notamment im-
portant de savoir si ces facteurs sont substituables ou complémentaires, par exemple pour
choisir les politiques publiques : dans le premier cas, aider une forme d’investissement revien-
dra à réduire l’incitation pour les autres formes, alors que, dans le second cas, cela accroîtra
au contraire l’incitation. La prise en compte simultanée de ces facteurs dans un même modèle
requerrait donc une réflexion sur la façon dont ils s’articulent dans la fonction de production,
et poserait sans doute des problèmes de robustesse et d’agrégation plus profonds encore que
dans les modèles actuels.
2.3 Conclusion
Le modèle de Solow n’expliquait pas la croissance, il signalait simplement que grâce au pro-
grès technique, la croissance peut perdurer. Pour les tenants de la théorie de la croissance
endogène, le progrès technique ne tombe pas du ciel. La croissance est ainsi assimilée à un
phénomène auto-entretenu par accumulation de quatre facteurs principaux : la technologie,
37
le capital physique, le capital humain et le capital public. Le rythme d’accumulation de ces
variables dépend de choix économiques, c’est pourquoi on parle de théories de la croissance
endogène.
38
Deuxième partie
Fluctuations Économiques
39
La représentation traditionnelle de la dynamique économique repose sur la distinction entre
tendance et cycle. La première représente le long terme, le second traduit le court terme. Les
deux composantes sont supposées indépendantes car les forces qui y agissent sont différentes.
Le court terme, domaine de la macroéconomie, suppose fixées les capacités de production et
étudie les conséquences des frottements de tous ordres (information imparfaite des agents, ri-
gidité des grandeurs nominales, coûts d’ajustement des capacités de production) sur les choix
des agents et donc les grandeurs macroéconomiques. Le long terme est le domaine des théo-
ries de la croissance, qui étudient l’accumulation des facteurs de production en supposant que
les ajustements de prix et de quantités sont réalisés.
40
Chapitre 3
41
Introduction
La croissance économique est irrégulière dans le temps. Cette irrégularité se traduit par l’al-
ternance de mouvements à la hausse ou à la baisse des différentes variables (activité, emploi,
profit, prix. . . ). Les fluctuations semblent être une caractéristique fondamentale de la crois-
sance économique. Le fait que les cycles économiques se répètent à un rythme irrégulier est
une source d’incertitude importante : les individus sont exposés au risque de chômage, les en-
treprises au risque de faillite. Ce risque influence leurs décisions économiques. De nombreuses
décisions et politiques économiques sont en effet influencées par l’état actuel et anticipé de
la situation économique : politiques de stabilisation au niveau macroéconomique, politiques
d’investissement, d’embauche et de stockage au niveau de la firme, décisions de dépenses et
d’épargne des ménages.
3.1.1 Définition
Burns et Mitchell, en 1946, proposent cette définition : "Un cycle consiste en une phase d’ex-
pansion simultanée de nombreux secteurs d’activité, suivie d’une phase de contraction si-
milaire puis d’une reprise qui débouche sur la phase d’expansion du cycle suivant. Cette sé-
quence est récurrente mais non périodique ; les cycles d’activité ont une durée variant entre un
et dix ou douze ans ; ils ne sont pas divisibles en cycles plus courts de caractéristiques sem-
blables et d’amplitude équivalente".
42
— une phase de ralentissement : le rythme de la croissance décélère et taux de croissance
diminue. La production continue d’augmenter mais de moins en moins vite. Il y’a une
baisse de croissance mais pas de la production ;
— une phase de récession : apparait à la suite d’une contraction de la production pendant
six(06) ou deux trimestres consécutifs. Le taux de croissance est négatif et la produc-
tion recule. Lorsque la baisse se prolonge sur plusieurs années par exemple survient la
dépression qui suppose une chute de la production forte et durable (crise de 1929, crise
subprimes 2007, crise grecque de la dette souveraine 2009) qui s’accompagne d’une
déflation (baisse des prix et des salaires).
