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Economie-1ère année-ECT2 CPGE Moulay Idriss-FES Pr.

Ibtissam DAKIRANE

Module 1.5 : La croissance et ses finalités

Chapitre n°1 : La croissance économique


L’activité économique ne connaît pas un rythme de croissance stable dans le temps. À des
périodes de forte activité succèdent des phases de ralentissement économiques pouvant même
se transformer en récession économique. La science économique s’est donc efforcée de trouver
des modèles permettant d’expliquer et donc d’agir sur la variation du taux de la croissance
économique. Au moment où les classiques et les néoclassiques considèrent la croissance
économiques comme étant un phénomène exogène, d’autres économistes ont tenté́ de prouver
que la croissance est endogène, prônant ainsi le rôle des politiques économiques volontaristes
dans l’amélioration de cette dernière.

I- La croissance économique : Définition et mesure

A- Définition de la croissance

La croissance est « l’augmentation soutenue durant une ou plusieurs périodes longues d’un
indicateur de dimension pour la nation : produit global brut ou net en termes réels ».
Source: François Perroux : L’économie du XXème siècle, chap 5, 1961

B- Mesure de la croissance
Le principal indicateur de mesure de la croissance est le PIB . Le PIB est un indicateur performant et
outil de comparaison de la croissance générée pendant deux ou plusieurs périodes. La croissance
correspond au taux de croissance du PIB:

Taux de croissance = (PIB 1-PIB 0 / PIB 0) x 100

Le PIB en volume est plus faible que celui en valeur car l’inflation est retirée (on dit que l’on a
déflaté les prix)
• L’augmentation du PIB en volume mesure la seule hausse des quantités produites.
• L’augmentation du PIB en valeur à elle, deux causes : la hausses des quantités produites
et la hausses des prix

C’est donc la seule augmentation du PIB en volume d’année sur l’autre qui sera retenue comme
indicateur de la croissance économique.

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II- Les cycles économiques


En observant l'évolution de l'activité économique d'un pays, on peut constater une irrégularité plus ou
moins marquée suivant les périodes. L’activité économique passe donc par plusieurs fluctuations, ces
fluctuations constitue ce qu’on appelle : Un cycle économique. Le cycle est un phénomène répétitif,
caractérisé par une succession de phases de hausse puis de baisse de la production. Il comprend quatre
phases distinctes :
• L’expansion : c’est la phase ascendante du cycle qui s’accompagne d’un accroissement de
la production, des investissements, des salaires, des prix et de l’emploi.

• La crise : c’est le point de retournement du cycle qui se traduit par une crise boursière, une chute
des investissements, un essoufflement de la demande.

• La récession : c’est la phase descendante du cycle. Elle se caractérise par un ralentissement de


l’activité économique. Si ce ralentissement est très important, on parle alors de dépression.

• La reprise : elle correspond au deuxième point de retournement du cycle et annonce une nouvelle
période d’expansion.

A- Les fluctuations de long terme : Cycles Kondratiev

Le cycle de Kondratiev est le plus connu des cycles économiques. Il a été mis en évidence par
l’économiste soviétique Nikolaï Kondratiev dans les années 1920, et a été étoffé par Joseph
Schumpeter à la fin des années 1930. Selon Schumpeter, les innovations apparaissent par
« grappes » qui tirent la croissance pendant 20 à 30 ans. Puis, quand les innovations arrivent à,
la croissance se tasse avant que d’autres innovations relancent à leur tour l’économie.
Le cycle de Kondratiev présente deux phases distinctes : une phase ascendante (phase A) et
une phase descendante (phase B). Selon Kondratiev, la phase ascendante s’accompagne
progressivement d’un excès d’investissement réalisé par les entreprises pour faire face à la
concurrence, ce qui provoque une hausse des prix, les industriels répercutant leurs coûts de
production sur les produits, et des taux d'intérêt qui augmentent face à la forte demande de
monnaie. Il s'ensuit donc un déclin de l’activité économique durant laquelle les prix baissent,
du à excès d'offre et à une baisse de la demande, ainsi que les taux d'intérêts, la baisse de la
consommation et des investissements entraîne une baisse de la demande de monnaie, ce qui
prépare le terrain pour une nouvelle phase de croissance.

