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CHAPITRE VIII

CONJONCTURE,
CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT

Section I - La conjoncture économique.

L'activité économique se déploie suivant un certain nombre de pha-


ses (production - consommation... etc.) formant un mouvement con-
tinu et répété. L'ensemble de ces phases constitue un circuit écono-
mique, qui peut être plus ou moins complexe selon les pays.

L'activité économique dans ses différentes composantes peut être


représentée à l'aide d'un modèle (1) très simple : le modèle d'équili-
bre global qui postule l'égalité entre l'offre globale et la demande
globale.

(1) le modèle est une présentation simplifiée de la réalité

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CONJUNCTURE ECONOMIQUE, CROISSANCE ET DEVELOPPEMt.M

L'offre globale n'est autre que l'ensemble des ressources disponi-


bles dans un pays ; elle en indique l'origine ; celles-ci ne peuvent pro-
venir que de deux sources : la production intérieure et les importations.

La demande globale indique les emplois, l'utilisation faite des res-


sources dégagées par la production nationale. Une partie de la pro-
duction nationale est destinée à la consommation intérieure (privée
et publique), une autre à l'investissement (privé et public), une autre
va à la consommation extérieure et à dittérents éléments constitutifs
du circuit économique sont appelés agrégats.

On peut donc écrire :

P = production nationale
M = importation
C = consommation intérieure privée
I = investissement intérieur privé
G = dépenses publiques aussi bien de fonctionnement que d'inves-
tissement.
X = exportations.

Plusieurs niveaux d'équilibre sont possibles entre l'offre globale


et la demande globale. Chaque niveau correspond à :

- un certain niveau de revenu national ;


- un certain niveau général des prix ;
- un certain niveau de l'emploi : équilibre de plein emploi, équi-
libre de sous-emploi... ;
- un certain état de la balance des paiements.

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LA CONJONCTURE ECONOMIQUE

Chaque niveau d'équilibre entre l'offre globale et la demande glo-


bale correspond à un certain état de l'activité économique qu'on appelle
conjoncture économique.

L'analyse de conjoncture est faite pour une période de temps don-


née (généralement le court terme et le moyen terme). Elle permet de
cerner les tendances à la hausse ou à la baisse des principales gran-
deurs de l'économie, c'est-à-dire les phénomènes de croissance éco-
nomique, d'inflation, de déséquilibre de la balance des paiements.

L'analyse de conjoncture s'effectue par l'utilisation d'indices de


repère, les indicateurs de conjoncture qui sont :

- le produit national brut


- la production industrielle
- la masse monétaire
- le taux d'intérêt
- les prix de gros, les prix de détail
- le niveau de l'emploi (exprimé en proportion de la population
active)
- le volume des importations et des exportations.

Les valeurs critiques atteintes par ces indicateurs dans leurs varia-
tions sont appelées clignotants. Lorsque les clignotants s'allument, c'est
le signe que l'Etat doit intervenir par des mesures rigoureuses de poli-
tique économique.

La politique économique conjoncturelle poursuit les quatre objec-


tifs de plein emploi, de croissance économique, de stabilité des prix
et d'équilibre de la balance des paiements. Ce sont surtout les instru-
ments monétaire et budgétaire qui sont utilisés à cet effet.

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CONJONCTURE ECONOMIQUE, CROISSANCE ET DEVELOPPEMEN1

Section II - Croissance, Expansion, Récession et Développement.

La croissance économique est la tendance à la hausse dv niveau


de l'activité économique. Elle se traduit par une augmentation du
revenu national d'une année à l'autre (on ne peut parler de croissance
que si l'accroissement du revenu national est supérieur à l'accroisse-
ment de la population et à la hausse des prix dans la même année).

Toutefois, la croissance économique ne suit pas un rythme régulier


d'une année à l'autre : lorsqu'en 1990, on examine la conjoncture éco-
nomique au cours des 5 dernières années passées, on peut enregistrer
par exemple un taux annuel moyen de croissance de 5 %. Et pour-
tant, ce taux n'est que la moyenne des taux effectivement réalisés :
par exemple : 7% en 1985, 3 % en 1986, 5% en 1987, 4% en 1988,
et 6% en 1989."En d'autres termes ce taux moven de croissance n'est
qu'une tendance (un trend de croissance) autour duquel s ordonnent :

- des phases d'accélération du rythme de croissance ; ce qu'on


appelle expansion économique ;

- des phases de ralentissement du rythme de croissance : ce qu'on


appelle récession économique. (La récession ne signifie pas
absence de croissance, mais seulement ralentissement du rythme
décroissance ; la situation se traduisant par une diminution du
revenu national est appelée dépression).