La croissance effective est instable : à des périodes de croissance soutenue (expansion), suc-
cèdent des périodes de forts ralentissements, voire de recul de l’activité productive pendant
une période plus ou moins longue (récession ou dépression). Ainsi la notion de crise éco-
nomique évoque le point de retournement à la baisse de l’activité économique. Elle désigne
l’ensemble de la période au cours de laquelle l’activité est déprimée, le chômage élevé,. . . ,
la reprise marque la fin de la crise économique. Selon, A.Frois(1995) un cycle économique
est mesuré de pic à pic, ou de creux à creux. On parle de cycle conjoncturel lorsqu’une durée
Q r1an; 10anss s’est écoulée entre deux pics (ou entre deux creux). Les séquences sont récur-
rentes mais pas régulières.
43
F IGURE 3.1 – Caractéristique du
cycle
Les différentes tentatives d’appréciation de la période des cycles ont abouti à la distinction de
trois types de cycles :
— Le cycle Juglar ou cycle classique (encore cycle majeur) : le cycle classique est appelé
classique parce qu’il a été le premier cycle mis en évidence. Ce cycle paraissait dé-
cennal. En fait, il avait une durée comprise entre 6 et 10 ans. On lui confère une durée
moyenne de 8 ans.
— L’hypo-cycle (cycle mineur) ou cycle de Kitchin : l’observation surtout de la partie as-
cendante du cycle, laisse entrevoir des rechutes secondaires, et, moins fréquemment du
reste, dans la partie descendante, des remontées partielles a donné l’idée de cycles plus
petits s’intercalant à l’intérieur du premier cycle. Ils sont nommés cycles mineurs ou en-
44
core de cycles de Kitchin. Leur durée moyenne est de 40 mois : ce sont des cycles sans
crises ou les crises ne surviennent que d’une succession de 2 ou de 3 de ces cycles.
— Le cycle long ou encore cycle Kondratieff : d’une périodicité de 40 à 60 ans (d’une du-
rée moyenne de 50ans), les cycles Kondratieff présentent une phase ascendante pendant
laquelle les prix, la production et l’emploi augment et une phase descendante durant
laquelle ces indicateurs baissent. Toutefois, Schumpeter considère que chaque cycle
s’explique par l’introduction d’innovations majeures (machine à vapeur, automobile. . . )
qui apparaissent par ‘grappes’ entrainant dans un premier temps une phase d’expansion.
Une fois ces innovations diffusées dans l’ensemble de l’économie, leur effet dynamique
s’épuise et on entre dans une phase de ralentissement prolongé jusqu’à ce que de nou-
velles innovations provoquent le phénomène de "destruction créatrice" et la reprise de la
croissance.
Schumpeter considérait que ces cycles étaient liés entre eux et que leur superposition provo-
quait les crises les plus graves (un Kondratiev était égal à 6 Juglar et à 12 Kitchin). Ainsi, la
crise de 1929, retournement d’un cycle de kondratiev et d’un cycle de Juglar, fut la crise la
plus profonde connue.
45
F IGURE 3.2 – Cycle Kondratieff
46
3.2 Les sources des fluctuations économiques
Un choc de demande est une perturbation de l’activité économique liée à une hausse ou à une
baisse brutale de la demande. L’irrégularité de la croissance effective trouve sa source prin-
cipale dans les variations de la demande globale entraînées par les chocs de demande. Selon
47
Mankiw et Taylor, la courbe de demande agrégée est décroissante pour plusieurs raisons :
— L’effet de richesse : un niveau de prix plus bas fait augmenter la richesse réelle, ce qui
encourage les dépenses de consommation ;
— L’effet de taux d’intérêt : un niveau de prix plus bas fait baisser le taux d’intérêt, ce qui
encourage les dépenses d’investissement ;
— L’effet de taux de change : un niveau de prix plus bas conduit à une dépréciation du taux
de change réel, ce qui encourage les dépenses d’exportations nettes.
48
— Les politiques budgétaires visent, par l’intermédiaire du niveau et de la structure des re-
cettes et des dépenses publiques, à influer sur l’activité économique. Ainsi, par exemple,
une augmentation des dépenses publiques peut accroître la demande, ce qui poussera les
entreprises à augmenter leur niveau de production.