B- Les fluctuations de moyen terme : Cycles Juglar

Le cycle de Juglar, théorisé par l’économiste français Clément Juglar en 1862, est un cycle
intermédiaire de 8 à 10 ans. Ce cycle correspondrait à la dynamique de l’investissement des
entreprises qui se caractériserait par une phase d’investissements soutenus puis, une fois que
tous les investissements rentables ont été réalisés, par un plongeon de l’investissement et donc
de la croissance. Les économistes expliquent la présence de cycles par les imperfections du
marché. En effet, ce sont les fluctuations de l’offre et de la demande qui entraînent des
déséquilibres à l’origine des phases d’expansion et de récession de l’activité économique.

Exemple : Une hausse de la demande entraîne une hausse de l’offre, qui engendre une
augmentation de l’activité économique : il s’agit d’une phase d’expansion.

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C- Les fluctuations de court terme : Cycles Kitchin

Un cycle Kitchin est un cycle économique (période d'une durée déterminée qui correspond plus
ou moins exactement au retour d'un même phénomène) de l'ordre de 3 à 4 ans. Découvert en
1923, ce cycle est considéré comme le cycle mineur, il ne connaît pas de crises mais une
détérioration du phénomène d'expansion perçu dans le cycle Juglar. Il est basé sur la politique
de stock des entreprises et se caractérise par une phase d’expansion d’environ deux ans puis par
une phase de croissance ralentie elle aussi de deux ans environ.

III- Les modalités de la croissance

A- Croissance intensive/croissance extensive

Dans la croissance intensive, l’augmentation de la production provient d’une utilisation plus


efficace des facteurs de la production en réalisant des gains de productivité.

Dans la croissance extensive, l’augmentation de la production provient d’une augmentation


quantitative des facteurs de production.

B- Croissance exogène/croissance endogène


La croissance exogène est une croissance expliquée par des facteurs essentiellement exogènes
(croissance démographique, trend de progrès technique…) L'économiste
américain R.Solow pour lequel le progrès aurait pour origine des facteurs extérieurs à
la production, sans pour autant en expliquer la cause, et qui conclut à une convergence
des économies vers un état de croissance stationnaire.
Quant à la croissance expliquée par des facteurs économiques internes comme le progrès
technique induit, les rendements croissants, le développement du capital humain, le processus
l’apprentissage. Les principaux économistes développant cette croissance sont les suivants :
§ Robert Barro : Insister sur le rôle que doit jouer l’Etat.
§ Paul Romer : Favoriser la recherche-développement et l’accumulation du capital qui
permet les externalités positives.
§ Robert Lucas : Investir dans le capital humain

C- Croissance équilibrée /croissance déséquilibrée


La croissance équilibrée au sens général, est une croissance respectant plus au moins longtemps
les grands équilibres macroéconomiques et assurant facilement le plein emploi : carré magique
de Kaldor. Au sens plus étroit, une croissance fondée sur tous les secteurs économiques.
Quant à la croissance déséquilibrée, il s’agit d’une croissance ne respectant pas les grands
équilibres macroéconomiques, une croissance fondée sur quelques secteurs très limités pour
jouer sur les effets d’entrainement.

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D- Croissance potentielle /croissance effective


La croissance potentielle est hypothétique et mesurée a priori ( selon des prévision). Par
exemple, la croissance économique du Maroc devrait s’accélérer pour atteindre 3,2% en 2024.
Tandis qu’une croissance est effective quand il s’agit d’un niveau de croissance constaté sur
une période plus ou moins longue Par exemple, la croissance effective de l’année 2023 est de
2,9 %.

III- Les déterminants de la croissance


A- Les facteurs de production : capital et travail

Dans une entreprise, la production réalisée grâce à un certain nombre de facteurs de production :
capital et travail. La relation entre la quantité produite Y=PIB et les quantités de facteur Travail
L et de Capital K utilisées peut s’écrire : Y=f (K,L) , Fonction de production Cobb-Douglas.