L'expansion et la récession sont des phénomènes du court terme (1


an), alors que la croissance économique est un phénomène de moyen
terme (5 ans) ou de long terme.

Nous allons étudier le phénomène de croissance économique dans


une économie développée et dans une économie sous-développée.

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CKOISSAHCE, EXPAXStOS, RECESSION ET DEVELOPPEMENT

- Dans une économie développée, la croissance économique dans


ses phases d'expansion et de récession est générée de façon
interne par l'activité économique ; ceci par l'investissement auto-
nome et l'investissement induit à travers le jeu du multiplica-
teur et l'accélérateur.

AI -< AR - AC - AI - AR ...

S'il en est ainsi, c'est parce que l'économie développée est une
économie auto centrée : les secteurs de l'économie sont intégrés entre
eux au lieu d'être intégrés à l'extérieur. Le commerce extérieur n'est
jamais la plaque tournante de l'économie : les importations portent
sur les matières premières pour les besoins de la production interne,
les ventes à l'extérieur constituent un appoint aux ventes internes.

Le revenu national élevé et plus équitablement réparti qu'en éco-


nomie sous-développée, permet une consommation de masse qui sou-
tient et stimule la production de produits agricoles vivriers et la pro-
duction de biens manufacturés. Ce qui fait que la croissance générée
dans une branche ou dans un secteur, se propage et se diffuse dans
l'ensemble de l'économie. Pour l'essentiel, l'économie développée
produit ce qu'elle consomme, et consomme ce qu'elle produit. C est ce
qui explique le phénomène de croissance auto entretenue qui contri-
bue au développement économique qui se poursuit en tant que
processus.

Dans l'économie sous-développée, la croissance économique procède


le plus souvent d'un événement extérieur : la montée du cours de la
principale matière première exportée, sur le marché mondial. Voici
un exemple édifiant : en Côte d'Ivoire, le revenu par tête est tombé
de 1 200 dollars en 1981 à 710 dollars en 1983, à la suite de la forte
baisse des recettes d'exportation du cacao.

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CONJONCTURE ECONOMIQUE, CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT

L'augmentation des revenus enregistrée est limitée à quelques ilôts


de prospérité du fait d'une répartition très inégale. Bien entendu elle
stimule la consommation, mais la consommation de biens importés ;
ce qui empêche ou atténue considérablement le jeu du principe
d'accélération.
Lorsque des projets d'investissement (autonome) sont implantés,
les premières générations de revenus (salaires distribués) sont aussi
absorbés par la consommation de biens importés ; ce qui ne permet
pas au principe du multiplicateur de fonctionner.
S'il en est ainsi, c'est parce que l'économie sous-développée est
une économie désarticulée et extravertie : les secteurs de l'économie
ne sont pas intégrés entre eux (désarticulation), ils sont intégrés à l'exté-
rieur (extraversion); ce qui est tout le contraire d'une économie
auto-entretenue..
Le commerce extérieur est la plaque tournante de l'économie :
importations massives de biens de consommation (biens alimentaires,
bien durables...) et exportation exclusive de produits primaires, sour-
ce principale des revenus.
L'économie sous-développée consomme ce qu'elle ne produit pas, et
produit ce qu'elle ne consomme pas. La croissance générée dans un
secteur ne se diffuse pas, ne se propage pas dans l'ensemble de l'éco-
nomie ; ce n'est jamais un phénomène auto-entretenu. C'est une crois-
sance dans le sous-développement, une croissance sans développement.

Par conséquent, le développement économique implique une inté-


gration poussée des différents secteurs de l'économie, une intensifi-
cation des liaisons input-output ; autrement dit, la fin de l'extraver-
sion de l'économie. Ce qui permet de générer une croissance interne
et auto-entretenue ; et les fruits de la croissance sont mieux répartis.
Le résultat est que la situation de la population (dans son intégralité
ou dans sa grande majorité) s'améliore nettement au niveau de cha-
cune des rubriques de la nomenclature des biens de consommation :
alimentation, habillement, habitation, hygiène et santé, éducation...

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