— Les politiques monétaires ont pour objectif de contrôler le niveau de la masse monétaire,
et donc indirectement le niveau de l’inflation.
49
Chapitre 4
La théorie de cycle connait un renouvellement majeur depuis le début des années 1980. Les
cycles étaient jusqu’alors considérés comme des déséquilibres qui nuançaient la conception
du marché autorégulateur présentée par les libéraux, les économistes du cycle réel considèrent
au contraire que les fluctuations sont souhaitables car elles sont le résultat du rééquilibrage
automatique et continu de l’économie.
50
l’accélérateur de Aftalion et le multiplicateur de Kahn, repris par Keynes, Samuelson montre
comment l’instabilité de l’investissement peut engendrer des mouvements oscillatoires qui
expliquent les cycles. D’autres phénomènes économiques sont des phénomènes cycliques en
raison d’un surajustement des variables. Fisher(1933) montre comment l’endettement explique
le cycle : dans la phase de croissance les profits anticipés sont supérieurs aux taux d’intérêt,
ce qui incite les entreprises à s’endetter (effet levier de l’endettement). Il en résulte un suren-
dettement lorsque les impératifs de remboursement deviennent importants ; les anticipations
deviennent pessimistes, la dépression s’installe et prendra fin que lorsque la plus grande par-
tie de la dette sera éliminée. On peut aussi citer les bulles spéculatives qui peuvent gonfler de
façon excessive en période de croissance et dont l’éclatement crée la récession ( crise des sub-
primes en 2008). Les mouvements de taux de change sont aussi souvent plus amples que ne
l’exigerait un simple retour à l’équilibre, ce phénomène de surajustement des taux de change
par rapport aux taux d’intérêt ou aux fondamentaux de l’économie crée une grande volatilité
de ceux-ci. Les théories traditionnelles du cycle considèrent que :
— les cycles sont des cycles de déséquilibre : l’économie passe d’un déséquilibre à un
autre car les mécanismes régulateurs fonctionnent, mais imparfaitement ;
— les cycles sont souvent dus à des phénomènes de désajustement entre l’offre et la de-
mande ou à des phénomènes monétaires ;
— les cycles sont indésirables car ils créent des déséquilibres divers ;
— les cycles sont souvent dus à des déviations temporaires qui n’affecte pas le trend de la
croissance (résultant de données beaucoup plus stables : niveau de la population active,
quantité de capital, importance de la technologie) ;
— les analyses keynesiennes affirment qu’il faut lisser les fluctuations grâce à la mise en
œuvre de politiques conjoncturelles contra-cycliques. Quand aux libéraux, ils consi-
dèrent que les fluctuations lorsqu’elles ne sont pas dues à des chocs exogènes, résultent
des imperfections de marché ; la solution est donc d’oeuvrer pour établir une situation la
plus proche possible de la situation de concurrence pure et parfaite.
— les néoclassiques rejettent ces affirmations et estiment que les cycles ne sont pas des dé-
viations temporaires mais des déviations permanentes, la monnaie n’a pas de rôle dans
le cycle et les fluctuations ne sont pas indésirables, mais le résultat d’une réponse ration-
nelle et souhaitable des agents économiques aux chocs réels.
51
temps de basculement du cheval dépendra du choc initial et de la propagation du mouvement.
Le cycle est un cycle d’équilibre (progressivement le basculement s’atténue puis s’arrête),
la longueur du cycle est fonction de la longueur de la bascule alors que l’intensité de la fluc-
tuation est déterminée par l’importance du choc. De la même façon, le cycle économique est
un cycle d’équilibre dont la longueur résulte des comportements optimaux des agents écono-
miques et de l’intensité du choc initial. Pour les néoclassiques, les variations n’ont pas le sens
d’un écart suivi d’un retour à une tendance représentant l’équilibre. Tout point est un point
d’équilibre résultant instantanément d’un comportement optimisateur. L’équilibre n’est ni
perçu comme une situation de repos, ni comme un point duquel il faut se rapprocher, mais
comme une situation constamment changeante en fonction des comportements des agents
soumis à des contraintes. Le cycle s’explique soit par les réactions de comportements éco-
nomiques face à un choc exogène, soit par des anticipations biaisées dans le cas d’un effet de
surprise. Les théoriciens du cycle économique réel s’opposent à toute politique économique
conjoncturelle puisque les cycles sont des cycles d’équilibre. Les fluctuations sont souhai-
tables, donc toute action gouvernementale contra-cyclique est inefficace, voire dangereuse.