Facteur travail Facteur capital


Les variations de la quantité de travail Les variations de la quantité de capital
résultent : utilisées résultent :
• Des variations de la population active • Des variations du stock de capital lié
occupée, à l’investissement
• Des migrants intersectoriels de la • Des variations du taux d’utilisation :
main d’œuvre capital en activité par rapport au
• Des variations de la durée du travail capital total
• Des variations de la qualité du travail • Des variations de la durée
sont liées à : l’âge moyen, d’utilisation du capital
l’instruction, l’intensité du travail

En effet, es trois économistes, Dubois, Carré et Malinvaud ont mesuré les variations sur une
longue période des quantités et de qualité de facteurs utilisés afin de pouvoir calculer, à l’aide
d’une fonction de production, l’augmentation du PIB que de telles variations auraient dû
produire.
La mesure de la variation de la quantité et de la qualité des facteurs exige que soient prises en
compte de nombreuses variables : la croissance économique s’explique en premier lieu par
l’accroissement des facteurs de production : Capital et travail.
Le calcul de l’effet sur la croissance des variations des facteurs ou encore de la contribution de
chaque facteur à la croissance montre que, même en tenant compte des améliorations
qualitatives des facteurs, une partie de la croissance reste inexpliquée.
ð L’importance du progrès technique

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B- Le progrès technique
Le facteur résiduel de la croissance économique est lié à l’existence du progrès technique. Ce
dernier peut être défini comme : « l’ensemble des éléments qui permettent d’améliorer
l’efficacité de la combinaison de facteurs travail et capital. Grâce à lui, la production peut
augmenter sans que varient les quantités de facteurs ».

De façon plus précise, le progrès technique représente l’ensemble de stock de connaissances


scientifiques et techniques qui permettent d’améliorer l’efficacité productive. Le progrès
technique s’incarne donc dans un processus de créations d’idées nouvelles qui enrichit le stock
de savoirs de l’humanité.

1)- Les formes du progrès technique

Les deux principales formes du progrès technique sont les inventions et les innovations.

• Invention :
l’invention précède l’innovation, c’est une découverte susceptible d’être
brevetée (lien avec la recherche fondamentale).

• Innovation : application industrielle de l’invention.


L’économiste autrichien Joseph Schumpeter est le premier à avoir mis l’accent sur le role
majeur que joue l’innovation dans la dynamique du capitalisme. Selon lui, l’essence du
véritable entrepreneur, ce « briseur de routines » comme il le définissait, est de mettre 5 formes
d’innovation.

Les cinq formes d’innovation chez schumpeter

Innovation de produits : Chemin de fer, automobile, produits cuisinés,


Produits nouveaux destinés à satisfaire mieux smartphone…..
des besoins connus ou de nouveaux besoins

Innovation de procédé : Convoyage des produits semi-finis sur la


Nouvelles méthodes techniques de chaine de production, robot…
production.

Innovation organisationnelle : Taylorisme, toyotisme, ensemble des


Nouvelle façon de produire à technologie innovations managériales
donnée

Découverte de nouvelles sources d’énergie charbon, pétrole, ensembles des métaux


et de matière première rares…

Innovation commerciales et découvertes La vente en ligne….


de nouveaux marchés

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2)- Les sources du progrès technique

ü L’économie de la connaissance :
Produire des connaissances nouvelles est un enjeu majeur pour la croissance et le progrès
technique. Mais la connaissance produit des externalités positives.
L’économie de la connaissance regroupe l’ensemble des activités et agents économiques créant
de la valeur et tirant des revenus à partir des ressources infinies que sont la connaissance et le
savoir. On parle aussi de l’économie immatérielle ou plutôt de la construction de richesses à
partir du capital ou patrimoine immatériel.
L’économie de la connaissance complète ainsi l’économie tirée des ressources naturelles ou
des matières premières – par définition, ces ressources sont finies, c’est-à-dire limitées pouvant
s’épuiser à terme alors que la connaissance est illimitée et ne peut pas s’ épuiser.
ü Recherche et Développement :

Le progrès technique résulte en partie des efforts de recherche et développement dont il


convient de mesurer l’importance et l’efficacité. La recherche et développement peut contribuer
de différentes façons dans la croissance économique à long terme à travers entre autres, les
innovations et les découvertes scientifiques, la création d’emploi qualifié, l’amélioration de la
qualité de vie, la collaboration entre secteurs public et privé.

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IV- Les explications théoriques de la croissance économique

A- Les théories classiques de la croissance économique


1- A.Smith et la division du ravail

Dans son ouvrage la richesse des nations (Recherches sur la nature et les causes de la richesse
des nations, 1776) : la croissance économique provient essentiellement de la division du travail,
de l’ouverture internationale (avantages absolus) et de l’épargne (l’épargne permettant
l’accumulation de capital, préalable à l’investissement et de facto à la création de
manufactures).