Les seules actions bénéfiques des gouvernements sont celles qui favorisent le progrès tech-
nologique et ainsi la croissance sur longue période. Donc, selon les nouveaux économistes
classiques :
— les cycles sont des cycles d’équilibre qui s’expliquent par le maintien à l’équilibre dans
des situations nouvelles ;
— les cycles sont dus à des chocs exogènes ou à des chocs de progrès technique. Ils pour-
raient aussi être dus, selon Lucas, à des anticipations biaisées par un effet de surprise ;
— les cycles sont souhaitables car ils sont nécessaires au maintien à l’équilibre ;
— les effets des cycles sont permanents ;
— les politiques conjoncturelles sont indésirables.
Les critiques de la théorie du cycle économique réel sont nombreuses. D’une part, la réces-
sion qui a suivi les politiques monétaires restrictives mises en place au début des années 1980
semble montrer que la politique monétaire peut avoir des effets réels et provoquer des fluc-
tuations. D’autre part, les théoriciens du cycle réel postulent que l’économie est toujours en
équilibre de plein emploi. Or il est peu probable que ce cas, les faibles variations de l’emploi.
D’autre part, si des avancées technologiques peuvent effectivement expliquer les expansions,
on n’observe pas de déclins technologiques importants susceptibles d’expliquer les récessions.
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différences en fonction d’un certain nombre de points : la manifestation de l’incertitude, la re-
présentation des comportements et des anticipations des agents, la position adoptée au sujet
des spécificités des marchés des biens et services, du crédit et du travail. Elle retrouve cepen-
dant une certaine unité sur la question du rôle de la monnaie, et sur l’efficacité de l’interven-
tion publique. La première famille s’est orientée vers la construction de modèles centrés sur
la viscosité des prix et des salaires dans un cadre d’anticipations rationnelles et de comporte-
ment maximisateur des agents. La deuxième famille a privilégié une microéconomie de l’in-
complétude et de l’asymétrie d’information permettant d’endogénéïser les déséquilibres et les
rationnements existant sur certains marchés, sans pour autant faire référence à la rigidité des
salaires et des prix. La troisième s’inscrit dans la théorie du déséquilibre et privilégie un cadre
de concurrence imparfaite.
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cipations à travers leur indétermination. C’est ce qui explique que certains nouveaux keyné-
siens se soient intéressés aux équilibres dits avec tâches solaires. Une tâche solaire (Sun Spot)
est une variable aléatoire à distribution constante qui, bien que n’apportant aucune informa-
tion sur les grandeurs fondamentales d’une économie (technologie, préférences, politiques
budgétaires), est prise en compte par les agents dans la formation de leurs prévisions. Il faut
d’ailleurs insister sur le point suivant : dans les approches stochastiques du cycle centrées sur
la survenance de chocs, l’incertitude est introduite via des erreurs de prévision des agents à la
suite de chocs venant modifier les conditions d’équilibre des modèles. Dans les approches de
type « Sun Post », l’aléatoire est dû aux croyances qu’ont les agents sur leur environnement,
croyances qui se révèlent être autoréalisatrices.
On envisage une économie au sein de laquelle deux groupes d’agents, les salariés et les ca-
pitalistes, se distinguent et se différencient à la fois par la nature de leur revenu et par leurs
conditions d’accès au crédit. Les salariés, eux, offrent leur travail et financent leur consomma-
tion sur la base des salaires versés au cours de la période précédente. Les capitalistes disposent
d’un revenu qui résulte de leurs anticipations de profit et qui va autoriser consommation finale
et investissement. Chaque agent dépense la totalité de son revenu et la contrainte financière est
maximale puisque le recours au système financier n’est pas possible. Dans ce type de modèle,
la dynamique de croissance est spécifiée par une équation au sein de laquelle le stock de capi-
tal de la période t+1 est fonction du stock de capital de la période t. Partant de l’hypothèse que
les facteurs de production sont faiblement substituables, et que l’offre de travail est peu élas-
tique, des auteurs tels que Grandmont (1985) ont montré que cette équation était productrice
d’une dynamique cyclique endogène ou chaotique. Dans ce type d’approche, la contrainte
financière joue un rôle central. En effet, si on raisonne sur la base de marchés financiers par-
faitement concurrentiels et accessibles à tous les agents, l’accumulation du capital dépendra
de l’épargne de tous les agents. Cette épargne, qui est en relation croissante avec le stock de
capital, permet à la fonction envisagée dans le modèle, de croître de façon monotone et au-
torise la stabilité de l’équilibre. Mais dès lors qu’une différenciation entre groupes sociaux
existe et qu’une contrainte financière est introduite, l’accumulation ne va dépendre que des
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profits des seuls capitalistes. Dès lors que les profits ne sont pas forcément en relation crois-
sante avec le stock de capital, une condition d’instabilité endogène est introduite. Puisque tout
changement dans la répartition des revenus entre classes sociales se traduit par un impact sur
l’investissement, les idées de Keynes se trouvent réhabilitées : Keynes soulignait en effet que
les variations de l’investissement précédaient celles de l’épargne.
Si l’on considère que les firmes ont à présent recours à un financement externe mais que les
marchés sont toujours imparfaits, puisque l’information n’est pas complète et est asymétrique,
un nouveau type de contrainte émerge. Stiglitz a envisagé le cas où le crédit est rationné, le
système bancaire fixant un plafond à l’emprunt des firmes. En conséquence, les firmes ration-
nées vont s’adresser aux marchés financiers et émettre des titres. Dans ce type d’approche,
c’est l’attitude des firmes face au risque qui joue un rôle déterminant. Les décisions de produc-
tion sont risquées (la production demande du temps, les inputs sont acquis avant que la pro-
duction ne soit écoulée. . . ) et, à chaque période, les firmes peuvent faire faillite pour peu que
le montant de leur dette excède celui de leurs recettes effectives. Ainsi, les entreprises ont une
aversion pour le risque dès lors qu’elles n’ont pas un accès régulier au financement par actions
et qu’elles sont conduites à faire appel au financement par endettement. Les firmes procèdent
à des choix de portefeuille, l’aversion pour le risque implique que les entreprises soient atten-
tives aux conséquences de leurs actes sur l’ensemble de leurs actifs physiques et financiers.
Dans un tel contexte, l’apparition de changements dans l’environnement économique exerce
une retombée dans les actions des firmes et sur l’évaluation des risques. En cas d’environne-
ment défavorable, de baisse des prix et de chute des profits, les firmes peuvent enregistrer une
contraction de leur liquidité, et être conduites à emprunter davantage afin de maintenir leur
niveau d’activité. Il est clair qu’un endettement accru accroît la probabilité de défaillance des
firmes. Avec l’augmentation du coût marginal de banqueroute, la courbe d’offre agrégée se dé-
place, et la quantité que les firmes veulent produire, à chaque niveau de du prix du produit et
des salaires, est réduite : puisque l’offre de certaines firmes se contracte également, les chocs
originels vont se diffuser à travers l’économie, et vont persister, voire s’amplifier. Le effets
seront d’ailleurs d’autant plus importants que les anticipations réalisées en matière de risque
par les firmes se font sentir au niveau des stocks : en réponse à l’entrée dans une conjoncture
récessive, les firmes peuvent répondre en cherchant à réduire leurs stocks et l’échelle de leur
production. Ce sont ces enchaînements qui sont à l’origine de l’apparition puis de la persis-
tance de fluctuations. L’accroissement du risque de faillite au cours des récessions fragilise
le marché du crédit, ce qui accroît la prudence des banques et accentue le rationnement, donc
approfondit le cycle.
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