Smith s’appuie dans son analyse sur la division du travail, qui entraine la spécialisation puis
expertise, est source de gains de productivité. Elle s’analyse comme du progrès technique.
Le progrès technique est présent dans la pensée des classiques, mais n’est pas intégré à l’analyse
global de la croissance et n’est pas cité pour éloigner la perspective de l’état stationnaire.

2- D.Ricardo, et la loi des rendements décroissants


Selon D.Ricardo, une croissance entrainée par l’accumulation du capital doit aboutir à un état
stationnaire en raison des rendements décroissants dans l’agriculture.
En effet, l’accumulation du capital (terre) entraine une augmentation de la demande de main
d’œuvre. Transitoirement les salaires sont plus élevés jusqu’à ce que l’ajustement s’opère par
la démographie.Une quantité plus grande de travailleurs induit une demande plus grande de
grains, qui justifie la mise en culture de nouvelles terres, moins productives que les anciennes.
Conséquence : hausse du prix des grains, donc de la rente foncière et du salaire nominal
correspondant au minimum vital (salaire de subsistance).
VA = Profit + Rente + Salaire
Salaires et rentes s’accroissent alors au détriment du profit qui diminue jusqu’à atteindre le
niveau auquel cesse l’investissement : c’est l’état stationnaire = épuisement de la croissance
économique, dû à la décroissance des rendements marginaux de la terre. La croissance dépend
selon D. Ricardo de la répartition des revenus : plus les capitalistes reçoivent une part
importante du profit, plus ils investiront, plus la croissance sera importante.
3- T.Malthus , et la loi de la population
Thomas Robert Malthus (1766-1834) énonçait que la prospérité économique passe par un
contrôle de la fécondité, permettant d’obtenir une croissance de la population à un rythme
comparable à celui de la croissance des moyens de subsistance. C’est aussi une doctrine
économique qui fait référence à toutes les théories qui préconisent, pour les raisons les plus
diverses (épuisement des ressources, pollution, dérèglement climatique, refus de la société de
consommation de masse…), une réduction volontaire de la production.

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B- La théorie néoclassique de Solow


Selon R. Solow, il y a une partie de la croissance qui n’est pas expliquée par la variation du
capital et du travail, c’est-à-dire que la croissance ne dépend pas seulement de ces deux
éléments endogènes. La croissance dépend aussi d’un élément qu’on ne connaît pas exactement,
qu’il appelle le résidu. Il suppose malgré tout que le résidu s’explique par le progrès technique
et l’état de la technologie.

C- Les théorie de la croissance endogène


C’est une remise en cause des théories de la croissance exogène et notamment du modèle de
Solow. Nouvelles théories de la croissance économique qui intègrent les facteurs explicatifs
tels que le progrès technique, les externalités, les rendements croissants, l’effort de recherche,
la formation, les dépenses publiques. Apparition à la fin des années 1980 face à de nouveaux
enjeux, plusieurs économistes américains vont expliquer l’apparition du progrès technique et
montrer qu’il n’est pas exogène mais endogène (produit par le système, par les agents
économiques)

• Robert Barro : Insiste sur le rôle que doit jouer l’Etat

• Paul Romer : Il faut favoriser la recherche-développement et l’accumulation du capital qui

permet les externalités positives

• Robert Lucas : Il faut investir dans le capital humain

D- La croissance sur le fil du rasoir (l’instabilité de la


croissance) Harrod et Domar
Pour Harrod et Domar : la croissance est toujours « sur le fil du rasoir », elle est
fondamentalement instable, et peut s’accompagner d’un chômage durable. Seul l’Etat est à
même de stabiliser le sentier de croissance de l’économie, en résultant la demande globale.
A ce niveau, Harrod et Domar rejoignent la pensée keynésienne : stimuler la demande globale
permet d’augmenter la croissance économique.

E- La théorie de la régulation (Boyer et M. Aglietta -1970)


La théorie de la régulation explique la croissance par l’adéquation entre production et
consommation. La production de masse repose sur une nouvelle organisation du travail qui
permet la standardisation de la production et de grands gains de productivité. Quant à la
consommation de masse, elle se traduit par la création de débouchés pour de nouveaux produits,
et s’accompagne de l’augmentation des revenus réels, et in fine, une croissance économique.

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